hospitalisation à l

INTRODUCTION
MODALITÉS D'HOSPITALISATION
en milieu spécialisé loi du 27 juin 1990
Hospitalisation libre: hospitalisation à la demande du patient, de son plein gréé
Hospitalisation à la demande d'un tiers : deux certificats médicaux justifiant la demande
d'hospitalisation partant du principe que les troubles que présente le patient le rend dans
l'incapacité de juger de manière objective de la dangerosité des troubles qu'il présente, un tiers
fait la demande d'hospitalisation à sa place (HDT en péril imminent quand il existe une
urgence à l'hospitalisation ne permettant pas d'obtenir un deuxième certificat médical)
Hospitalisation d'office : le patient présente un état de dangerosité pour son entourage ou pour
l'ordre public, un certificat médical et un arrêté préfectoral.
OBSERVATION PSYCHIATRIQUE
Matériel essentiellement verbal + troubles du comportement
Motif d'hospitalisation ou de consultation
HDM
ATCD personnels et familiaux
Biographie : événements
Traitement actuel
Entretien Clinique : présentation, comportement, discours
Analyse sémiologique : syndromes
Diagnostic(s)
Pronostic
Traitement
Troubles de la personnalité et troubles névrotiques
I - DÉFINITIONS
1 - Personnalité pathologique :
Une personnalité pathologique est classiquement définie comme une personnalité dont le
profil s’écarte de la moyenne et dont les attitudes et les comportements sont une cause de
souffrance pour le sujet lui-même ou pour son entourage. Ce qui sous-entend des caractères
fixes des comportements et des attitudes déterminées, singuliers, stables et constants. Il existe
différents modèles de personnalités dépendant des théories de référence, théories de
l’apprentissage, comportementaliste, éthologie, systémique, génétique, méthodes statistiques
de description de la personnalité (DSM IV), cognitive, psychanalytique.
2 - Troubles névrotiques :
Troubles mentaux ne comportant aucune étiologie organique démontrable, ressentie par le
sujet comme des phénomènes indésirables ou inacceptables lui étant étrangers et ne faisant
pas partie intégrante de sa personnalité. Pas de perturbation de l’expérience de la réalité, pas
d’altération de l’identité. Une telle définition permet de distinguer les troubles névrotiques des
manifestations psychiatriques des affections organiques, des troubles de la personnalité (qui
sont des traits de caractère et des types de comportement durables et stables) et des troubles
psychotiques. Les principales théories étiopathogéniques des névroses sont : - des théories
biologiques basées sur la génétique, - des théories psychologiques, théorie dynamique de
JANET (concept de force et de tension psychologique), théorie comportementale (stimulus
réponses, gratification, frustration), théorie psychanalytique, - des théories socioculturelles
prenant en compte des interactions du sujet avec le milieu et le poids de la culture.
3 - Névroses :
On utilise le terme de "troubles névrotiques" d’une manière descriptive et on réserve le terme
de processus névrotique (névrose) aux cas où le clinicien tient à indiquer le rôle causal de
conflits inconscients dans l’apparition du symptôme (interprétation psychodynamique
Freudienne)
4 - Anxiété :
Vigilance douloureuse, vécu subjectif, concernant une crainte plus ou moins nette :
appréhension d'un danger plus ou moins précis, imminent. Peur sans objet induisant un état
d'hypervigilance douloureuse accompagné d'un cortège de symptômes somatiques
(neurovégétatifs) (NB : la peur ou l'anxiété "normale" est une réaction émotionnelle, face à
une situation objective, dont la finalité est de mobiliser les possibilités de l'individu afin de
combattre ou de fuir la situation perçue comme dangereuse)
Différentes formes cliniques d'anxiété : crise d'angoisse aiguë, attaque de panique, angoisse
névrotique (les troubles névrotiques ont pour rôle d'annuler l'angoisse, si ces "défenses
névrotiques" sont dépassées l'angoisse devient prédominante et un "syndrome dépressif"
d'épuisement peut survenir), angoisse psychotique (angoisse de morcellement)
II - PERSONNALITÉS PATHOLOGIQUES
1 - Personnalité histrionique ou hystérique
Traits de caractère :
- histrionisme (désir de paraître et d’être remarqué)
- facticité des affects d’authenticité
- égocentrisme et vanité
- érotisation des rapports sociaux
- perte de la sexualité, frigidité, évitement sexuel
- dépendance et quête affective
- hyperémotivité, impulsivité
- labilité émotionnelle
- tendance à la mythomanie et à la fabulation
2 - Personnalité obsessionnelle
Comporte trois dimensions :
- une dimension obsessionnelle avec doute, pensées obsessives, compulsions
- une dimension anale avec traits de fixation anale et formation réactionnelle : tendance à
l’ordre, propreté, méticulosité, difficultés à exprimer les affects, politesse exagérée,
obséquiosité, intolérance à l’égard d’autrui
- une dimension psychasthénique, asthénie, doute, sentiment d’incomplétude, hyperémotivité.
