Notes du mont Royal www.notesdumontroyal.com 쐰 Ceci est une œuvre tombée dans le domaine public, et hébergée sur « Notes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres . ,.i ** * COLLECTION PES %. AUTEURS LATINS 4 AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS, PUBLIÉE SOUS XA DIRECTION » DE M. NISARD, MAITRE DE COYF ÉB.ENCES k.L'tCOLE NORMALE. OVIDE OEUVRES COMPLÈTES. PARIS. - IMPRIMERIE D'ADOLPHE EVERAT ET COMPAGNIE. l i t rr CAIMII*. Il et 10. / " / > OV I D ŒUVRES COMPLETES AVEC LA TRADUCTION EN FRANÇAIS, SOUS LA DIRECTION DE M. NISARD, MUTEE DE CONFERENCES k L'ÉCOLE NORRULE. " ^VN\V, ^\\, > PARIS, J.-J. DUBOCHET ET COMPAGNIE, ÉDITEURS, BEE SE SEINE, N 33. /^\m^ TCOM s T ' T,>, •B1KL- •«' . I T T* ', •". 1 • J TABLE DES MATIÈRES. râpes. LE REMÈDE D'AMOUR, traduction nouvelle par le même 221 Notes du Remède d'Amour 240L E S B É R O I D E S , Traduction nouvelle par M. T h é o p h i l e Baudement I LES COSMÉTIQUES , fragment ; traduction nouvelle parle même 245 Épitre 1. — Pénélope a Ulysse ibid. 246 Épitre IX. — Pbyllis à Démophoon -I I Notes des Cosmétiques Epitre H T . — Briaéle "a Achille 7 LES HALIEUTIQUES, fragment; traduction nouÉ p i n e I V . — Phèdre à Hippolyte 40 217 velle par M. Th. Reauderaent Épitre V . — Œnone à Paru 44 LES MÉTAMORPHOSES, traduction nouvelle É p i t r e V I . — Hypsipyle a Jasôn 48 par MM. Louis Puget, Th. Guiard, Chevriau et Épitre V I T . — Didon a Énée 22 251 Fouquier Épitre V I I I . — Hermione à Oreste 20 Livaa I. — AncojtEHT. — I. Le chaos changé en Épitre I X — Déjanire a Hercule 29 quatre éléments distincts. — II. Succession des Épitre X . — Ariadne à Thésée 53 quatre âges du monde. — III. Crime et punition É p i t r e X I . — Canacé à Macarée 36 des géants. — IV. L'univers est submergé par le Épitre X I I . — Médeei Xason 59 déluge. — V. DeucalioD et Pyrrha repeuplent la Épitre X I I I - — Laodamieà Protésilas 44 terre. — VI. Apollon tue le serpent Python. Épitre X I V . — Hypermneetre à Lyucêe 47 — VII. Métamorphose de Daphné en laurier. É p i t r e X V . — Sapho à Phaon 50 — VIII. Métamorphose d'Io en génisse, et de Épitre X V I - — Pârisà Hélène 55 Syriox en roseau ; mort d'Argus ; naissance d'EÉ p i t r e X V I I . — Hélène à Paris 64 paphus ibid. Épitre X V I I I - — L é a n d r e à H é r o 69 lavai DEUXIèME. — AXCUMEST. — I. Phaéton Épitre X I X . — Héro à Lésndre 74 demande pour un jour la conduite dn char du SoÉpitre X X - — Aconce à Cydippe 79 leil ; il est frappé de la fondre et précipité du Épitre X X I - — Cydippe à Aconce 84 Ciel. — II. Cycuus changé en cygne. —III. CaNotendeaHérosdes 91 listo changée en Ourse. — IV. Le corbeau, de L E S A M O U R S trtdnction nouvelle par le même. 4 04 blanc qu'il était, devient noir. V. Ocyroé transibiâ formée en cavale.—VI. Battus métamorphosé en Livre I pierre.—VII. Aglaurc changée en rocher. —VIII. Livre I I 120 Jupiter, sons la forme d'un taureau, enlève EuLivre I I I 440 rope N o t e * d e » Amonrs 404 269 LIVBE TnoisiÈME.— AncuMEET.—I. Agénor ordonne L ' A R T D'AIMER i traduction nouvelle par M. à Cadmus de chercher sa fille qu'il a perdue. Des Charrie» Nisrnrd 463 soldats naissent des dents du dragon tué par CadChant I «1>"I,8 mus. — II. Actéon métamorphosé en cerf.— III. Chant I I ° Naissance de Bacchus. — IV. Tirésias aveugle Chant I I I <°7 et devin — V. Écho changée en son ; Narcisse en Note» d e l'Art d'Aimer 216 Avis des éditeurs Notice s u r l a v i e et les ouvrages d'Ovide III VII TABLE rages. as«V. Alcmcnc raconte à Iule spn enfantement laborieux et la méumorphose de Galanthis en belette. —VI. Dryope est changée en lotos. — VII. Iolas, en jeune homme; — VIU. Btblia, en fonuine. — IX. Iphia devient homme 589 fleur. — VI. Pentliéc. après la métamorphose des matelots en dauphins, charge Acetès de chaînes : à cause de ce crime, il est mis en lambeaux, par les bacchantes 289 LIVRE QUATRIèME.—ARGUMERT. — I . Alcithoé et ses LITRE DIXIèME ARGUMENT. — I. Descente d'Orsoeurs s'obstinent à mépriser le culte de Bacchus ; phée anx enfers. — IL Métamorphose d'Attis en Pvrame et l'hisbé. — Amours de Mars et de pin ; de Cyparisse en cyprès. — IU. Ganymèdc Vénus , d'Apollon'et de Leucothoé , de^Salmacis enlevé dans l'Olympe. — IV. Métamorphose et d'Hermaphrodite. Les Glles de Minée changées d'Hyacinthe en fleur. — V. Des Cérastes en Uuen chauves-souris, et leurs toiles en vignes et en reaux ; des Propétides en pierres. — VI. D e la pampres. — I L Ino et Mélicerte métamorphosés sutue de Pygmalion en femme. — VII. de Myrrha en dieux marins, et leurs compagnons en rochers en arbre. — VIII. D'Adonis en anémone ; d'Ataet en oiseaux. — III. Métamorphoses de Cadmus lante en lionne, et d'Hippomène en lion Ai 8 et d'Hermione en serpents. — IV. d'Atlas en montagne. — V. Persée délivre Andromède. — L I V I E ONZIèME.— ARGUMENT. — I. Mort d'Orphée. VI. Il l'épouse 50li — II. Métamorphose des Ménades en arbres. — I .IVRE cinQDiÈHE. — ARGUMENT—I. Persée change III. Du sable du Pactole en o r . — IV. Des oreilles Phinée et ses compagnons en rochers. — I L II de Midas en oreilles d'âne. — V. Fondation de Troie. — VI. Naissance d'Achille. — VII. Crime métamorphose aussi Bétus et Polydectca. Chanet châtiment de Pelée. — VIII. Naufrage et mort gement d'un enfant en léxard , de Lyncus en de Céyx ; description du palais du Sommeil ; lynx ; d'Ascalaphe en hibou ; de Cyane et d'Améumorphose de Céyx et d'Alcyone en alcyons. réthuse en fontaines, et des Piérides en pies. — Rapt de Proserpine. — Voyages de Cérès et — IX.D'Esaque en plongeon 135 deTriptoème 525 LIVRE DOUZIèME. — ARGUMENT. — I. Sacrifice LIVRE SIXIèME. — ARGUMENT. — I. Méumorphose d'Iphigénie. — II. Palais de la Renommée ; méd'Arachné en araignée. — I I . Niobé se met anumorphose de Cycnns en cygne. — III. Récit de Nestor : méumorphose de la vierge Cénis en dessus de Latone et est changée en rocher. — homme, puis en oiseau. Combat des Centaures III. Métamorphose des paysans lyciens en greet des Lapilhes. — IV. Méumorphose de Périnouilles. — I V . Marsyas converti en fleuve. — clyméne en aigle. — V. Mort d'Achille 152 V. Pélops pleure Niobé ; les dieux lui donnent LIVRE TREIZIèME. — ARGUMENT. — I. Les armes une épaule d'ivoire. — VI. Méumorphose de d'Achille réclamées par Ajax et Ulysse; métaTérée en huppe, de Philomcle en rossignol, de morphose d'Ajax en hyacinthe. — H. Mort de Procné en hirondelle. — VIL Borée enlève Ori Polyxène ; métamorphose d'Qécube en chienne. thye; il en a deux fils, Calais et Zétès, qui furent — UI. De Memnon en Memnonides. — IV. Fuite au nombre des Argonautes 511 d'Enée ; méumorphose des filles d'Auius en LIVRE SEPTIèME.—ARGUMENT. — I . Jason s'empare colombes. — V. Mort de Galatée et d'Acis; méde la toison d'or, par le secours de Médée. — umorphose de Glaucus en dieu marin 168 II. Rajeunissement d'Éson. — III. La jeunesse est rendue aux nourrices de Bacchus. — IV. Médée fait tuer Pélias par la main deses Biles.—V. Médée massacre ses entants. — VI. Médée s'enfuit à Athènes, où elle est accueillie par Egée. — VIL Méumorphose d'Ame en chonette ; peste d'Égine; métamorphose'des fourmis en Myrmidons ; Éaque les envoie au secours d'Egée. — VIII. Céphale et Procris LIVRE QUATORZIèME. — ARGUMENT. — I. Méumor- 558 LIVRE HUITIèME. — ARGUMENT. — I. Métamor- phose de Nisus en aigle de m e r , et de Scylla, sa tille, en alouette.— II. La couronne d'Ariane pltcée parmi les astres. — III. Dédale s'envole sur des ailes; Icare, volant auprès de son père, est submergé ; méumorphose de Perdix. — IV. Méléagre tue le sanglier de Calydon : Altbée, mère du héros, accélère sa mort. — V. Naïades changées en êtres appelés Echinades. — VI. Philémon et Bancis. — VIL Protée et Métra ; impiété et châtiment d'Érisichthon LIVRE NEUVIèME. — ARGUMERT. — I . Achcloiis vaincu par Hercule; corne d'abondance.—II. Mort de Ncssus. — III. Tourments d'IIcrcole sur le mont Œ u . — IV. Apothïo»c d" Hercule. — phose de Scylla en monstre. — II. Voyage d'Enée ; métamorphose des Cercopes en singes. — IU. Des compagnons d'Ulysse en pourceaux ; du roi Picus en pivert. — IV. Des compagnons de Diomède en oiseaux, — V. D'Appulus en olivier sauvage. — VI. Des vaisseaux d'Enée en Naïades. — VII. D'Ardéc, ville des Rutules , en héron.— VIII. d'Énéeeu d i e u . — I X . D'Anaxarète en statue; amours de Pomone et de Vertumne. — X. Romulus devient le dieu Quirinns, et Hersilie la déesse Hora 487 LIVRE QUINZIèME. — ARGUMENT. — I. Fondation 3 8 de Crotone. — II. Système des transformations ; Pythagore l'enseigne à Numa. — III. Htppolytc devient le dieu Virbius ; la nymphe Égèrie changée en fonUine. — IV. Tagès né d'une motte de terre. — V. La lance de Romulus changée en arbre. — VI. Cipus se voit des cornes. — VII. Peste du Laliuni ; Esculapc accompagne les Romains sous la forme d'un serpent. — VIII. Jules-César changé en étoile ; éloge d'Angitstc. Noies des Métamorphoses 50(> °25 DES MATIÈRES. Page*. LES FASTES, traduction nouvelle par M. J. Fleutelot 541 LIVBE I LIVBE II LIVBE III. lard. 558 578 LIVBE IV LIVBE V LIVBE VI 598 621 638 Note» des Fastes 657 LES TRISTES, traduction nouvelle par H. Charles Nisard 664 LIVBE I LIVBE II Ibid. 679 "J Tagea. Lettre X, àMacer LettreXI,à Rufin. LIVBEIU Lettre I", 5 sa femme Lettre II, à Cotta Lettre III, a Fabius Maximua Lettre IV. à Rufin Lettre V.A Maxime Cotta Lettre VI. a un ami Lettre VII. A ses amis Lettre VIII, A Maxime Lettre IX, A Brutus LIVBE IV Lettre F", à Sextus-Pompée Lettre II, A Sévère Lettre III, à un ami inconstant Notes des Tristes 744 LettrelV, A Sextus-Pompée LettreV.au même LES PONTIQUES, traduction nouvelle par le Lettre VI, A Brutus même 754 Lettre VU, A VesUlis LIVBE I , Ibid. Lettre VIII, A Suilliut Lettre I1*, a Brutus Ibid. Lettre IX. A Gracinus Lettre IL à Maxime 753 Lettre X, à Albinovanus Lettre m, à Rufin 756 Lettre XI, A Gallion Lettre IV. a sa femme 758 Lettre XII, A Tuticanus Lettre V, a Maxime 760 Lettre XIII, A Carus Lettre VI, a Gracions 762 LettreXIV, A TuUcanus Lettre V U , a Measallinua 763 LettreXV, A Sextus-Pompée Lettre Vin. aSévère 765 Lettre XVI. A un envieux Lettre IX, à Maxime 7(6 Notes des Pontiques Lettre X, a Flaccus 768 CONSOLATION A LIVIE-AUGUSTA, sur la mort LIVBE U 770 de Drusus-Néron , son fils; traduction nouvelle Lettre I", aGermanicus César Ibid. par le même Lettre U, A Messallinus 774 Notes de la Consolation A Livie Lettre ID, a Maxime 774 Lettre IV, a Atticns 777 L'IBIS , traduction nouvelle par le même Lettre V, a Salanus Ibid. Notes de l'Ibis Lettre VI. a Gracinus 779 LE NOTER, traduction nouvelle par le même.... Lettre VII, a AtUcus 780 Notes du Noyer Lettre VU.!, à Maxime ColU 789 ÉPIGRAMMES sur les Amours et les MétamorLettre IX, au roi Cotys 784 phoses LIVBE UI LIVBETV LIVIE V »92 74 4 727 786 787 788 Ibid. 792 794 797 799 800 802 803 Ibid. 806 Ibid. 807 808 809 840 812 845 844 816 8(9 824 892 823 824 826 827 829 833 844 845 860 865 870 871 Notes du mont Royal www.notesdumontroyal.com 쐰 Une ou plusieurs pages sont omises ici volontairement. ïOOOOGGOOOQOOOOOQOGGCOOOOCOGOOGOOO LES TRISTES. LIVRE PREMIER. ÉLÉGIE 1. Va, petit livre, j'y consens, va sans moi dans cette ville où, hélas! il nem'est point permis d'aller, à moi qui suis ton père; va,mais sans ornements, comme il convient au fils de l'exilé; et malheureux, adopte lesinsignesdu malheur. Que le.vaciet(l) ne te farde point de sa teinture de pourpre ; celte couleur n'est pas la couleur du deuil; que le vermillon(2) ne donne pas de lustre à ton titre, ni l'huile de cèdre à tes feuillets. Qu'on ne voie point de blanches pommettes (5) se détacher sur tes pages noires ; cet appareil peutorner deslivres heureux, mais toi, tu nedois pas oublier ma misère ; que ta double surface ne soit point polie par la tendre pierre-ponce (4) ; présente-loi hérissé de poils épars çà el la, et ne sois pas honteux de quelques taches: celui L'LLGIA I. Parvc (necinvideo) sine me, liber, ibis in urbem ; Hei mitai 1 quo domino non licel ire tuo. Vide, sed incultus , qualem derct esulis esse. Infelix habituai tcmporis bujus habc. Nec te purpureo vêlent varcinia suceo ; Non est convenions luclibus ille color : Nec titulus ininio, nec ccdro charta notilur : Candida nec nigra cornus frontc géras. Felices ornent hier, instrumenta libelles ; Fortunes memoreni te decet esse meir: Nec.fragili géminée poliantur puinice fronles : riirsutussparsis utvideare eoniis. qui les verra y reconnaîtra l'effet de mes larmes. Va, mon livre, et salue de ma part les lieux qui me sont chers; j'y pénétrerai ainsi par la seule voie qui me reste ouverte. S'il est quelqu'un dans la foule qui pense encore à moi, s'il est quelqu'un qui demande par hasard ce que je fais, dis-lui que j'existe, mais que je ne vis pas, et que cependant cette existence précaire est le bienfait d'un dieu. Par prudence, et de peur d'aller trop loin, tu ne répondras aux questions indiscrètes qu'en le laissant lire. A ton aspect, le lecteur aussitôt se préoccupera de mes crimes, el je serai poursuivi par la clameur populaire, comme un ennemi public. Abstiens-toi de répliquer, même aux plus mordants propos; une cause déjà mauvaise se gale encore quand on la plaide. Peut-être trouverastu quelqu'un qui gémira de m'avoir perdu, qui Neve liturarum pudeat : qui viderit illas , De lacrymis factas sentiet esse meis. Vade, liber, verbisque meis loca grata salula. Contingam certe quo licet alla pede. Si quis, ut in populo noslri non iinmeraor illic. Si quis, qui quid agaiu forte requirat, erit ; Vivere me dices : salvnin laineu esse negabis ; Id quoque quod vivam, munus habere dei. Teque ita tu lacitus quoerenti plura legeuduui , Ne, qua» non opus est, forte loquare, datais. Protinus admonilus repetet inea crimina lector, lit peragar populi publiais ore reus. Neu, cave, défendes, quamvis mordebere dictis. Causa patrocinio non bono major erit. 20 662 OVIDE. lira ces vers les joues mouillées de pleurs, et fortune ne nous est pas assez favorable pour dont les vœux silencieux, de peur des oreilles que tu fasses cas de la gloire. Au temps de ma malveillantes, invoqueront la clémence de César pospérité, j'aspirais à la renommée, et j'en et le soulagement de mes maux. Quel qu'il soit, étais avide ; aujourd'hui, si je ne maudis pas la puisse-1 - il n'être pas malheureux un jour, poésie, ce penchant qui m'a été fatal, cela doit celui qui sollicite l'indulgence des dieux en suffire, puisque mon exil est aussi l'œuvre de faveur des malheureux! Puissent ses vœux mon génie. Va cependant, va pour moi, tu le s'accomplir ! puisse le ressentiment du prince peux du moins, contempler Rome. Dieux! s'éteindre et me permettre de mourir au sein que ne puis-je, en ce jour, être mon livre ! Ne crois pas cependant, parce que tu arrivede la patrie ! Quelque fidèle que tu sois à mes ordres, ras étranger dans la ville immense, que tu peut-être, ô mon livre, seras-tu critiqué et mis puisses y arriver inconnu, sans litre même. Ta bien au-dessous de ma réputation. Le devoir sombre couleur te trahirait, si tu voulais redujuge est d'examiner les circonstances des nier ton père. Ne t'introduis toutefois qu'avec faits aussi-bien que les faits eux-mêmes ; cet mystère ; mes anciennes poésies pourraient te examen te sauvera. La poésie ne peut éclore nuire, et je ne suis plus, comme jadis, le favori que dans la sérénité de l'ame, et des malheurs du public. Si quelqu'un, par cela seul que tu soudains ont assombri mon existence ; la poésie viens de moi, se fait scrupule de te lire et te réclame la solitude et le calme, et je suis le rejette de son sein, dis-lui : < Regarde le litre; jouet de la mer ,«des vents et de la tempête ; la je n'enseigne pas ici l'art d'aimer ; une peine poésie veut être libre de crainte, et, dans mon était due à ce livre, et il l'a subie. > Peut-être veux-tu savoir si je t'ordonnerai de délire, je vois sans cesse un glaive menacer ma poitrine. Mais ces vers devront encore étonner gravir la colline où s'élève le palais de César? le critique impartial ; et, quelque faibles qu'ils Pardon, séjour auguste ; pardon, divinités de soient, il les lira avec indulgence. Mettez à ma ce séjour! Mais c'est de celte demeure redouplace un Homère, et l'entourez d'autant d'in- table que la foudre est tombée sur ma tête. Je fortune que moi-même, tout son génie en connais, sans doute, la clémence des divipités qui y résident, mais je redoute celles qui m'ont serait bientôt frappé d'impuissance. Enfin, mon livre, pars indifférent à l'opinion frappé. Elle tremble au moindre bruitd'ajles, et ne rougis pas si tu déplais au lecteur. La la colombe que les serres de l'épervier ont Invenies «liquem, qui me suspiret ademptum, Carmina nec siccii perler;»t ista genia : Et taritus secum, ne quia malus audiat, optet, Sic mea, lenito Caesare, porno rninor. Nos quoquc, qnisquis prit, ne ait miaer il le , precamur, Placatos misero qui volet esse deoa. Quteque volet, rata sint : ablataque principis ira Scdibus in patriia dct mihi posae mori. Ut peragcs mandata , liber, culpabere foraau, Ingeniique rninor laude ferere mei. Judiois oflicium est, ut res, ita tempora rerum Quœrerc ; quariito tempore, talus «ris. Carmina proveniuntanimo deducta sereno : Nubila suntsubitis tempora nostra malis. Carmina secessum acriberrtis et otia quarrunt : Me mare, me venli, me fera jactat liyems. Carminibus tnetus oinnis abest : ego perditus ensem Hsasurum jngulojam puto jamque meo. Harequoque, quod facio, judex mirabitur ajquus : Scriplaquc cum venia qualiacumque legct. Da mibi Maroniden, et tôt circumspieeeasus ; Ingenium tantis excidet omnc malis. Denique securus famée, liber, ire mémento, Nec tibi sit lccto displicuisse pudor. Non ita te nobis prsebet forlnnt aecundam, Ut tibi sit ratio laudis habenda lus. Doneceram sospes, tituli tangsbar amore, Quœrendique mihi nominis ardor erat. Carmina nunc si non studiumque, quod obfuit, odi, Sit satis : ingenio sic fuga parla meo. 1 larnen, i pro me tu, cui licet, adspicc Romam. Dt facerent, possesnon meus esse liber I Nec te, quod venias magnam peregrinuain urbein , Ignotum populo possa venirc puta. Ut titulo careas, ipso noscere colore : Disaimulare velis te licet essemeum. Clam tamen intrato : ne te mea carmina lardant. Non sont, ut quondam plena favoris erant. Si quis erit, qui te, quia sis meus, esse legendum Non palet, e gremio rejiciatque suo, Inspire, die, tituluin : Non sum praceptor amoris : Quas meruit pœnas, jam dédit illud opus. Forsitan exspectes an in alla palatia missum Scaudere te jubeam Carsareimque domum. Ignoscant augusta inilii loca, dlque locorum : Venit in hoc iila fulmen ab arce caput. Esse quidem niemini milissima sedibus allas Nnmina, sed limeo qui nocuerc deos. 74 LES TRISTES. blessée ; elle n'ose piuss'éloigner de la bergerie, la brebis arrachée a la gueule du loup ravisseur; Phaéton, s'il revenait à la vie, fuirait le ciel, et poserait approcher de ces coursiers qu'il voulutfollementconduire.Et moi aussi je crains encore, je l'avoue, après en avoir senti les atteintes, les traits de Jupiter, et je me crois menacé de ses feux vengeurs chaque fois que le tonnerre gronde. Celui des Grecs dont le navire a une fois évité les écueils de Capharée détourne ses voiles des eaux de l'Eubée ; ma barque aussi, déjà battue par une terrible tempêté, frémit d'approcher des côtes où elle fut maltraitée. Sois donc, livre chéri, sois timide et circonspect, et qu'il te suffise d'être lu des gens de condition médiocre. Icare, pour s'être élancé d'une aile trop faible vers les régions élevées de l'air, a donné son nom à la mer Icarienne. Il est difficile cependant de décider si tu dois faire usagede la rame ou des voiles ; tu consulteras le temps et les lieux. Si tu peux être présenté dans un moment de loisir, si tu vois lé calme régner partout, si la colère a épuisé sa fougue, s'il se trouve un introducteur généreux qui, malgré tes hésitations et tes craintes, té présente, après avoir préparé en peu de mots ta réception, risque-toi. Puisses-tu, plus heureux que ton maître, arriver en temps opportun et soulager ma misère ; car nul autre que l'auteur de ma blessure, comme autrefois Terretnr minimo pennse stridore columba, Cngnibns, iccipiter, aaucia factatuis : Nec procul a stabulis audat accédera, ai qua Excnaaa eat avidi dentibna agoa tupi. Vitaret codant Phaeton, si vivent ; et quos Optant atalle, tengennolletequos. Me quoque quœ aensi fateor Jovis arma timere : Me reor infeato, quum tonal, igné peti. Qnicumque Argoliea déclasse Capbarea fagit, Semper ab Euboicis vêla rétorquât aquis. Et mea cymba aemel vaata perçusse procella, Illum, quo lassa est, horret adiré locum. Ergo, care liber, timide circumspice mente, Et salira média ait libi plèbe legi. Duni petit inflrmis nimiam sublimia pennia Icarus, Icariis nomina fecit aquis. Difficile est tamen hic remis utaris an aun , Dicere, consi|ium resque locasqnedabunt, Si poterie vacuo tradi, si cuncta videbis Milia, si rires fregerit i n suas. Si quis erit qni te dubitantem et adiré timentem Tndat, et ante tamen paucaloquatur; adi. Luce bons dominoqne tuo felicior ipse Perveniatilbao , aimais, hoetra levés. m Achille, ne peut la guérir. Prends garde surtout de me nuire en voulant me servir : mon cœur, hélas ! craint plus qu'il n'espère. Ne va pas éveiller et ranimer cette colère qui sommeille, et ne sois pas pour moi la cause d!un châtiment nouveau. Quand tu seras entré dans le sanctuaire de mes travaux, que tu auras trouvé la cassette arrondie, domicile qui t'est destiné, tu y verras rangés en bon ordre tes frères, autres enfants de mes veilles; tous montreront leurs titres à découvert, et porteront fièrement leur nom inscrit en toutes lettres. 11 en est trois seulement que tu découvriras cachés dans un coin obscur. Ceux-là enseignent un art que personne n'ignore, l'Art d'Aimer. Fuis leur contact, ouflétris-les,si tu l'oses, du nom d'QEdipe et de Télégone (5) ; si tu as de la déférence pour ton père, je te conjure de ne pas en aimer un seul des trois, quoi qu'il fasse pour l'apprendre à aimer. Il est aussi quinze volumes de métamorphoses, poésies érhappées à mes funérailles ; je te charge de leur dire que ma fortune peut fournir une métamorphose de plus à celles que j'ai chantées, car elle a pris tout à coup un aspect bien différent de ce qu'elle était d'abord , aussi pitoyable aujourd'hui qu'elle était heureuse hier. J'aurais encore, si tu veux le savoir, beaucoup d'instructions à te donner, mais je crains d'avoir déjà trop retardé ton Namqae ea, vel nemo, vel qui mibi vulnen fecit, Solus Achilleo tollere more potest. Tantumnenoceas, dam vis prouesse, videto ; Nam spea est animi nostra timoré minor. Quoique quiescebat, ne mota resseviat i n , Et pœnne tu sis altéra causa, cave. Quum tamen in nostrum fueris penetnle receptus, Gontigerisque tuam scrinia curva domuin ; Adspicies illic positos ex ordine fntres, Quos studiura cunctos evigilavit idem. Cetera turba palam litulos ostendet apertos, Et sua détecta nomina fronte geret. Très procul obscurs (alitantes parte videbis, Hi quoque, quod nemo nescit, amare doceut. Hos tu vel fugias ; vel, si salis orit habebis, Olidipodas facito Telegonosque voces. Deqne tribus moneo, si qua est tibi cun parentis, Nequemquam, qnamvis ipsedocebit, âmes. Sunt quoque muta ta? terquinque volumina formai. Nuper ab exsequiia carmina rapta ineis : Hismandodicas, intermutata mferri Fortunœ vullumcorpora passe met). Nsmque ea dissimilis subito est elTecta priori : Flendaque nunc, aliquo tempore Iseta fuit. 122 664 OVIDE. départ ; si d'ailleurs je te chargeais de tout ce qui oppresse mon âme, tu deviendrais toimême un fardeau trop lourd à transporter; le voyage est long ! hâte-toi donc. Pour moi, je resterai confiné aux extrémités du monde, sur une terre bien éloignée de celle qui m'a vu naître! ÉLÉGIE II. Dieux de la mer et du ciel (car il ne me reste plus maintenant qu'à faire des vœux !), n'ache' vez pas de mettre en pièces ce navire, déjà si maltraité, et ne vous associez pas à la vengeance du grand César. Souvent un dieu protège ceux qu'un autre persécute. Si Vulcain prit parti contre Troie, Apollon se déclara pour elle. Vénus favorisa lesTroyens, quand Pallas leur était contraire; Junon, si propiceàTurnus, haïssait Énée, mais celui-ci était en sûreté sous la sauvegarde de Vénus ; souvent Neptune en courroux a attaqué le prudent Ulysse, et souvent Minerve le déroba aux coups du frère de son père. Et nous aussi, malgré la distance qui nous sépare de ces héros, qui empêche qu'une divinité ne nous protège contre les agressions d'une autre divinité? Mais, infortuné que je suis! mes vœux impuissants se perdent dans les airs I d'énormes vagues couvrent la bouche qui les profère. L'impétueux Plura quidem mandare tibi, si quseris, habebain ; Sed vereor tarda; causa fuisse more?. Quod si quœ subeuot tecum , liber , omnia ferres ; Sarciua laturo magna futurus eras. I.onga via est ; propera nobis : babitabitur orbis Ijltimus , a terra terra remota mea. ELEGIA II. Di maris et cœli ( quid enim nisi vota supersunt ? Solvere quassata; parcite memhra ratis : Neve, precur, magni subscribite Gsasaris ira; : Stepe premente deo fert dens alteropem. Mulciber inTrojam, pro Troja stabat A polio : /Equa Venus Teucris, Pallas iniqua fuit. Uderat dSnean, propior Saturnia Turno: llle tamen Veneris numine tutuserat. Sœpe feras cautum petiit Neptunus Ulyssem : Eripuil patruo ssepe Minerva suo. Et nobisaliquod, quamvisdistamus ab illis, Quid velat irato numen adease deo ? Verba miser frustra non proficientia perdo : Ipsa graves spargunt ors loquentis aqua; : Notus disperse mes paroles et ne permet pas d'arriver jusqu'aux dieux les prières que je leur adresse. Ainsi les mêmes vents, comme si c'était trop peu pour moi d'un seul dommage, emportent je ne sais où et mes voiles et mes vœux ! O malheur! quelles vastes montagnes d'eau roulent les unes sur les autres et semblent vouloir s'élancer jusqu'au ciel ! Quelles vallées profondes , quand les flots s'abaissent, s'entr'ouvrent sous nos pieds, et semblent toucher au sombre Tartare; de quelque côté que se portent les regards, partout la mer et le ciel, l'une grosse de vagues amoncelées, l'autre de nuages menaçants. Au milieu de ces deux éléments, les vents se déchaînent en tourbillons furieux. La mer ne sait à quel maître obéir: tantôt c'est l'Eurus qui s'élance de l'orient embrasé ; tantôt le Zéphyr qui souffle de l'occident; tantôt le froid Borée accourt avec furie de l'aride septentrion (1 ), et tantôt le Notus vient le combattre en l'attaquant de front. Le pilote éperdu ne sait plus quelle roule éviter ou suivre ; dans cette affreuse perplexité, son art même est frappé d'impuissance. Ainsi donc nous mourons! plus d'espoir de salut qui ne soit chimérique! Pendant que je parle, la vague inonde mon visage ; elle m'ôte la respiration , et ma bouche, ouverte en vain pour implorer l'assistance des dieux, se remplit d'une onde homicide. Terribilisque Notus jaclat mea dicta : precesque Ad quos mittuntur non sinit ire deoe. Ergo idem venti, ne causa latdar in una, Velaque nescio quo , votaque nostra ferunt' Me miserum I quanti montes volvuntur aquarum ! Jam jam tacluros sidéra summa putes. Quanta; diducto subsidunt tequore vallea I ,Jam jam facturas Tartara nigra putes. Quocumque adspicias, nibil est nisi pontuaetaer, Fluctibus hic tumidis, nubibus ille minax. Inter ulrumque fremunt immani turbine venti : Nescit, cui domino pareat, unda maris. Nam modo purpureovires capit Euros abortu : Nunc Zepfayrus sero vespere missus adeat : Nunc gelidus sicca Boreas bacebatur ab Arcto : Nunc Notus adverse prsslia fronte gerit. Rectorin incertoest : nec quid fugiatve petatve Invenit : ambiguis ars stupet ipsa malia. Sciliret orcidimus, nec spes nisi vana salutis : Dumque loquor. vultus obruitunda meos. Opprimet banc animam fluctua, frustraque precanli Ore necaturas accipiemus aquas. At pia nil aliud quam me dolet essuie conjus : 3T LES TRISTES. «65 Heureusement ma fidèle épouse ne pleure que mon exil ! De tous mes malheurs, elle ne connaît et ne déplore que celui-là ; elle ignore que je suis le jouet du vaste Océan, elle ignore que je suis à la merci des vents, elle ignore enfin que la mort est là, sous mes yeux. Je rends grâces aux dieux de ce que je n'ai pas souffert qu'elle s'embarquât avec moi, de ce 'que la fatalitén'a pas voulu que je subisse deux fois la mort. Quand je périrais maintenant, puisqu'elle est en sûreté, je me survirais encore dans la moitié de moi-même. Hélas ! quel rapide éclair a sillonné la nue! de quels terribles éclats retentit la voûte éthérée ! La lame frappe les flancs du navire aussi violemment que la pesante baliste qui ébranle les remparts ; et la vague qui s'élève surpasse toutes les autres vagues, c'est celle qui suit la neuvième et précède la onzième (2). Ce n'est pas la mort que je redoute, ce sont les horreurs d'une telle mort: sauvez-moi du naufrage, la mort sera pour moi un bienfait. C'est quelque chose, pour celui qui meurt de mort naturelle ou par le fer, de rendre son corps à la terre sur laquelle il a vécu ; c'est quelque chose d'espérer un tombeau de la tendresse de ses proches et de ne pas être la pâture des monstres marins. Supposez-moi digne d'un tel supplice, je ne suis pas seul sur ce navire ; pourquoi envelopper dans ma perte des hommes innocents ? Dieux de l'Olympe, et vous, dieux azurés qui régnez sur les mers, cessez vos menaces les uns et les autres; cette vie que m'a laissée la colère généreuse de César, souffrez que je la traîne douloureusement jusqu'au séjour qu'il m'assigne. Si vous voulez que mon expiation soit proportionnée à mon crime, ma faute, César lui-même l'a décidé, n'est pas de celles que l'on punit de mort ; s'il eût voulu m'envoyer sur les bords du Slyx, certes il le pouvait sans votre aide ! Toujours maître de verser mon sang, il ne m'envie pas le bonheur de vivre, et peut encore, quand il le voudra, m'ôter ce qu'il m'a laissé. Hais vous, envers qui du moins je ne me crois coupable d'aucune offense, 6 dieux, je vous en supplie, contentez-vous des maux que j'endure. Et pourtant quand vous vous uniriez tous pour sauver un malheureux, l'être déjà frappé de mort ne peut plus être sauvé ; que la mer se calme, que les vents me deviennent favorables, que vous me fassiez grâce enfin, en serai-je moins exilé? Ce n'est pas pour trafiquer ni pour assouvir ma cupidité de richesses infinies que je sillonne la vaste mer ; ce n'est pas pour aller, comme autrefois, étudiera Athènes, ni pour visiter les villes de l'Asie et les contrés que j'y ai déjà vues, ni pour aborder à la célèbre ville d'Alexandre (5) et voir tes rives enchantées, ô Nil capricieux ! Si je demande des vents favorables, qui le croirait ? c'est la Sarmalie(-t) qui Hoc tinnm noetri scitque gemitque uiali. Nescit io immenso jactari corpora ponto ; Neacit agi ventis; nescit adesse necem. Dl, bene quod non su m mecum conscendere passus, Ne mibi mort misera bis palienda foret I At nnne, utpeream , quoniam caret illa periclo; Dimidia certe parle supersles ero. Hei uiibil quom céleri micaerunt nubilaflamma! Quantns ab elherio personat axe fragor I Neclevins laterum tabula; feriuntur ab undis . Quam grave balistsa nioenia puisât onns. Qui venit hicfluctuafluctuasupereminet omues : Posterior nono est, undecirooque prior. Nec letum timeo : genua est miserabile leti. Demite naufragium : mors mibi munus erit. Est aliquid, fatove suo, ferrove cadenlem In solita moriens ponere corpus humo : Et mandata suis aliquid, sperare sepulcbra, Et non arqnoreis piscibus esse ribuin. Pingite me dignum toli nece : non ego solus Hic vehor; immeritos cur mes pœna trahit? Proh I Superi, viridesqtte dei, quibus eaquora cure ! U traque jam vestras sistitc turba minas : Quamque dédit vilain milissima Cœsaris ira, Hanc sinite infelix in loca jussa feram. Si, quam commerui pœnam, me pendere vultis; Culpa mea est, ipso judice, morte ininor. Mittere me Stygias si jam voluisset ad undas Caisar , in hoc vestra non eguisset ope. Est illi nostri non iuvidiosa cruoris Copia : quodque dédit, cum volet, ipse feret. Vos modo, quoa certe nullo puto crimine la-sos ; Contenli nostris, di, precor, este malis. Nec tamen , ut cuncti miserum servare velitis , Quod periit, salvum jam capot esse potest. lit mare subsidat, ventisque ferentibus utar, Ut mibi parcalis; non minus exsul ero? Non ego divitias avidus siue fine parandi Laluni mutandis mercibus sequor aro : Nec pelo , quas quondam pelii studiosus, Allumas. Oppida.non Asiic, non loca visa prius : Non ut. Alexandri clarani delatus in urbein, Deliriasvideam, Nilejocose, tuas. Quod faciles opto ventosquis credere posait? 81 QVIRE. es) la terre où j'aspire! Je fais des vœux pour dieux, m'épargper en retour. §'il ep es) |u)re|o]qc$ier aux rivages barbares du Pont occiden- ment, que la vague suspendue sur ma tôje tal (5), et je suis réduit à me plaindre de m'éloi- retombe sur elle et m'engloutisse. gner trop lentement de ma patrie ! Pour voir Me trompé-je ? vois-je bien se dissiper les Tomes, située je ne sais dans quel coin du sombres nuages et la mer, dontlecourroux s'£ naonde, j'abrège* par mes vœux la route de puise, changer d'aspect? Ce n'est pas l'effet l'exjj. Si je vous suis cher, calmez ces flots du hasard, non! c'est vous,dieux, dont j'ai, furjeux, et servez de guide à mon vajsseau; sous condition, invoqué l'appui, vous qu'on ne si je vous suis odieux, poussez-le vers ces côtes peut jamais tromper, c'est vous qui m'exaucezoù César me relègue, puisque le pays môme en ce fatal moment. contribue en partie à l'aggravation de mon supplice. Hâtez donc (que fais-je ici? ), vents rapicjes, hâtez ma course. Pourquoi mes voiles sont-elles encore en vue des bords ausoniens ? ÉLÉGIE 111. C^sar ne je veut pas ; pourquoi retenir celui qu'il bannit ? Que les côtes du Pont s'offrent Quand m'apparaît le lugubre tableau jje plutôt à mes regards ; ainsi l'ordonne-t-il, et je cette nujt qui fut l'agonie de ma vie à ftome(j), )!ai mérité. Je ne crois pas même que le crime quand je songe à celte nuit où je quitlaj tant condamné par lui puisse être légitimement et d'objets si chers, maintenant encore des larmes saintement défendu. Toutefois, puisque les s'échappent de mes yeux. cjjeux ne peuvent s'abuser sur les actions des Déjà approchait le jour où je devais, d'après gommes, je fus coupable, vous le savez, mais l'ordre de César, franchir les frontières defAqnon pas criminel. Que dis-je ! si, comme vous sonie:je n'avais ni le temps ni la liberté d'esprit Je savez encore, je n'ai cédé qu'à une erreur suffisants pour faire mes préparatifs; mon arog involontaire, si mon esprit a été aveuglé et non était restée engourdie dans une longue inaction ; pervers; si j'ai soutenu la famijle d'Auguste, jene m'étais occupé niduchoix des esclave^ quj autant que le peut un citoyen obscur; si ses devaientm'accompagner, ni desvétementsejdes qrqres furent toujours sacrés pour moi ; si j'ai autres nécessités de l'exil. Je n'étais pas moins çjijébré le bonheur du peuple sous son empire; étourdi de ce coup qu'un hommefoudroyépar sj j'ai fait fumer un pieux encens en son hon- Jupjter, qui existe encore, mais sans] avoir enneur, ep l'honneur des Césars ; si tels furent core recouvré le sentiment dé l'existence.' toujours mes sentiments, veuillez, grands Lorsque l'excès même de la douleur eut disSarmatis est tellus, quam mea vota petunt. Obligor ut tangam laèvi fera litora Poitli, Quodque aitapatria jam fuga tarda, queror. Nesrio quo videam pnsitos ut in orbe Tomitas. Exilem fado per met vota dam. Seumediligitis, tantoa compescitefluctua, Pronaque aint noetre numina vestra rati : Seu magie odislia, jusse me adverlite terne. Supplicii pars est in regione mei. Perte : quid hic facio? rapidi mea carbaaa venti, Ausonios fines cur mea vêla vident) Neluithoc César : quidquem fugat ille tenetis? Adspiriat voltus Pontica terra mena-. Et jubet, et merui : nec que dainnaverit ille, Orimina, defendi faaye piumve piilo» Si tamen acta deoa nunqiram mortalia fallunt, A culpa facinua acitisabeaae mea, Immo ita ; voascitia, si me meus ahstulit error, Stultaqus mens nobia, non scélérats, fuit ; Quamlibet e minimis, domui si favimus illi, Si aatis Augusli publics jussa mihi, Hoc duce si dtxi felicia sarcult, proque Gesaretura, pius, Cesaribusque dedi; Si fuit hic animas nobia , ita parcile, dtvi. Sin minus; altacadeus obruatundaoaput. Fallor? an incipiunt gravide yanesoere nubss, Victaque mutali frangitur ira maris? Noncasus, sedvos sub conditions vocati, Filière quosnonest, hanc mihi wrtiaopem. ELEGIA III. Quum subit illius tristissima noctis imago, Que mihi supremum tempos in urbe fuit; Quum repeto noctem, qus tôt mibi cars reliqui ; Labitur ex oeulis nunc quoque gutta meisi Jam prope lux aderat, qu» a » discedere Chesar Finibus extrême jusserat Ausonie. Nec mens nec spatiuih fuerant salis apta paranti : Torpuerant longa pectora nostra mon». Non mihi servorum, coroitis non cura legendi : Non apte profugo vestis opisve fuit Non aliter*stupui, quam qui Jbvis ignibus ictus, Vivit; eleet vite nescruérpsetmr. "• 13 LES TJUSTES. sjpé le nuage qui enveloppait mon esprit, et que mes sens se furent un peu calmés, prêt à partir, j'adresse une dernière fois la parole à mes amis consternés, naguère si nombreux, et tjont je ne voyais plus que deux près de moi. )Ja tendre épouse, me serrant dans ses bras, piélait à mes pleurs ses pleurs plus abondants, ses pleurs qui coulaient à flots le long de son visage indigné de cette souillure. Mafille,alors absente et loin de moi, retenue en Libye, ne pouvait être informée de mon désastre. Pe quelque côté qu'on tournât les yeux, on ne voyait que des gens éplorés et sanglotants; on eût dit des funérailles, de celles où la douleur n'est pas muette ; hommes, femmes, enfants même pleuraient comme si j'étais mort, et, dans toute la maison, il n'était pas une place qui ne fût arrosée de larmes : tel, si l'on peut comparer de grandes scènes à des scènes moins imposantes, tel dut être l'aspect de Troie au nioment de sa chute. Déjà l'on n'entendait pi us la voix de l'homme pj l'aboiement des chiens, et la lune guidait au haut des airs son char nocturne. Elevant (mes regards jusqu'à elle, et les reportant de l'astre au Gapitole , dont le voisinage, hélas ! fut inutile au salut de mes pénates. • Divinités habitantes de ces demeures voisines, m'écriaije, temples que désormais mes yeux ne verront pjus; dieux, à qui la noble ville de Quirinus dresse des autels qu'il me faut abandonner, Ut Umen hanc animo oubem doloripse removit, Et tandem sensus convaluere mei ; Adloquor extremum mœsloa abiturns amicos, Qui modo de multis unus et aller erant. Uxor amans flentem tiens acrius ipsa tenebat, linbreperindignas nsque cadente gênas. Nata procul Libycia aberat diversa sub oris, Nec poterat fati certior esse mei. Quocumqoe adspiceres, luetns gemitnsque sonabant : Formaque non taciti funeris intus erat. Femina, virque, meo pueri qnoque funere moarent ; Inque domo lacrymas angulns omnis habet. Si licet exemplis in parvo gràndibns nti, Hacc faciès Trojœ, cum caperetur, erat. Jamque quiescebant voce» hominumqne canonique, Lunaqne nocturnes alla regebat equos: Hanc ego suspiciens, et ab bac Capitolia cernens , Quœ nostro frustra jnneta fuereLari; Nnmina vicinis habitantia sedibus, inquam, Jamque oculis nunquam templa videnda meis, Dlque relinquendi, quos urbs babet alta Quirini ; Este salutati tempos in ortin* rbihi. Et quamquam serotdypeum postvulnera sumo, 667 salut pour toujours! Quoiqu'il soit trop tard de prendre le boucher après la blessure, cependant déchargez-moi de la haine que m'impose mon exil ; dites à ce mortel céleste, à l'auteur de mon châtiment, quelle erreur m'aveugla, afin qu'il ne persiste pas à voir un crime là où il n'y a qu'une faute ; dites-lui qu'il juge cette faute comme vous la jugez vous-mêmes. Gedieu apaisé, je puis n'être pas malheureux.» Ainsi je priai les dieux ; ma femme, dont les paroles étaient entrecoupées de sanglots, pria plus longuement. Ensuite, les cheveux en désordre, elle se prosterna devant nos Lares, baisa les foyers éteints de ses lèvres tremblantes , et prodigua aux pénates insensibles des supplications, hélas ! sans profit pour son époux infortuné. Déjà la nuit se précipite et ne permet plus de retard : déjà l'Ourse de Parrhasie a détourné son char. Que faire? J'étais retenu par le doux amour de la patrie ; mais cette nuit était la dernière qui précédât mon exil. Ah ! que de fois, en voyant l'empressement de mes compagnons, ne leur ai-je pas dit : « Pourquoi vous hâter? Songezdoncauxiieuxd'oùvouspartez.àceuxoù vous allez si vite! Que de fois ai-je feint d'avoir fixé d'avance, comme plus favorable, une heure à ce fatal départ! Trois fois je touchai le seuil, et trois fois je reculai. Mes pieds, par leur lenteur, semblaient d'accord avec mon âme. Souvent, après un adieu, je parlai beaucoup encore; Attamen hancodiis exonerate fiigain : Goaleslique viro, qnis me deceperit error Dicite : pro culpa ne scélus esse putet. Ut, quod vos scilis, poanae qùoque sentiat auctor : Placato possum non miser esse deo. HacpreceadoraviSuperos ego, pluribus uxor Singultu medios phepediente sonos. Illa etiam anle Lares passis prostrata capillis, Conligit exslinctos ore tremente focol : Multaque in averses effudit verba Pénales , Pro deplorato non valitura viro. Jamque morse spatium nos praecipitata negabat, Versaquê ab axe sue Parrhasis Arctoserat. Quid facerem? blando patriœ retinebaramora: Ultimasedjussœnox erat illa fugse. Ah I quoties aliquo dixi properante, Quid urges ? Vel quo festines ire, vel unde , vide. Ah I quoties cerlam me su m mentitus habere Horam ; propositœquœ foret apla-viaj. Ter limen tetigi ; 1er su m revocatus, et ipse Indulgens animo pes mihi tardus erat. Saepe vole dicto, rurtus SUIT) multa loéutus, Et quasi discedens oscula summa dedi. 58 (m OVIDE. souvent je donnai les derniers baisers, comme je le serai moi-même, le chemin m'est aussi si je m'éloignais enfin; souvent je réitérai les ouvert; ma place est près de loi, à l'extrémité mêmes ordres et je m'abusai-moi-méme, repor- du monde. Je n'ajouterai pas beaucoup à la tant mes rcgardssurles objets de ma tendresse. charge du vaisseau. La colère de César te force Enfin « Pourquoi me presser ? C'est en Scythie à quitter ta patrie ; moi, c'est la piété conjuqu'on m'envoie, m'écriai-je , et c'est Rome gale ; ses lois seront pour moi plus puissantes que je quitte, double exruse de ma-lenteur! quelesordresdeCesar. > Tels étaient ses efforts, Vivant, je perds à jamais mon épouse vivante, efforts déjà tentés auparavant. A peine céda-tma famille, ma maison et les membres fidèles elle aux importants motifs de notre intérêt qui la composent ; et vous que j'aimai comme commun. Je sors (ou plutôt il semblait, moins le cérédes frères, vous dont le cœur eut pour moi la fidélité de Thésée, que je vous embrasse quand monial , qu'on me portât au tombeau ) tout en je le puis encore, car peut-être ne le pourrai- désordre, les cheveux épars et le visage héje plus jamais! L'heure qui me reste est une rissé de barbe. Pour elle, anéantie par la douheure de grâce ; plus de retard ! » Mes paroles leur, elle sentit sa vue s'obscurcir et tomba , restent inachevées, et j'embrasse ceux qui comme je l'ai su depuis, à demi morte, sur le carreau. m'approchent de plus près. Quand elle fut revenue à elle, et que les cheTandis que je parle et que nous pleurons, l'étoile importune du matin brille sur l'horizon ; veux souillés de poussière, elle eut soulevé son Lucifer se lève. Soudain je me sens déchiré corps gisant sur le marbre glacé, elle pleura comme si l'on m'arrachait quelque membre, -jsur elle d'abord, et puis sur nos pénates abanou comme si une partie de mon corps était sépa- donnés; elle prononça mille fois le nom de l'érée de l'autre. Tel fut le supplice de Métius(2), poux qu'elle perdait, et son désespoir ne fut pas quand des coursiers, vengeurs de sa trahison, moindre que si elle avait vu le bûcher recevoir l'écartelèrent. Ce n'est plus alors chez les le corps de sa fille ou le mien. Surtout elle voumiens qu'une explosion de cris et de gémisse- lut mourir et perdre le sentiment avec la vie ; ments : chacun se meurtrit le sein d'une main elle ne consentit à vivre que pour moi. Qu'elle vive donc pour l'exilé, puisque les désespérée, et ma femme, suspendue à mon cou, mêla à ses sanglots ces tristes paroles :- dieux l'ont voulu ainsi, qu'elle vive et me f Non , tu ne peux m'étre ravi : nous partirons continue ses soins bienveillants pendant mon ensemble ; je suivrai tes pas ; femme d'un exilé, absence ! Sape eadem mandata dedi: ineque ipsefefelli Hespiciens oculis pignora cara meis. bfniquequidpropero?Scythiaest,quomittiinur,inquam: Roma relinquendaest: ulraquc jusla mora eat. Uxor in sternum vivo inihi viva negatur : Etdomus ,et tidecdulcia membra doniua. Quoique ego dilexi fraterno more sodales, OmihiThetea pectoro juncta lide I I)um licetamplectar : nunquam fortasse licebit Amplius; in lucroqua daturhora inihi. Mec mora - sermonis verba imperfecta relinquo, Aniplecteni animo proxima quatque ineo. bum loqupr, elilemui; coalo nilidiiaimui alto Stella gravitnohis, Lucifer ortus erat. Uividorbaudaliter, quam si mea membra relinqiiain : Et para abrumpi corporc visa luo est. Sic Melius doluit, tune quum in contraria versus llltoreshabuit proditiouisequus. Tutn vero exoritur clamor gemttusquc meoruin , Et feriunl mœstœ peclora nuda inanus. Tum vero coojux humeris abeuutis inhaarens Misruit bac lacrymis tristia dicta suis : Non potes avelli; siinul ah I simul ibimus inquit, Te sequar, et conjux exsulis exsul ero. Et inihi facta via est : et me eapil ultime tellus: Accéda m profuga sarciua parva rati. Te jubet e palria discedere Cœsaris ira : Me pielas, pietas bœc inihiCaesar erit. Talia tentabat : sic et tentaveral anle : Vixque dédit vicias utilitate manus. Egredior, sive illuderat sine funere ferri, Squallidus immissis hirla per ora comis. Illadolore mei, tenebrisnarraturobortis Semianimi8 média prociibuisse domo. Utqueresurrexit, foadalis pnlvere turpi Crinibus, et gelida membra levavit huino ; Se modo, desertos modo coniplorssse Pénales , Nomen ctereptisape vocasse viri : Nec gemuisse minus, quam si natœve ineumve Vidissctstructos corpus habererogos: El voluisse mori ; moriendo pouere sensus ; Kespectuque lamen non posuisse mei. Vivat, et absentem, quoniam sic fata tulerunt, Vivat, etauxiliosublevetuaqueauo ! I0i LES TRISTES. ÉLÉGIE IV. G69 Tandis que je parle, et que j'hésite entre le désir et le regret de m'éloigner, avec quelle furie la vague vient de frapper le flanc du navire! Grâce, divinités de l'empire azuré! grâce, n'ai-je pas assez déjà de la haine de Jupiter? Sauvez d'une mort affreuse un malheureux épuisé, si toutefois celui qui est déjà anéanti peut être sauvé du néant. Le gardien de l'Ourse d'Éry manthe se reflète dans l'Océan, et son influence trouble les flots; et cependant c'est en dépit de nous que nous sillonnons la mer Ionienne ; mais la peur nous impose tant d'audace. Malheureux que je suis! quelles masses d'eau soulève la tempête, et comme le sable bouillonne, arraché du fond des abîmes; des vagues hautes comme des montagnes viennent assaillir la proue et frapper l'image des dieux (1 ). Ses flancs ÉLÉGIE V. deboisde sapin craquent de toutes parts; lèvent fait siffler les cordages, et le navire lui-même O loi que je ne mettrai jamais au second témoigne par ses gémissements qu'il est sensible rang sur la liste de mes amis! toi qui envisaà notre détresse. Pâle et frissonnant, le pilote geas ma disgrâce comme si elle eût été la tienne trahit son effroi; il cède au mouvement du propre, toi enfin, cher ami, qui le premier, il navire qu'il ne peut plus régler. De même m'en souvient, osas me relever de mon abatqu'un ecuyer mal-habile abandonne au cour- tement par tes paroles encourageantes, et me sier rebelle ses rênes impuissantes, ainsi je donner le doux conseil de vivre quand le désir vois le pilote lâcher les voiles au vaisseau, et de la mort possédait toute entière mon âme invoguer,non pas dans la direction qu'il voudrait, fortunée , tu te reconnais sans doute à ces traits mais au gré de la violence impétueuse des flots. substitués à ton nom?.... Tu ne peux prenSi donc, Éole ne nous envoie pas des vents opr dre h? change sur l'expression d'une reconposés, je serai peut-être entraîné vers les lieux naissance que tu as inspirée. Ces souvenirs où il m'est défendu d'aborder! Déjà, laissant sont pour toujours fixés au fond de mon cœur, l'Illyrie (2) à gauche, j'aperçois dans le lointain et je t'aimerai à jamais comme mon sauveur. l'Ilaliequi m'est interdite. Cessez donc,ô vents, Le souffle qui m'anime se perdra dans les airs, cessez, je vous supplie, de me pousser vers des et abandonnera mon corps auxflammesdu bârivages qu'on m'a rendus inaccessibles, et obéis- cher ardent, avant que l'oubli de (a générosité sez ainsi que moi à un dieu tout-puissant. pénètre dans mon âme, avant que le temps ELEGIA IV. Tingitur Oceano ciiatos Erymanthidos Ursre, /Ëquoreasque suo sidère turbnt aquas : Nos tamen loniuni non nostra findimus aequor Sponte ; sed audaces cogimuresse melu. Memiserum I quantis increscunt atquora sentis, Erutaqoeexiinisfersetarena vadis! Monte nec inferior prorœ puppique recurvrc Insilit, et pictos rerberat unda deos. Pinea testa sonant ; putsi stridore rudentes, Aggemitet nostris ipsa carina malis. Navita, confessas gelidum pi More timorem , Jim seqaitar vicias, non régit arte ratem. U (que parant validas non proficientia rector Cervicis rigidtc frœna remittit equo ; Sic, non qno voluit, sed quo rapit impetus undat, Aurigam video vêla dédisse rati. Quod nisi mutâtes emiserit AEolus auras , In loca jam nobis non adeunda ferar : Nam.proeal lllyriis Issva de parte reliclis, Interdicta inihi cernitur Italia. Drainât in vetitas quœso contendere terras, Et inecum magno pareat aura deo. Dum loquor, et cupio pari ter, timeoque réveil i, Increpuit quantis viribus unda latus! Parcile, cserulei vos, parcite, nuiuina Ponli, Infestuinque inihi sil salis esse Jovem. Vos animant sœvœ fessant subducite tnorti. Si modo, qui periil, non periisse polest. ELEGIA V. O inihi poslullos nunquain tneuiorande sodales , O cui praacipue sors inea visa sua est, : Adloniluni qui me, memini, rarissime, primas [ Ausus es adloqaio snstinnisse tao ; I Qui mini consilium vivendi mile dedisti, { Quam foret in miser» pectore ntortis amor ; i Scia bene, cui dicam positis pro nomine signis, . Offlcium nec te fallit, amice, tuum. ; Ha?c inihi semper erunt imis inttxa medullis, Perpetuusque animi debilor bujus ero. ; Spiritus et vacuas prius hic tenuandus in auras Ibit, et in tepido deseret ossa rogo , : Quant subeant aninto ineritornnt oblivia noslro 670 OVIDE. éteigne les sentiments de tendresse que je t'ai voués. Que les dieux te soient propices ; qu'ils rendent ta destinée assez heureuse pour n'avoir pas besoin d'aide, qu'ils la rendent toute autre que la mienne. Et pourtant, si ma barque eût vogué au gré d'un vent favorable, tant de dévouement ne se fût peut-être pas révélé ! Pirithoûs n'eût pas éprouvé l'infatigable amitié de Thésée (1 ), s'il ne fût descendu vivant aux sombres bords ; tes fureurs , malheureux Oreste, ont été pour Pylade l'occasion de paraître le modèle des amis ; si Euryale ne fût tombé entre les mains ennemies des Hulules, Nisus, le fils d'Hyrtaque, n'eût acquis aucune gloire (2). ' Gomme le feu éprouve l'or , l'adversité éprouve l'amitié : tant que la fortune nous favorise et nous montre un visage serein, toutsour.tà une destinée jusqu'alors à l'abri de toute atteinte. La foudre vient-elle à gronder, tout fuit, et personne ne connaît plus celui qu'entourait naguère un essaim d'adulateurs. Ces vérités que j'avais observées dans l'histoire du passé, une triste expérience m'en fait connaître la réalité : de tant d'amis à peine étes-vous deux ou trois qui me restiez fidèles ; les autres étaient les amis de la fortune, et non les miens. Mais plus votre nombre est restreint, plus j'appelle votre zèle au secours dé ma disgrâce. Offrez un port sûr au naufragé : surtout ne vous effrayez pas inconsidérément de l'idée que votre attachement puisse offenser un dieu. César a souvent loue lafidélitémême dans ceux qui le combattaient ; il l'aime dans ses partisans et l'estime dans ses ennemis. Ma cause est plus facile à défendre, puisque je n'ai jamais* soutenu le parti contraire à César, et que je n'ai mérité mon exil que par une inconséquence. Ainsi donc, je t'en supplie, au nom de mes malheurs, sois attentif à calmer, s'il est possible, le ressentiment de cette divinité. Au reste, si quelqu'un veut connaître toiisî mes malheurs, il demande plus qu'il ne m'est permis de lui dire. Les maux que j'ai soufferts1 sont aussi nombreux que les astres brillants du ciel, que les imperceptibles atomes contenus dans l'aride poussière. Ce que j'ai souffert surpasse toute vraisemblance ; et mes peines , quoique trop réelles, seront regardées comme des fables. Il en est d'ailleurs une partie qui doit mourir avec moi ; et puisse ce mystère, alors que je. garderai le silence , n'être jamais révélé! Eussé-je une voix infatigable, une poitrine plus dure que l'airain , plusieurs bouches avec plusieurs langues, le sujet épuiserait mes forces avant que j'aie pu le traiter en entier. Laissez là, poètes fameux, le roi de Nérite (3), et dites mes infortunes. J'en ai plus essuyé qu'Ulysse même : il erra plusieurs années dans Et longa pietâ» excidat iata die. Dt tihi sint faciles, et opis nulliua egentem Fortuuam prastenl dissimilcmque mea». Si lamen hœe. navis vente, ferretur amico, lgnoraretur foraitan iata lides. Theaea Pirithoûs non tant sensiaset amicum, Si non infernaa vivus adiaset aquaa : Ut foret exemplum veri Phocéens amoria, Feceruiit Furiœ, Iristis Ureata, tuée. Sinon Euryalua Rutulos cecidisset in hosles, Hyrtacidœ Niso gloria nulla foret : Seilicet, ut fulvum spectatur in ignibus aurum, Tempore sic dura est inspicienda Odes. Dum juvat, et vultu ridet fortuna sereno, Indelibatas cunctl sequuntur opes : At aimul intonuit ; fugiunl, nec noacitur ulli, Agininibus comitum qui modo cinctus erat. Atque hase exemplis quondain collecta priorum, Nuuc raihi aunt propres cognita vers malis. Vix duo tresve mihi, de tôt superestis, amici. Caetera fortunée, non mea turba fuit. Quo magie, opauci, rébus suecurrite laesia, Et date naufragio litora tuta meo : Neve metu falso nimium trepidale, timentes, Hac offendatur ne pietate deus. Sajpe fidem adversis etiam laudavit In armis; Inque suisamat hancCsesar, in hoste probat. Causa mea est melior, qui non contraria fovi Arma; sed banc merui simplicitate fugaril. Invigiles igilur nostris pro casibiiaoro; Dimiuui si qua numinis ira potest. Scire meos casus si quis desiderat omnes, Plus, quam quod fieri res sinit, ille pelât. Tôt mala sum passus, quoi in aethere sidéra lurent, Parvaque quoi siecus corpora pulvis habet. Multaque credibili tulimus majora , ratathqué, Quamvis acciderinl, non habitura flderrt. Pars etiam mecum qua>dam moriatur ôportet, Meque velim posait dissimulante tegi. Si vox infragilis, pectus mihi tirmius esaet, Pluraque eu m linguis pluribus ora forent ; Non tamen ideirco complecterer omnia verbia, Materia vires exsuperante meàs. Pro duce Neritio, docti, mala nostra, poetà), Scribite : Neritio nam mala plura tuli. Ille brevi spatio multis erravit in annis 3» LES TRISTES. 