26 Les infections de la main

C 26 : Infections et plaies de la main
Infections et plaies de la main
Objectifs :
Infections de la main
1- Décrire les mécanismes étiopathogéniques aboutissant à une infection primitive de la
main.
2- Expliquer, par des données anatomiques, les particularités évolutives des infections de
la main.
3- Décrire les particularités anatomo-pathologiques des différentes variétés d'infections
de la main et en exposer la classification.
4- Réunir les éléments cliniques et para-cliniques, permettant de poser le diagnostic
d'infections de la main et d'en préciser le type.
5- Apprécier, par des éléments cliniques et para-cliniques, la gravité locale et générale
d'une infection de la main.
6- Organiser la prise en charge thérapeutique d'une infection de la main en tenant
compte de son type lésionnel.
7- Justifier, par les risques évolutifs le traitement urgent de toute infection de la main.
Plaies de la main
8- Décrire les lésions anatomo-pathologiques pouvant résulter d'une plaie de la main.
9- Rechercher, par l’examen clinique, des stigmates de lésions d’un élément noble devant
toute plaie de la main.
10- Justifier l’exploration systématique d’une plaie de la main par les risques évolutifs
d’une lésion négligée d’un élément noble de la main.
11- Organiser la prise en charge thérapeutique d’une plaie de la main.
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C 26 : Infections et plaies de la main
Les infections de la main
I- INTRODUCTION :
A- DEFINITION : (Objectif 1)
L'infection est une situation conflictuelle créée par la présence de germes dans les tissus ; elle
se traduit par une victoire momentanée d'un ou de plusieurs germes sur le terrain.
Les infections de la main sont très fréquentes et posent, dans notre pays, un réel problème de
santé publique car ces infections touchent volontiers une population jeune faite de travailleurs
manuels d'une part, et peuvent se compliquer de séquelles
handicapantes sur le plan
fonctionnel d'autre part.
La situation est d'autant plus grave que ces infections de la main ont une réputation, à tort, de
bénignité ce qui encourage au début le patient à subir des traitements dits « de rebouteux »
telle que l'application de miel, de café, de henné…
D'un autre coté certains médecins généralistes prescrivent systématiquement des antibiotiques
et des anti-inflammatoires quelque soit le stade de l'infection, cela ne fera que retarder le
diagnostic et compliquer l'évolution.
L'un des objectifs de ce cours est de condamner cette attitude et d'insister sur le rôle
prédominant du traitement chirurgical qui doit être entrepris au plus tôt et dans de bonnes
conditions.
B- BACTERIOLOGIE :
Sur une peau saine on retrouve :
1) Germes saprophytes : résidents habituels, se nourrissent et se reproduisent sur place :
staphylocoque blanc et Corynébacterium Gram+ ; leur virulence est faible sauf en cas de
baisse de la résistance du terrain. Ces germes protègent la peau de l'installation d'autres
germes.
2) Germes transitaires :
- Le Staphylocoque Aureus, provenant d'une niche écologique particulière : La jonction peaumuqueuse des narines, est responsable des infections de la main et des doigts dans plus de
80% des cas.
- Le Streptocoque B Hémolytique de type A provenant des cryptes amygdaliennes.
- Les germes Gram- de la flore intestinale : protéus, klebsiella, pyocyanique…
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La porte d'entrée est variable : érosion cutanée, plaie, piqûre, corps étranger...
Il existe en fait un équilibre résultant de la compétition des germes entre eux, cet équilibre est
modifié par une atteinte cutanée telle qu'une plaie ou une piqûre.
Ceci explique la fréquence de l'infection de la main chez le travailleur manuel d'une part, et
l'atteinte de la main droite d'autre part (main dominante).
C- ANATOMIE PATOLOGIQUE : (Objectif 3)
Selon les modalités d'introduction des germes à travers la peau on distingue :
1. L’infection primitive : Consécutive à une inoculation septique pure réussie sans aucune
attrition ou dévascularisation tissulaire : plaie nette, coupure, piqûre.
2. L’infection secondaire : Est la conséquence d'une dévitalisation tissulaire sans
intervention microbienne initiale. La nécrose, au début, sèche évolue vers la détersion
suppurée et la propagation de l'infection se fait de proche en proche.
« La plaie est un passé regrettable, la contusion est un futur redoutable ».
3. L’infection mixte : Après traumatisme infectant.
II- Le panaris :
A- Définition : (Objectif 2)
Le panaris est une cellulite nécrosante aigue de l'un des constituants anatomiques du doigt,
réalisant une cellulite nécrosante (et non pas un abcès ou un phlegmon).
La porte d'entrée est variable : plaie, écorchure, piqûre, morsure humaine....
B- Clinique : Type de description, le panaris pulpaire (de la pulpe). (Objectif 4)
a) Interrogatoire : âge, profession, ATCD (diabète), date d'apparition, évolution, traitements
entrepris.
b) Signes cliniques :
- Stade de début : stade phlegmasique :

Pulpe rouge, chaude, tendue

douleurs continues mais supportables

pas de signes généraux.
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- Phase d'état : Stade de collection :
Quelques heures ou jours plus tard, les douleurs deviennent violentes, augmentées par la
position déclive de la main.
L'examen trouve une pulpe très tendue et augmentée de volume avec souvent des signes
généraux (fièvre à 39-40°, adénopathie épitrochléenne ou axillaire): c’est le stade de
collection de traitement uniquement chirurgical.
Devant tout panaris au stade de collection il faut rechercher :
* Une tare : diabète, pouvant aggraver l'évolution.
* Une extension locale :
- Arthrite de l’articulation inter phalangienne à proximité.
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- Une ostéite (radiographie).
- Une extension à la gaine des fléchisseurs : Phlegmon des gaines des fléchisseurs.
- Une adénopathie axillaire inflammatoire.
c) Signes para-cliniques :
-Une hyper leucocytose avec polynuléose,
-VS allongée.
Les signes biologiques de l’infection ne sont pas nécessaires au diagnostic et ne doivent en
aucun cas retarder le traitement chirurgical, ces signes par contre permettront de juger de
la bonne évolution du syndrome infectieux après le traitement.
C) Evolution :
Correctement et rapidement traité, le panaris évolue favorablement vers la cicatrisation.
Non ou mal traité, le panaris évolue vers les complications qui ces complications sont dues le
plus souvent soit à des manipulations du panaris (scarification), soit à l'administration
prolongée d'ATB qui va abâtardir le tableau clinique et laisser l'infection, à bas bruit, gagner
1'os et les autres éléments nobles de la main.