3 - Personnalité anxieuse ou évitante
- sentiment envahissant et persistant de tension
- perception de soi comme incompétent
- crainte d'être critiqué, rejeté
- refus de nouer des relations
- besoin de sécurité
- évitement des activités sociales, professionnelles
4 - Personnalité dépendante
- autres qui prennent les décisions à sa place
- subordination, soumission
- réticence à faire des demandes
- sentiment de malaise si seul
- peur d'être abandonné
- capacité réduite à prendre des décisions
5 - Personnalité paranoïaque
- Orgueil, vanité, surestimation de soi, réserve hautaine et méprisante
- Fausseté du jugement, absence d’autocritique
- Rigidité
- Méfiance, mauvaise qualité des rapports sociaux
On décrit trois types de personnalité paranoïaque : de combat, de souhait et sensitive.
6 - Personnalité schizoïde
- Repli sur soi, introversion, froideur affective
- Désintérêt pour le monde extérieur
- Propension à la solitude et à la rêverie
- Mode de pensée et comportement affectif souvent bizarre, tendance à l’abstractionnisme, à
l’ésotérisme, pôle d’intérêt morbide, manifestations affectives imprévues.
7 - Personnalité psychopathique ou antisociale
Troubles du comportement dans l’enfance et l’adolescence à type de fugue, mensonge, école
buissonnière, vol, vandalisme, conduites agressives, puis instabilité professionnelle et
affective, absentéisme, violation de la loi, actes délictueux, appétence toxicomaniaque,
comportement agressif, impossibilité de profiter de l’expérience acquise et indifférence aux
sanctions.
8 - Personnalité limite
C’est une personnalité très discutée qui regroupe :
- difficultés de contrôle émotionnel
- troubles anxieux
- relations interpersonnelles instables
- fluctuations thymiques
- difficultés à supporter la solitude avec dépendance affective et sensation de vide intérieur
- troubles de l’identité corporelle et sexuelle
- automutilation, tentatives de suicide fréquentes
III - TROUBLES NÉVROTIQUES
1 - Phobie
Une phobie est une crainte angoissante déclenchée par un objet ou une situation n’ayant pas
par eux-mêmes un caractère dangereux disparaissant en dehors de la présence de l’objet ou de
la situation, ce qui entraîne de la part du malade des conduites destinées à éviter la rencontre
avec l’objet (conduites d’évitement) ou bien encore d’être accompagné par un objet, un
animal ou une personne rassurante (conduite rassurante) Cette crainte est ressentie comme
étant pathologique pour le sujet
Différents types de phobies : phobie des couteaux, des animaux, de situations...
La phobie d’impulsion est une crainte angoissante éprouvée en présence d’objets ou de
situations pouvant être utilisées par le patient de façon agressive envers les autres ou luimême. Le phobique a conscience de son trouble qui l’inquiète et il n’agit jamais son
impulsion.
2 - Troubles obsessionnels
Elle est caractérisée par la survenue d’obsessions, de compulsions et de rites chez des sujets
qui ont souvent une personnalité obsessionnelle sous-jacente.
Obsession idéatoire : irruption dans la pensée d’un sentiment, d’une idée apparaissant
pathologique au patient bien qu’elle émane de sa propre activité psychique et qu’elle persiste
malgré ses efforts pour s’en débarrasser. Leur teneur est indépendante des circonstances. Il
existe une conscience de leur caractère pathologique et elles ont un aspect incoercible :
obsession idéative (folie du doute) le sujet est incapable de se décider entre les deux termes
d’une alternative.
Obsession impulsive : idée et crainte de commettre un acte absurde, ridicule ou immoral. Le
sujet arrivant au terme d’une lutte anxieuse pratiquement toujours à éviter le passage à l’acte.