671 ÉLËGIE VI. | Lydée fut moins aiméedu poète deClaros (11. | et Battis de celui de Cos (2), que tu ne l'est de î moi, chère épouse, toi dont l'image est gravée 1 au fond de mon cœur, et à qui le sort devait PlIsiiSS::spslSi*p!:ippfi:pfpf PllpSp I un époux plus heureux, mais non pas plus dé| voué. Tu fus l'appui qui soutint ma destinée lisfllÉ: : M :! i|{i|j ; it p i f i É p p i'Pt w i croulante, et le peu que je suis encore est vîft Éllfpiiiiisi l i s l p l f ' i i i p p i , «Iplp É i i | bienfait de toi ; c'est à loi que je dois de n'ëifë | pas tout-à-fait dépouillé, ni devenu la proie i i i p É l P pspp PpsppP^pp f ïïSsl%ps ; f des hommes avides qui convoitaient les débris iip li i l p p l i i i | | « : P i i i p P i i l i i P i ' i P | de mon naufrage : comme un loup ravisseur, i p p i l i | l p ' ' i i i l ' i p > i i s i i f P p p i i p p * | pressé par la faim et altéré de sang, épie l'idI p l i f i P i i p p :ii::|||||s! P âpési ï S p l t ( stant de surprendre une bergerie sans défense. i | l i É i i i i ; P i i | | | p i:i i i | | i P P l i pPPi ( ou comme un vautour affamé cherche autour ëip if• P l i f f | | P | P p p P i f i i p i P p f s de lui s'il n'apercevra pas quelque cadàvfè p i i p p p l i l i p f p i i f f l f p ils p p î i p p sans sépulture, ainsi je ne sais quel lâche eltnemi du malheur allait s'emparer de mes biens, f § P t § l l p f l p: p p i l | l | l: i l i i l i l i i i P i P si tu l'avais souffert. Ton courage lui opposa i p l p l i : l | i i i ipplplp i | i i i p p f | <#, victorieusement ces amis généreux à qui je rie témoignerai jamais assez de reconnaissance. Tu trouves donc en moi un témoin de ton dévouement aussi sincère qu'il est malheureux, si toutefois un pareil témoin peut avoir quelque poids ; en effet, ton dévouement surpasse celui p l i pi'lpispf^?fl t p p p p î i f i p f f p l p Pipll s iis%ippi l i i î i i i i f p p pp'ppp: de la femme d'Hector et celui de cette Laodamië, ppp p p p p spsf Jp |ppf: pa ipppy i l te qui partagea la mort de son époux. Si les destins t'eussent donné un Homère (3), ta gloire eut s(||P;J|fi:t ^ Inter Dulichia» lliacasquedomos; No* fréta sideribus lotis dislantia menace Son tulit in Oeticos Sarmaticoaque sinua. Ille babuit fidamque manum, sociosque fidelel ; Me profugum comités deseruere moi : Illeauam lœtus patriam victorque petebat ; A patria fugiovictusetexsul ego : Nec mibi Dolichium domua est, Ithaceve, Sameve , Pcena quibua non est grandis abesae locia ; Sed qtus de septem tolum circumspirit orbem Montibua, imperii Romadeumquelocus : Illi corpus erat durum patienaque laborum ; Invalidas vires ingenuasque mihi : (Ile erat assidue sa»vis agitatus in armis ; Adsuetus studiia mollibus ipse fui : Me deus oppressif, nullo mala nostra levante ; Bellatrix illi diva ferebat opéra : Quumque minor Jovè ait tumidis qui régnât in undis, Illum Neptuni, me Jovis ira premit. Addequod illias pars maxima flcta laborum est; Ponitur in uostris fabula dulla malis. Denique qusesitos tetigit tameu ille Pénates, Quaeque diu petiit, contigit arva tamen : At mihi perpetuo patria tellure careddum est, Mi fuerit lanri mollior ira dei. ELEGIA VI. Nec tantum Clario Lyde dilecta poéts?, Nectantum Coo Battis amata suoest; Pectoribus quantum tu nos tris, uxor, inhères, Digna minus misero, uon meliore viro. Te mea subposita veluti trabe fui ta ruina est ; Si quid adhuc ego sum, muneris omne tiii est : Tu facis ut spolium ne sim , neu nuder ah illis Naufragii tabulas qui petiere mei. Utque rapax stimulante famé cupidusquc cruoris lncustoditum captât ovile lupus: Aut ut edax vultur corpus circumspicit, ecqudd Sub nulla positum cernere possit bu rhô : Sic mea nescio quis rébus maie fldus acerbis lu bona venturus, si paterere, fuit. Hune tua per fortes virtus summovit amicos, Nulla quibus reddi gratis digna potest. Ergo quam misero tam vero teste probaris : Hic aliquod pondus si modo testis habét. Nec probitate tua priôr est aut Hectoris uxor, Aut cornes exstinctn Laodamia viro. Tu si Mœonium vatem sortita fuisses, Penelopes esset fâmà secunda tnè. 2a} OVIDE. 672 éclipsé la gloire de Pénélope ; soit que tu ne doives ton mérite qu'à toi seule, sans en avoir emprunté le modèle à aucune école, et grâce aux heureux penchanlsdonitu fusdotéeen naissain ; soit que cette femme d'un rang suprême (4), et à laquelle tu fus attachée toute la vie, t'enseigne à être l'exemple de la perfection conjugale, et que, par une longue habitude de vous voir, elle t'ait rendue semblable à elle-même, si de tels rapports peuvent s'établir entre une destinée si élevée et une si humble fortune. Ah 1 pourquoi ma verve s'est-elle affaiblie? Pourquoi mon génie est-il maintenant au-dessous de ton mérite? Pourquoi le peu d'énergie que j'eus autrefois s'est-il amorti sous le poids de mes longues infortunes? Tu aurais la première place parmi les saintes héroïnes, tu serais la plus illustre d'entre elles par les qualités de ton amet Cependant, quelle que soit la valeur de mes éloges, tu vivras du moins éternellement dans mes vers. ÉLÉGIE VII. Qui que lu sois qui possèdes l'image fidèle de mes traits, détaches-en le lierre (I), couronne bachique qui ceint ma tète; ces symboles heureux ne conviennent qu'aux poêles heureux. Une couronne me sied mal dans l'état où je suis. Tu dissimules en vain, tu sais que je Sive tibi boc debes, nulla pia facta magislra , Quumque nova mores sunt tlbi luce dati : Femina seu princeps omnes tibi colla per annos, Te docet exemplura conjugis esse bons? : Adsimilemque soi longa adsueludine fecit : Grandia si parvis adsimilare licet. Heu mihi, non magnas quod habent mea carmina vires, Noslraque sunt meritis ora minora tuis! Si quid et in nobis vivi fuit ante vigoris, Exstinclum longis occidit omne malis : Frima locum sanctas heroidas inter haberes ; Prima bonis animi conspicerere lui. Quantuincumque tamen prœconia nostra valebunt, Carminibus vives tempus in omne meis. ELEG1A VII. Si quis habes nostri similes in imagine vultus ; Deme meishederas, liacchica séria, eomis. Ista décent laelos felicia signa poêlas. Tempùribus non est apta corona meis. Hase tibi dissimulas, sentis tamen, optime, diei, In digito qui me fersque refersque tuo ; m'adresse à toi, le meilleur des amis, qui me portes partout à ton doigt, qui as fait enchâsser mon portrait dans un or pur (2), afin de contempler, par le seul moyen possible, les traits chéris de l'exilé. Peut-être, chaque fois que tu les regardes, te prends-lu à te dire : < Qu'il est loin de moi, ce cher Ovide ! > Je suis heureux de ce souvenir ; mais je suis peint plus en grand dans ces vers que je t'envoie, et que je te prie de lire, malgré leurs défauts. J'y chante les métamorphoses des êtres, ouvrage que le funeste exil de son auteur avait interrompu ; ce poème, comme beaucoup d'autres écrits, je l'avais, lors de mon départ, et dans l'emportement de la douleur, livré aux flammes j et comme la fille de Thestias (5), sœur dévouée plutôt que tendre mère, brûla, dit-on, son fils avec le tison fatal , ainsi, pour qu'ils ne me survécussent pas, jebrûlaiceslivresinnocents.mespropiesenirailles, soit par ressentiment contre les muses, cause de ma disgrâce, soit parceque mon œuvre ne me semblait qu'une ébauche encore informe. Si elle n'a pas péri tout entière, si elle existe encore, c'est, je pense, que quelque copie l'avait reproduite. Qu'elle vive ! je le demande maintenant, et qu'amusant les loisirs du public, elle s'emploie avec ardeur à le faire souveuir de moi. Personne, toutefois, n'en supporterait lu lecture, si l'on n'était prévenu que je n'ai pu y mettre la dernière main, qu'elle a été enlevée Effigiemque ineam fulvo complexus iu auro , Cara relegati, qua potes, ora vides ; QUSD quolies spectas, subeat tibidicere forsan , tjuam procul a nobis Naso sodalisabest I Grata tua est pietas : sed carmina major imago Sunt mea ; quœ maudo qualiacumque legas : Carmina mutatas hominum dicentia formas , Infelix douiini quod fuga rupitopus. HBJC ego discedens, sicut beue multa meoruni, Ipae mea posui meestus in igné manu ; fJtque cremassesuum ferlur sub stipile natuin Thestias, et melior maire luisse soror; Sic ego non merilos mecum peritura libelle* Imposui rapidis viscera nostra rogis. Vel quod eram Musas, ui crimina nostra, peroaus ; Vel quod adbuc crescens, et rude carmen erat. Quas quoniam non sunt penilus sublata, sed exstant Fluribus exemplis scripta fuisse reor ; Nunc precor ut vivant, et non ignava legenlem Olia délectent, admoneanlque mei. Née tamen illa legi poteruut patienter ab ullo ; Nesciat bis summam si quis abesse manum. Ablation mediis opus est jncudihus illnd ; 29 LES TRISTES. de l'enclume à peine forgée, que le poli de la lime lui a manqué; aussi est-ce l'indulgence que je sollicite, et non des éloges ; et ce sera me louer assez, Latins, que de ne pas me rejeter. Voilà, si tu les en crois dignes, six vers à placer en tête du livre : t Qui que tu sois, aux mains de qui tombe cet ouvrage orphelin, donne lui du moins un asile dans celte Rome qui est restée ton séjour. Rappelle-toi, pour lui être favorable, qu'il n'a point été publié par son auteur, qu'on l'a comme sauvé de mon bûcher funèbre. Tout ce qu'un travail interrompu y a laissé de fautes, songe que, si le sort l'eût permis, je les eusse corrigées.» ÉLÉGIE VIII. On verra remonter de leurs embouchures à leurs sources lesfleuvesmajestueux, et rétrograder les coursiers du soleil; on verra la terre se couvrir d'étoiles, le ciel s'ouvrir sous le soc de la charrue, la flamme jaillir de l'eau, et l'eau jaillir du feu ; enfin tout ira au rebours des lois de la nature ; aucun corps ne suivra la route qui lui est tracée ; les phénomènes que je croyais impossibles se réaliseront, et il n'est plus rien qu'on ne doive admettre désormais comme croyable. Ces prédictions, je les fais parce que celui dont j'attendais l'assistance dans l'adversité a trahi mon espoir. Defuit et scriptis ultima lima meis. Et veniam pro laude peto : laudatua abunde Non faatidilut si libi, lector, ero. Hos quoque sex versus , in priini fronte libelli Si prœpnnendos esse putabis, babe : Orba parente suo quicumque vnluniiua tangis, Mis saltem veslra detur in urbe lortis. Quoque magis faveas , non bœcsunt édita ab ipso , Sed quasi de domini funere rapta sui : Quicquid in bis igitur vitii rude carmen babebit, Emendaturus, si licuisset, eram. ELEGIA VIII. In caput altà sunm labentnrab sequore rétro Flumina : conversissolquerecurretequis: Terra feretstellas : cœlum hddetur aratro : Coda dabitflammas; et dabit ignis aquas : Omnia natures praspostera legibus ibunt : Parsque su uni mundi nulla tenebit iter. Omnia jam tient, fleri quas posse negabam : Et nibil est de quo non sit habenda fides. IV. (i73 M'as-tu donc à ce point oublié, perfide? as -tu à ce point redouté la contagion du malheur, que tu n'aies eu, pour me consoler dans mon affliction, ni un regard ni une parole, et que tu n'aies pas, ame insensible, assisté à mes funérailles? L'amitié, dont le nom est imposant et sacré pour tous, est donc pour toi un objet méprisable et bon à fouler aux pieds? Que te coùiait-il de visiter un ami accablé sous les coups du malheur, de lui adresser des paroles encourageantes, de donner, sinon une larme à son infortune, du moins quelques regrets apparents, quelques signes de douleur, de lui dire simplement adieu, ce qu'on obtient même des étrangers; de joindre ta voix à la voix du peuple, tes cris à ses cris ; enfin, puisque tu allais ne plus voir mon visage consterné, de profiter , pour le voir encore, des derniers jours qui te restaient, et une seule fois encore, pour toute ta vie, de recevoir et de prononcer, avec un attendrissement mutuel, un dernier adieu ? C'est pourtant là ce qu'ont fait des hommes qu'aucun lien n'attachait à moi, et des larmes abondantes attestaient leur émotion. Que serait-ce donc si tu n'avais pas vécu avec moi, et aussi longtemps, dans une étroite amitié, fondée sur de puissants motifs? Que serait-ce donc si tu avais eu moins de part à mes plaisirs et à mes affaires, si je n'avais été moi-même le confident de tes plaisirs et de tes affaires? Que serait-ce donc si je ne t'avais connu qu'au milieu Hase ego vaticinor ; quia sum deceptus ab illo, Laturum misera quem mihi rebaropem. Tantane te, fallax, cepere oblivia noatri, Adilictumne fuit tantus adiré pudor? Ut neque respiceres , necsolarere jacentem, Durel necexscquias prosequerere meas? llludainicitiœ sanclum ac venerabile nomen lie tibi pro vili sub pedibusque jacet? Quid fuit ingenti prostralum mole sodalem Visere, et adloquii parte levare lui ? Inque meos si non lacrymani dimiltere casus, Pauca tamen flcto verba dolore quen? Idque, quodignoli faciunt, valedicere saltem , Etvocem populi publicaque ora sequi? Denique lugubres vultus, nunquamque videndos Cernere supremo, dum licuitque, die? Dicendumque semel toto non amplius arvo Arcipere, et parili redderevoce : Vale? At fecere alii nullo mibi fœderejuncti, Et lar.rymas aniini signa dedere sui. Quid ? nisi conviclu causisque valentibus esaem. Temporisct longi vinctusamore tibi? Quid ! nisi toi lusus et tôt mea séria nosses, 4> 54 OVIDE. b74 de Rome, toi, associé en tout et partout à mon existence? Tout cela est-il devenu le jouet des vents impétueux? Tout cela est-il devenu la proie du Léthè? Non, je ne cro;s pas que tu sois né dans la molle cité de Quirinus, dans cette ville, hélasl où je ne dois plus rentrer, mais au milieu des rochers qui hérissent celte rive gauche du Pont, au sein des monts sauvages de la Scylhie et de la Sarmatie. Tes entrailles sont de roche, ton cœur sans pitié est de bronze ; une tigresse fut la nourrice dont la lèvre enfantine pressa les mamelles ; sans cela lu n'aurais pas vu mes malheurs avec autant d'indifférence, et tu ne te serais pas attiré de ma part celte accusation de cruauté. Mais puisque aux autres coups du destin se joint encore la perte de l'amitié que lu me témoignais jadis, tâche du moins de me faire oublier ta faute, et de forcer la bouche qui t'accuse aujourd'hui à faire bientôt ton ÉLÉGIE IX. Puisses-tu parvenir sans orages au terme de ta vie, toi qui lis mon livre sans prévention hostile i son auteur! Puisse le ciel, que mes vœux n'ont pu fléchir pour moi, exaucer les vœux Tôt noMem lusus seriaque ipie tua ? Quid ? ai duntaxat Rome milii cognilus esses, Adscitus totiea tu genus omue loci? Cu ctaoe in fcqtu reos abierunl irrita ventoa? Cunctane Letbcis merso fertintur aquis? Non ego te genili m p'arida reor nrbe Quirini, Orbe, meo quœjain non adeunda pede est : Sed scopulis Ponti, quos hase habet ora, sinistri, Inque feris Scylhis Sarmaticisque jugis : Et tua sunt siliria circum pnecordia venat, El rigidum terri seroina peclus babent : Queeque tibi quondain tenero ducenda palato Plcna (ledit nutrix uliera , tigris erat. At mata nnstra ininusquam nunc aliéna pntasses, Duritiacque inihi non agerere reus. Sed quouiam accedil fatalibus hoc quoque daninis, Ut careant nuineris lempora prima auis ; Effire peccati ne sim memor bujua, et illo Officium laudein, quo queror, ore tuum. ELEG1A IX. Detur inoffensa: metara tibi tangere vite, Qui legis hoc nobis non inimicus opus. que je forme aujourd'hui pour toi! Tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d'amis; si le temps se couvre de nuages, tu resteras seul. Vois comme les colombes sont attirées par la blancheur des édifices, tandis, que la tour noircie par le temps n'est visitée d'aucun oiseau. Jamais les fourmis ne se dirigent vers les greniers vides : jamais les amis vers les prospérités évanouies. Comme notre ombre nous accompagne fidèlement tant que nous marchons au soleil, et nous quitte si l'astre est sache par les nuages ; de même le vulgaire inconstant règle sa marche sur l'éclat de notre étoile, et s'éloigne dès qu'un nuage vient à l'éclipser. Je souhaite que ces vérités te semblent toujours des chimères ; mais ma propre expérience me force, hélas! à les reconnaître pour incontestables. Tant que je fus sur un bon pied . dans le monde, ma maison, bien connue dans Rome, quoique simple et sans faste, fut assea fréquentée ; mais, à la première secousse, tous redoutèrent sa chute, et, d'un commun accord, s'enfuirent prudemment. Je ne m'étonne pas que l'on craigne la foudre, dont le feu gagne tous les objets d'alentour ; mais César estime la fidélité au malheur, lors même que celui à qui l'on est fidèle est un ennemi de César, et il ne s'irrite point (lui le plus modéré des hommes) qu'un autre aime encore, dans l'adversité, ceux Atqne utinam pro te possint mea vota valere, Quaa pro me duros non te tige re deoa t Donec eria felix, multos numerabis amicos : Tempora si fuerint nubila , solus eris. Adspicis , ut reniant ad randida tecta columbar , Aceipiat nullas sordida turris ares. Horrea formicas teudunl ad inania nuiiquam : Nullus ad amissas ibit amicus opes. Utquecomes radios persolis eunlibus umbra , Quum lalet hic pressus nubibus, illa fugit ; Mobile sic sequitur fortunée lumina vulgus : Qua? siinul inducta nube teguntur, ahit. Haie precor ut possint semper tibi falsa videri : Sunt tamen evenlu vera fatenda meo. Du m stetimus, turbffi quantum satia esset, habebat Nota quidem, sed non ambitiosa donius. At simul impulsa est; onines limuere ruinara, Cautaque communi lerga dedere fugse. Sicva nec admiror meluunt ai fulmina, quorum lgnibus adfari proxima quaeque vident. Sed tamen in duris remaiientein rébus amieum Quainlibet inviso Cœsar in hoste probat; Nec solet iraaci, neque eniui moderatior aller, Quum quia in advenu, ai quid amavit, amat. LES TRISTES. qu'il aimait auparavant. Lorsqu'il sut la conduite d'Oreste, Thoas lui-même, dit-on, applaudit à Pylade ; Hector loua toujours l'amitié qui unissait Patrocle au grand Achille. On raconte que le dieu du Tartare s'attendrit en . voyant Thésée accompagner son ami aux enfers : en apprenant l'héroïque dévouement de Nisus et d'Euryale, des pleurs, 6 Turnus! on le peut croire, arrosèrent ton visage. Il est une religion du malheur qu'on approuve même jusque dans un ennemi ; mais, hélas! qu'ils sont peu nombreux ceux que touchent mes paroles! Cependant telle est ma situation, telle est ma destinée présente qu'elle devrait arracher des larmes à tous les yeux. Mais mon cœur, quoique flétri par mes propres chagrins, s'épanonit i ton bonheur ; j'avais prévu tes succès quand ta barque ne voguait encore que par une faible brise. Si les vertus, si une vie sans tache ont droit à quelque récompense, nul, mieux que loi, ne mérite de l'obtenir; si quelqu'un s'est jamais signalé dans les nobles exercices de l'esprit, c'est toi dont l'éloquence fait triompher toute cause qu'elle soutient. Frappé de tes éminentes qualités : c Ami, te disais-je alors, c'est sur un théâtre élevé qu'éclatera ton génie. » Et je ne consultais ni les entrailles des brebis, ni le tonnerre grondant à gauche (1), ni le chant ou le vol des oiseaux ; la raison seule et un heureux pressentiment de l'avenir furent mes augures. De comité Aigolico poatquim cognovit Oresten, Narratur Pyladen ipie probuse Thoas. Que} fuit Actorida cum magno semper Achille, Laudari solita est Hectoris ore fides. Quod pius ad Mânes Theseus cornu isset amico ; Tartareum dicuntindoluissedeum. Enryali Nisique flde tibi, Turne, relata, Credibile est lacrymis immaduisee gênas. Est etiam miseris pictas, et in hoste probatur. Heu t mihi quam paucos hase mea dicta moventt Hic status, hœc rerum nunc ut fortuna mearum, Début nt lacrymis nullus adnse modus. At mea sinl proprio qnamvis mœstissima casu Pectora ; profectn Tacts serena tuo. Hoc tibi venturum jam tum, urissime, vidi, Ferret adliuc istam cum minus aura ratem. Sire aliquod morurn, seu vitas labe careutis Estpretium; nemo pluris habendus erit. Sive per ingenuas aliquis caput extulit artu ; Qmelibet eloquio fit bona uusa tno.. His ego commotus, dixi tibi p rotin us ipsi : Scena manetdotu grandis, amice, tuas. HJBC mihi non otium fibre tonitrusve sinistri, 675 C'est ainsi que je conçus et que j'exprimai ma prophétie; puisqu'elle s'est accomplie, je me félicite, je te félicite de toute mon âme de ce que ton talent ait échappé à l'obscurité. Ah! plût au ciel que le mien y fût à jamais resté enseveli! Il eût été pour moi plus mile que mes productions ne vissent jamais le jour ! car autant, ô mon éloquent ami, l'art sérieux que tu cultives t'a profité, autant mes études, bien différentes des tiennes, m'ont été nuisibles! Et cependant ma vie t'est bien connue ! Tu sais que les mœurs de l'auteur sont restées étrangères à cet art dont je suis le père, tu sais que ce poème fut un amusement de ma jeunesse, et que, tout blâmable qu'il est, il n'est toujours qu'un jeu de mon esprit d'alors. Si ma faute ne peut, sous quelque jour qu'elle apparaisse, être justifiée, je pense, du moins, qu'on peut l'excuser. Excuse-la dune de ton mieux, et n'abandonne pas la cause de ton ami. Ton premier pas fut heureux; tu n'as plus qu'à continuer ta route. ÉLÉGIE X. Je monte (ah! puissé-je monter encore!) un navire placé sous la protection de la blonde Minerve ; le casque de la déesse, qui y est peint, Linguave serratte, pennave disit avis; Augurium ratio est, et conjectura futuri : Hac divinavi, notitiamque tuli. Qua quoniam rata sunt, tota mihi mente tibique Gratulor, ingenium non latuisse tuum. At nostrum tenebris utinam latuisset in imis I Expediit studio lumen abesse raeo. (Jtque tibi prosuntartu, facunde, severa, Dissimilu illis sic nocuere mihi, Vita tamen tibi nota mea u t , scis artibns illis Auctoris moru abstinuisse sui. Scis vêtus hoc juveni lusum mihi carmen, et istn, Ut non laudandos, sic tamen esse jocu. Ergo ut defendi nullo mea posée colore, Sic excusari crimina posée poto. Qua potes excusa, nec aroiei duere uusam : Quo pede cœpisJJ, sic bene semper cas. ELEGIA X. Est mihi, sitque precor, flava tuteU Minerva Navis, et a pieta casside nonven habst. 43. 676 OV IDE. lui a donné son nom. Déploie-t-on les voiles, tourna dans les eaux de l'Hellespont, et se diriil glisse au moindre souffle ,* agite-t-on les ra- gea successivement vers Dardanie (7), qui a conmes, il obéit aux efforts du rameur; non con- servé le nom de son fondateur; vers tes rives, tent de vaincre à la course les autres vaisseaux ô Lampsaque (8), protégée du dieu des jardins ! qui l'accompagnent, il rejoint ceux qui l'ont vers le détroit qui sépare Sestos d'Abydos (9), devancé au sortir du port; il résiste à la lame, canal resserré où périt la jeunefilleque portait il soutient le choc des vagues les plus hautes, mal sa dangereuse monture ; de là, vers Cyziet, battu par les flots furieux, il ne faiblit ja- que, qui s'élève sur les côtes de la Proponlide, mais. C'est lui qui, depuis Cenchrée (1), voisine Cyzique, célèbre création du peuple d'Hémode Gorinthe, où je commençai à en apprécier le nie; enfin, vers le Bosphore, porte majestueuse mérite, fut toujours le guide et le compagnon qui s'ouvre sur les deux mers, et que domine fidèle de ma fuite précipitée. Jeté au milieu de Byzance(lO). Puisse-t-il surmonter tous les obtant de hasards, et à travers des mers soule- stacles, et, poussé par le souffle de l'Auster, travées par les tempêtes, il est resté sain et sauf, verser victorieusement les mouvantes Cyagrâce à la protection de Pallas ; puisse-l-il enco- nées(ll), le golfe de Thynios, et de là, saluant re, sain et sauf, franchir les bouches du vaste Apollonie, passer sous les hauts remparts d'AnPont, et entrer enfin dans les eaux qui baignent chiale, raser le port de Mésembrie, Odesse, la les rivages des Gètes, le but de son voyage. ville qui ledoitsonnom,ôBacchus(l2)! et celle Dès qu'il m'eut conduit à la hauteur de la où des fugitifsd'Alcathoëfixèrent,dit-on, leurs mer d'Hellé, petite-fille d'Éole, et qu'en tra- pénales errants; puisse-l-il, enfin, arriver heuçant un étroit sillon il eut accompli ce long tra- reusement à celte colonie (15), asile où me relèjet ('2), nous cinglâmes vers la gauche, et, laissant gue le courroux d'un dieu offensé. la ville d'Hector (5), nous allâmes, ô lmhros(4), S'il arrive à celte destination, j'offrirai, en aborder à ton port ; de là, poussé par une brise actions de grâces, une brebis à Minerve ; une légère aux rivages de Zérinthe (S), mon vaisseau, offrande plus riche est au-dessus de ma fatigué, mouilla près de Samothrace, et c'est fortune. jusqu'à cette île, d'où il n'y a qu'une courte Vous qu'on révère encetleîle (14),filsdeTyntraversée (0) pour gagner Tempyre, qu'il m'ac- dare, soyez propicesà ce double voyage ( 15), car compagna ; car alors j'eus la fantaisie de traver- l'un de nos vaisseaux se prépare à traverser le ser par terre le pays des Bistoniens;pourlui,il groupe resserré des Symplégades, et l'autre à Sire opus est velis, minimam bene currit ad aurain : Sive opus est remo, rémige carpit iter. Nec comités volueri contenta est vincere cursu : Occupât agressas quamlibet ante rates. Et patitur fluctua, ferlque adsilientia longe /Equora, nec sa?vis vicia madescit aquis. Hla Corintbiacis primum mihi cognita Cenchris Fida manel trepidaa duxque comesque fuga?. Perque lot eventus, et iniquis concita vends itïquora , Palladio numine tuta fuit. Nunc qmoque tuta, precor, vasti secetostia Ponli, Quasque petit, Getici littoris intret nquas. Quaa simul jEoIiœ mare me deduxit in Helles, Et longum tenui limite fecit iter ; Fleximus in laevum cursus, etab Hectoris urbe Venimus ad porlus, Iinbria terra, tuos. Inde levi vento Zerynlhia littora nartis Threiciam tetigit fessa carina Samon. Sallus ab hac terra brevis est Tempyra petenti. Hac dominum tenus est illa secuta suum. Nam mihi Bistonioa placuit pedecarpere campos : Hellespontiaraa illa relegit aquas : Dardaniamque petit auctoris nomen habentem . Et te, ruricola, Lampsace, tutadeo. Quaque per angustas maie vectaa virginis undas , Seslon Abydena séparât urbe fretuin ; Hincque Propontiaris bxrcntem Cyiicon oris; Oyzicon llœuionia; nobile gentis opus; Quaque tenent ponli Byzantin littora fauces Hic locus est gemini janua vasta maris. Htec, precor, évinçât, propulsaque flaulibus Austris , Transeal installées slrenua Cyaneas, Tbyniacosque sinus , et ab bis per Apollinis urbeui . Alla sub Anchiali mania tendat iter : Inde Mesembriacos poilus, et Odesson , ctarres Praetereat dictas nomine, Baccbe, tuo : Etquos Alrathoi memorant a inrenibus orlos Sedibùs his profugum conslituisse larem : A quibus adveniat Miletida sospes ad itrbcin , Olfensi quo me contulit ira dei. Hanc ai conligerit, meritac cadet agna Minerve?. Non fac.it ad nostras hostia major opes. Vosquoque, Tyndaridac , quos haec rolit insula , fralres, Mite, precor, duplici numen adeate visa. Altéra namque parât Symplegadas ire per allas : Scindere Bistonias altéra puppis aquas. f8 LES TK1STËS. 677 sillonner les mers Bistoniennes ; faites que, vire, et ma main tremblante n'en traçait pas dans leurs itinéraires si différents, ils aient l'un moins des vers tels quels. Maintenant encore (3) l'Aquilon fait siffler les cordages tendus, et et l'autre un vent favorable ! l'onde s'amoncelle en forme de voûte. Le pilote même, élevant ses mains vers le ciel, demande à sa prière les secours que la science lui refuse ; ELEGIE XI. partout à mes regards se présente l'image de la mort; la mort que mon cœur incertain reToutes ces épitrcs (1), quelle que soit celle doute, et qu'il désire en la redoutant ; car enque tu viens de lire, ont été composées fin, si j'arrive au port, le port même est un au .milieu des vicissitudes du voyage. L'A- objet de terreur pour moi, et la terre où j'asdriatique (2), pendant que je naviguais sur ses pire est plus à craindre que la mer qui me eaux, me vit écrire celle-ci, lout transi des porte; je suis exposé en même temps aux emfroids de décembre; j'écrivais cène autre après bûches des hommes et aux caprices des flots; avoir franchi l'isthme resserré par deux mers, le fer et l'eau me causent un double effroi ; je et pris mon second vaisseau d'exil. Les Cy- tremble que l'un ne s'apprête à se rougir de clades de la mer Egée, à leur grand éionne- mon sang, et que l'autre n'ambitionne l'honment sans doute, m'ont vu écrire des vers au neur de mon trépas. La population de la rive milieu des terribles mugissements des flots. gauche du Pont est barbare, et toujours prête Moi-même, aujourd'hui, je ne comprends pas à la rapine ; là régnent constamment le meurtre, que ma verve ait triomphé de la double tem- le brigandage et la guerre. La mer même, au pête de mon àme et de la mer. Qu'on appelle jour des tempéles les plus terribles, n'égale celle passion de versifier idée fixe ou délire, point la turbulence de ces barbares. toujours est-il que mon a me y puise des forVoilà bien des raisons pour obtenir ton inces dans son abattement. Souvent j'étais le dulgence, si, lecteur bienveillant, ces vers sont, jouet des orages soulevés par les chevreaux ; comme ils le sont en effet, au-dessous de ton souvent la constellation de Stérope rendait les attente. Ce n'est plus, comme autrefois, dans flots menaçants ; le gardien de l'ourse d'Ery- mes jardins (4), ni les membres mollement étenmanthe obscurcissait le jour, ou l'Auster gros- dus sur tes coussins, ô lit délicat, mon siège sissait de ses pluies les Ilyades à leur coucher ; ordinaire, que je les ai composés. Je suis, au souvent la mer envahissait une partie du na- milieu d'un jour obscurci par l'orage, livré à Vos facile ut venlos, loca cuin diversa petainns, llla suos habeat, nec minus illa suos. ELEG1A XI. Litters quacuinquc est lolo libi Iccta libelle, Est mihi sollicita! tempore fncta via}. Aut hanc me, gelidi tremerem cuin mense Derembris , Scribentem mediis Adria vidit aquis : Aut, postquam bimarem cursu superavimus Istlunon , Alteraque est nostrte sumpta cariua fugœ. Quod facerem versus inter fera murmura punti, Cycladas /Egœas obstupuissc puto. Ipse ego mine mirer, tantis animique marisque Fluclibus ingenium non cecidisse ineum. Seu slupor huic studio, sive huic insania noinen ; Omnis ab bac cura mens relevata mea est. Sœpe ego nimbosis dubius jariabar ab Hœdis : Sscpe minas Steropes sidere pontus erat, Fuscabatque diem custos Erymantbidos Ursa-, Aut Hyadas seris hauseral Auster aquis : Ssepe maris pars intus erat; tamen ipse trementi Carmina duceham qualiacumque manu. Nunc quoquecontenli striduut Aquilone rudentes, Inque inoduni tuniuli concava suigit aqua. Ipse gubernator tollens ad sidéra palmas, Exposcit votis, iininemor artis , opem. Quocumque adspcxi, nibil est nisi mortis imago : Quam dubia timeo mente , timensque precor. Alligero portum, portu terrebor ab ipso. Plus babet infesta terra timoris aqua. Nam siinul insidiis bominum pélagique laboro, Et faciunt geminos ensis et unda inclus llle ineo vereor ne speret sanguine praedam : H roc titulum noslrae mortis habere velit. Barbara pars lu?va est avidae succincla rapinte , Quam erunret cœdes bellaque semper habent. Quumque sit bihernis agitalum fluclibus tequor , Pectura sunt ipso lurbidiora mari. Quo magis bis debes iguoscere, candide lector, Si spe sinl, ut sunt, inferiora tua. Non bar, in uostris, ut quondam , srribimus hortis , Nec , cunsucte, meum, leutule, corpus habrs. 38 678 OVIDE. la longue de la mer indomptée, et mes tablettes elles-mêmes sont battues de flou azurés. La tempête acharnée lutte contre moi, elle s'indigne de ma persévérance à écrire au bruit de ses terribles menaces. Eh bien ! que la tempête triomphe d'un mortel; mais, je le demande , qu'en même temps que je cesse d'é? crire elle cesse aussi ses fureurs. Jaclor in indomito brumali luce profundo : Ipatqne cœruleis charta feritnr aqnii. Improba pagnat hyema, indignaturque qneê anaim Scribere, aerigidaaincutiente minaa. Vincat hyema hominem ; aed eodem tempore, qucao, Ipae modum atatuam carminia, illa aui. 44 LES TRISTES. 67Ô BBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBBSBBSBBBBBBBBBBBBeB LIVRE DEUXIÈME. Qu'ai-je encore à démêler avec vous, tristes fruits de mes veilles, écrits infortunés? Moi qui viens d'en être si cruellement victime, pourquoi revenir aux Muses, qui m'ont rendu criminel et qui sont la cause de ma condamnation ? N'est-ce pas assez d'en avoir .une fois porté la peine? Mes vers m'ont valu cet empressement fatal que les hommes et les femmes ont mis à me connaître; mes vers ont attiré sur moi et sur mes mœurs la censure de César (f), après qu'il eut enfin jeté les yeux sur mon Art d'aimer. Effacez mes écrits, vous effacerez tous mes crimes. Si j'ai été coupable, je ne le dois qu'à mes vers ; telle a été la récompense de mes efforts et de mes veilles laborieuses. L'exil, voilà tout le fruit que j'ai retiré de mon génie ! Si j'étais sage, je vouerais une juste haine anx doctes Sœurs, divinités funestes à leur adorateur ! Eh bien, au contraire, je viens encore une fois (tant mon mal est voi-in du délire I) heurter du pied recueil où déjà je me suis bles- sé ; semblable au gladiateur qui rentre en lice après la défaite, ou au vaisseau qui, après son naufrage, affronte encore la mer furieuse. Mais peut-être, comme jadis l'héritier du royaume de Teuihras, dois-je recevoir de la même arme la blessure et la guérison; peutêtre ma Muse désarmera-t-elle la colère qu'elle a provoquée. La poésie fléchit plus d'unefois de puissantes divinités : César lui-même a prescrit aux matrones et aux jeunes épouses de chanter des vers en l'honneur de Cybèle couronnée de tours (2). Il avait fait la même prescription en l'honneur de Phébus, à l'époque où il fit célébrer ces jeux (3) qui ne reviennent qu'une fois dans chaque siècle. Puisses-tu, à l'exemple de ces divinités, puisses-tu, César, modèle de clémence, le laisser attendrir par mes vers ! Ta colère est légitime, et je ne prétends pas ne l'avoir point méritée : je n'en suis pas encore à ce degré d'impudence ; mais si je n'avais pas été coupable, comment pourrais-tu pardonner? mon malheur n'est qu'une occasion Quid mihi vobiscnm est, infelix aura, libelli, Ingenio perii qui miser ipae meo ? Cur modo damnatas repeto, mea crimina, Musas? An semel est pœnam tomineruisse parum ? Carmina fecerunt, ut me eognoscere relient Omine non fausto fœmina rirque, mea. Carmina fecerunt, nt me moresque notant Jam demutn inrisa Caesar ab arte meo». Deme mihi studium ; rite qnoque crimina demes. Acceptum refero rersibns, esae nocens. Hoc pretium vitse rigilatorumque laborum Cepimus : ingenio peena reperla meo. Si saperem, doctas odissem j u n Sorores, Numina cultori perniciosa suc At nunc, lanla meo cornes est insania morbo, Saxa memor refero rursos ad ista pedem : Scilicet ut victus repetit glsdialor arenam, Et redit in tumidas naufraga puppia aquaa. Forsitan, utquondatn Teutbrantia régna teuesti, Sic mihi res radem vuliiua opemque feret : Musaque quam movit, motam qunque leuiel irana : Exnrant magiioa carmina atepe deos. Ipse quoque Ausoniaa Cœsar inalresque nnruaqua. Carmina lurrigerœ dicere jusait Opi. Jusaerat et Phœbo dici ; quo tempore ludot Fecit, quo* eta» adapic.it una semel. His, precor, exemplis tua nunc, mitisaime Caatar, Fiat ab ingenio mollior ira meo. Illa quidem jus ta est; nec me meruùse negabo : Non adeo nostro fugit ab ore pudor. Sad, niai peccasaem, quid ta concéder* postes? Materism veniss sera tibi noatra dédit. H OVIDE. d'exercer ta générosité. Si, toutes les fois que à toi tout entier. J'ai souhaité que ton entrée au les hommes pèchent, Jupiter lançait ses fou- séjour des dieux fût longtemps différée (4), et dres, il les aurait bientôt épuisées. Mais, quand mon humble prière s'est alors mêlée à celle de il a fait gronder son tonnerre et épouvanté tout un peuple. J'ai brûlé l'encens en ton honle monde, il purifie l'atmosphère en la déga- neur, et mes vœux pour toi se sont confondus geant de ses lourdes vapeurs. C'est donc à avec les vœux de la foule des citoyens. Diraijuste titre qu'on le nomme le père et le maître je que ces livres mêmes qui ont fait mon crime des dieux, et que le vaste univers ne renferme glorifient ton nom en mille endroits? Jette les rien de plus grand que lui ! Toi, qu'on appelle yeux sur mon ouvrage le plus important, mais aussi le maître et le père de la patrie, imite encore inachevé, sur les fabuleuses métamorce dieu, dont tu partages les titres. Mais tu phoses qu'ont subies les êtres ; tu y trouveras l'imites en effet, et jamais personne n'a tenu ton nom célébré (5), tu y trouveras de nombreux d'une main plus modérée les rênes de l'empire. témoignages de mon dévouement. Ce n'est pas Tu as accordé au parti vaincu un pardon que, que mes vers ajoutent un nouveau lustre à ta vainqueur, il l'eût refusé; je l'ai vu combler renommée; elle est parvenue à une hauteur d'honneurs et de richesses ceux dont le glaive telle qu'elle ne saurait s'élever au delà; mais avait menacé ta tête, et le même jour milfinà il ne manque rien non plus à la gloire de Jula guerre et aux ressentiments qu'elle avait piter, et pourtant il aime à entendre chanter allumés: les deux partis allèrent ensemble por- ses hauts faits, à exercer la verve du poète ; ter leurs offrandes dans les temples, et si tes et lorsqu'on célèbre ses combats contre les soldats s'applaudirent d'avoir vaincu l'enne- géants, sans doute qu'il n'est pas insensible au mi, l'ennemi, de son côté, a sujet de s'applaudir plaisir de la louange. Il est, je le sais, d'autres de sa propre défaite. voix plus fécondes, plus éloquentes que la Ma cause est meilleure, puisque je ne suis mienne pour te louer d'une manière digne de accusé ni d'avoir porté les armes contre loi, toi, mais la divinité reçoit la fumée du moindre ni d'avoir marché sous les enseignes de tes en- grain d'encens avec autant de plaisir qu'une nemis. J'en atteste la terre, la mer et les dieux hécatombe. du ciel, j'en atteste toi-même , dont la divinité Ah ! qu'il fut barbare et acharné contre moi, éclate ù nos regads ; mon cœur te fut tou- cet ennemi, quel qu'il soit, qui te lut les projours fidèle, prince illustre, et dans le fond duits licencieux do ma Muse.' 11 les lut sans de mon âme, ne pouvant rien de plus, j'étais doute afin que les autres poésies, confidentes 680 S i , quoties peccant boulines, sua fulmina initiât Jupiter, exiguo tempore inermis erit. Hic ubi detouuit slrepiluque ex terni il orbem , Puruin disrussis aers reddiiaquis. Jure igitur genitorque deum rectnrque vocalur . Jure capax ruundus nil Jove m.ijus habel. Tu quoque, ru m pal rite rector dicare paterque, litere more dei nomen habentis idem, idquc facis : nec te quiaquam moderatius unquam Imperii poluit fraena leneresui. Tu veniam parti superatœ sœpe dedisti, Non eoncessurus qnam libi viclor erat. Divitiis eliam multos et honoribus auctos Vidi, qui tulcrant in raputarma Inum : Quœque'dies bellum , belli tibi sustulit iram : Parsquc simul templis ntraque dona tulit. Utque tiius gaudet miles quod vicerit bostem ; Sic, rictuin cur se gaudeat, bostis babet. Causa inea est melior : qui, nec contraria dicor Arma, nec hostiles esse secutus opes. Per mare, per terras, per tertia numina juro. Pcr te pricsentem conspicuumqtiu deum, Hunr aniimun favisse libi, vir maxime: mcque Qua sola potui, meute fuisse luum. Oplavi peteres cœleslia sidéra tarde, Parsque fui turbae parva preeaiilis idem. Et pia tura dedi pro te : cumque omnibus uuus Ipsc quoque adjuvi publics vota meis. Quid referam libres illosquoque, crimina noalra, Mille locis plenos nomiuis esse lui ? Inspire majus opus , quod adhuc sine fine reliqui, In non credendos corpora versa modos; Invenies vestri prœconia nominis il lie : • Invenies animi pignora mulla inei. Non tua carminibus major fil gloria, necquo Ut major fiât, cresrere possit, babet. Fama Jovis superesl. Tamen buuc sua facta referri, Et se materiam carminis esse juvat : Cumque Gigantei memorantur pralia belli, Credibile est lœlum laudibus esse suis. Te célébrant alii quanto decel ore, tuasque Ingenio laudes uberiore canunt. Sed tamrn , ut fuso laurorum sanguine centuin , Sic capilur minimo luris honore deus. Ali. férus , et nobis niinium crudeliter bostis, Dt'lieins Icgit qui tibi cumque ineas ! 78 LES TRISTES. des hommages respectueux que je t'adresse, trouvassent en toi un tuteur, un juge prévenu. Mais une fois haï de toi, qui pouvait être mon ami? Peu s'en fallut que je ne me haïsse moimême. Quand une maison ébranlée s'affaisse, toute la pesanteur se porte sur le côlé qui penche; si les murs se crevassent, l'édifice entier 8'enlr'ouvre, et s'écroule enfin par son propre poids. Ainsi mes vers ont attiré sur moi tout le poids de l'animadversion générale, et la foule, avec raison sans doute, m'a regardé du même œil que toi. Et cependant, il m'en souvient, tu approuvais mes mœurs et ma conduite, alors que tu me faisais présent de ce cheval sur lequel je fus passé en revue (6). Si ce témoignage de ta part est sans valeur, il n'y a pas de mérite à faire son devoir; du moins n'existait-il alors aucun grief contre moi! Je n'ai point malversé quand on m'a confié la fortune des accusés dans quelque procès du ressort descentumvirs (7) ; j'ai statué sur des affaires particulières (8) avec la même équité et sans donner lieu à aucune récrimination,.et mon impartialité a même été reconnue par la partie condamnée. Malheureux que je suis! sans la dernière catastrophe qui m'a frappé, j'aurais pu vivre sous la sauvegarde de ton approbation plus d'une fois manifestée : cette catastrophe m'a perdu ; une seule tempête suffit à engloutir ma barque tant de fois échappée au naufrage! et ce n'est pas seulement une Carmiua ne noslris sic le renerantia libris Judicio possinl candidiore legi. Esse sed irato quis te mibi posset amicus? Vix lune ipse mihi non inimicus erain. Cuin cœpilqirassata domus subsidere, parles In proclinatas omne renumbil on us : Cunctaque fortuua rimam faciente debiscunl; Ipsa suo qusedam pondère tracta ruunt. Ergo bominum quœsituin odium mibi carminé : quaque Dcbuit est vullus turba secula tuos. Al, memini, vitamque ineam , moresque probabas lllo quem dederas prœtereuntis equo. Quod si non prodest, et bonesti glnria nulla Iledditur, at nullum crimen adeptus eram. Nec maie cominissa est nobis fortuna reorum , Lisquc decem decies inspicienda siris. Res quoque privalas slatui sine crimine judex : Deque mea Tassa est pars quoque vicia fide. Me miscrum ! potui, si non extrema nocereul, Judicio tulus non semel esse tuo. Ulliina me perdunt : imoque sub «equore inergil Incolumem loties una procella ralem. fJSl vague qui m'a maltraité, ce sont tous les flots, c'est l'Océan tout entier qui a fondu sur ma tête. Pourquoi at-je vu ce que j'ai vu ? Pourquoi mes yeux furent-ils coupables? Pourquoi n'aije mesuré toute l'étendue de ma faute qu'après l'avoir étourdiment commise? Ce fut par mégarde qu'Actéon surprit Diane tonte nue, il n'en devint pas moins la proie de ses propres chiens : c'est qu'à l'égard des dieux, les crimes même dus au hasard sont punissables, et que l'offense involontaire ne trouve pas grâce devant eux. Du jour où je fus entraîné par une fatalité aveugle, date la periede ma maison, modeste, mais sanstache... et encore, bien qu'elle soit modeste, lui reconnait-on une ancienne illustration et une noblesse égale à toute autre. Elle était d'ailleurs aussi peu remarquable par sa pauvreté que par sa richesse, et telle qu'elle devait être pour qu'un chevalier n'attirât pas sur lui les regards par l'un ou l'autre de ces deux excès. Mais admettons que ma maison soit humble à la fois et de fortune et d'origine, toujours est-il que mon génie la préserve de l'obscurité : et quoique j'aie gâté mon génie par des exercices futiles, je n'en porte pas moins un nom célèbre dans tout l'univers. La foule des doctes esprits connaît Ovide, et ne craint pas de le compter parmi ses auteurs favoris. Ainsi s'est écroulée cette maison chère aux Muses, abîmée sous le poids d'une seule faute, Nec mibi pars nocuit de gurgile parva : sed oinnes Pressera hoc fluctus, Oceaiiuaque caput. Cur aliquid vidi ? cur noxia lumina feci ? Cur iuiprudenti cognila culpa mihi est? lnscius A citron vidit sine veste Dianam : Prteda fuit canibus non minus il le suis. Scilicct io superis etiam fortuna luenda est, Nec veniam lasso numine casus babet. Illa nainque die, qua me malus abslulit error , Parva quidem periit, sed sine labe , domus. Sic quoque parva tamen , patrio dicatur ut savo Clara, nec ullius nobilitate minor; Et neque divitiis, nec paupertate notanda, Undesit in neutrum couspiciendus eques. Sit quoque nostra domus vel censu parva , vel ortu ; Ingeuio certe non latet illa meo. Quo videarquamvis nimium juveniliter usus, Grande tamen toto nomen ab orbe fero. Turbaque doctorum Nasonem novit, et audet Non Tastiditis adnumerare viris. Corruit hn?c igilur Musis accepta, sub uno , Sed non exiguo crimine, lapsa domus. m tm OVIDE. mais d'une faute grave; cependant, malgré sa chute, elle peut encore se relever, si la colère de César, après avoir suivi son cours,finitpar se lasser. Sa clémence a été telle dans le choix de la peine qu'il m'inflige, que cette peine fut au-dessous même de mes appréhensions. La vie m'a été accordée. Ta colère, ô prince si modéré dans ta colère, n'est pas allée jusqu'à ordonner ma mort. Bien plus, comme si le bienfait de la vie n'était pas un bienfait suffisant, tu n'as pas confisqué mon patrimoine; tu n'as pas fait décréter ma condamnation par un sénatus-consulte; un tribunal spécial n'a pas prononcé mon exil, l'arrêt ( ainsi doit agir un prince) est sorti de ta bouche : tu as vengé loi-même, comme il convenait de le faire, tes injures personnelles. En outre, l'édit, tout terrible et tout menaçant qu'il fût, est énoncé dans des termes pleins de douceur. 