D) Complications : (Objectif 5)
1. Ostéite :
Le doigt est rouge, oedémacié, suppuré. C'est en fait la radiologie (systématiquement
demandée), qui fait le diagnostic en montrant un aspect irrégulier de l'os avec lyse osseuse, le
séquestre est d’apparition tardive.
2. Arthrite :
Le doigt est douloureux à moitié fléchi et toute tentative de mobilisation est atrocement
douloureuse.
La radiographie montre un flou de l’interligne articulaire. L'évolution se fait vers l'amputation
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du doigt si une ostéite s'y associe, sinon vers la raideur articulaire.
3. Phlegmon de la gaine des fléchisseurs :
(Voir plus loin)
E) Formes anatomopathologiques et topographiques :
En fonction de leur situation par rapport au derme les panaris peuvent être superficiels ou
profonds.
1/ Panaris unguéaux : sont souvent superficiels :
 Panaris de la sertissure réalisant un péri onyxis : saillie latéro-unguéale rouge et chaude.
 Panaris péri unguéal réalisant une tourniole : infection de la périphérie de l'ongle.
 Panaris sous-unguéal : c’est l’extension du précédant, l’ongle est soulevé par le pus.
2/ Panaris pulpaires : Constituent avec les panaris péri unguéaux les formes les plus
fréquentes.
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Ils peuvent être superficiels phlycténulaires (phlyctène contenant du pus et qui décolle
l'épiderme) ou communiquer avec la profondeur par un petit pertuis réalisant la forme en
BOUTON DE CHEMISE. Cette forme doit absolument être suspectée et recherchée lors de
l'exploration chirurgicale car elle est source de complications ostéo-articulaires.
Panaris en bouton de chemise
3/ Panaris de la face dorsale du doigt :
 Panaris Anthracoïde : C'est un furoncle ou anthrax centré par un ou plusieurs poils, Il ne
peut siéger que sur la face dorsale de la 1ère ou de la 2ème phalange.
 Forme nécrotique extensive : Nécrose de la face dorsale du doigt à haut risque d’atteinte
tendineuse et articulaire
4/ Panaris palmaires :
Face palmaire de P1- P2 : Présentent le risque majeur d’atteinte de la gaine des fléchisseurs.
5/ Panaris de la face latérale du doigt : Risquent d’atteindre également les tendons et
l’articulation avec risque de nécrose tendineuse.
Finalement, quelque soit la localisation du panaris sur le doigt, il faut rapidement le traiter car
toutes ces localisations sont en regard d’éléments nobles dont la contamination par l’infection
est source d’handicap.
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F/ Traitement : (Objectif 6)
1/ Au stade phlégmasique : Les antibiotiques à ce stade ont leur place à condition que le
médecin doit revoir le patient le lendemain et les jours suivants pour juger de l'évolution car
cette phase est de courte durée et le stade de collection peut s'installer rapidement.
L'argument de fréquence fera prescrire un anti-staphylococcique.
L'immobilisation dans une orthèse en position de fonction du doigt est très bénéfique.
Ce traitement médical doit soulager rapidement le patient.
Si 24 à 48 heures après le doigt est toujours rouge et gonflé il faut rapidement passer au
traitement chirurgical.
Si malgré le traitement médical il y a passage au stade de collection et aggravation des signes
fonctionnels, il faut passer au bloc opératoire.
2/ Au stade de collection : Le traitement est chirurgical, en urgence :
-
L’intervention doit toujours se dérouler sous anesthésie générale et garrot
pneumatique.
-
Il s'agit de pratiquer une excision de toute la cellulite nécrosante de façon radicale ; il
ne faut surtout pas pratiquer une simple incision pour drainer le pus.
-
Faire des prélèvements bactériologiques.
-
Rechercher systématiquement en per-opératoire l'existence d'une fusée purulente ou
d’un pertuis vers la profondeur.
-
Pour les panaris décollant l’ongle, faire l'excision unguéale en respectant le lit.
-
Pour les panaris de la face dorsale du doigt l'excision de la nécrose doit respecter le
périmésium du tendon extenseur.
-
La stabilisation par fixateur externe du doigt après les excisions larges, est d’un grand
apport pour la cicatrisation.
-
Ostéite associés : Résection osseuse prudente associée à l’excision du panaris.
-
Arthrite associée : lavage articulaire.
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G) Prévention :
-Bonne hygiène.
-Soigner toute lésion.
-Protection des mains (travailleurs manuels).
III) Le phlegmon de la gaine des fléchisseurs ou ténosynovite suppurée :
A) Définition : (Objectif 7)
C'est une infection localisée au niveau de la gaine synoviale des tendons fléchisseurs des
doigts. Cette infection peut être primitive faisant suite à une inoculation septique directe
réussie (phlegmon primitif ou primaire, piqûre septique directe dans la gaine) ou secondaire
par propagation de l'infection de proche en proche (phlegmon secondaire, panaris qui se
complique d'un phlegmon).
C'est une affection plus rare que le panaris mais plus grave, elle est de traitement difficile et
peut être à l'origine de séquelles fonctionnelles handicapantes.
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B) Anatomie des gaines :
La gaine synoviale entoure chaque tendon fléchisseur. Elle comporte deux feuillets qui
délimitent entre eux une cavité virtuelle à l'état normal (et qui se distend en cas
d'inflammation).
1. Les gaines digitales : Elles entourent les trois doigts médians ou moyens ; elles vont de 1,5
cm au-dessus de la MP jusqu'à la base de la 3ème phalange du doigt.
2. Les gaines digito-carpiennes :
a) La gaine radiale : Est annexée au tendon long fléchisseur propre du pouce, elle
commence 3 ou 4 cm au-dessus du poignet et se termine sur la base de la phalange terminale
du pouce.
b) La gaine ulnaire : Commence au même niveau que la gaine radiale et se termine
sur la base de la dernière phalange du 5ème doigt, elle couvre aussi dans la région palmaire les
tendons des 3ème, 4ème et 5ème doigts.
Ce rappel anatomique permet d'emblée de comprendre que la symptomatologie diffère selon
qu'il s'agisse d'un phlegmon digital ou digito-carpien.
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C) Signes cliniques : Type de description, phlegmon primitif de la gaine des
fléchisseurs de l’index.
Quatre signes cliniques formant la TETRADE DE CANAVEL font le diagnostic :
A la suite d'une piqûre par une épine, écharde… le patient se présente avec :
1. Douleur : Vive, lancinante, insomniante, traçant le trajet de la gaine, exagérée à la
position déclive, accompagnée d'une fièvre à 38° ou plus.
2. Œdème : le doigt est œdèmacié, la peau est tendue et inflammatoire.
