I T R E Micrographie obtenue par microscopie électronique à transmission montrant la structure sehérolitiaue d'un échantillon de cao,tcno.c n a r ~ r e l.es cr sta , tes .ame a res O 6es en cna.nes c .ne épaisseur de 10 nm environ. rayonnent a partir du centre: elles apparaissent ici sous la forme de lignes blanches. Facteur d'agrandissement: 30 MIO. [Micrographie fournie gracieusement par P.J. Phillips. Publiée dans R. Bartnikas et R.M. Eichhorn. Engineering Dielectrics. vol. INA. Electrical Properties o f Solid Insularina Materials; Moiecular SrructJre and Elecrrical Behaiior O ASTM. Ph! ade.on e (Penn.). Reproduction autori&] Pourquoi étudier la structure des polymères? Les caractéristiques structurales et chimiques qui influent sur les propriétés et le comportement des matériaux polymérisés sont relativement nombreuses. En voici quelques-unes : 1. Le degré de cristallinité des polymères semi-cristallins influe sur la masse volumique, la rigidité. la résistance et la ductilité [sections 15.10 et 16.4). 2. Le degré de réticulation influe sur la rigidité des matériaux du genre caoutchouc [section 16.8). 3. La chimie des polymères influe sur la température de fusion et la température de transition vitreuse (section 16.5). Objectifs Après avoir étudié ce chapitre. vous pourrez: O Décrire une molécule de polymère selon la structure de sa El Nommer et décrire brièvement: chaîne et la façon dont elle se constitue par répétition de monomères. H Tracer la structure du polyéthylène, du polychlorure de vinyle, du polytétrafluoroéthylène, du polypropylène et du polystyrène. El Calculer la masse molaire moyenne en nombre et en masse ainsi que le degré de polymérisation moyen en nombre et en masse d'un polymère donné. a) les quatre principaux types de structures moléculaires des polymères: b) les trois types de stéréo-isomères; C) les deux sortes d'isomères géométriques; dl les quatre types de copolymères. H Décrire brièvement l'état cristallin des matériaux polymérisés. Cil Décrire brievernent ou schématiser la structure sphérolitique d'un polymère semi-cristallin. 394 Chapitre 15 - Structure des polymères 15.1 1 Introduction On utilise les polymères naturels, tirés des végétaux et des animaux, depuis des siècles. Ces matériaux comprennent le bois, le caoutchouc, le coton, la laine, le cuir et la soie. D'autres polymères naturels, tels que les protéines, les enzymes, les amidons et la cellulose, jouent un rôle important dans les processus biologiques et physiologiques des végétaux et des animaux. Les outils de la recherche scientifique moderne ont permis de déterminer la structure moléculaire de ce groupe de matériaux et de mettre au point de nombreux polymères, synthétisés à partir de petites molécules organiques. Un bon nombre des plastiques, des caoutchoucs et des matières fibreuses que nous utilisons tous les jours sont des polymères synthétiques. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'avènement des polymères synthétiques a révolutionné le domaine des matériaux. En raison de leur coût de production modique et de leurs propriétés exceptionnelles, un grand nombre d'entre eux sont maintenant plus répandus que leurs homologues naturels. Dans certains usages, le métal ou le bois ont été remplacés par des plastiques aux propriétés satisfaisantes et moins coûteux. Comme dans le cas des métaux et des céramiques, les propriétés des polymères sont étroitement liées aux éléments structuraux du matériau. Dans ce chapitre, nous explorerons les structures moléculaire et cristalline des polymères. La question des rapports entre la structure et quelques-unes des propriétés physiques et chimiques ainsi que celle des utilisations courantes et des méthodes de formage seront traitées au chapitre 16. 15.2 1 Molécules d'hydrocarbures La plupart des polymères étant d'origine organique, nous allons examiner brièvement quelques-uns des concepts fondamentaux relatifs à la structure de leurs molécules. Rappelons d'abord que de nombreux matériaux organiques sont des hydmcarbures, c'est-à-dire qu'ils sont composés d'hydrogène et de carbone. De plus, les liaisons intramoléculaires sont covalentes. Un atome de carbone comporte quatre électrons pouvant participer à une liaison covalente, tandis qu'un atome d'hydrogène n'a qu'un électron de liaison. La liaison covalente est simple lorsque chacun des deux atomes de liaison fournit un électron, comme le schématise la figure 2.10 pour une molécule de méthane (CH,). La liaison entre deux atomes de carbone est double ou triple lorsqu'ils partagent respectivement deux ou trois paires d'électrons. Par exemple, dans le cas de l'éthylène, de formule chimique C2H,, les deux atomes de carbone forment une liaison double et chacun d'eux forme également une liaison simple avec deux atomes d'hydrogène, comme le montre la formule structurale. où- et =indiquent respectivement la présence d'une liaison covalente simple ou double L'acétylène, C2H2,constitue un exemple de liaison triple: Les molécules qui ont des liaisons covalentes doubles ou triples sont dites insaturées, c'est-à-dire que chaque atome de carbone n'est pas lié au nombre maximal des autres atomes (soit quatre). Dans une molécule insaturée, une liaison double est en fait constituée de deux liaisons simples. Lorsqu'une de ces liaisons simples subit un transfert de position autour de l'atome de carbone, il devient possible d'ajouter un autre atome ou un autre groupe d'atomes à la molécule initiale. Naturellement, dans un hydrocarbure saturé, toutes Section 15.2 - Molecules d'hydrocarbures les liaisons sont simples (et saturées): un nouvel atome ne peut s'y ajouter qu'après le départ d'un atome qui y était lié. Certains hydrocarbures simples appartiennent à la série des paraffines. Les molécules de paraffine linéaires comprennent le méthane (CH,), l'éthane (C,H,), le propane (C,H,) et le butane (C,H,,). Le tableau 15.1 donne la composition et la structure moléculaire des molécules de paraffine. Les liaisons covalentes au sein de chaque molécule sont fortes mais, puisque les liaisons hydrogène et les liaisons de Van der Waals entre les molécules sont faibles, les points de fusion et d'ébullition de ces hydrocarbures sont relativement bas. Toutefois, la température d'ébullition augmente avec la masse molaire (tableau 15.1). Des composés hydrocarbonés ayant la même composition peuvent présenter des arrangements atomiques différents: ce phénomène est appelé isomérie. Le butane, par exemple, a deux isoméres. La structure du butane normal est: tandis que la représentation d'une molécule d'isobntane est la suivante : Cemines propriétés physiques des hydrocarb~sdépendent de l'état isomérique;ainsi, la température. d'ébullition du butane et de l'isobutane est respectivement de -0,5 "C et -12,3 "C. TABLEAU 15.1 iposltion et structure ' ' le certains compos6s H Propane CA H I I H-C-C-C-H I I H H ' '=,H,.