11 ne dit pas que je suis exilé, mais relégué (9); msuriste destinée a été ménagée dans la forme. Sans doute il n'est pas, pour quiconque a conservé le sens et la raison, de peine plus cruelle que le remords d'avoir déplu à un si grand homme ; mais la divinité n'est pas éternellement implacable. Quand les nuages sont dissipés, le jour reparait plus pur ; j'ai vu un ormeau qui venait d'être frappé de la foudre, chargé ensuite depampres et de raisins. En vain tu me défends d'espérer... je veux espérer toujours , en cela seul je peux te désobéir. L'espoir me saisit tout à coup, quand je songe à toi, 6 le plus doux des princes ; l'espoir m'abandonne quand je songe à mon malheur. Mais comme la fureur des vents qui se déchaînent et agitent la mer n'est pas incessante et implacable, et que par intervalle elle s'apaise, se tait, et sembleavoirperdu toute son énergie : ainsi disparaissent et reviennent tour à tour mes sollicitudes, et, soumises à des variations continuelles , tantôt elles me laissent, et tantôt me ravissent l'espoir de te fléchir. Par les dieux que je prie de te donner de longs jours, et qui te les donneront pour peu qu'ils aiment le nom romain, par la patrie que tu mets, en bon père, à l'abri de tout danger et de toute crainte, et dont naguère, mêlé à ses enfants, je faisais encore partie, puisses-tu recevoir de l'empire le tribut d'amour qu'il doit à tes actes et à tes intentions ; puisse remplir heureusement près de toi de longues années, Livie(lO), seule femme digne de partager ta couche, et sans laquelle tu serais condamné au célibat, puisque tu ne pouvais en épouser aucune autre; puisse ton fils vivre longtemps sans te perdre et associer sa maturité à ta vieillesse dans le gouvernement de l'empire ; puissent tes petitsfils, jeune constellation, suivre, comme ils le font déjà, tes exemples et ceux de leur père; puisse la victoire, jusqu'ici fidèle à tes armes, suivre toujours ses étendards favoris, envelopper comme toujours de son aile protectrice le Atque ea sic lapsa est, ut surgere, si modo lœsi Ematuruerit Cœsarisira, queat. Cujus in eventu pcenœ démentis tanta est, Ut fuerit nostro lenior ira metu. Vita data est, citraqne necera tua conslitit ira , U princeps, parce, viribus use tuis. Insuper accedunt, te non adimente, paternce , Tanquam vita parum muneris esset, opes. Nec mea decreto damnasti farta senalus, Nec mea selecto judire jussa fuga est. Tristibus invectus vcrbis, ita principe dignum , Ultus es offensas, ut decet, ipso tuas. Adde quod edictnm quamvis immane, minaxque, Attamen in pœnœ nomine lene fuit. Quippe relegatus, non exsul dicor in illo : Parcaque fortunae sunt data verba mes». Nulla quidem sano gravior menlisque potenti Pœna est, quam tanto displicuisse viro. Sed solet interdum fleri placabile numen : Nube solet puisa candidus iredies. Vidi ego pampineis oncratam vitibus ulmum . Quas fuerat sœvo fulmine tacts Jovis. lpse licel sperare vêtes, sperabimus : seque Hoc unum fleri te prohibente potest. Spes mihi magna subit, cum te, mitissime princeps, Spes mihi, respicio cum mea facta, cadit. Ac veluti venlia agitantibus acquora , non est ASqualis rabies , continuusque furor, Sed modo subsidunt, intermissique silescunt, Vimque putes illos deposuisse suam ; Sic abennt rcdeuntque mei variantque timorés , Et spein placandi dantque organique tui. Per superos igitur , qui dant tibi longa dabuntque Tempora ; Romanum si modo nomen amant, Per patriam , qna; te tuta et secura parente est, Cujus ut in populo pars ego uuper erara; Sic tibi, quem semper factis animoque mereris, Rcddatur gratte debilus urbis amor. Livia sic tecum sociales compleat annos , Quaj nisi te nulle, eonjuge digna fuit, Quaa si non esset, cœlebs te vita deceret, Nullaque, cui posscs esse marilus, erat ; Soepite sic te sit natus quoque sospes : et olim Imperium regat hoc cum seniore senex : Utque tui faciunt, sidus juvénile, nepotes . Per tua perque sui facta parentis eant : 168 LES TRISTES. «85 chef des armées de Y Ausonie, et orner une fois encore du glorieux laurier la chevelure du héros par lequel tu diriges la guerre et les combats, et auquel tu prêtes tes nobles auspices et le secours de tes dieux : de sorte que partageant pour ainsi dire ta personne, d'une part, tu veilles sur Rome, de l'autre tu portes la guerre en des contrées lointaines ! Puisse ce guerrier vainqueur de l'ennemi revenir près de toi, et monter de nouveau sur ce char glorieux traîné par des coursiers parés de guirlandes ! Grâce, je t'en supplie ; dépose lafoudre,cette arme terrible dont je connais trop bien la portée, pour mon malheur! Grâce, père de la patrie, et, ne démentant pas ce titre, ne m'ôte pas l'espoir de t'apaiser un jour. Je ne demande pas que tu me rappelles (quoique la générosité divine dépasse quelquefois nos vœux), mais si tu accordes à ma prière un exil moins rude et moins éloigné, tu auras beaucoup adouci la rigueur de ma peine. Jeté au milieu de populations hostiles, je souffre tous les maux imaginables, et aucun exilé n'est plus loin de sa patrie que moi : je suis le seul confiné aux sept embouchures de lister, sous l'influence de la glaciale Vierge de Parrhasie. Entre les Jazyges, les Golchiens, les hordesde Métérée, lesGètes, et moi, les eaux du Danube sont à peine une barrière suffisante. Bien que d'autres aient été bannis par toi pour des causes plus graves, nul ne l'a été à une aussi grande distance. Au delà de ces lieux, il n'y a que des glaces, et l'ennemi, et la mer dont le froid condense les flots. C'est ici qu'expire la domination romaine, sur la rive gauche du Pont-Euxin ; les Bastemes et les Sauromates sont limitrophes. C'est la dernière contrée soumise à l'empire ausonien, à peine même en est-elle la lisière. C'est pourquoi, je t'en supplie, relègue-moi dans un lieu plus sûr; que je n'aie pas à craindre ces populations, dont lister me garantit mal, et que je ne puisse pas moi, ton concitoyen, tomber aux mains de l'ennemi. Il serait impie qu'un homme du sang latin portât les fers de la barbarie, tant qu'il y a des Césars pour rempêcher. Desdeux causes de ma perte, mes vers et une offense involontaire, il en est une sur laquelle je ne dois jamais entrer en explication. Mon importance n'est pas telle que je doive rouvrir tes blessures, César, et c'est déjà trop que tu aies eu à souffrir une première fois. Reste l'autre grief qui consiste en une accusation honteuse, celle d'avoir impudiquement professé l'adultère. Les intelligences célestes s'abusent donc aussi quelquefois! et il est tant de choses indignes d'être connues de toi I Comme Jupiter , occupé des affaires du ciel et de ce qui regarde les dieux, tu ne te prêtes guère aux Sic assueta tais semper Victoria castris Nunc quoque se prostet, notaque signa petat : Ausoninmque daeem «olitis circumvolet alis : Ponat et in nitida lanrea serta coma ; Per quem bella geris, cujns nnnc corpore pugnas, Auspicinm cni das grande, deosqne tuos , Dimidioqne tui presens es, et adspicis urbem, Dimidio procnl es, sscvaque bella geris ; Hic libi sic redeat snperato victor ab hoste , Inque coronatis fulgeat altus equis ; Parce, precor : fulmenqne tunm, fera tela , reconde, Heu! nimium misero cognila tela mibi I Parce, pater patries : nec nominis immemor bnjus Ûiim placandi spem mibi toile toi. Non precor ut redeam : qnamvis majora petitis Credibile est magnos stepe dédisse deos. Mitius exsilinm si das, propinsqne roganli, Pars erit e pcena magna levata mea. Oltima perpelior, medios ejectus in hostes : Nec qaisqnani patria longius exsul abest. Soins ad egressus missns septemplicis Istri, Parrbasiœ gelido Virginia axe premor. Jasyges, et Colcbi, Metereaque turba, GeUeque . Danubii mediis vix prohibentur aquis. Gumque alii tibi sint causa graviore fugati ; Clterior nnlli qnam mihi terra data est. Longius bac nibil est, niai tantum frigns et hostie, Et maris adstricto qasj coit nnda gela. Hactenus Euxini para est Romana sinistré : Proxima Basternte Saurontataaque tenant. Ha?c est Ausonio sub jure novissima, vixqne Hœret in imperii margine terra tui. Onde precor supplex ut nos in tnta reloges ; Ne ait cum patria pax quoque adempta mihi. Ne timeam génies, quas non bene snmmovet Ister : Neve tuus possiin civis ab hoste capi. Fas prohibât Latio quemquam de sanguine natum Catsaribua salvis barbare vincla pati. Perdiderint cum me duo crimina, carmen et error ; Alterius facti culpa silenda mihi. Nam tanti non sum, rénovent ut tua vulnera , Ctesar, Quem nimio plus est indoluisse semel. Altéra para superest : qua turpi crimine tactus Argnor obsoœni doctor adulterii. Fas ergo est aliqua cœlestia pectora falli, Et sunt nolitia mnlta minora tna ? Ulque deos, cœlumque simul sublime tuenti, Non vacat exiguis rébus adeste Jovi ; 21R 684 OVIDE. humbles détails : ainsi, pendant que tucontemples le monde réffi par tapuissance, ce qui n'est qu'accessoire échappe à ton coup d'oeil. Pouvais-tu, prince, abandonner ton poste de chef de l'état pour lire quelques pauvres distiques? Le poids de l'empire romain que supportent tes épaules n'est pas tellement léger que tu aies le loisir d'arrêter ta divine intelligence sur d'insignifiants badinages, et d'examiner de tes propres yeux le produit de mes délassements.Taniôt c'est laPannonie, tantôt la frontière illyrienne, qu'il faut dompter ; tantôt l'alarme vient de la Rbétie ou de la Thrace soulevée ; tantôt l'Arménie demande la paix, tantôt le cavalier parthe rend d'une main tremblante ses arcs et les étendards qu'il a prissur nous; tantôt le Germain te retrouve rajeuni dans ton petit-fils, parce qu'à lu place du grand César, c'est encore un César qui lui fait la guerre. Enfin dans ce corps, le plus gigantesque qui fut jamais, nulle partie ne s'affaiblit. Rome agitée réclame aussi tous tes soins pour le maintien des lois et la surveillance des moeurs que lu désires assimiler aux tiennes. A toi seul manquent ces loisirs que tu fais au monde, et des agressions successives tiennent constamment ton génie en haleine. Je serais donc bien étonné que, surchargé de tant d'affaires, tu aies jamais parcouru mes futiles compositions; et si, par un bonheur pour moi bien préférable, tu avais consacré un mo- ment à cette lecture, tu n'aurais trouvé rien de criminel dans mon Art d'aimer. Ce n'est pas, j'en conviens, un livre empreint de gravité et digne d'être lu par un si grand prince : mais pourtant il ne renferme rien de contraire aux lois et ne s'adresse pasauxdames romaines. El afin que tu ne puisses pas douter de sa destination, voici quatre vers du premier des trois livres : « Loin d'ici, bandelettes légères (11), symbole de la pudeur, et vous, longues robes, qui cachez aux regards le pied de nos matrones ; je ne chante pas les amours illégitimes et défendus, mes vers ne seront pas criminels. » N'ai-je pas sévèrement exclu de mon Art toutes celles que la bandelette et la robe longue nous enjoignent de respecter? Mais, dit-on, une matrone peut essayer de cet Art destiné à d'autres, et céder à un penchant quil'entraine, bien qu'elle soit étrangère à vos leçons. S'il en est ainsi, elle doit s'interdire toute lecture, car toute poésie peut être pour elle une école de corruption. Quelque livre qu'elle prenne, si elle a du goùi pour le vice, elle y aura bientôt façonné ses mœurs. Qu'elle ouvre nos Annales, (je ne sache rien de moins : ttrayant quece récit), elle y verra comment Ilia devint mère ; qu'elle ouvre encore ce poëme dont le début est une invocation à la mère des Romains (12), elle voudra savoir comment l'aimable Vénus est cette mère ; je prouverai plus A te pendentem sic dum circumspicis orbem , EtTugiunt curas inferiora tuas. Scilicet imperii princeps stations relicta, Imparibus légères carmiua facta modis ? Non ea te moles Romani îiouiiuis urget, Inque tuis humeris ta m levé fertur on us . Lusibus ut posais advertere numen ineptis , Exculiasque oculis otia noslra tuis. Nunc tibi Pannonia est, nunc illyris ora domanda : Rhetica nunc prœbenl Tbraciaquc arma inetum : Nunc petit Armenius pacem : nunc porrigit arcua Parthus eques , timida caplaque signa manu. Nunc te proie tua juveucin Germania sentit, Bellaque pro magno Cassare Caisar obit. Denique ut in tanto, quantum non exstitit uiiquam , Cnrpore, pars nulla est quœ labet imperii ; Drbs quoque te, et leguin lassai tulela tuarum , Et morum, similes quos cupis esse luis. Nec tibi contingunt, quie gentibus otia prœstas, % Bellaque cuni multis irrequicta geris. Mirer in boc igilur tantarum pondère rerum Unquam te nostros evoluisse jocos. At si, quod inalleui, vacuus ferlasse fuisses , Nullum legisses crimen in Arte m ta. 111a quidem fateor frontis non esse severa? Scripla , nec a tanto principe digna legi : Non tamen ideirco legum contraria jussis Sunt ca : Romanas crudiuntque nurus. Neve quibus scribam possis dubitare, libelles Quatuor hos versus e tribus unus habet : • Este procul, villa? tenues, insignepudnris, Quseque tegis médius inslita louga pedes : Nil, nisi legitiinum , concessaque furta , eanemus, luque inoo nullum carminé crimen crit. » Ecquid ab bac omnes rigide summovimus Arte Quas slola contingi vittaque sumpla velat ? Atmalrnna potesl alienis artibus uti ; Quodque trabat, quamvis non doceatur, habet. Nil igilur inatrona légat : quia carminé ab omni Ad delinquendum doclior esse polest. Quodcumque attigerit ( si qua est studiosa sinistri ) Ad vilinm mores instriiel inde suos. Sumpseril Anuales , nihil est birsutius illis , Facta sil undc parens Ilia nempcleget. Sumpserit, ASneadum grntlrix ubi prima ; requiret, AEneadum genitrix unde sil aima Venus. 362 LES TRISTES. 681 loin, s'il m'est permis d'entrer dans ces détails, tous les portiques où l'on voit certaines femmes que toute poésie peut corrompre les cœurs ; se promener et donner des rendez-vous à leurs mais il ne faut pas conclure de là que toute lec- amants? Est-il un lieu plus saint que les temture poétique soit criminelle, car il n'est rien ples? Une femme les doit fuir, pour peu qu'elle d'utile qui n'entraîne avec soi des inconvénients. soit possédée du génie du mal ; est-elle daos le Quoi de plus utile que le feu ? cependant s'il temple de Jupiter, ce temple lui rappelle comprend envie à quelqu'un d'incendier une mai- bien de femmes ce dieu a rendues mères; vason, c'est le feu qui armera ses mains auda- t-elle un peu plus loin adresser ses prières à cieuses. La médecine ôte quelquefois, et quel- Junon, elle songe aux nombreuses rivales qui quefois donne la santé, mais elle indique les ont lait le tourment de celte déesse ; à la vue de plantes qui sont malfaisantes et celles qui sont Pallas, elle demandera pourquoi la déesse vierge salutaires. Le brigand et le voyageur prudent fit élever Érichlhonius, cet enfant né d'un crimarchent ceints d'une épée; mais l'un pour at- me; qu'elle entre dans le temple de Mars, ouquer, l'autre pour se défendre. L'étude de l'é- vrage de la magnificence (14),elle y verra, deloquence a pour but le triomphe de la justice, vant la porte, la statue de Vénus, près du dieu et souvent elle protège le crime et accable l'in- vengeur (1,1) ; s'assied-elle dans le temple d'Isis, elle veut savoir pourquoi Junon l'a pournocence. Si donc on lit mon poème avec impartialité, suivie dans la mer Ionienne et sur le Bosphore ; on reconnaîtra combien il est inoffensif ; qui- Vénus lui rappellera Anchise; Diane le héros conque y voit un sujet de scandale se trom- du Latmus; Cérès Jason. Tous ces monupe ou déshonore gratuitement mes écrits. ments peuvent consommer la perte de cœurs Mais je suppose qu'ils soient dangereux, ces déjà corrompus, et cependanl ils restent tous germes de corruption se retrouvent aussi intacts et solides sur leurs bases. Mais, dès la dans les jeux de la scène : proscris donc les première page de mon Art d'aimer, écrit pour spectacles, les divertissements qui sont la cause les seules courtisanes, j'exclus les femmes verde tant de désordres, une fois que les combats tueuses ; si l'une d'elles viole le sanctuaire malsont engagés sur le sol poudreux de l'arène; gré la défense du pontife, elle est responsable proscris le Cirque, ce théâtre d'une liberté dan- des suites de sa désobéissance criminelle. Après gereuse ( 13), où la jeu nefiIle se l rou ve assise côte tout, ce n'est pas un crime de feuilleter des à côte avec un inconnu ; pourquoi ne pas fermer poésies galantes; une honnête femme peut Penequar inferius , modo ai licet ordine Terri, Posée nocere animis carminis omoe genus. Non tamen ideirco crimen liber omnis babebit ; Nil pmdest, quod non lœdere posait idem. Igné quid utilius ? si quis (amen urere tecta Comparât, audaces instruit igné manus. Eripit interdum , modo dat medicina salutem , Quœque juvans monstrat, quooque sit herba nncens. El lalro , et caulus prœcingitur ense viator : 11le sed insidias , bic sibi portât opem. Discitur innocuas ut agat Tacundia causas : Protegit hœc soutes, immeritosque preinit. Sic igitur carmen, recta si mente legatur, Constabit nulli posse nocere, meuin. At quiddam vilii quicumque bine concipil, errât : Et nimium scriptis arrogat illc meis. lit tamen hoc Tatear : ludi quoque seinina prennent Nequitiœ : tolli tota thealra jubé, Peccandi causam qua> multis sœpe dederunt, Ma r lia cum durum slernit areua soi uni. Tollatur Circus , non lu ta licentia Circi est : Hicsedet ignoto juncta puella viro. Cum quœdam spatientur in hac, ut amatnr eadem Conveniat, qnare portions ulla patet ? Quis locus est leinplis augustior? bœc quoque vitet In culpam si qua est ingeniosa suam. Cum steterit Jovis œde ; Jovis sucrurret in aede Quam multos maires feccritille deus. Proui ma adoranli J unonia templa subibit, Pellicibus multis indoluisse deam. Pallode conspecta , natum de crimine virgo Sustulerit quare quœrel Ericbthonium. Venerit in magni templum, tua munera, Martis ; Stal Venus ultori juncta viro ante fores. Isidis œde sedens cur hanc Satnrnia quœret Egeril Ionio Bosphorioque mari. In Venere Anchises, in Luua Latmius héros, In Cerere lasius, qui referatur, erit. Ouinia perversas pnssunt corrumpere mentes ; Stant tamen illa suis omnia tuta locis. At procul a scripta solis meretricibus Arte Siimmovet ingenuas pagina prima noms. Quœcumque irrumpit quo non sinit ire sacerdos, Protinus hœc vetiti criminis acta rea est. Nec tamen est facinus versas evolvere molles : Multa licet castœ non facienda Iegant. 508 OVIDE. bien lire des choses qu'elle ne doit pas faire. peut-être même dois-je douter si j'ai une vocaSouvent la dame la plus fière voit des femmes tion suffisante pour la poésie légère, et si je nues (16) prêtes à tous les combats de Vénus, et puis m'élever à ses modestes proportions ; mais le chaste regard de la vestale rencontre la cour- si tu m'ordonnes de chanter les géants foutisane immodeste, sans que celui qui veille sur droyés par Jupiter, je succomberai à l'effort la vierge sainte punisse ce hasard. d'une pareille tâche. Il faut un génie sublime Mais enfin, pourquoi ma muse est-elle si li- pour raconter les merveilleux exploits de Cécencieuse? Pourquoi mon livre invile-t-il à ai- sar, et maintenir le style à la hauteur du sujet. mer? C'est un tort, c'est une faute manifeste, Et pourtant, si j'avais osé ! mais il m'a semblé je ne puis qu'en convenir, et je me repens de que je profanerais sa gloire, et que, par un sace caprice, de celte erreur de mon imagination. crilège odieux, je compromettrais sa majesté. Pourquoi n'ai-jepas plutôt, dans un nouveau Je revins donc au genre léger, à cette poésie poème, renouvelé la guerre de Troie, qui jadis qui fait l'amusement de la jeunesse, et je pris succomba aux attaques des Grecs? Pourquoi plaisir à émouvoir en mon cœur des passions n'ai je pas chanté Thèbes et les deux frères s'é- factices. Que n'ai-je résisté à cette inspiration? gorgeantl'un l'autre, et les sept portes de la cité, Mais ma destinée m'entraînait, et ma perte degardées chacune par un des sept chefs? Rome vait étreaussi l'œuvre de mon génie. Maudites la belliqueuse m'offrait sans doute d'assez ri- soient mes études et l'éducation paternelle! ches matériaux, et c'est un pieux travail que de maudite la première leçon de lecture qui a capcélébrer les gloires de la patrie. Enfin, parmi tivé mon attention! J'ai attiré sur moi ta haine par les faits merveilleux dont tu remplis l'univers, cette fantaisie désordonnée, par cet art que tu je pouvais, ô César, en choisir un pour le cé- regardes comme une provocation à l'adultère; lébrer; et comme la lumière éblouissante du mais les femmes mariées n'ont point appris de soleil attire nos regards, ainsi tes belles actions moi l'infidélité, et personne, d'ailleurs, ne peut auraient dû séduire toutes les puissances de enseigner ce qu'il connaît à peine; ainsi, bien que j'aie écrit des vers erotiques et galants, jamon âme. Mon, ce reproche est injuste; le champ que mais ma réputation n'a été effleurée par la je cultive est humble et modeste ; celui-là était moindre médisance, et il n'est aucun mari, immense et d'une fertilité trop abondante. Une même de la plus humble condition, dont j'aie nacelle ne doit pas se confier à l'Océan parce rendu la paternité équivoque. Mes vers sont qu'elle vogue impunément sur un lac resserré ; loin de ressembler à ma vie; ma conduite est Sœpe supercilii midis métrons severi, Et Veneris liantes ad genus omue videt. Corpora Vestales oculi meretricia rem un t : Nec domino pœnœ res ea causa fuit. At cur in nostra niuiia est lascivia Musa ? Curve meus cuiqnam suadet amare liber? Nil nisi peccalum manifestaque culpa fatenda est. Pœnitet ingenii judiciique raei. Cur non Argolicis potius que concidil armis, Vexata est iterum carminé Troja meo? Cur tacui Thebas, et mutua ruinera fratrum ? Et septem portas sub duce quamque suo ? Nec mibi materiam bellatrix Koma negabat : Et pius est patrie farta referre labor. Denique, cum meritis implereris omnia, César, Pars mibi demultis una canenda fuit. Dtque trahunt oculos radiautia lumina solis, Traxissenl animum sic tua facta meum. Arguor immerito, tenuis mihi campus aratur : lllud erat magne fertilitatis opus. Non ideo débet pelago se credere, si qua Audet in exiguo ludere cymba lacu. Forain et hoc dubitetn, nomeris lerioribus aptus Sim satis , in parroa snfficiamque modos. At si me jubeas domitos Joris igné Gigantas Dicere, conantem debilitabitonus. Dirilis ingenii est immania Cesaris acta Condere, materia nesuperetnr opus, Et tamen ausus eram : sed detrectare ridebar, Quodque nefas, damno riribus esse luis. Ad 1ère rursus opus, jurenilia carmins , veni, Et falso mori pectus amore meum. Non equidem rellem : sed me mea fala trabebant, Inque meas pœnas ingeniosns eram. Heu mibi ! quod didici I quod me docnere parentes, Litteraqne est oculos ulla morata meos I Hec tibi me invisum lascivia fecit, oh artes, Quas ratns es retitos sollicitasse toroe. Sed neque me nuptœ didicernnt farta magistro: Quodque parum norit, nemo docere potes t. Sic ego delicias, et mollis carmins feci, Strinxerit utnomen fabula nulla meum. Nec quisquam est adeo média de plèbe marital, Ut duhius ritio sit pater ille meo. Crede mibi, distant mores à carminé nostri. Vita verecunda est, Musa joeosa mihi. 554 LES TRISTES. 687 sage, mais ma muse est un peu folâtre ; la plupartde mes ouvrages ne sont quefictionset mensonges ingénieux, qui ont beaucoup plus dit que l'auteur n'eût osé faire. Mon livre n'est pas l'écho de mon cœur, mais un divertissement honnête, dont le but, presque toujours, est de charmer les veilles. Accius (17) serai tdonc un être sanguinaire, Térence un parasite, tout chantre des combats un homme belliqueux ? Enfin, je n'ai pas seul chanté les tendres amours, et pourtant je suis le seul puni ! Que nous enseigne le vieillard de Téos(18),sicen'està nous enivrer à la fois d'amour et de vin? N'estce pas des leçons d'amour que la lesbienne Sapho donna aux jeunes filles? Cependant Sapho et Anacréon chantèrent impunément. Il n'est rien non plus arrivé de fâcheux à toi, fils de Battus (19), pour avoir fait si souvent tes lecteurs confidents de tes succès. Il n'est pas une pièce du divin Ménandre qui ne soit basée sur l'amour, et pourtant on le donne à lire aux jeunes garçonsetaux jeunesfilles.L'Iliade elle-même, qu'est-elle? une femmeadultèreque se disputent et son amant et son époux. Le début du poème n'est-il pas l'amour qu'inspira la fille de Chrysès, et la discorde que son enlèvement fait naître entre les chefs? L'Odyssée n'offre-t-elle pas une femme, en l'absence de son époux, exposée aux obsessions amoureuses de nombreux rivaux? N'est-ce pas Homère lui-même qui re- présente Mars et Vénus surpris et enchaînés sur la couche même du plaisir? Saurions-nous, sans le témoignage de ce grand poète, que deux déesses (,20)s'éprirent d'amour pour leur hôte? Le genre tragique est le plus grave de tous, et cependant l'amour en est le nœud et l'intrigue. Cequi nous touchedaus/fippo/yte (21 ) n'est pas l'aveugle passion d'une marâtre; Canoce (±2) est célèbre pour avoir aimé?son frère ; n'était-il pas guidé par l'amour, ce char traîné par des coursiers phrygiens, et qui valut au fils de Tantale, à l'épaule d'ivoire, la main de la princesse de Pise? C'est le desespoir d'un amour outragé qui porta une mère à tremper le fer dans le sang de ses enfants; l'amour fil changer tout à coup en oiseaux un roi, sa mattresse et celte mère qui pleure encore son cher ltys ; sans l'amour incestueux qu'Érope inspira à son frère, nous n'aurions pas vu reculer d'horreur le char du soleil; jamais l'impie Scylla n'eût chaussé le cothurne tragique, si l'amour ne lui eût fait couper le fatal cheveu de son père; lire Electre et la Folie d'Ore»ief c'est lire le crime d'Egysthe et de la fille de Tyndare. Que dirai-je du héros intrépide qui dompta la Chimère, et que sa perfide hôiesse fut sur le point d'immoler ? Que dirai-je d'Hermione et de la fille de Scbenée? de toi, prophétesse aimée du roi de Mycènes? Rappellerai-je Danaë, sa belle-fille, la mère de Bacchus, Magnaque para opérant ntendax et Bêla meoram, Plu» aibi permisit compoaitore auo. Nec liber indicium eat animi : aed bonesta yoiuptas Plurima mulcendia auribus apta refert. Accius esset atrox : conviva Terentius eeaet : Essent pugnaces, qui fera bella canunt. Denique composui teneros non tolua a m ores : Composito pœnas aolusamore dedi. Quid uisi cum multo Vénèrent confuudere vino Pracepit Lyriri Tela Musa senis? Lesbia quid docuit Sappho, niai antare puellas? Tuta tamen Sappbo, tutus et ille fuit. Nec tibi, Battiade, nocuit, quod aatpe legenti Delicias venu faseus es ipse tuas. Fabula jurundi oulla est sine a more Menandri : Et snlet bic pueris yirginibusqite legi. lliaa ipsa quid est, niai turpis adultéra , de qua Inter amalorom pugna virurnque fuit? Quid prius est illicflantmaCbryseidoa? aut que Feeerit iratos rapta pnella duces? Aut quid Odyssea est, niai favraina, pmpler amorem, Dum vir abest, multia una petits procis ? Quia niai Maxtnides Venerem Martetnque ligatos Narrât in obseœno corpora prenaa toro? Dnde nisi indicio magni sciremus Homeri, Hespitis igné duas incaluisse deas? Omne genus scripti gravitate tragoadia vineit; Hxc quoque materiam sentper amoris habet. Nam quid in Hippolyto est, nisi cateat flantma novercae? Nobilis est Ganace fratris amore sui. Quid ? non Tantalides agitante Cupidine currus Pisteam Phrygiis vexit eburnus equir? Tingerei ut ferrum natorum sanguine mater, Concitus a lasso fecit amore dolor. Fecil amor subitas voluores cum pelliee regem Quaeque suum lugel nunc quoque mater Ityn. Si non /Eropen frater sceleratua amassât, A versos aolia non legeremua equos : Impia nec tragicos tetigisset Scylla colhuraos, Ni patrium crinem desecuisset amor. Qui legia Electran et egentem mentis Oreaten, iEgysti rrimen Tyndaridoaque legia. Nam quid de tetrico référant domitore Chimatrat, Quem letbo fallax hnapita paene dédit? Quid loquar Hermionen? quid te, Schœneta virgo, Teque, Myeenaso Photbas amata duei? iflt? 688 OVIDE. Hémona, et cette amante pour laquelle deux nuits n'en firent qu'une? Rappellerai-je le {rendre de Pélias, Thésée, et ce Grec dont le navire aborda le premier les rivages de Troie? A cette liste ajoutez Iole, la mère de Pyrrhus, l'époused'Hercule, Hylaset Ganymède. Le temps me manquerait si je voulais énumérer tous les amours de la scène tragique, et les seuls noms des acteurs pourraient à peine être cités dans mon livre; la tragédie est même quelquefois descendue à des bouffonneries obscènes, et elle offre beaucoup de passages où la pudeur n'est pas respectée. L'auteur qui a peint Achille efféminé n'a point été puni pour avoir avili, dans ses vers, un caractère héroïque; Aristide (iô)afaitle tableau des vices reprochés aux Milésiens, et n'a pas été, pour cela, chassé de sa patrie. Ni Eubius, auteur d'un infâme traité, qui apprend aux mères les secrets del'avortemeut; ni cet autre, qui naguère composa ses livres sybarites ("24); ni enfin ces femmes qui ont proclamé leurs turpitudes (25), ne furent exilés; tous cesouvragessontconfondus avec les chefs-d'œuvre de nos grands écrivains, et mis à la disposition du public par la libéralité de nos généraux (2(3). Et, pour ne pas me défendre seulement par des armes étrangères, je citerai la littérature romaine, qui compte aussi plus d'une œuvre erotique. Si, pour chanter la guerre, Ennius trouva de si mâles accents, Ennius, génie sublime, mais sans art ; si Lucrèce développa les causes de l'activité du feu, et prophétisa l'anéantissement des trois éléments de la créalion , d'autre part, le voluptueux Catulle célèbre sans cesse la beauté qu'il désigne sous le faux nom de Lesbie ; et, non content dé cet amour, il nous en révèle plusieurs autres et avoue même ses passions adultères. Tel fut aussi Calvus, ce nain licencieux qui s'accuse en mille endroits de ses heureux larcins. Parleraije des poésies de Titillas, de celles de Memmius, où la pensée et l'expression sont également impudiques? Cinna est dans la même catégorie; Anser (z7) est plus déhonlé que Cinna. Et les poésies légères de Cornificius ! et celles de Caton ! et ces vers où l'on voit, proclamée sous son vrai nom, Métella, désignée d'abord sous le pseudonyme de Périlla. Le poète qui a guidé le navire Argo dans les eaux du Phase n'a pu taire non plus ses conquêtes amoureuses; les vers d'Hortensius et ceux de Servius ne sont pas plus réservés. Qui pourrait craindre d'aborder ce genre sous l'autorité de ces noms? Sisenna (28), traducteur d'Aristide, n'a pas été puni pour avoir mêlé des badinages immoraux à ses travaux historiques; et ce qui a déshonoré Gallus (2iJ), ce n'est pas d'avoir chanté Lycoris, mais bien de s'être laissé aller à l'indiscrétion sous l'influence de l'ivresse. Quid Dana en, Danaique nurus, matremque Lyeei? Hœmonaque, et noctes quœ colère dua»? Quid generum Peliœ? quid Thesea? quidre Pelaagum lliacam tetigit qui rate primus liumum? Hue Iole, Pyrrhique pareils, hue Herculis uxor, Hue accédai Hylns, lliadesque puer. Tempore deficiar, tragicos ai persequar ignés, Vixque meus capiet Domina uuda liber. Est et in obscœnos défie» tragœdia risus , Multaque praeterili verba pudoris habet. Nec nocet auctori, mollein qui fecit Achilleui, Infregisse luis fortia facta niodis. Jnnxit Aristides Milesia crimina secum : Pulsua Arislides nec tainen urbe sua. Nec, qui desrripsilcorrumpi semina matrum, Eubius, impurs: condilor bistoriae. Nec, qui composuil nuper Sybaritida, fugil : Nec qui concubitus non lacuere suos. Suntque ea doctorum monumentis mista virorum, Muneribusque ducum publics facta patent. Neve peregrinis tantum defendar ab armis ; Et Romanus habet multa jocosa liber. Utqne sno Mariera cecinit gravis Ennius ore ; Ennius ingenio maximus, arle rudis; Explirat ut causas rapidi Lucretius ignis, Causarumque triplex valicinaturopus; Sic sua lascivo rantala est saape Calullo Fœmina, cui falsum Lesbia nomen erat. Nec contentus ea, mullos vulgavit amores, In quibus ipse suuni fassus adullerium est. Par fuit exigui similisque licentia Calvi, Detexit variis qui sua fur (a modis. Quid referam Ticidœ, quid Memml carmen , apud quos Rébus adest nomen, nominihusque pudor? Cinna quoque his cornes est, Cionaque procacior Anser. Et levé Cornificl parque Catonis opus. Et quorum libris modo dissimulais Perillse Nomine, nunc legilur dicta , Metelle, tuo. Is quoque Pbasiacas Argon qui duxil in undas, Non potuit Veneris furta lacère sus. Nec minus Hortenst, nec sunt minus improba Servi Carmins : quis dubitet nomina tanta seqni? Vertit Aristiden Sisenna : nec obfuit illi Historiée lurpes inseruisse jocos. Nec fuit opprobrio célébrasse Lycorida Gallo, Sed lingnam nimio non tenuisse inero. 446 LES TRISTES 689 Il paraît difficile à Tibulle de croire aux ser- heureusement sillonnées par tant de barques, ments d'une maltresse, puisque c'est aussi par la mienne seule dût faire naufrage. des serments qu'elle nie au mari son infidélité. D autres ont donné des traités sur les jeux de 11 déclare lui avoir enseigné à tromper un ja- hasard (30) ; grande immoralité aux yeux de nos loux, mais qu'il est maintenant la dupe de ses ancêtres! Là on apprend la valeur des ossepropres leçons. Use rappelle que souvent, sous lets (31 ), là manière de les lancer pour amener le prétexte d'admirer la pierre ou les diamants de plus fort point et éviter le chien fatal (•«); le chifsa maîtresse, il lui pressa la main; que, par un fre de chaque dé (33), comment il faut les jeter signe du doigt ou de la tête, il se faisait com- quand on désire tel ou tel chiffre,et les combiner, prendre d'elle, ou qu'il traçait sur sa table ar- pour atteindre le nombre gagnant. Là v on aprondie des caractères mystérieux. Il indique prend comment vos soldats, de couleurs difféles liqueurs qui ravivent le teint flétri par de rentes,doi vent longer de près les bords du champ mordants baisers; enfin, il adjure l'époux, sur- de bataille, parce que toute pièce engagée au miveillant malhabile, de lui conserver son poste, lieu risque d'être enveloppée par deux ennemis; s'il veut mettre un frein aux infidélités de sa l'art de soutenir la première pièce et d'assurer femme. Il sait à qui s'adressent ces aboiements sa retraite qu'elle ne pourrait opérer seule. Sur quand il rôde tout seul ; il sait pourquoi la une surfaceélroite (34) sont disposés deux rangs porte reste fermée quoiqu'il ait toussé plusieurs de trois petites pierres; celui-là gagne la partie fois; il donne mille préceptes de cette sorte de qui peut maintenir ses trois pierres de front. Il supercheries, et il n'est pas de ruses qu'il n'en- est enfin une foule d'autres jeux (je n'en veux seigne aux femmes pour tromper leurs maris. pas ici épuiser la liste) qui ont pour but la De tout cela on ne lui fit pas un crime; Tibulle perte du temps, ce bien si précieux. Tel autre est lu, il charme tout le monde, et sa réputa- encore chante la paume et la manière de la tion était déjàflorissantelors de ton avènement lancer (35) ; celui-ci enseigne la natation, celuiau pouvoir. Le même esprit règne dans les là , le jeu du cerceau (36) ; cet autre, l'art de se œuvres du tendre Properce, et la censure ne farder. L'un règle les repas et l'étiquette des l'a pas noté de la moindre infamie. réceptions; l'autre nous apprend quelle est la Voici doncquelssont mes devanciers (puisque terre la plus propre à des ouvrages de poterie, la bienséance exige que je taise les noms il- et quels sont les vases qui conservent au vin sa lustres des écrivains vivants ) : je ne crai- pureté. Voilà les passe-temps qui sentent la fugnais pas, je l'avoue, que dans ces mêmes eaux, mée du mois de décembre, et aucun de ces Credere juranti durum putat esse Tibullu», Sic etiam de se quod neget illa vira. Fallere cnstotlem demum docuisse fatetur, Seqne sua raiieruin nunc ait arte premi : Sape relut geiumam domina! signumve probarel, Per causant nteminilse tetigisse nianum. Utque refert, digitis sscpe est nuluque locutus, Et tacitam mensœ duxit in orbe notant : Et quibus e succis abeat de corpore livor, linpresso, fieri qui solet, ore, docet. Denique ab incaulo nitnium petit ille tnarito, Se qnoque uti servel, peccet ut illa minus. Scit cui iatrelur, cum solus obatnbulat ipse : Curloties clausas exscreet aille fores : Multaque dat furti talts prœcepla : docetque Qua nuplsa possint fallere ab arte vires. Nec fuit hoc ilti fraudi, legiturque Tibullus, Et placet : et jam te principe notus erat. Invenies eadem blandi prœcepta Propertl : Districtus minima nec tamen ille nota est. His ego successi : quoniam prsestantia candor Nontiua vivorum dissimulare jubet. Mon timui, fateor, ne qua toi iere carinv, T. IV. Naufraga, servatis omnibus, una foret. Sunl aliis soripuc, quibus aléa luditur, artes. Hœc est ad nostros non levé crimen avos. Quid valeant tali; quo possis plurima jactu Figere, damnosos effugiasve canes. Tessera quoi numéros habeat : distante vocato, Mittere quo deceat, quo dara missa modo : Discolnr ut recto grasse tu r limite miles, Cum médius gemino calculus hoste périt; Ut mage velle sequi sciât, etrevocarapriorem ; Me tuto fugiens incomitatus eat. Parva sedet ternis instrurta tabella lapillis, In qua vicisse est, continuasse suos. Quiquc alii lusns, neque enim nunc persequar omnes, Perdcre, rem caram, tempora nostra soient. Ecce canit formas alius jactusque pilarum : Hic arlem nandi prsecipil : illetrochi. Composite est aliis fucandi cnra coloris : Hic epulis leges hospitioque dédit. Aller humum, de qua fiugaulur pocula, inonstrat: Qutcque docet liquido testa sit opta mero. Talii fuinosi luduntur mense decembris, Qita> datnno nnlli composuisse fuit. 492 44 OVIDE. 090 traités n'a été préjudiciable à son auteur. mœurs, le choix de mon sujet mérité un cn'f- ' Séduit par ces exemples, j'ai fait des vers lé- timent moins sévère. Est-ce à dire que lé prigers , mais ce plaisir a été sévèrement puni. vilège théâtral assure l'impunité à tout ce èjoi Enfin, parmi tant d'écrivains, je n'en vois pas le touche, et que la scène autorise toute licence" un seul que son imagination ait perdu : on ne dans ceux qui l'exploitent? Mais alors mon Atï cite que moi ! Que serait-ce si j'avais écrit des lui-même a fourni le canevas d'nn ballet pumimes pour ces représentations obscènes dont blic (38), et il a souvent captivé tes regards. l'intrigue est toujours un amour criminel, et Si vous placez dans vos palais les portraits Fié! où l'on voit toujours un séducteur impudent, et vos aïeux, œuvres brillantesde quelques grands) une épouse rusée qui se joue d'un mari trop maîtres, il s'y trouve bien aussi quelque pari crédule? A ce spectacle viennent pourtant la telle ou telle miniature représentant des puptt* jeunefille,la mère de famille, le mari, les en- d'amour et des scènes voluptueuses. iT«M fants; la majeure partie du sénat y assiste, et voit ici Ajax dont les traits respirent la fdrêflf j là, non-seulement l'oreille est souillée par des et là cette mère barbare qui porte le crime dans paroles incestueuses, mais la vue s'y familiarise ses yeux; plus loin on voit Vénus exprhHHlt encore avec le scandale. Une femme a-telle usé l'eau de la mer de sa chevelure humide (39), • d'un nouvel artifice pour leurrer son époux, et couverte encore de l'onde qui lui donna te on l'applaudit; on lui décerne la palme avec jour. enthousiasme ; mais, ce qu'il y a là de plus dan- D'autres chantent la guerre et les bataillons gereux, c'est que l'auteur de cette pièce crimi- hérissés de piques sanglantes; quelques-uns les nelle est payé grassement, et le préteur l'achète exploits de tes ancêtres ou les tiens. Pour moi ', au poidsde l'or (37). Calcule toi-même, Auguste, la nature jalouse m'a fixé des bornes jiual les dépenses des jeux publics: tu verrasque des étroites, ne m'a donné qu'un faible génie. Tdtfpièces de ce genre t'ont coûté cher. Tu en as tefois l'heureux auteur de ton Enéide a fait réfait toi-même ton spectacle et le spectacle des poser le héros et ses armes sur la couche de la autres, tant la grandeur en toi s'unit toujours princesse tyrienne; et c'est l'épisode dé cet à la bonté! Tu as vu enfin, tranquille, et de amour illégitime qu'on lit avec le plus d'avidité. cet œil qui veille sur les intérêts du monde, ces Le même poëte,dans sa jeunesse (40),avaftè1lÉs<-' représentations de l'adultère ! S'il est permis té les amours pastorales de Phyllis et de la tendre d'écrire des mimes qui retracent de si honteuses Amaryllis ; et moi aussi, j'avais pris, il y a long- ci is ego deceplus, non trislia carmina feci ; Sed tristis nostros pœna secuta jocoa. Denique nec video de tôt scribentibua unnm , Quem sua perdiderit Musa : repertua ego. Quid si scripaiaaem mimos obacœna jocanles, Qui aemper ficti crimen amoris habent In quibus assidue eultus procedit adulter, Verbaque dat atullo callida nupta viro. Nnbilis boa virgo, matrouaque, virque, puerque Spectat, et ex magna parte Senatus adeat. Née aatis iuceslis temerari vocibua aurea : Adauescunt oculi mulla pudenda pâli. Cumque fefellit amans aliqua novitate maritum, Plauditur : et magno palma favore datur. Quodque minus prodest, pœna est lucrosa poètes : Tantaque non parvo crimina prastor émit. Inapice ludorum aumptua, Auguste, tuorura : Empta tibi magno talia multa legeav Hase tu apectaati, speclandaque aaspe dedisti. Majestés adeo comis ubique tua est. Luminibusque luis, totus quibus utitur orbis, . ficenica vidiiti lenlua adulteria. Scribere ai faa est imitantes torpia mimos, Materiaa minor est débita pœna mess. An genua hoc scripti facinnt sua pulpita tntam, Quodque libet, mimia scena lieere dédit? Et mea sunt populo aaltata poemata aaspe : Sajpe oculoa etiam detinuero tuoa. Scilicet in domibus vestris ut prises virorum Artiflci fulgent oorpora picta manu ; Sic quœ concubitua varios Venerisque figuras Exprimat, est aliquo parva tabella loco. Utque sedet vultu faasus Telamonius iram, Inque oculia facinus barbare mater habet ; Sic madidos siccat digitis Venus uda capillos, Et modo maternis tecta videtur aquia. Bella aonanlalii telis inatructa cruentia, Parsque tui generis, para tua facta oanunt. Invida me apalio natura coercuit arcto, Ingeuio vires exiguasqne dédit. Et tamen ille tuai felix iEneidos auctor, Contulit in Tyrios arma virumque tords: Nec legilur para ulla magiade corporetoto, Quam non legitimo fœdere junctua amor. Phyllidis hic idem teneraaque Amaryllidia igné* Bucolicia juvenia Insérât ante modia. 35« 691 LES TRISTES. temps (41), la môme liberté dans un de mes dernier livre, eeheasurtoui où, après avoir pris poèmes, et une faute qui n'était pas nouvelle su- le monde à son berceau, j'arrive, César, à ton bit aujourd'hui un châtiment nouveau. Mes vers époque. Tu y verras quelles inspirations je étaient déjà publiés lorsque, dans l'exercice de ta dois à ton nom et avec quel enthousiasme je glocensure, tu m'as si souvent laissé passer comme rifie toi et les tiens 1 un chevalier irréprochable. Ainsi ces vers, dont Jamais je ne déchirai personne par une morje n'augurais rien de fâcheux pour ma jeunesse, dante épigramme (43); mon vers ne sut jamais acfont aujourd'hui le malheur de ma vieillesse ; cuser personne. Naturellement bon, j'abhorrai une vengeance tardive frappe ce livre d'une toujours la raillerie amère, et ne lançai dans date déjà ancienne, et la peine n'a suivi la faute aucun de mes écrits des traits empoisonnés. Parmi tant de milliers de citoyens et tant de que longtemps après. Ne crois pas cependant que mes œuvres milliers devers, je suis le seul, hélas ! que ma soient toutes aussi dissolues ; ma barque a sou- muse ait blessé ; aussi j'aime à croire que pas vent déployé de plus larges voiles. J'ai fait la un de mes concitoyens ne s'est réjoui de mon description des Fastes en six livres, et chacun infortune, et que plusieurs y ont compati. d'eux se termine avec le mois qu'il embrasse; Jenesaurais admettre que quelqu'un ait insulté mais cet ouvrage, César, que j'avais commencé à ma détresse, pour peu que ma candeur et mon sous tes auspices, et que je t'avaisdédié (42), mon ingénuité méritent des égards. Puissent ces motifs et d'autres encore fléchir malheur est venu l'interrompre. J'ai fait aussi monter sur la scène les rois chaussés du co- ta divinité, ô père de la patrie, son amour et thurne tragique, et l'expression a la gravité qui sa providence. Je ne demande point mon rapsied au cothurne. J'ai décrit encore, quoique je pel en Italie (si ce n'est un jour peut-être, quand n'aie pu meure la dernière main à cet ouvrage, la durée de mou supplice t'aura désarmé), les Métamorphoses des êtres. Puisses-tu, reve- mais un exil moins dangereux et plus trannant à des dispositions plus indulgentes, te I quille (44), afin que la peine soit proportionnée faire lire, dans tes loisirs,quelques pages de ce I au délit. Nos quoque; jam pridem scripto peccavimns uno, Supplicium patitur non nova cnlpa novnm. Carminaque edideram, cum te delicta notantem Praterii loties jure quietus eqnea. Ergo, quœ juveni mitai non nocitura pntavi Scripta parum prodens, nnnc nocuere seni ? Sera redundavit veleris vindicte Iitaelli, Distat et a meriti tempore pâma sui. Ne tamen omne meum credas opus esse remissnm ; Sape dedi nostrœ grandis vêla rati. Sex ego Fastornm scripsi totidemque libellos, Cumque suo finem mente volumen habet. Idque tuo nuper scriptum mb nomine, Cœsar, Et tibi sacratnm sort mea rupit opus : Et dedimus tragicis scriptum regale coltaurnis : Qnaque gravis débet verba cothurnas habet. Dictaque sunt nobis, quamvis manut ultima coapto Défait, in faciès corpora versa novas. Atque utinaro revoces animum paulisper ab ira , Et vacuo jubeas bine tibi panca legi I Panca , quibus prima surgens ab origine mundi, In tna deduxi tempora, Cœsar, opus : Adspicias quantum dederis mitai pecloris ipse, Quoque favore animi teque tuosque canam. Non ego mordaci destrinxi carminé quemquam, Nec meus ullius crimina versus habet. Candidus a salibus suffusis felle refugi : ISulla venenato litera mista joco est. luter tôt populi, tôt scripti millia nostri, Quem mea Calliope lœserit, unus ego. Non igitur nostris ullum gaudere Quiritem Auguror, at multos indoluisse, malis. Nec mitai credibile est quemquam insultasse jacenti : Gratis candori si qua relata meo est. His precor, atque aliis possint tua numina flecti, O peter, o patriœ cura salusque tua. Non ut in Ausoniam redeam, nisi forsitan olim, Cum Iongo posnœ tempore victus eris : Tutius exsilium, pauloque quietius oro ; Ut par delicto ait mea pœoa suo. ,178 44. OVlDK. (,92 iSs bvi-sSSsV» 8-8 eSSssOOSSSigW, PS v* **i & eoaVYVSY sk- aseksOs x « s e --|ye Se |xss-as>- s s k ^ s s b sos sxexrcaiesee.-^sbs-ssses. Ss ps* ha-essxl sssiselxgiev Qjivt&§$ÀMmwMfy&¥?mimt«888 s>vi\ us «ses-s ^esishSest ss essv- pas Sassss% eYai gss il fei* si rf «8888! «S. mSSÉbsî ? 8*8* iseSSSS , U S ' V3»t e-SV.» 8a pe«|»b ksrksSV, SÎSkee-SXiJ>! > b i b s s i s s s b s P e s e b b 88 vvvsgsss- E s i g u lie sesev, s-s «kss sss vsxîs. ibpsbsssxss p s „ < p b 8S88SS }S ' iSS S|8«|«tS ivixxs S55Sg8' J il S'Y i xNxx i S esVssssss p- <bk- sis'es-b** x s?, psssve* sks'sagjesY s e xxmt W < f « à «<8t «8«bises* à:nmmî ï * xx-ï-s-sSJs i sxjSVsîVsgse ïsses p - x iiss.a-.sss s v-ea hviksssè ses uses ssavipe «navbxY, dassîftéesleﻫ8 sssalsyeskaii p â ï d e s e à,- «Vs; s sa îi'esegfe b e ikesbisrv ssvee ik-v LeL *, s à px-sbe xs- ssasixa-ia! »JW-»lh«>aiîïsai*}isàv'si\>iîi¥5?t ksrv i b «SÎ8Ô8 ; « 8 s a l a g e ssèîse, l i e - s < " i a;» s^s88sie\ ibâs-sx-ai ixa. sKwx se ds8svw«e d'SiS8ΫSÎ?S*»8«kî88|:>8î-ïïi5«88SY88>S5;8 ' iivl*"' s<jS i!« «es* s^-ssxs-à mois s-<be. SJSSV *xb»x88s> iiki iVssdssssm! ei la ïïmiûm O s sxs. * ^ x - passàsiV ;a! Ss-sa s.b k ssaissbi bsiàb-Sies bsiîss^ s«bs 88|XiiY«8t i|8« F«i5ïg885SÎ8 ife b : i y - -\ Si J8 i» sSîssx gSS8isgiSjksssWsk\8SSJX8Siis«à4s ut. b s vers Y b>ss* ivssxksivsiee à 1« ^* s 8 ' \ * 5!ss«ssk\ s>S <.-*(» is< xxaxxksisbx-BSs-SSS kxSxpkib b sas i\ m itimtm SIM b s b e s i &i H m s a b * e ^ iî^ï>;<ate>8 ei de h xesske, H se <kbss.b , «8, ^iu<fiîâfttb.ox(8i5îv*-jeWji8^Mdek8» r * ( KV vas» <-e su- àsvsgs-asa ; t Y-àb, s S è d l j b i W s s S 8kss8ys5iekWg!J8dsjvj>v3|8. Ssji. » m \ i si<- i 8 N«s\ es b v o b »8! «iîsprs8ii> «ssa îSSSS S ev bkiesai vebe.deJ'h8sb<is«feif8 5Ss H « * }*s* !^! - ;b'«u<n xx! !<•»*>•' v«kî bSs'sssijîxSiWssSx^bsi éié poisses' is pbrbs-pisaee, cbsksps \ 8 "**x I'»!! g.ifje b ksk«i!SS8 8i b kii 8ÎS8SsSil S sa isS «s SjosisêsbHre pkss élèpssi sjssxi i b i s nosss<\ §8 îSSeik-s!-" gxbixsk raaUgs»- ,SaSs8 i f l * Ibsb ÉLÉGIE h as-sx x x « x s s ! . i j s - d Ustles «sxs-aisssx 8 x i m s k?JSfS:^ ïv Vïiess b Ssssss Vkb..:8is8l^^ :ï 8s .^«ssNk'i\vxfii:x:i.IsÎ!l§8'l SVséx seiesîsissb s si* issss isb Sbb jsiisxs. 8 «ils* ix èssiïbsis «éevsxîïsssedxsxi. Yx« «xxsssi sVtessa B>Sî xsS, ai «asbxi. SSSSJX î . x « ! l -!»J> g.\-!!«!-S !J-sX J-xaX <«S!Si! . î xi •t!!X \ « b i w » n » x x s s a ««X sisXiX S-Ssiss, 8>- v!>S"-S-s! !O!l0, h f ! » e V S a r à x s x S-xxs bsS» S! «XK » { * ! * s <^(IS SxS XXabiS!!! > - >asx>j!ix s«xx!