3. Douleur à la pression du cul de sac proximal : (Partie supérieure de la gaine), ce
signe est quasi pathognomonique.
4. Attitude du doigt en crochet avec impotence fonctionnelle : flexion irréductible,
toute tentative d’extension est douloureuse et impossible.
Dés que le diagnostic est suspecté l’indication opératoire est posée en urgence.
D) Formes cliniques :
1. Le phlegmon de la gaine du pouce ou du 5ème doigt : la douleur remonte au-dessus du
poignet, la pression au niveau du poignet est douloureuse (cul de sac supérieur).
2. Le phlegmon à bascule : c'est un phlegmon de la gaine radiale qui se propage à la gaine
ulnaire par une communication entre les deux gaines au niveau du poignet, forme très grave.
3. Le phlegmon fistulisé : il existe une fistule qui détend la gaine, l'attitude en flexion
irréductible (en crochet) du doigt disparaît.
4. Le phlegmon secondaire : la porte d'entrée est une infection qui évolue pour son propre
compte (panaris par exemple), le tableau clinique est moins parlant du fait du traitement déjà
entrepris pour l'infection initiale.
5. Le phlegmon de l’enfant : tableaux explosifs avec signes généraux.
6. Le phlegmon postopératoire.
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E) Stades anatomo-pathologiques (phlegmons primitifs) :
1. Stade I : se caractérise par une sérite exsudative qui distend la gaine, le liquide est louche,
la synoviale hyperhémiée.
2. Stade II : est une synovite purulente, le liquide dans la gaine est franchement purulent
mais le tendon fléchisseur est encore intact.
C'est à ce stade que le tableau clinique a le plus de chances d'être complet : tétrade de
Canavel.
3. Stade III : est caractérisé par la nécrose des tendons fléchisseurs, ce stade est l'évolution
spontanée des deux autres stades.
F) Appréciation de la gravité :
1. Gravité locale :
a) Signes locaux :
Présence de collection.
Présence d'impotence fonctionnelle.
ADP régionales.
Douleurs vives à la mobilisation articulaire (ostéo-arthrite).
b) Germes en cause :
Le streptocoque (isolé à partir du pus) a un grand pouvoir nécrotique extensif.
c) Présence de complications :
Ostéite, ostéoarthrite, phlegmon des gaines, destruction de la matrice unguéale, nécrose
cutanée, rupture tendineuse (disparition du crochet), extension locale de l’infection par
ouverture de la gaine dans les espaces celluleux ou au niveau de l’articulation.
2. Gravité générale : Terrain diabétique, immunodéprimé, tare décompensée, septicémie,
gangrène extensive.
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G) Traitement chirurgical :
Devant une douleur sur le trajet d’une gaine digitale avec un doigt en crochet et une douleur à
la pression du cul de sac proximal, il faut rapidement chercher la trace d'une porte d'entrée
(piqûre) qui peut avoir disparu et poser l'indication d'une intervention chirurgicale urgente.
1. Excision de la porte d'entrée.
2. L'ouverture de la gaine permet de donner un stade au phlegmon :
a) Pour le stade I : lavage de la gaine (dans le sens du propre vers l'infecté : toujours vers la
porte d'entrée).
b) Pour le stade II : lavage et synovectomie (excision de la gaine) respectant les poulies.
c) Pour le stade III : excision des fléchisseurs, à ce stade s'associe souvent une ostéo-arthrite
et l'intervention se termine souvent par l'amputation du doigt.
3. Prélèvement bactériologique.
4. Immobilisation de la main et du poignet dans une attelle dorsale.
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H) Evolution – complications :
Bien traité, le phlegmon de la gaine des fléchisseurs évoluera assez bien pour le stade I quand
une rééducation postopératoire est bien entreprise.
Pour le stade II, la synovectomie obligatoire explique la raideur séquellaire, ici aussi la
rééducation minimise les raideurs et permet de récupérer une mobilité en secteur utile.
Pour le stade III, il s'agit surtout de sauver le doigt d'une amputation en excisant les
fléchisseurs nécrosés.
Non ou mal traité le phlegmon des gaines évolue rapidement vers le stade III et vers
1’infection de toute la main par propagation dans les espaces celluleux et le canal carpien.
Le plus important à retenir est que cette affection nécessite un diagnostic précoce (au stade I),
l'évolution vers les stades II et III est rapide : quelques heures, et que le traitement chirurgical
est urgent à instituer.
IV) Les phlegmons des espaces celluleux de la main :
A) Définition :
Ce sont des infections aigues localisées aux espaces celluleux de la main, iles peuvent être
profonds (espace sous aponévrotique) ou superficiels (espace sus aponévrotique), ils font suite
à une inoculation septique (plaie, piqûre...).
Ce sont des infections aigues avec tendance nécrotique et purulente.
B) Les phlegmons de l’espace palmaire médian prétendineux :
L'infection siège entre les tendons fléchisseurs et les muscles interosseux, elle succède en
règle à une ampoule infectée.
Sur le plan clinique il se caractérise par une tuméfaction douloureuse et inflammatoire de la
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C 26 : Infections et plaies de la main
paume. Il s'y associe souvent une tuméfaction inflammatoire réactionnelle de la face dorsale
de la main qui ne devra pas faire égarer le diagnostic de siège.
Les signes généraux de l’infection sont présents : fièvre, anorexie, insomnie.
Le traitement consiste en une excision de la peau en regard de la tuméfaction ainsi que de la
nécrose des tissus sous cutanés en faisant attention à ne pas blesser les nerfs et les vaisseaux
(ces derniers résistent bien à l'infection). Il faut toujours rechercher des fusées purulentes
rétro-tendineuses.
C) Le phlegmon commissural :
Il se situe entre le panaris et le phlegmon de la main.
Il peut succéder à :
• Un panaris de la 1ère phalange.
• Un durillon forcé.
• Une inoculation directe de la commissure.
• Un phlegmon de la main.
• La surinfection d'un kyste d'inclusion de poils coupés : véritable maladie professionnelle des
coiffeurs.
L'examen clinique retrouve :
* une douleur à la pression de la commissure
* Un bombement en avant et en arrière de la commissure.
* Les doigts correspondants sont écartés.
* les signes généraux de l’infection
* Le traitement consiste en une excision de la nécrose purulente après recherche de fusées
purulentes, (cette excision devra épargner la peau commissurale).
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D) Le phlegmon thénarien :
Entraîne une tuméfaction palmaire très douloureuse et une déformation nette de la première
commissure entre le pouce et index qui sont très écartés : phlegmon de DOLBEAU.
E) Phlegmon dorsal :
Est rare mais grave avec tendance extensive et nécrotique. Le diagnostic différentiel étant
l’œdème réactionnel suite à un phlegmon palmaire.