+, H I I -42.1 H Butane CAO -0.5 Pentane 'ZH,2 36.1 Hexane C6H,4 69.0 395 396 Chapitre 15 - Structure d e s polymères TABLEAU 15.2 Ouelques groupes d'hydrocarbures courants. l Alcools I R-O-R' ohen H-&-OH Alcool méthylique I H H H H-C-O-C-H Éther c i i m é t i ~ ~ ~ i ~ u e I I H Acides R -C PH B PH H-C-C \ Aldéhydes /"=O H Acide acétique H1 \O R H H \ Fomaldéhyde /"=O H Hydrocarbures aromatiques Phénol I H,@z 'La shucture simplifiée C 1 un groupe phényle. H /H II Ac AH I Il existe de nombreux autres groupes organiques, dont beaucoup sont présents dans la snucture des polym$res. Le tableau 15.2 identifie quelques-uns des groupes les plus courants, où R et R' représentent des radicaux organiques, soit des groupes d'atomes qui forment une entité et conservent leur identité durant les réactions chimiques. Les groupes CH,, C,H5 et C,H5 (méthyle, éthyle et phényle) constituent autant d'exemples de radicaux hydrocarbonés à liaisons simples. 15.3 1 Molécules de polymères Les molécules de polymères sont gigantesques, comparativement aux molécules d'hydrocarbures mes jusqu'ici; c'est pourquoi on les appelle souvent macromolécules. Des liaisons covalentes unissent entre eux les atomes de chaque molécule. Les molécules de la plupart des polymères sont constituées de longues chaînes flexibles dont le squelette est un ensemble d'atomes de carbone. Souvent, chaque atome de carbone possède une liaison simple avec chacun des deux atomes de carbone qui lui sont adjacents, comme le montre la représentation bidimensionnelle suivante: S e c t i o n 15.4 - Chimie des polymères 397 Chacun des deux électrons de valence restants de chaque atome de carbone peut être lié latéralement à des atomes ou à des radicaux contigus à la chaîne. Bien entendu, les liaisons de chaîne et les liaisons latérales peuvent aussi être doubles. Ces longues molécules sont composées d'entités stmcturales appelées monomères, qui se k@tent tout au long de la chaîne. «Monomère* vient du mot grec meros, qui signifie «partie ».Un polymère comporte donc plusieurs monomères. 15.4 1 Chimie des polymères Prenons de nouveau l'éthylène (C,H,) qui, à température et pression ambiantes, est un gaz ayant la strncture moléculaire suivante: En présence d'un catalyseur et dans des conditions de température et de pression appropriées, l'éthylène se transforme en polyéthylène (PE), un matériau polymère solide. La réaction entre un catalyseur (R.) et un monomère d'éthylène donne d'abord le monomère actif suivant : H H H H I l I I R. + C=C - I l I I R-C-C. La chaîne de polymère résulte ensuite de l'addition successive de monomères de polyéthylène au groupe actif formé du catalyseur et du monomère initial. Le site actif, un électron non apparié (indiqué par .), est successivement transféré à chaque monomère venant s'ajouter au bout de la chaîne, selon le schéma suivant: H H H H I I I R-C-C. + C=C I l I I H H H H + H H H H H H H H I l I R-C-C-C-C. l l I I I (15.2) Après l'ajout de nombreux monomères d'éthylène, on obtient une molécule de polyéthylène, représentée en partie à la figure 15.la. Cette représentation n'est pas strictement exacte, IN Monomère FIGURE 15.1 PolyBthylène: a) schéma de la structure du monomère et de la chaîne: bi vue en perspective de la molécule montrant le squelette en zigzag. 398 Chapitre 15 - Structure des polymères H H car l'angle entre les atomes de carbone à liaison simple n'est pas de 180", tel que le montre le schéma, mais plutôt d'environ 109". Dans le modèle tridimensionnel plus précis (figure 15.lb), les atomes de carbone forment un zigzag dont la liaison C-C mesure 0,154 nm. Ici, nous simplifierons fréquemment la description des molécules de polymère à l'aide du modèle de chaîne linéaire. Si on remplace tous les atomes d'hydrogène par du fluor, le polymère résultant est le polytétrafluoroéthylène(PTE),dont la figure 15.2a illustre la structure du monomère et de la chaîne. Le polytétrafluoroéthylène (dont le nom commercial est Teflon) appartient au groupe des polymères appelés fluorocarbones. La structure dupolychlorure de vinyle (PVC), un autre polymère courant, diffère 1égèrement de celle du polyéthylène: un atome d'hydrogène sur quatre y est remplacé par un atome de Cl. De plus, la substitution du groupe méthyle CH, à chaque atome de Cl dans le PVC donne dupolypropyl2ne (PP). La figure 15.2 représente aussi la structure de la chaîne du polychlorure de vinyle et du polypropylène. Le tableau 15.3 donne la structure du monomère constitutif de quelques-uns des polymères les plus courants; remarquons la complexité relative de certains d'entre eux, en particulier le nylon, le polyester et le polycarbonate. L'annexe D présente la structure du monomère constitutif d'un grand nombre de polymères assez répandus. Le polymère qui résulte de l'ajout d'unités du même type le long d'une chaîne est appelé homopolymère. La synthèse de polymères peut tr&sbien déboucher sur la formation de composés autres que des homopolymères; en fait, les chaînes peuvent être composées de plusieurs monomères distincts, auquel cas les polymères sont appelés copolymères (voir la section 15.9). Les monomères que nous venons d'examiner, tels que l'éthylène, possèdent deux sites actifs qui peuvent établir une liaison covalente avec d'autres monomères. Ce genre de a) I f f f i -c-c-c{ 1 I I I F Monomire FIGURE 15.2 Structure du monomère et de la chaîne al du polytétrafluoroéthylène. b) du polychlorure de vinyle et cl du oolvoroovlène. F F -C-C-C- I A F I 1 F Section 15.5 - Masse molaire TABLEAU 15.3 Structure des monameres de dix matériaux pnlymbres courants. H CH, I I -C-CI I H C-O-CH, II O a PolycNonire de vinyle (PVC) H H I I -C-CI I H * Le s y m t d e CH, 0 O a Polytér6phhtalatc d'ethylène (PET, un polyester) a Polycarbonate dans le squelette inàique un cycle aromatique tel que -C -cc \ t- FC\ H H monomère est dit bifonctionnel, c'est-à-dire qu'il peut se lier à deux autres unités en formant la structure moléculaire bidimensionnelle en chaîne. Mais d'autres monomères, tels que le phénol-formaldéhyde (tableau 15.3) sont trifonctionnels: leurs trois liaisons actives donnent lieu à une structure moléculaire tridimensionnelle réticulée, comme nous le verrons plus loin dans ce chapitre. 