Sélestat Une séance de conseil municipal houleuse et

Sélestat et sa région
VENDREDI 30 MAI 2014 21
Sélestat Une séance de conseil municipal houleuse et des chiffres qui font débat
La réunion du conseil
municipal de Sélestat,
mercredi soir dans la
salle Sainte-Barbe,
a été marquée par de
nombreux et profonds
désaccords entre
le groupe majoritaire
et les deux groupes
d’opposition. L’adoption
du compte administratif
2013 et la fixation des
indemnités de fonction
des élus ont été
vivement critiquées.
Tout allait (presque) bien, mercredi, lors de la séance du conseil
municipal de Sélestat. Hormis
quelques critiques de Stéphane
Klein sur les points touristiques
et sportifs à l’ordre du jour (lire
ci-dessous), la séance n’avait pas
été plus agitée que cela. Mais
l’adoption du compte administratif 2013 a mis le feu aux poudres.
En introduction, le maire Marcel
Bauer a mis en avant « la politique
responsable et ambitieuse » de la
municipalité dans ce domaine,
relativisant toutefois les choses
en parlant de « l’ensemble des contraintes et efforts nationaux reportés
sur l’échelon local qui vont peser
considérablement dans les prochaines années sur l’équilibre général de
nos finances publiques ».
Lors de sa présentation, JeanPierre Haas, l’adjoint chargé des
finances, a annoncé un résultat
global positif de 1,62 million
d’euros, grâce notamment à des
recettes de fonctionnement en
hausse (25,34 M €, soit + 4,8 %) et
« malgré la baisse des concours financiers de l’État ». Les dépenses
de fonctionnement ont elles aussi augmenté (20,29 M €, soit
+ 5 %), une évolution « en partie
liée à la municipalisation des activités de l’office de la culture de Sélestat
et sa région », a précisé Jean-Pierre
Haas. Les dépenses d’investissement restent stables par rapport à
2012 (7,4 M €) pendant que les
recettes progressent de plus de
15 % (3,8 M €), « notamment en
Ils ont dit
H Jean-Pierre Haas, adjoint au
maire chargé des finances : « Il
n’y a eu aucune augmentation
des taxes. Si le produit de nos
impôts augmente, c’est parce
qu’il y a de plus en plus de gens
qui viennent habiter à
Sélestat. »
H André Klethi, conseiller
municipal d’opposition : « Gérer,
c’est prévoir. Les dotations de
l’État baissent et baisseront
encore, il faut savoir en tenir
compte. »
H Stéphane Klein, conseiller
municipal d’opposition : « J’ai
vraiment du mal à comprendre
l’état d’esprit de ce conseil de
Sélestat. »
H Marcel Bauer, maire,
répondant à Stéphane Klein et
s’adressant à l’opposition : « Je
ne connais aucune autre
municipalité qui a fait autant
d’ouverture que moi cette
année. Je ne voudrais pas avoir à
le regretter. »
H Fabienne Foltz-Barth,
conseillère municipale
d’opposition : « Je suis surprise
de voir que l’on n’est pas dans
une situation de dialogue très
heureuse. Le temps de la
campagne est derrière nous,
nous sommes là pour travailler
dans un esprit de sérénité et de
transparence. »
H Guy Ritter, adjoint au maire
chargé des moyens généraux, à
André Klethi : « Ce n’est pas un
bordel ici, vous allez vous taire
et lever la main pour demander
la parole ! »
raison de la mobilisation d’un emprunt de 1,5 M € en 2013 ».
L’adjoint aux finances a également fait un point sur la dette
communale, qui s’établit à
16,174 M €, ce qui correspondant
à un désendettement par habitant de 826 €. Il a comparé ce
chiffre avec celui de l’endettement moyen des communes de
10 000 habitants et plus, qui était
de 1 034 € par habitant en 2011.
« Cela témoigne pour la Ville d’un
endettement maîtrisé et adapté à ses
capacités financières », souligne
Jean-Pierre Haas.