Obsession phobique : peur apparaissant non seulement en présence d’un objet ou d’une
situation mais également à leur évocation (nosophobie)
Compulsion : acte auquel le sujet se sent contraint dont il reconnaît le caractère absurde,
ridicule et gênant, mais qu’il ne peut s’empêcher d’accomplir de façon répétitive comme un
rite.
3 - Trouble hystérique
Le plus souvent sur une personnalité hystérique sous jacente, souvent une femme.
Deux types de manifestations hystériques :
1 - Expression psychique : troubles de la mémoire (lacune mnésique ou amnésie
paroxystique), troubles de la conscience (état crépusculaire, état second, personnalité
multiple, état pseudo-démentiel, .....), troubles de la vigilance (catalepsie, pseudo-coma,
hypersomnie, somnambulisme)
2 - Expression somatique : troubles moteurs (convulsion, crises pseudo-convulsives, formes
frustres, paralysie et contractures, mouvements anormaux, troubles de l’équilibre, de la
coordination), troubles sensitifs (troubles de la sensibilité, algies, anesthésies), troubles
sensoriels (visuels, surdité, troubles du langage), troubles trophiques (trophiques et
vasomoteurs, oedèmes, prurit, hémorragies des stigmatisées), manifestations neurovégétatives
(spasmes, grossesse nerveuse)
Ces symptômes ne concordent pas avec une systématisation neurologique. Il n’existe pas de
perturbations objectives à l’examen clinique. Il existe une gêne fonctionnelle exprimée par le
sujet, disproportionnée d’avec la cause invoquée. Il est possible de la faire disparaître
temporairement par suggestion. Il faut éliminer toute pathologie organique sous-jacente.
IV - HYPOCHONDRIE
C’est une préoccupation excessive pour la santé ou pour l’intégrité et le fonctionnement d’une
partie du corps.
La crainte persistante du sujet paraît insuffisamment justifiée, ce que confirment des examens
complémentaires inutilement répétés sur l’initiative du patient qui peut consulter plusieurs
médecins refusant d’admettre que sa souffrance puisse être d’origine psychique.
Anxiété du sujet par rapport à son corps, prise en considération de la moindre sensation avec
une interprétation plus ou moins délirante, multiples consultations, examens complémentaires,
inefficacité thérapeutique des traitements avec éléments de revendication, absence de signes
objectifs le plus souvent.
L’état hypochondriaque délirant est une conviction inébranlable d’être menacé dans sa santé,
être atteint d’une maladie incurable, d’une infirmité ; il peut s’agir d’une nosophobie, le
thème du délire peut être persécutif, conviction d’être victime d’un empoisonnement, d’un
envoûtement, d’un maléfice attribué à tel ou tel persécuteur.
Troubles de l'humeur
I -Syndromes dépressifs
Il faut différencier la tristesse normale (réaction normale à un événement précis) et la tristesse
pathologique qui correspond à l'existence d'un réel état dépressif. Paradoxalement les états
dépressifs peuvent ne pas comporter de tristesse.
1 - Symptômes psychiques (aussi importants que les symptômes physiques)
Deux éléments caractéristiques de l'état dépressif douleur morale et ralentissement
psychomoteur
Douleur morale : vécu pessimiste des choses occasionnant chez le sujet une souffrance interne
intense s'associant à des éléments de dévalorisation, d'insatisfaction, de culpabilité pouvant
aller dans les syndromes dépressifs d'intensité majeure (mélancolie) jusqu'à des idées
d'indignité et d'incurabilité. Le risque suicidaire étant proportionnel à l'intensité de cette
douleur morale et donc à l'intensité du syndrome dépressif.
Sur le plan comportemental le patient se présente figé, ralenti, présentant qqf un oméga
mélancolique, parlant d'une voix monocorde.
Inhibition se traduisant par - un ralentissement psychomoteur (démarche et gestes lents, rares,
diminution de la mobilité, monotonie, réponses brèves et retardées (bradypsychie), difficiles,
avec une incapacité à penser (troubles mnésiques et cognitifs, et de l'attention) - fatigue et
asthénie (sensation d'épuisement, inertie, perte de l'élan vital (athymormie) - apragmatisme anhédonie (perte du plaisir à faire des choses) - aboulie.
Anxiété psychique et son cortège de symptômes neurovégétatifs qui accroissent le risque de
passage à l'acte suicidaire.