15.5 1 H H H H 1 I C-O-C-C-OI I II Masse molaire Les polymères à très longues chaînes ont une masse molaireextrêmement élevée. Durant la polymérisation, les macromolécules synthétisées à partir de molécules plus petites forment des chaînes dont la longueur et la masse molaire sont variables. C'est pourquoi 399 400 C h a p i t r e 15 - S t r u c t u r e d e s p o l y m è r e s FIGURE 15.3 RBpartition hypothétique des masses molaires des molécules d'un polymère selon la proportion al numerique et b l massique des molécules. Masse molaire (IV glmol) Masse molaire (10' glmol) on donne généralement la masse molaire moyenne, que l'on détermine en mesurant diverses propriétés physiques telles que la viscosité et la pression osmotique. On définit la masse molaire moyenne de plusieurs façons. Pour obtenir la masse mo, , on répartit les chaînes en une série de plages de masses molaire moyenne en nombre laires, puis on détermine la proportion numérique des chaînes faisant parîie de chaque plage (figure 15.3a). L'expression mathématique de la masse molaire moyenne en nombre est: Rn" = zx, Mi dans laquelle M, représente la masse molaire moyenne de la plage de masses molaires i, et x,, la proportion des chaînes faisant partie de cette plage. La masse molaire moyenne en masse repose sur la proportion massique des molécules faisant partie de diverses plages de masses molaires (figure 15.3b). On la calcule à l'aide de l'équation suivante: où, ici aussi, M,est la masse molaire moyenne d'une plage de masses molaires, alors que t; représente la proportion massique des molécules faisant partie de cette plage. Nous effectuerons des calculs de masses molaires moyennes en nombre et en masse au problème type 15.1. La figure 15.4 représente la répartition des masses molaires d'un polymère ainsi que les moyennes de masses molaires. ( ,Moyenne en nombre, Mn :nne en masse, FIGURE 15.1 Répartition des masses molaires d'un polymère courant. n;I, S e c t i o n 15.5 - Masse molaire 401 On exprime aussi la masse molaire à I'aide du degr6 moyen de polymérisation (II), qui désigne le nombre moyen de monomères dans une chaîne. Il est possible de calculer le degré moyen de polymérisation en nombre (n,) et le degré moyen de polymérisation en masse (n,). On utilise les équations suivantes: R où et M msont respectivement les masses molaires moyennes en nombre et en masse définies ci-dessus, et m est la masse molaire du monomère. Dans le cas d'un copolymère (polym&recomportant plus d'un type de monomères), on calcule m ainsi : ni= Z&m, (15.5) Dans cette expression,J et m, correspondent respectivement à la proportion de la chaîne et à la masse molaire du monomère j. 1 Dans l'hypothèse où les répartitions des masses molaires présentées à la figure I J . J sont celles du polychlorure de vinyle, calculez a) la masse molaire moyenne en nombre, b) le degré moyen de polymérisation en nombre, C)la masse molaire moyenne en masse. ( SOLUTION a) Le tableau 15.4a rassemble les données, tiries de la figure 15.3a, nécessaires à ce calcul. Selon l'équation 15.3a, la somme de tous les produits x,M, (colonne de droite) donne la masse molaire moyenne en nombre, soit 21 150 glmol. TABLEAU 15.40 Données semant au calcul de la masse molaire moyenne en nombre aux fins du problème type 15.1 b) Pour déterminer le degré moyen de polymérisation en nombre (équation 15.4a),il faut d'abord calculer la masse molaire du monomère. Chaque monomère du polycblomre de vinyle est constitué de deux atomes de carbone, de trois atomes d'hydrogène et d'un atome de chlore (tableau 15.3). Les masses molaires de C, de H et de Cl ~ rvinyle, e sont respectivement de 12,01, 1,01 et 35,45 glmol. Donc, pour le p o l y ~ h l ~de 402 C h a p i t r e 15 - Structure des polymères c) Le tablean 15.4b rassemble les données, tirées de la figure 15.3b, nécessaires au calcul de la masse molaire moyenne en masse. Les produitsfp: relatifs aux diverses plages de masses molaires apparaissent dans la colonne de droite. La somme de ces produits (équation 15.3b) donne Mm= 23 200 glmol. TABLEAU 15.4b Données servant au calcui de la masse molaire moyenne en rr2= s,,"f;-" -?-hl&--+,*"- 'C 3 5 000-10 000 10000-15000 15 000-20 000 20 000-25 000 25000-30000 30 000-35 000 35 000-40 000 La valeur de la masse molaire influe sur certaines caractéristiques des polymères. Ainsi, la température de fusion ou de ramollissement augmente avec la masse molaire (pour une valeur de M allant jusqu'à en+ 100 000 glmol). À la température ambiante, les polymères ayant de très courtes chaînes (masse molaire de l'ordre de 100 glmol) sont liquides ou gazeux. Ceux dont la masse molaire est d'environ 1000 glmol constituent des solides cireux (paraffine) ou des résines molles. La masse molaire des polymères solides (parfois appelés hautspolymères), de première importance ici, se situe généralement entre 10 000 et plusieurs millions de grammes par mole. 15.6 1 Forme moléculaire Rien ne permet de supposer que les chaînes de molécules d'un polymère sont rigoureusement rectilignes, indépendamment de l'arrangement en zigzag du squelette (figure 15.lb). Les liaisons simples d'une chaîne peuvent subir une rotation et se replier dans les trois dimensions. Examinons les atomes de la chaîne illustrée à la figure 15.5a; un troisième atome de carbone pourrait occuper un point quelconque du cône de révolution et former un angle d'environ 109" avec la liaison entre les deux autres atomes. Le positionnement des atomes successifs d'une chaîne représenté & la figure 15.5h engendre un segment de chaîne rectiligne. Par ailleurs, le repliement et la torsion d'une chaîne deviennent possibles (figure 15.5~)après la rotation des atomes qui la constituent'. Par FIGURE 15.5 Representation schematique de l'influence qu'a l'emplacement des atomes du squelette carboné lcercles pleins1 sur la forme de la chaîne d'un polym8re. En al. l'atome le plus 8 droite peut se trouver n'importe où sur le cercle pointillé tout en formant un angle de 109" avec la liaison entre les deux autres atomes. Les positionnements des atomes du squelette représentés en bl et en c j donnent lieu a un segment de chaîne respectivement rectiligne et tordu. ReproductionautorisÉe par Brnoks/Cole Publishing Company, une filiale d'International Thomson Publishing Inc. Tir6 da O. AsrElaND, The Science and Engineering of Materiais. 3* Éd.. 0 1994. 