« s - 8 s x îsxxji-x s« a f S w h i V r . XX- xi". SX!!! ! « « ! ! ! ! UeîJUX l8«i-8«i>- ÎXX » » » < ' !!>.! («îi-- !-• - x - i f x ! - X ï ! X S-!!! SS!X-!S S\!X S* .S <ss!X!5si>:!v 8Si<:<i •sisi-s'i gsstaakai :«sxSa saxsi i Stex xsiaisssa sssx dxxïSSxS xi obi !>^ss i ixxssîp ««xi sxïsïiéîsi : bSe Ssb e8s. Snxb es-f• •< dtmrn» bsXsaabiiSiixiSipaxxis essxbxspx sisxâ SSïSïSS Y à p p b e PiP'iP : iisii bssbbkipliil;»'• bépÉiiSSï:k|i|8ssi!!* 5* s • isbisi Pssbiis bibisséxSbesieiS:' ! {>! \ 8 - ! !ie«! K!--!!(X S|«,îJ XlXli !!-î8a!X-- p«{-ft<! % ii-SS: 1 - •- -X J-saXX V!!- SB ÏXX'S- S S S ' I Si!,-- Y - . ssx<!"^!H- --x!!!-!-. C a s a i s v i > i ¥ f ? » j a c , («Afsja* i.aasj-!!-s»o »> ! - sxSa S-\-!K sis a s - k j\--S--s.«, \ v .!?!!.-! ' 8!>-X!!--- ïiX-XXS!!X! Ss-Vî SiX-SX*!!x^ lî!-!'î!!i i i x v SXi X Y x - f ! i <g«S! <!X !X-\Xx a 8xS--i i si x a x x » - x i i V - a - ; -sss! SixSSxYx s>-fx-xs > xx Sssxxs.X! Î! SX' Sx-! s-SSbsX! !X-|S;!X !SS5\X gssSSSJS ,XX- LES TRISTES. 693 prenant à droite, « Voici, dit-il, la porte Palatine 1,5), voilà Stator, voilà le berceau de Rome.» Tandis que tour à tour j'admire chaque merveille , l'éclat des armes qui décoraient un portique, et l'architecture digne d'un dieu attirent mes regards. « Serait-ce là, m'écriai-je, la demeure de Jupiter? > Ce qui me suggérait cette conjecture, c'était la vued'unecouronnedechéne.Dèsquej'en connus le maître : « Je neme suis pas trompé, repris-je, c'est bien réellement la demeure du grand Jupiter. Mais pourquoi ce laurier qui masque l'entrée, et enveloppe de son feuillage épais les portes de ce séjour auguste? Est-ce parce que cette maison a mérité les honneurs d'un éternel triomphe, ou parce qu'elle fut contemporaine du dieu de Leucade? Est-ce un signe de fête qui lui est particulier, ou un indice de la joie qu'elle répand en tous lieux ? Est-ce l'emblème de la paix qu'elle a donnée au monde? Sa gloire, comme lelaurier toujours vert, et dontla feuille ne tombe jamais, y voit-elle le symbole de son immortalité? Quant à la signification de la couronne de chêne, une inscription nous l'apprend : elle veut dire qu'il a sauvé des citoyens. Sauve donc encore, ô le meilleur des pères, un citoyen qui languit aux extrémités de l'univers, et dont lecbâtiment, qu'il avoue légitime, résulte moins d'un crime que d'une faute involontaire. Mal- heureux que je suis! je redoute ce séjour, je redoute celui qui en est le maître puissant, et je sens mes lettres frissonner de terreur. Vois-tu mon papier pâlir ? Vois-tu chanceler alternativement mes vers? Fasse le ciel, maison auguste, qu'un jour enfin adoucie pour mon maître, il te revoie habitée par les mêmes possesseurs! Nous poursuivons notre route, et mon guide me conduit, par de magnifiques degrés, au temple en marbre blanc élevé au dieu dont la chevelure est toujours intacte (6). C'est là qu'on voit les statues des Danaïdeset cellede leur barbare père, l'épée à la main, placées contre des colonnes qu'on tira des carrières étrangères. IÀ, toutes les créations des génies anciens et modernes sont mises à la disposition des lecteurs; j'y cherchais mes frères, excepté ceux dont notre père déplore la naissance ; et, pendant que je les cherchais en vain, le gardien de ces lieux sacrés (7) m'ordonna d'en sortir. Je me dirige vers un autre temple (8), situé près d'un théâtre voisin ; il me fut aussi défendu d'y entrer. Ce premier asile des belleslettres^), la Liberté, qui y préside, ne me permit pas d'enroulerle vestibule. Ainsi tombe le malheur d'un père sur sa postérité, et nous, ses enfants, nous sommes exilés aussi bien que lui. Peut-être un jour, avec le temps, César, moins Inde petens dextram, Porta eat, ait, ista PalaU : Hic Stator : hoc primum condita ltoma loco est. Singula dura miror, video fnlgenlibus armia Conspicuoe postes, tectaque digna deo. An Jovis hsc, diai, domns est ? quod ut esse putarem, Aoguriuin menti qnerna corona dabat. Cujus ut accepi dominum : Non fallimur, inquam : Et magui verum est banc Jovis esse domum. Our tainen adposita velatur janna lauro; Cingil et augustes arbor opaca fores ? An quia perpeluos mernit domus ista triuinphosY An quia Leuradio semper amsla deo ? Ipsane quod fesla est, an quod facit omnia festa Y Quam tribuit terris, pacis an ista nota est? Utque viret semper laurus, nec fronde caduca Carpitur ; sternum sic babet illa decus ? Caueaque supposits scripto lestât* corons Servatos cives indicat hujus ope. Adjiceservatis unum, pater optime, civeiu , Qui procul eiiremo pulsus in orbe jaret; In quo pœnarum , quas se meruisse fatetur, Non facinus causam , sed suus error habet. Me iniserum ! vereorque locum, venerorque potentein, Et quatitur trepido liltera nostra metu. Aspicis eisangui chartam pallere colore Y Aspicis alterno* intremuisse pedesY Quandoeumque, precor, nostro placata parenti Isdem sub dominis aspiciare domus. Inde timoré pari gradibus sublimia celais Ducor ad intonsi candida templa dei. Signa peregrinis ubi sont alterna columnis Bel ides , et stricto barbarus ense pater : Qusque viri docto veleres cepere novique Pectore, lecturis inspicienda patent : Quœrebam fralres, exceptis scilicet illis, Qnos suus optaret non genuisse parens. Quœrenlem frustra, cuslos me sedibus illis Prspositus sancto jussit abire loco. Altéra templa peto vicino juncta tbeatro : Hsc quoque erant pedibns non adeunda meis. Nec me, qus doctis patuerunt prima libellis, Atria, Libertés tangere passa sua est. In genus aucloris miseri fortuna redundat, Et palimur nati quam tulil ipse fiigain. Forsitan et nobis olitn minus asper, et illi Eviclus longo tempore Cœsar erit. Dl precor, atque,adeo, nequeenimmihilurbarogandaesl, Cssar, ades voto, maxime, dive, meo I Interea , statio quoniam mihi public* clause est, Privalo liceat deliluisse loco : 8V 694 OVIDE. p p s p s i x i f s P sssas as p a r lai s sa iaîssappf | P f s* ai fas i a p ; eg^a §m$$ i f i s i l l l l l i i ifisssspp .$y ygss as a a g i f p , | f f sfla f s p f ;, | f f ias i p p f i f f p s à ^ i i ^ l f f M i ^ ^ j i ^ i ^ l ^ ^ « I l al | p llxlpP e p p o p ^ a f t | , p ' ^ p ^ p a ^ p | p 4 ' il f l i p a p f i i f y y ^ î i f y l f ^ ï l ^ f e ^ i i l P la | f i f s dfs f ksis* U}% k fias p l s s s P f a f P i| f a p s p p a J*asasfsf ; | ^ ^ | i y i i | i l i ^ ^ ^ «SSf ilpK if s gripa ; s'il p ? s f p i a n j i ! si ipiasai' | ggf : j f i f asfa lai $ff|ià:;ii8i.iÉi^ll^la^ll^P j« Sigppya dissipai f f s I f p i f lsis, f p i f g p | fiais f f f l i l ^ î * ^;-|^iFisi^:fi:gÉ^E^i^i^^^f|^^ p a l <lf f p g s f a v l y p p s f d f p a fas plgas'as I 8 S : saaf f a p a f P f i i i f I f l i f ! i É | | | | | | | | | | | i | S p p s . lis p * . p gsf as glëïpapaa, p é p s l i i f f | plgss y ai! p f l l p i p a : 5 : | | i | ^ l l l l l î l l l i l i i l «I sf a ssi pas H a pissa, p p sass S; sas iifp i f aI l'Isasp sif s p : iisa s H f i f î i | l i | | | i ; If f i f f | f g pp i s fis p p a s s i s , i assis aia f iifsiff àp;fsaf a a p | l l i i i | i | ï l | p a l , ià^iffsslssasf : f p a i | l i | p | | | | i ! | | j llslssi p i f a i i a p i l p l y p f ^ i i i i i y i i ^ i f l s ^ l ^ I *|isa j'ailasil f a lassiisafSipsilliplff§t| H H I l f p s disp f sas pas dasdsaas f a salr h | jasisls fasaaiasf i f f f p a | | | | f ; i l | | | | | : I Sevïifaas, la p a s sàaf aasa la pssiapsilasï df I lia gliisaaS: f i â t i^fipp|iî:il§l^a||i^i:|||ii| la I f la ?|a Ls/iiass .iàivissi, fasP> ssapsKS, al î f ss f sis 4i a f. psjaaalsfifp i s i f l l l f l l l a>i, â i s f a p l a s a y sdf las aiiaisa as sapa as j PaSiialkl ?•••:•:• aplpy^ f a aasas p a l l i a i as8 sa usa sas-vl f a sws g a i | Islaasi:, iiaii! | T | p i p i s | f sfi|f | l i | | | î | | l pas |apa Isàsps sa iiasf àgsassPSy. a i f f a f i s | f i i a i s p , a i aias'ïsïi iseaïLi:*^ asf I f ï spslas tissfsssass: gaa sas saupl i l sa i aPgaaap, • M & i a a p f ^ sas Sipiiy a f p s i a f l s ilaipsasppàaa p a sap I IfiHp à safsa y,m àÊm-y^9lk%^^k^kWê al sas ssap, p a s pila ipa la idais, saas sas liàfsss fiassialsai ilpii'aaiaaif< l i a i «pi Jsfss, ssaaps fias siiàîps, ai se p p las laissas i p a i f l i l l P y siysïsslps iaaaailassa a i i f sils las p p l d a àa siifpislas à|iàl%aa.s j a ssigpais | Il p s àsssif ^iiy^iayiyaii^iil^^li^l^ll^i^^y^ Ipsi a p à f i p P , ai Sifipasas siss» p p S y as aa sa saga si g iissala alaisss laf as a W i . p s aPsss\ j ' f i f l a fislsfasil f s f l i l f s ^ ^ f i f a i f a p i P S f i Eisa assa a p i f a p f f a Pais I ifaasls,<.#: p p f f a a i i l f s i ^ ^ É B ^ I i ^ l l l y i i ^ R fàiSs, as, i a g f a lapaagla i p f s i l s l a à p f f i f , I spfiy T a , : i f a s a p 8 a y i f f l | f l ^ ai p i p i f s a aaf ssà fas ssafi à p i s a isliSPSp. î slaaspi allipf a f â f s, l A i i l i i i i i ^ i ^ ^ y l ^ l l ^ Tas! f a s fa lassai aassas Isa aspiaas fas î asfplJàfssS' ^6t ss sPi^::éii^p^ii^i^is}ÉÉi^^^^^ ÉLKilIE IL SSs p > p , si Sis* a » , p l a i s y s p g i f p l p faaisfiy g l - P p , w a p a i i p l i s , sfsass, EXilSIA g , h ISS sssi as i-Sf PpiiSSi a i i p ï S làpasifs'iS , f sipsw ï , j f t f » If p ssà SSS|«pï : il if-si ïî>S. f f ylPsy PS sfSss IPassf, sPài: PsiliS y S:Si*S<S«lL:!iiSiiSS:Sali!a|SlSlSS:S:.:::::: SP «ifi! fiiSiS: f f |;||if f i p l f l f iiif ifp l l i f f :,; i f iSïips; p f gIfm i li|||if ;||||§|pp|§ff||s:::: : Psssàas:;sP|ïslssyaiSpsfssipfsp|pfSf|: y i à f a as af aails ipaiiia ifpiasssssss.>.: *. f i i i p s Ifgss p f i a f p f i f l l l p l s sfafiiaiy : Msillssi k s p i à a s s s f IsàsïfSsSSay. ; SfPSis «iiàï p P i ' i S p P s SSSSSf fsysfisai plsiS iSialss* , siiSSS>S. SylÇ ySl|SSfS p i f f a i f f i f s i S sissiisfapa|.;: sais. sipaS:sf sils :.: ^ p i . psi pif: |l|siy : p f g | f i f l i f l l f i i f i l l i l l l l l l l l l l l I f ssilas, S* 'f^k^M^^M^^^^^^^^^k^^^M l Cialilailà si SSfPIflllllili:IlWlÊÊkW&lÊklkWÊÊÊ |: sas, p i l a ifsP::Ssiiss:pfa!aa|sspif | f ffSyyïaaaaiiiais | issus ; ^.^^M^k^-^^^^^^k^k^k^^k^^M ! fïss' isp f à ^k^k$:$0^-^ikiM^^^^k^^k^^^k^kW^^i : f i i!s*'i*a lalislls W^k^^^M^^^^^^^^^k^^^^ | : f s, p p p p f p a s i i p iiifiiflaii a f l i f i p j i i i i i i i i i i i i fssffiifisSiaPiPisfpiiiaiiifpiiaip :;!> r : ;;:y|ai|||||;l;|||ll|||||||||||ll^ [ -i^kkk]^j^^k^k^^0^j^^k^^^k%%^^k^k^^Ê: Pis» isisp ai' a<sfafsfs|a:pyi!yfissi||afiisiaiia fiiPifppail!iiiii|pPiiiiiif p f f i p i f I f ! | |I p l l f l i f i^iy^s^yfiaal:ïplll:i: :|i|il|fiaai:ifsai|ifa|p|ffii|^ fiiSypSfp^^ LES TRISTES. 69« m'accoutumer à ces eaux (1 ); le sol même éveille gner une vie à son terme, permettre au moins en moi je ne sais quels dégoûts; point de que je fusse inhumé dans ma patrie, soit en difmaisons commodes, point d'aliments con- férant mon exil jusqu'à ma mort, soit en prévenables à un malade, personne qui appli- cipitant celle-ci pour prévenir mon exil? Naque à me soulager l'art du dieu de la médecine, guère encore je pouvais avoir vécu sans tache, nul ami qui me console et oppose le charme et c'est pour que je meure exilé qu'on a prode la conversation aux heures trop lentes à longé mes jours. s'écouler. Je languis, épuisé,aux dernières Je mourrai donc sur ces bords inconnus et limites et chez les derniers peuples du monde lointains, et l'horreur de ces lieux ajoutera à habité ; et, dans cet état de langueur, tous les l'horreur du trépas. Ce n'est pas sur mon lit dbjetsqui me manquent se retracent à mon sou- accoutumé que reposera mon corps languisvenir. Mais tu les domines tous, chère épouse, sant (2); je n'aurai personne pour pleurer à mes et tu remplis à toi seule plus de la moitié de funérailles ; je n'aurai pas ma bien-aimée pour mon cœur. Lorsqu'absente, je te parle, c'est arrêter un instant mon âme fugitive avec ses toi seule que ma voix appelle; chaque nuit, et baisers mêlés de larmes, personne pour rechaque jour après elle, m'apporte ton image; cueillir mes dernières volontés, pas même une on dit même que, dans mes égaremenis, ton main amie pour clore, après un dernier appel à nom sortait sans cesse de ma bouche en délire. la vie (5), mes paupières vacillantes; enfin,privé Lors même que mesforcesm'abandonneraient, des honneurs funèbres, privé des honneurs et qu'un vin généreux ne pourrait plus ranimer d'un tombeau et des larmes d'autrui, mon corps ma langue colléeà mon palais, à la nouvelle delà sera confié à la terre de ce pays barbare. venue de ma bien- aimée, je revivrais à l'instant, Sans doute qu'à ce récit tu sentiras ton eset l'espérance de le voir me prêteraitdes forces. prit s'égarer, et frapperas de tes mains tremJe suis donc ici entre la vie et la mort; et toi blantes ta chaste poitrine; sans doute que tu peut-être là-bas, oublieuse de ce qui me touche, étendras inutilement tes bras vers ces contrées, tu passes agréablement tes jours. Mais non, et qu'inutilement encore tu appelleras à grands chère épouse, je le sais, je l'affirme, tesjours sans cris ton malheureux époux! Mais non; ne moi ne peuvent s'écouler que dans la tristesse. meurtris pas ainsi ton visage, et n'arrache pas Si pourtant lesannéesquelesortm'acomptees tes cheveux, car ce n'est pas la première fois, sont révolues, si mafinest réellement si pro- âme de ma vie, que tu m'auras perdu. En quitchaine, nepouviez-vous, grands dieux, épar- tant ma patrie, j'étais déjà mort, tu le sais, et Terraque neicio qno non plaçât ipsa modo. Non domus apta aatis : non hic cibus utilia aegro : Nnllna Apollinea qui levât arte malum. Non qui aoletur, non qui labentia tarde Tempora narrando fallat, ainicua adest. Lataua in extremis jaceo populisque locisque : Et subit adfeclo nunc inihi quidquid abest. Omnia cum subeant, vincis tamen omnia conjux : Et plus in nostro pectore parte tenes. Te loquor absentent ; te vox mea nominal unam : Nulla venitsinete noxmihi ; nulla dies. Quin etiam sic me dicunt aliéna locutum , Ut foret amentis nomen in ore tuum. Si jani deflciam, suppressaque lingua palato Vix instillato restituenda mero ; Nuntiet hue aliquis dominant venisse ; resurgam : Spesque lui nobis causa vigoris erit. Ergo ego sum vitas dubius : tu forsitan illic Jucundum nostri nescia tempus agis. Non agis, affirmo : liquet hoc, carissima, nobis, Tempus agi sine me non niai triste tibi. Si tamen implevit mea sors quos debuit annos, Et mibi vivendi tant cito finis adest ; Qnantnm erat, o magni, peritnro parcere, divi, Ctsaltem patria contumularer humo 1 Vel pœna in mortis tempus dilata fuisset, Vel prateepisset mors properata fugam. Integer hanc potui nuper bene reddere lucem : Exsul ut occiderem , nunc mihi vita data est. Tam procul ignotis igitur moriemur in oris, Et fient ipso tristia fa ta loco? Nec mea consueto languescent corpora lecto? Depositum nec me qui fleat ullus erit ? Nec dominai lacrymis in nostra cadentibus ora Accèdent animât tempora par va méat? Nec mandata dabo ? nec cum clamore supremo Languentes oculos claudet arnica menus ? Sed sine funeribus caput hoc, sine honore sepulcri Indeploratnm barbara terra teget? Ecquid ut audieris, tota turbabere mente , El feries pavida pectora fida manu ? «r Ecquid in has frustra tendens tua brachia partes, Clamobis miseri nomen inane viri ? Parce tamen lacerare gênas : nec scinde capillos. Non tibi nunc primum, lux mea, raptus ero. Quum patriam amisi, tura me periisse putato : SS tilSî OVJltJi. eélse steti Isij; poste stses p ps-sesisès-e ai la pissa I wes ses-oos pesse spbï dâ î p p | : | | i | | ; | 0 | i | | | | | | j | | | msellse Mssisstésesai, s-ï as h pésts, ssesis te sse I ts-ss et pi ses disralsle, et, s p | I | | | | f : ; | J | | | | p | | | | J lossénx paa, is-nds-e épeesst, pejeses-Ksi dé eele s seestst tast, je trfess s-éfxdé | | f : J | | p l | i | l i i p | ilssse ssses ssassxx ssvsei saa vis. Ce spse m pass, Hlàiasissasr à iesjt espesis' àû s l i s i f l l l l l l l i i l l l l slss rnebs, c'est d'albper Set séesse pas- ses> s>:>ss~ | liât Pistss- sel, pesie asse sâa t s s l s l | l l | l § | | | | f | i | | râpe à Ses seppenee ; es iàspeb lessptsisepa Sssss cessas- ss'est pies ssoviee sbsss e<?s set-tés si'éps-ess- ttksèbs-sss (s); répssssiss-: v lfe'És?ât|i||s^^s^s^;;^|; 've«, Fiât ssts ciel ip.se baisse psb-U avec le eerps, set !sa ssses ; sps.e sis sse ssâss édifi | | | | | | | | | : ; | ^ | | | | sntpj'ssseiiïis psss'iie sle sssass èisse ss'ëelsaptsk à es ssïs eessslstss, ee sdisieèpsëplfis^^ ' -"'::'ï::,:::'::: ' : S : :' s s v : f|llllllll| âsïsssssse devises site! eas- si riisste, vsesesiessts de ssble ss sa psèië. •bise rasa ésseos-st laessâésbp I ë l a s s l | J l i | l i | | i | l h sitesé, a'esstssie slasss feapaee, et ssas! la sisis> \MkJi^e^^^^M§^^E tsiess dis viestlssed dit Sssiîâsï sais eés'éalsle, sase hsdsdoe ëpesssée sa ma : emlste éossssÎBSï. essai, stsedaiisiseelisâs-ee ëies'- isîssesst pissa la â^fe'de'sdît;Wf |iiJ|^^|il|^^;; seîSittssesS: passsd las eaieres assrsssstes, éisass- î e'ssst pesit-ésee sas dés-aièëp p l s p | | i | | | J | | | | | | piss-e sas sailléts sis? tes sssassee bsssîxsrés., | ess ésiliésspe slssepse! jâ'gë\slsâtspÉ^sj§|||sJs}^i^^|;; Pais Srasssptseisie s Esseee sssss» eessds-e:; dises \ 1« iiiSsïllllllltllll isssâ «esté ssssssètssa, asks pâe je sse sseis psss salis! | ...,<™ts,"" ¥>::-:-:pep||||||||||| essessssî sprés S:SS;î sssest ; perte ssast sse pesst ii'ess I fllllllllllil iïssipês-Jsiise Usse psisseexse thébsète ;s iisii jasils l 'É'LÈêlE" ;:: i:?P s 'l!'' ¥ lillllllllll: : : : essssyesjsp sss dépit *is:s> osai «sa si'sssi sel Isslsse I : :;' : ':fllllllllil ?ssàmvsssts lèèee t%tss-pse, sslâie à tsss-a sa'sskeeslss i !> tés sps jPsi s<sss|ssets â^tsej'|i!s^sjs||j^^^p| iéssiliis et sis la pssesise dieesseissis, es slépstae- I spse je ss'as Pàes appssbië sjstë siiiâflis|ll|||p|l lés sxisisise psbs slea mura sis la. ellle (4-1; pssk, I es slsspssls sss d!p|sâse, s i t s s - ^ pesss1 isssèsss? «ss îssalasss Iss sepaecla nspltspsiss s essi Etats-an p;sétes.éësks5âsdspt|s s p||||^ pssaassss, ss&eeîa, es, ps-ea siss-sssses-sss^sssi-le sisas-- s itsss blssis Isslss sls-a gâsissls:,;8atiis|f:'sipij^^^^;ij bs-e ssa sssasbeass : * €i-$st l>; elsasslsas sista sess- s et, eetasst sptss |ests!blë, ë é s â ; e e l ; p j | | | | | p i | | i sleeasiitssstseSv ihèle, spts péi-st vsétsasé dé sess | de sssljsiijs' lé pissa spdSIééS•'':J|sni;fjplsi^^^^Kl .gèr-h* IbtsaasiS, as iss ssa jsssssala alstssL sse rss&ae j i.sasiixxssisiïea|>sdaaass^^^ pas sie sis sss; s Pals. à. laeassdéési'OaisIe! > I ssiasêts-s-sssales, stssis jeêétidsp^ Oise ssat sssssst psseé sisess ëpàpplssî ; séeé sass» i dss spsissssaspist -pmi mm dsé ISdts|lt:;pi:;||||||| Ils psan-, si pssavisst sssess Sali iiia saslss. P a a a , s; Sasta paies , e-à SasSi paies, epSisjia eàipii ëssiiiis «s^ee Sas sssilsS ssasia ssiaSis> passa paie*, esitsssfs» SVaà! .sasîs SaéPsSasasaSss; ;\>:i sBek< jassisssifcss sea yasie jssatas sttl>ss. Sapa; isiassa pssessss asl«Sa> asiés Saspéss aseltai Siitsspisiipa: assàsésaaSSiSSé sàsStia S\«;S*-1 Pssss si asaeSavstsés saeiSBiis salstsls-iiséi aaSasss Sjpis'sias, et d s | ê s pséS ésladIOt p i é i t l : SéSas dséiiiaspas iléspissiïs tspeiSSsp «eSIéss, Staspi? Peas MtsiP SSaspits steif as érsl. SSsss Ssvasa Ssi.-tSsspsass.seSaisassiiaiss aaas. Siae&sj ssasï ets&sss ssscs-Sttas essai sse, Psa saiaS- isav-'pils'S0""'' : S-S'sSsaai Tiiptisas peiasa| Peppasa:! i,,aîala, csppi VàtsSSSa. «a'eï, t.SiSSSesssaas taies eS saiesai pïiSsesa isslït* s ! | | | $ e s seSPaleise sessiilia passa sale, tijeàepia Sagst yisassis: peele ptapatsesé spiat épi Pfsssdiiasa sss iSéSSSéltsetsssissïaspistepstSsi : s: istiaisp» pie jp;sdiS|Sipte|j# : lëp|||S|Sj|ssëi: pi': • s SeipiSié'tPiiëtiOsétpiielti''sissdfepiieiëeiïii e t S|la:sSatSlpéestiPeiattleità pspsisiiissxsaSsasS* :i : Itisse,; dasëad SssélllSisf asssëSSIISlsP- S âsie sisis sis SiésSeasS., SsSsësssi spt|Ssss:|lidisét!W!: S ils àiiéiisas aiàgSsssStiS eesiséiaeedissiepiti:::ii:!i S Ù»'» spe eeiSë», spïséitls eppppd;ë||tp|j|;!|:|;: 1 iSaawa > eiaésSés'i SaiS!p5se'|aapalssillii|??iils:'?:::::::| j 'ta isesess essSsesia Istaiss ssséssasp'OtlPëPidSiWi ; tSsi;aa Sais Oàèïsais paiSiSét SéSttiëateliitïiiiiiiiii S ppssia s Is sss *S aéséas apspiss 'sSiissatptSisgpp:|ëï'p;ë | Sass iiaS af iiaiasa .esaïaSa iatslla pisipp j | | | : ; Jl;: : ::|: I kfsiiiafé plats IsOiS ; ssaS t s é esilst:Oip!|si|SS!ISlie! ! PltSBaàs vlséss, deepsssl:l|eptp:ptptp:t?t!!s!tl::: I ëwslpis sapieasadsaissiSs bsistbOiPilililéOOlIII: i iieail, s!àS f|ai sssItSst, Sala dsttttpssitl'Itiatt î .itiiiât;tSi!P!:SH;:lët:i:l:|:l|:|| S tsssiiSsisaaaspsslisssésstsspas,'aspieissiipspdâpS: I - SOppaie, tst pasSSjssiSié psttts|pptl|psip|:|:t| I Isisaisa ssslïsetsi ai spsipssSSaSpitSeSppppspaplltlttt: S tssa d | s â t t t b e p t e ë é s s d j i s s d | | | : b S Pste SîSss, iS^aSaSpsssiSSSlPpiieipptPlsSdsl^ I. :Oes:sssé:sst*sésSd:tel*SseSsiels:tO I dssss !;ss:disisptSp:t||p|pSêetpl:SdiE^ S Psas péslSss:ibeaSe:s!:psssttesPSe:pppteB;|:iïï:lï 697 LES TRISTES. voile de ton ambition ; car tu mérites de parnés qui s'élèvent à une hauteur modeste échappent aux coups de la tempête; une large voile courir le chemin de la vie sans te heurter dans a plus à craindre qu'une petite; vois l'écorce le voyage, et de jouir d'une destinée sans troulégère flotter à la surface de l'onde, tandis que ble. Ces vœux que je forme pour toi te sont le poids attaché au filet l'entraîne au fond des bien dus pour prix de la tendresse et du déeaux. Si moi qui donne ici des avis aux autres vouement que tu m'as témoignés, et dont le j'en avais moi-même reçu le premier, peut-être souvenir ne s'effacera jamais de ma mémoire. Je serais-je encore à Rome, où je devais être toute t'ai vu pleurer mon malheur avec une expresma vie. Tant que je me suis borné à ta société, sion aussi vraie que l'était sans doute celle emet ne me suis confié qu'au souffle du zéphyr, preinte sur ma proprefigure; j'ai senti tes larma barque a vogué tranquillement sur les flots mes couler sur mes joues, et je m'en suis paisibles : celui qui tombe en marchant sur une abreuvé, comme aussi de tes protestations de route unie (ce qui arrive assez rarement) se fidélité ; maintenant tu défends de ton mieux relève bientôt sans avoir presque touché la ton ami absent, et tu soulages une détresse qui terre; mais le malheureux Elpenor, tombé du n'est guère en étal d'être soulagée. Vis à l'abri faite d'un palais, apparut ensuite ombre légère de l'envie, coule des jours sans gloire, mais aux regards de son roi. Pourquoi Dédale agita- aussi sans orage, et ne cherche d'ami que parmi l-il sans danger ses ailes, et qu'au contraire tes égaux ; aime de ton cher Ovide ce qui seul Icare donna son nom à une vaste mer? c'est que n'a point encore été banni de Rome, c'est-à-dire celui-ci prit un essor élevé, et celui-là un vol son nom ; la Scythie, le Pont possèdent tout le plus humble ; car enfin ils n'avaient, l'un et reste. J'habite une contrée voisine de la constellation de l'Ourse d'Érymanthe, une terre l'autre, que des ailes artificielles. Crois-moi, vivre ignoré, c'est vivre heureux, desséchée par un froid continuel. Plus loin sont et chacun doit se maintenir dans les limites de sa le Bosphore, le Tanaïs, les marais de la Scycondition. Eumède n'eût pas perdu son fils si thie, et puis encore quelques lieux sans nom, ce jeune insensé n'eût désiré les coursiers d'A- et presque inconnus ; au-delà, il n'y a rien que chille; Mérope n'aurait pas vu son fils dévoré des glaces inhabitables. Hélas! que je suis par la foudre, et ses filles changées en arbres, près des dernières limites du monde! et que je si Phaéton s'était contenté de l'avoir pour père. suis loin de ma patrie, de mon épouse chéEl toi aussi, crains de prendre un essor trop rie et de tout ce qu'après elles j'ai de plus cher élevé, et, instruit par ces exemples, resserre la ici-bas! Et pourtant, si à cause de leur éloigneEfTugit hibernas demissa antenna procellas , Lataque plus parvis vêla timoris habent. Aspicis ut summa cortex lavis innatet unda , Cum grave nexa simul retia mergat onus ? Hsc ego si, mouitor, monilus prius ipse fuisseni. In qua debueram forsitan urbe forein. Dum tecum vixi, dum nie levis aura fercbat, Hœc mea per placidas cymba cucurrit aquas. Qui cadil in plauo, vix hoc tainen evenil ipsum, Sic cadit, ut tacta surgere possit humo : At miser Elpenor tecto delapsus ab alto , Occurrit régi debilis umbra suo. Quid fuit ut tutas agilaret Dœdalus alas, Irarua immensas nomine signet aquas? Nenipe quod hic site, demissius iile volabat : Nain pennas ambo non habueresuas. Grede mihi, benequi latuit, bene vixit : et infra Fortunam débet quisque jnanere suam Non forei Eumedes orbus, si filius ejus Stullus Achilleos non adamasset equos : Nec natum in flaiiiina vidisset, in arbore notas . Gepisset genitor si Phaethonla Mcrops. Tu quoque formida nimiuin subliuiia semper, Propositique inemor contrahe vêla tui. Nam pede inolTenso spatium derurrere vita; Dignus es , et fato candidiore frai. Qus pro te ut voveani miti pielate mereris , Hœsuraque mihi tempus in omne fide. Vidi ego te tali vultu mea fata geinentem , Qualem credibilc est ore fuisse meo. Nostra tuas vidi Iacrymas super ora cadenles, Tempore quas uno tidaque verba bibi. Nunc quoque submotum studio défendis amicum , Et mala vix ulla parte Ievanda levas. Vive sine invidia, mollesque inglorius annos Exige : amicitias et tibi junge pares : Nasonisque tui, quod adhuc non exsulat unum , Nomen ama. Scythicus estera Pontus habet. Proxima sideribus tellus Erymanthidos Gras Me tenet; adstricto terra perusta gelu. _*, Bosporos et Tanais superant, Scythicsque paliides, Vixque satis noti nomina pauca loci. Ulterius uihil est, niai non habitabile frigua. Heu I quam vicina est ultima terra mihi ! At longe patria est : longe carissima conjux , Quidqnid et hsc nobis post duo dulce fuit. 54 OVIDE. ment je ne puis les toucher de la main, mon imagination les contemple tous! Ma maison, Borne, la figure des lieux et les scènes diverses dont ils furent successivement le théâtre, passent devant mes yeux tour à tour ; devant mes yeux, par une douce illusion, mon épouse est toujours présente; mon épouse, à la fois mon tourment et ma consolation ! mon tourment par son absence, ma consolation par l'amour qu'elle me prodigue, et par sa constance à soutenir le fardeau qui l'accable. Et vous aussi, vous avez toujours votre place dans mon cœur, chers amis que je voudrais pouvoir désigner chacun par son nom ; mais la crainte de vous compromettre arrête ma reconnaissance, et je doute que vous consentiez vous-mêmes à être nommés dans mes vers. Vous le vouliez autrefois, et vous regardiez comme une distinctionflatteuseque mes poésies offrissent vos noms au public; aujourd'hui, puisqu'il y aurait imprudence à le faire, je m'adresse à chacun de vous dans le secret de mon cœur, et je ne serai pour personne un sujet d'effroi ; mon vers n'ira point, par ses révélations, vous traîner au grand jour, et vous qui m'aimez avec mystère, continuez à W aimer ainsi; mais sachez bien que, quelque distance qui me sépare de vous, je vous ai toujours présents à ma pensée. Cherchez, chacun suivant son pouvoir, à rendre mes maux moins pesants, et ne me refusez pas, dans mon abat- tement, l'appui de votre mainfidèle; puisse, en retour, le sort vous être toujours prospère, ei puissiez-vous n'être jamais forcés, par un malheur semblable au mien, à implorer l'assistance d'autrui ! ' Sic tamen bac absent, ut qua conlingere uou est Gorpore ; tint animo cuncla videnda meo. An te oculoa errant domus, urbs, et forma locorum, Sucoednntque sais singula facta locis. Conjugii ante oculoa, sic ut prœsentis, imago est. 111a meos casus ingravat, illa levai : Ingravatboc, quod abest: levât hoc, quod prœstatamorem, Impositumquc aibi Arma tuetur onua. Vos quoque pectoribua nostris hœretis, amici, Dicere quos cupio nomine quemque auo : Sed timor officium cautua compescit ; et ipsos In nostro poni carminé nolle pulo. Ante volebatia, gratique erat instar honoria Versibu8 in nostris nomina vestraJegi. Quod quoniam est anceps, intra mea pectora quemque Adloquar, et nulli causa timoris.ero. Nec meut indicio latitantes versus amicoa Protrlbet. Occulte ai quia amavit ,'amet. Scite tamen, quamvia longa regione remotua Abaim , voa anime aemper adesse meo. Et quant qniaque poteat, aliqna mala noatra levate : Fidam projeato neve negate manum. Prospéra sic vobia maneat fortuna , nec unquam Contacti simili aorte rogetis bpem I ÉLÉGIE V. J'avais si peu cultivé notre amitié jusqu'ici, que tu aurais pu sans peine la désavouer ; et peut-être cette liaison ne se fût-elle jamais resserrée, si ma barque eût continué à voguer par un bon vent. Lorsque je tombai, et que tous, craignant d'être enveloppés dans ma ruine, s'enfuirent et tournèrent ledos à l'amitié malheureuse, tu osas, au contraire, approcher de l'homme qui venait d'être frappé par la fondre, etentrer dans samaison livrée au désespoir; ami d'un jour et que j'avais peu fréquenté jusqu'alors, tu fis pour moi ce qu'ont fait à peine deux ou trois de mes anciens amis. Je vis l'émotion peinte sur tafigure,et celte vue me frappa ; je vis tes joues baignées de pleurs et plus pâles que les miennes; et comme tes larmes se mr> laient à tes paroles, ma bouche s'abreuvait d'e larmes, et mon oreille de paroles. J'ai senti autour de mon cou l'étreinte sympathique de tes bras, et j'aiYeçu tes baisers entrecoupés de sanglots. Dans mon absence, tu défends aussi mes intérêts de tout ton pouvoir, chef ELEGlA V. Usus amicitiœ tecura mibi parvua, ut illam Non œgre poaaea dis6imulare, fuit : Ni me complexus vinclia propioribua eaaea ; Nave mea vento foraau eunte auo. Ut cecidi, cuuctique metu fugere ruina, Verssque amicitiœ terga dedere meœ ; Auausea igné Jovia percossum tangere corpus, Et deploratœ limen adiré domus. Idque recens prœstas , nec longo cognitus uau, Quod veterum misero vix duo treave mibi. Vidi ego confuaoa vultua ; visoaque uotavi : Oaque madens fletu, pallidiuaque meo : Et lacrymaa cernens in singula verba cadentes; Ore meo lacrymaa, auribua illa bibi : Brachiaque accepi mœato pendeutia collo, Et aiugultatia oscula mista aonia. Sum quoque, ebare, tuis de[euaua viribut abseua ; 17 LES TRISTES. 699 smi p s -433k 45453? le moi 4-3383- u-sk'-ka- i-kx k ! k 55884I84* 434- ,343544ÏÎ4 84.331 5345§3,4l'X -S44t.-54.444.-8444-3443, ( « W Î « « \ ?( 3438 dyîîJs*^ 8534-854* d k t m w k>4|34kS4 1 844W ! a44k3 4p3k4|44e8>t4.-43ï- 455* 54,33443 , f t m t m dk 3.843 ïi«;;x>xcxskB 33543*3.5 RIS^PNX-îS , € W 455545554 4,4545-4-338 4-3444S 4-|44t34S444-33t sVs43 p053î 8tt *k?8t fe cxfsx>rv<\sk a jamax k xs-sjxxsr, 3343 X-S4- 54a4-3pas33454.4fV. .sV 5J%.44 ï>8:4<3S3:4vS4ï4-3 |\^x5^, l*slB.ax k-*, dk*4x tksxxxke à-XX, tk- e r a P 34 35\4- <k 04-5i58 , 4-p4Ï 44-53 444445455 IV^s^tkBa* d u ï-JBW j-^sxok | > î B k p r 44-3331 45443 k; &xd «-km. f3X834k X s 5 ks- ; y34- 33 a 844*34 k i t , p 533kJ 5548435-3 p p k v r s s» leserees- i t x j - x k . ^ k s ^ x ^ s - x s f U 5 p -4V5N- 4--4-335X4T3X$SX4S:, 5-3 j355845*s 4334 3344,-5 X5klïx PksVsVs ' ?-x s.5i «i<5 d«kS5xk% as ,3454-33- 344j54.ii4-43\ s S \- N i -,444435 f5,« 334:4 ) 544t4-i444 4543333. 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Corpora magnanimo salis est prostrssse leoni : Pugna suum finem, cum jacet hostis, habet. Al lupus, et turpes instant morientibus usai, Et qua-cumque minor nobilitate fera est. Majnsapud Trojam forti quid babemus Achille? Dardanii lacrymaa non lulit ille senis. Quœ ducis ASmathii fuerit démentis, Poros, Praedariqoe docent funeria exseqais. Neve hominum referam flexas ad mitius iras ; Junonis gêner est, qui prias hostis erat. Dépique non possum nullam sperare salutem, Cum pœnœ non ait causa cruenla m e s . Non mihi quœrenti pesaumdare cuncta, patitum Cessareum caput est, quod caput orbis erat. Non aliquid dixi, violentaque lingua locuta est, Lapsaque sunt nimio verba profana mero. Inscia quod crimen viderunt lumina, plectoç : Peccatumque oculos est habuisse meum. Non equidein totam possim defendere-eulpam : Sed partem nostri criminia error babet. Spes igjtur superest, facturum ut molliat ipae Mutati pœnam conditione loci. Hune utinam nilidi solis praenuntiua ortnm Afferai admisse Inciter albus eqno. ELEGIA VI. Foadus amicitias nec vis, rarissime, nostrsa, Nec, si forte velis, dissimulare potes. Donec eniin licuit, nec te mihi carior aller, Nec tibi me tota junctior urbe fujt. 700 OVIDE. Notre liaison était si publique et si déclarée, qu'elle était en quelque sorte plus connue que nous-mêmes. La candeur de les sentiments envers les amis ne fut pas ignorée de ce mortel, objet de ta vénération. Tu n'étais pas tellement réservé que je ne fusse ton confident: mon cœur était le dépositaire d'une foule de les secrets : à toi seul aussi je racontais tous les miens, excepté celui qui a causé ma perte. Ce secretlà, si tu l'avais su, tu jouirais de ma présence et de mon bonheur, car tes conseils m'auraient sauvé, niais non, ma destinée me poussait vers l'abime, et c'est elle encore qui me ferme toute voie de salut. Maintenant, que la prudence ait pu prévenir ce malheur, ou que toute sagesse soit impuissante contre la destinée, qu'importe? Mais toi qui m'es attaché par une si vieille intimité, toi dont l'ëloignement me cause les plus vifs regrets, ne m'oublie pas; et si tuas quelque crédit fais-en l'essai, je t'en supplie, eu ma faveur ; tâche d'apaiser le courroux du dieu que j'ai provoqué, d'obtenir un changement d'exil qui adoucisse ma peine; insiste sur la pureté de mes intentions et sur ce qu'il y a d'involontaire dans mon crime. 11 ne serait ni facile ni prudent de t'expliquercommenlmes regards prirent une direction fatale ; mon urne craint ce souvenir, qui rouvre mes blessures, et réveille des douleurs assoupies. D'ailleurs tous les faits auxquels j'attache tant de honte doivent rester ensevelis dans une nuit profonde. Je ne déclarerai donc rien que ma faute, en ajoutant qu'aucun intérêt personnel ne me l'a fait commettre , et que mon crime, si l'on veut lui restituer son nom véritable, doit être appelé simplement une étourderie. Si je mens, cherche un lieu d'exil encore plus éloigné, et auprès duquel le pays que j'habite soit un faubourg de Rome. laque erat usque adeo populo testa lu», ut esset Pâme magi» quant tu , quatnque ego, notua ainor. Quique erat in caria animi tibi candor auticia, Cognitua eat iali, quem colia ipae, vira. Nil ita celabaa, ut non ego conariua eaaem, Pectoribuaque dabas mulla tegenda nteia. Ouique ego norrabam secreti quidquid habebain , Excepto, quod me perdidit, unus eraa. Id quoque ai acisses , aalvo fruerere aodali, Conailioque forent aoapea, amice, tuo. Sed niea me in prenant nimirum fats trabebant: Onine bonat clauflunt utilitatia iter. Sive inalum potui tamen hoc vitare cavendo, Seu ratio fatum vincere nulla valet ; Tu tamen, o nobia uau junctiaaime longo. Para desiderii maxima paene mei, Sia mentor : et si quas fecit tibi gratia vires. Illaa pro nobia experiare rogo : Nuininis utlœai fiât mansuctior ira , Mutatoque minor ait mea pœna loco. Idque ita, ai nullum acelua eat in pectorc noatro, Principiumque mei criminia error habet. Nec levé, nec tutum eat, quo aint mca dicerc caau Lumina funeati conacia facta mali. Mensquc reformidat, veluti sua vulnera , tempua lllud : et admonitu fit uovua ipae dolor. Et quaecumque adeo posaunt adferre pudorem, 111a tegi cœca condita nocte decet. Nil igittir référant, niai me peccasse ; aed illo Pratmia peccato nulla petita mihi : Stultitiamque meum crimen debere vocari, Nomina ai facto reddere vera velia. Quai si non ita sunt, alium, quo longiua alwini , Quatre, suburbana bœcsit niibi terra , locum. ÉLÉGIE VU. Va saluer Périlla, lettre écrite à la hâte et fidèle messagère de mes paroles. Tu la trouveras auprès de sa mère chérie, ou bien au milieu de ses livres et dans la société des Muses. A l'annonce de ton arrivée, elle suspendra tout travail, et demandera vite quel sujet t'amène et ce que je deviens. Tu lui diras que je vis encore, mais d'une vie à laquelle je préférerais la mort; que le temps n'a apporté aucun soulagement à ma peine ; que pourtant je suis revenu , aux Muses, malgré le mal qu'elles m'ont fait, et que je rassemble encore des mots propres à former mes distiques. Mais loi, lui diras-tu, es-tu fidèle à nos communes éludes? Écris-tu de doctes vers dans un idiome autre que celui ELEGIA VII. Vade salutatum subito, perarala, Perillam Littera , aermouis fida ntinialra mei. Aut illam inveniea dttlci cum matre sedentem , Aul iuter libros Pieridaaque suas. Quidquid aget, cum le scierit veniase, relinquel : Nec mora , quid venias , quidve requiret, agam. ' Vivere me dires : sed sic, ut vivere nolim : Nec mala la m longa nostra levata mora. Et tamen ad Musas, quamvia noruerc, reverti , Aptaquc in allernos cogère verba pedes. Tu quoque, die, studiis cnminunibua ecquid inhaeres , lloctaque non patrio caimina muni canis? Nain tibi cum facie mores natura pudicos, 13 LES TRISTES. 701 de ta patrie? Car outre la beauté, tu dois à la belle, et loi de gémir et d'accuser ton miroir nature et aux destins des mœurs chastes, des d'infidélité. Ta fortune est médiocre, quoique qualités rares et le génie enfin ! C'est moi qui le tu sois digne de l'opulence ; mais supposons premier t'ai conduite sur les bords del'Hippo- qu'elle soit des plus considérables, c'est encore crène.pour sauver d'un anéantissement fâcheux la un de ces avantages que le hasard donne et cette veine féconde. C'est moi qui le premier reprend à son gré. Tel est un Crésus aujourdécouvris le génie dans les premières inspira- d'hui, qui demain sera un Irus. Pourquoi ces tions de la jeunesse, et je fus à la fois, comme un exemples? tous nos biens sont périssables, père l'eût été de safille,le guide et le compagnon excepté ceux du cœur et de l'esprit. Ainsi, moi, de tes études. Si tu conserves encore ce feu de la privé de ma patrie, de vous, de mes pénates, poésie, certes la Muse de Lesbos pourra seule moi que l'on a dépouillé de tout ce qu'on pouêtre ton maître. Mais je crains que mon malheur vait me ravir, je trouve ma société et mes jouisn'arrête ton essor, etque lonâme, depuis ma ca- sances dans les facultés de mon esprit: César tastrophe, ne soit plongée dans l'inaction. Tant n'a pu étendre ses droits jusque sur lui. Que que je fus là, tu me lisais souvent tes ébauches, le glaive impitoyable vienne à trancher mes et je te lisais les miennes. J'étais tour à tour ton jours, Ovide mort, sa gloire lui survivra ; et juge et ton précepteur; je prétais l'oreille à tes tant que Rome victorieuse, Rome, fille de productions nouvelles, et si j'y surprenais quel- Mars, verra du haut de ses collines l'univers que endroit faible, je t'en faisais rougir. Peut- subjugué, j'aurai des lecteurs. Evite donc aussi, être le mal que j'ai recueilli de mes vers l'a-t-il ( et puisse-t-il rester de ton talent des produits fait craindre une destinée pareille à la mienne. plus heureux que les miens ), évite d'être un Ne crains rien, Périlla, mais que tes écrits jour tout entière la proie du bûcher. n'aillent pas jeter le désordre dans le cœur d'une femme, ni lui donner des leçons d'amour. Loin de toi donc, o docte femme, tout prétexte d'oisiveté, et reprends l'étude des beauxÉLÉGIE VIII. arts, ton culte favori. Ta figure charmante subira l'outrage des ans; les rides imprimeront Que ne puis-je m'élancer sur le char de unjour ton âge sur ton front. Ta beauté sera Triptolème, qui le premier ensemença la terre profanée par la main flétrissante delà vieillesse jusqu'alors inculte? Que ne puis-je atteler les aux pas lents et sourds; on dira : Elle était dragons dont Médée se servit pour fuir, ô CcEt ram doles ingeniumque dédit. Hoc ego Pegasidas deduii primu» ad undaa , Ne maie fecundœ vena periret aqua> : Priinus id aspexi teneris in Virginia annis : tltque palet venta duxque eomesque fui. Ergo ai rémanent ignés tibi pectoria Idem, Sola tunm valea Lealia vincet opus. Sed vereor ne te mea nunc forluna retardet, Poatque meos caaua ait tibi pectus iners. Dura licuit, tua stepe mihi, tibi noatra legebam : Savpe tui judex, atape magisler eram. Aut ego prtebebam factis modo versibus aures, Aut ubi cesaaraa, caussa ruboris eram. Porsitan exemplo , quia me lœsere libella, Tu quoque ais pceiiœ iata secuta meœ. Pone, Perilla, metu m : lantummodo Temina non ait . Dévia, nec acriptia discal «mare luis. Ergo deaidita remove doclisaima causas lnque bonaa a ries, et tua sacra redi. Ista decena faciès longia viliabilur annis : Rugaqne in antique fronte senilis erit : Injicietque manum forme damaosa seuectus. Qnip atrepitum pawn non facienle venil. Cumquo aliquis dicet, Fuit base formoaa ; dolebis : ' Et tpeeulum mendax esse querere ttium. Sunt tibi opes modicaj, cum sis dignissima magnis. Finge sed immensis eensibus esse pares : Nempe dat id cuicumque libet forluna, rapitqne : Irus et est subito , qui modo Crcesus erat. Singula quid referam ? nil non moi laie tenemus , Pectoris exceptis ingeniique bonis. En ego cum patrio caream, vobisque domoque , Raptaque sint, adimi qute poluere, mihi ; Ingenio tamen ipse meo comilorque fruorque : Cajsar in hoc poluit juris habere nihil. Quilibel liane ssevo vitam mibi finiat ente ; Me tamen exstincto fa ma superstes erit. Dumque suis victrix oinnem de monlibus orbem Proapiciet domitum Martia Roma , legar. Tu quoque, quam studii maneat felicior usus , Effuge ventnros qua potes usque rogna. EI.EGIA VIII. Nunc ego Triptolemi cuperem conscendere currus , Misit in ignntam qni rude semen humum : 2 702 OVIDE. rinthe, de ta citadelle? Que ne puis-je enfin maigreur est telle que ma peau protégé à peine prendre tes ailes, ô Persee, ou bien les tiennes, mes os décharnés, et les aliments sont sans goût ô Dédale, pour fendre l'air d'un essor irrésis- pour mon palais. Cette pâleur dont les pretible et revoir tout à coup la terre de ma douce miers froids de l'automne frappent le feuijpatrie, ma maison abandonnée, mes fidèles lage est aujourd'hui la couleur de mes memamis et surtout les traits chéris de mon épouse! bres ; rien ne peut en raviver l'énergie, et Insensé I pourquoi t'arréter à des vœux jamais la douleur ne me permet d'interrompre puérils qu'aucun jour ne réalise et ne peut mes plaintes. réaliser ? Si tu as un vœu à former, Auguste Mon âme n'est pas en meilleur état que mop est le dieu que tu dois implorer : c'est à ce dieu, corps ; l'un et l'autre sont malades, et je subis dont tu as éprouvé la rigueur, qu'il faut une double torture. Devant moi se tient immoadresser tes prières; c'est lui qui peut te donner bile, et comme un être réel, l'image visible de ma des ailes ou un char rapide : qu'il ordonne ton destinée; etlorsque je vois ces lieux, les mœurs retour, et soudain tu prendras ton vol. de cette nation, son costume, son langage, et Si je demandais mon rappel (et je ne puis en que je compare mon présent et mon passé, jj effet demander rien de plus), je craindrais que me prend un si violent désir de la mort, queje mes vœux ne fussent pas assez modestes ; peut- me plains de la colère trop indulgente dé être un jour, quand Auguste aura épuisé sa colè- César et de ce qu'il n'a pas vengé ses outrages re, le moment viendra-t-il de lui faire cette de- par le fer. Mais puisqu'une première fois il a mande, sans trop compter encore sur le succès. usé de modération dans sa vengeance, puisseMais aujourd'hui, une faveur bien moindre, et t-il modérer encore les rigueurs de ma peiné, que je considère pourtant comme un grand bien- en changeant le lieu de mon exil ! lait, ce serait l'ordre que je changeasse d'exil; le ciel, l'eau, la terre , l'air, tout ici m'est contraire , et mon corps est en proie à une lanÉLÉGIE IX. gueur continuelle, soit que la maladie contagieuse de l'âme réagisse sur mon organisation Ici même ( qui le croirait? ) on trouve des physique et l'altère, ou que la cause de mon mal villes grecques parmi ces noms barbares, faite I soit dans le climat même. Depuis que j'habite peine pour une bouche humaine : une colonie le Pont, je suis tourmenté par l'insomnie, ma de Milet est venue jusqu'ici, et y a fondé un étà- Nunc ego Modes vellem frcoare dracones , Quoi habuit fugiens arce, Corinlhe, tua : Nuncegojactandas optarem sumere pennaa, Sive tuas, Perseu ; Dsdale, sive tuas : Ut tenera noatria cedente volatibus aura, Aapicerem patrie dulee repente solum , Deaertaaque domua vultum, memoreaque aodalea, Caraque prœcipue çonjugis ora m e s . S tut te, quid hsc frustra votia puerilibua optas, Que non ulla tibi fertque feretque diea ? Si semel optandum est, Augusti numen adora, Et quem sensiati, rite precare deum. 111e tibi pennaaque potesl currusque volucrea Tradere ; det reditum, protinus aies eris. Si precer hsc, neque eoim possum majora prerari, Ne mea-slot timeo vota modesla parum. Foraitan hoc olim, cum se satiaverit ira, Tune quoque sollicita mente rogandua erit. Quod minus interea est, instar mibi muneris ampli, Ex bis me jubeat quolibet ire locia. Née eslum, nec aqus faciunt, née terra, nec aune ; Et mibi perpetuus corpora languor habet. Seu vitiant artus egne eonUgia mentis, Sive mei causa est in regione mali : Ut tetigi Pontum, vexant insomnia : vixque Ossa tegit macies , nec juvat ora cibus. Quique per autumnum percussis frigore primo Est color in foliis, que nova lœsit hyems, la mea membra tenet : nec viribua adlevor ullis, Et nunquam queruli causa doloris abest. Nec meliua valeo quam corpore, mente ; sed sgra est Utraque para arque, binaque damna fera. Hsret et ante oculoa veluti apectabile corpus Adatat fortuns forma legenda mes. (numqiié Quumque, locum, moresque bominum , cultusque ; soGernimua; et quid sim , quid fuerimque subit; Tantus amur necis est, querar ut de Cssaris ira , Quod non offensas vindicet ense suas. At, quoniam semel est odio civiliter uaus, Mutato levior ait fuga nostra loco. ELEGIA IX. Hic quoque aunt igitur Omis, quia crederetî urbea, In ter inhumans nominafaerbaris? Hue quoque Mileto misai venere coloni, S LES TRISTES. 703 bassement grec au milieu des Gètes. Mais le membres, afin d'en rendre la recherche et là nom du lieu, très-ancien, et antérieur à la fon- réunion plus difficiles. Mais pour qu'on ne dation de la ville, remonte, suivant la tradi- puisse ignorer son crime , elle expose au tion authentique, jusqu'au meurtre d'Ab- sommet du rocher les mains livides et la tête sansyrte. glante de son frère, voulant, par cette affliction Montée sur le vaisseau construit par les soins nouvelle, et tandis que son père serait occupé de la belliqueuse Minerve, et qui le premier sil- àrecueillirces membres épars, ralentir sa fulonna les ondes, jusque-là respectées, l'impie neste poursuite. Médée fuyait son père qu'elle avait abandonné. Ce lieu fut donc appelé Tomes parce que ce Tout à coup , du haut d'une éminence, la sen- fut là, dit-on, qu'une sœur coupa les membres tinelle aperçut le navire dans le lointain. «L'en- de son frère. nemi! s'éciie-t-elle, je reconnais les voiles de Golchos. > Les Myniens prennent l'alarme : les câbles sont détachés du môle; l'ancre cède ÉLÉGIE X. aux efforts vigoureux qui la soulèvent. Cependant Médée, de cette main qui osa, qui doit S'il est encore à Rome quelqu'un qui se souoser encore tant de forfaits, frappe son sein vienne d'Ovide exilé, et si mon nom, à défaut bourrelé de remords, et quoiqu'elle n'ait rien de moi-même, y subsiste toujours, qu'on sache perdu de son audace, la jeune fille étonnée que, relégué sous cette constellation inaccespâlit d'effroi à la vue des voiles qui s'avancent; sible aux flot* de l'Océan, je vis au milieu de • Je suis perdue, dit-elle; il faut user de quelque peuples barbares, entouré par les Sarmates, stratagème pour arrêter mon père. > Pendant nation féroce, les Besses et les Gètes , tous qu'elle cherche un moyen, et qu'elle tourne la noms indignes d'être proférés par ma musé ! tête de tous côtés, ses yeux rencontrent par ha- Tant que dure la saison des tièdes zéphyrs f sard son jeune frère. A peine a-t-elle vu cet en- le Danube nous sert de barrière, nous protège fant : « Nous triomphons , s'écrie-t-elie ; la contre leurs invasions : mais quand le sombre mort va m'assurer mon salut. > Elle dit, et sou- hiver a montré safiguredégouttante de frimas, dain elle plonge sans pitié le poignard dans le et que la gelée a rendu la terre pareille à un sein de cette victime innocente, qui ne pré- marbre d'une blancheur éclatante; quand Bovoyait ni ne craignait une semblable trahison, rée se déchaîne, que la neige s'amoncelle et déchire son corps, et en disperse ça et là les inonde les régions septentrionales, alors on voit Inqufl GeUa Graias conitituere dotât». Sed velus huic nomeo, positaque antiquiue urbe, Constat ab Absyrti cscde fuisse, loco. Nam rate, que cura pugnacis facta Minervœ, Per non tentâtes prima cucnrrit aquas, Impia desertum fugiens Medea parentem , Dicitur bds remos appiicuisse vadis. Quem procul ut vidit tumulo speculator ab alto : Hospes, ait, nosco, Colchide, vêla, venit. Dum trépidant Minyes, duin solvitnr aggere funis, Dura sequitur celeres ancbora tracta manus , Canada percussit rneritorum pectora Colchis , Ausa atque ausura multa uefanda manu. Et, quamquam superest ingens audacia menti, Pallor in adtonito virginis ore sedet. Ergo ubi prospexit venientia vêla Tenemur, Et peter est aliqua fraude morandus, ait. Dum quid agat quajrit, dum verset in omnia vultus ; Ad fratrem casu lamina flexa tulit. Cujns ut oblata est prsesentia ; Vincimus, inquit : Hic mihi morte sua causa salutis erit. Prolinus ignari nec quidquam taie timentis innocuum rigido perforât ente latus ; Atque ita divellit, divulsaque membra peragros Dissipât, in multis invenienda locis. Neu pater ignorct, scopulo proponit in alto . Pallentesque mauus, sauguineumque caput ; Ut genitor luctuque novo tardetur, et artus Dum legit exatinctos, triste moretur iter. Inde Tomis dictus Iocus hic, quia fertur in illo Membra soror fratria consecuisse sui. ELEGIA X. Si quis adhuc istic meminit Nasoni» adempti , Et superest sine me nomen in urbe meum ; Subpositum stellis nunqnsm tangentibus aequor Me sciât in média vivere barbarie. Sauromattc dngunt, fera gens, BessiqueGetœque. Quam non ingenio nomina digna meo ! Dum tamen aura tepet, medio defendimur Istro ; Ille8uis liquidus bella repellit aquis. At cum tristis hyems squallentia protulit ors, Terraque marmoreo candide facta gela est; Dum patet et Borées et nix injecta sub Arcto, Tum liquet haï gentes axe tremente premi. 