2 - Symptômes physiques
Troubles du sommeil à type d'insomnie de réveil matinal précoce (2 à 3 heures avant le lever
habituel) qqf hypersomnies (de refuge) (les insomnies d'endormissement sont plutôt d'origine
anxieuse liée aux ruminations ou mentisme)
Troubles digestifs : anorexie avec amaigrissement à quantifier, qqf boulimie, nausées, …
Troubles sexuels : diminution de la libido, frigidité, impuissance
3 - Formes cliniques
Psychose maniaco-dépressive (PMD) : - bipolaire : épisodes dépressifs endogènes (sans
facteur déclenchant) souvent de type mélancolique, avec un ou plusieurs syndromes
maniaques - unipolaires : que des épisodes dépressifs endogènes (sans facteur déclenchant)
souvent de type mélancolique, ou que maniaques (plus rarement)
Dépression masquée : symptômes physiques au premier plan dans le discours du patient
Dépression saisonnière : recrudescence au printemps et à l'automne
Dépression névrotico-réactionnelle : réactionnelle à des événements de vie stressants
Dépression iatrogène : corticoïdes, antihypertenseurs centraux, Ldopa, …
Dépression d'origine organique : thyroïde, affections neurologiques, lupus, infections,
cancers, …
II - Syndromes maniaques
1 – Symptômes cliniques
Suractivité des fonctions psychiques entraînant des réactions d'extériorisation idéïques et
motrices. Le patient n'en reconnaît habituellement pas le caractère morbide et donc
rapidement la famille est épuisée.
Exaltation psychique : fuite des idées, logorrhée, diffluence, coq à l'âne, ludisme, euphorie
Excitation motrice : hyperactivité stérile, improductive, déambulations nocturnes et matinales,
agitation
Euphorie morbide : labilité émotionnelle
Troubles de la vie instinctuelle : boulimie, anorexie, hypersexualité
Éléments délirants : imaginatifs, thèmes (mégalomaniaque, érotique, filiation, …)
Anxiété
2 - Formes cliniques
PMD, forme névrotico-réactionnel, iatrogène (toxicomanies, corticoïdes), psychotique
(schizophrénie, bouffée délirante aiguë), organique (épilepsie, hémorragie méningée,
thyroïde)
III - Diagnostic différentiel entre anxiété et dépression
L'ANXIEUX
LE DÉPRIMÉ
inquiet
inhibé
fébrile
actif
s'énerve
fuyant
transpire
a plutôt la diarrhée
oppressé
irritable
n'arrive pas à s'endormir
cherche à s'en sortir
voudrait guérir
se sent tendu
n'arrive pas à se concentrer
coléreux
supporte mal les autres
n'arrive pas à bien faire
voit des dangers
a la certitude du malheur
ralenti
détaché
inactif
se moque de la situation
immobile
a plutôt froid
est plutôt constipé
désespéré
triste
se réveille tôt
ne voit pas de solution
voudrait ne plus se réveiller
se sent vide
n'arrive pas à réfléchir
indifférent
s'auto-accuse
a envie de ne rien faire
voit des malheurs
Syndromes psychotiques
I - Introduction
Certains critères permettent de différencier les états psychotiques des troubles névrotiques
Les symptômes psychotiques (délire et dissociation), ils sont absents au cours des névroses
mais à l’inverse des troubles névrotiques peuvent être présents dans les psychoses (troubles
pseudo névrotiques) : la présence de troubles névrotiques n’exclut donc pas le diagnostic de
psychose, mais le contraire oui.
Perte du contact avec la réalité : totale ou partielle dans les psychoses elle n’existe pas dans
les névroses en théorie
Méconnaissance de l’état morbide, classiquement associée aux psychoses, mais ce n’est pas
un critère absolu
Étiologie classiquement biologique ou génétique dans les psychoses alors qu’elle serait
psychologique dans les névroses
Critère de gravité qui a une valeur relative généralement le pronostic des psychoses est plus
sombre mais en pratique il existe des troubles névrotiques plus invalidants que des symptômes
psychotiques.
Au total les éléments sémiologiques permettant des caractériser les syndromes psychotiques
des troubles névrotiques demeurent les syndromes délirant et dissociatif.
II - SYNDROME DELIRANT
1 - Définition de l‘idée délirante : idée en opposition avec la réalité, le patient est convaincu,
adhère à l’idée délirante. Deux éléments peuvent rendre difficile le diagnostic : le manque
d’informations objectives, l’existence d’un certain degré de critique de l’idée délirante.
2 - Caractéristiques du délire
A - Mécanismes : processus cognitif par lesquels l’idée délirante se construit
Intuition ; le patient admet une idée délirante comme vraie sans vérification, ni justification
logique, il sait et c’est tout.