F) Phlegmon total de la main :
L'infection remonte au poignet, forme grave avec atteinte de tous les espaces celluleux et du
canal carpien, un syndrome compartimental est à rechercher.
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C 26 : Infections et plaies de la main
V) Les arthrites et de la main et des doigts :
A- Définition : Atteinte infectieuse articulaire par inoculation directe ou par diffusion de
germes.
B- Classification anatomo-clinique : On décrit 3 stades :
 Stade I : Synovite inflammatoire :
Les cartilages articulaires sont d’aspect nacré normal, liquide articulaire louche.
• Le principal signe clinique est l’impotence fonctionnelle douloureuse à la mobilisation
passive.
• L’examen radiologique est normal.
• La biologie retrouve un syndrome infectieux.
• L’erreur serait de passer à coté.
• Le traitement est chirurgical : abord articulaire, prélèvement bactériologique, lavage et
drainage, fermeture de la capsule, peau ouverte, fixateur externe, antibiothérapie.
 Stade II : Synovite nécrosante suppurée :
Liquide purulent, synoviale couleur lie de vin, aspect dépoli des cartilages articulaires qui ont
perdu leur aspect nacré.
• Impotence fonctionnelle, douleur, tuméfaction voire fistulisation à la peau, signes généraux.
• La radiographie montre le début d'un pincement articulaire.
• A la biologie il existe un syndrome infectieux.
• Le traitement est le même avec synovectomie, fixateur externe en distraction.
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C 26 : Infections et plaies de la main
 Stade III : Destruction par l'infection des surfaces articulaires, cartilages décollés,
ostéite.
• Enraidissement du doigt.
• La radio montre un pincement articulaire.
• Le traitement consiste en une arthrectomie avec mise en pace d’un fixateur externe.
VI) Les ostéites :
Témoignent de la gravité de l'infection et nécessitent la résection.
VII) Conclusion :
L'infection de la main est une pathologie fréquente et grave, dont le diagnostic est clinique et
le traitement est essentiellement chirurgical.
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C 26 : Infections et plaies de la main
Les plaies de la main
I) INTRODUCTION :
Cette question sera d'abord traitée en plusieurs chapitres : peau, tendons, nerfs, vaisseaux ...
Un support anatomique est nécessaire pour comprendre la question et par suite répondre à
toutes les situations cliniques.
Bien que la question s'intitule les plaies de la main, nous parlerons du poignet et de l'avant
bras car la mobilité de main est sous la dépendance de muscles prenant origine à l'avant bras
(dits extrinsèques) et de muscles prenant origine dans la main (dits intrinsèques).
Il faut toujours avoir à l'esprit que les 3 nerfs de la main sur sont mixtes tout au long de leur
trajet et ne deviennent sensitifs qu'à partir de la paume de la main. La difficulté réside dans le
fait de faire la différence, devant un même déficit, entre une section tendineuse et une
paralysie.
II) PLAIES DU REVETEMENT CUTANE :
A/ ANATOMIE :
La peau de la main s'organise selon des unités dites unités fonctionnelles ou plastiques, ces
unités sont séparées les unes des autres par les plis de flexion ou d'extension. Cette peau a une
architecture particulière, elle est épaisse et glabre (sans poils) en palmaire, fine et poilue en
dorsal. Tout cela permet à la peau d'épouser, dans tous les cas, la forme que la main lui
inflige.
B/ SEMIOLOGIE :
Il faut décrire la plaie : Siège, longueur, fine ou large, linéaire ou déchiquetée, propre ou
souillée…. (Rechercher systématiquement si cette plaie traverse ou pas un pli de flexion) car
toute suture d'une plaie traversant perpendiculairement un pli de flexion se compliquera d'une
rétraction de la peau en flexion appelée bride.
Il peut s'agir des fois d'un scalp ou d'une perte de substance cutanée exposant des éléments
nobles: tendons, nerfs, vaisseaux, articulation ...
C/ TRAITEMENT :
Dans tous les cas il faut désinfecter, faire une toilette et examiner toutes les fonctions de la
main afin de détecter une section d'un élément noble profond.
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C 26 : Infections et plaies de la main
Cet examen systématique de la main sera guidé par le siège de la plaie et donc par les
éléments profonds qui passent dessous.
Devant une plaie palmaire suspecter systématiquement une section d'un fléchisseur, d'un nerf
ou d'un vaisseau.
Devant une plaie dorsale suspecter systématiquement une section d'un tendon extenseur et une
plaie articulaire.
Ne pas hésiter à confier le blessé au spécialiste même si la plaie paraît banale et superficielle
car : vu l'importance fonctionnelle de la main, le risque d'infection, le risque de plaies parfois
partielles des nerfs et tendons, toute plaie de la main doit être explorée au bloc opératoire
avant d'être suturée.
Quant aux plaies qui traversent perpendiculairement les plis de flexion, il faut les briser avant
de les suturer.
Ce chapitre est important car les séquelles de plaies de la main suturées sans exploration aux
urgences, parfois même par un infirmier, sont encore très fréquentes dans notre pays.
II/ LES PLAIES DES TENDONS FLECHISSEURS :
A/ ANATOMIE : (Objectif 8)
Un tendon est la continuité d'un muscle à proximité de son insertion osseuse. Les tendons
fléchisseurs, comme leur nom l'indique, assurent la flexion des doigts, ces muscles sont
qualifiés de muscles extrinsèques de la main car leur origine est au niveau de l’avant bras et
leur terminaison au niveau des doigts.
D’emblée, ce renseignement nous fait comprendre qu’une plaie de la face antérieure de l'avant
bras ou du poignet peut entraîner un déficit de la flexion des doigts.
9 tendons fléchisseurs, en tout, situés au niveau de la loge antérieure de l'avant bras, assurent
la flexion des doigts:
-1 fléchisseur propre du pouce (LFP).
-4 fléchisseurs communs superficiels des doigts (FCS) : ils se terminent par 2
bandelettes sur la phalange moyenne (P2) des doigts longs (doigts à 3 phalanges), leur action
est donc la flexion de P2 sur Pl ou flexion de l'inter phalangienne proximale (IPP).
-4 fléchisseurs communs profonds des doigts (FCP) : ils perforent les FCS et s'insèrent
sur P3, leur action est donc la flexion de P3 sur P2 ou flexion de l'inter phalangienne distale
(IPD).
Finalement, le pouce a 1 seul fléchisseur (car ne possède que 2 phalanges) et chaque doigt
long a 2 fléchisseurs : 1 FCS et 1 FCP.