12 OVIDE. 704 peser sur ces peuples le pôle ébranlé par les lefleuvepoursuit son cours, les bœufs du Sartempêtes. La neige couvre la terre, et alors ni mate traînent des chariots grossiers. Sans soleil ni pluies ne la peuvent dissoudre : Borée doute on aura peine à me croire, mais qui n'a la durcit et la rend éternelle. Avant que la pre- point intérêt à mentir doit être cru sur parole. mière soit fondue, il en tombe une nouvelle, et J'ai vu le Pont-Euxin lui-même immobile et il est assez commun d'en voir, sur plusieurs glacé, et ses flots captifs sous leur écorce glispoints, de deux années différentes. L'aquilon, sante; et non-seulement je l'ai vu, mais j'ai une fois déchaîné, est d'une telle violence qu'il foulé cette mer solide et marché à pied sec sur la surface des ondes. Si tu avais eu jadis une rase des tours et emporte des maisons. Des peaux, des braies grossièrement cousues, pareille mer à passer, ô Léandre, le fatal déles garantissent mal du froid; leur visage est la troit n'eût point été coupable de ta mort! Les seule partie du corps à découvert. Souvent on dauphins à la queue recourbée ne peuvent entend résonner, en se choquant, les glaçons plus bondir dans les airs, car le froid rigouqui hérissent leur chevelure ; souvent on voit reux comprime tous leurs efforts. Borée agite luire dans leur barbe le givre argenté. Le vin en vain ses ailes avec fracas , aucune vague ne se soutient par lui-même hors du vase qui le s'émeut sur le goufre assiégé; les vaisseaux, contenait et dont il conserve la forme; et ce n'est entourés par la glace, comme par une ceinture plus une liqueur que l'on boit, ce sont des mor- de marbre, restent fixés à leur place, et la rame est impuissante à fendre la masse durcie des ceaux que l'on avale. Dirai-je commnet les ruisseaux sont conden- eaux. J'ai vu arrêtés et enchaînés dans la glace sés et enchaînés par le froid, et comment on des poissons dont quelques-uns même vivaient creuse les lacs pour y puiser une eau mobile? encore. Soit donc que le froid gèle la mer ou Ce fleuve même, aussi large que celui qui les eaux dufleuvedébordé, nos barbares enneproduit le papyrus et se décharge dans la mistraversent sur leurs coursiers rapides l'Ister mer par plusieurs embouchures, lister, transforméen une route de glace ; et, aussi redont les vents glacés durcissent l'azur, doutables parleur monture que parleurs flèches gèle et se glisse furtivement dans les eaux d'une immense portée, ils dévastent les camde l'Euxin. Où voguait le navire, on mar- pagnes voisines dans toute leur étendue. Les che d'un pied ferme, et l'onde solide re- habitants s'enfuient, et la terre, abandonnée par tentit sous le pas des coursiers. Sur ces ponts ses défenseurs, est s\ la merci des barbares et d'une nouvelle espèce, au-dessous desquels dépouillée de ses trésors, il est vrai que ces Nix jncel, et jacUm nec sol pluviseve resolvunt : Indurat Boreas, perpetuamque facit. Ergo , ubi delicuit nonduin prior, altéra venit : Et solet in multis Lima manere locis. Tantaque eommoti vis est Aquilonis , ut allas /Equet humo turres , tectaque rapta ferai. Pellibus et sutis arcent maie frigora braccis , Oraque de loto corpore sola patent. Ssepe sonant inoti gtacie pendente rapilli, Et nitet inducto candida barba gelu : Nudaque consistunt formam servantia testto Vina : née bausta meri, sed data Trusta bibunt. Quid loquar, ut vincli eoncrescaut frigore riri, Deque lacu fragiles effodiantur aquœ ? Ipse, papyrifem qui non angustior amne, Miscetur vasto multa per ora freto, Cxruleos ventis latices durantibns Ister Congelât, et teelis in mare serpil aquis. Quaque rates ierant, pedibus nunc itur, et undss Frigore concretas ungula puisât equi ; Ferque novos pontes subter labentibus undis Dncunt Sarmatici barbara plaustra boves. Via eqnidem credar : sed cum sint prtemia falsi Nulla, ratam testis débet babere fidem. Vidinius ingentem glarie consislere pontum , Lubricaque immotas testa premebat aquas. Nec vidisse sat est ; durum calravimus aequor : Undaque non udo sub pede summa fuit. Si tibi taie fretum quondam Leandre fuisset, Non foret angustae mors tua crimen aquae. Tum neque se pandi possunt delpbines in auras Toi 1ère : conantes dura coercet hyems ; Et quamvis Boreas jactatis insonet alis, Fluctus in obsesso gurgite nullus erit. Inclusaeque gelu stabunt, ut marmore, puppes : Nec poterit rigidas findere remue aquas. Vidimus in glacie pisces hxrere ligalos : Et pars ex illis tuin quoque viva fuit. Sive igitur nimii Boreœ vis sacra marinas, Sive redundalas flumine cogit aquas ; Protinus , acqualo siccis Aquilonibus Istro, Invehilur céleri barbarus hostis equo : llostis equo pollens longeque volante, sagitta, Vieinam late depopulatur huinuui. Diffugiunt alii, nullisque tuentibus agms. Incusloditac diripiuntur opes ; !» LES trésors se réduisent à peu de chose ; du bétail, des chariots criards et quelques ustensiles qui font toute la richesse du pauvre agriculteur. Une partie de ces malheureux, emmenés captifs et les mains liées derrière le dos, jettent en vain un dernier regard sur leurs champs et «ur leurs chaumières : d'autres tombent misérablement percés de ces flèches dont la pointe recourbée en forme d'hameçon était imprégnée de poison. Tout ce qu'ils ne peuvent emporter ou traîner avec eux, ils le détruisent, et laflammeennemie dévore ces innocentes chaumières. Là, on redoute la guerre au sein même de la paix ; la terre n'y est jamais sillonnée par la charrue; et comme sans cesse on y voit l'ennemi ou qu'on le craint sans le voir, le sol abandonné reste toujours en friche. Le doux raisin n'y mûrit jamais à l'ombre de ses feuilles, et le vin n'y fermente pas dans des cuves remplies jusqu'au comble. Point de fruits dans tout le pays, et Aconce n'en trouverait pas un seul pour y tracer les mots destinés à sa bien-aimée; on y voit toujours les champs dépouillés d'arbres et de verdure : enfin c'est une contrée dont l'homme heureux ne doit jamais approcher. Eh bien, dans toute l'étendue de l'immense univers, c'est là le lieu qu'on a trouvé pour mon exil! Rurif opes parvœ, pecus, et stridentia plaustra ; Et qua» divilias incola pauper habet. Pars agitur viuctis post tergum capta lacertis , Respiciens frustra rura Laremque suum. Pars cadit hamatis misère confina sagiltis : Nam volucri ferro tinclile virus iuest. Qua; nequeuot sérum ferre aut abducere, perdunt; Et cremat insontes hosties flamma casas. Tum qupque, quiurj pax est, trépidant formidine belli : Nec quisquam presso vomere sulcat humum. Aut videt, aut metuit locus bic, quem non videt,hostem. Cessât iners rigidn terra relicta situ. Non hic pampinea dulcis latet uva sub umbra ; Nec cumulant altos fervida m us ta lacus. Poma negat regio : nec haberet Acontius in qun Scriberctbic domina; verba legeqda sua;. Aspiceres nudos sine fronde, sine arbore campos; Heu I loca felici non adeunda viro I Ergotam la te paleatquum maximus prbis ; Hoec est in pâmant terra reporta meam ! T. IV. TRISTES. 70« ELEGIE XI. S'il est vrai, homme impitoyable, que tu insultes à mon malheur, et que tu me poursuives sans fin de tes sanglantes accusations, c'. st sans doute qu'un rocher t'a donné le jour, qu'une béte féroce t'a nourri de son lait, que tu as enfin, je le dis hautement, un cœur de pierre. A quel plus haut degré ta haine peut-elle encore atteindre? Que vois-tu qui manque à ma détresse? J'habite une contrée barbare, les rives inhospitalières du Pont, sous la constellation de l'Ourse du Alénate et de son fidèle Borée. Je ne puis établir aucune relation verbale avec ces peuples sauvages ; et tout ici respire l'inquiétude et la crainte. Comme le cerf timide surpris par des ours affamés, ou comme la brebis tremblante entourée par les loups descendus des montagnes, tel, environné de toutes parts de peuplades guerroyantes, je tremble d'effroi, sous le fer d'un ennemi sans cesse menaçant. Et quand ce serait une légère punition d'être séparé de mon épouse chérie, de ma patrie et de tout ce qui m'est cher, et quand je n'aurais autre chose à souffrir que la seule colère de César, est-cedonc si peu que d'avoir à subir la colère de César? Et cependant il se trouve un hommeassez inhumain pour rouvrir mes blessures saignantes encore, et pour déclamer contre mes mœurs. Dans une cause facile, tout homme peut être éloquent; et il faut bien peu de force ELEGIA XI. Si quis es, insultes qui casibus, improbe, nostris , Meque reum dempto fine cruentus agas • Natus es e scopulis, nutritus lacté ferino ; Et dicam silices pectus babere tuum. Quis gradus ulterior, quo se tua porrigat ira Restât? quidve meis cernis abesse roalis:' Rarbora me tellus, et inbospita liltora ponti, Quumque suo Borea Mœnalis ursa videt. Nulla mihi cum gente fera eommercia linguse ; Oumia sollicita sont loca plena metus : Dtque fugax avidis cervus deprensus ah unis Cinctave montâtes ut pavet agna lupis ; Sic ego, belligeris a gentibus undique septus, Terrenr ; hoste meuin pœne premente latus. Dtque sit exiguum pœna;, quod conjuge cara Quod patria careo, pignoribusque meis : Ut mala nulla feront, nisi nudam Canaris iram Nuda parum nobis Canaris ira mali est ? Et tamen est aliquis, qui vulnera cruda retractet Solvat et in mores ora diserta meus. In causa facili cuivis lieet esse disertn, 47> on OVIDE. 7C6 pour renverser l'objet qui chancelle; mais ren- yeux ; et ce n'est pas seulement dans sa forme verser les forteresses, ébranler les plus fermes qu'il faut l'apprécier. Vois-tu cette ouverture remparts, voilà du véritable courage. Les lâches pratiquée dans le flanc droit du taureau? c'est seuls foulent aux pieds ce qui est abattu. Je ne parla qu'il faut jeter celui dont tu voudras te suis plus ce que j'étais autrefois; pourquoi donc défaire ; dès qu'il y sera enfermé, qu'un feu s'acharner contre un vain fantôme? Pourquoi entretenu lentement l'y consume; alors la vicécraser sous le poids d'une pierre et ma cendre time mugira, et tu croiras entendre la voix du et mon tombeau? Ce guerrier qui combattait si véritable taureau. En retour de cette invention, vaillamment était bien Hector, ma;s cet autre rends-moi, je te prie, présent pour présent, et qui fut traîné par les coursiers d'Achille n'é- accorde à mon génie une récompense digne de tait plus Hector. El moi aussi, songe que je ne lui. > Il dit ; et Pbalaris : < Admirable créasuis plus celui que tu connus jadis: je n'en suis teur de ce nouveau supplice, fais-en toi-même plus quel'ombre ; à quoi bon tourmenter si mé- 1 essai le premier, > Bientôt, cruellement déchamment une ombre de tes propos amers; voré par ces feux qu'il venait de faire connaître, il laissa échapper des cris plaintifs de sa cesse, je te prie, de troubler mes mânes. Admets la justice des griefs qu'on m'impute, bouche tremblante. Mais quel rapport y a-t-il entre les Siciliens ne fais même aucune distinction entre ce qui n'est qu'imprudent et ce qui est criminel ; eh et moi qui vis parmi les Scythes et les Gètes? bien! la proscription expie mes fautes; je suis Qui que tu sois donc, je reviens à toi et à mes puni, et ta haine en est satisfaite: je suis puni plaintes. Pour que tu puisses te désaltérer dans par l'exil et par le lieu qu'on a choisi pour cet mon sang, et assouvir à ton aise les haines de ton exil; ma fortune arracherait des larmes au cœur impitoyable, sache que, pendant que je bourreau ! A tes yeux, elle n'est pas encore as- m'éloignais, j'ai souffert tant de maux, et sur terre et sur mer, que tuseraiscapahle.je pense, sez déplorable. Tu es plus cruel que le farouche Busiris, d'en être attendri, si tu me les entendais raconplus cruel que l'inventeur de ce bœuf artificiel ter. Crois-moi, si l'on me comparait à Ulysse, on qu'il faisait rougir à petit feu, et dont, suivant verrait que Jupiter fut plus irrité contre moi l'histoire, il fit nommage au tyran sicilien, en que Neptune contre lui; ainsi donc, qui que lu exaltant les merveilles de cette œuvre, t O roi, sois, cesse de rouvrir mes blessures, de pordisait-il, ce présent peut être pour toi d'une ter une main cruelle sur une plaie trop sensiutilité plus grande qu'il ne le semble à tes ble : laisse-là se cicatriser, afin que l'oubli affaiEt minimœ vires frangere quassa valent. Subruereest arces et stantia raœnia virtus : Quainlibet ignavi prœcipitata premnnt. Non sum ego quod fueram : Quid inanem proteria uroQuid cinerem saxis bustaque noslra prenais? [brain? Hector erat tune quum bello certabal ; al idem Tractus ad llœmonios non erat Hector equol. Me quoque, quem noras oliin, non esse mémento. Ex illo superanl btec simulacre viro. Quid simulacre, ferox, dictis incessisamarit? Parce, precor, mânes sollicilare meos. Omnia vera puia ineo crimina. Nil sit in illis Quod magis errorem quam scelus esse putes. Pendimus en prolugi, salia tua pectora , peenaa, Exsilioque graves, exsiliique loco. Carmfici forluna polestrneaflendavideri : Te tamen est uno judice mersa parum. Sajvior es trisli Busiride ; sa?vior illo Qui falsuin lento tnrruil igné bovem : Quique bovem Siculo fertur donassc tyranno , Et dictis artes conciliasse suas. Munere in boc, rex, est usus, sed imagine major : Nec sola est operis forma probanda mei. Aspicis a dextra latus boc adaperlile tauri ? Hue tibi, quem perdes , conjiciendus erif. Protinus inclusum lentis carbonihus ure; Mugiet, et veri vox erit illa bovis. Pro quibus inventis, nt munus munere penses, Oa, precor, ingenio prawiia digna meo. Dixerat ; at Phalaris : Poene? mirande repertof, Ipse tuum prsesens imbue, dixi, opus. Nec mora , monstratis crudeliter ignibus nstus Exbibuit querulos ore tremente sonos. Quid mihi cum Siculis inter Scvtbiamque QeUsque? Ad le , quisquis is es, nostra querela redit. Ctque sitim nostro possis explere cruore, Quantaque vis , avido gaudia corde feras; Tôt mala sum fugiens tellure , tôt srquoré passus, Te quoque ut auditis posse dolere pulem. Crede mibi , si sit nobis collatus Ulysses, Nepluni minor est, quam Jovis ira fuit. Ergn quicunque es , rescindere ruinera noli, Dequc gravi duras vuluere toile manOs : Ulque meta fa ma m tenuent oblivia culpos, Fata cicalricem ducere nostra sine : Humameque memor sortis, que? tollit eosdem, «T LES TRISTES busse l'éclat de me faute; songe à la destinée humaine, qui nous élève et nous abaisse tour à tour, et redoute pour toi-même ses caprices; mais enfin, puisque, par une circonstance que je n'aurais jamais pu prévoir.ta sollicitude est pour moi si vive, rassure-toi, mon malheur est complet ; la colère de César entraîne après soi toutes les misères; pour t'en convaincre, et afin que tu ne croies pas que cet état de choses soit parement imaginaire, puisses-tu éprouver toimême les maux que j'endure! ÉLÉGIE XII. Déjà le zéphyr a tempéré la rigueur du froid, et, maintenant que l'année est accomplie, je trouve que cet hiver des rives meotides s'est prolongé plus que tous les autres. Celui qui ne sut pas porter Helié jusqu'au rivage, rend égale la durée des jours et des nuits. Déjà les jeunes garçons et les folâtres jeunes filles cueillent les violettes (1) écloses dans les campagnes sans aucune semence ; la prairie se décore de mille fleurs diverses, et l'oiseau babillard chante à l'étourdie ses refrains printaniers ; alors, pour réparer son crime de mère dénaturée, l'hirondelle suspend à la poutre son nid, délicat édifice; l'herbe, comprimée jusque la sous les sillons de Cérès, perce le sol Et premit; incertas ipse verere vices. Et quoniam, fieri quod nunquam poste putavi, Est tibi de rébus maxima cura meit ; Non est quod tiineas : Fortuna miserrima nostra est. Omne trahit secum Cœsaris ira malum. Quod magis ut liqueat, neve hoc tibi flngere credar ; Ipse velim poenas experiare méat. ELEGIA XII. Frigora jam Zephyri minuunt, annoqne peracto, Longior anliquis visa Majotis hyems : Impositamque sibi qui non bene pertulit Hellen, Tempora nocturnis saqua diurna facit. Jam violam puerique legunt hilaresqne puellae, Rustica quam nullo terra serente gerit : Prataque pubescunt variorum flore colorum, Indociiiqne loquax guitare ver no t avis. TJtque mais crimen matris deponat hirnndo, Sub trabibus cunas parvaque tecta facit. Herbaque, quœ latuit GereaUbna obrnta snlcia, Exserit e tepida molle cacnmen humo : 707 attiédi de sa tige tendre encore; on voit, aux lieux où croît la vigne, poindre le bourgeon sur le cep; mais la vigne ne croît que bien loin des rives gétiques, et partout où viennent les arbres, on voit les rameaux se gonfler de sève • mais les arbres ne viennent que bien loin des' frontières gétiques. A Rome, c'est le temps des loisirs; les jeux s'y succèdent sans interrnption, et remplacent les discussions bruyantes du verbeux forum. Ce sont tantôt des courses de chevaux, tantôt des combats à armes légères tantôt la paume, tantôt le cerceau anx évolutions rapides; tantôt, enfin, la jeunesse romaine , frottée de l'huile dont elle s'est servie dausla lutte, plonge ses membres fatigués dans la fontaine vierge (2). Le théâtre est en pleine vogue, les factions y éclatent en transports opposés, et les trois forum retentissent du fracas des trois spectacles (3). 0 quatre fois, mille et mille fois heureux celui à qui ne sont pas interdi les les délices de Rome ! Pour moi, les plaisirs de la saison consistent à voir fondre la neige au soleil du printemps et à puiser l'eau sans avoir besoin de la briser. La mer n'est plus enchaînée par la glace et le bouvier sarmate ne conduit plus, comme naguère, sur le Danube, ses chariots criards Peut-être verrai-je bien tôt approcher quelques navires, et une voile étrangère flotter vers la côte du Pont; je m'empresserai alors d'accourir, de saluer le nautonier, et de lui demander Quoque loco est vitis, de palmite gemma movetor ; Nom procul a Getieo liltore vitis abest. Quoque loco est arbor, turgescit in arbore ramus : Nam procul a Geticis n'nibus arbor abest. Otia nunc istic, jnnctisque ex ordine ludis Cedunt verbosi garrula bella fori. Usas equi nunc est, levibus nunc ludittrr armis : Nunc pila, nunc céleri volvitor orbe trochus. Nunc, ubi perfusa est oleo labente jnventus, Defessos artus virgine tingit aqua. Scena viget, studiisque favor distantibus ardéf , Proque Iribus résonant terna theatra foris. 0 quater, et quoties non est nnmerare, beatum, Non interdicta eui licet urbe frai 1 At mihi sentitur nix verno sole soluta, Quaaque lacu duro vix fodiantur aquaj. Nec mare concrescit glacis : nec, ut ante, per Istram Stridula Sauromates plaustra bubulcus agit. Incipient aliquae tamen hue adnare carinaa, Hospilaque in Pouti litore puppis erit ; Seduius obeurram nautae : dictaque salute Quid veniat quaaram, qniave, quibnsve Iocis. 54 43. OVIDE. 708 ensuite où il va, quel il est, et d'où il vient. Je ÉLÉGIE XIII. m'étonnerais beaucoup si, venu d'un pays liVoici que revient, à son époque ordinaire, le mitrophe, il ne se contentait pas de sillonner sans danger les eaux de son voisinage. Rare- jour inutile (car quel avantage ai-je retiré de la ment en effet un vaisseau quitte l'Italie pour vie?), le jour de ma naissance. Cruel ! pourquoi une si longue traversée; rarement il s'expose venir augmenter les années d'un exilé? tu desur ces côtes toutes dépourvues de ports; ce- vrais bien plutôt y mettre un terme. Si tu t'intépendant, soit qu'il parle grec, soit qu'il parle ressais à moi, ou si lu avais quelque pudeur, tu latin, langue qu'il me serait plus agréable d'en- ne me suivrais pas hors de la patrie; mais dans tendre, soit aussi que le Noms ait poussé vers le lieu même où tu éclairas les premiers moces lieux quelque navigateur parti de l'entrée ments de mon enfance, tu aurais dû être le du détroit et du canal de la Propontide, quel dernier de mes jours ; ou, du moins, quand je que soit ce mortel, sa voix peut être l'écho de quittai Rome, tu devais, à l'exemple de mes quelque nouvelle, une partie, un degré quel- amis, me dire tristement un dernier adieu ! Que viens-tu faire sur les terres du Pont? le conque de la renommée. Ah! puisse-t-il avoir à me raconter et les triomphes'de César et les ac- courroux de César t'aurait-il aussi relégué aux tions de grâces adressées à Jupiter par les peu- bornes glacées du monde? Tu espères peut-être ples du Latium (4), et ton abaissement, rebelle que je te rendrai ici les honneurs accoutumés ; Germanie, la tête, enfin, tristement courbée que, pour le recevoir, je revêtirai mes épaules sous le pied du conquérant (5)! Celui qui m'an- de la robe blanche aux plis flottants, que je noncera ces merveilles, dont je gémirai de n'a- ceindrai de fleurs les autels fumants du sang voir pas été le témoin, recevra immédiatement des victimes, et que le grain d'encens pétillera l'hospitalité dans ma demeure. Mais, hélas! sur le brasier solennel; qu'enfin tu verras mes c'est donc réellement sous le ciel de la Scythie mains offrir le gâteau destiné à fêter l'anniverqu'est la demeure d'Ovide? Mon châtiment me saire de ma naissance, et entendras de ma boucondamne-t-il à y fixera jamais mes pénates? che sortir des prières d'un heureux augure? Fasse le ciel que César ne veuille pas que ce Mais ma fortune et les circonstances ne sont soit ici ma patrie, le séjour de mes dieux do- pas telles que je puisse me réjouir de Ion arrimestiques, mais un pays dont je ne suis que vée. Un autel funèbre entouré de lugubres l'hôte passager, et où je dois seulement expier cyprès, près de là un triste bûcher tout prêt à me réduire en cendres, voilà ce qui me convient. ma faute ! Ile quidem mirum , niai de regiooe propinqua Non niai vicinal tutui ararit aquas. Rarus ab Italie tantntn mare navita tranait : Litora rarua in ha?c portnhus orba venit. Sive tamen Graia scierit, m e ille Latina Voce loqui, carte gratior hujna erit. pas quoque, ab ore freti longœque Propontidos nndil, Hue aliquem cerlo vêla dédisse Nolo. Quisquis is est, meinori rumorem voce relerre, El fieri fainœ parsque graduaque poteat. la, precor, audilos posait narrare triumphos Canaris, et Latio reddila vota Jovi : Teque, rebellatrix, tandem, Germania, magni Triste caput pedibus supposasse ducis. Haec mibi qui referai, que non vidisae dolebo, Ille meœ domui protinua hospes erit. Heu inihi, jamne doinus Scythico Naaonia in orbe? Jamque suum mihi dat pro Lare pana locum 1 Dt faciant, ut Cœsar non hic penetrale domumqoe, Hospitium pana sed velit eue mes. ELEGIA XIII. Ecce supervacuus , quid enim fuit utile gigni ? Ad sua nalalis tempora nosteradeat. Dure, quid ad miserai veniebas exsulisannos? Debueraa illii imposuisse modutn. Si tibi cura mei, vel ai pudor ullua inesael, Non ultra patriam me aequerere meam. Quoque loco primum tibi sum maie cognitui infani, lllo tentasses ultimus ease mihi : Jamque relinquendo, quod idem fecere sodales, Tu quoque dixiases tristis in urbe, vale. Quid tibi cum Ponto ? num te quoque Canaris ira Extremam gelidi misit in orbia humum? Scilicet exapectes soliti tibi moris honorera , Pendeat ex huraeris veatis ut alba mois ? Fumida cingaturflorentibusara ooronis? Micaquesolemni turii in igné aonet? Libaque dem pro te génitale notautia tempns , Concipiamque bonai ore favente preces ? Non ita sum positus : nec sunt ea tempora nobia, Adventu possim Istus ut este tuo. Fnneris ara mihi ferali cincta cupreaso, 2{ LES TRISTES. 709 Il n'est plus temps d'offrir l'encens aux dieux je te les recommande; et désormais, orphelins, inexorables, et, livré à tant de misères, je ne ils deviendront pour toi, leur tuteur, un farsens point venir sur mes lèvres d'heureuses pa- deau d'autant plus lourd. Trois de mes enfants roles. Si pourtant j'ai encore un vœu à former ont eu part à ma disgrâce, mais prends publien ce jour, c'est que, je t'en supplie, tu renonces quement les intérêts des autres; il y a aussi à me visiter ici, dans ce pays situé presque quinze volumes de Métamorphoses, poésies aux extrémités du monde, sur les rives du l'ont échappées à la destinée fatale qui a frappé leur maître: cet ouvrage aurait eu de meilleures si mensongèrement appelé Euxin. chances de succès si ma catastrophe subite ne m'eût empêché d'y mettre la dernière main. C'est à l'étal d'ébauche qu'il est maintenant soumis au jugement du public, si le public veut ÉLÉGIE XIV. bien encore s'occuper de ce qui vient de moi. Ajoute aussi à mes autres écrits ces productions Sectateur et pontife sacré du culte des let- nouvelles que je t'envoie d'un autre hémitres , que fais-tu maintenant, fidèle ami de ma sphère. Quiconque les lira (si tant est qu'on les Muse? Toi qui me préconisais durant ma pro- lise) devra me tenir compte des circonstanspérité, as-tu soin que je ne sois pas exilé tout ces et des lieux où l'ouvrage a été composé. entier? Recueilles-tu mes ouvrages, à l'excep- On ne peut manquer d'être impartial quand tion , toutefois, de cet Art d'aimer, si funeste à on saura que ces circonstances sont l'exil, son auteur? Eh bien, continue, je te prie, d'en et ces lieux un pays de barbares. On s'étonagir ainsi, loi lecteur assidu de nos poêles mo- nera même que, parmi tant d'adversités, ma dernes, et ne néglige rien pour me conserver main ait eu la force de tracer un seul vers. Le dans Rome. C'est à moi qu'a été infligé l'exil, malheur a épuisé mon génie, dont la veine et non à ceux de mes livres qui n'ont pas mé- n'était déjà ni riche ni féconde : telle qu'elle rité de subir le châtiment de leur maître. Sou- fût enfin, elle s'est tarie, faute d'exercice, et a vent un père est condamné à un lointain exil, péri desséchée par suite d'une longue inaction. sans que le séjour de la patrie soit interdit aux Je n'ai pas ici assez de livres pour m'encouraenfants. Comme Pallas, mes vers n'ont point ger au travail et nourrir ma verve; au lieu de eu de mère : ils sont ma famille, ma postérité ; livres, j'ai sous les yeux des arcs et des armes Conveuit, et structis flamma parata rogis. Nec dare tura libet nil exorantia divos : In tautia aubennt nec bona verba malis. Si taraen est aliquid nobia bac luce petendum ; In loca ne redcas omplius iata precor : Duin me terraram pars pâme nnvissima, Pontus Euxini lalso nomine dictus babet. ELEGIA XIV. Cnltor et autistes doctorum sa ne te virorum , Quid lacis ingenio semper amice meo? Ecquid, ut incolnmem quondam celebrare solebas , Nunc qnoque, ne videar totos abesse, caves ? Soscipis exceptis ecquid mes carmins solis Artibus , artiflei qute nocuere suo ? Immo ita lac vatum, qtiœso , studiose novoriini, Quaque potes rétine nomen in urbe ineum. Est fuga dicta mibi, non est fnga dicta libellis , Qui domini pœnain non meruere patl. Sajpe per externes profugus paterexsulat ors s ; Urbe tamen natis exsulis esse licet. palladis exemple, de me sipe maire creata Carmins sunl. Slirps hase progeniesque mes est. Hanc tibi commendo : quas quo magis orba parente, Hoc tibi lutori sarcina major erit. Très mibi sunt nati contagia noslra secuti : Caetera tac cura; sit tibi turba palam. Sunt quoque mutais; ter quinque volumina forma; ; Carmins de domini funere rapta aui. Illud opus potuit, si non prius ipse périssent, Certius a summa nomen babere manu. Nunc incorrectum populi pervenit in ora : In populi quidquam si tamen ore meum est. Hoc quoque, nescin quid, nostris adpone libellis, Diverso missum quod tibi ab orbe venit. Quod quicumque leget, si quis leget, œstimetante, Compositum quo sit tempore, quoque loco. ittqtius erit scriptis, quorum cognoverit esse Exsilium tempus, barbariemque locum : Inquc tôt adversis carmen mirabitur ullum Ducere me tristi suatinuisse manu. Ingenium fregere meum mala : cujus et ante Fons infœcundus parvaque vena fuit. Sed qusecumque fuit, nullo exercente refugit, 3« Et longo periit arida fada situ. 710 OVIDE. retentissantes. Il n'est personne ici dont les chose, et les expressions me manquent, et j'ai oreilles pussent entendre mes vers ni les com- oublié ma langue. Je suis assourdi par le jarprendre, et il n'est pas de lieu où il me soit pos- gon thrace ou scythe, et il me semble déjà que sible de me retirer à l'écart ; les murs de la je pourrais écrire en gétique. Je crains même ville et ses portes bien closes nous protègent sérieusement qu'il ne s'en soit glissé quelque toujours contre les attaques des Gèles. Sou- peu dans mon latin, et que tu ne trouves mêlés vent je suis embarrassé pour un mot, pour un à mes vers des termes du Pont. Quelle que soit nom, pour un lieu, et personne ne peut dissi- d'ailleurs la valeur de ce livre, je le demande per mes doutes. Souvent, (je l'avoue à ma grâce pour lui, et que ma fortune présente soit honte), je cherche péniblement à dire quelque auprès de toi son excuse. Non hic librorum , per quos inviter alarque, Copia. Pro libria arcus et arma sonant. Ntillus in hac terra, recitem si rarmina , cujus Intellecturis aaribns utar, adest. Necquo secedain locus est. Custodia mûri Submovet infealos clausaque porta Gelas. Scpe aliquod verbum qussro, nomenque locumque : Necquisquam esta quo certior esse queani. Dicere sacpe aliquid conanli, lurpe fateri, Vcrba mihi désuni : dedicique loqui. Threicio Scytbicoque fere circumsonorore, Et videor Geticis scribere posse modia. Crede mihi, timeo ne sint immista Latinis, Inque meis scriptis Pontica verba legas. Qualemcumque igitnr, venia dignare libellutn : Sortis et excusa conditions metc. 52 LES TRISTES. 711 ooeoooooooQooooooooooooaoscDcccoccsooooooooooo LIVRE QUATRIÈME. ÉLÉGIE I. S'il y a, et il y en aura sans doute, quelques défauts dans ces opuscules, que les circonstances, lecteur, les excusent à les yeux. J'étais exilé, et je cherchais, non la gloire, mais un délassement qui enlevât à mon âme la continuelle préoccupation de ses maux; c'est le même besoin qui fait que l'esclave condamné à creuser la terre, les fers aux pieds (1), chante pour alléger, par de grossières mélodies, le poids du travail; que, péniblement courbé sur le sable fangeux, le batelier chante, en traînant avec lenteur sa barque contre le courant, et que chante aussi le matelot qui ramène, avec mesure, les rames flexibles vers sa poitrine, et, par le jeu de ses bras, frappe les flots en cadence. Le berger fatigué s'appuie sur sa houlette, ou s'assied sur un rocher, et charme ses brebis par les airs de ses pipeaux rustiques ; la servante chante et accomplit en même temps sa tâche, dont elle se dissimule ainsi la rigueur. ELEGIA I. Si que meia fuerint, ut erunt, vitiou libellis ; Excusais «uo tampon, lector, hahe. Exaul anm , mquieaque mihi non fania petita est : Mena intenta auia ne foret naque malia. Hoc eat, enr cantet vinctua quoque coitipsde foaaor, Indocili numéro quum grave mollit opoa : Cantet et innitena limoeat pronna arenœ Adverso tardant qui trahit amne ratent : Qnique ferras pariter lentos ad peclora remoa, In numerum puisa brachia versât aqua. Feasua ut incubuit baculu, aaxove reaedit Faator ; arundineo carminé mulcel ovea. Canuntia pariter, pariter data pensa trabentia FaUitnr aueillss decipiturque labor, On dit qu'après l'enlèvement d'Hippodamie, Achille, désolé, s'arma contre le désespoir de la lyrehémonienne; si,enfin, Orphée entraîna, par sesaccents.lesforétsetlesrochersinsensibles.ce fut à cause de sa douleurd'avoir perdu deux fois son Eurydice. Et moi aussi, ma muse me console dans cette retraite du Pont où l'on m'a relégué; seule elle a été la compagnefidèlede mon exil, seule elle a bravé les embûches desbrigands,Je fer de l'ennemi, la mer, les vents et la barbarie; elle sait aussi quelle erreur m'aveugla lorsque je me perdis moi-même; ellesaitquemonaction fut une faute, et non pas un crime, et peut-être veut-elle compenser aujourd'hui le mal qu'elle me fit autrefois, quand elle fut accusée d'être ma complice. Cependant, puisque les muses devaient m'éire si fatales, je voudrais n'avoir jamais été initié à leurs mystères. . Mais que faire aujourd'hui? je suis leur esclave, et, victime de la poésie, je suis assez fou pour l'aimer toujours. Ainsi, le fruit du lotos, Fertur et, abducta Briseide, triatia Achilles Hœntonia curas atténuasse lyra. Quum tralieret silvas Orpbeus et dura canendo Saxa , bis amissa conjuge mosstua erat. Me quoque Musa levât, Pottti lora jttssa petratetn. Sola cornes nostrat perstilit illa fuga> : Sola nec insidias hominum ; nec militis ensem, Nec mare, nec venu», barbariemque timet. Scit quoque, quum perii, quis me deceperit error, Et cttlpam in facto, non scelus, esse meo. Scilicel hoc ipso nonr atqua , quod obfuilante, Quum mecum juncti crimitiis acla rea est. Non equidem vellem, quoniam nocilura fuerunt, Pieridum sacris imposuisse roannm. Sed nunc quid faciam ? via me tenet ipaa Sororum : Et carmen démens, carminé latsus, amo. *» 712 OVIDE. lorsque les Dul y chiens en goûtèrent pour la ont pris parti contre moi avec le grand César, première fois, les séduisit, tout fatal qu'il leur et m'accablent d'autant de maux qu'il y a de fût par sa déliciense saveur. L'amant voit tous grains de sable sur le rivage, de poissons, et les dangers qu'il court, et pourtant il les re- d'oeufs même de poissons dans la mer : on cherche avec ardeur, et le sujet de sa faiblesse compterait plutôt les fleurs au printemps, les épis en été, les fruits en automne et les flocons devient le but de ses plus vifs désirs. Et moi aussi j'ai la passion d'écrire, cette de neige en hiver, que les vicissitudes dont je passion qui est la source de mes infortunes, et fus le jouet, ballotté d'un monde à l'autre pour j'aime le Irait qui m'a blessé. Peut-éire cet atteindre péniblement à la rive gauche de amour passera-t-il pour une folie, mais c'est l'Euxin; et, depuis mon arrivée, la fortune une folie qui n'est pas sans quelques avanta- n'a pas rendu mes maux plus légers : ma desges: elle dérobe mon ame à la continuelle con- tinée a fait route avec moi jusqu'ici. Ici encore templation de ses maux, et lui fait oublier sa je reconnais la trame du jour de ma naissance, situation actuelle. De même qu'une bacchante trame dont le fil fut emprunté à une toison perd le sentiment de sa blessure, lorsqu'en proie noire. Sans parler des embûches, des dangers au délire elle pousse des hurlements sur les qui menacèrent ma télé, dangers trop réels, sommets de l'Édon ; ainsi, quand ma brûlante mais dont l'horreur surpasse néanmoins tonte imagination s'exalte, sous l'influence du lliyrse créance, quelle calamité de vivre parmi les sacré, cet enthousiasme m'élève au dessus de Gèles et les Besses, pour moi qui fus toujours toutes les disgrâces humaines; l'exil, ces riva- le favori de la renommée! Qu'il est triste d'abriges du Pont et de la Scythie, le ressentiment ter sa vie derrière des portes et des remparts, des dieux, tout s'efface devant lui; et, comme d'être à peine garanti par des fortifications! si je m'étais abreuvé de l'eau soporifique du Dans ma jeunesse, j'ai toujours fui les rudes faLélhé, je sens s'évanouir en moi le souvenir de tigues de la guerre (2), et ce n'est que dans les mon adversité. Je dois donc honorer ces déesses jeux que j'ai manié des armes ; vieux, aujourconsolatrices qui ont abandonné l'Hélicon pour d'hui je tiens une épéed'une main, de l'autre un s'associer à mon exil, et qui, tantôt sur mer et bouclier, et je couvre d'un casque mes chetantôt sur terre, ont daigné voguer ou marcher veux blanchis. Aussitôt que, de son poste éleavec moi. Ah! puissent-elles du moins me res- vé, la sentinelle nous a donné l'alarme, d'une ter favorables, puisque tous les autres dieux main tremblante nous revêtons notre armure; Sic nova Dulichio lotos gnstata palato , lllo quo aocuit, grala sapore fuit. Sentit amans sua damna fere; tamen hœretin illis , Materiam rulpeo persequiturque sua?. Nos qunque délectant, quam vis nocuere , libelli : Qundque mihi telum vulnera fei'it, amo. Forsitan hoc studium possit furor esse videri : Sed quiddam furor bic utilitatis habet. Scmper in obtutu inenlem vetat esse malorum , Prœsentis casus immemoremque facit. Ulque suum Bacchis non seutit saucia vulnus Dura stupet Edonis exululata jugis ; Sic, ulii mota calent viridi mea peclora tbyrso. Altior humano spiritus iIle malo est. Ille nec exsilium , Scythici nec litora ponli, llle nec iratos sentit haberc deos. litque soporiferœ libérera si porula Lethes, Temporis adversi sic mibi sensus hebet. Jure deas igitur veneror mala nostra levantes ; Sollicita) comités ex Helirone fugse : Et partira pelago, partira vestigia terra , Vel rate dignatas, vel pede uostra sequi. Sint, precor, h<e saltem faciles mihi : namque denrum Caetera cura magno Caesare turba facit. Meque tôt adversis cumulant, quot littus arenas. Quoique fretura pisces , ovaque piscis babet. Vere prius flores, aestu numerabis aristas , Poma per aulumnum, frigoribusque nires, Quam mala , qu«e toto patior jactatus in orbe, Dura miser Euxini litora leva peto. Nec tamen, ut veni, levior fortuna malorum est : Hue quoque sunt nostra» fa ta secuta vias. Hic qunque cognosco nalalis stamina nostri ; Stamina de nigro vellere facta mibi. Utque nec insidias, capitisque pericula narrem, Vers quidem, vers, sed graviora fide; Vivere quam miseruin est inter Bessosque Gelasque llli, qui populi semper iu ore fuit I Quam miserum porta vilain muroque tueri, Vixque sui lutuin viribus esse loci. Aspera militias juvenis certamina fugi, Nec nisi lusura moviraus arma manu : Nunc senior gladioque latus scutoque sinistram . Canitiem gaieté subjirioque meom. Nam dédit e spécula cuslua ubi signa tumultus; Induimur trépida protinus arma manu. 76 713 LES TRISTES. l'ennemi, armé de son arc et de ses flèches empoisonnées, rôde d'un air farouche autour de nos remparts, monté sur un coursier haletant; et, comme le loup ravisseur emporte la brebis qui n'est point encore rentrée au bercail, l'entraîne à travers les champs et les bois, ainsi notre ennemi barbare poursuit l'imprudent resté en dehors des murs, et, surprise dans la campagne, bientôt la victime est saisie; on l'emmène captive après lui avoir jeté une chaine au cou, ou bien elle tombe percée d'un trait empoisonné. Là, nouveau citoyen de ce séjour d'alarmes, je traîne une existence que le destin prolonge trop, hélas ! et cependant ma muse, dépaysée, trouve la force, au milieu de tant de souffrances, de revenir à ses chants et à son culte antique ; mais il n'est personne à qui je puisse lire mes vers, personne dont les oreilles comprennent la langue latine. C'est donc pour moi seul (comment ferais je autrement?) que j'écris, c'est à moi seul que je lis mes vers, et ils sont bien rassurés sur les dispositions de leur juge. Combien de fois, pourtant, me suis-je dit : quel est le but de tant d'efforts? Les Sarmates et les Gètes liront-ils mes ouvrages? Combien de fois aussi les larmes sont-elles venues m'interrompra pendant que j'écrivais? Combien de fois ont-elles trempé mes tablettes? les anciennes blessures de mon cœur saignent encore comme si elles étaient nouvelles, et un torrent de pleurs inonde mon sein ! Quand je songe tour à tour à ce que je fus autrefois et à ce que je suis maintenant, à celte patrie que m'a faite le sort, à celle qu'il m'a ravie, souvent, transportée de rage contre celte passion fatale, ma main livre mes vers au feu dévorant. Puisque, d'un si grand nombre, quelques-unsseuiement ont échappé, qui que tu sois, daigne les lire avec indulgence; et toi, Rome, dont l'accès m'est interdit, accueille avec bonté ces poésies, qui ne valent, hélas! pas mieux que ma fortune. Hostis habens arcua imbulaque tela veneno, Ssevus anhelauti mœuia lustrât equo. Ulque rapax pecudem , quse se non texit ovili, Per sala, per sylvaa , fcrtque trabitque lupus ; Sic, si quem nondum portarum sepe receptum Barbarus in campis repperit hostis, agit : A ut sequitur captus, conjectaque vincula collo Accipit : aut telo virus liabente cadit. Hic ego sollicita! jaceo novus incola sedis. Heu nimium fali tempora longa mei ! Et tamen ad numéros anliquaque sacra reverti Sustioct in tanti8 hospita Musa malis: Sed neqne cui récitera quisquam est mea cannina , nec qui Auribns accipiat verba Latina suis. Ipsemibi, quid enim faciain* scribnque legoque , Tutaque judicio littera nostra suo est. Saepe tamen dixi : Cui nunctatoccura laborat ? Au inea .Sauromatœ scripta Getaeque legent ? Saepe eliam lacrymœ sunt me scrihente profusa), Hnmidaque est flelu litera facta meo. Corque vetusta tiieum tauquam nova vulnera sentit, Inque sinnin mœsta) labitur imber aquœ. Quum vice muta ta, quid sim fuerimque recordor, Et tulerit quo me casus , et unde, subit ; Saepe ma nus démens studiis irata malignis Misit in arsuros carmina nostra focos. Atque ea , de multis quoniain non multa supersunt, Gum venia facito, quisquis es, ista legas. Tu quoque, non melius, quam sunt mea tempora, carmen Interdicta mihi, consule, Roma, boni. ÉLÉGIE II. Déjà vaincue, peut-être, ô Hère Germanie, tu as eniin, à l'exemple du monde,fléchile genon devant nos Césars(l); déjà peut-être leurs majestueux palais se décorent de guirlandes de fleurs; la fumée de l'encens pétille sur le brazier sacré, obscurcit la clarté du jour, et la hache, un instant balancée, frappe la tête de la blanche victime dont le sang a rougi la terre. Je vois marcher aux temples des dieux propices, et y porter leurs offrandes, les deux Césars vainqueurs, et avec eux les jeunes princes (2) qui grandissent sous le nom de César, pour perpétuer le règne de cette famille sur tout l'univers. Déjà,suivie de ses vertueuses brus(3), Livie rend grâce aux dieux dusalut de son fils, et leur offre des présents qu'ils ont bien méri- ELEGIA H. Jam fera Gœsaribus Germania, totus At orbis, Vieta potes flexo succubuisse genu. Attaque vêlentur foi-tasse palatia sertis, Turaqne in igné sonent, inttciantque diem ; Gandidaque, adducta collum percusaa securi Viclima purpureo sanguine tingat humum : Donaque amicoruin templis proinisaa deorom Reddere victorcs Csesar uterque parent : Et qui Cœsareo juvenes sub nomine crescunt, Perpetuo terras ut domus ista regat : Gumque bonis nuribus pro sospite Livia nato Munera det merilis, saepe dalura, deis : Et pariter maires, elquaj sine crimine castos , 15 714 OVIDE. tes, et qu'elle aura plus d'une fois l'occasion de on , d'immoler les prisonniers en l'honneur d'un renouveler. Les mères, et les vierges sans ta- dieu qui repoussait de pareils sacrifices. Tek che, vouées à la garde du feu sacré, forment lacs, telles montagnes, telles forteresses, tek son cortège ; un peuple affectueux témoigne sa fleuves regorgèrent de carnage et de sang ; pieuse allégresse ; le sénat la partage, ainsi que dans telles contrées Drusus (7) a conquis son l'ordre des chevaliers, dont j'étais naguère un nom; Drusus, noble rejeton, si digne de son membre obscur. illustre père. Ici l'on voit le Rhin, les cornes Quant à moi, si loin relégué, le bonheur pu- brisées, cachant en vain sa honte au milieu de blic m'échappe, et à peine m'en arrive-t-il, dans ses roseaux, et tout souillé de son propre sang ; ces lieux éloignés, quelque récit incomplet. là est portée la Germanie, les cheveux épars, Ainsi, tout le peuple pourra contempler ce triste et prosternée aux pieds de notre génétriomphe, lire le nom des chefs et des villes ral ; elle livre à la hache romaine sa tète orconquises (4), voir les rois captifs marcher lecou gueilleuse, et sa main, qui jadis portait des archargé de chaînes devant les chevaux parés de mes, porte aujourd'hui des chaînes. guirlandes, et remarquer les visages qui porDominant cet ensemble du haut de ton char tent l'empreinte du malheur, et ceux qui res- triomphal, tu paraîtras, César, aux regards tent fiers et impassibles ; les uns s'informeront de ton peuple, revêtu de la pourpre solennelle ; des causes et des faits, des noms des person- partout, sur ton passage, tu seras accueilli par nages; d'autres, sans en savoir beaucoup plus, des applaudissements, et partout les chemins se chargeront de tout expliquer. Ce guerrier seront jonchés de fleurs; le laurier d'Apollon à la taille élevée, et tout resplendissant de la ceindra ta tête, et la grande voix de l'armée pourpre sidonienne, était le général ennemi; criera: « Triomphe! triomphe! > Au bruit de près de lui est son lieutenant. Celui-ci, dont les ces applaudissements, de ces acclamations conregards humiliés s'abaissent vers la terre, n'a- fuses, tu verras tes quatre coursiers s'arrêter vait pas cette contenance, les armes à la main ; plus d'une fois. Bientôt (8), montant au Capitole, cet autre si farouche, à l'œil encore enflammé ce temple si favorable à tes vœux, tu y déposede haine, fut l'instigateur et le conseil de la ras le laurier promis à Jupiter, et dont ce dieu guerre ; celui-là, dont la chevelure en désordre aura bien mérité l'hommage. sert de voile à sa hideuse figure, fit tomber Du fond de la Scylhie, j'assisterai, autant que traîtreusement (5) notre armée dans une embus- possible, par la pensée, à ce beau spectacle ; par cade ; après lui vient le pontife (6) chargé, dit- la pensée, qui étend encore son empire sur les Perpétua servant virginitate foeos. Plebs pia , cumque pia Itetenlur plèbe senatus : Parvaque cujus eram pars ego nuper, eques. Nos procul expulsos communia gaudia fallunt, Famaque tam longe non nisi parva venit. Ergo omnis poterit populus spectare triumphos, Gumque ducum titulis oppida capta leget, Vinclaque captiva reges cervice gerentes , An te coronatos ire videbit equos : Et carnet vultusaliis pro tempore versos, Terribiles aliis immemoresque sui. Quorum pars causas, et res , et nomina quasret ; Pars referet, quamvis noverit ipsa parum : Hic, qui Sidonio fulget sublimis in ostro , Dux fuerat belli : proximus ille duci. Hic, qui nunc in humo lumen miserabile Agit, Non isto vultu, quum lulit arma, fuit : llle ferox, oculis et adhuc hoslilibus ardens, Horlator pugnœ consiliumque fuit. Perfidus hic nostros inclusit fraude locorum . Squallida promissis qui tegit ora comis. lllo, qni sequitur , dicunt mactata ministre Saepe recusanti corpora capta deo; Hic lacus, hi montes, baec tôt castella , tôt amnes, Plena fera etedis, plena cruoris erant. Drusus in bis quondam meruit cognomina terris , Quœ bona progenies digna parente fuit. Cornibus hic fradis , viridi maie tectus ah ulva , Decolor ipse suo sanguine Rhenus erit. Crinibus en etiam fertur Germania passis, Et ducis invicti sub pede mœsta sedet : Collaque Romanaa prœbens animosa securi, Yincula ferl il la , qua tulit arma , manu. Hos super in curru, Coesar, victore veheris Purpureus pnpuli rite per ora tui : Quaque ibis manibus cirrumplaudere tuorum ; Undique jaclato flore tegente vias. Tempora Phoebea lauro cingeris : ioque Miles, io, magna voce, triumphe, canet. Ipse sono plausuque simul fremituque canentnm. Quadrijugos cernes saspe resislere equos. Inde petes arcem , delubra faventia votis : Et dabitur merito laurea vota Jovi. Hœc ego snhmolus, qua possum, mente videbo : Erepti nobis jus habet illa loci. llla per immenses spatiatur libéra terras : LES TRISTES. lieux dont je suis proscrit, qui parcourt librement l'immensité du monde, et, d'un rapide essor, s'élance jusqu'aux cieux. Elle promène mes regards au sein de Rome, et ne permet pas que je sois tout-à-fait privé de tant de bonheur; elle sefraieraune route pour contempler ce char d'ivoire, et, grâce à elle, je me retrouverai, du moins pour quelques instants, dans ma patrie. Mais, hélas! c'est bien réellement que le peuple heureux jouira de ce spectacle, et que la feule présente à ces fêtes partagera la joie de son prince; tandis que moi, qui me repais de si charmantes idées dans mon lointain exil, c'est par l'ouie seulement que je participerai à ces délices. A peine viendra-t-il, du Lalium dans cet autre hémisphère, un témoin dont le récit pourra satisfaire ma curiosité; encore, ce triomphe, quand il me le décrira, sera-t-il déjà d'ancienne date; mais, à quelque époque qu'en vienne la nouvelle, je tressaillerai de joie ; ce jour-là, je quitterai mes habits de deuil, et la joie publique imposera silence à ma douleur personnelle. ÉLÉGIE III. Grande et petite Ourses, vous qui servez de guides, l'une aux vaisseaux des Grecs, l'autre aux vaisseaux phéniciens, qui restez toujours éloignées du contact des flots de l'Océan, et In cœlum céleri pervenit il la fuga. Illa mena oculoa mediam deducit in urbem , Immnnes tanti nec sinit esse boni, lnvenietque viam , qua currus spectel eburnos : Sic certe in patria per brève tempus ero. Vera tamen popalus capiet spectacula fclix , Lœlaque erit prœsens eu m duce turba suo : At mibi flngenti tantuin longeque remoto Auribus hic fructus percipiendus erit ; Atque procul Latio dirersum inissus in orbeiu Qui narrât cupido, vix erit, ista mihi. la quoque jam sérum referet veleremque triumphum ; Quo tamen audiero tempore , la?tus ero. Illa dies veniet, mea qua lugubria ponain , Cauaaque privata publies major erit. ELEGIA III. Magna minorqne fera;, quarum régis, altéra, Uraias; Altéra, Sidonias, utraque sicca, rates, Omniaquum summo positœ videatis in axe, Et maria occiduas non subeatis aquas, 715 qui, du haut du pôle où vous êtes placées, voyez tout ce qui se passe sur le globe, sans jamais vous plonger dans la mer occidentale; vous, enfin, qui, dans votre révolution, décrivez, sans effleurer la terre, un cercle au dessus de l'horizon, tournez les yeux, je vous prie, vers ces, murs que le téméraire Rémus, fils d'Ilia, osa, dit-on, franchir autrefois; portez vos éclatants regards sur mon épouse bien-aimée, et apprenez-moi si elle est ou nonfidèleà mon souvenir. Malheureux! Pourquoi l'informer d'une chose trop évidente ? pourquoi ton esprit estil toujours flottant entre l'espoir et la crainte? Crois ce qui est, ce quiflatteles désirs, et, bannissant de chimériques inquiétudes, sache avoir foi du moins en l'inébranlable foi qu'on te garde. Ce que les étoiles du pôle ne sauraient t'apprendre, la propre bouche peut te le dire à toi-même : elle ne t'a pas oublié, celle qui fait le sujet de ta sollicitude, et conserve la mémoire de ton nom, le seul bien qui lui reste; ton image est présente à ses yeux comme si tu étais là, et, malgré la distance infinie qui nous sépare, si elle vit encore, c'est pour t'aimer. Mais lorsque ton àme, succombant au poids de la souffrance, a besoin de repos, ta douleur repousse-telle les bienfaits du sommeil? Les soucis t'obsèdent-ils tandis que tu es dans la chambre et sur la couche conjugale, et te permettent-ils de penser à moi ? Une agitation violente s'empare-t-elle de tes sens? Les nuits te paraissent-elles éternelles? Tes ment /Elherianique suis cingens amplexibus arcem, Vester ab intacts circulus exslet humo ; Aspicite illa, precor, quaa non bene meenia quondam Dicitur Iliades transiluisse Remua : Inque meam nitidos dominam converlite vultua : Sitque memor nostri nerne, referte mihi. Heu mihil curnimium qute sunt manifesta, requiro? Cur labat ambiguo spes mihi mista metu? Crede quod est, quod vis, ac desine tuta vereri : Deque flde certa sit tibi certa fides : Quodque polo fixai nequeunt tibi dicere ilomniœ, Non mentitura tu tibi voce refer : Esse tui memorem, de qua tibi maxime cura est ' Quodque potest, secuin nomen habere tuum. Vultibus illa luis, tanquam prœsenlis, inhaeret, Teque remota procul, si modo vivit, amat. Eequid ut incubuit justo mens regra dolori, Lcnis ab admonilo pectore somnus abit? Tune subeunt cur» , dum te lectusque locUsquc Tangit, et oblitam non sinit esse mei? Et veniunt eeslus, et nox immensa vide.tur? F casaque jactati corporis ossa dolent ? 