Interprétation : c’est l’explication erronée d’un fait réel, signification fausse à un fait réel.
Imagination : construction autour du sujet d’un monde d’événements, de situations où il joue
le premier rôle, élaborations plus ou moins riches, et plus ou moins vraisemblables
Illusion : perception réelle mais dénaturée et déformée par le patient qui la reçoit, et qui n’est
pas reconnue comme une erreur. Peut toucher tous les sens : visuel, olfactif, tactile,
cénesthésie, auditif.
Hallucination : perception sans objet à percevoir
Hallucinations psychosensorielles : caractérisées par leur sensorialité (perçues par
l’intermédiaire des sens) et leur spatialité (l’objet halluciné est extérieur et distant du sujet)
ainsi que la conviction délirante de l’existence de l’hallucination.
Hallucinations psychiques : sortes de voix intérieures, elles n’ont pas les caractères de
sensorialité et d’extériorité des hallucinations psychosensorielles. Sentiment d’intrusion de la
pensée par un Autre.
Syndrome d’automatisme mental (de Clérambault) ou petit automatisme mental :
échappement hors du contrôle du sujet d’une partie de sa pensée qui va fonctionner en dehors
de la volonté du sujet qui devient spectateur de son propre fonctionnement. Un fragment de sa
pensée devient autonome. Cela se traduit au niveau sémiologique par la survenue de certains
symptômes mots explosifs, absurdités et non-sens, arrêts de la pensée, dévidage de souvenirs
et d’idées, vol de la pensée, écho de la pensée, écho de la lecture, des intentions, des gestes,
commentaires des actes. A ces processus psychiques peuvent s’associer des troubles
physiques : activité motrice automatique (impulsions motrices), activité sensitive automatique
(sensations d’ondes, de courant)
B - Thèmes
Hypochondriaque : idées fausses concernant le corps ou son fonctionnement, idées de
transformations, de métamorphose, de possession, de négation (négation d’organes, de
personne, syndrome de Cotard (négation de la personne, du monde extérieur, d’immortalité,
de damnation))
Persécution : conviction absolue qu’on recherche à lui nuire
Mégalomaniaques (de puissance, de grandeur) :
Influence : impression d’être agi, d’être commandé, par une force extérieure à lui, les actes
sont imposés, les idées et les sentiments aussi
Jalousie
Erotomanie : conviction délirante d’être aimé
Idées de référence : sentiment d’être l’objet de l’intérêt d’autrui
3 - Structures
A - Degré de systématisation : systématisé lorsque le délire a un développement cohérent et
ordonné, le plus souvent à partir d’un seul thème délirant, propos logique, compréhensible,
avec cohésion du système. Délire polymorphe ou non systématisé lorsqu’il y a
enchevêtrement de thèmes multiples qui coexistent sans recherche d’enchaînement logique,
les propos sont incompréhensibles, obscurs, diffus, incohérent.
B - Degré d’extension du délire : limité à un secteur de la vie du patient (travail, vie
professionnelle, …), délire en secteur. Ou s’étendant à l’ensemble des secteurs de vie,
impliquant un grand nombre de personnes, délire en réseau.
C - Contenu des thèmes : fait référence à la vie courante, vie fantasmatique, vie imaginaire
D - Participation émotionnelle au délire : investissement affectif du délire (charge affective),
conviction (adhésion à l’idée délirante), plus le patient adhère à son délire plus il l’investit
émotionnellement
E - Aspect relationnel par rapport à l’entourage
F - Présences d’autres symptômes : troubles thymiques, angoisse psychotique, angoisse de
morcellement, troubles confusionnels, discordance, …
III - SYNDROME DISSOCIATIF
1 - Définition de la dissociation : désigne la rupture de l’unité psychique. Il n’existe plus
d’intégrité harmonieuse entre affect, pensée et comportement, plus de continuité logique. La
dissociation est un processus interne, donc non observable. Ce qui est observé est la
discordance. Dissociation et discordance sont deux termes équivalents qui se situent à deux
niveaux d’observation psychique, comportemental. Un patient discordant paraît bizarre,
hermétique, impénétrable, détaché du réel.
2 - Domaine intellectuel
A - Troubles du cours de la pensée : atteinte dynamique de la pensée, précipitée ou ralentie au
niveau du débit, avec ou sans persévérations verbales (équivalents des stéréotypies gestuelles)
: Barrage arrêt brusque du discours avec reprise après un silence, sur le même thème ou un
différent +++. Fading engluement du discours qui se ralentit pour reprendre spontanément, le
sujet paraissant absent de la conversation +++.