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C 26 : Infections et plaies de la main
Une plaie de la face antérieure du doigt peut sectionner l'un, l'autre ou les deux fléchisseurs.
Ces muscles fléchisseurs sont innervés par le nerf MEDIAN sauf les FCP du 4ème et du 5ème
doigts qui eux sont innervés par le nerf ULNAIRE (cubital).
Les branches nerveuse motrices, qu'elles soient celles du médian ou du cubital pénètrent les
muscles fléchisseurs extrinsèques au niveau du tiers supérieur de l'avant bras, cette notion est
intéressante à s'en souvenir car une plaie nerveuse au-dessous du tiers supérieur de l'avant
bras ( au niveau du poignet par exemple) n'entraînera pas de paralysie de ces muscles, par
contre, elle entrainera une paralysie des muscles intrinsèques car ces derniers siègent dans la
main donc au-dessous de la lésion nerveuse.
Les muscles intrinsèques assurent la flexion en volet des doigts.
Flexion en volet des doigts.
Les 9 fléchisseurs des doigts sont situés au niveau de la loge antérieure de l'avant bras, ils
pénètrent dans la main, accompagnés du nerf MEDIAN en traversant un tunnel important à
connaître: Le canal carpien.
Le canal carpien contient donc 10 é1éments anatomiques: 9 tendons fléchisseurs et le nerf
médian, ce dernier étant l’élément le plus antérieur du poignet.
Une plaie en regard du canal carpien peut intéresser ces 10 éléments.
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C 26 : Infections et plaies de la main
Au niveau de la face antérieure de l'avant bras et du poignet, une plaie profonde peut
intéresser en plus de ces 10 éléments anatomiques : l’artère radiale, le nerf ulnaire, l’artère
ulnaire et les 3 fléchisseurs du poignet.
Quand tout est sectionné en avant jusqu'au plan osseux, la plaie est appelée: Hémisection
antérieure (la vitalité de la main est alors mise en jeu).
B/ EXAMEN CLINIQUE : (Objectif 9)
Nous allons considérer, que l'agent traumatisant n'a choisi de sectionner que les
fléchisseurs !!!
Si un tendon est sectionné, sa fonction est abolie, donc :
La section d’un FCS donne un déficit de la flexion de l'IPP du doigt concerné.
La section d’un FCP donne un déficit de la flexion de l'IPD.
La section du LFP du pouce donne un déficit de la flexion de l’IP du pouce.
La flexion de l'articulation métacarpo-phalangienne des doigts est assurée par les muscles
intrinsèques, elle reste possible après section du FCS et du FCP.
22
C 26 : Infections et plaies de la main
 Pour détecter ces déficits, il faut mettre la main du patient à plat sur une table, la paume
regardant le ciel, l’examinateur bloque, en exerçant une pression au doigt, la phalange
proximale (P1) du doigt du patient et lui demande de fléchir l’IPP : s'il n'y arrive pas cela
signe la section du FCS, on peut également bloquer la flexion de tous les autres doigts pour
tester le FCS du doigt traumatisé (manœuvre de Quadrige).
La même manœuvre est reproduite mais dans ce cas en bloquant P2 et en demandant au
patient la flexion de l'IPD, si le patient n'y arrive pas, on pose avec certitude le diagnostic
d'une section du FCP.
Pour le pouce, bloquer Pl et demander la flexion de l'IP.
Quelque soit le niveau d'une plaie antérieure : sur le doigt, en pleine paume, en regard du
canal carpien, au niveau du poignet ou au niveau de la face antérieure de l'avant bras,
l'examen sera toujours le même.
Par contre, le niveau de la plaie est important à considérer car il va nous faire suspecter la
lésion d'autres éléments anatomiques parce que ces derniers sont présents à un niveau et pas
à un autre d'où d'ailleurs la relative difficulté de cette question.
.A. Test du fléchisseur profond. B. Test du fléchisseur superficiel.
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C 26 : Infections et plaies de la main
Schéma 1 : « Testing » du long fléchisseur du pouce
Il s’agit du seul muscle capable de fléchir P2 et P1. Il suffit de bloquer la MP.
Schéma 2 : « Testing » du FCP
En maintenant bloquée l’IPP, on peut étudier l’action de flexion de P3 sur P2 produite par le
FCP
Schéma 3 : « Testing » du FCS
En maintenant les autres doigts à plat sur la table d’examen, on élimine l’action du FCP dans
la flexion des doigts
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C 26 : Infections et plaies de la main
C/ TRAITEMENT : (Objectif 11)
Sutures tendineuses dans les 24 heures avec rééducation spécialisée.
Les voies d’abord
Si l’intervention n’est pas réalisée dans les 24 à 48 heures, le bout proximal du tendon se
rétracte vers le haut, va adhérer aux structures avoisinantes et la suture directe n’est plus
possible, obligeant le recours à la greffe tendineuse dont les résultats sont moins bons.
La principale séquelle est l’adhérence cicatricielle à la gaine tendance (maximale au niveau
des doigts).
III) Les plaies des tendons extenseurs :
A) Anatomie :
Les muscles extenseurs sont aussi des muscles extrinsèques puisqu’ils prennent origine en
dehors de la main (avant bras).
Ils sont situés sur le versant postérieur ou dorsal (loge postérieure de l’avant bras) et leur
action est l’extension des doigts.
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C 26 : Infections et plaies de la main
1- Chaque doigt long :
Possède un extenseur provenant du muscle extenseur commun des doigts (ECD).
Contrairement aux fléchisseurs qui sont au nombre de 2 par doigt, c’est le même extenseur
qui assure l’extension de l’IPP et de l’IPD, car il s’insère sur la face postérieure de P2 (par le
tendon terminal).
L’index (2ème doigt) et l’auriculaire (5ème doigt) ont aussi, en plus un autre extenseur :
extenseur propre de l’index et extenseur propre de l’auriculaire.
Ces 2 extenseurs propres s’arrêtent au niveau de l’articulation métacarpo-phalangienne et
donc ne participent pas à l’extension de l’IPP et de l’IPD (autrement dit, une plaie sur la face
postérieur du doigt ne peut pas les sectionner).
L'extenseur commun des doigts assure l'extension des métacarpo-phalangiennes (MCP)
lorsque les interphalangiennes sont en flexion.
2- Le pouce possède :
-
Long extenseur du pouce (propre) (LEP) : Se termine sur la face postérieure de la
phalange distale, donc responsable de l’extension de l’IP du pouce.
-
Court extenseur propre du pouce (CEP) : Se termine sur P1 et donc assure l’extension
de la MP de pouce.
-
Long adducteur du pouce : Se termine sur la base du premier métacarpien (M1) et
assure l’adduction du pouce.