1. Dans certains polymères,des dldments volumineux de groupes latéraux appartenant à des chaînes voisines peuvent entraver la rotation des atomes du squelette carbond. S e c t i o n 15.7 - S t r u c t u r e m o l é c u l a i r e 403 FIGURE 15.6 Scherna d'une molécule en chaîne d'un polymgre dont les nombreux entortillements et enroulements resultent de la rotation des liaisons de la chaîne. Tiré de L.R.G. T n t i o m The Phpics of Rubbei Elarticify. 2' éd.. Oxford. Oxford University Press. 1958, p. 47. conséquent, une seule molécule en chaîne comportant un grand nombre d'atomes peut adopter la conformation illustrée à la figure 15.6 et présenter une multitude d'incurvations, de torsions et d'entortillements2.Cette figure montre également la distance rentre les deux extrémités d'une chaîne de polymère, qui est nettement inférieure à la longueur totale de la chaîne. Chacune des nombreuses chaînes moléculaires constituant un polymère peut s'incurver, s'enrouler et s'entortiller, comme le montre la figure 15.6, et a donc tendance à s'entremêler et à s'accrocher aux chaînes avoisinantes, un peu comme une ligne de pêche après un hmsque retour de moulinet. Les enroulements et les entortillements moléculaires aléatoires expliquent de nombreuses caractéristiques importantes des polymères, notamment la grande élasticité des matériaux en caoutchouc. Quelques-unes des caractéristiques mécaniques et thermiques des polymères dépendent de l'ampleur de la rotation des segments de chaîne découlant d'une contrainte appliquée ou de vibrations thermiques. La flexibilité de rotation est fonction de la chimie et de la stmcture des monomères. Ainsi, la rigidité propre à la région d'un segment de chaîne où se trouve une liaison double (C=C) s'oppose à la rotation. De même, la présence d'un groupe d'atomes latéral volumineux restreint la rotation. Par exemple, les molécules de polystyrène, qui possèdent un groupe latéral de phényle (tableau 15.3), résistent davantage à la rotation que les chaînes de polyéthylène. 15.7 ( Structure moléculaire Les caractéristiques physiques d'un polymère sont liées non seulement à sa masse et à sa forme moléculaires, mais aussi à la structure des chaînes moléculaires. Les procédés modernes utilisés pour la synthèse des polymères permettent de leur conférer des structures variées. Dans cette section, nous examinerons les structures moléculaires linéaires, ramifiées, à liaisons transversales et réticulées, ainsi que diverses configurations isomériques. - - 2. Le terme «conformation» désigne sauvent le contour d'une molécule, ou forme mol6culaire. que seule l a rotation des atomes de l a chaîne autour de liaisons simples peut modifier. 4W C h a p i t r e 15 - S t r u c t u r e d e s p o l y m è r e s Polymères linéaires Dans les polymères linéaires, les monomères sont joints bout à bout en chaînes simples. La figure 15.7a schématise ces longues chaînes flexibles qui font penser à une masse de spaghettis; chaque cercle représente un monomère. Dans le cas des polymères linéaires, les liaisons de Van der Waals entre les chaînes peuvent être prononcées. Parmi les polymères courants qui adoptent une structure linéaire figurent le polyéthylène, le polychlorure de vinyle, le polystyrène, le polyméthacrylate de méthyle, le nylon et les fluorocarbones. Polymères ramifiés Les polymères ramifiés se caractérisent par la présence de chaînes latérales qui sont raccordées aux chaînes principales (figure 15.7b).Faisant partie intégrante de la chaîne principale, les ramifications résultent des réactions latérales qui surviennent lors de la synthèse du polymère. Les ramifications latérales amoindrissent le potentiel de compaction d'une chaîne et, par conséquent, la masse volumique du polymère. Les polymères qui adoptent une shucture linéaire peuvent aussi être ramifiés. Polymères à liaisons transversales - Dans les polymères à liaisons transversales, des liaisons covalentes "ioienent en divers points deschaînes linéaires adjacentes (figure 15.7~).Ces liaisons transversales apparaissent lors de la synthèse d'un polymère ou à la suite d'une réaction chimique irréversible, babituellement effectuée à haute température, et résultent souvent de l'ajout d'atomes on de molécules à la chaîne. De nombreux matériaux élastiques en caoutchouc comportent des liaisons transversales, qui apparaissent lors de la vulcanisation, procédé que nous décrirons à la section 16.15. FIGURE 15.7 Schémas d'une structure moléculaire a l linéaire. b l ramifiée. c l à liaisons transversales. d l réticulée Itridimensionnelle). Chaque cercle représente un manomere. Section 15.8 - Configurations moléculaires Polymères réticulés Les monomères hifonctionnels, à trois liaisons covalentes actives, forment des réseaux tridimensionnels (figure 15.7d) appelés polymères réticulés. Par ailleurs, les polymères comportant de très nombreuses liaisons transversales sont aussi des polymères réticulés. De tels matériaux possèdent des propriétés mécaniques et thermiques distinctives; les époxydes et les phénol-formaldéhydes appartiennent à ce groupe. Soulignons qu'un polymère présente généralement plus d'un type de structure. Ainsi, un polymère essentiellement linéaire peut également avoir un certain nombre de ramifications et de liaisons transversales. 15.8 ( Configurations moléculaires Lorsque plus d'un atome latéral ou plus d'un groupe latéral d'atomes sont liés à la chaîne principale d'un polymère, la régularité et la symétrie de l'arrangement latéral peuvent grandement influer sur les propriétés. Examinons le monomère suivant: où R représente un atome ou un groupe latéral autre que l'hydrogène (par exemple, Cl, CH,). La liaison de groupes latéraux R de monomères successifs à des atomes de carbone alternés donne l'arrangement suivant : H H H H Cet armngement est appelé configuration «tête-àqueuen3. Son complément, la configuration «tête-à-tête», résulte de la liaison de groupes R aux atomes adjacents d'une chaîne. H I H I -C-C-C-C- H / H / (15.6b) La configuration «tête-à-queue» prédomine dans la plupart de polymères, et une répulsion polaire se manifeste souvent en* les groupes R dans le cas de la configuration <<tête-à-tête». L'isomérie (section 15.2) caractériseégalement les molécules des polymères, c'est-à& que différentesconfigurations atomiques sont possibles pour la même composition.Les sections suivantes traitent de deux sous-classes d'isomérie, la stéréo-isomérie et l'isomérie géométrique. Stéréo-isomérie On entend par stéréo-isomérie la situation où des atomes liés entre eux dans le même ordre (atête-à-queue»)présentent un arrangement spatial différent. Dans un stéréo-isomère, tous les groupes R sont du même côté de la chaîne, comme suit : H l H l H l H l -C-C-C-C-C-C-C-C- H l H l H l H l w ? ' b 1 b H R H R H R H R Il s'agit d'une configuration isotactique. 