B - Troubles du langage : incapacité à utiliser harmonieusement les règles du langage.
Néologisme : mot nouveau dont la signification est propre au patient. Paralogisme : mot
connu mais pris par le patient dans une autre signification. Agrammatisme : mauvaise
utilisation de la syntaxe.
C - Altérations du système logique (illogisme) : déficit de la logique de la pensée, pensée
déréelle : pensée relevée de l’obligation d’être objective et compréhensible. Pensée diffluente
: sans but apparent, sans axe thématique précis. Pensée ambivalente : où s’exprime une chose
et son contraire dans la même sentence. Pensée sans portée pragmatique : morbidité, discours
abstrait, …
3 - Domaine Affectif
Il existe une dysharmonie affective et émotionnelle : l’affect n’est plus concordant avec la
pensée, la mimique n’est plus concordante avec l’affect. Ambivalence affective et conduites
affectives paradoxales.
4 - Domaine Psychomoteur
A - Maniérisme : mauvaise coordination, dysharmonie des mouvements, qui donne une
impression de maladresse, …
B - Parakinésies : expressions mimiques, gestuelles qui déforment ou remplacent l’expression
normale. Stéréotypies motrices, de balancement, de grattage, … caractérisées par leur
invariance, leur durée, leur inutilité, leur inadéquation. Phénomènes en écho (écholalie,
échopraxie, échomimie)
C - Syndrome catatonique : dans sa forme complète il associe : négativisme (attitude
d’opposition ou de résistance) catalepsie (prise en masse des différents segments de membre),
hyperkinésies (impulsions gestuelles, décharges motrices clastiques)
IV - Démarche diagnostique
1 - Signes psychotiques sont associés à des signes évocateurs d’une autre pathologie que celle
de l’état psychotique :
Symptomatologie délirante dans : épisode mélancolique (syndrome de Cotard, …), épisode
maniaque, confusion mentale, pathologie somatique (alcoolisme, toxicomanie, …), …
Syndrome catatonique dans : confusion mentale, cause toxique, tumeur cérébrale, …
2 - Signes psychotiques prédominent ou résument le tableau clinique
A - Symptomatologie chronique
a - Schizophrénie : syndrome dissociatif, détérioration du niveau de fonctionnement
(autisme), plus de 6 mois d’évolution, début avant 40 ans
Formes cliniques : simple (syndrome dissociatif pur), hébéphrénie (syndrome dissociatif pur
avec évolution déficitaire), catatonique (discordance psychomotrice majeure), paranoîde
(syndromes dissociatif et délirant), pseudo névrotique (syndrome dissociatif et troubles
névrotiques), héboïdophrénie (syndrome dissociatif et éléments psychopathiques),
dysthymiques (troubles thymiques associés)
b - Délires chroniques : évolution de plus de 6 mois début après 35 ans, absence de
dissociation et d’évolution déficitaire, absence de pathologiques somatiques et de troubles
thymiques.
Formes cliniques : délire paranoïaque (interprétatif persécutif, passionnel, de relation ou
sensitif), psychose hallucinatoire chronique (mécanisme hallucinatoire prédomine),
paraphrénie (le mécanisme imaginatif prédomine)
B - Symptomatologie aiguë : symptomatologie psychotique de début brutal de durée brève
(moins de 6 mois) sans troubles thymiques ou somatiques pouvant l’expliquer.
Formes cliniques : BDA (bouffée délirante aiguë, délire polymorphe), psychose interprétative
délirante, psychose hallucinatoire aiguë, psychose imaginative aiguë.
V - SYNDROME CONFUSIONNEL
Troubles de la conscience de l’obnubilation à la stupeur
Désorientation temporo spatiale
Troubles mnésiques
Syndrome délirant à un onirisme
Anxiété d’intensité d’une stupeur à une perplexité, pouvant s’associer à une agitation
Symptômes physiques
Symptômes fluctuants dans le temps.
L’examen de l’enfant.
I - GENERALITES
Entretien d’investigation chez un enfant à travail très complexe
Il faut :
repérer les conduites de souffrances
analyser leur siége exact
(enfant, famille, école… qui se plaint ?)