26
C 26 : Infections et plaies de la main
-
Le long extenseur du pouce doit permettre la rétropulsion du pouce quand la main est
posée à plat.
Les tendons extenseurs du pouce, du poignet et des doigts passant sous le ligament
annulaire dorsal du carpe
En tout, 9 tendons extenseurs extrinsèques assurent l'extension des doigts et sont tous innervés
par le nerf RADIAL.
Les branches motrices du nerf radial innervent ces muscles extenseurs au niveau du tiers
supérieur de la face postérieure de l'avant bras, cette notion est intéressante à retenir devant
une plaie à un niveau plus bas avec un déficit d'extension de tous les doigts, par exemple, ne
peut pas être due à une paralysie radiale mais à une section de tous les extenseurs.
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C 26 : Infections et plaies de la main
B) Examen clinique :
Quelque soit le niveau d'une plaie postérieure sur l'avant bras ou la main il faut suspecter une
section d'un extenseur. L'examen se passe coude fléchi reposant sur la table, main à la
verticale.
1) Au niveau du doigt : Il faut tester l'extension de chaque articulation de chaque doigt en
bloquant la phalange qui la précède, main à plat, face dorsale vers le haut.
- Une section sur la face dorsale de P2, (section du tendon terminal) sera responsable
d’un déficit d'extension de l'IPD avec "Chute de P3", cette déformation est appelée doigt en
maillet ou mallet finger. (Cette lésion est fréquente et peut même se voir suite à des ruptures
sous cutanées, sans plaie).
Un doigt en « maillet » est dû à une rupture ou à une section de la bandelette
terminale de l'extenseur au dos de l'IPD
Déformation en « maillet ».
(Retenir qu'un doigt en maillet non traité, se compliquera à la longue d'une déformation en col
de cygne).
- Une section sur la face dorsale de P1 (section du tendon médian l'extenseur) donne
un déficit de l'extension de l'IPP responsable d'une déformation en boutonnière du doigt :
flexion IPP, hyper extension IPD.
Un doigt en « boutonnière » est dû à une atteinte de la bandelette médiane
Déformation en « boutonnière ».
Idem pour le pouce.
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C 26 : Infections et plaies de la main
2/ Au niveau de la face dorsale de la main, du poignet ou de l'avant bras :
Un doigt ou plusieurs doigts peuvent présenter un déficit d'extension. Le niveau de la plaie
fera suspecter la section d'autres éléments anatomiques, nous verrons plus loin comment
raisonner devant une plaie avec lésions associées.
3/ Pour le pouce :
• Section face dorsale de P1  déficit de l’extension de l’IP (section du long extenseur).
• Section face dorsale de T1  déficit de l’extension de la MP (Section du court extenseur).
C) TRAITEMENT :
Traités dans les 24h avec rééducation spécialisée

Meilleurs résultats (≈ 80%) que les
tendons fléchisseurs.
VI/ Les plaies nerveuses :
A/ ANATOMIE :
3 nerfs assurent l'innervation motrice et sensitive de la main : le nerf médian, ulnaire (cubital)
et radial.
Les nerfs Médian et Cubital parcourent la face antérieure de l'avant bras et de la main et sont
en gros responsables de la flexion et de l'écartement des doigts,
Le nerf Radial est situé à la face postérieure de l'avant bras et est le seul nerf de l'extension
des doigts.
Innervation sensitive de la main
1- nerf ulnaire 2- nerf médian 3- nerf radial
Ces mouvements d'extension et de flexion sont dus à des tendons de muscles innervés par ces
nerfs.
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C 26 : Infections et plaies de la main
1) Le nerf médian :
A une situation médiane à la face antérieure de l'avant bras, pénètre dans la main pour donner
ses ramifications après avoir traversé un tunnel appelé canal carpien accompagné par les 9
tendons fléchisseurs.
a) Sur le plan moteur :
 Au niveau du tiers supérieur de l'avant bras :
Il innerve : rond pronateur, carré pronateur, long palmaire, fléchisseur radial du carpe, tous les
fléchisseurs communs superficiels des doigts, fléchisseurs communs profonds du 2ème et 3ème
doigts, long fléchisseur propre du pouce.
 Au niveau de la main :
Il innerve les muscles intrinsèques suivants : opposant du pouce, court abducteur du pouce,
faisceau superficiel du court fléchisseur du pouce, 1er et 2ème lombrical.
Vu les muscles qu’il innerve, le nerf médian est le nerf de la flexion des doigts et de
l'opposition du pouce, il est qualifié également du nerf des mouvements de force de la main et
du serrage du poing.
b) Sur le plan sensitif :
Face palmaire du pouce, index, médius et la moitié externe (ou radiale) de l'annulaire le
territoire spécifique pour l'examen clinique étant la pulpe de l'index.
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C 26 : Infections et plaies de la main
2/ Le nerf ulnaire (cubital) :
Il a une situation interne sur la face antérieure de l'avant bras, pénètre la main après avoir
traversé un tunnel : loge de GUYON, accompagné de l’artère ulnaire, pour donner ses
ramifications.
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C 26 : Infections et plaies de la main
a) Sur le plan moteur :
 Au niveau du tiers supérieur de l'avant bras :
Il innerve le fléchisseur ulnaire du carpe, le FCP du 4ème et du 5ème doigt.
 Au niveau de la main :
Il innerve presque tous les muscles intrinsèques (muscles qui assurent des mouvements de
latéralité aux doigts), le 3ème et 4ème lombrical, les 4 muscles hypo-thénariens, le court
adducteur du pouce et le chef profond du court fléchisseur du pouce.
Le nerf ulnaire est le nerf des muscles intrinsèques de la main, c'est donc le nerf des
mouvements fins de la main.
b) Sur le plan sensitif :
Sensibilité du reste de la face palmaire et dorsale de la moitié interne du 4ème doigt et 5ème
doigt, le territoire spécifique étant la pulpe du 5ème doigt.
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C 26 : Infections et plaies de la main
3/ Le nerf radial :
Après un court trajet antéro externe au niveau du coude, il rejoint la face postérieure de l'avant
bras et se divise en 2 branches : une motrice appelée nerf inter-osseux postérieur et une
sensitive superficielle externe.
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C 26 : Infections et plaies de la main
a) Sur le plan moteur :
Innerve tous les extenseurs aussi bien du poignet que des doigts. Aucun muscle intrinsèque
n’est innervé par le nerf radial.
b) Sur le plan sensitif :
Sensibilité de la moitié externe de la face dorsale de la main et des doigts, le territoire
spécifique étant la face postérieur de la première commissure.