3. Le terne wconfiguration~se rapporte à l'arrangement des unités sur l'axe de la chaîne ou à une position des atomes qui ne peut être modifiée qu'à la suite de la m m puis de la reconstitutiondes liaisans de forte intensité. 405 406 Chapitre 15 - Structure des polymères Dans une configuration syndiotactique, les groupes R alternent d'un côté à l'autre de la chaîne : -C-C-C-C-C-C-C-C- l I l / I H & H H H & H H l (15.8) Si les emplacements sont aléatoires, il s'agit alors d'une configuration atactique. -C-C-C-C-C-C-C-C- La configuration d'un stéréo-isomère ne peut se modifier (devenir syndiotactique si elle est d'abord isotactique, par exemple) par simple rotation sur des liaisons simples, car ces dernières doivent d'abord se rompre et ne peuvent ensuite se reconstituer qu'après une rotation appropriée. Précisons ici qu'un polymère donné ne présente pas qu'une seule de ces configurations; la forme prédominante dépend de la méthode de synthèse. Isomérie géométrique Les monomères à liaison double entre les atomes de carbone d'une chaîne peuvent adopter d'autres configurations importantes : ce sont les isomères géométriques. Dans un tel cas, un atome ou un radical est lié latéralement, d'un côté ou de l'autre de la chaîne, à chacun des atomes de carbone participant à la liaison double. Observons le monomère d'isoprène ayant la structure où le groupe CH, et I'atome H sont du même côté de la chaîne: une telle structure est dite cis; le polymère résultant, le cis-polyisoprène, est le caoutchouc naturel dont la couverture de ce livre présente un segment de chaîne. Dans le cas de l'isomère alterné la stmcture est dite trans, car le groupe CH,et l'atome H se trouvent de chaque côté de la chaîne. Cette modification de la configuration rend les propriétés du frans-polyisoprène, parfois appelé gutta-percha, distinctement différentes de celles du caoutchouc naturel. La transformation de trans à cis, ou vice versa, ne peut s'obtenir par une simple rotation de liaisons de la chaîne, parce que la liaison double de la chaîne est extrêmement rigide. La couverture arrière de ce livre présente un segment de chaîne d'un trans-polyisoprène. En résumé, les molécules des polymères se caractérisent par leur taille, leur fonne et leur structure. La masse molaire (ou le degré de polymérisation) indique la taille de la molécule. La forme moléculaire se rapporte au degré de torsion, d'enroulement et d'incurvation des chaînes. La structure moléculaire renvoie à la façon dont les unités de base sont jointes. La stmcture peut être linéaire, ramifiée, à liaisons transversales ou réticulées, Section 15.9 - Copolymères 407 Caractéristiques mol6culaires I Chimie (composition du monomère) Tai (masse molaire) Forme (torsion de chaîne, enchevêtrement, etc.) Structure I I Btat isom6rique I Isotactique Syndiotactique Atactique cis tram et il existe aussi plusieurs configurationsisomériques (isotactique, syndiotactique,atactique, cis et tram). Le tableau taxinomique de la figure 15.8 présente ces caractéristiques moIéculaires. Remarquez que certains éléments structuraux ne s'excluent pas l'un l'autre et que, dans certains cas, il faut en indiquer plusieurs pour décrire la stmcture moléculaire. Par exemple, un polymère peut être à la fois linéaire et isotactique. --- l Copolymères LGJ C L L I I I U S Let ~ ~les scientifiques qui étudient les polymères s'efforcent constamment de mettre au point de nouveaux matériaux plus faciles et moins coûteux à synthétiser et à fabriquer, dont les propriétés ou la combinaison de propriétés sont supérieures à celles qu'offrent les homopolymères étudiés jusqu'ici. Le groupe des copolymères fait partie de ces matériaux. Examinons un copolymère composé de deux types de monomères, représentés par et à la figure 15.9. L'arrangement des chaînes d'un polymère varie selon le procédé de polymérisation utilisé et les proportions relatives des types de monomères. Dans le cas de la figure 15.9a, les deux types de monomères se succèdent au hasard le long de la chaîne d'un copolymère aléatoire. Dans un copolymère alterné, les deux types se succèdent plutôt en alternance sur la chaîne (figure 15.9b).Dans un copolymère séquencé par blocs, les monomères identiques sont groupés en blocs le long de la chaûie (figure 15.9~). Enfin, les ramifications latérales d'un type d'homopolymère peuvent se greffer aux chaînes principales d'un autre type de cet homopolymère; on parle alors de copolymère greffé (figure 15.9d). Les caoutchoucs synthétiques, que nous étudierons à la section 16.15, sont souvent des copolymères; le tableau 15.5 présente les unités chimiques de base utilisées dans certains de ces caoutchoucs. Le caoutchouc styrène-butadiène (SBR, de l'anglais styrenebutadiene rnbber) est un copolymère aléatoire courant qui sert à fabriquer les pneus FIGURE 15.8 Schema de classificationdes caracteris tiques des mol6cules d'un oolvrnbre. 408 C h a p i t r e 15 - Structure des polymeres FIGURE 15.9 Schémas de copolyrn&res al aleatoire. b) alterné, c i séquencé par blocs. d i greffé. Les deux types de monomères sont représentés Dar des cercles noirs et des cercles colores. TABLEAU 15.5 Unités chimiques de base ernployies dans les caoutchoucs copolymères Acrylonitrile I -C-CI H CH, I cis-isoprène I H I I I -c-c=c-cI Styrène H H Butadiène H CH, H CH, I -C-CI H H I l I -c-c=c-cl H I I H H H H I I H I I H d'automobile. Le caoutchouc d'acrylonitrile (NBR, de l'anglais nitrile butadiene rubber) est un autre copolymè~.aléatoire, composé d'acrylonitrile et de butadiène. JI est aussi extrêmement élastique, tout eu résistant au gonAemeut dans les solvants organiques; les conduites d'essence sont faites de NBR. 15.10 1 Cristallinité des polymères Les matériaux polymères peuvent être à l'état cristallin. Toutefois, étant constitués de molécules plutôt que d'atomes ou d'ions, comme c'est le cas des métaux et des céramiques, Section 15.10 - CristaIlinité des polyrn6res 409 ils présentent un arrangement atomique plus complexe. La cristallinité des polymères désigne l'arrangement des chaînes moléculaires en un réseau atomique ordonné. On peut décrire les structures cristallines à l'aide de leurs mailles élémentaires, qui sont souvent très complexes. La fignre 15.10 représente la maiUe élémentaire du polyéthylène et