évaluer leur rôle dans l’organisation psychopathologique de l’individu et dans le système
d’interaction du groupe familial
préciser leur niveau par rapport au développement génétique (stade)
Reconnaître leur sens dans l’histoire de l’enfant et de ses parents
(exemple : un enfant qui ne mange pas présentant ainsi les mêmes symptômes que le grandpère DCD dont s’est occupé la mère)
DONC : il faut évaluer le normal ou le pathologique d’une conduite et aménager les
possibilités thérapeutiques
Problème = évaluer le caractère pathogène ou au contraire maturatif d’une conduite observée
chez un enfant
à Nécessite une connaissance approfondie de son développement normal
à Nécessité de connaître le développement normal de l’enfant et les divers stades maturatifs
avant d’aborder le camp des conduites pathologiques
ERREUR à vouloir retrouver chez l’enfant les tableaux nosographiques connus chez l’adulte
(adulto - morphisme)
II - DEROULEMENT DES CONSULTATIONS EN PEDO- PSYCHIATRIE
A - LE PREMIER RENDEZ-VOUS.
1er élément : le mode de contact.
2ème élément :Qui vient lors de la première consultation ?
Déroulement habituel d’une première consultation pour un enfant de 5 à 12 ans
1/ parent (s) qui s’expriment en présence de l’enfant
2/ enfant vu seul
3/ la famille est de nouveau regroupée
Durée = 1h00 à 1h30
On fait alterner le libre discours parental et des questions sur des points particuliers.
L’interrogatoire strict, qui permet de remplir la grille de symptôme, risque de dessécher
l’entretien, alors que libre discours permet de repérer:
les modes de communication ++
(verbal et paraverbal)
les défenses
Lors de la première partie de l’entretien (les parents racontent l’histoire de l’enfant et les
symptômes) il est important de noter si l’enfant intervient et à quel moment (toujours
significatif)
B - L’ENTRETIEN AVEC LES PARENTS + ENFANT.
1/Enquête anamnestique.
à demander aux parents de raconter "l’histoire" de leur enfant, en ayant à l’esprit les
principaux éléments pour pouvoir les faire préciser au fur et à mesure.
Cette enquête comprend 3 rubriques:
Situation familiale.
Histoire de l’enfant.
Histoire du développement détaillé des trois premières années. ++++
1er sourire souvent
difficile à faire préciser : 2 mois.
Angoisse du 8ème mois.
Age de la station assise (8-9mois) et de la marche (12 mois)
Acquisition de la propreté sphinctérienne (âge, méthode): 2 ans
1er mot (9-18 mois), langage(+- 20mots à18mois), acquisition du "non", du "je"(3 ans)
Sont considérés par Spitz comme les trois grands organisateurs du psychisme:
à Le premier sourire (2 mois)
à L’angoisse du 8ème mois
à Le non (18 mois)
C - Entretien avec les parents.
3 BUTS
1/à préciser les symptômes de l’enfant, le contexte actuel de son existence.
2/ à apprécier les attitudes de chaque parent par rapport à l’enfant (et la place qu’il occupe
dans les relations du couple)
3/ à apprécier la souffrance psychique des parents:
è soit souffrance personnelle qui s’exprime à travers l’enfant.
è soit souffrance liée aux perturbations même de l’enfant
DEMANDER A RENCONTRER LE PÈRE (pas toujours facile)
D - L’ENTRETIEN AVEC L’ENFANT
aspect physique
attitudes corporelles à habilité ou maladresse dans le maniement des objets, les
activités proposées (dessin)
instabilité ou inhibition motrice
latéralisation
langage
+ important est le type de communication qu’on peut établir avec l’enfant avoir une attitude
rassurante, c'est-à-dire ni distante ni séductrice
avec l’enfant jeune il faut savoir lui offrir des moyens de communications non verbaux
qui lui sont familiers et à travers lesquels il pourra exprimer sa vie fantasmatique= jeu, dessin.
LE JEU.
Avant tout, lors de l’entretien avec les parents il faut demander ce qui l’intéresse, s’il joue
longtemps, avec quoi etc..
"un enfant qui ne joue pas est un enfant malade" (Winnicott).
à inhibé ou déprimé jeu d’exercice les deux premières années (manipulation, exploration,
cacher…)
jeu d’imitation jusque¤6 ans
jeu de règles à partir de 5-6 ans.
Donc de 2 à 5 ans = mode préférentiel d’expression de l’enfant en examen
Jeux symboliques pour les plus grands (personnages, animaux….)
