Texte 9

Texte 9 : St Ambroise Non praetereamus etiam sanctum Laurentium qui cum videret Xistum episcopum suum ad martyrium duci, flere coepit non passionem illius sed suam remansionem Itaque his verbis appellare coepit : « Quo progrederis sine filio, pater ? Quo, sacerdos sancte, properas sine diacono tuo ? Numquam consueveras sacrificium offerre sine ministro. Quid in me ergo displicuit, pater ? Num degenerem probasti ? Experire certe utrum elegeris idoneum ministrum. Cui commisisti Dominici sanguinis consecrationem cui consummandorum consortium sacramentorum, huic negas sanguinis tui consortium? Vide judicium tuum ne periclitetur dum fortitudo laudatur. Abjectio discipuli detrimentum est magisterii. Quid quod illustres, praestantes viri vincunt discipulorum certaminibus quam suis ? Denique Abraham filium obtulit, Petrus Stephanum praemisit. Et tu, pater, ostende in filio virtutem tuam, offer quem erudisti, N'omettons pas non plus saint Laurent, qui alors qu’il voyait son évêque Sixte être mené au martyre, se mit à pleurer, non pas sur la passion de celui-­‐là, mais sur le fait que lui restait en arrière. C'est pourquoi avec ces mots il se mit à l'interpeller : « Où t'en vas père, sans ton fils ? où, saint évêque, te hâtes-­‐tu sans ton diacre ? Jamais tu n’avais eu l’habitude d’offrir le sacrifice sans ton serviteur. Qu'est-­‐ce donc en moi qui t'a déplu, père ? Est-­‐ce que par hasard tu m’as jugé comme indigne ? Essaie au moins de savoir si oui ou non tu as choisi un serviteur approprié. Celui à qui tu as confié tu la sanctification du sang du Seigneur, celui à qui (tu as confié) le partage des sacrements à accomplir à celui-­‐ci tu refuses le partage de ton sang ? Prends garde que ton jugement ne soit mis en cause, tandis qu'on loue ton courage. Le rejet du disciple porte préjudice à la fonction du maître. Que dire du fait que des hommes illustres, supérieurs vainquent par les combats de leurs disciples plus que par les leurs ? Enfin, Abraham offrit son fils, Pierre envoya devant lui Étienne. Et toi, père, montre en ton fils ton courage, offre celui que tu as formé, ut securus judicii tui pervenias ad coronam comitatu nobili. » Tunc Xistus ait : « Non ego, fili, te relinquo ac desero sed majora certamina tibi debentur. Nos quasi senes recipimus levioris pugnae cursum, gloriosior triumphus de tyranno te manet quasi juvenem. Mox venies, flere desiste, post triduum me sequeris : hic medius numerus sacerdotem et levitam decet. Quid expetis consortium passionis meae ? Tibi dimitto totam haereditatem ejus. Quid requiris praesentiam meam? Infirmi discipuli magistrum praecedant, fortes sequantur ut vincant sine magistro, qui jam non indigent magisterio. Sic et Elias Eliseum reliquit. Tibi ergo mando nostrae virtutis successionem. » Hic nullus urgebat Laurentium sanctum ad hoc nisi amor devotionis ; tamen et ipse post triduum, illuso tyranno, cum exureretur impositus super craticulam : « Assum est, inquit, versa et manduca. » Ita animi virtute vincebat ignis naturam. afin que sûr de ton jugement tu parviennes à la couronne avec une noble escorte.». Alors Sixte dit : « Non, mon fils je ne te délaisse ni ne t'abandonne, mais de plus grands combats te sont réservés. Nous, en tant que vieillard nous recevons le cours d’un plus léger combat, un plus glorieux triomphe sur le tyran t'attend en tant que jeune homme. Tu viendras bientôt, cesse de pleurer, dans trois jours tu me suivras : l'intervalle de ce nombre convient à l'évêque et à son lévite. Pourquoi réclames-­‐tu le partage de ma passion ? Je te laisse le legs tout entier de celle-­‐ci. Pourquoi recherches-­‐tu ma présence ? Que les disciples faibles précèdent le maître, mais que les courageux le suivent, afin que vainquent sans maître ceux qui n'ont plus besoin de l'enseignement du maître. Ainsi également Élie délaissa Elisée. Je te confie donc l'héritage de notre courage. » Ici, personne ne pressait saint Laurent vers cela si ce n'est l'amour du don de soi ; cependant lui-­‐même aussi après trois jours, pour avoir joué le tyran, alors qu’il était brûlé placé sur un petit gril : « c'est rôti, dit-­‐il, retourne et mange.» Ainsi par le courage de l'âme il vainquait la nature du feu.