Des explications loin de satisfaire
les groupes de Stéphane Klein et
de Caroline Reys (absente lors de
la réunion d’hier). « À écouter le
maire, ce compte administratif témoigne d’une excellente gestion, a
déclaré André Klethi. Mais le produit fiscal augmente, les contributions sont en hausse et
paradoxalement, l’épargne baisse.
On sait que les dotations diminuent
depuis des années mais on n’en tient
pas compte, en disant c’est la faute
de Paris, du gouvernement ».
Voulez-vous
rétrograder ? Vivre
dans le passé ?
L’élu d’opposition a aussi parlé de
« frais de fonctionnement qui augmentent allégrement et plus que de
raison », tout comme les investissements faits par la commune.
Une remarque qui a eu le don
d’agacer Jean-Pierre Haas : « Voulez-vous rétrograder ? Vivre dans le
siècle passé ? Alors, oui, on a investi
100 millions d’euros ces treize dernières années mais regardez autour
de vous ce qui a été fait pour Sélestat ». Des propos appuyés par le
premier adjoint, Jacques Meyer,
qui parle « d’une situation financière exceptionnelle par rapport à
notre endettement » et interroge
lui aussi André Klethi : « Que souhaitez-vous ? Que Sélestat coule, régresse ? » Marcel Bauer a, pour sa
part, trouvé « vexant et blessant
d’avoir mis le doigt sur l’augmentation des frais de fonctionnement et
des frais de personnels », ces der-
niers faisant « de gros efforts pour
faire des économies et agir correctement au service de la collectivité ».
Et le maire de conclure le chapitre : « Nous sommes dans une situation où tout est contrôlé et il n’y a
rien à cacher ». Le compte administratif a été adopté par 25 voix
pour et 7 abstentions.
Malgré les appels de Stéphane
Klein et de Fabienne Foltz-Barth
à apaiser les débats, la suite n’a
pas été beaucoup plus cordiale,
bien au contraire… Lors du vote
pour la fixation des indemnités
des élus, l’opposition a une fois
de plus fait part de son mécontentement. Comme lors de la dernière séance de la Communauté
de communes de Sélestat (CCS),
André Klethi avait préparé son
discours en prenant soin de sortir
la calculatrice : « Il y a quelques
jours, la CCS a voté des indemnités
mensuelles de 1 727 € nets pour le
président, ce soir il nous est proposé
de voter des indemnités mensuelles
de 2 760 € nets pour le maire, ce qui
fait 4 487 € nets par mois pour deux
mandats. Avec son mandat de conseiller général, le maire perçoit ainsi
6 500 € nets par mois, soit près de
78 000 € annuels ». Parlant à nouveau de « chômage en hausse » et
de « salariés en situation précaire »,
l’élu d’opposition a appelé ses collègues à voter contre ces indemnités : « N’oubliez jamais qu’être
au service de l’intérêt général sousentend qu’on ne s’enrichit pas en
exerçant des responsabilités politiques ».
On a été interpellé par
la population sur le fait
que certains adjoints
pourraient manquer
d’impartialité
Des propos appuyés par Bénédicte Vogel : « A un moment où la
population est en difficulté, nous,
élus, avons un devoir d’exemplarité
et je remarque que les indemnités du
maire et des adjoints sont en hausse ». La jeune conseillère municipale a ensuite fait un dérapage
qui risque d’avoir quelques répercussions, mettant en doute l’inté-
grité de plusieurs élus, sans
toutefois les nommer et en se
cachant derrière des propos recueillis auprès des habitants :
« On a été interpellé par la population sur le fait que certains adjoints
pourraient manquer d’impartialité », a-t-elle avancé, parlant notamment des activités
professionnelles de ces derniers
qui auraient une prétendue incidence sur leurs décisions.