2(1 716 OVIDE. fcrep ksaes aess « ' s p H p s s s l p p s s s P p p - p p | :::||pe J« : ^ ^ , . ^ f e p P ^ ; : : : p | ^ i ^ i g ^ ^ | | wsiplls Pis Ispfesajs dsisslsmisisise'? î p s ••* €'sss I S ' : f e p i ^ . s i | ^ ^ ^ ^ i | j ^ ^ ^ ^ p ; Kes, p ses sfesase pas, sss eesseia sems sas i saassx, se hktïi 4'mims «sas»m, es ppasesisi1 \ sels > . « t e i i # s . si • : M : ; : ; ^ p i ï ^ | | ï ^ ^ | J ^ ^ epsefees aies! siaelssaïas sefsps., Passasses* l i S S ^ g ^ : ^ ^ ' d ^ ^ ^ p P : p ' ^ ^ | É | ^ ^ ^ ^ ^ ifisl se laisses se Umi pas e p l s s t e <ps selles * spipill sa es }> : jsp|ip.: : ji|^^ : ; ;|É|É|^|\\^^i^^^ dàPdsamaqee k l i s i a e i sl'llessee sassppp SempS spe SS «Pis Si Ifeap : p s | P : | | l l | | l | | l l m mm «pe mmmMv, u p sse passeais 4m m ! m m wmmwm-m rmm§mqw^mmmêW$ spefep A a f e u s l i p a l t je dsasre s|S5« sa sais ; sais, I! piss PPeilsd^ p-Sa sefese* |s sais as; stsssspsy île easaxee Pe êPesssess a | ^ s ^ : j , ^ , ^ g p ^ ^ ; : i g | | ^ ^ ^ ^ ^ slPaûess • pg I P - P p a , |s easPsals se yefe- iPspe psïssssi|>fe, se a i P i r l s a l i l l i i i i l i i i l l i : seselple à la perte de les; émmx> aies xsslsfe spssllssi s l l p e a P l S s i l l l i l l i l l l i i l ^ tUfteva 4mt les seslfeeesp la pfea seadre sssassaejipsfelefe pspails i i e l i É i l l i i i l I É l l l l I l É ^ ses epsssas-, p. qae ees iss-allseses,. ssss sles axais pslelp se |s;ssaslapsss s s f ? i p | : : | | | | | | î i | | | | : s passa, vesasa à la lassasse ssxa ertasessie; pesspssie qmi a» ? 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P i r r s ^ p l W s l l ^ ^ B esse m*, eie! fessa sesssa, sîssPaa ése sssp p p | àv ses psesfep;; $easé|è::es l e a s p l i l l l l i l l l l l liée ssasa e p p ; psa eeasfeas sas^èsè sls|ses:sla | ésaessgésss par C;;ipeé:Sap: : |iip::p|fspfe|pp asasis la ssasslss de sepasssprsp, p mes essssp | |pala sàplsaesls ses aapfei"ssrsasa^iiii||^ii^B spasarsafesla aessss splls reesia ssa ssalsaaasellfe | |Pi | p Éss^p.ip fesÉà#Pi:aéi|piilili^^ essess, je lesse;pmeasaae iaalp, alasl spe j asala j m\.qm ^^^mmà^^4mêè^^'''''m''^"'^" apsp psikis ape je ase s:ea|àss; assjeapffesd qim ^ îsSp>a é& mlmM m "m^^mi&ï^^^^^^§i pm? rnmpr de pesa ae ppllas. | g ^ g i a <|aaesse - ^ i s »m»r saifelII : I i l l i l l Ë l l l l iSss paàleai aals|a>, j » Pfess:-<S esése p » i , ISySqea iuw,sssSÎ SJJK;! 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La gloire difficile s'acquiert par des voies difficiles ; qui connaîtrait Hector si Troie fût restée florissante? C'est dans les malheurs publics que la lice est ouverte à la vertu. Ton art n'est rien, Tipliys, si la mer est calme ; et si les hommes se portaient toujours bien, ton art, ô Apollon, ne serait rien non plus. Cachée, inconnue et inactive dans la prospérité, la vertu se révèle dans l'adversité. Ma destinée t'offre une occasion de gloire, et met ton dévouement à des épreuves qui le ren dront célèbre ; profite donc de cette occasion qui te seconde si bien aujourd'hui ; devant toi se déroule une carrière vaste et glorieuse. ÉLÉGIE IV. illustre descendant de glorieux ancêtres, ô loi chez qui la noblesse du caractère surpasse celle de l'origine, en qui l'on ad mire à la fois le mérite héréditaire et le mérite personnel, loi dont le génie perpétue cette éloquence, privilège de ta famille, et qui n'a pas de rivale dans leforumlatin ; si je l'ai nommé sans le vouloir, et seulement en signalant tes qualités diverses, pardonne à ces éloges qu'elles m'ont arrachés; je ne suis point coupable : ce sont tes vertus Sed magis in nostri corani conaurge tuendi. Exemplumque mitai conjugis cato bonté : Materiamque lois trislem virlutibus impie : Ardua perprsrceps gloria vadat iter. Hectora quia nosset, si felix Troja fuisset? Publics virtuli per mala facta via est. Ara tua, Tiphy, jacet, si non sit in œquorefluctua: Si valeant homines, ars tua, Pboebe, jacet. Qua? latet, inque bonis cessât non cognita rébus, Adparet virtus ; arguiturque malis. Dat libi uostra locum tituli fortuna ; caputquc Conspicuum pistas qua tua tollat habct. IHere temporibus, quorum nunc inunere fréta es: En I patelin landes area lata tuas. ELEOIA IV. U qui, nominibus quuin sis generosus avilis, Exsuperas morum nobilitate genus ; Cujus inest animo patrii candoris imago, Non careat nervis condor ut iste suis ; Cujus in ingenio est patriœ facundia lingua? est. Qua prinr in Latio non fuit ulla fora, 747 mêmes qui te trahissent ; et, si tu parais ici ce que tu es en effet, je n'en suis pas moins à l'abri de tout reproche. Cependant, l'hommage que te rendent mes vers ne saurait, tu peux m'en croire, te nuire aux yeux d'un prince si juste; lui-même, ce père de la pairie (tant il a d'indulgence), souffre bien qu'on lise fréquemment son nom dans mes vers. 11 ne peut, il est vrai, l'empêcher, car César appartient à l'état, et moi aussi j'ai des droits surcebien, qui est le bien de tous. Jupiter livre sa divinité aux inspirations des poêles, et permet à toutes les bouches de chanter ses louanges. Tu dois être tout-à-fait rassuré par l'exemple de ces deux divinités, dont l'une a pour elle le témoignage de nos sens, et l'autre notre foi seulement. Après tout, si j'ai commis une faute envers toi, j'aime encore cette faute, car je ne t'ai pas demandé ton agrément pour l'écrire; et si c'est une offense qu'un entretien avec toi, l'offense n'est pas nouvelle; nous nous sommes ensemble entretenus tant de fois dans des temps meilleurs! Mais afin de te tranquilliser sur le prétendu danger de nos relations amicales, sache que le reproche, s'il y en a, remonterait à ton père : dès mes plus jeunes années (tu ne saurais en disconvenir) je fus admis dans son intimité, et, s'il t'en souvient encore, il accordait à mon talent plus d'estime que je n'en croyais mériter; Quod minime volui, positis pro Domine signis Dictus es ; ignoscas laudibus ista luis. Nil ego peccavi : tua te hona cognita produnt. Si, quod es, appares, culpa soluta mes est. Nec tamen officium nostro libi carminé factum, Principe lam justo posse nocere puta. Ipsè pater patrie? quid enim civilius illo? Sustinet in nostro carminé sajpe legi : Nec prohibere potest, quia res est publics, Csesar : Et de communi pars quoque nostra bonn est. Juppiter ingeniis prœbet sua numina vatum , Seque celebrari quolibet ont sinit. Causa tua exemplo Snperorum tuta dnonim est : Quorum hic conspicitur, creditur ille deus. Ut non debuerim , tamen hoc ego erimen amabn : Non fuit arbitré litera nostra tui. Nec nova, quod tecum loquor, est injuria ; nostro Ineolumis cum quo ss?pe locutus eram. Quo vereare minus ne sim tibi erimen amicus, Invidiam, si qua est, auetor habere potest. Nam tuus est primis cultus mihi semper ab annia Hoc certe noli disaimulare, pater : 28 Ingeniumquo pneu m , potes haec meminisse, probahat ; OVIDE. 748 d'Auguste est infinie, si quelqu'un lui demandait pour moi celte grâce, peut-être me raccorderait-il. Je suis emprisonné par les glaces de cette mer appelée aujourd'hui hospitalière, mais que les anciens avaient plus justemement nommée inhospitalière, car les flots y sont sans cesse agités par des vents furieux, et les vaisseaux n'y trouvent aucun port où ils puissent se réfugier. Les habitants du littoral, voleurs et assassins, rendent la terre aussi dangereuse que la mer est perfide ; ce peuple dont tu as entendu parler, et qui s'abreuve avec délice du sang humain, est situé presque sous la même constellation. C'est aussi dans notre voisinage que se trouve la Chersonèse-Taurique, terre cruelle où l'on immole, à la déesse au léger carquois, des victimes humaines; pays recherché, diton, par les scélérats odieux aux gens de bien, et où Thoas régnait autrefois; c'est là que la vierge dusangdePélops consentit,aprèsqu'on eut sacrifié unebicheà sa place, à célébrer le culte affreux de la déesse sa protectrice. Bientôt aborde en ces lieux, dirai je, lepieuxou le parricide Oreste? agité par les furies, et son compagnon, le héros phocéen : modèles des vrais amis, c'étaient deux corps qu'animait une seule âme. On les charge aussitôt de fers; on les traîne à l'autel sanglant dressé devant la double porte du temple. Cependant ni l'un ni l'autre ne parut effrayé de la mort qui le menaçait; c'était le trépas de son ami qui il émettait son jugement sur mes poésies avec cette dignité qui caractérise les hommes d'illustre naissance. Si donc j'ai trouvé un libre accès dans ta maison, ce n'est pas toi aujourd'hui, c'est ton père avant loi qui fut abusé. Mais non, crois-moi, je n'ai trompé personne, et, si l'on en excepte les derniers événements de ma vie à Rome, le reste peut aisément se justifier. Dans la faute même qui me perdit, tu ne verrais rien de criminel si lu pouvais connaître les longs détails de cette funeste aventure ; si je fus timide alors, ou si je fus imprudent, toujours est-il que mon imprudence me fut le plus fatale. Âh! labse-moi oublier ma destinée ; ne me force pas à rouvrir des blessures qui ne sont point encore fermées, et qu'à peine le temps pourra guérir; la juste mesure du châtiment prouve bien que ma faute a été commise sans intention criminelle. C'est là ce que le dieu a compris : c'est pour cela qu'il m'a laissé la vie, c'est pour cela que mes biens ne sont point passés aux mains d'un autre maître. Un jour peut-être (et puisse-t-il vivre jusqu'à ce jour!) abrégera-t-il la durée de mon exil, quand le temps aura calnté sa colère. Aujourd'hui, si mes vœux ne sont pas trop téméraires , je me borne à lui demander qu'il change le lieu de cet exil; un séjour moins horrible, un peu plus voisin de l'Italie, et moins à la portée d'un ennemi barbare, est tout ce que je sollicite. Comme d'ailleurs la clémence v IfHiS* >:B:BS SBBSïï, SSK|SB.iSB.: BggBSÏS BSS(Si, .• .: \ •t S (SiBfïBB SB! B SSSBB H B S g i B s S . f i S S ^ ^ ^ S ^ ï i i ï ï S H Ï ï -\ •* - . S ! Y:::::Y:::!B! :< :S>V:B:B:B:B:ySSBB:::::::: i>BBB!< îï::!ïB SnB SB!yï'BBBS BB!S:BB*B >BBBy ï SBSSBBSwB!!::! >!! BBBSBSsBSBBïïBBBBByy S B B ! ^ i « SjvB ÏS.SBB SSÏft': BBBB UBB.'S SBBS. ! y!:>;> sgffc»- Ah-S BSSÎBB y BBsX! Si:S gffSsW* SStft ÏBïBSBS y S s 4 BÏBBS S\Bi.B!J SSSB' >BïBï. SBSBSAys, SiSS« JBBWS! jBS! 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Eh bien! celte contrée, dernière limite de l'immense univers, maudite des dieux et des hommes, touche à celle que j'habite ! C'est près de mon pays (si cette terre barbare peut être appelée le pays d'Ovide) que se font ces épouvantables sacrifices ! Ah ! puissent les vents qui en éloignèrent Oreste enfler aussi pour moi les voiles du retour, quand le dieu qui me poursuit aura enfin calmé sa colère. ÉLÉGIE V. 0 toi que, parmi tant de compagnons chéris, je préfère à tous, toi dont le cœur est mon unique refuge dans mou désespoir, et dont la parole a ravivé mon âme près de s'éteindre, comme l'huile ranime la lueur de la lampe vigilante ; loi qui n'as pas craint d'ouvrir un port, asile assuré, à ma barque frappée de la fouQuœ stabat geminos an te craenta fores. Nec tamen hune sua mors, nae mors sua terrait illum : Aller ob alterius funera mœslus erat. Et jam consliterat stricto mucrooe sarerdos : Cinxerat et Graias berbara villa comas; Coin vice sermonis fralrein cognovit, et illi Pro nnce complexus Iphigenia dédit. Lœta dea: signum crudelia sacra pereste, Translulil ex illis in meliora locis. Hœc igitur regio magni pars ultima mundi, Quain fugere Domines dlque, propinqua mihi est. Atque meam terrain prope «uni funebria sacra, Si modo Nasoni barbara terra sua est. O utinam venti, quibus est ablatus Orestes, Plaça to référant et mea vêla deo! ELEGIA V. O mihi dilectos inter sors prima sodales, Cuica fortunis ara reporta meis ; Cujus ab adloquiis anima base moribunda revixit, Ut vigil infusa Pallade flamma aolet : Qui veritus non es portus aperire fidèles, 719 dre; toi qui devais, si César m'eût privé de mon patrimoine, me sauver de l'indigence par un généreux partage; tandis que, dans les transports de ma reconnaissance, j'oublie ma situation actuelle, ton nom a failli s'échapper de ma plume. Cependant, tu te reconnais bien ici, et, possédé du désir de la gloire, tu voudrais pouvoir dire hautement : C'est moi. Pour ma part, je voudrais aussi, avec ton consentement , pouvoir te rendre un éclatant hommage et célébrer ton rare dévouement. Mais je crains que ma muse reconnaissante n'attire sur toi quelque malheur, en donnant à ton nom un éclat intempestif. Borne-toi donc, ce qui ne saurait être ni criminel ni périlleux, à te réjouir en toi-même de ma fidélité envers toi, et de la tienne à mon égard. Continue à faire force de rames pour venir à mon secours, jusqu'àce que le dieu moins irrité m'envoie des vents plus doux. Protège celte tête qu'aucun effort humain ne sauvera, si celui qui l'a plongée dans le Styx ne l'en relire lui-même. Remplis avec persévérance, dévouement trop rare! la tâche qu'impose une inébranlable amitié. Puissent, en revanche, tes destinées devenir de plus en plus prospères! Puisses-tu ne réclamer jamais pour toi ces secours que tu prodigues aux tiens ! Puisse ton épouse égaler ton inaltérable bonté, et la discorde ne jamais troubler votre union ! Puisse le mortel issu du même sang que toi Fulmine percussœ confugiumque rali, Cujus eram censu non me sensurus egentem, Si Cœsar patrias eripuisset opes ; Temporis obi i lu m dum me rapit impetus hujus , Excidit, heu ! nomen quam mihi pâme tuum I Tu lamen agnoscis : tartusqtie cupidine laudis , 111c ego 6um , cuprres dicere posse palam. Ccrte ego, si sineres, lilulum tibi reddere vellem, Et raram fauun conciliare lidein. Ne noceam grato vereor tibi carminé , neve Intempestivi nominis obstet honos. Quod licet et tulum est, in Ira tua pectora gaude, Moque tui memorem , leque fuisse mei. Utque facis, remis ad opein luclare ferendam , Dum veniat placido mollior aura deo : Et tutare caput nulli servabile, si non Qui mersit Slygia sublevet illud aqua. Teque, quod est rarum, prœsla constanter ad omne Indeclinata? inuuus amiciliœ. Sic tua processus, habeat fortuna perennes; Sic ope non egeas ipse, juvesque tuos : Sic acquêt tua nupta virum bonitate perenni, Incidat et vestro rare, querela toro : Diligat et sempefsucras te sanguinis illo 29 OVIDE. 720 t'aimer aussi tendrement que Pollux aima Castor ! Puisse ton jeune fils le ressembler, et chacun, à ses vertus, reconnaître que tu lui as donné le jour ! Puisse ta fille, allumant le flambeau de l'hymen, te donner un gendre, et toimême être appelé, jeune encore, du nom de grand-père! ÉLÉGIE VI. Avec le temps, le bœuf s'accoutume à traîner la charrue sous la main du laboureur, et vient de lui-même offrir sa tête au joug pesant ; avec le temps, le coursier fougueux devient docile aux flexibles mouvements des rênes, et la bouche cesse d'être rebelle aux dures impressions du mors ; avec le temps, le naturel furieux des lions africains s'adoucit, et leur caractère perd beaucoup de sa férocité ; avec le temps aussi, ce monstrueux animal que produit l'Inde obéit à la voix de son maître, et se façonne à la servitude. Le temps développe les faibles bourgeons de la vigne, et gonfle le raisin dont les grains ne peuvent plus contenir leur jus abondant; le temps change les semences en épis dorés, et fait perdreaux fruits leur première âprelé. C'est lui qui ose le tranchant de la charrue émoussé à force de retourner la terre, qui brise les cailloux les plus durs et le diamant lui-même ; c'est lui qui apaise insensi- Qno pius idfectu Castor» frater amat : Sicjuvenis, similisque tibi ait natus, et illtim Moribus agnoarat qiiilibet esse tunm : Sic aocerum facial tarda le nata jugali, Nec tardum juveni det tibi nomen avi. ELEGIA VI. Tempore ruricola? patiena fit taurus aralri, Praebet et incurvo colla premenda jogo : Tempore paret equua lentia aniinosua habenis , Et placido duros acripit ore lupos. Tempore Pœnorum compescitur ira leonum , Mec feritaa animo, quœ fuit aute, manet. Quirque sui monilis obtempérât Inda magistri Bellua, servitium tempore vicia subit. Tempus, ut extenlis tumeat facit uva racemis , Vixque merum capiant grana , quod intus habent. Tempua et in canaa aemen producit ariataa, El ne aint triati poma sa pore facit. Hoc tenuat dentem terram Hndenlia aratri, Hoc rigidoa silices, hoc adamanta terit. blement les violentes colères, qui affaiblit la douleur, et soulage l'affliction des âmes : ainsi donc rien ne résiste à cette imperceptible action du temps, rien, excepté mon éternel chagrin ! Depuis que je suis exilé de la patrie, deux fois la moisson a comblé les greniers, deux fois la liqueur de la grappe a jailli sous le pied nu qui la foule ; cependant l'habitude du mal ne m'a pas rendu le mal plus supportable, et j'éprouve toujours la vive souffrance d'une blessure récente. Ainsi l'on voit de vieux taureaux se soustraire au joug, et le coursier dressé se montrer parfois rebelle au frein. Un supplice est d'ailleurs plus cruel encore qu'au premier jour ; car, fût-il toujours le même, il augmente et s'aggrave par la durée. Je ne connaissais pas aussi bien toute l'étendue de mes maux ; aujourd'hui, plus ils me sont connus et plus ils m'accablent. C'est beaucoup aussi de n'avoir pas encore perdu toutes ses forces, et de n'être pas vaincu par les premières attaques du malheur : l'athlète qui débute dans l'arène est plus fort que celui dont le bras s'est lassé par de longs exercices. Le gladiateur au corps sans blessures et aux armes encore vierges est plus vigoureux que celui qui a déjà rougi son glaive de son propre sang. Décemment construit, le navire résiste aux plus violentes tempêtes; et s'il est vieux, il s'entr'ouvre au moindre orage. Et moi ausni j'ai lutté plus vaillamment contre le malheur Hoc etiam savas paulatim mitigat iras, Hoc minuit luctui, mceataque corda levât. Guncta poteat igitur tacito pede lapaa vetuataa Praeterquam curas attenuare meas. Ut patria careo, bis frugibua area trita est : Dissiiuit nudo pressa bis uva pede : Nec queesita lamen spatiu patientia longo est, Mensque mali sensum nostra recentis habet. Srilicet et veleres fugiunt juga curva jurenci, Et domitus fneno sape répugnât equus. Tristior est etiam prtesens «crumna priore : Utsit enim sibi par, crevit, et aucla mora est. Nec tam nota mibi, quam sunt, mata noatra fuerunt : Sed magis boc, quo sunt eognitiora, gravant. Est quoque non minimum vires ad ferre récentes , Nec praconsumptum temporis esse malis. Fortior in fuira novus est lurtator arena , Quam cui sunt tarda brachia fessa mon. Inleger est melior nilidis gladiator in armia, Quam cui tela suo sanguine tiucta rubent. Fert bene prtacipites navis modo facta procellas : Qtiamlibet eiigtio solvitur imbre vêtus. 56 LES TRISTES. 721 je n'eus que peu de relations ? Pourquoi, chaque fois que j'ai brisé le cachet d'une lettre, ai-je été déçu dans mon espoir d'y lire ta signature? Fasse le ciel que tu m'en aies écrit une foule sans qu'une seule me soit parvenue ! Ce vœu que je fais s'est réalisé, j'en suis sur. Je croirais plutôt à la tête de la Gorgone Méduse , hérissée de serpents ; aux chiens qui ceignent les flancs de la jeune Bile ; à la Chimère, moitié lion, moitié dragon, et vomissant desflammes;aux quadrupèdes dont la poitrine s'unità une poitrine humaine ; à l'homme au triple corps ; au chien à la triple tête; aux sphynx; aux harpies; aux géants aux pieds de serpent; à Gygès aux cent bras ; au monstre homme et taureau ; oui, je croirais à toutes ces fables, plutôt qu'à ton inconstance et à ta froideur. Des montagnes sans nombre, des distances sans limites, des fleuves, des vallées, enfin la mer immense, nous séparent : mille obstacles peuvent avoir empêché les lettres que tu m'as sans doute plus d'une fois écrites, d'arriver ÉLÉGIE VII. jusqu'à moi. Triomphe cependant, à force de Deux fois le soleil m'est venu visiter après zèle à m'écrire, de ces mille obstacles, et que les frimas de l'hiver, et deux fois , après avoir je ne sois pas toujours obligé de te défendre à accompli sa révolution annuelle, il est entré mes propres yeux. dans le signe des Poissons. Mais, pendant ces deux longues années, pourquoi ta main n'a-t-elle pas tracé pour moi quelques lignes amicales? ÉLÉGIE VIII. Pourquoi ton affection est-elle restée muette alors que d'autres m'écrivaient, avec lesquels Déjà ma tête imite la couleur des plumes du que je ne lutte maintenant, et leur longue durée n'a fait qu'accroître son intensité. Oui, je l'avoue, le courage me manque, et je sens, à mon dépérissement rapide, que je n'ai pas longtemps à souffrir; mes forces s'épuisent , mon teint se flétrit chaque jour, et à peine une peau mince recouvre mes os. Mais si mon corps est malade, mon Ame l'est plus encore; elle languit, éternellement absorbée dans la "Contemplation de ses maux : Rome est loin de moi ; loin de moi sont mes amis, objets de ma sollicitude ; loin de moi la plus chérie des épouses ; autour de moi, une populace scytbe et des hordes de Gètes aux larges braies ; si bien que ceux que je vois et ceux que je ne vois pas me tourmentent également. L'unique espoir qui me console dans cet horrible état, c'est qu'une mort prochaine termine mon supplice. Nos quoque, quœ ferimus, tulimus patientius ante, Et mata sunt longo miiUiplicata die. Crédite, deflcio, nostroque a corpore quantoin Auguror, accèdent tempora parva malis : Nam neque sunt vires , neque qui color ante sole bal ; Via haheo tenuein quœ tegat ossa entem. Corpore sed mens est œgro niagis a?gra , malique In circumspectu stat sine fine sui. Urbis abest faciès; absnnt, mea cura, sodales : Et, qua nulla mihi carior, uxor abest. Vulgus adest Scylhicum , Iraccataque tnrba Getarum : Sic mala qua; video, non videoque, nocent. Uira tamrn spes est, quœ me soletur in istis ; Hftc fora morte mea non diuturna mala. ELEGIA VII. Bis me sol adiit gelidœ post frigora brumœ, Bisque suum tacto Pisce peregit iter. Tempore tam longo cur non tua dextera, versus Quamlibet in paucos ofliciosa fuit? Cur tua cessavit pietas, scribentibua illis Exiguns nobis cum quibus usus erat? T. IV. Cur, quoties alicui dnm charte vincula demsi, lllam speravi nomen habere tuum ? Dl faciant ut sœpe tua sit epistola dextra Scripta , sed e multis reddita nulla mihi. Quod precor, esse liquet : Credam prius ora Méduse Gorgonis anguineis cincla fuisse coulis : Esse canes utero sub Virginia : esse Chimœram , A truce quœ flammis separetangue leam : Quadrupedesque hominum cum pectore pectora junctos : Tergeminumque virum, lergeminumque canem : Sphingaque, et Harpyias, serpentipedesque Gigantas ; Centimanumque Gygen, semlbovemque virum ; Hœc ego concta prius, quam te, carissime, credam Mutatum curam deposuisse mei. Innumeri montes inter me teque, viœque, Fluminaque, et campi, nec fréta paucajacent. Mille potestcausis, a te quœ litera sœpe Missa sit, in nostras nulla venirc manus. Mille ta mea causas scribendo rince fréquenter : Excusera ne te semper, amice, mihi. ELEGIA VIII. Jam mea cyrneas imitantur tempora plumas, 46 OVIDE. 722 cygne, la vieillesse blanchit ma noire chevelure; teintes de la vieillesse, il serait temps enfin déjà s'avance l'époque de la caducité, l'âge de qu'on me gratifiât de la baguette libératrice; il la faiblesse ; déjà mes jambes chancellent, serait temps de ne plus être l'hôte d'un climat j'ai peine à me soutenir. Voici le temps où, étranger, de ne plus étancher ma soif à des libre enfin de IOUS travaux pénibles et de tou- sources gétiques, mais tantôt de goûter dans tes inquiéiudes, je devrais passer doucement mes jardins des plaisirs solitaires, et tantôt le resie de mes jours au milieu des loisirs, de jouir encore de la société de mes concitoujours si attrayants pour mon esprit, et toyens et de la vie de Rome. de mes chères éludes; chanter ma modeste Je n'avais pas, hélas ! le secret de l'avenir demeure, mes vieux pénates et les champs quand je me promettais ainsi une vieillesse paide mes pères, aujourd'hui privés de leur sible. Les destins s'y sont opposés ; et s'ils ont maître ; vieillir enfin paisiblement entre les voulu que ma vie commençât dans les débras de mon épouse et de mes petits enfants, et lices, ils l'empoisonnent à ses derniers jours. au sein de ma patrie. J'avais déjà fourni dix lustres sans faillir, et c'est Tel est le bonheur que je rêvais autrefois, quand ma vie touche à son terme que je sucet c'est ainsi que je me croyais digne de finir combe! Déjà près du but, et croyant l'atteindre, ma carrière. Les dieux en ont ordonné autre- j'ai vu mon char s'abîmer dans une chute efment , eux qui, après m'avoir éprouvé par froyable. Inseusé que je fus! j'ai donc forcé de mille vici-situdcs sur terre et sur mer, m'ont sévir contre moi le mortel le plus doux qui jeté sur les rivages de la Sarmatie! On relègue soit au monde! Ma faute a vaincu sa clémence; dans les arsenaux de marine les navires endom- et toutefois il m'a laissé la vie par pitié pour magés, de peur qu'exposes imprudemment mou égarement ! Mais celte vie doit s'écouler aux flots ils ne viennent à sombrer; on laisse loin de la patrie, sur les bords où règne Borée, le cheval épuisé paître en repos l'herbe des sur la rive gauche du Pont-Euxin! Quand prairies, de peur qu'il ne succombe dans Delphes, quand Dodone même me l'aurait préla lutte et ne flétrisse les palmes nombreuses dit,j'eusse traité ces deux oracles de menteurs. qu'il remporta jadis : le soldai qui devient, Mais il n'y a rien de si solide, fût-il fixé par des après de longs services, impropre a la guerre, chaînes de diamant, qui puisse résister au choe dépose aux pieds de ses Lares antiques les violent de la foudre de Jupiter; rien n'est placé ai mes qu'il ne peut plus porter. Ainsi donc si haut, rien ne s'élève tellement au-dessus des moi, dont les forces défaillent peu à peu aux at- dangers qu'il ne soit dominé par un dieu, et Inlicit et nigras alba senecta comas : Jam sulirunt anni fragiles, et inertior a-tas : Jamque paru m firmo me mibi ferre grave est. Nunc crat, ut posito dt-berem fine laborum Vivere, me uullo sollicitante metu, Quoique meas semper placuerunt otia menti, Carpere , et instudiis iiiolliter esse meis : Et parvam celebrare domum, veteresque Pénates, Et qute nunc domino rura patenta carent : Inquc sinu domino} , rarisque uepotibus, inque Securus patria coiiseniiisse mea. Haie mea sic quondain peragi speraverol tctas : lias ego sic aiutos ponere dignus rram. Non ita Dis visum : qui me lerraque manque Actum , Sarmatir.is exposucre locis. In cava duruntur quassœ navalia puppes , Ne temere in mediis destiliiantur aquis. Ne cadal, et multas pahnas inboneslet adeptas, I.anguidus in pralis gramina carpit equus. Miles, ut emeritis non est satis utilis annis , Ponit ad anliquos , quœ tulit arma, Lares. Sic igitur tarda vires ininuenie senerta , Me quoque donari jam rude, tempus erat. Tempus erat, nec me peregrinum ducere cœlutn, Necsiccatu Getico fonte Ievare sitiin : Sed modo, quos lia bu i, vacuum secedere in hortos : Nunc bominum visu rursus et urbe frui. Sic, a ni ino quondam non divinante futurs Oplabain placide vivere posse senex. Fa ta repugnarunt, quœ, eu m mibi lempors prisa Mollia pra-bueriot, posleriora gravant. Jamque decein lustris oui ni sine labe peractis , Parte premor vitte détériore mess. Nec procul a métis, quas pâme lenere videbar, Curriculo gravis est facta ruina ineo. Ergo illum démens in me sœvirecoegi, Milius iinmensus quo nihil orbis bahetf Ipsaque delictis vicia est cleinentia noslris : Nec tamen «rrori vita negata meo? Vila procul patria perageuda sub axe Boreo, Qua maris Euxini terra sinistre jacet. Hœc mibi si Delphi, Dodonaque direret ipsa , Esse videretur vanus uterque locus. Nil adeo validum est, adamus licet adliget illnd , Et maneat rapido Uruiius igné Jovis. Nil ita sublime est, supraque pericula tendit, 47 LES TRISTES. 723 ma vengeance, les Muses me prêteraient leur fouet et leurs armes. En vain je suis confiné sur les plages lointaines de la Scythie, et dans le voisinage de ces constellations immobiles audessus de l'horizon , ma voix retentira parmi les nations immenses, et celui que j'accuserai aura pour juge l'univers. Mes paioh s voleront du couchant à l'aurore, et l'orient sera l'écho de l'occident. On m'entendra au delà du continent, au delà des vastes mers, et le bruit de mes plaintes se prolongera dans l'avenir. Ce ÉLÉGIE IX. n'est pas seulement le siècle présent qui conSi je le puis et si tu me laisses en paix, je naîtra ton crime, mais la postérité qui perpétairai ton nom et ta conduite, je livrerai les tuera à jamais ton déshonneur. actions aux eaux du Létbé. Ma clémence se Je suis prêt au combat ; cependant je n'ai pas laissera loucher par tes larmes tardives ; mais encore pris mes armes (I), et je désire que rien j'exige des preuves éclatantes de repentir. ne m'y oblige. Le cirque est encore fermé, mais J'exige que tu démentes ta vie passée et que tu le taureau furieux fait voler la poussière et effaces autant que possible de ion existence frappe la terre d'un pied impatient. J'en ai dit ces jours dignes de Tisiphone. Sans cela, et plus que je ne voulais... Muse, sonne la retraite; si ton cœu r est encore enflammé de haine contre il peut encore cacher son nom. moi, ma douleur, poussée à bout, s'armera pour me venger, et bien que je sois relégué aux extrémités du monde, ma colère saura l'atteindre où tu es. César, si tu l'ignores, ne ELEGIE X. m'a point enlevé tous mes droits de citoyen, il ne m'a interdit que le séjour de la patrie; Ce poète que tu lis, et qui chanta les tendres encore cette patrie, si les dieux le conservent, amours, si tu veux le connaître, ô postérité, il me la rendra, je l'espère : souvent le chêne voici son histoire. reverdit après avoir été frappé de la foudre. Sulmone est ma patrie, Sulmone, célèbre Enfin, si toute antre ressource était refusée à par l'abondance et lu fraîcheur de ses eaux, et soumis à sa puissance ; car bien qu'une partie de mes maux soit la conséquence de ma faute, c'est au courroux du dieu qu'ils doivent élre attribués. Pour vous, apprenez du moins par mon déplorable exemple à vous rendre propice un mortel égal aux dieux. Non sit ut inferius subpositumque deo. Nam quamquam vitio pars est contracta malorum , Plus tamen exitii numinls ira dédit. At vos admoniti nostris quoque casibus este , /Equantem superos emeruisse virum. ELEGIA IX. Si licet, et paierie, nomen facinusque tacebo , El tua Lelhœis acta dabuntur aquis : Nostraque viocetur lacrymis clemeutia seris. Fac modo te paleat pœnituisse tui : Fac modo te dainues, cupiasque eradere vit» Tempora , si posais , Tisiphonata tua; : Sin minus , et flagrant odio tua pectora nostro, Induet infelix arma coacta dolor. Sim liret extremum , sirut sum, missus in orbem ; Nostra suas istuc porriget ira manus. Omnia, si nescis, Cœsar mihi jura reliquit, Et sola est patria pœna carere mea. Et patriam , modo sit sospes , speramus ab illo. Sa?pe Jovis telo quercus adusla viret. Panique vindictes si ait mihi nulla facultés ; Piérides vires et sua tela dabunt. Ct Si-ylliicis habitent looge summotus in oris, Siccaque sinl oculis proxima signa meis; Nostra per immenses ibuut prateonia pentes Quodque q liera r, notuin , qua palet orbis erit. Ibit ad oecasum, quidquid dicemus, ab ortu : Testis et Hesperiœ vocis Kous erit. Trans ego tellurem , trans latas audiar undas Et gemitus vox est magna futura mei. Nec tua te sontem tanlummodo sotcula norint : Perpétuât crimen pusteritatis cris. Jam feror in pugnas , et nondum cornua eumsi. Nec inihi sumendi causa sit ulla velim. Circus adbuc cessât : spargit tamen acer arenam Taurus, etinfesto jain pede puisât liumuin. Hoc quoque, quant volui, plus est. Cane, Musa, receptus. Dum licet huic nomen dissimulare suuin. ELEGIA X. llle ego, qui fueram tenerorum lusor amorum , Quem legis, ut noria, accipe, postérités. Sulmo mibi patria est, gelidis uberrimus undis, 46. 3 724 OVIDE. Cependantles années s'écoulaient insensiblesituée à quatre-vingt-dix milles de Rome. C'est laque je naquis, et, pour préciser l'époque, ce ment; nous primes, mon frère et moi, la robe fut l'année où les deux (I) consuls périrent l'un virile ; nous couvrîmes nos épaules de la pouret l'autre, frappés d'une mort semblable. Je pre du laliclave, et chacun de nous persista possède, si l'on peut compter cela pour un dans sa vocation. Mon frère venait d'atteindre avantage, un rang de chevalier, non par une sa vingtième année, lorsqu'il mourut, et avec faveur de la fortune, mais à titre d'héritier lui la moitié de moi-même. J'entrai alors dans d'une race antique qui l'a possédé avant moi. les charges qui convenaient à mon âge: je fus Je n'étais pas l'aîné de ma famille ; un frère créé triumvir. Restait la dignité sénatoriale, m'avait précédé d'un an dans la vie. La même mais je me contentai de l'angusticlave; ce farétoile présida à nos naissances, et le même deau excédait la mesure de mes forces, mon jour était célébré par l'offrande de deux corps et mon esprit redoutaient trop la fatigue; gâteaux. Ce jour est, des cinq fêtes de la belli- les soucis de l'ambition m'inspiraient trop queuse Minerve, celui qui le premier est ordi- d'effroi. D'ailleurs les neuf Sœurs d'Aonie, nairement signalé par des combats sanglants. dont je subis toujours la douce influence, me On commença de bonne heure notre éduca- conviaient à des loisirs tranquilles. tion, et, par lessoins démon père, nous reçûmes "> J'ai connu, j'ai aimé les poêles mes contemles leçons des plus habiles maîtres de Rome. ' porains; je croyais voir autant de dieux dans Mon frère, dans sa première jeunesse dirigea ; ces mortels inspirés. Souvent le vieux Macer ses éludes vers l'art de la parole ; il semblait j me lut ses Oiseaux et son livre des Serpents né pour l'éloquence et pou ries luttes orageuses ! dont le venin donne la mort, et des Simples du Forum. Mais moi, n'étant encore qu'un qui guérissent de leur morsure. Souvent Proenfant, je trouvais des charmes dans l'étude perce me récitait ses vers passionnés ; Prodes sacrés mystères, et les Muses m'initièrent perce, qui fut mon compagnon et mon ami; en secret à leur culte. Mon père me disait sou- Ponticus, célèbre par sa -poésie héroïque , vent : t Pourquoi l'ouvrir une carrière stérile? Bassus, par ses iambes, furent pour moi d'aHomère lui-même est mort dans l'indigence. > gréables compagnons; et l'harmonieux Horace Docile à ses conseils, je désertais l'Hélicon, et : captiva mes oreilles par la pureté des sons de je m'efforçais d'écrire en prose, mais les mots j sa lyre ausonienne. Je n'ai fait qu'entrevoir venaient d'eux-mêmes se pliera la mesure, et Virgile, et les destins jaloux enlevèrent trop tout ce que j'écrivais était des vers. ' tôt Tibulle à mon amitié. Ce poètefleuritaprès Millii qui novies distat ab nrbe decem. Editua bic ego aum , necnon, ut tempora noria , Qunm cecidit lato consul uterque pari : Si quid id eat, usque a proavis velus ordinia hères ; Non modo fortunée munere factua eques. Nec atirps prima fui : genito aum fratre creatus, Qui tribus anle quater mensibua ortuserat. Lucifer amborum natalibua adfuit idem : Dna celebrata eat per duo liba diea. Haec est armiferœ festis de quinque Minervae, Qua fieri pugna prima cruénta solet. Protinua excolimur teneri, curaque parentis, Imua ad insignes urbis ab arte viros. Prater ad eloquium viridi tendebat ab sevo ; Fortia verbosi natus ad arma fori. At mibi jam puero cœlealia sacra placebant, loque auum furtim musa trahebat opus. Sœpe pater dixit : Sludium quid inutile tentas? Maeonides nulles ipse reliquit opes. Motua eram dictis : totoque Helicône relicto, Scribere conabar verba solula modia. Sponte sua carmen numéros veniebat ad aptos, Et qnod tentabam dicere versos erat. Interea tarito passu labentibus annia, Liberior frstri sumpta mibique toga est : Induiturque humeris cum lato purpura clavo : Et atudium nobis, quod fuit ante, ma net. Jamque decem vita» frater geminaverat annoa, Cum péril, et cœpi parte carere mei. Cepimus et teneree primoa setatis honores, Deque viria quondam para tribus une fui. Curia resta bat : clavi mensura coacta eat. Majus erat noslris viribus illud onus. Nec patiens corpus, nec mens fuit apta labori, Sollicilscque fugax ambitionis eram : Et petere Aonite suadebant tu ta sorores Otia, judicio semper amata ineo. Temporis illius colui fovique poêlas, Quoique aderant rates, rebar adease deos. Saepe suas volucres legit mihi grandior aavo, Quaeque necet serpens, qua: juvet herba, Macer. Saepe soos solitus recitare Propertius ignés; Jure sodalitiiqui mihijunctns erat. Ponticus heroo, Bassus quoque clarus iambo, Dulcia coovictus membre fuere mei. Et tenuit nostras numerosus Horatius auras : LES TRISTES. 725 toi, Gallus, et Properce après lui; je vins jeunesse, ma fille m'a donné des gages de sa donc le quatrième par ordre de date ; l'hom- fécondité, et deux fois m'a rendu grand-père, mage que j'avais rendu à mes aînés, je le mais par deux maris différents. reçus moi-même des plus jeunes, et ma muse Déjà mon père avait terminé sa carrière, ne tarda guère à être connue. Quand je lus au après avoir atteint son dix-huitième lustre; je peuple les premiers essais de ma muse, ma le pleurai comme il m'eût pleuré si je l'eusse barbe n'avait été encore qu'une ou deux fois devancé dans la tombe. Je rendis bientôt après rasée. Ma première inspiration, jeladusàcette le dernier devoir à ma mère. Heureux tous les femme que Rome entière célébrait alors, et deux, et tous les deux morts à propos, puisque jedésignai sous le pseudonyme de Corinne. qu'ils n'ont pas vu le jour de ma disgrâce. J'ai beaucoup écrit, mais tout ce qui m'a Heureux moi-même de ne les avoir pas pour semblé mauvais, j'ai confié auxflammesle soin témoins de mon infortune et de n'avoir pas de le corriger ; quelques - uns même de mes été pour eux un sujet de douleur ! Si pourtant, ouvrages qui auraient pu plaire ont été après la mort, il reste autre chose qu'un vain brûlés à mon départ, par ressentiment contre nom ; si une ombre légère se dérobe aux flammes du bûcher, si le bruit de ma faute est la poésie et contre mes vers. Mon cœur était tendre, sensible aux traits venu jusqu'à vous, ombres de mes parents, de l'amour et prompt à s'émouvoir pour et que mon procès se débatte devant le tribunal la cause la plus futile. Tel que j'étais alors, et des enfers, sachez, je vous prie ( et il ne m'est malgré ces dispositions à m'enflammer, je ne pas possible de vous tromper), que ce n'est donnai jamais le moindre sujet de scandale. point un crime, mais une simple indiscrétion, Je n'étais presque qu'un enfant, lorsqu'on me qui est la cause de mon exil. maria à une femme indigne de moi et inhabile à C'est assez donner aux mânes. Je reviens ses nouveaux devoirs. INotre union ne fut pas de à vous, lecteurs curieux de connaître jusqu'au longue durée. Une seconde la suivit qui fut irré- bout l'histoire de ma vie. prochable, il est vrai; mais celte seconde épouse Déjà la vieillesse, chassant mes belles anne devait pas longtemps partager mon lit ; la nées, avait parsemé ma tétede cheveux blancs; dernière est celle qui est restée ma compagne depuis ma naissance, dix fois couronné de jusque dans mes vieux jours, et qui ne rougit l'olivier olympique, le vainqueur à la course pas d'être la femme d'un exilé. Dans sa première des chars avait remporté le prix, lorsqu'il me Dum ferit Ansonia carmina culta lyra. Virgilium vidi tantum : nec avara Tibullo Tempus amicitix fala dedere meas. Successor fuit bic tibi, Galle, Propertius illi. Quartns ab bis série lemporis ipse fui. Pique ego majores, sic me coluere minores: Notaque non tarde facta Thalia mea est. Carmina cum primum populo juvenilia legi ; Barba resecta mihi bisve semelve fuit. Moveral ingenium totam cantate per urbein Nomine non vero dicta Corinna mihi. Multa quidem scripsi : sed quoi vitiosa putavi, Emendaturis ignibus ipse dedi. Tum quoque,quum fugerem,quadam placitura cremavi; Iratus studio carminibusque meis. Molle, Cupidineis nec inexpugnable telis Cor mihi, quodque levis causa moveret, eiat. Quum lamcn hoc essem, minimoque accenderer igné, Nomine sub nostro fabula nulla fuit. Pœne mihi puero, needigna , necutilis uxor Est data : quaa tempus perbreve nupta fuit. DU successit, quainvis sine crîmine conjux , Non tamen in nostro firnia future toro. Pltima quœ mecum seros permansit in annos, Sustinuit conjux exsulis esseviri. Filia me prima mea bis fœcunda juventa , Sed non ex uno conjuge fecil avum. Et jam complerat genitor sua fata, novemque Addiderat lustris altéra lustra novera : Non aliter flevi quam me flelurus ademtum Ille fuit ; matri proxima busta tuli. Polices ambo tempestiveque sepullos, Ante diem pœnœ quod periere mea: I Me quoque felicem , quod non viventibus illis Sum miser, et de me quod doluere nihil. Si Union exstinclisaliquid, nisi nomina, restât, Etgracilis structos effugil umhra rogos. Fama, parentales, si vos mea eontigit, umbra , Et sunt in Slygio crimina nostra foro ; Scite, precor, causant, nec vos mihi fallerc fas est. Errorem jussœ non scelus esse fngse. Manibus id satis est ; ad vos, sludiosa revertor, Pectora , quat vitœ quœritis acU meae. Jam mihi canities, pulsis melioribus annis, Venerat, antiques miscueratque comas ; Postque meos ortus Pissa vinctus oliva , 95 726 OVIDE. fallut, pour obéir à l'arrêt du prince offensé, tortures, si je ne prends point en dégoût cette me rendre a Tome», sur la rive gauche du Ponl- existence inquiète, c'est grâce à toi, o ma muse, Euxin. La cause de ma perte n'est, hélas ! que car c'est loi qui me consoles, qui calmes mon trop connue de tous, et mes explications désespoir et qui soulages mes douleurs. Tu es seraient superflues. Dois-je énumérer la tra- mon guide, ma compagne fidèle; lu m'arraches hison de mes amis, les méfaits de mes esclaves aux rives de lister pour m'élever jusqu'aux et tant d'autres afflictions aus»i cruelles que sommets heureux de lllélicon. C'est toi qui, l'exil même? Mon âme s'indigna de cédera par un rare privilège, m'as donné, pendant ma l'adversité, et, rappelant toutes ses forces, elle vie, cette célébrité que la renommée ne dissoutint victorieusement la lutte. Démentant pense-qu'aprèslamort. L'envie, quid'ordinaire mes habitudes pacifiques, et oubliant mes loi- se déchaîne contre les ouvrages contemporains, sirs du passé, je sus m'accommoder au temps n'a encore déchiré de sa dent venimeuse aucun et pris des armes étrangères à mon bras. J'en- des miens; car, dans ce siècle si fécond en durai sur terre et sur mer autant de maux grands poêles, la malignité publique ne m'a qu'il y a d'étoiles entre le pôle que nous voyons point encore dégradé du rang que je tiens et celui que nous ne voyons pas, et, après bien parmi eux ; et quoique j'en reconnaisse pludes détours, j'abordai enfin chez les Sarmates, sieurs au-dessus de moi, on me dit pourtant voisins des Gèles au carquois redoutable. Ici, leur égal, et je suis lu dans tout l'univers. Si quoique étourdi par le fracas des armes qui les pressentiments des poètes ont quelque fonretentissent autour de moi, je trouve dans la dement, je dirai que, quand je mourrais à poésiequelque adoucissementà mes souffrances, l'instant, je ne serais pas, ô terre, non, je ne et quoiqu'ici encore il n'y ait point une seule serais pas ta proie. Que je doive ma réputation oreille pour écouter mes vœux, cependant à la laveurouau talent, reçois ici, tuteur bienj'abrège et je trompe ainsi la longueur des veillant , le légitime hommage de ma reconnaisjours. Si donc je vis encore, si je résiste à mes sance. Abstulerat decies prapinia victor cques : Quum, maris Euxini positos ad la?va, Tomitas Quajrpre me lœsi principis ira jubet. Causa mes» eunctis, nimiuin quoque nota, ruina» lndirio non est teslificanda men. Quid refera m romiluiuque nefas, famulosque nocentes? lpsa multa tuli non leviora fuga. lndignala malis mens est succumbere : seque Prastitit invictain viribus usa suis : Oblilusque Inga», ductœque peroliaviue, Insolita repi tempnris arma manu. Totque tuli terra casus pelagoque, quot inter Occultiim stells couspiruuinque polura. Tacta mibi tandem, longis erroribus acto, Jnncta pbaretratis Sarmatis ora Getis. Hie ego, fiuilimis quamvis circumsoner armis, Tristia , quo possuin carminé , faut levn. Quod quamvis nemo est, cujus referatur ad turcs, Sic tamen absumo decipioque diem. Ergo quod vivo, durisque laboribus obsto, Nec me sollicita» tœdia lucis habent; Gratia, Musa, tihi ; nam tu solatia preebes, Tu cura; requies, tu medicina mali : Tu dux, tuque cornes : tu nos abducis ab Istro , In medioque mibi das llelicone locum : Tu mibi, quod rarum, vivo sublime dedisti Nomen , ab exsequiis quod dare fama solet. Nec, qui detraclat prarsentia livor, iniquo lilluin de nostris dente momorditopus. Nam tulcrint magnos quum saccula noslra poetas, Non fuit ingeuio fama maligna meo. Quumque ego prarponam multos mihi, non minor illis Dicor, et in tolo plurimus orbe legor. Si quid habent igitur vatum prarsagia veri, Prnlinus ut moriar, non ero, terra, tuus. Sive favore tuli, sive hauc ego carminé fama in , Jure tibi grates, candide leutor, ago. 152 LES TRISTES. 