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C 26 : Infections et plaies de la main
B) Physiopathologie des plaies nerveuses:
Un nerf est organisé en périnèvre et endonèvre au sein duquel cheminent des groupes
fasciculaires représentés par les axones.
Après la section nerveuse, il se produit deux phénomènes :
- La dégénérescence Wallérienne au niveau du bout distal aboutissant à une hypertrophie
conjonctive à la base de la formation du gliome.
- Au niveau du bout proximal se produisent simultanément des phénomènes de
dégénérescence sur quelques centimètres et surtout de repousse axonale.
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C 26 : Infections et plaies de la main
Après une période d’un mois au cours de laquelle ces deux phénomènes s'égalisent, la
repousse l'emporte et elle se fait à raison de 1mm/jour avec une vitesse variable selon l'âge et
diminuant en allant du proximal vers le distal.
Classification des lésions : Classification de SUNDERLAND.
 Neurapraxis :
- Atteinte de la conduction saltatoire au niveau des nœuds de RANVIER.
- Récupération spontanée en 2 mois.
 Axonotmesis :
- Interruption de la continuité axonale seulement, l'enveloppe externe du nerf reste intacte,
- Repousse : 1 à 3mm/j.
- Récupération spontanée possible.
 Neurotmesis :
- Interruption complète de la continuité du nerf (section totale).
- Récupération spontanée impossible.
C) Formes cliniques :
Pour le diagnostic d'une plaie nerveuse, il faut rechercher le déficit moteur (muscles
paralysés) et le déficit sensitif dans le territoire du nerf correspondant. Un électromyogramme
est demandé, des fois, pour apprécier le degré de la conduction nerveuse (dans les cas anciens
non diagnostiqués à temps).
1/ Paralysie du médian au poignet :
a) Sur le plan moteur :
Paralysie de tous les muscles innervés par le nerf médian en aval de la lésion : les muscles
thénariens (surtout le court abducteur du pouce), le 1er et le 2ème lombrical ; cela explique les
signes suivants : paralysie de l’opposition du pouce ( les muscles thénariens ont une action
d’opposition), l’atrophie de l’éminence thénar qui est un signe très évocateur et bien sur
retrouvé au stade de séquelles et non sur une plaie récente.
b) Sur le plan sensitif :
Anesthésie de la face palmaire du pouce, index (la pulpe de l'index étant le territoire électif),
médius et la moitié radiale de l'annulaire. L’anesthésie de la pulpe de l’index avec possibilité
de flexion des doigts fait le diagnostic.
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C 26 : Infections et plaies de la main
2/ Paralysie du médian haute (coude, bras) :
a) Sur le plan moteur :
En plus des signes de la paralysie basse (poignet), il existe une paralysie des muscles
extrinsèque innervés par le médian : rond pronateur, long palmaire, fléchisseur radial du
carpe, tous les fléchisseur communs superficiels des doigts, fléchisseurs communs profonds
du 2ème 3ème doigts, long fléchisseur propre du pouce, carré pronateur.
S'ajoute aux signes de la paralysie basse le déficit de flexion des IPP des doigts longs et des
longs et de l'IP du pouce.
b) Sur le plan sensitif :
Même chose que dans la paralysie basse.
3/ Paralysie ulnaire basse (Poignet) :
a) Sur le plan moteur :
Paralysie des muscles interosseux (déficit de l'écartement et rapprochement des doigts),
paralysie des muscles hypo-thénariens (atrophie de l’éminence hypothénar), paralysie des 3ème
et 4ème lombrical : tout cela est responsable d’attitude en griffe des deux derniers doigts.
Le signe de FROMENT signe la paralysie du muscle court adducteur du pouce : pour retenir
une feuille de papier dans sa première commissure, le patient est obligé de tricher et de fléchir
l’IP du pouce.
b) Sur le plan sensitif :
Anesthésie palmaire du 5ème doigt et de la moitié ulnaire du 4ème doigt.
L’aspect en griffe des 2 derniers doigts, l’atrophie des muscles interosseux ainsi que
l’anesthésie du 5ème doigt fait le diagnostic.
4/ Paralysie ulnaires haute (au coude) :
En plus des signes déjà décrits, il existe une paralysie des muscles de l'avant bras innervés par
le nerf ulnaire : fléchisseur ulnaire du carpe, fléchisseurs communs profonds du 4ème et du 5ème
doigt (en général dans ce cas la griffe de ces deux doigts est moins prononcée).
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C 26 : Infections et plaies de la main
5/ Paralysie radiale :
a) Sur le plan moteur : Paralysie de tous les muscles extenseurs du poignet et des
doigts : attitude de la main en col de cygne.
b) Sur le plan sensitif : Anesthésie de la moitié radiale de la face dorsale de la main, le
territoire électif étant la face dorsale de la 1ère commissure.
6/ Plaies nerveuses dans la main :
a) Dans l’éminence thénar :
Suspecter la section de la branche thénarienne motrice du médian (paralysie de l’opposition
du pouce) et des nerfs sensitifs du pouce.
b) Dans l’éminence hypothénar :
Suspecter la section de la branche motrice destinée aux inter-osseux et les branches sensitives
du nerf ulnaire (4ème et 5ème doigts).
c) En regard du canal carpien (entre les 2 éminences) :
Suspecter la section de tout le nerf médian.
d) En pleine paume :
Toutes les branches nerveuses ne sont plus que sensitives pures, le nerf médian et ulnaire vont
donner donc des branches sensitives appelées nerfs inter-métacarpiens, au niveau de chaque
commissure, chaque nerf inter-métacarpien va se diviser en 2 nerfs collatéraux digitaux : 1
pour le coté externe (ou radial) d’un doigt et l’autre pour le coté interne du doigt adjacent, si
bien qu'une section, du 3ème espace par exemple donnera une anesthésie de la moitié externe
du 4ème doigt et de la moitié interne du 3ème doigt.
e) Au niveau du doigt :
C'est la face palmaire qui abrite les nerfs collatéraux digitaux, chaque doigt a 2 nerfs
collatéraux de chaque coté, ils sont bien sur strictement sensitifs et assurent surtout la
sensibilité pulpaire des doigts.
En fait, tout se résume à connaître le trajet des nerfs dans la main et de suspecter leur
section si la plaie passe en regard, il faut en outre savoir si à ce niveau là le nerf est moteur,
mixte ou sensitif.
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C 26 : Infections et plaies de la main
D) Traitement :
Sutures nerveuses en urgence, sinon au stade de séquelles : greffes nerveuses.
Les sutures sont faites soit en épipérineural soit en intrafasciculaire.