sa place dans la structure de la chaîne moléculaire; cette maiUe élémentaire est de forme orthorhombique (tableau 3.2). Naturellement, les chaînes moléculaires s'étendent au-delà de la maille élémentaire représentée dans la figure. En général, les substances constituées de petites molécules (comme l'eau et le méthane) sont soit entièrement cristallines (état solide), soit entièrement amorphes (état liquide). En raison de leur taille et souvent de leur complexité, il anive fréquemment que les molécules des ~olvmèresne soient que cristallines (ou semi-cristallines) et qu'elles - partiellement comportent des régions cristallines dispersées au sein du matériau amorphe. Tout désordre et tout défaut d'alignement dans les chaînes entraînent la formation d'une région amorphe, qui se produit d'ailleurs assez souvent puisque la torsion, I'entortillement et l'enroulement des chaînes empêchent l'arrangement ordonné de chaque segment de chaque chaîne. D'autres effets strncturaux influent sur l'ampleur de la cristallimité,comme nous le verrons plus loin. Le degré de cristallinité varie d'un état entièrement amorphe à un état presque entièrement cristallin (jnsqn'à environ 95 a);à l'opposé, les métaux sont presque toujours entièrement cristallins, tandis qu'un grand nombre de céramiques sont entièrement cristallines on entièrement non cristallines. En un certain sens, les polymères semi-cristallins sont analogues aux alliages métalliques à deux phases étudiés antérieurement. La masse volumique d'un polymère cristallin est supérieure à celle d'un polymère amorphe fait du même matériau et ayant la même masse molaire, car ses chaînes sont davantage entassées. Le degré de cristallinité en masse se détermine à partir de mesures précises des masses volumiques selon l'expression suivante: .. où p, est la masse volumique du composé dont on calcule le pourcentage de nistallinité, p, la masse volumiqne du polymère entièrement amorphe, et p, lamasse volumiqne du polymèreparfaitement cristallin. U faut étabürla valeur de p, et p, à l'aide d'antres procédés expérimentaux. FIGURE 15.10 Arrangement des chaînes moléculaires dans une maille elémentaire de polyéthylbne. Adapte de C.W. BUNN. Chernical Crptallography. Oxford, Oxford Univeisiry Press, 1945.p. 233. 410 Chapitre 15 - S t r u c t u r e des p o l y m è r e s Le degré de cristallinité d'un polymère est fonction de sa vitesse de refroidissement durant la solidification et de la configuration des chaînes. Lors de la cristallisation qui suit le refroidissement sous le point de fusion, les chaînes, qui sont hautement aléatoires et enchevêtrées dans le liquide visqueux, adoptent une configuration ordonnée. Il faut prévoir un certain temps pour qu'elles se déplacent et s'alignent elles-mêmes. La chimie moléculaire et la configuration des chaînes influent aussi sur la susceptibilité d'un polymère à se cristalliser. La présence de stnictures monomères chimiquement complexes (dans le polyisoprène, par exemple) ne favorise pas la cristallisation d'un polymère. Par ailleurs, il est difficile d'empêcher les polymères chimiquement simples (tels que le polyéthylène et le polytétraAuoroéthylène)de se cristalliser, même lorsque la vitesse de refroidissement est très élevée. La cristallisationdes polymères linéaires s'effectue facilement, car aucun facteur n'entrave l'alignement des chaînes. Puisque les ramifications latérales contrecarrent la cristallisation, les polymères ramifiés ne sont jamais très cristallins; un trop grand nombre de ramifications peut même empêcher toute cristallisation.Les polymères réticulés sont presque entièrement amorphes, alors que les polymères à liaisons transversales se caractérisent par un degré de cristallinité assez varié. Eu ce qui concerne les polymères stéréo-isomères, il est difficile de cristalliser les polymères atactiques, mais les polymères isotactiques et syndiotactiques se cristallisent beaucoup plus aisément parce que la forme géométrique régulière des groupes latéraux facilite leur jonction aux chaînes adjacentes. Par ailleurs, plus les groupes d'atomes liés latéralement sont volumineux, plus la tendance à la cristallisation diminue. Dans le cas des copolymères, il s'avère généralement que plus l'arrangement des monomères est irrégulier et aléatoire, plus la tendance à la cristallinité est faible. Les copolymères altemks ou séquencés par blocs font parfois l'objet d'une cristallisation. Quant aux copolymères aléatoires ou greffés, ils sont habituellement amorphes. Le degré de cristallinité a une certaine incidence sur les propriétés physiques des matériaux polymères. En général, les polymères cristallins sont plus fermes et plus résistants à la dissolution et au ramollissement par la chaleur. Les chapitres suivants traitent de certaines de ces propriétés. 15.1 1 1 Cristaux de polymères Nous allons maintenant examiner brièvement quelques-uns des modèles proposés pour décrire l'arrangement spatial des chaînes moléculaires des cristaux de polymères. L'un des premiers modèles, représenté à la figure 15.11, est dit à micellesfrangées. Selon ce modèle FIGURE 15.11 Modèle a micelles frangées d'un polymère semi-cristallin montrant des régions cristallines et des régions amorphes. l i r e de H.W. Harom. W.G. Morrnrr et J. WULFF.The Structure and Propiriss of Materials. vol. Ill. Mechanical Behavior 0 1965, John Wiley & Sons. New York. Reproduction autorisée par John Wiley & Sons. Inc. S e c t i o n 15.11 - C r i s t a u x de p o l y m è r e s 411 FIGURE 15.12 Micrographie obtenue par microscopie électronique d'un monocristal de polyéthyl8ne. Facteur d'agrandissement: 20 000. Tiré de Gmwh andPeriection ofC~talslsausla dirsctirm de A. KELLERet colli. General Electric Companyet John Wiley & Sans. Inc.. 1958 o. 498. datant de nombreuses années, un polymere semi-cristallinconsiste en de petites régions cristallines (cristallites ou micelles) dotées chacune d'un alignement précis et encastrées dans une matrice amorphe composée de molécules orientées au hasard. Une seule molécule en chaîne peut ainsi traverser plusieurs cristallites et les régions amorphes intermédiaires. Les chercheurs se sont ensuite penchés sur les monocristaux de polymères issus d'une solution diluée. Ces cristaux sont de minces plaquettes de forme régulière, d'une épaisseur de 10 nm à 20 nm environ et d'une longueur de quelque 10 km. La structure de ces plaquettes est souvent composée de couches multiples, comme le montre la micrographie d'un monocnstal de polyéthylène reproduite à la