727 OBOOOOCOOOOOOOOOOOOOOOOSCOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOO LIVRE CINQUIÈME. ÉLÉGIE 1. Ce nouveau livre que je t'adressedes rivages gétiques, ami lecteur, tu le réuniras aux quatre autres qui l'ont précédé. Ici encore se reflètent les destinées du poëte, et lu ne trouveras pas une seule page riante. Ma situation est sombre, sombre est ma poésie, et le style convient à la nature du sujet. Quand j'étais jeune et heureux , j'écrivis, sous l'influence de la jeunesse et du bonheur, ces vers que je voudrais tant aujourd'hui n'avoir pas écrits : depuis ma chute, je ne cesse de chanter cette catastrophe inattendue, et je suis à la Ibis l'auteur et le héros de mes chanis; et pareil à l'oiseau du Caystre (l)qui, près d'expirer sur la rive, pleure et chante, dit-on, sa mort d'une voix défaillante, moi-même, jeté sur les lointains rivages de la Sarmatie, je fais en sorte d'avance que mes funérailles ne soient pas silencieuses. Si quelqu'un cherche ici des poésies badines et voluptueuses, je le préviens de ne pas lire ces ELEGIA 1. HUDC qnoque de Getico , nostri studiose, libellant Liltore, prœmissis quatuor adde meis. Hicqunque talisei-it, qualis forluna poêla;; Inventes toto rarmine dulce nihil ; Flebilis utnoster status est, ita flebile carnten , Materiœ scripto eonvrDiente sua;, lnteger et Itctus , bêla et juvenilia lusi : llia Ionien nunc me romposuisse pigct. Ut cecidi, suhili perago pratconia-casus , Sumque argument! conditor ipse mei. Utque jacens ripa deflere Caystrius aies Dicitur ore suant déficiente neeem : Sic ego Sormaticas longe projeclua in oras, Elîicio tacitum ne mihi funua eat. Peliciaa si quia, laacivaque carmins quant, vers ; Gallus conviendra mieux à ses goûts, et Properce, si doux et si gracieux dans son style, et Tihulle, cet esprit si délicat. Ah ! plût au ciel que je n'eusse pas éié moi-même du nombre de ces poëies! Mêlas! pourquoi ma muse s'est-elle trop émancipée? Mais j'expie ma faute. Il est en Scyihie, relégué sur les hordsdu Danube, ce chantredel'Amourau carquois redoutable! Exerçant désormais mon esprit surdes sujets que tout le monde peut lire, j'ai voulu qu'il ne perdît pas le souvenir de son ancienne répuiation. Si pourtant on me demande pourquoi ces tristes et éternels refrains, c'est que j'ai sou'fertdelu'en tristes épreuves. Il nes'agitdoncpoinlicid'une œuvre d'inspiration ou d'art: je ne m'inspire, lieras! que de ma propre infortune.Encore, mes vers n'expriment ils qu'une faible pai lie de mes angoisses ; heureux celui qui peut compter ses peines ! Autant il est de rameaux dans les forêts, de grains de sable au fond du Tibre, de brins d herbe dans le champ de Mars, autant j'ai enduré de maux : Prœmoneo ntinquain scripta quod ista légat. Aptior buic Gallus, biandiqtie Propertius oris, Aplior, ingenium corne , Tibollus erit. Atque utinatn numéro ne nos essenuis in isto ! Heu ntilii! curunquain Musa jocata uiea est? Sed dedimus peenas , Scylliiciqu.; in tinibus Islri, llle pharelrali lusor Allions abest. Quod superest, socius ad puldica rarmina flexi, Et memores jussi noininis esse mei. Si tatnrn ex vnliis oliquis Uni mu Ha requiret Unde dolenda eanam : mutla dolenda tuli. Non bœc ingenio, non liœc conipnnimus arte ; Maleria est propriis iugeniosa malis. Et quota fortunœ pars est in carminé nostrat? Félix qui patitur qiuc nuitierare valet I Quoi frutices silvœ , quot flavus Tybris arenat, Mollis quot Martis grainina campus babet, 32 7* OVIDE. je n'y irouvede remède, je ne goûte de calme, que dans l'étude et dans le culte des Muses. Mais, Ovide, diras-tu, quel terme auront donc tes poésies larmoyantes? Pas d'autre que la fin même de mes malheurs. Ils sont pour moi une source intarissable de plaintes; ce n'est pas moi qui parle, c'est le cri de ma destinée qui se fait entendre. Rends-moi à ma patrie, à mon épouse bien-aimée; que lajoiebrille sur mon visage, que je redevienne tel que je fus jadis; que la colère de l'invincible César s'apaise, et des chants pleins d'allégresse s'échapperont de ma lyre. Elle ne s'égarera cependant plus comme elle s'égara jadis ; c'est assez d'une première débauche qui m'a coûté si cher ! Ce que je chanterai, César l'approuvera : qu'il daigne seulement adoucir un peu ma peine, et me permetlredefuirloindesGètes barbares! Jusquelà que doit-on attendre de ma muse, sinon des accents plaintifs? C'est la seule mélodie qui convienne à mes funérailles. Mais tu pouvais, diras-tu, souffrir plus noblement , et dévorer tes chagrins dans le silence. C'est exiger qu'on souffre la torture sans pousser un gémissement, c'est défendre de pleurer au malheureux atteint d'une blessure grave. Phalaris même permettait à ses victimes d'exhaler leurs plaintes à travers la bouchemugissantedu taureau de Pérille.Achille ne s'offensa point des larmes de Priam ; et loi, plus cruel qu'un ennemi, tu m'interdis les pleurs I Quand le fils de Latone immola les enfants de Niobé, il ne l'obligea point à voir sa vengeance d'un œil sec. C'est une consolation, dansun mal nécessaire, de pouvoir s'en plaindre: c'est pour cela qu'on entend gémir Procné et Ilalcyone; c'est pour cela que, dans son antre glacé, le fils de Péan fatiguait de ses cris les rocher de Lemnos. La douleur comprimée nous étouffe ; elle bouillonne dans notre sein, et sa violence s'accroît en raison de sa contrainte. Sois donc indulgent, ou jette là tous mes ouvrages , si ce qui me console l'importune. Mais cela n'est pas possible, mes écrits n'ont jamais été funestes qu'à leur auteur. Mais ils sont mauvais. Je l'avoue. Eh ! qui te force à les lire ? ou si tu as été déçu dans l'espérance d'y trouver quelque chose de bon, qui t'empêche de les rejeter? Je ne les corrige pas ! Qu'on sache seulement, en les lisant, qu'ils sont nés dans ces lieux : ils ne sont pas plus barbares que le pays d'où ils sortent. D'ailleurs Rome ne doit plus me comparer avec ses poètes , mais je puis passer pour homme d'esprit parmi les Sarmates. Enfin, je n'aspire ici ni à la gloire, ni à la rénommée, cet ordinaire aiguillon du génie; je ne veux que préserver mon âme des éternels soucis qui la rongent, et qui, en dépit de moi, ne cessent de l'envahir et de la pénétrer. J'ai dit pourquoi je continuerai à écrire ; voulez-vous savoir maintenant pourquoi je vous envoie mes ouvrages? c'est Toi inala pertulimus : quorum medicina quiesque Nulla , nisi in studio, Pieridumque mora est. Quis tibi, Naso, modus larrymosi carminis? inquis : Idem , Ibrtuna} qui modus hujus erit. Quod qlierar alla inihi pleno de fonte ministrat : Nec inea sunt, fati verba sed ista mei. At inihi si cara jiatriam cum conjuge reddas, Sint vultns hilares , simque quod ante fui ; Lenior invicli si sit inihi Co-saris ira , Carmins lactitia} jam tibi pleno dabo. Nec taineii ut lusit, rursus mea litera ludet : Sit seiiicl il la me» luxuriata inalo. Quod probcl ipse ranam : posnœ modo parte levata, Barbariem, rigidos effugiainque Getas. Interra nostri quid agant nisi triste libelli? Tibia funrribus couvrait ista meis. At potrras, inquis, iiielius mala ferre silendu , Et tacitiis eosiis dissimulai!- tuos. Exigis utnulli gemilus tonnenta sequantur, Acreploque gravi vulnerc ilere vetas. tpse Perilleo Phalaris pennisit in iprc Edere niugitus, cl bovis orequeri. Quuin Priamilacryiuisoffrnsus non sit Achille* • Tu ilctus inhibes durior hoste hieos : Quum faceret Nioben orbam Latonia proies, Non tamen et siccas jussit habere gênas. Est aliquid fatale inaluni per verba levari : Hoc querulam Procnen Halcyouenque facit. Hoc erat, in gelido quare Pœantius antro , Voce fatigaret Lemnia sasa sua. Strangulat inrlusus dolor, alque exœstual intus : Cogitur et vires multipliesre suas. Da veniam potius : vel totos toile libellos, Hoc inihi quod prodrst, si tibi lector, obéit. Sed necobesse putestulli : nec scripta fuerunt Nostra. nisi auctori perniciosa suo. At mala sunt, fateor: quis te mala sumere cogit? Autquis deceptum poneresumpta vetat? Ipse nec emendo : sed ut hic deducta legantur , Non sunt alla suo harbariora loco. Nec me Rnma suis débet conferre poetis ; Inler Sauromatas ingeniosusero. Deniquc nulla rnihi captatur gloria, quoique Ingcuio stimulos subdere fama solet. Nolumus adsiduis aniiniiui tabescere eu ris : j Quai tamen irrumpunt, quoque vetantur, eunl. 78 720 LES TRISTES. que, de quelque manière que ce soit, je veux ôterait beaucoup plus, ce qui resterait serait beaucoup encore : la moindre portion de mon être à Rome, au milieu de vous. supplice est un supplice tout entier. Autant il y a de coquillages au bord de la mer, de rieurs dans les parterres émaillés, de graines dans un pavot soporifique, autant la forêt nourÉLÉGIE IL rit d'hôtes, autant il y a de poissons qui naPourquoi pâlir ainsi quand tu reçois du Pont gent dans les eaux, d'oiseaux qui volent dans une lettre nouvelle? Pourquoi l'ouvrir d'une les airs, autant il y a de maux accumules en main tremblante? Rassure-toi. Ma santé se moi. Vouloir les compter, c'est vouloir compter maintient ; mon corps, si débile d'abord et si les flots de la mer Icarienne. Sans parler des incapable de supporter les fatigues, est assez accidents du voyage, des affreux dangers delà vigoureux, et s'est endurci à force de souffrir; navigation, de ces mains toujours prêtes à me ou peut-être suis-je parvenu au dernier période frapper, un pays barbare, et le dernier de ce de faiblesse. Mais mon esprit est malade et lan- vaste continent, un pays entouré de farouches guissant; il ne s'est point fortifié avec le temps; ennemis est mon triste séjour. mon âme est encore affectée des mêmes impresJ'obtiendrais d'être transféré ailleurs (car sions qu'autrefois, et les blessures que j'espé- mon crime n'est pas un crime capital), si tu rais voir se cicatriser à la longue sont aussi déployais pour moi tout le zèle que tu devrais vives que le premier jour. Les petits maux, il à ma cause. Ce dieu, le salutaire appui de la est vrai, se guérissent avec les années, mais puissance romaine, s'est plus d'une fois, après avec les années les grandes douleurs ne font la victoire, montré clément envers son ennemi. qu'empirer ! Le fils de Péan nourrit près de Pourquoi donc hésiter? Pourquoi craindre où dix ans sa plaie envenimée par le sang de l'hy- tout est à espérer? Ose l'aborder, le supplier; dre. Télèpheeût péri dévoré par un incurable l'univers n'a rien de comparable à la bonté de ulcère, si la main qui le blessa ne l'eût guéri. César. Puisse également, si je n'ai commis aucun criMalheureux ! que vais-je devenir si je suis me, puisse celui qui m'a blessé verser le abandonné même par mes proches, et si tu baume sur mes blessures, et, satisfait enfin d'un brises, toi aussi, le joug qui nous unit l'un à commencement d'expiation, ôter une seule l'autre? Où irai-je? où réclamerai-je des secours goutte de cet océan d'amertumes! Quand il en dans ma détresse? Mon navire a perdu toutes Cur scribam doeui : cur imUam, quœritis, istos? Vobiscum cupiam quolibet esse modo. ELEGIA H. Ecquid ut e l'onlo nova venit epiatola, pâlies, Et tibi sollicita solvitur alla manu? Pone luetum ; valeo, corpusque, quod ante laborum Impatiens nobis invalidumquefuit, Sufncit, alqueipso vexalum induruil usu. An magis infirme^ non vacat esse niihi. Mens tamen œgra jacet, nec tempore robora sumsit, Adfectusqueanimi, qui fuit ante, manet. Quoique mora spatioque suo coitura putavi Vulnera, non aliter, quant modo facta, dolent. Scilicet exiguis prodestannosa vetustas : Grandibus accedunt tempore damna malis. Pœue decem totis aluit Pœantius annis Pestiferum tumido vulnus ab angue datum : Teiephus attenta consuinplus tabe périsse!, Si non qutc nocuit désira lulisset opem. lit tnea, si facinus nullum commisimus; oplo Vulnera qui fecit, facta levare velit : Gontentusque mei jam tandem parte doloris. Exiguum pleno de mare demat aquai. Detrabat ut multum, utultum restabit acerbi : Parsque mes pœnae totius instar erit. Litora quot conchss, quot amoena rosaria flores, Quotve soporiferum grana papaver ha bel; Sylva feras quot alit, quot piscibus unda natatur, Quot tenerunt pennis aéra puisât avis ; Tôt premor adversis ; quai si comprendere coner, Icariât numerum dicere coner aquaj. Utque via; casus , ut amara pericula ponti, Ut taceam slrictas in mea fata manus ; Barbara me tellus, orbisque novissima magni Sustinet, et sœvo cinctus ab hoste locus. Hinc ego trajicercr, nec enim mea culpa cruenta est, Esset, quai débet, si tibi Cura mei. Ille Deus, benequoRomana potentia nixa est, Sœpe suo victor lenis in hoste fuit. Quid débitas, et tu ta Urnes? accède , rogaque. Cœsare nil ingens mitius orbis habet. Me uiiserum ! quid agam, si proximaquœque relinquunt, Subtrahis effracto tu quoque colla jugo? Quo ferar? unde pela m lapais solatia rébus? 41 73Q OVIDE. tes ancres. N'importe ; quelque odieux que je sois à César, je me réfugierai moi-même au pied de son autel sacré; l'autel d'un dieu ne repousse jamais les mains du suppliant. Ainsi donc, loin de Rome, je vais, si toutefois un mortel peut sans témérité s'adressera Jupiter, adresser mes supplications à la divinité dont j'ai l'image ici sous les yeux. Arbitre de cet empire, d toi, dont la conservation est une preuve de la sollicitude des dieux pour l'Ausonie ; honneur et image delà patrie, qui te doit sa prospérité ; héros aussi grand que le monde qui l'obéi t! puisses lu séjourner longtemps sur la terre, bien que les cieux soient jaloux de te posséder ! puisses-tu n'aller que le plus lard possible prendre ta place parmi les astres ! Grâce pour moi, je t'en supplie ; suspends un moment les coups dont ta foudre me frappe; ils suffiront encore à l'expiation de ma faute. Ton courroux, il est vrai, fut modéré : tu m'as laissé la vie ; ni les droits ni le titre de citoyen ne m'ont été enlevés; on ne m'a point arraché, pour le donner à d'autres, mon patrimoine , et ton édiiconiremoi ne me flétrit point du nom d'exilé! Tous ces châtiments, je les redoutais, parce que je m'en reconnaissais digne; mais la rigueur n'est pas allée si loin que ma faute : lu me condamnas à vivre relégué dans le Pont, et à sillonner, de ma nef fugitive, la mer de Scytliie. J'obéis ; j'abordai aux affreux rivages du Pont-Euxin, dans cette terre située sous les glaces du pôle. Ce qui me tourmente le plus, ce n'est pas le froid éternel de ces climats, ni ce sol que des frimas incessants blanchissent et dessèchent, ni ce jargon barbare entièrementélrangerà la langue latine, et dont l'élément grec s'efface, dominé par le gétique; c'est l'état de blocus dans lequel nous tiennent sans cesse les peuples limitrophes, c'est ce faible mur qui nous protège à peine contre leurs attaques. On est bien en paix quelquefois , mais en sûreté jamais; et quand nous n'avons pas les horribles réalités de la guerre, nous en avons toutes les craintes. Oh ! que je change enfin d'exil, dussé-je être englouti par Charybde, près de Z mcle, et, des eaux de ce gouffre, être précipité dans les eaux du Styx ; dussé-je être consumé, victime résignée, par les feux dévorants de l'Etna ; dusséje être précipité du haut du rocher dans la mer du dieu de Leucade! Ce que j'implore est aussi un châtiment, car je ne me refuse pas à souffrir , mais je voudrais souffrir sans craindre pour mes jours. Anchora jam nostram non tenet ulla ratem. Viderit : ipse sacram quamvis invisus ad aram Confugiam; nullas summovet ara inanus. Adloquor en absens prœsenlia numina suppléa, Si fas est liomiui cum Jove posse Inqui. Arbiter imperii, quo certum est sospite cunctos Aiisoniic curani gentis babere Deos; O decus, o palrise per te Horenlis imago! O vir non ipso, quem régis, orbe minor! Sic habites terras, sic te desideret a?tlier, Sic ad pacta tibi sidéra tardus cas! Parce precor : ininimamque luo de fulmine parte m Deme; satis pœnœ, qtiod superabit erit. Ira quidem moderata tua est, vilamque dedisti : Nec mihi jus eivis, nec mihi nornrn alesl. Nec mea conressa estaliis fnrtuna : ucc eisul Edicti verbis nomiuor ipse lui. Omniaque base liinui, quia me meruisse videbain : Sed tua peccato leuior ira nieo est. Arya relegalum jussisli visere Ponti ; Et Scylhicum profuga scindere puppe (retuiu. Jussus ad Euxini deformia Ulora veui /Equoris ; hsc gelido terra sub axe jacet. Nec me tam crucial nunquam sine frigore cœlum , Glebaque caucnli sein per obusta gelu , Nesciaque est voeis quod barbara lingua Latins, Graiaque quod Getico vicia loquela sono, Quam quod linitimo cinctus premnr uudique Marte, Vixque brevis tutum mu rus ab boste facit. Pax tamen iulerdum ; pacis fiducia numquam est. Sic nunc bic patilur, mine timet arma, locus. Iliiiccgodum muter, vel me Zanchea Cbarybdîs Devoret, atque suis ad Slyga initiât aquis : Vel rapide; flammis urar patienter in /Etna; : Vel fréta Leucadii niittar in alla dei. Quod petitur pœna est, neque enim miser esse rectuo, Sed precor, ut possim tutius esse miser. ÉLÉGIE III. Voici lejour(l'), si je ne confonds pas les dates, où les poètes ont coutume, ô Bacchus, de célébrer ta fête, où ils ceignent de guirlandes parfumées leurs fronts rayonnants, et, pour chanter tes louanges, demandent des inspira- ELEG1A III. Illa dies hsec est, qua te celebrare pootœ, Si modo non fallunt tempera , Bacche , soient : Festaque odoratis innectunt lempora sertis, Et dicunt laudes ad tua vina tuas. d LES TRISTES. 731 lions à ta liqueur divine. Je me souviens d'a- joug de fer. Ma chute a été aussi terrible que voir figuré parmi eux quand ma destinée me celle du chef orgueilleux frappé devant les le permettait, et d'avoir offert plus d'une fois portes de Thèbes par la foudre de Jupiter. un hommage agréé : et maintenant, sous l'astre Cependant tu n'as pu apprendre qu'un poète de Cynosure, j'habite la Sarmatie, voisine des avait été foudroyé, sans te ressouvenir du sort Gètes féroces. Moi, dont la vie s'élait jusqu'a- de ta mère, et sans compatir au malheur du lors écoulée tranquille et sans fatigue, au sein poëte. Aussi, en promenant tes regards sur ces de l'étude, dans la société des muses, mainte- poètes que ressemblent tes mystères, tu dois nant, éloigné de ma patrie, j'entends retentir te dite : Ne manque-t-il pas ici l'un de mes autour de moi les armes des Gètes, après adorateurs? avoir préalablement souffert mille maux sur Sois-moi propice, ô Bacchus! et qu'en réterre et sur mer. Que mon infortune soit compense de ce bienfait, les ormeaux élevés l'effet du hasard, de la colère des dieux ou du fléchissent sous le poids de la vigne, et le raisin sombre accueil que la Parque me fit à ma nais- se gonfle d'un jus précieux! Puissent de jeusance, ta protection divine devait être acquise à nes et folâtres satyres , unis aux bacchantes, l'un des apôtres sacrés ducultedu lierre. Quand former ton cortège, et faire retentir en ton honles trois sœurs, arbitres de nos destinées, ont neur leurs bruyantes harmonies! Puissent lesos rendu leurs décrets, n'est-il donc pas au pou- deLycurgue, qui s'arma d'une hache impie(ô), voir des dieux d'en empêcher l'exécution? gémir douloureusement froissés dans leur Cependant c'est par tes mérites que lu t'es tombe, et l'ombre sacrilège de Penthée(4)ne élevé jusqu'aux demeures célestes, et de pé- voir jamais la fin de ses tourments! Puisse nibles travaux t'en ont frayé la roule. Loin de briller éternellement dans le ciel et effacer par goûter le repos au sein de ta patrie, tu t'es sa splendeur tous les astres voisins, la couronne aventuré jusqu'au Strymon glacé (2), dans la de la princesse de Crète, ton épouse! belliqueuseGétieet dans la Perse ; tuas navigué Viens à moi, viens soulager ma détresse, ô le sur le Gange au lit spacieux, et sur les autres plus aimable des dieux ! souviens-toi que je fus fleuves où se désaltère l'Indien basané. Tel fut un de tes favoris. Les dieux, dit-on, sont liés l'arrêt que les Parques, chargées de filer la entre eux par un commerce perpétuel : que ta trame fatale, prononcèrent deux fois à (a divinité essaie donc de fléchir celle de César. double naissance. De même ( si un tel rapproEt vous, mes frères en Apollon, poètes, chement avec les dieux n'est point sacrilège) troupe amie des dieux, que chacun de vous, une destinée rigoureuse me courbe sous son le verre en main, répète ma prière; que l'un Inter quos memiDi, d u m W mca fat» sinebant, Non invisa tibi pars ego ssepe fui : Quem nunc subpositum slellis Cynosuridos Drus Juocta tenet cruilia Sarmalis ora Getis. Quique prius mollem varuamque lalxiribus egi Instudiis vitam, Pieridumque rhoroj Nunr procul a patria Getiris circumsnnor armis; Mu lia prius pelago, multaque passas hume; Sive mibi casus , sire hoc dédit ira Deornm : Nubila nascenti sru mihi l'arca fait. Ta tamen e sacris hedera? culloribus ononi Numine debueras sustinuisse tuo. An domina; fati quidquid cecinere sorores, Omne sub arbitrio des nit esse Dei? Ipse quoque sethereas meritis invectus es arces; Qua non etiguo facta la bore via est. Nec patria est habitats tibi : sed ad usque nivosum Strymona venisti, Marticolamque Gelen ; Persidaqne , et lato spaliantem flumine Gangen . Etqoascnmque bil ildiscolor Indus aquas. Scilicet banc legem, nentes falolia Parce, Stamina, bisgenito bis cecinere tibi, Me quoque, si fas est exemplis ire deorum, Ferrea sors vils difficilisque promit : lllo nec levius cecidi, quem magna locutum Reppulit a Tbebis Jupiter igné suo. Ut tamen audisti percussum fulmine vatem ; Adinonilu uialris condoluisse potes. Et potes, adspiciens eircum tua sacra poetas , Nescio quis noslri dicere rultor abest. Fer, bone, Liber opem : sic altéra degravet ulmum Vitis, et incluso plena sit uva inero : Sic tibi cum Barcbis Satyroruin gnava juventus Adsit, et atlonito non taceare sono. Ossa bipenuiferi sic sint maie pressa Lycurgi : impia nec pœiia Pentbeos umbra vacel : Sic micel sternum vieinaque aidera vincat Conjugis in ccelo Cressa enroua tus. Hue ades, et casus relevés, pulcherrime, nostros; Dnum de numéro me inemor esse tuo. Suut Dis inter se coinmercia, flectere tenta Gssareum numen nuinine, Bacr.be, tuo. Vos quoque, consortes studii, pia turba, poets, Hsc eadem sumto quisque rogate mero. 48 OVIDE. de vous, au nom d'Ovide , dépose sa coupe fleuves ; il doit s'étonner aussi du désespoir de mêlée de ses pleurs, et, évoquant mon souvenir, Priant, à la perte d'Hector et des cris dePhilocdise, après m'avoir en vain cherché du re- tète atteint des poisons de l'hydre. Plût aux gard : « Où est Ovide, naguère l'un de nous ?> dieux que la situation d'Ovide fût telle qu'il ne Vous justifierez mon attente, si mon humeur pût justifier sa tristesse! H supporte toutefois, bienveillante m'a fait aimer de vous ; si je me avec résignation, ses chagrins amers, et ne resuis toujours abstenu d'une critique blessante; fuse pas, comme un cheval indompté, les ensi, en payant aux poêles anciens le tributde res- traves du frein. 11 espère d'ailleurs que la copect qui leur est dû, je ne leur sacrifie pas les lère du dieu ne sera pas éternelle, certain qu'il poètes contemporains. Puissiez-vous, à ce prix, est d'avoir commis une faute et non pas un obtenir d'Apollon ses constantes faveurs! Con- crime. Il aime à se rappeler souvent la clémence servez ensuite, puisquec'est le seul bonheur qui infinie de ce dieu, et à se citer lui-même comme un des nombreux exemples qui l'attesme reste, conservez mon nom parmi vous. tent ; car s'il a conservé son patrimoine, son titre de citoyen, son existence enfin, il le doit à la générosité de ce dieu. Pour toi, tu peux m'en croire, ô le plus cher ÉLÉGIE IV. de ses amis, il te porte toujours dans son Écrite de la main d'Ovide, j'arrivedes bords du cœur. 11 te compare au fils de Ménélius, au Pont-Euxin, fatiguée d'une longue navigation. compagnon d'Oreste, au fils d'Egée; il t'apIl m'a dit en pleurant : c Va, puisque cela t'est pelle son Euryale. 11 n'est pas plus avide de permis, va visiter Rome. Ah ! que ta destinée revoir sa patrie et tous les objets dont il est est préférable à la mienne ! > Aussi c'est en privé en même temps, que de revoir tes traits pleurant qu'il a tracé ces lignes, et ce n'est point et de rencontrer tes regards, ô toi qui lui semà sa bouche qu'il a porté son cachet avant de blés plus doux qu'un rayon de miel des abeilles me sceller, mais à ses joues baignées de larmes. de l'Attique. Souventil se reporte, en soupirant, à ce jour Si quelqu'un me demande quelle est la cause de sa tristesse , que celui-là aussi me demande à fatal que son trépas, hélas ! aurait dû devancer. voir le soleil. Sans doute il ne voit pas non Tous fuyaient sa disgrâce subite, comme un fléau plus le feuillage dans les forêts, l'herbe tendre contagieux, et n'osaient aborder le seuil d'une dans la vaste prairie, et les flots dans les larges maison frappée de la foudre. Mais il n'a pas Atque aliquis vestrum , Nasonis Domine dicto, Deponat lacrymis pocula misla sais : Admonitusque mei, quum cireumspexerit omnes; Dicat, Ubi est noslri pars modo Naso chori ? Idqne ita, si vestrum merui candore favorem, Nullaque judicio litera lœsa meo est ; S i , veterum digne veneror quum scripta virorum, Proxima non illis esse minora reor : Sic igitur dextro faciatis Apolline carmen . Quod licet, inter vos nomen habete meum. ELEGIA IV. Littore ab Euxino Nasonis episloia veni. Lassaquefacla mari, lassaque facta via. Qui mibi tiens dixit : Tu, cui licet, adspiee Romani. Heu quanto melior sora tua aorte mea est ! Flens qunque me scripsit : nec qua signabar, ad os est Ante, sed ad madidas gemma relata gênas. Tristitias rauaara si quisragnoscerequaerit, Oatendi solem postulat ille sibi : Nec frondem in sylris, nec aperto mollia pralo Gramina, nec pleno flumine cernit aquas. Quid Priamus doleat mirabilur Hectore rapto, Quidve Pbiloctetes ictus ab angue gemat? Dl facerent utinam talis status esaet in illo, Ut non trislitiœ causa dolenda foret. Ferttamen, ut débet, casus patienter amaros : More nec indoiniti trama récusât equi. Nec fore perpetuain sperat sibi numinis iram ; Cnuscius in culpa non srelus esse sua. Sœpe refeil, sit quanta dei clementia : cujus Se quoque in exemplis aunuinerare sole t. Nam quod opes teneat patrias, quod nomina civis, Oeniquequod vivat, muuus babere Dei. Te tamen, o ! si quid credis mibi, carior ille Omnibus, in toto pectore seroper habet. Teque Menœtiaden, te qui comitavit Oresten, Te vocat lEgiden , Eurvalumque suum : Nec palriam inagis ille suam desiderat, et que; Plurima cum palria sentit abesse sua ; Quam vullus, oculosque tuos, o dulcior illo Melle, quod in ceris Attica ponit apis ! Sœpe etiam, mœrens tempus reminiscitur illud . Quod non prœventum morte fuisse dolet. Quunique alii fugercnt subits: contagia cladis, 35 LES TRISTES. oublié que toi et quelques amis ( si l'on peut dire de deux ou trois personnes quelques amis), vous lui restâtes fidèles, malgré son accablement : il ne perdit rien alors de celte scène; il te vit aussi affecté de ses maux que lui-même. Souvent il se retrace tes paroles, ta contenance, tes gémissements et les pleurs que tu répandais sur son sein, tes secours empressés, et ces consolations affectueuses que tu lui prodiguais, lorsque toi-même avais besoin de consolations. Pour tant de soins obligeants, il proteste que, soit qu'il vive, soit qu'il meure, il te voue une reconnaissance, un dévouement sans bornes. 11 te le jure, par sa tête et par la tienne, qui, je le sais, ne lui est pas moins chère : une gratitude éternelle sera le prix de tant de générosité, et il ne souffrira point que tes bœufs n'aient labouré qu'un sable stérile. Continue ta noble tâche de défenseur de l'exilé; cette prière, ce n'est pas lui, il est trop sûr de ton zèle, c'est moi-même qui te l'adresse à sa place. ÉLÉGIE V. L'anniversaire de la naissance de mon épouse réclame les solennités accoutumées ; prépare, ô ma main, de pieux sacrifices! Ainsi jadis, l'héroïque fils de Laërte célébrait peutNec relient ietaa Iimen adiré domui ; Te aibi cum paucis meminit mansisse fidelem : Si paucos aliquis tresse duosre vocat. Quamris adtonitus, sensit tamen omnia, nec te Se minus adversis indolaisse suis. Verba solet, rullumque tuum , gemitusque referre : Et te fiente, suos emaduisse sinus ; Quam sibi prsestiteris, qua consolatus amicum Sis ope : solandus corn simul ipse fores. Pro quibns adfirmal fore se meinoremque piumqae, Sive dieni rideat, sive tegatur humo; Per caput ipse suum solitus jurare tuumqne . Quod scio non illi vilius esse suo. Plena tôt ac tantis referetur gratia faclis : Née. sinet ille tuos lilus arare boves. Facmodo constanter profngum tueare : quod ille, Qui bene te novit, non rogat, ipsa rogo. ELEGIA V. Annuns adsuetum domina; natalis honorem Exigit : ite, menus, ad pia sacra, meae. Sjr quondam, festum Laertiu» egerit berna 735 être, aux extrémités du monde, la naissance de Pénélope. Que ma langue n'ait que des paroles joyeuses, et se taise sur mes longs malheurs. Hélas! sait-elle encore proférer des paroles de bonheur? Revêtons cette robe que je ne prends qu'une fois dans l'année, et dont la blancheur contraste avec ma fortune ; élevons un autel de vert gazon, et tressons des guirlandes de fleurs autour de son foyer brûlant. Esclave, apporte l'encens qui s'exhale en vapeurs épaisses, et le vin qui siffle répandu sur le brasier sacré! Heureux anniversaire, quoique je sois bien loin de Rome, je souhaite que tu m'apparaisses ici dans toute ta sérénité, et bien différent du jour qui m'a vu naître. Si quelque affliction nouvelle menaçait ma chère épouse, puisse le sort, pour l'en affranchir, lui tenir compte de mes propres malheurs ! et si naguère elle a été presque submergée par une horrible tempête, qu'elle vogue désormais en sûreté sur une mer tranquille, et jouisse des biens qui lui restent, ses pénates, sa fille et sa patrie. C'est asseâ pour elle qu'on m'ait arraché de ses bras. Malheureuse à cause de son époux, puisse du moins le reste de sa vie s'écouler sans nuages ! Qu'elle vive, qu'elle m'aime, absente, puisque le destin l'y réduit, et qu'elle compte encore de longues années. A ces années j'ajouterais volontiers les miennes, si je ne craignais que la contagion de ma destinée n'empoisonnai la pureté de la sienne. Forsan in extremo conjugis orbe diem. Lingua favens adsil, longorum oblita malorum ; Qua; , puto, dedidicit jam bona verba loqui : Quœque semel toto vestis mihi sumitur anno, Suinatur falis diseolor alba meis : Araque gramineo viridis de cespite liât; Et velet tepidos neia corona focos. Da mibi tura, puer, pingues facientia ûammas, Quodque pio fusuin stridat in igné merum. Optime natalis, quamvis procul absumus , opto Candidus hue renias , dissimilisque meo : Sique quod instabat domina; miserabile vulnus, Sitperfuncta meis tempus in ouiue malis : Quseque gravi nuper plus quam quassata procella est, Quod superest, tutum per mare navis eal. Il la domo, nataque sua, patriaque fruatur : Erepta ha?c uni ait satis esse mibi. Qua tenus et non est in caro conjuge felix, Parasita; tristiestera nubevacet: Vivat, ametque rirum , quoniam sic cogitur, absens ; Consuminetque annos, sed diuturna, suos. Adjicerem et nostros : sed ne contagia fati Corrumpant, timeo, quos agit ipsa, mei, • 734 OVIDE. Rien n'est stable ici-bas : qui eût jamais pensé que je dusse un jour célébrer cette fête au milieu des Gèles? Vois pourtant comme la brise emponela fuméede l'encens versl Italie, vers ce paysqu'appellent tous mesvœux.Yaurait-il quelque sentiment dans ces vapeurs qui se dégagent de laflamme?C'est volontairement, en effet, qu'elles fuient votre atmosphère, ô rives du Pont ; et c'est ainsi que dans un sacrifice commun , fait sur le même autel, en l'honneur de deux frères ennemis qui s'enlr'égorgent, on vit laflammenoire, complice de leur inimitié, se partager en deux, comme si elle eût obéi à leur ordre. Autrefois, il m'en souvient, cet événement me semblait impossible, et le fils de Battus passait à mes yeux pour un imposteur. Je crois tout aujourd'hui, puisque je te vois, vapeur intelligente, t'éloigner du pôle arctique, ettedirigervers l'Ausonie. Il est donc venu ce jour sans lequel, dans mon infortune, il ne serait pas de fêle pour moi; il a produit des vertus aussi sublimes que celles des héroïnes filles d'Eétionetd'lcarius(l); il vit éclore la pudeur, les penchants vertueux, l'honneur et lafidélité; le bonheur seul ne parut point avec lui, mais à sa place accoururent la peine, les soucis, une destinée bien différente de celle que lu méritais, et les justes regrets d'une couche presque veuve. Mais, sans doute que la verlu éprouvée par de longues traverses trouve dans le malheur même une occasion de gloire. Si l'infatigable Ulysse n'eût pas eu d'obstacles à surmonter, Pénélope eût vécu heureuse, mais obscure ; si son époux eût pénétré vainqueurdans la citadelle d'Éciiion (-2), Evadné serait peut-être à peine connue de sa patrie. De toutes les filles de Pélias, pourquoi une seule est-elle célèbre? C'est qu'une seule fut la femme d'un époux malheureux. Supposezqu'un autre guerrier ait touché le premier la plage troyenne, il n'y aura pas de motif pour qu'on cite Laodamie; U tendresse aussi resterait inconnue au monde ( et plût au ciel qu'elle dût l'être en effet ! ) si le vent de la fortune eût toujours enflé mes voiles. Cependant, dieux immortels, ettoi, César, qui dois l'asseoir parmi eux, mais alors seulement que les années auront été aussi nombreuses que celles du vieillard de Pylos, épargnez, non pas moi, qui reconnais la justice de mon châtiment , mais une femme inuocente qui souffre et qui n'a pas mérité de souffrir. Nil homini certain est; fleri quis posse puUret, Ut facerein in mediis lise ego sacra Getis ? Adspice, ut aura lamen funios e ture coortos In parles Italas, etloca dextra ferai. Sensus inest igitur nehulis, quas exigil ignis : Consilium fugiunt caetera pœne meum. Consilio, commune sacrum quum fiât in ara Fratribus, alterna qui periere manu , Ipsa sibi discors, tanquain mandelur ab illis , Scinditur in partes atra favilla duas. Hoc , memini, qunndam tieri non posse loquebar, Et me Baltiades judice falsus erat. Omnia nunc credo , quum tu consultus ab Arclo Terga , vapor, dederis, Ausoniamque pelas. Haec igitur lux est, quoi sinon orla fuisse t, Nulla fuit misera Testa vivenda mihi. Edidil hœc mores illis herois in ajquos, Queis erat Eelion , Irariusque pater. Nata pudicilia est, mores , probitasque,fidesque: At non sunt ista gaudia nota die ; Sed labor, et curai, fortnnaque moribus impar, Justaquede viduo pâme querela toro. Scilicet, adverais probitas exercita rébus, Tristi materiam tempore laudis babet : Si nibil infesli duras vidisset Ulysses, Pénélope felix, sed sine laude, foret : Victor Erhionias si vir penetrasset in arces, Forsitan Evadnen vixsua nosset humus : Quum Pelia tôt sint genitœ, cur uobilis una est? Nupta fuit misera nempe quod una vira. Effi.ce, ut Iliaras langat prior aller arenas ; Laodamia nibil cur referatur erit. Et tua , quod mallem , pielas ignota maneret, Implessent venli si mea vêla sui. Dt lamen , et Cœsar Dis accessure , sed olim , ALquarint Pylios quum tua fa ta dies ; Non mihi, qui posuam fateor meraisse, sed illi Parcite, quœ, nullo digna dolore, doletl ÉLÉGIE VI. Et toi aussi, en qui je mettais naguère toute ma confiance, toi qui fus mon asile et l'unique port où je m'abritai, tu abandonnes, après quelques efforts, la cause de ton ami, et tu rejettes si vite le pieux fardeau de la bienfaisance 1 Le ELEGIA VI. Tu quoque, nostraram quondam fiducie reram , Qui mihi confugium , qui mihi porlus eras ; Tu modo suscepti causam dimittis amicà, Officiique pium tint ci» ponisonus? LES TRISTES. 733 poids est accablant, je l'avoue; mais si tu devais le rejeter dans un moment difficile, il valait mieux ne pas t'en charger. Tu délaisses, nouveau Palinure, mon navire au milieu des flots; arrête, et que ta fidélité ne soit pas inférieure a ton adresse. L'habile et fidèle Aummédon abandonna-t-il jamais, au sein de la mêlée sanglante, les coursiers d'Achille? La tâche une fois entreprise, vit-on jamais Podalire refuser ensuite au malade les secours de son art? 11 y a plus de honte à chasser un hôte qu'à ne pas le recevoir. Que l'autel qui fut mon asile n'aille pas s'écrouler ! Tu n'as eu d'abord à défendre que moi; mais aujourd hui ce n'est plus moi seulement, c'est ton honneur que tu dois sauver, si je n'ai pas commis quelque faute nouvelle, si nul nouveau crime n'autorise en toi un changement si sriudain. Ah! puissé-je, je le désire, de ma poitrine oppressée par l'atmosphère de la Scylhie, exhaler mon dernier souffle, plutôt que de froisser ton cœur par la moindre faute, et de paraître digne de ton mépris ! Je ne suis pas tellement déprimé par le malheur que sa longue durée ait affaibli mon esprit. Et quand cela serait, combien de fois, tu le sais, le fils d'Agamemnon n'a-t-il pas outragé Pylade? il est même vraisemblable qu'il frappa son ami ; Py lade n'en persista pas moins dans son dévouement. Le malheur et la puissance ont cela seulement de commun, que l'un et l'autre commandent les égards : on cède le pas aux aveugles aussi bien qu'à ces hommes pour qui la prétexte, la \erge du licteur et les paroles impérieuses réclament nos respects. Amsi donc, si lu n'as pas pitié de moi, aie pitié de ma détresse ; je ne puis plus inspirer de colère à personne.Considèie la moindre partie des chagrins et des maux que j'endure, elle surpassera tous ce que lu en peux imaginer ; autant il croît de joncs dans les marais humides, autant il se nourrit d'abeilles sur le sommet fleuri de l'Hybla, autant on voit de fourmis suivre un étroit sentier, emportant dans leurs greniers souterrains le blé qu'elles ont ramassé ; autant est grande la foule de maux qui m'assiègent ! Et tu peux m'en croire, mes plaintes sont encore au-dessous de la réalité. Si quelqu'un trouve que ce n'est pas encore assez, qu'il répande du sable sur le rivage, des épis au milieu des moissons, et qu'il verse de l'eau dans l'Océan. Calme donc tes frayeurs chimériques, et n'abandonne pas mon navire aux hasards de la pleine mer. Sarcina «uni, fateor; quam ai tu tempore dura Di'poiiturus eras, non subeunda fuit. Fluctibua in mediia navem , Palinuie, reliuquia? Ne fuge; neve tua ait minor arte lidea. Numquid Acbilleoa , inter fera prslia , fidi Deaeruit levilaa Autouiedontis equoa? Quam seinel excepit numquid Podalirius sgro Promisiam médira; nou lulit artis opem ? Turpiua ejicitur, quam non admiltilur hospes ; (fus patuit, dextrœ lirina ait ara mes. Nil, niai me aolum, primo tutatus ea : at nunc Me parileraerva , judiriumque tuum, Si modo non aliqua est in me nova culpa ; tuamque Mutarunt subito rrimiua noslra (idem. Spiritus bic, Scytbica quein non brne ducimus aura, Quod cupio, membris exeat ante mcia, Quam tua delirlo stringantur pectora nostro, Et videur merito vilior esse tibi. Non adeo loti fati* urgrmur iniquis , Ut mea ait lougia mens quoque mota malia. Finge lamen niotam : quotiea Agamemnone natum Dixiaae iu Pyladen verba proterva putas? Nec procul a vero est, quod vel puisant amicum : Mansit in officiis' non minus aile suis. Hoc est cum miseiis sol uni commune bcatis, A m bob u s Iribui quod solet obsequium. Ceditur et nsris , et quos pra?te\la vereudos , Virgaque rum vérins imperiosa , facil. Si mibi non partis, fortuits parcere debes : Non baliel in noliis ullius ira loium. Elige nostrorum minimum minimumque laborum : Islo, quo rcris, grandius illud irit. Quam multa madids relebranlurarundine fosas; Florida quam limitas llybla tiietur apes; Quam multa? grarili terrrna sub borrea ferre Limite foi mien? grana reporta soient; Tarn me cirr.uinstanl densnrum lurba malorum : Crede mibi ; vero est noslra querela minor. Pis qui rontrnlus non est, in lilus arenas , In srgetem apiraa, in mare fundat aquaa. Intempestivos igilur compesre timorés , Vêla nec in niedio desere nostra mari. ÉLÉGIE VII. C'est du pays où le large Ister se jette dans la mer que te vient celte lettre, maiutenant ELEGIA VIL Quam legia, ex illa tibi venit epistola terra, Latus ubi «equoreia additur Ister aquia : 736 OVIDE. placée sous tes yeux. Si lu jouis encore, avec la vie, d'une santéflorissante,je suis du moins, au milieu de mes infortunes, heureux par quelque côté. Cette fois, comme toujours, tu me demandes , cher ami, ce que je fais, quoiqu'il te serait facile sur ce point de suppléer à mon silence. Je suis malheureux; ce mot résume toute ma déplorable existence ; il en sera de même de quiconque aura offensé César. Es-tu curieux d'ailleurs de savoir quel est le peuple de Tomes, et quelles sont les mœurs des gens avec lesquels je vis ? Quoique le peuple de ce pays soit un mélange de Grecs et de Gètes, cependant la race indomptée de ces derniers domine. Ce sont le plus souvent des cavaliers gèles ou sarmates que l'on voit aller et venir sur les chemins. Il n'est aucun d'eux qui ne porte son carquois, son arc et ses flèches trempées dans le venin de la vipère. Ils ont la voix sauvage, les traits farouches, et sont l'image frappante du dieu Mars. Ils ne coupent ni leur chevelure ni leur barbe, et leur main est toujours prompte à enfoncer le couteau meurtrier que tout barbare porte attaché à sa ceinture. Telle, ami, telle est la société au sein de laquelle vit ton poète, sans songer aux folâtres amours ; voilà ce qui frappe ses yeux et ses oreilles. Eh! puisse-t-il y vivre et ne pas y mourir, et que son ombre échappe du moins à ce séjourodieux! Si tibi contingit cum dulci vita salute, Candida fortunœ pars manet una mets. Soi lice t, ut semper, quid agam, rarissime , quœris ; Quamvis hoc vel me scire tacente pôles. Sum miser : hase brevis est nostrorum summa malorum : Qnisquis et offenso Ctesare vivet, erit. Turba Tomitanœ quai sit regionis, et inter Quos habitem mores, discerecura tibi est? Mista sit hase quamvis inter Graiosque Getasque, A maie pacatis plus trahit ora Getis. Sarmaticœ major Gcticaeque frequentia gentis Per médias in equis itque redilque vias : In quibus est nemo, qui non coryton , et arcum , Telaque vipereo lurida Telle gerat. Vos fera, trux vultus, verissima Martisimago; Mon coma , non ulla barba resecla manu : Déliera non segnis tixo dare ruinera cullro, Qiiem vinctum lateri barbarns omnis babet. Vivit in his, elieu I tenerorum oblitus amorum , Hos videt, hos vates audit, amice , tuus I Atque utinam vivat, sed non moriatur in illis I Absit ab invisis et tamen umbra locis. Carmina quod pleno aaltari nostra theatro, I Tu m'écris qu'on joue sur le théâtre (1), en présence de nombreux spectateurs, mes pièces mimiques, mêlées à des danses, et qu'on applaudit à mes vers. Ces pièces, tu le sais, je ne les avais pas destinées au théâtre, et ma muse n'en ambitionna jamais les applaudissements; mais je suis reconnaissant de tout ce qui entretient mon souvenir, de tout ce qui fait prononcer à des bouchesromainesle nom de l'exilé. Quelquefois, il est vrai, le ressentiment du mal que j'ai reçu de la poésie et des muses me les fait maudire ; mais quand je lésai maudites, je sens que je ne puis vivre sans elles ; et je cours après le trait, encore tout sanglant de ma blessure, comme ce vaisseau grec qui, tout déchiré par les flots de l'Eubée, ose affronter ensuite les eaux de Capharée. Mes veilles d'ailleurs n'ont pour but ni la gloire, ni le soin d'éterniser un nom qui, pour mon bonheur, aurait dû rester ignoré ; je veux captiver mon esprit par l'étude et tromper mes chagrins; et c'est ainsi que j'essaie de donner le change à mes cruels soucis. Que puis-je faire de mieux, perdu dans ces déserts ? Quelle autre distraction puis-je opposer à mes ennuis? Si j'envisage le lieu où je suis, il est sans nuls charmes, et il n'en est pas de plus triste dans tout l'univers; les hommes... mais les hommes ici sont à peine dignes de ce nom ; ils sont plus sauvages et plus féroces que les loups. Ils n'ont pas de lois qu'ils craignent ; chez eux la justice Versibus et plaudi scribis, amice, ineis : Nil equidem feri, tu scie hoc ipse, theatris ; Musa nec in plausus ambitiosa mea est. Nec tamen iugratum est, quodcumqne oblivia nostri Impedit, et profugi nomen in ora refert. Quamvis inlerdum, quœ me Iœsisee recordor, Carmina devoveo, Pieridasque meas : Quum hene devovi, nequeo tainen esse sine ilhs, Vulneribusque meis tria cruenla sequor. Quœque modo Enboicis lacerata est fludibus, audet Graia Caphaream rurrere puppis aquam. Nec tamen ut lauder vigilo, curamque fuluri Nominis, utilius quod latuisset, ago. Detineo studiis animum , falloque dolores ; Eiperior curis et dare verba meis. Quid polius faciam solis desertus in oris, Quamve malis aliam quœrere coner opem ? Sive Iorum specto ; locus est inamabilis, et quo Esse nihil toto trislius orbe potest : Sive homines ; vis sunt homines hoc nomine digni, Quamque lupi, sa>va> plus feritatis habent : Non metount leges, sed cedit viribus œquum, Victaque pugnaci jura snb ense jaeent. 48 LES TRISTES. cède à la force, et le droit plie et s'efface sous 1'épéemeurtrière. Des peaux, de larges braies, les garantissent mal du froid, et de longs cheveux voilent leurs affreux visages. A peine leur langue a-t-elle conservé quelques vestiges de la langue grecque, encore ceux-ci sont-ils défigurés par la prononciation gélique. Il n'y a pas un homme dans tout ce peuple qui puisse, au besoin, exprimer en latin les choses les plus usuelles. Moi-même, poète romain (Muses, pardonnez-moi), je me vois forcé de recourir fréquemment à la langue sarmate ! Déjà même (je suis honteux de l'avouer) les mots latins, par l'effet d'une longue désuétude, me viennent avec peine. Sans doute il s'est glissé dans ce livre plus d'un mot barbare; mais c'est le pays et non pas l'auteur qu'il en faut accuser. Cependant, pour ne pas perdre tout-à-fait l'usage de la langue de l'Ausonie, et pour que ma bouche ne reste pas fermée à l'idiome de mon pays, je m'entretiens avec moi-même, je répète les mots qui déjà me devenaient étrangers , et je manie encore ces signes de la pensée qui m'ont été si funestes. C'est ainsi que je trompe mon esprit et le temps ; c'est ainsi que je me distrais et que je détourne mon âme de la contemplation de ses maux. Je demande à la poésie l'oubli de mes souffrances ; si j'obtiens ce prix de mes veilles, je suis assez payé. Pellibus, et Iaxis arcent maie frigora braccis ; Oraque sunt longis horrida tecta comis. In pancis rémanent Graiœ vestigia linguas : Hajc quoque jam Getico borbara facta sono. Gnus in hoc populo nemo est, qui forte latine Quxlibete medio reddere verba queat. Ille ego Romanus rates, ignoscite , Musée, Sarmatico cogor plurima more loqui. En pudet, et fateor; jam desuetudine longa , Vix subeunt ipsi verba I.atino mihi. Necdubito quin sintet in hoc non paura libello Barbara : non hominis culpa , sed ista loci. Ne tamen Ausoniœ perdam cpmmercia linguee, Et fiât patrio vox mea muta sono ; Ipae loquor mecum, desuelaque verba relracto, Et studii repeto signa sinistra mei. Sic animum tempusque traho, moque ipse reduen A contemplatu submoveoque msli. Carminibus quœro miserarum oblivia rerum : Preemia si studio consequor ista , sat est. T. IV. 737 ÉLÉGIE VIII. Je ne suis point tombé si bas.malgré la gravité de ma chute, que je sois encore au-dessous de toi, au-dessous duquel nul homme ne saurait être. Quelle est donc la cause, ennemi pervers , de la rage contre moi, et pourquoi insulter à des malheurs que toi-même tu peux subir un jour? Ces maux qui m'écrasent et qui seraient capables d'arracher des larmes aux bêtes sauvages n'ont donc pas la puis-ance de l'attendrir? Tu ne crains donc pas la Fortune , debout sur sa roue mobile, et les caprices de cette déesse, ennemie des paroles orgueilleuses? Ah ! sans doute, Némésis me vengera justement de tes insultes ! pourquoi fouler aux pieds mon malheur? J'ai vu périr dans les flots l'imprudent qui s'était moqué d'un naufragé; l'onde, me disais-je, ne fut jamais plus équitable. Tel refusait naguère à l'indigence les plus vils aliments, qui mendie aujourd'hui le pain dont il se nourrit. La Fortune volage est, dans sa course, errante et incertaine ; rien ne peut fixer son inconstance; tantôt elle sourit, tantôt elle prend un air sévère; elle n'a d'immuable que sa légèreté. Et moi aussi, j'étais florissant, mais ce n'éUiitqu'un éclat éphémère, un feu de paille, qui n'a brillé qu'un instant. Toutefois, que ton cœur ne s'enivre point d'une joie cruelle : je ne suis pas sans quelELEGIA VIII. Non adeo cecidi, quamvis dejectus, ut infra Te quoque sim , inferius quo nihil esse polest. Quœ tibi res animos in me facit, improbe? curve Casibus insultas, quos potes ipse pati? Necmala tereddunt initem, placidumvcjaeenti Nostra , quibus possinl illacrymare feras? Nec inetuis dubio Fortunes stautis in orbe Numen , et exosa? verba super ho Déco? Exigit ah I dignas ultrix Rhamnusia pœnns , Imposito cadras quid mea fata pede? Vidi ego, navifragum qui riscrat, tequore mergi Et, nunquam , dixi, justior unda fuit. Vilia qui quondam miseris alimenta negarat, Nunc mendicato pasritnr ipse cibo. Pa8sibus ambiguis fortuna volubilis errai, Et manet in nullo certa lenaxqiie Ioco : Sed modo licla manet, vultus modo sumit acerbes ; Et laiiluin eonstans iu levitate sua est. Nos quoque fioruiimis, sed flos oral ille caducus; Flammaque de stipula nostra , brevisque fuit. Neve tamen tota copias fera gaudia mente ; 47 2d OVIDE. .«•xk aa - c**** p.x.ssssx k« kisiaksk aak | * r œ gae s fais? sissie issk kl a s e a s 8 p p 0 k S :P i | i | p ; i | l | | | sxs Las* sOsà-v* xssiiskaa e«sse, m i p k s l î S.s*iïiiàës-aE sisas p s i e r P < J p - E ' ^ i ^ ï i ï i K ; : : Gù ; t k a p - e * * a *.*:!* esse tas m as* a s (»s.Psls;Eks llasssp. puisse | * k r : i i l ^ | | | p | | | La se-ss* s sx à s* - s x ; «sa; passa qmtm mtsp PiGE sue ik «ssassak x s E P l s P P p | | | : | | | ««* t * * .s I' iaiVsY k Visais SSamasS Si* p s s SISS saisi sasleuiale s Vas» p i p s s i p l«ss|p§:i|||i||| * sx s. S sks« ««;*.- '"- \ skïeasx s|£SP PPlsa tie a va» iXsssassteiiesu Usa slavpasiassP^ «xsxxsa W sx,s.sa. Oes\ si 0 fcvee s e spsmsk éevks aàslstsasl «sas iajasmsà?. l e k l p l | l p | | | | i l i U- sàss* t-a-. I sxsiw-* pesés* ss k; psasvsse Sa de la aissassliss, Os leeisaia sa akpsea1||li|;:||| bissls'. * la gialut * saàsasssp£Sia#lE;isl||i|l x «YsSi k*Sa* .s S x L * - é p S ' S* j * P « SS>sOl>S'S assavé l;s vis ;s asj psaa> §i |a vis. s>*eal|:i|iii|l ! ^ o jô a s * sa.ss l a . avse 0 parrfoa ùejn* àOkaad epp ja la dassa5sPsvaspt§i|p::|||||| ùm\ si < * ' * . p a v e s SSISSYP qm j Vs ss assisses- sasji-gsssksass*. ««est à lai qasija OsPI:|5|||i"""""" saaa salai s Ce'saa aks ilasiaê i vlk> l l l l i l l xs .«.sa- V < ^ r - . i isîiasjssass, t a & m p a s s km vknxsfi! isva ikssasaa, isPlkisi l p : l a f | | l | | i | l k * s . \ s a * » ' k - *.sssssbskissa, t a vs*s*%«s* ae-a sal qm %m D i |»ale sissksPÉi i | | i l | | | | s ll|||||||| , v « v ks v a ; - , s « * p i s s i mmmn: p s s a s p s a c < saya sisï lai. {I}. Tssaslîs aaa sasss sais» aasïs akllgl|a|l|illlll X-Y; »> Xgî i g ss Six aS S SïSX SSPSiS!*.el iixSSp i|si« vxs^sia xasiXsi ssx ss'-^ysxassïgaqs susse pxiksslise yàapass sIpsasasaisG p r sa« asislalEs|is||ill||;:;: asiîsxssaGkeusalis.saléraaarl|sVslàS;ki^^ sssji. sVsser u is-i.a as; aia kgsa-s .sa is-is-ass tkiLeiuP, eie«e*pss.ss pas ; lasidk s|ïia. apssesskGsas i P l i a P É | | | | i | | k« s' u * ^ ii* ^viJi sapaiâsi pisa à * saisis* sailiisSia Gsï asass essaliagàs sijpsp sf a a i i i i ; | i | | | ,!% -sssv.x. i x ^ a x s l a . pps'èsi les VIPSSK «usl gmk spaska; i ssasa aïs .sasslkslks?PkÊylil||P| sxa\ s< iiskssuxx*.s.sM psi-ssE aies visais set psas ar- a«>asaeIsa; Usas srsii>Es séal la Pa ys;pilkf||||p;: siss psilirasala Eiys, asia asik à dk;sEkii||i|sÉ||| siasax. si ka aasa aiseesai s;a alal à« i<xiiiiask|sfl|?||l|||| îsaxsssaasssasixa, EsPasissilass £ s p a à p p k | | p i | | | slsaasy al Césas^ avae PPS:, IP a P i s s | H | | | | | | | | | ÉLÉGIE !E, propspssa I |a SIP ssssfals GIPSXSPP sMivii|i::||||i| • .: : :::;i||||||i|||| lia I a; la sais pessaluie d'isixeGee sea aaas cosapkas. VallsL as îa y eygsasGPss. ea a i »|lpp||p||| siaasassis. vara, <§PP<IP ksss sas l'y vasTssk |ssfaG mG isupisE parla 5~eaesisaisisas:saa?Je ssaciassssa- j asxgsassà |sass% ai P a a ilea yavs is«kyp|likil|lÉ^ S « s ssi jsEs:&8«1i a * s siikii s ï ; iV s Es>s : Vis ïpiis jïixciivi assis svslsss ? «t<s<)i« isaPsaa P s i s^sxi, siaàâsk m sx?;. salya <af?l s V«i spsis; s * :ss;<vss>x SiS Sm S « P i>» *PsS s Uki. s»! p ï i i G Siisibs as-kss ssSsssX, àsàskaà . «SiSiiBB >:«à S>S>S'SÏSSS SBSJs-SS'ïiSi'SSS « p i ; MaSk vis?' s i asssiàas Pi ; k a à s l k k a P E ' : : Eï>sïssî«lia;iiii k a l p s . y a l à p y « 1 * 1 * * 1 ..0 I p a s i s slssïs p a à sa&p y'Pla spsgsPkayssS&sss:, ki ssijss'swe* siiiaa P a s «si .ssalsiL a>Sa, Ssssspssss «sUsïL-isss: «asykss l a * Pi«sss«.. SSssSsias «pïosisiksjs ssss qss«sssss«« p w f yss>«s : SXSSÎSS: ;>ssi«s SssXÎ, ksisità p:iiSS>i«<Sy NSsSiSSS. 