Le plus souvent on regarde jouer l’enfant (+interventions à sa demande)
è noter le choix, le récit organisé par le jeu et les réactions qui apparaissent (angoisse,
agressivité…)
è permet d’apprécier les imagos parentaux
è les mécanismes de défenses
è la nature et l’importance des conflits psychiques
LE DESSIN.
A partir de 4-6 ans jusque 10 -11 ans: triple valeur Expressive: Geste graphique, choix des
formes et des couleurs à état affectif
Narrative: Centre d’intérêts et goûts de l’enfant
Prospective: vision du monde, sentiments et pensées
+++ importance du moment ou est fait le dessin, des commentaires de l’enfant
LA PAROLE.
Au delà de 10-11 ans
III - PSYCHOPATHOLOGIE +++
Description précise de tous les symptômes psychologiques qui ont pu émailler l’histoire de
l’enfant.
A - Difficultés alimentaires coliques idiopathiques )
refus du sein ou du biberon )
vomissements psychogènes ) 1ère ANNEE
régurgitations )
anorexie du nourrisson (5-8 mois) )
mérycisme )
Mérycisme:
A partir de 6- 8 mois
Peut entraîner des troubles généraux et une dénutrition sévère qui si elle se pérennise peut
mettre en jeu le pronostic vital
Se déroule en 2 temps:
à vomissement ou régurgitation provoquée (par la contraction de la musculature thoraco
abdominale et diaphragmatique),
à puis le mâchonnement, la rumination des aliments régurgités quand l'enfant est seul
en dehors des périodes de rumination l'enfant est le plus souvent avide de contact
à satisfaction auto-érotique / carence maternelle
de substances non nutritives
coprophagie
pica: absorption répétée après 12-18 mois
B - Trouble du sommeil.
Ces troubles ont un retentissement sur le fonctionnement familial.
Rythme nycthéméral chez l'enfant +- 16ème semaine
insomnies précoces. Problème
éducatif le plus souvent
Rêve d’angoisse (>2ème année, problème séparation, vécu fantasmatique)
Modalités et troubles du coucher: phobies (2-3 ans), rituels (3-5 ans)
Somnambulisme) }
Terreurs nocturnes (3-6 ans)
reveil brutal avec angoisse diffuse
regard terrifé avec des manifestations somatiques (sueurs tachycardie trblts)
suivi d'amnésie}
C - Accidents sphinctériens.
Énurésie ) Variable après l’âge d’acquisition de la propreté sphinctérienne
encoprésie ) 3-4 ans
Énurésie:
manque de contrôle de l'émission d'urine diurne ou nocturne, apparemment involontaire,
persistant ou apparaissant après l'âge où la maturité physiologique est acquise.
Dans ¾ des cas l'énurésie est primaire et nocturne. Plus rarement primaire ,nocturne et diurne.
Si elle est secondaire elle est le plus souvent nocturne.
Émission active et complète et non contrôlée d'urine.
Prédominance chez le garçon.
Encoprésie:
incontinence fécale fonctionnelle.
Le plus souvent conduite diurne.
Le plus souvent secondaire
Aspect des selles variable. Conduites variables = ou – volontaire et ostentatoire.
D - troubles respiratoires
spasme du sanglot = forme simplifiée de la pâmoison qui interrompt le cri. Entraîne une perte
de connaissance brève.
ATCD allergiques
Période d’angoisse, de phobie, rituels, dépression, trouble du comportement etc.…
E - Conduites motrices.
Latéralisation >6-7 ans
Dysgraphie / dyspraxie: perturbation majeure du schéma corporel et de la
représentation spatiale à échec de l'apprentissage.
Instabilité psychomotrice TADA
Tics: contractions répétées, soudaines, brusques et brèves impérieuses, involontaires
mais conscientes, sans finalité, d'un muscle ou d'un groupe de muscle. Contrôle limité. Tics
simples jusqu'à phonatoire ou complexes qui sont des caricatures de gestes
Trichotillomanie
Onychophagie
F - Langage.
Dysphasie
Dyslexie (lecture) à Dysorthographie.(orthographe).
Bégaiement
Mutisme
* Docteur Cyrille Guillaumont
Praticien Hospitalier enseignant, Antenne de Psychiatrie
et de Psychologie Médicale, CHU Amiens, 80054
Amiens cedex 1
** Docteur Sébastien Hannoir
Chef de Clinique, Service de Pédopsychiatrie, CHU
Amiens, 80054 Amiens cedex 1