figure 15.12. Il a été proposé que les chaînes moléculaires de chaque plaquette se replient constamment sur ellesmêmes et que les plis se forment à la surface; la figure 15.13 schématise cette structure, appelée modèle des chaînes pliées. Chaque plaquette renferme un certain nombre de molécules, mais la longueur moyenne d'une chaîne est beaucoup plus grande que l'épaisseur de la plaquette. De nombreux polymères volumineux qui cristallisent à partir d'un liquide en fusion forment des sphérolites. Comme leur nom l'indique, les sphérolites croissent en forme de sphère; la micrographie obtenue par microscopie électronique à transmission, en page 393, montre un sphérolite présent dans le caoutchouc naturel. Le sphérolite consiste en un agrégat de cristallites (lamelles) de chaînes pliées, semblables à un ruban d'une épaisseur d'environ 10 nm, qui rayonne du centre vers l'extérieur. Dans cette micrographie, les lamelles correspondent à de minces lignes blanches. La figure 15.14schématise la structure détaillée d'un sphérolite, où sont visibles les différents cristaux lamellaires à chaînes pliées, séparés par une région amorphe. Des molécules de liaison assurant un lien entre des lamelles adjacentes traversent les régions amorphes. FIGURE 15.13 Structure à chaînes pliées d'une cristallite de polymère en forme de plaquette 412 C h a p i t r e 15 - S t r u c t u r e d e s p o l y m è r e s FIGURE 15.11 Schéma de la structure détaillée d'un sphérolite. Tir6 de John C. cos un^, 0,eIecrric Relaxation Processes in Poivlerh~ieneterephthalatel. th& de doctorat. University of Utah, 1984. Lorsque s'achève la cristallisation d'une structure sphérolitique, les extrémités des sphémiites adjacents commencent à empiéter les unes sur les autres et à former des frontières plus ou moins rectilignes, alors que celles-ci étaient plutôt sphériques auparavant. Ces h n tières se distinguent clairement à la figure 15.15, qui montre une micrographie de polyéthylène obtenue avec une lumière polarisée transversalement. Une croix de Malte caractéristique apparaît dans chaque sphérolite. On considère que les sphérolites sont aux polymères ce que les grains sont aux céramiques et aux métaux polycristaliins. Toutefois, comme nous l'avons vu ci-dessus, chaque sphérolite se compose en fait de nombreux cristaux lamellaires distincts et d'une certaine quantité de matériau amorphe. Le polyéthylène, lepolypmpylène, le polychlorure de vinyle, le polytétrafluoroéthylène et le nylon forment une structure sphéroiitique lorsqu'ils cristallisent à partir d'un liquide en fusion. FIGURE 15.15 Micrographie obtenue à l'aide d'une lumière polarisée transversalement montrant la structure sphérolitique du polyéthylène. Des frontières linéaires se forment entre les sphérolites adjacents, dans chacune desquelles apparaît une croix de Malte. Facteur d'agrandissement: 525. Micrographie fournie gracieusement par F.P. Prim General Electric Company. Problèmes La plupart des matériaux polymères sont composés de très grandes molécules. soit des chaînes d'atomes de carbone auxquelles sont liés latéralement divers atomes ou radicaux. Ces macromolécules se composent de plus petites entités structurales appelées monomères, qui se succèdent le long de la chaîne. Nous avons présenté la structure des monomères de quelques polymères chimiquement simples. tels que le polyéthylène. le polytétrafluoroéthylène. le polychlorure de vinyle et le polypropylène. La masse molaire des hauts polymères est parfois supérieure à un million de grammes par mole. Puisque la dimension des molécules varie, il existe une certaine répartition des masses molaires. On exprime souvent la masse molaire par sa valeur moyenne en nombre et sa valeur moyenne en masse. On peut aussi indiquer la longueur d'une chaîne par le degré de polymérisation, qui est le nombre de monomères par molécule moyenne. Nous avons vu plusieurs des caractéristiques moléculaires qui influent sur les propriétés des polymères. Les molécules s'entremelent lorsque les chaînes se replient, s'enroulent et 4?9 s'entortillent. La structure moléculaire peut &tre linéaire. ramifiée. à liaisons transversales ou réticulée; elle peut aussi prendre la forme de stéréo-isomères isotactiques. syndiotactiques ou atactiques ainsi que d'isomères géométriques cis et t r a m Les copolymères sont de types aléatoire. alterné. séquencé par blocs ou greffé. On dit qu'il y a cristallinité lorsque l'arrangement des chaînes moléculaires engendre un réseau atomique ordonné. Les polymères peuvent être entièrement amorphes ou présenter une cristallinité partielle, auquel cas les régions cristallines sont dispersées dans les zones amorphes, ou presque totale. La cristallinité des polymères est favorisee lorsqu'ils sont chimiquement simples et que la structure de leurs chaînes est régulière et symétrique. Les monocristaux de polymère peuvent croître à partir de solutions diluées et prendre la forme de minces lamelles à structure de chaînes pliées. De nombreux polymères semicristallins forment des sphérolites; chaque sphérolite consiste en un agrégat de cristallites lamellaires à chaînes pliées, analogues à un ruban, qui rayonnent du centre vers l'extérieur. TERMES ET CONCEPTS CLÉS Atactique Cis (structure) Copolymèra Copolymère aléatoire Copolymère alterné Copolymèra grené Copolymère séquencé par blocs Cristallinité CristaIlite Degré moyen de polymérisation Homopolymèra Insaturé Isomérie lsotactique Macromolécule Masse molaire Modèle des chaînes pliées Monomère Monomère bifonctionnel Monomère trifonctionnel Polymère Polymère à liaisons transversales 15.1 Expliquez l a différence entre polymorphisme et isomérie. 15.2 À partir des structures présentkes dans ce chapitre, faites un croquis de l a structure du monomère des polymères suivants: a) polyflumre de vinyle; b) p 1ychlorotrifluoroéthyIène;c) alcool polyvinylique. 15.3 Calculez l a masse molaire des monomères constituant les polymères suivants : a) polychlomre de vinyle; b) polytéréphtalate d'éthylène; c) polycarbonate; d) polydimérhylsiloxane. Polymère linéaire Polymère ramifié Polymhre réticulé Saturé Sphérolite Stéréo-isomérie Structure moléculaire Syndiotactique Tram (structure) 15.4 L a masse molaire moyenne en nombre d'un polypropylène est de 1 000 000 gtmol. Calculez le degré moyen de polymérisation e n nombre. 15.5 a) Calculez l a masse molaire du monomère du polystyrène. b) Calculez l a masse molaire moyenne e n masse d'un polystyrène dont l e degré moyen de polymérisation e n masse est de 25 000. 