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Et maintenant, ma muse, en dépit du silence que tu lui imposes, peut à peine s'abstenir de proclamer ton nom, malgré ta défense. Semblable au chien qui, après avoir découvert la piste d'une biche craintive, lutte inutilement contre la laisse qui le tient captif; semblable au coursier fougueux qui frappe tour à tour delà tête et du pied les barrières de la lice qu'on tarde trop à ouvrir, ma muse, liée et enchaînée par une loi impérieuse, brûle de révéler la gloire d'un nom qu'il lui est interdit de prononcer. Cependant, pour que tu ne sois pas victime de la gratitude d'un ami, j'obéirai, ne crains rien, j'obéirai à tes ordres. Mais je romprais celte obéissance si tu devais me soupçonner d'être ingrat : je serai donc, et tu ne me le défends pas, je serai donc reconnaissant, et, tant que je verrai la lumière du soleil (puissé-je ne plus la voir bientôt!), je consacrerai ma vie à ce pieux devoir. ÉLÉGIE X. Depuis que je suis dans le Pont, trois fois l'Tster, troisfoisles eaux de l'Euxin, ont été enchaînés par les glaces. 11 me semble que mon exil a duré déjà autant d'années que les Grecs en passèrent sous les murs de Troie, la ville de Dardanus. On dirait ici que le temps est immobile , tant ses progrès sont insensibles ! tant Se quoque nunc, quamvis e»t joua quieecere, quin te Nominet invitum , vix mea Musa tepet. Ctque canem, pavidœ nactum vestigia cervs», Luctantem frustra copula dura tenet ; Utque fores nonduin reserali carceris acer Nunc pede, nunc ipsa frente, lacessit equus; Sic mea, lege data vincta atque inclusa, Thalia Per tilulum vetili nominis ire cupit. Ne tamen officio memoris lœdaris amiei, Parebo jussis, parce timere, tuis. Al non parerem , nisi si meminisse putares : Hoc quod non prohibe! vox tua, grains ero. Dumque, quod o brève sit I lumen solare videbo, Servie! officio spiritus iste tuo. ELEGIA X. Ut sumus in Ponto, ter frigore constitit Ister, Facta est Euxini dura ter unda maris. At mihi jam videor patria procul esse tôt anois, Dardana quot Graio Troja sub hotte fuit. 739 l'année poursuit lentement sa révolution ! Pour moi le solstice n'ôte rien à la longueur des nuits ; pour moi l'hiver n'amène pas de plus courtes journées : sans doute la nature a changé ses lois à mon égard, et prolonge, avec mes peines, la durée de toutes choses. Le temps, pour le reste du monde, suit-il sa marche ordinaire, et n'y a-t-il que le temps de ma vie qui soit en effet plus pénible sur les côtes de ce pays, dont le nom d'Euxin est un mensonge, sur ce rivage doublement sinistre (l)de la mer de Scythie? Des hordes innombrables, qui regardent comme un déshonneur de vivre autrement que de rapines, nous entourent et nous menacent de leurs agressions féroces. Nulle sûreté au dehors; la colline sur laquelle je suis est à peine défendue par de chétives murailles, et par sa position naturelle. Un gros d'ennemis, lorsqu'on s'y attend le moins, fond tout à coup comme une nuée d'oiseaux, et a plus tôt enlevé sa proie qu'on ne s'en est aperçu; souvent même, dans l'enceinte des murs, au milieu des rues, on ramasse des traits qui passent par-dessus les portes inutilement fermées. Il n'y a donc ici que peu de gens qui osent cultiver la campagne , et ces malheureux tiennent d'une main la charrue, et de l'autre un glaive; c'est le casque en tête que le berger fait résonner ses pipeaux assemblés avec de la poix, et la guerre, au lieu des loups, sème l'épouvante au sein des S tare putes, adeo procedunt tempera tarde , Et peragit lentis passibus annus iter. Nec mihi solstitium quidquam de noctibus aufert ; Efficit angustos nec mihi bruma dies : Scilicet in nobis rerum natura novata est, Cumque meis curis omnia longa facit. Num peragunt solitos communia tempera motus , Suntque magis viue tempera dura meœ Y Quem tenet Euxini mendax cognomine litus , Et Scythici vere terra sinistra freti. Innumera) circa gentes fera bella minantur, Quœ sibi non rapto vivere turpe putant. Nil extra lutum est : tumulus defenditur œgre Mœnibus exiguis, ingenioque loci. Quum minime credas, ut aves, densissimus hoslis Advolat, et pradam vix bene visas agit : Serpe intra muros clausis venientia pertis Per médias legimus noxia tela vias. Est igitur rarus, qui rus colère audeat ; isque Hac arat infelix, bac tenet arma manu : Sub galea pastor junctis pice cantat avenis ; Proque lupo pavidœ bella verentur oves. 47. 20 OVibÈ, ..^ja«u^»tM«!ï«f«^*»e»tav«;»os8î>eîocctt- I J*vt* sstss ^jaaufi*., jHsapej:*»* peet |îkis de lis amitié ekx bsbskkks, Qixmà \ 4Wm César i on si* 5<* eribsekki. pas5 m m poaemS ce sM- i fesser* d'est m&xmm> d'imrreer, * v«ir kar* | . véiessesse de pesas, et eetm kagae ktmm | LUeesSk AU Siis-e a«i fesif «mvrè k ikm Cesse kéaie <£»i j : : r||s||s v ™ p exmr ék* <f Rdpps* greccc* mt ékssssi- s T» te pesés, ksss te tas , ae sse W | | § | f Ip k «Uissiise d* ksir piits-m «iiiir* ks krges \ m» <^iéfkmfê^x^spp4mfêm»mm^§i> btê^7^ik^iïf>\>srktii, iiss reste, salas- \ d'trae ûkmmm,(mmHë'muLrëfm^^l •<*»<» W^sau'a* skestcssid. etqee les ïrsem k- j pam? e-tse ksiat ses' tait, esss js> Vi>si4sSsAïpkiipi: lias4'^rirAAtk<ks Case* «Uspldsse Besivetst, j vers!* ts>stekteistte, qa'& :sspii1iaps8::|ip|||i|| e^iàsa erésetsee, lis dises! àKpsaésiesn d« ami ! des. et spse ta as ms. Je pesks, à :samgmsi|i||;;:: dxipêkjktiiefe>spesss--èsssi\esçnsmdesse>sï ! ebsciaiesi!*. Aie pstlesm* et mm$mm§ÈM eki s es'casasse, tassais qksk perles!, il sskmrh* j ssbè isse dprestvsî bîms pks eeaelle te:Jpm|||||:: d'apes'eaver «se aa .sJg'se, ess de désapjsreas-eer, j sskeredr; peseta» rkiisrakis de les brsk ik *e nrets des ixesslassetsa bsebesises eessm? j iNe traatpe eepstsikiit es-t eeeseee tp|l|ll: : leel; ekiiiiea à eak sus* lé idahe est ki ilsatrss - | siksidia d'eksk ; k pkssc qvti s skk iiSkïiÉf' seesa: d'issie ksiiee isseieC'et ssee mstvtsnt ks ! s'«st pas si sapes «ses* t seee pies |pmtpl|:s|||; psskiiasisskeeesiiSiixteakeesipklsibssTSiasi- j psksi est dkksr klessesi €esasp et- |e eepe||p| k<-rpklel.;PÀskïs> epk s'a pas sssspesda pkss I tpat tes derrière kssre est |>esissesstp||i|i: ÎMh trsssedbseiiYieesisïikeiitskàssiiik tsasV ; sscs taesepieisk TesUkbk, ma. basit^sp:A||||||| messes. rîsidsiPïsiied'as astre si ksaeste ! I sekirsbee, «'est sis bessse es s a 5 p e e e | | | | | | | | bi m me çkissa iiss es pus* veir et sass, d sees | elle ee ijmtsse patsst de pert, élk se|pp:;|i||||||| srsds!"m sss pseese, et ii;kî-e rakjissi sesextrk | »itf ks tlets ; Cdsae :sm spk die m k A k p i | | | i i | ; Sî:liés de ia Smtlissi, ee sesst là des tosrssetsts | pauàssetee, ssi las dreàA de sibepSji is <:o« 1-si.tssS se)<?iieisi:.»y ; es tssssen m\-u SPséi Sx-sAiîsii* i>sdi*fs Usi-k aeStsift; «v-V^»eaB<t '•oàii SsiaSst S é « à e s x »aik* V teikseisT et èasl plus pyv<pa- psee Seeei. S'iaas «t.aaa tassas . passss sa ses ijussaSs; lAU&asiS beps tuaspsj-a testa ssses, Hasaue^sse, «jai «eu»!pîuAs-Bslaeiuseli arfee, Ps-a asSsIe s k i e làssAs kascs tss^it, pssrcaal >lli sasie :pa»SS*iiSàs ikgSSas••}•• " Pasgtstiuases sstsSgelSssasbiuiPi. Bsrbsvus èir api tuai kpds. «au iaérltigae «lit ; e: j,,<iv<sS sSaliàs vss-tss t..*tSaa Crie ; Mesaa seisi-a «s »«s Saie iese ssgu- ,»<<«« Fassltss aàpdaei assrliass^us eeài, tis-!u-> Ht, k ê e ïslluaiil - ss eus! àle-aetes Sli* * Sàaërrsàs sj s u t l s s ^ W - I s è g u r , peSsut, A<U*, e«ik lalssseee iàaku J« s èi«îe« '»«««, esuSu rtiakieilaruSessesa-àss Casa Il suis-rsa psrliàvle . <saa> isse i;Tars stÇsss SssaseS-! jspijjjpSs sis* ssu» saspïssfs.ïSSisel b u k esiîiw vattss, resSeepieiepSàPs.éeàM; dssssskee b k e t Sk*:sy<às :bdàuéespSkiaessit s s;testas aatas <•!•«*>* ; is«i:ssi tsaisa ei ; «i seespit Kess saeisii Seli lees-iéis esse Sasse ^ « ^ kpftw , sa I AiiiiSiïAi îpsisei «Sa>|mpta|p::|;i:|îpp : l.kssfé afk*?a «ieeies passas Sssas; •; : : e | | | | | | | | ; l •' EelïSks. XI, ' ; | ; | | j <i«<^ A wm» <|e« pjrpsrgp àisrbtessss :mf: \ IsssssSkassi-eav, tilssapaesia tssrsls : ; iaSrlai,»,,» Sas«jessssjuesl.tetsss.ssiskeslltlllltlll;:| v>isi Jaei usjisssissi laiSlier rsse a*lsSS-p : y | p s i | | j | | : i i (k* , ! ! k't* -> e»" tJSJa|s»j eStsé!p slssi: Pspb:|gsii|pkp||:* Xetsu rese tsasSrîs uiatastee ieulss. i k>rbsi-, siuUuss ; iScaiÇs^isstei'tÇiAC: : |J||:::i|:f I t)e«as ssse sssli?:ép»ït.piSrikpkiiSs:'kIdb i bal Si sus istr s*isuu, aau jsSIre »B»î lape gssgl <: Kl|:::l J | ï i Spàlssf PS s a î p m jaeaa ppapipasSi:,: : . i Mssiasspassaieàlkest,. i p é k sslséàlsseàpiesssklllgiil: S .tiri«siaa. sarlirse iBiiaïss..!a'asa,sakt\:,.:K I ttassss tssïsxss ssaiîsa sst •< mm:Apb|i|p|sijs|pbli|||bl::: j Csaastaseiijpie-séietsmiaiiesspekl^ I iXsp siiamsemiSbPriSSIklssetSsiilép^^ LES TRISTES. j'eusse mérité par ma faute de perdre tous ces biens ; mais, parce que je fus coupable sans être criminel, il s'est borné à m'éloigner de ma patrie et de mes foyers, et, comme tant d'autres qu'il serait trop long d'énumérer, j'ai senti les effets de la bonté du dieu. Lui-même, dans son arrêt, me qualifie de relégué, et non d'exilé; et mon juge me rassure ici sur ma cause. C'est donc à juste titre, César, qu'autant qu'il m'est humainement possible, je célèbre tes louanges dans mes poésies imparfaites. C'est à juste titre que je supplie les dieux de te fermer longtemps encore les portes de l'olympe, et de laisser loin d'eux la divinité séjourner encore parmi nous. Tel est, il est vrai, le vœu de tout l'empire, mais comme lesfleuvesse précipitent dans l'Océan, un faible ruisseau lui paie aussi son humble tribut. Pour toi, dont la bouche m'appelle exilé, cesse d'aggraver ma peine par cette qualification mensongère. ÉLÉGIE XII. Tu m'écris de charmer par l'étude le temps déplorable de mon exil, afin de préserver mon esprit d'une honteuse et mortelle léthargie. Ce conseil, ami, est difficile à suivre : les vers sont enfants du plaisir, ils veulent de la tranQuai inerui vitio perdcre cuocta nieo : Sed quia peecato facinus uon adfuit illi, Nil niai ine patriis jussit abease focis. Utquealiis, numerum quorum comprendere non est, Cœsareum numen, sic mihi, mite fuit. Ipae relegati, non exsulis, utitur in me Nomino : luta suo judice causa mea eal. Jure igilur laudes, Caasar, pro parle virili Carmins nostra tuas qualiacnmque canunt : Jure Deos, ut adhuc cosli tibi lirnina claudant, Teque velinl sine se comprecor esse Deum. Optât idem populus : sed ut in mare flumina vasluni, Sic solet exiguae currere rivus aquaj. At lu fortunain, cujus vocor exsul ab ore , Nomine mendaci parce gravare meam. ELEGIA XII. Scribis, utoblectem studio lacrymabile teuipus, Ne pereant lurpi pectora nostra situ. Difficile est quod , amice, mones ; quia carmina leclum Sunt opus, et pacem mentis habere volunt. Nostra per adrersas agitur fortuna procellas, 741 quillité d'esprit, et ma fortune est le jouet des tempêtes, et il n'est pas de sort plus triste que le mien. C'est demander à Priam qu'il se réjouisse aux funérailles de ses fils ; à Niobé, veuve de sa famille, qu'elle danse et célèbre des fêtes. Relégué seul parmi lesGètes,aux extrémités du monde, suis-je libre, selon toi, de m'occuper de mes malheurs ou de mes études? Quand lu me supposerais une âme forte et stoïque, telle que fut, dit-on, celle de l'accusé d'Anytus (I), ma philosophie croulerait encore sous le poids écrasant d'une disgrâce pareille à la mienne. La colère d'un dieu est plus puissante que toutes les forces humaines. Ce vieillard proclamé sage par Apollon, n'aurait pas eu la force d'écrire au milieu des tourments que j'endure (2). Quand on oublierait sa patrie, quand on s'oublierait soi-même, et que tout sentiment du passé pourrait s'éteindre, la crainte du péril interdirait toute œuvre qui demande de paisibles loisirs ; or, le séjour où je suis est entouré d'innombrables ennemis. D'ailleurs, émoussée par une longue inaction,, maverveest languissante,et a beaucoup perdu de sa vivacité première. Le sol fertile que la charrue ne retourne pas fréquemment ne produira plus que des ronces et des plantes parasites. Le coursier perd son agilité dans un repos trop prolongé, et se laisse dépasser dans la lice par tous ses rivaux. La barque demeurée trop longtemps hors de l'eau, son élément Sorte nec ulla mea tristior esse potest. Exigis ut Priamus natorum in funere ludat, Et Niobe testes ducat ut orba choros. Luctibus , an studio videor debere teneri, Solus in exlremos jussus abire Gelas? Des licet hic valido peclus mibi robore fultum, Fama retert Anyti quale fuisse reo ; Fracta cadet tan lac sapientia mole ruina; : Plus valet bumanis viribus ira Dei. Ille sencx dictus sapiens ab Apolline, nnllum Scribere in hoc casu sustinuisset opus. Et palriœ veniant, veniantoblivia vestri; Omnis ut admissi sensus abesse queat ; At limer officio fuugi vetat ipse quieto : Cinclus ab innumero me te net hoste lorus. Adde , quod ingenium longa rubigine laesum Torpet, et est multo , quam fuit ante, minus. Fertilis, adsiduosi non renovetur aratro, Nil, nisi cum spiuis graracn, hahebit ager: Tempore qui longo stelerit, maie currel, et inler Carceribus missos ultimus ibil equos : Vertitur in teneram cariem, rimisque dehiscit, Si qua diu solilis cymba vacarit aquis ; 28 'ését OVlBIx fiaisssisel.sepayrsaieiïtksssi* sasisktavsetteSssssiie* \ tle sseisveast Se* IsséaseJs tle la mm, Mssiaé^vîjsa pars*, 4*a*smsKïi i,mî es Se* jestpései giésiti \ ium mim? Isssesssée, Je :S:éesesmmssm:s*eà:iii; eëî'ivme tnesamere,, je tiesssepsa-é ass es viptss-Si* \ èmim s p | m'am. été et làmsiatesp. eMClelili <se*s>iisï;sï*K;-x-ss>é«m: aieeSeatpiitsaesejtPsies;* [ tHrtï epsa es* seèxis- masslets sotsëiéé p|Sé'éiél|a tmssesxrve seaa géssès, tst: SI ss/a pt-eevsptss pàm S les eattlviss-i? pats, tes pa* ae levée , ;psé|éeeéé s-sest cassseeve <:ie sost aee-essee vsgeeise, lïsea tla* s sss-esile eestiplaisastits et tpssl é;sm|see«eé :pe|||iéS loi* eepemlasu m ^ | veeslem. slé-ts me* paralee- Ixtèmm. s e l s p i l l j et pjis isseaiaislesiss*,. es j ;s.s vcrn-e eassesméeT j Sxmèasieaveeeetsacsseasi* ssavêpis;iasmeàltslé: spsei-Hie* smsts *eisa le* Sets tk; r î | tassa* peétk j tssssti**atit Sa vais, tla t'aètê et se* tSsmsteessselie$., tpse; ïïssisastpse jeesvvxisss slmiSpaetSe* ver*, j edssta. Je ta**** mm-sstésm; meslts tlésaispil | | ; y« bats e'ésaitxa ese* veesetssssstseeeisx-es, tiàssa j laegpts istlee (4), et sislk\as:sa*l jeslsi* pssiélisll:: masse* tle* sasssîseam sis* spaête et tm stiltmr j pèse et le *ss*eslel sps à heiate, ; tat patirtastk s vrai mess, ma smtsa saSmseé:: .tveasï» et ye*se ee sa pxaeti stst poste se pesa,;- ; eesiatee aa sseaata tle msee s:is* ses*;. Iè*pts|i|s||i: es pssïStasa isstslale, sxtasmmr sse ;;s maasge j pal*je IsrèSe sse «sisselé'viesâtl'èstfse^pjeslll^x sst; pesasse iètxvsxi t, ealat eSst 5;s reatmassets, tie j un ve&êm f etslla Se réaaltsst tle me* |S*tstS:ée:;||::i: s* repmaîseiï, ssm eetissssst amsalma tpsassst mi j ressmals ssepsa* éefls-essstaesti ses"», s s m | | l ; l | | *arsstpa>|>!ee*aeitkita;seeate*esa;i*spaps\Pes;ts • Sepsass, et tsAs;, jseisrtpmj ttssm àetsei: | | | 1 1 1 jejwstt^pesijskss» Iseaeessx ptssm éleeépr-e | geaie4e S slaasssse*, kll p r é É ps*xp s ltlill delmg>smeasm isvaatirsas, s a etsat pûssebie, s ^ § p ^ prssàssesxat tle mats s*spsvt, eaetéisie être smamsm m msssxle sssstesr, ( < | y - a a h«ilm& lessle, eavl m lest pas i t t s l x I:,ayeep*,see<:p:sestst;aps*ss5sses'*vereasstrest**s s o y p s r sx,Sa>s'às, lallt aa eèts «sgïe asst àmêÈM•< spse ta m eatisesiist* aéseess-e essees>a, es tse ste | ÎK;,,V ^ p<irûit , Hs , m9Îm îm& S aa:ltsîtst;;|Il pas lassées- ssse* s»0cès se mlessssel; Islai* spstl ; g, é a ^ r^^(i ^ aeads-e*; ase sast psseasj* tle le tiss-e, astss* *ea* ts-tstee, î tlaete* *<:tses-e s vats* êtes sa psasss-lpale esseses tle S .1 tms» exil, et t tssasssse riavessteae (as, *l jasste- 1 sasesït pssssl, àe ee tassi-eass tl'aè-alst,, ps parte la j ÉI.,la(J|g Jifli, jxslssts 4a tise* peaprt;s msivs-a*, i Je tlesaàp tlès lèse, ratstpee sais* nsfegr j p $ks§map^ avec la peéese, ep s;lt||à rsattltsptp se pastetster j ée sstlat (J), *l isatpltti* tsss |sps;(t:às5epfêe:;;s;s*|;:t|s4^ *le tpapsss étp'*es, ésesàss eutess psvie: ei ieiie , ; Pie «eSsi prelisèét eetssssea eeess Seess* ; ilsi ï ip4 ieetxssi, reses seète; eesesss, | Pea liées «te sssliss, aes s<aS sstsàl eesaasssslet sarspeêl tiesietia is>«ess;siSSS psièeets less«;, lelsesasss, i VesS>sxssss .elgssiiùsesii spsisl îsseé ssept,e4t:p> : ëlppë lit jssse ;asi:«îis ss>;:gsi;, sipePs sSxei. S Oesssi* Sssàssslse Pas saet, resl*asse:pfSsp,: Ipipété Ssssp.s: tsax'ts ïsefcss j «s tsiase ses\«p!*j sasssts îslsssllss tes ; S iSstsssVis sessit ttestesetsee tssssetes iseat, iespse sers vsstwt esset'se seeise psie* ; s tpse ssset: vStieer |aeS tieèittsessse Sepaet :: ësmttssseseespta tstslst satsttsssiSs, ttst assaàs terstts; | tsssseièee gsete* Nsessssissespse tspssi, Pstéss svè «ersiset psssessee, è p a s Issee. i pee téseee , et Vsitssits Pts&t tslsl:ï ettstt* tmpstpiepp:; Pèftppse ssets peeves ssssesss, slet sé-sfl* vsess; j * eessseesssssssk tessessise et«sss eeteà^tsévitvepippip Kt IteesseJa ssélt sssssiasNS tstsais ssesese S PerJitissss-s, et serlptes sètsssssaass* tpattssVépaelééiéi P<«ïsss5te es petaptsstajesss,êsteeas seepssSssr., ] Itsiiew ssst eiasiit ets** ISsalia ttsel, :::::, Pttsss tsttit rsstetseas eees jetasses mess, i Pet ssessase, etesseie tsass allas: ttatetaVteastSs!4ïé;lié èteX sifSt est teSSS «SSJSS , Vît Sil mti'iS ijletSS tïSSSe t i PsSSSttsSr ittpete pestes' SP |ppp,|pPxét:K:::>ii,:i:iéK:>:i::: é t a e a i , pssix tppastpsetst eesea. | sMaeassi este, esse tlasspàis ssssei4e:,: 4elp*p!:, ïsëilëeé! 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En effet, le mal dont mon Quant à loi, pour te mettre à l'abri de toute esprit est atteint s'est, par une sorte de conta- accusation mal fondée, fais en sorte que tu n'aies gion, communiqué à mon corps, afin qu'au- pasmêmecontre toi les apparences; et de même cune partie de mon être n'échappât à la souf- que jadis nous passions le temps à converser france. Depuis plusieurs jours, je ressens dans longuement ensemble jusqu'à ce que la nuit le côté de poignantes douleurs, que je ne dois vînt nous surprendre au milieu de nos entreattribuer peut-être qu'au froid rigoureux de tiens, qu'ainsi nos lettres soient aujourd'hui cet hiver. Cependant si tu vas bien, je ne sau- les messagères de nos épanchements secrets, et rais êire tout-à-fait mal: lorsque, dans le désas- que les tablettes et la main suppléent au silence tre de ma fortune, je t'ai rencontré, c'est toi de la langue. qui me servis d'appui. Mais, pour ne point paraître trop défiant Après m'avoir donné des preuves éclatantes- sur ce point, je borne à ces quelques de tendresse et fait tous les jours, pour me sau- vers mes sollicitations. Reçois mes adieux, ver, des efforts inouis, tu ne m'adresses presque formule ordinaire qui termine chaque lettre, jamais un mot de consolation, coupable ami, et puisse ta destinée être différente de la et ton dévouement serait complet si tu étais mienne ! moins avare de paroles. Répare cet oubli, et quand tu te seras corrigé de ce grief unique, la ÉLÉGIE XIV. moindre tache ne déparera point un si bel ensemble. J'insisterais sur ce reproche, si je ne Tu vois combien je t'ai donné dans mes livres considérais que tu peux m'avoir adressé des lettres sans qu'elles me soient parvenues. Fas- de témoignages éclatants de mon estime, 6 sent les dieux que mes plaintes soient témérai- toi, mon épouse, que j'aime plus que moires, et que je t'accuse à tort de m'oublier! Mais même! Il peut se faire que la fortune jalouse il estévident que mon cœur a deviné juste. Non, conteste la sincérité du poète; cependant mon il n'est pas permis de croire qu'une âme comme génie t'assure au moins quelque célébrité. Tant la tienne soit accessible à l'inconstance. La qu'on me lira, on lira amsi les litres de gloire, blanche absinthe ne croîtra plus dans le Pont et il est impossible que les flammes du bûcher glacé, ni le thym parfumé sur le mont Hybla (2) le consument tout entière. Quoique les malen Sicile, avant qu'on te puisse convaincre heurs de ton époux pubsent appeler sur toi la d'indifférence pour ton ami. La trame de mes pitié d'autrui, lu trouveras des femmes qui voudront être ce que tu es, qui t'estimeront jours n'est pas si noire encore ! Alger enim traxi contagia corpore mentis, Libéra tormento pars mihi ne qua Ta cet : Perque diea inullos lateris cruciatibus urbr, Sed quod non modico frigore laesit hiems. Si tanien ipse vates, aliqua nos parte valemus : Quippe men est humeris fui la raina tuis. Qui mihi quum dederis ingentia pignora , quumque Per numéros omnes hoc tueare caput ; Quod tua me raro solatur epistola , peccas : Remque piam prœstas, ni mihi verba neges. Hoc, precor, emenda, quod si correxeris unum , Nullus in egregio corpore naevus erit. Pluribus accusem, fieri nisi possit, ut ad me Litera non veniat, missa sit illa tamen. Dl faciant, ut sit temeraria nostra querela, Tequc putem falso non meminisse mei. Quod, precor, esse liquet : neque enim mutabile robur Credere me fas est pectoris esse tui. Cana prias gelido desint absintbia Ponto, Et careat dulci Trinacris Hybla thymo, Immemorent quam te quisquam convincat amici : Non ita sunt fati stamina nigra mei. Tu tamen , ut falsœ possis quoque pellere culpas Crimina , quod non es . ne videare, cave : Utquc solebamus consumere longa loquendo Tempora, sermonem déficiente die; Sic ferai ac referai tacilas nunc litera voces, Et peragant liuguao cliarla manusque vices : Quod fore nenimium videar diffidere, sitque Versibus hic paucis admonuisse satis; Accipe, quo semper finilur epistola verbo , Âtque nieis distent ut tua fata , vale. ELEGIA XIV. Quanta tibi dederint nostri monuments libelli , 0 mihi me conjux earior, ipsa vides. Detrahat auclori multuin fortune licebit; Tu tamen ingenio clara ferere meo: Dumque legar, mecum pariter tua fama legetur ; Nec potes in mœstos omnis abire rogos. Quumque viri casu possis miseranda videri, Invenies aliquas, quas, quod es , esse velint ; Quee te, noslrorum quum sis in parte malorum , 744 OVIDE heureuse d'avoir été associée à ma fortune, et ne se règle pas sur la fortune, qui reste ferme qui porteront envie à la tienne. En te comblant et constante quand celle-ci disparaît! S'il en est de richesses, je ne l'aurais pas fait un don plus une cependant qui n'ambitionne d'autre réprécieux; l'ombre du riche n'emporte rien compense qu'elle-même, et qui jamais ne s'inavec soi chez les morts : je t'ai donné un nom cline devant l'adversité, on voit, en en calculant immortel, et maintenant tu possèdes ce que je la durée, qu'elle fait l'entretien de tous les sièpouvais l'offrir de mieux. cles et l'admiration de tous les pays, de tous .àjUSilss S «s;i« UÏSsi US es SSOtS SUîkUift appui les isusulstsks susués. Vuiïi « o s u s u stpsùs SA ta duùsasM'U : , ^: : ^^|| : SUS» ms skauauU et <pt-s; Us sùanupSisasouPstiS us; sususeur ysukikicsu ; eus voix pain' tu kutef du PuiUîtspa tut usspssau pssk%au '^ : :^^:0;syii:.: s u:o. jamais tesstxs uss^us-îè ; Us tlusss êssss Ikues •plusa «u s su ; s?sàs oussust; ois dtsàus ùtkAss|:l|Sit vusutssssiis rssus>8S<5<:rÀiÙ!s:ù:îUv t!s stulutiAlllUsi: sots jsss>u;ssseussuetast «poux, Usvasùyso; Puise, ssNss tut'os su ;>sé.te sssus* s sUàs-lt SSïSP ùlpSos st>\ ptU sss sssulgsS:SU|lskillsl:: issus-èkigiàS Uùss.sSgùstsSsftss; Usseé-sssS, us ssum; ; us sUsst siâsss jsu Sissssssu 4u |ssù;kéùl:;Uuuïaï|;:: e s sïséss-ï seus;.u U PU atiù tu m su jsstsss. Tssss. \ mm sussùsseuta suususususs;•ssk>:^M#:i|:;sf|tl:|::;: s|ist; sssu« f>k8ss «iyuusiOU, sa mHiï tut SSiAta- \ iméùJ}, slssss.rè|SUSU s'éssissssslstpseljsuf | i | | | i chu, us Se ereùilé issaStssqKiakls :«*s>piksS isisa : asP Sss;y«sUu asPp^^^ dus kesasgess. A prêt sua y:,P:«uifupi.ip uîkt ssu ; <k SUS «Sitotir- et US t« SktPlîUp k f !s3|UUl||llU: S erssks pas «pu; ju tu supputis; <&m u s u s # i l | | | | | | | | : roîssur pas sxsuvsu avttfi yvutas : Il aèï tekih à stssa SUSïSïSSS d'ésn; vas ;«<:•« sa, pua tu Sa tsst usotï pAssr lususuv^::p:|f:?|^^^i: quSïti osa; tïsssqsft Uè sussiuss pots tua; i'Uuts pas, sussu vosà.-s.» spjuù|;;u Su sstss* %«'s^iîs^^pc>s&is^i;^|^i^:;. : (|ais8Ù Sauts,. tkàîsxisa àpaas:, s-as aupusu Si I Au- pskss gliistur tas àsapsu, T*s pssussUlpf s|p|||u oosas» iUlii tuUfps tisksMtsia, P k M U l i |p||||^ USsiàuSiSsaaiauî d« su» sts<saas, •>!«<« luUussUuss fisuss Psss. prosîvSurtus; t<uisuuYU. sto t>«ù.ut<khYsPusN sku SkspaSj août, spprosves tu» S P S è u i p l l | l l | : tàsSU;»!- ss Psi-* « « i é u » yuUis , uusus sùiupSUàastpsSsSSSStSiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii::: P«SUH>> «vît ï dit k; tAïautus >S«> im AaisU i>v«S:Us ; ;>ip«? U;U> Si SU .« a?. , v * , a *«<t aï îNJffïssî sUa a* UUï-U >;••:• sfWfc a>S PUSÙ S ; ; !»<î:i? »> Vàï «U <U S>; Sii^S tîiîttS . vyay PS. ivuSats-; ï^s•«fe;Us kti^typaywa.ùtkS;. Ps ? < » t o « uaUsu u«u« t s l SÎSS k*Ss u u a s ; •pus uwuust sitdàk ; <;•««>« Pstsk SUS fipsSSitiiStSiSïtïiti Si 8'«* S;i?«aB jïUSU ïiSS j>:tt=:?rr:^>:: Yïïiisr-ây^ïiSïiîïiU Ps SïU<ta:S ï!<S»»YV:S , >as>' sai'ats isutU UiUÙSSiSiiiiiiiiiiiiiiiii: Pi. !;:U! sasfsat»!', «us psuS aUsp'iUSU:•,:; ÀSSïSSU , u t t«a«^s SasassS iS'UUSaiU iUSiSsiSii Uàiussi: isuissUiSiiSuiss, sSussSsSiUpsSUsi:p;ii^ CM « ïS , « s S.ùiusu iwatetur, US 'SitSatSUSiSSSSSSiiiii iUissuuu Us aua&usï tjUsss .Pu UsSU*::iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii::::i:i:i: PS aiasS Puus Sïùspsà r S u S U a U , | S U l S l u l l l l l I : I l l l l I l l l sPaSsùi usSiSàs via juSiU jifsAti ÙSïS?SkSk:u iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii UiS iùius ssS SUS uiU issu, sa« UiPUs- ksS§kttSiSiiiiiiiiiii:ii:iiiii U«îi. o*. ftSfttss.iS. .USus jaSsuSs s i l l p p u i l l l l l l l i l l l l i l l l : aUs u sj-ppsPsptN s usU «us SsSS* < iUtSiiSsstsSuUPSiiiiiiiiiiiiii: Ùssias! .i>sHS SuiaUsSi, «àS a; iàlsàyOiUJUsïssSà. SS <k$!!;us uSaiss, ut s<ai«sts *uu>s-. YPs sUfisus, «passUs :sssS!S)U.pSSigUiSSkii:iiiiiiiiiiiiiiiiiiiii <piS sussist «t. SasUs ,. ^«^1 j ^ . ; ^ ^ | ^ ^ i | | | | ^ | i | | | | ; SsîisSsS, «>t ksS?&S«,p#SkiS*^ ^>Nvyù^ ï- ^wA^w--- aOOOOOOOOajxCfWCOOQOOOJ NOTES DES TRISTES. (2) Les poètes avaient imaginé je ne sais quoi de mystérieux dans le dixième flot, et prétendaient qu'il était plus terrible que les autres. Fluctvs decumanus était ELEGIE 1. passé en proverbe pour signifier quelque chose de fu (1 ) Vaccinia est le nom d'un arbrisseau qui porte neste. Ovide n'ose pas ici le nommer par son nom, tant des baies noires fort recherchées des anciens pour la tein- il en a d'horreur. ture rouge. (3) Alexandrie, en Egypte, était une ville très-disLIVRE I. (2) Les titres des livres étaient écrits en rouge avec une solue. espèce de vermillon appelé minium ; et la coutume était (4) La Sarmatie était située au nord du Ponl-Euxin , de tremper le parchemin, memorona, dans de l'huile de partie en Europe, partie en Asie. cèdre pour le parfumer, et le préserver de la pourri(5) La ville de Tomes était située s. l'occident du Pontture et des vers, Pline dit que par ce moyen les livres de Numa Pompilius furent trouvés sains et entiers après Euxin, et par conséquent sur la rive gauche de la mer. Les côtes de celte mer, presque toujours battues par les 675 ans. tempêtes, lui firent donner le nom i'Axenus, c'est-i(5) Le mot cornua désigne les extrémités du petit cy- dire inhospitalier. On l'appela ensuite Evxenus par eulindre sur lequel on roulait les feuillets collés au bas les phémisme , et comme pour conjurer sa fureur. Ovide uns des autres ; candida marque qu'elles étaient d'ivoire. joue plus d'une fois sur ce nom, et sur celui de lœta ou Un les appelait umbtiici quand le manuscrit était roulé.' sinistra. (Liv. lV,élég. IV, v. 56,60; liv. V, élég. ix, — Fronte désigne le côté écrit du feuillet ; les anciens v. 14, etc.) n'écrivaient que d'un côté, et frontes veut dire la page ÉLÉGIE III. écrite elle revers. (Voy. v. 11.) (4) On se servait de celte pierre pour polir la couverture des livres, laquelle couverture était de peau. (3) Comme OEdipe, fils de Laïus et de Jocaste, et Télégone, fils d'Ulysse et de Circé, tuèrent l'un et l'autre leur père sans le savoir, ainsi Ovide dit que ses livres furent cause de sa perte, et il ordonne aux Tristes de reprocher aux autres la mort de leur père commun. (1) Ovide fut exilé l'an de Rome 763 , après la défaite de Varus. Il partit de Rome sur la fin do novembre. (2) Le poète compare ici la douleur qu'il ressentit en se séparant de sa famille à celle de Métius Suffétius, chef des Albains , qui fut écartelé par l'ordre du roi Tullus, pour avoir trahi les Romains ses alliés dans un combat contre les Fidénates. (TlT. LlV., liv. I, ch. x v m ) . — Lemaire, d'après l'ancienne leçon, donne ainsi ces deux vers ; ÉLÉGIE II. Sic Pi-iannu dotuil, tune qunm in contraria tertut Vlloru hatmit prodilianië equut, (I) L'Ourse ne descend jamais au-dessous de notre horizon, ou, selon les idées des anciens, ne se plonge jamais dans l'Océan. vers auxquels il faut faire violence pour en tirer un sens raisonnable. Deux manuscrits portent Mttius, et tonte difficulté disparait. OVIDE. 746 ELEGIE IV. (1) Les Romains avaient à la poupe de leurs vaisseaux des images peintes ou sculptées de leurs dieux tutélaires. (2) L'IHyrie, était sur la rive gauche de l'Adriatique, relativement à la marche du vaisseau d'Ovide. ÉLÉGIE V. (1) Pirilhous ayant conçu le dessein d'aller enlever Proscrpine aux enfers, Thésée l'y suivit. Ils échouèrent tous deux ; mais Hercule délivra Thésée, et Pirithous dut, dit-on, sa grâce à Proserpine. (2) VIRG., i W i d . , liv. i x . (3) Nérise, montagne de l'Ile d'Ithaque. ÉLÉGIE VI. (1) Ce poète est Antimaque. Ovide lui donne l'épithète de Clarius, parce qu'il le suppose né à Claros, ville voisine de Colophon , en lonie. Mais Plularque et Athénée disent qu'Antimaque était né dans cette dernière ville. (2) Comme Ovide n'entra pas dans l'Helleapont, ces mots ne peuvent"pas désigner lé canal étroit de celle mèr ; ils désignent donc l'étroit sillon tracé dans sa course par le navire. (3) H laissa Troie, qu'il avait à sa droite. (4) Imbros est une Ile peu éloignée de Lemnoa et de Samos, vis-à-vis de la Thrace. LTle de Samolhrace est ainsi appelée du nom de la Thrace même, dont elle n'est séparée que par un petit trajet.— Tempyre est une ville de Thrace, non loin de Trajanopolis, connue dans l'itinéraire d'Antonin sous le nom Hé Tempyrum. (5) Zérynlhe était le nom d'une caverne de Samolhrace , célèbre par les mystères des Cabires. (G) Ce vers doit être entre parenthèses ; car hactenus, dans le vers suivant, ne veut pas dire jusqu'à Tempyre , mais jusqu'à Samolhrace. C'est à Samolhrace, en effet, qu'Ovide quille son navire, qui reprend alors sa route par l'Hellespont pour aller à Tomes ; tandis que lui, Ovide, prend, comme nous le verrons plus bas, un troisième navire, pour aller de Samothraee à Tempyre. (7) Celte ville était située à l'entrée de l'Hellespont, assez près de l'ancienne Troie, et eut Dardanus , prince troyen, pour fondateur. (2) Cet autre poète est Philétas , originaire d'une Ile de la mer Egée , appelée Cos. H y a eu aussi une ville de ce (8) Autre ville oh était né Priape, fils de Vénus et de nom. Bacchus. H en fut chassé à cause de ses débauches, et (3) Homère était appelé ainsi, ou parce qu'il était plus tard les Lampsariens lui élevèrent des autels.— Ici l'ordre géographique est interverti ; cette ville n'aurait dû de la Méonie, ou à cause de Méon, son père. être nommée qu'après Sestoset Abydos. (4) Marcia était fille de Marcius Philippus, beau-père (9) Aujourd'hui le détroit des Dardanelles.— Sestos d'Auguste, dont il avait épousé la mère, Alia ou Accia, est une petite ville située en Europe, et Abydos une autre sœur de Jules-César. Marcia était femme de Maiime, ville située en Asie. Elles sont en face l'une de l'autre, l'un des favoris d'Auguste. (Pont., lib. 1, lett. H, v. 139 et célèbres, ainsi que le détroit, par les amours d'Héro et et lib. III, lett. I, v. 77.) de Léandre. ÉLÉGIE VU. (1) La couronne de chêne caractérisait le poète héroïque : celle de lierre, le poète élégiaque. (2) Dans les premiers temps de la république, on se contentait de graver quelques lettres dans la matière même de l'anneau : depuis on enchâssa sur le cercle de l'anneau un diamant ou quelque autre pierre précieuse, oit l'on gravait aussi de simples lettres, mais oit l'on grava ensuite les images de ses protecteurs ou de ses amis. (3) Voy. les Métamorphoses, liv. VIII, v. 464. ÉLÉGIE IX. (4) On regardait comme un heureux présage qu'il tonnât à gauche, parce que le tonnerre était censé gronder à la droite des dieux. ÉLÉGIE X. (I) Ovide laissa son premier vaisseau au port de Léchées, dans le golfe de Corinthe, traversa l'isthme à pied, et s'embarqua à Cenchrée sur un second navire, celui dont ,1 est ici question. (10) Cette cote s'étend depuis Bysanre, aujourd'hui Constantinople, jusqu'au Bosphore de Thrace, oh s'ouvre une large entrée sur deux mers, qui sont la Pmpontide, par oh l'on descend dans la mer Egée, et le Poot-Enxin. (11) On appelle aussi Symplégades les Iles situées à l'embouchure du Pont-Euxin.—Le golfe de Tynias prend son nom d'une ville et d'un promontoire sur la rive gauche du Pont-Euxin. — La ville d'Apollon ou Apollonie, aussi sur le Pont-Euxin, est appelée aujourd'hui Siiéboh. —Anchiale, sur la cote gélique, s'appelle encore aujourd'hui Anchialo. —Mésambrie est sur le Pont-Euxin, dans un angle de la Thrace, oh elle confine avec la Mésie. — Odcsse ou Odessa est encore de la Mêsie inférieure. (42) Dyonisiopole était aussi dans la Mésie. (43) Tomes. (Voy. liv. III, élég. IX.) (44) Quelle pouvait être cette fie, sinon Samothraee Y Il y était donc resté, comme nous l'avons dit. — Tj/n>daridœ, Castor et Pollux. (43) C'est qu'il va s'embarquer sur un troisième vaisseau, pour traverser la mer de Thrace, Bistonia$ aquas. LES TRISTES. — NOTES. 747 ELEGIE XI. Claude Néron , qui la céda ensuite à Auguste.—Natus, Tibère, fils de Livie, et par conséquent beau-fils d'Au(t) Ovide marque ici lui-même la date de ce premier guste, qui l'adopta et le nomma son successeur à l'emlivre des Tristes, composé tout entier sur mer, pendant pire.— Nepotrs, Drusus , fils de Tibère , et Germa, ion voyage, et qu'il envoya 1 Rome, même avant d'arnicus, neveu de Tibère, et son fils par adoption , tous river à Tomes. deux petits-fils adoptifs d'Auguste. — Sut parentis, (2) La mer Adriatique s'appelait aussi mer Supérieure, Tibère, père de Drusus, et par adoption père de Gerpar opposition a, la mer Tyrrhénicnne, dite mer Infé- manicus, son neveu, comme nous l'avons dit précédemment. — Ausonium ducem, Tibère. rieure. (S) Cette élégie fut donc composée avant son arrivée à Tomes, et pendant une troisième tempête. Il en faut conclure qu'Ovide, après avoir traversé la Thrace, dans sa partie la plus étroite sans doute, se rembarqua sur le Pont-Euxin : ce qui confirme celte opinion, c'est qu'il dit plus bas : barbara pars lava est (v. SI) ; pour avoir la Thrace a sa gauche, il fallait bien qu'il fût sur mer. (4) Ovide nous apprend lui-même (font., liv. I , leti.'vni, v. 45) qu'il avait de beaux jardins dans les faubourgs de Rome, entre la voie Claudia et la voie Flaminia. LIVRE DEUXIÈME. (I) Ce serait donc dix ans après la publication de l'Art d'aimer qu'Auguste se serait avisé de le lire, et de l'incriminer.' Cette supposition est invraisemblable. 12) Auguste avait ordonné, l'an 746 de Rome , que les Opalies, fêtes en l'honneur de Cybèle, aussi appelée Opis, fussent célébrées chaque année le 19 décembre, et durassent trois jours. (5) Les jeux séculaires, célébrés tous les cent dix ans, le furent pour la cinquième fois par Auguste, l'an de Rome, 757. (4) Voy. les Métamorphoses , livre XV , v. 868. (5) Voy. le même ouvrage, id, v. 854 et suivant. — Vestri,parce qu'Ovide lotie J. César et Auguste. (6) Il s'agit sansdoutc delà revue des chevaliers, passée par les censeurs tous les cinq ans, et qu'Auguste fit lui même plusieurs fois à ce titré ; elle avait lieu le quinze juillet, en commémoration de la victoire remportée par les Romains, près du lac Régille, par le secours de Castor et Pollux. (Denys d'Halic., lir.VI.) (t 1) Ces quatre vers sont dans le premier livre de VArt d'aimer, v. 51 à 54.— Vitta, gaie Une qui couvrait la tête, et d'où pendaient deux barbes par derrière. Cet ornement était interdit aux courtisanes. (42) 11 s'agit ici dn poème de Lucrèce, qui commence par une magnifique invocation' à Vénus. (45) Voy. I'^rt «Taimer,liv. l , v . 4 5 6 . (44) Auguste, après la défaite de Brutus et deCassius, fit élever un temple en l'honneur de Mars vengeur, sur le forum Augusti. (45) Le mot juncta veut dire ici voisine et non pas unie au dieu Mars dans les filets de Vulcain, comme l'ont cru quelques-uns. On concevra très-bien qu'Auguste n'ait pas permis la représentation d'une scène de cette nature à la porté d'un temple. (46) C'était aux jeux floraux, célébrés vers la fin d'août, la nuit, à la lueur des flambeaux, par des courtisanes, avec une licence effrénée. (47) Accins, célèbre auteur tragique, dont il ne reste que des fragmens. (48) Anacréon était né à Téos. (49) Callimaque était fils ou petit-fils de Bassus. (20) Calypso et Circé, JMéfaro., liv. XIv. (24) Pièce d'Euripide, imitée par Sénèque. Voy. Hé- rotde, 4. (22) Nous avons dans les Héroldesd'Ovide (Hér.44), une lettre de cette Canacé à son frère Macarée, où elle avoue qu'elle en avait un fils. Elle était fille d'Eole. (25) Aristide, né è Milet, ville fort dissolue, était auteur des Milésiaques, récits licencieux, qu'imitèrent Lucien dans l'Ane de Lueius, et Apulée dans l'Ane de Patras. (7) Le tribunal des centumvirs, au rapport de Festus, était composé de trois hommes choisis dans chacune des trente-cinq tribus, ce qui en portait le nombre è cent (24) Lucien [ad. indoet., g 25 ) cite un écrivain de cinq. On ne déférait è ce tribunal qne des causes de peu Sybaris qui fit un ouvrage digne de la réputation de cette d'importance, et qui regardaient la police publique. ville. (8) Le mot index désigne la charge de triumvirs, (25) U est ici question principalement de Philénis et lesquels jugeaient les causes particulières, c'est-à-dire d'Eléphantis, toutes deux auteurs de poésies obscènes. celles de citoyen à citoyen. Athénée parle delà première, liv. v i n , 45, et Suétone (9) L'exil était le bannissement prononcé par arrêt du sénat, on par sentence de juge, et emportait toujours avec lui la confiscation des biens; au lieu que la rélégation n'était quel'éloignement momentané par ordre du prince. (10) Livie Drusille, fut d'abord l'épouse de Tibère de la seconde, liv. XLIII • (26) Ce fut en effet à des généraux, à Paul-Emile, à Sylla, à Lucullus, à Poil ion, à Auguste que les Romains durent leurs bibliothèques. (27) Anser était un poète aux gages d'Antoine, et dont Cicéron se moque dans sa 45 e Philippiqve.— 748 OVIDE. Ikaakjiàsas sasà asissl sasasal lUsaisaaaa salsissa gisasisasss asàiasa ajskgass k a»ssi al'ÀsgssiSv c|Js:a>ka!*s:s.|iss|a,as^ kltassa' f a if* lk»s , ai <kas Massaàa I àklssssa., VI} aalfa agacîsagsss va<sv> S s galail skassslaaasaslsks«v:xaa;:l;:Ss, sg.a'lt àalik i k tsksi ($& fh& issk ci askj|af|||^ svasi &ggcks faaa.kssll ksx»\s5.li «-si aaasa-aa pssaiss>•••saagaaasa sa>«iS|S, CkSSSSs, Vaalsàa'has Ijisiss»., «'?s.aaasaa;akksi saklaka:, aïgai SSS-afalà Vaas, v.. Sff, 8f iSSiSSJaS:> •:./a:.:::;:à|:;|f||||fs|y;f;.. asvasi. t k n s k 6 ' a s k , II s-ivlv <ka kai isaassxasslgvOaivlKtlisaik lissa;, sais il saxgsissasa saa aiss.saisa akagallivs sas gaatskaf sss flVBB M , aalaosa; |i.y<ak, 5kaSi'ata;S;:iv, , îf-is Ssssaasssi sksll a s <ls* faki sasassasas kkkslaxss a-xsaai) Âlkskaa ssa assssss 4* t%-?i?|'^iaalai^iaikvi. asilaas, «ai itaxaSsayasasassassa «k F k s k * ai :1s Ssik, (f; l k «làatj<ja«a asa saaa»gsss «Isasa 'vasSSaik s|k;:pia||J| |Sfà Iskllsss, gsassssssiasas- siflgxgk, glà'k Is vllk >k ïiaààa.a; A«,«g»$Uasi;.>s»srssa ss.sssa ssj.sassajvsia.a -passai: k jsasgas, S'»aa sa»» ak satag. lissais Ikl àkass skçs aaaaaisSsk:isS:||s II s<: Issa aka Ssssssgak, isksaasa~es aksa's'sS agis aakva pesas: svsssy vas svs lala-ts:; ssaassfsajyïès gsss isagitass, i ax; as sa; al'issa à'Si l,s kaaagls ala; Vaavkalssii f i s akSiSSa'SkkaafSlk Ils : .ksss sSBcissgai ksi âiaii «kkasi-k ssasaîas ssss.a laissas ta: lassai'• ak|ssl«k si Isa IklsSai, saaS kFaaaiSSS. |Fs>| kssiksxàaàsssrsS. ssgsii-aks gss lasausakasv ka~ I.là Osa sssBSa*svsà! SSass vlsOssIIsS si skias SS: Sïaasa}s|kàlsi îsïasjïss sasasasSf: llgtsslsssBsSs.; kïsasssà gaxasss'slsss.xs-S|S.ksskssBS scslis^sj» kcsisisavlsiv slkf saisi a alsxsksasalilliklvlfkkl ici s spsl sas ksgasassssvaiaakasl ssysa sksi* Is aaa;>ssak:k<a«:siiSass<s llfi'staàl gss Is assissa» gaa» k kaaïgk ak Vslklakakaaklk Ixxxassss >:ks âisissfssslas, SasissalsHcsiaass, satsii sisyB Sk||ls|sI gsaasisiv ( 5 0 Lis sssss'lssis safa-assassi a|sse sasalsaa is.saas Sssa-s:iii Cstia axssàaa aàiaaslsgaaaalaiaa iiaasi SsaSSasal a|aa?klkak|ilIs vgsssss ; Iks, sisssc: la lax>ls: samiss; i«a agâssis», ssiississ- akll le saaasl tkksâsï, liais sliai ààial illl fka|llk|kfiki sa ao ; las sis, sass la, Ssaxsaas :1saas àkaasslaals Ssi IlSaSsS k i k glïk|l»; akkllllsl sâS) iikssli is g k s »saf isassiasax sks xSxtgx ; al assaslissa, akaS-s k jva; aà<:s sassskàs, s asaaaiaasas k saasSasss ssasasissa; ssss kaas Ivaassska, sas. aksss ssàssi tlsssks, Ikassâr ksss ks isck, Ls-avasag k gkss Bs«f«a«as sHtaai sOssaSaiiva iscàs sis gssssakvakk. ViiVS saBSSS.k'sassS.'Ial-ssssss aa»S «:sisss|-isc ssSJSskai, Il S-SS>S>sksS VxfsSSS. is«aais»ssliaassaajà»s. |là| à.hlsk à»i|a|aaaa lai k i l i l k l i s : f ja* a<lililk(pllfSlf. jtaasla- sises saa<< giàssls aiss k i a f k gasàl IIIisSOissliàlill: : iaacaassassss a!kgs>lkaa iaas :k aassaai I k k l k . lilaklfkakj: | àasiassssaasal i'ïasaassaasaVa' itava SaialalS. 01 Ik ààia'saiaiî assi îaakia:iyavaksskaiikak(akialf:|^ •ce I Lsa «k «>~a:k k ksBBC aaasks ccmsss k r.àiss, st. lais Vsaae, Ikïsas IkUsss- iliaf aaalia ;;; sas fst-sS sSiispssks, Lkxsski a-saiit asaskasap If; lias asa la: saSasv aaisaasss» asaj; iia |il ak ail k S I i k l I I iiSi • iï CM} i"ssi k Issslsljssssv, assis sas sssfsâis. ssil assaslsasà aaakssaaacssas atal''!! k i M |(aki|àsii|||k(apilll::: : i"5S) LsjcsSs SSSïïîîC ssfïsssll, ssslsvsascas kalksss- iia|aas alkis^vls, gsaa ilaalgSsi aka:lkkl|S|l«IÉi kl|Nlili*k:l saa>at k8Sf lat as» gkasasl ssl ailsaskaal. | f SSapliklf lkll>à|a|iS: :: Isk sialsas-«\ sssil sas'aNjSïss ksli-sas ska gyasss, gassiSS alla:s, asii : aS*SaO sssss: s sala* aaagaa; s :is k'kkaa ssassis <ka {slcastasa, Vaay. axlaalsals as; gcasàajaas satskastïsll akla|ikSlilks |lif:iP ïSaXsà S isasasaS; iSasala:» I: àgcà k » > Vi|Si||?|ïil| if Saa|s|aai; II: ssas icCSisas Jtaaas, IVlkas, lis. .I.ai. VLIl, aki; Tlk-kls», l i f S i , f ' O f à ? : : l | l l l | | | | : : | | | i | l (5ty fktsil aii! gsiilsssasssàs Isa- sas a!s saaivvs, pa-« Sàsll-, l'fia, ait aialailaaSS, siaaf„. ^SIsTiiti-lil ,aaa aikasstsasïi. ifi ks ssasliask »>« Iklissaksiilkkfkill^ialklliklâf 11:11:: ;lsVa CVkk sas citai, k ssassss as Ikakk aysil àisii scsslsaaàt gass aksaalaas Iklllasg 5 *«>aVS::|«i::«k^;||s||^^i^|i:i visaagai «kav jccs, k gssïlakaas IsilIcllisagsiS tkiaaa-k: lall ;p|f llalallïiïïï;iï;ï;ï (f'fi lie llasaî.ssllslss|àalaaaa|ak:ss,fasass aasas jsstsiasassk fkiaaaVVk::!' 8)<S saka Isa II y s assssastslàk ait; las, Ikllsg, ç i l ; sa iffa Osîfsalissasasass::fcsàa^laaayssàaiffk isVaffsC- Ilisaai «kaas sivssssSsvs aaaaak'Sa llssli. a>ss«; k «aSSasa tka salkaas «Isa asass lit; Il |asa'g!ssaaaa'gs ls»aasassas| |f t||«àf|^: : i|iÉ Ifsaalassaaas i-s akaattssv a i l agallkil'i; islliilgkf IIk||afiai:« Il akistaklas, ai gaakaa aaaksaïïaàlsiit.k- akaasas «aik Ivsiasvsa. fsstci Ikaasfk, V»s.'.i\saaks|Vi^ ifilil.s Vssaaas aiaaaal yasaaasaaa! al'ai gsàls. : '. ai|.skf Ffi!,: Sajjli.illJif g i f | | if (•|t>! Vasaslfa <25s»{sc*s saaa ,8iat:aallfaa.<«.s tlv ssssvklsaaii « aiasss'k-aiasass sais. Il a 0 » askssil iJaagasi; gagi l è k k f si|illlà%islli:ilPl: : : (-11 ; II» vlik, llsklsia-aassàlis aà saasa J s l fika^sj^aiiaillslsass lalskaka s<aaasls>l iiiask k a|li : aiiiai : k k l l l l f lllàllf i|(<V|| llf y Si VIS a V lOf, f s Sisisvkkasàl »aa sàisgksssl saaS; aâakss lak faass «iisaikas f kiaislk alsi ksiï Itsciskil <f Isflf ikaalkw i II S aàssll skia» If | làitlal aasgsiàllkal silxllliàiMII;|k|kkgf k | i | S | | l k f ||i sas :kkf S *lk:sss:Sjfkalaf I isiass^ fksigsaks Isi aaaiaska|*tsffe;gai«à^:àl^ isasfikiafaaaiakkl^ iialkkai igliliavli atasiiikf Ipïfl p | | a | k s s # lytiii^y^ sslifss |s(j||jài:sa.aai gasMàs saïaMasaf asklj il assis.j||:|isa Isi tes k sisilkalk ; LES TRISTES. - NOTES. (S) Après avoir fermé les yeux an mort, on l'appelait par son nom a plusieurs reprises, d'où l'expression conclamaium est, tout est fini, perdu, il n'y a plus d'espoir. (4) En vertu d'une loi des Doute Tables, il était enjoint d'enterrer les morts hors de la ville ; c'était ordinairement sur le bord des grandes routes. (5) C'était après les neuf jours du deuil qu'on allait faire an mort des sacrifices et des offrandes de victimes, de guirlandes, de libations de vin , etc. V. Fast., liv. II. ÉLÉGIE MI. (t ) Ovide peint ici le printemps d'Italie et non celui de Scytbie. (2) Cette source, à huit milles de Rome, était celle qu'une jeune fille avait montrée à des soldats, et qu'au moyen d'un acqueduc, Agrippa amena jusqu'au Champ-de-Mars. (Pline , liv. XXI, 5 ; Dion Cassius, liv. LIV, 14). (5) Le forum romanum, celui de César et celui d'Auguste : les trois théâtres, celui de Pompée, de Marcel lus, de Batteus. (4) Jupiter Capitolin. (5) Tibère, et non Drusus, qui était déjè mort a cette époque. ÉLÉGIE RI. (i) La sage-femme posait l'enfant sur la terre aussitôt qu'il était ué, en invoquant Ops (ut opem ferret)le père alors le relevait (tollebat) , en s'adressent à la même déesse, sous le nom de Levana (levarej; cérémonie sans laquelle l'enfant n'eût pas été regardé comme légitime. De là l'expression de tollere libéras , avoir ou élever des enfants. ÉLÉGIE IX. (I ) Les cornes sont le symbole de la force; la force des poètes est dans leurs vers; Ovide veut donc dire qu'il n'a pas encore écrit pour se venger. ÉLÉGIE X. (1 ) Hirtiuset Pansa, consuls l'an de Rome 7 H , quarante-deux ans avant Jésus-Cbrist, périrent en combattant contre Antoine, près de Modène. LIVRE V. ÉLÉGIE I. LIVRE IV. (I) Le cygneest ainsi appelé du Cayslre, petit fleuve près d'Éphèse. ÉLÉGIE I. (1) On condamnait quelquefois les esclaves à travailler aux carrières, une chaîne aux pieds. (2) Ovide ne porta donc pas les armes en Asie, sous Varron , comme on l'a prétendu. ÉLÉGIE II. (1) Auguste et Tibère. Ovido savait quo Tibère était parti pour venger la défaite de Varns ; celte expédition dura deux ans; le poète présume ici que Tibère est vainqueur. (2) Drusus, fils de Tibère, et Germanicus son neveu, adoptés par Auguste. (5) Livie ou Liville, sœur de Germanicus , femme de Drusus; Agrippine, fille de Julie et d'Agrippa, et par conséquent petite-fille d'Auguste, femme de Germanicus. (4) Les noms des peuples vaincus et des villes conquises étaient inscrits sur des cadres en bois. (5} Ces mots désignent Arminius, qui attira Varus dans des défilés où l'armée romaine fut taillée en pièces. (6) Allusion aux druides, V. Cœsar, Bell. liv. VI. 749 (8) La marche triomphale , dit Adam , commençait au Champ-de-Mars, se dirigeait le long de la rue des Triomphes, traversait le Campus, le Cirrus Flaminius, jusqu'à la porte Triomphale, et de là, par les principales places publiques, se rendait au Capitole. ÉLÉGIE III. (1) C'était le[15 des kalendes d'avril (18 mars). (Voy. Fastes, 111, 713.) (2) Le Strymon, fleuve de Thrace. (5) Lycurgue, roi de Thrace, ennemi du culte de Bacehus, s'arma d'une hache pour détruire les vignes de son royaume. (4) Penthée, roi de Thèbes, fut mis en pièces par sa mère et sa tante, qui célébraient des orgies auxquelles il voulait s'opposer. (Alétam., III, 511.) ÉLÉGIE V. (!) La fille d'Éélion était Androraaque; celle d'Icarius, Pénélope. (2) Échion fut un des compagnons de Cadmus, fondateur de Thèbes. ÉLÉGIE VIT. (I) Voyex la note 58 du livre II. Gall., (7) Drusus, frère de Tibère, avait fait quatre expéditions en Germanie, où il mourut. ÉLÉGIE VIII. (1) Némésis était ainsi appelée de Rhamnus, bourg de l'Attique, où elle avait un temple. '^ 0¥SJ>&, p Es *»>*. « p i a f o s*-est ass ssse.?ssS*ss8sae*, *>«SSB \ p Psesfe ; éii SileEass Sefe Osf | | | | | l l i l : p | i l E o» Escm., a i p a s sa«ss>imas»p la ea-ëséae, iS es- j ciijassals «asu c s & l EScsc», S i i S s : l l l p | | | p : i l l s F * p a r a f e >Sssasa<Sc. eaîs* la peasa <}a ** ami^ | ^.R S* sSmifiaa sic saa siisiies s & a s s s p p ; * ; '"':"" s^eSçae eSscee fs-a e.si SeesSe Es asfiiyiyaslfs, e^J.j.- I •••„:*<,.« .-,-. „, •««/êÊïÉêmim ëïv<;E»a»ii.waf!esa«yaasaë S v$ imik. SVey. Ûï, 3 p « ' f : i | I l ; : ; \ ' '':i'::::::5:5i:"::::5::'::i:::"'': sîiakas: s.x,. | SaS ¥«?. Pmt SSS.: » , 88, ;SJ îEiisi èlèéSé s>ssiS. ïrtsa és'eis >a..i saSa-s-ais S *;.,->*-,, S . . . raïaïyss.esssat^kX'-^aUS.iVïaivajiSiSisOëîilafl-seîse*. S ià^easSesPsaf.JVjVps^ïxvp.essasasîvi.v.s? j \iï Vcy. Sis, SS.S, m< ^ ; M C i i J v I f B i t ai Sa, s p s p * S-esse, cx-si S: ïai p s i Soii Se si*. Càssi j $'V, S.; iS'siSisssss Ssss s Sx, v ) «ai Sas sasii «y{es.aS« <§* Sa aaav j ;â C e U i ras?, es il h; éi iai, ni ëèiësrë; 3S, sj « « * « * « . « tS * ; ^Sp*8ia p T ^ a r ^ f $ % m f e l l I l É ^ yi:S mmivis m lima ««Sasee»? See» *««->»* Sa- «.•« -><- S * > r * a * i ¥ f t l * Js S î ; " ^ ^ *** Ssass p a S P i p S p ë ; | p : fe s p a s OvaSe suas S* W a m U \ m S . , i ¥ , v, S S k eesàm | ^ > ^®*** «* % «*' «eiisSeveymsskim.SS, j fei.SSiîïSÎ SSÎ-S". àxx;«ÏK .S. | . < , ! , ? ! . - > . , , , S SSi SSïs<Ssièi «assisse aa €eees4e, v :si m se jt-a as «sais esi.«!s«sS*sie. s EàisàiSS Sa. | P ls«Ss»>i*j fiées 8ePSspeé, ysSS* as p s y p l i i : . | «fess i * S?t»iS}iàSS8* 5 elSe ciséï pSIë-SSJSe "$js ¥ | l a l | s : : iS) p s s s k Soi, es-SBsae e& Je ssis. s»je«s>i «se Aaf- | assiasyssma; assis ësscisseV^ïïSSs5sàMs E ^ * i E | I E i l i | : s ^ ^ : : iws, iSScsiixss H iyïSi«,à\iiipSésBssi's Ses ësesis, j l'isSSscsss éseii Se spe> :ii!::;:E|| ..—nMMSft-S-SSSSw—.—..-
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