V) Les plaies vasculaires :
A) Anatomie :
3 artères participent à la vascularisation de la main : L’artère radiale, ulnaire et interosseuse.
Ces 3 artères s'anastomosent ensembles pour donner dans la paume les 2 arcades palmaires
superficielles et profondes puis les artères inter métacarpiennes (comme les nerfs) et enfin les
artères collatérales digitales.
Avant de plonger dans la paume de la main l'artère radiale décrit un bref trajet postérieur en
passant dans la tabatière anatomique.
Chaque doigt possède donc 2 artères collatérales de chaque coté.
Il faut savoir par ailleurs que le système artériel est antérieur (ou palmaire) et que le système
veineux est postérieur.
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C 26 : Infections et plaies de la main
B) Clinique :
Les signes d'ischémie ne sont présents que si :
Au niveau du poignet, la plaie a sectionné les 3 artères : radiale, ulnaire et inter osseuse.
Au niveau du doigt, les 2 artères collatérales digitales.
C) Traitement :
Suture micro chirurgicale d’au moins 1 artère et de 2 veines en urgence sinon, perte du
segment ischémié.
VI) Examen clinique devant une plaie de la main et conduite à tenir :
A- Les plaies antérieures :
Nous allons inclure les plaies du poignet et de l’avant bras dans cette question.
1- Les plaies de la face antérieure du poignet :
Situation très fréquente en traumatologie.
Les 9 fléchisseurs des doigts, les 3 fléchisseurs du poignet, les 2 nerfs (médian et ulnaire), et
les 2 artères radiale et ulnaire peuvent être sectionnés.
Il faut donc suspecter l’atteinte de tous ces éléments.
A ce niveau il n’est pas nécessaire de tester les extenseurs ni le radial qui sont postérieurs.
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C 26 : Infections et plaies de la main
a- Testing des fléchisseurs :
La main est posée à plat sur la table regardant au ciel, tester la flexion des IPP pour
diagnostiquer les sections des FCS et les IPD pour les FCP.
Pour le pouce tester la flexion de l’IP pour le LFP.
b- Examen neurologique :
Tester la sensibilité de la pulpe de l’index pour le nerf médian, la pulpe de l’auriculaire pour
le nerf ulnaire.
Si un nerf est touché à ce niveau, tout son territoire sensitif sera touché. Pour affiner le
diagnostic on peut rechercher le déficit moteur entraîné par la section de ces deux nerfs :
paralysie de l’opposition du pouce pour le médian et la paralysie des interosseux pour le
cubital (cet examen devient essentiel pour les sections nerveuses anciennes car l’atrophie
musculaire devient présente).
c- Examen vasculaire :
Examiner de principe le pouls capillaire des doigts, si une ischémie existe, elle intéresse alors
toute la main et signe la section des 3 artères.
2- Les plaies de la paume de la main :
a- Testing des fléchisseurs : Idem dans tous les cas.
b- Examen neurologique :
A ce niveau c’est essentiellement les signes sensitifs qu’il faut rechercher mais pour être
complet nous allons détailler 4 situations :
-
Plaie en regard des métacarpiens : il ne reste à ce niveau que des divisions sensitives et
en général la plaie touche un ou plusieurs nerfs inter métacarpiens, il faut rechercher
une anesthésie de 2 (ou plusieurs) hémi-pulpes de doigts adjacents.
41
C 26 : Infections et plaies de la main
-
Plaie en regard de l’éminence thénar : rechercher une atteinte de la sensibilité du
pouce mais également une lésion de la branche motrice thénarienne du médian :
paralysie de l’opposition du pouce (situation rare).
-
Plaie en regard de l’éminence hypo-thénar : rechercher une atteinte de la sensibilité du
5ème doigt mais également une lésion de la branche motrice destinée aux inter osseux
du nerf cubital, donc rechercher aussi une paralysie des inter osseux (situation rare).
-
Plaie en regard du canal carpien (entre les 2 éminences) : suspecter la section des
éléments anatomiques dans le canal carpien : les 9 fléchisseurs et le nerf médian.
c- Examen vasculaire :
Idem (situation rare)
3- Les plaies de la face antérieure du doigt :
a- Testing des fléchisseurs : FCS et FCP, LFP pouce.
b- Examen neurologique :
Les lésions ne peuvent être que sensitives, rechercher une anesthésie des 2 hémi pulpes du
doigt concerné.
c- Examen vasculaire :
Une ischémie par atteinte des artères collatérales n’est pas rare.
42
C 26 : Infections et plaies de la main
B- Les plaies postérieures :
Le raisonnement est le même, il faut tester les extenseurs : coude fléchi reposant sur une table,
main à la verticale, bloquer les phalanges une à une pour les sections au niveau du doigt pour
détecter les sections du tendon médian et terminal.
Les plaies postérieures en regard des articulations s’associent souvent à des ouvertures
articulaires en raison de la finesse de la peau, l’exploration chirurgicale et alors doublement
justifiée.
Pour les plaies du dos de la main la section d’un tendon extenseur entraînera un déficit
d’extension de tout le doigt.
Au niveau de la main, du poignet et du tiers moyen de l’avant bras les sections nerveuses ne
peuvent toucher que le radial et se traduisant par une anesthésie dans le territoire du radial :
face postérieure du pouce, index, médius et la moitié externe de l’annulaire, pour un testing
rapide et spécifique palper la face postérieure de la première commissure à la recherche des
troubles de la sensibilité.
C- Les plaies du tiers supérieur de l’avant bras :
L’examen reste toujours le même, aussi bien pour les extenseurs que pour les fléchisseurs,
cependant les lésions nerveuses à ce niveau sont en amont des branches motrices destinées
aux muscles extrinsèques.
Une section du médian à ce niveau, par exemple, entraînera, en plus des signes présents lors
d’une section au poignet, un déficit de flexion des doigts longs et du pouce à ne pas confondre
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C 26 : Infections et plaies de la main
avec une section musculaire, les signes sensitifs distaux au niveau des doigts et moteurs
concernant les intrinsèques orienterons le diagnostic.
Ceci dit, une lésion musculaire et nerveuse est fréquente et c’est l’exploration chirurgicale qui
fera l’inventaire des lésions !!
Une section du nerf radial entraînera par exemple un déficit d’extension du poignet, des doigts
longs et du pouce avec une anesthésie de la face dorsale de la moitié externe de la main.
Coupe sagittale passant par la paume de la main
Ouvrages consultés :
1- Cours de préparation de Résidanat, Faculté de Médecine de Tunis.
2- Cours de préparation de Résidanat, Faculté de Médecine de Sfax.
3- Cours de préparation de Résidanat, Faculté de Médecine de Sousse.
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