15.6 Voici un tableau des plages de masses molaires d'un polypropylène. Calculez a) lamasse mol& moyenne 414 Chapitre 15 - Structure des polymères en nombre; b) la masse molaire moyenne en masse; C) le degré moyen de polymérisation en nombre; d) le degré moyen de polymérisation en masse. b) En quoi ce polyéthylène chloré diffère-t-il du poiychlome de vinyle? 15.10 Quelle est la différence entre la configuration et la . conformation d'une chaîne de polymére? 15.11 Dans le cas d'une molécule de polymère linéaire, la longueur totale L d'une chaîne est fonction de la longueur des liaisons entre les atomes de chaîne d, du nombre total de liaisons dans la molécule N et de l'angle entre les atomes adjacents de la chaîne du squelette 8 : 15.7 Voici un tableau des plages de masses molaires d'un polymère. Calculez a) la masse molaire moyenne en nombre; b) la masse molaire moyenne en masse. c) Sachant que ce polymère a un degré moyen de polymérisation en masse de 780 et qu'il figure dans le tableau 15.3, identifiez-le et justifiez votre réponse. d) Quel est le degré moyen de polymérisation en nombre de ce polymère? De plus, la distance moyenne entre les deux extrémités r (figure 15.6) d'un ensemble de molécules de polymères est La masse molaire moyenne en nombre d'un polytétraîluoroéthylène linéaire est de 500 000 g/mol: calculez la valeur moyenne de L et de r de ce matériau. À l'aide des définitions de la longueur totale L d'une molécule en chaîne (équation 15.11) et de la distance moyenne entre les deux extrémités r d'une chaîne (équation 15.12), calculez, pour un polyéthylène linéaire, a) la masse molaire moyenne en nombre lorsque L = 2500 nm; b) la masse molaire moyenne en nombre lorsque r = 20 nm. Dessinez des portions d'une molécule de polystyrène linéaire qui soient a) syndiotactiques; b) atactiques: c) isotactiques. 15.14 Dessinez les structures ris et tram d'un monomère a) de butadiène; b) de chloroprène. 15.8 Est-ce possible qu'un homopolymère de polyméthacrylate de méthyle se caractérise par les plages de masses molaires cidessous et par un degré moyen de polymérisation en masse de 585 ?Pourquoi? Dessinez la structure du monomère de chacun des copolymères alternés suivants : a) poly(butadiènechloroprène); b) poly(styrène-méthacrylate de méthyle); c) poly(acry1onitrile-chlorure de vinyle). .16 La masse molaire moyenne en nombre d'un copolymère alterné de poly(styrène-butadiène) est de 1 350 000 dmol: calculez le nombre moven de monomères de styrène et de butadiène par molécule. - Calculez la masse molaire moyenne en nombre d'un caoutchouc nitrile aléatoire [copolymère de poly (acrylonitrile-butadiène)] dans lequel la proportion des monomères de butadiène est de 0,30. Tenez pour acquis que cette concentration correspond à un de& moyen de polymérisation en nombre de 2000. 15.9 On peut chlorer du polyéthylène lourd en substituant des atomes de chlore aux atomes d'hydrogène. a) Déterminez la concentration de Cl (en %m) à ajouter pour que ce dernier se substitue à 5 % de tous les atomes de l'hydrogène initial. 15.18 On sait qu'un copolymère alterné a une masse molaire moyenne en nombre de 250 000 g h o l et un degré moyen de polymérisation en nombre de 3420. Si un des monomères est du styrène, quel est l'autre monomère : l'éthylène, le propylène, le tétrafluométhylène ou le chionire de vinyle? Pourquoi ? Problèmes 15.19 a) Calculez le rapport entre les nombres de monomères de butadiène et de styrène dans un copolymère ayant une masse molaire moyenne en masse de 350 000 g/mol et un degré moyen de polymérisation eu masse de 4425. b) De quel(s) type(s) de copolymère s'agit-il: aléatoire, alterné, greffé ou séquencé par blocs? Pourquoi ? 15.20 Des copolymères à liaisons transversales constitués de 60%m d'éthylène et de 40%m de propylène peuvent avoir des propriétés d'élasticité semblables à celles du caontcbouc naturel. Calculez la proportion de chacun des deux types de monomères dans un tel copolymère. 15.21 Un copolymère aléatoire de poly(isobuty1èneisoorène) a une masse molaire moyenne en masse de 200 000 glmol et un degré moyen de polyménsation en masse de 3 000. Calculez les proportions des monomères d'isobutylène et d'isoprène de ce copolymère. 15.22 a) Comparez l'état cristallin des métaux à celui des polymères. b) Comparez l'état non cristallin des polymères à celui des verres céramiques. 415 éthylène; chaque maille élémentairecontient I'équivalent de deux monomères d'éthylène. 15.26 La masse volumique à la température ambiante d'un polypropylèneentièrement cristallin est de 0,946 g/cm3. À la même température, la maille élémentaire de ce matériau est monoclinique et ses paramètres cristallographiques sont les suivants: y = 90" c = 0,650 nm Si le volume d'une maille élémentaire monoclinique est fonction de ces paramètres cristallographiques selon l'expression suivante : V,, = abc sin B calculez le nombre de monomères par maille élémentaire. 15.27 Voici la masse volumique et le pourcentage de cristallinité associé de deux matériaux de polytétrafluoroéthylène : 15.23 Expliquez brièvement pourquoi la tendance à la cristallisation d'un polymère s'amoindrit avec I'augmentation de sa masse molaire. 15.24 Pour chacune des paires de polymères suivantes, 1) dites s'il est possible ou non de déterminer qu'un polymère est plus susceptible que l'autre de se cnstalliser; 2) dans l'affirmative, identifiez-le et expliquez pourquoi; 3) dans la négative, dites pourquoi. a) Calculez les masses volumiques du polytétrafluoroéthylène entièrement cristallin et entièrement amorphe. b) Calculez le pourcentage de cristalhité d'une é p u vette dont la masse volumique est de 2,26 g/cm3. a) Polychlonue de vinyle linéaire et syndiotactique; polystyrène linéaire et isotactique b) Phénol-formaldébyde réticulé; cis-isoprène linéaire et à fortes liaisons transversales c) Polyéthylène linéaire; polypropylène isotactique légèrement ramifié d) Copolymère de poly(styrène-éthylène) alterné; copolymère de poly(ch1orure de vinyletétrafluoroéthylène) aléatoire. 15.28 Voici la masse volumique et le pourcentage de crist d l i ~ t éassocié de deux matériaux de nylon 6,6 : 15.25 Calculez la masse volumique d'un polyéthylène entièrement cristallin. La figure 15.10 représente la maille élémentaire orthorhombique de ce poly- a) Calculez les masses volumiques du nylon 6,6 entièrement cristallin et entièrement amorphe. b) Calculez la masse volumique d'une éprouvette dont la cristallinité est de 55,4%.
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