Nous nous exprimerons
devant les tribunaux
et vous en subirez
les conséquences
« Ce que vous dites est très grave, a
immédiatement réagi Marcel
Bauer. Vous avez mis en doute l’intégrité de certains élus. Ce sont des
propos comme les vôtres qui font que
les élus sont discrédités de nos jours.
C’est une accusation déguisée et je
trouve ça malheureux ». Jacques
Meyer a également été choqué
par la déclaration de la jeune femme, allant même jusqu’à dire :
« Nous nous exprimerons devant les
tribunaux et vous en subirez les
conséquences ». Bénédicte Vogel a
ensuite eu beaucoup de mal à
trouver ses mots, allant même
jusqu’à s’excuser : « J’ai juste posé
une question et demandé à être rassurée sur votre impartialité. Si je n’ai
pas été comprise, je m’en excuse ».
Pour conclure cette réunion sous
haute tension, le maire a ensuite
répondu aux propos d’André Klethi sur la hausse de ses indemnités : « J’ai accepté de nombreuses
responsabilités et je n’ai pas honte de
soumettre cette délibération par rapport au travail qui est fait à longueur de journée, je dirais presque
24 heures sur 24. Soyez honnête de
reconnaître que tout travail mérite
un minimum d’indemnités ». Des
propos sur lesquels Stéphane
Klein a sauté : « Nous n’avons pas
le même sens du mot minimum ».
La décision a finalement été
adoptée par 25 voix pour et 7 voix
contre, les élus d’opposition renonçant finalement à leurs indemnités de conseillers
municipaux.
Sébastien Spitaleri
Les autres dossiers en bref
Hommage.- Avant de débuter la
séance, Marcel Bauer a tenu à
rendre hommage à son collègue
Charles Léopold, décédé le 14 mai
dernier. « Il a beaucoup œuvré
pour la politique du handicap,
avait beaucoup de volonté, était
un élu digne, un partenaire efficace qui s’est beaucoup investi pour
la collectivité », a-t-il déclaré,
avant de faire observer une minute de silence à sa mémoire. Le
conseiller municipal a été remplacé par Jean-Michel Peter. Le poste
de conseiller municipal délégué au
handicap reste quant à lui vacant,
pour le moment.
Bibliothèque Humaniste.- Dans le
cadre de la poursuite du désherbage des collections de la Bibliothèque Humaniste, une nouvelle liste
d’ouvrages a été dévoilée. Les livres qui seront encore dans un
état convenable seront mis en vente dans le cadre des prochaines
Journées du patrimoine au tarif de
0,20 € pièce. « Grâce aux précédentes ventes, 1 033 € ont déjà été
récoltés », a souligné Anne Deschamps, adjointe chargée de la
promotion culturelle.
Office de tourisme.- Une convention a été signée entre la Ville et
l’office du tourisme intercommunal SHKT (Sélestat Haut-Koenigsbourg Tourisme) pour la vente de
nouveaux produits dérivés du parcours de visite « Dans les pas du
lion et du géant Sletto ». 450 magnets, une centaine de flèches en
bronze, autant de lion en peluches, de mugs et de sacs en tissu,
ainsi que quatre bijoux plaqué or
et quatre bijoux argent ont été
commandés dans un premier
temps. « On ne se retrouve absolument pas dans cette politique touristique », a déclaré Stéphane
Klein. « Les gens sont friands de ce
genre d’objets, j’en suis persuadé », lui a répondu Anne Deschamps. Une convention similaire
a été signée avec la Maison du
Pain d’Alsace.
Subvention exceptionnelle.- Pour
l’organisation de la 7e édition du
Salon saveurs et soleil d’automne
à Sélestat, fin septembre 2013,
l’association Interprofessions des
fruits et légumes d’Alsace avait
déposé une demande de subvention. « Mais elle est restée dans un
tiroir, rapporte Jean-Pierre Haas.
Et je vous présente toutes mes
excuses pour ce dysfonctionnement. Les annexes et les chiffres
seront consultables par tous lors
de ma permanence ». Une déclaration qui n’était pas du goût d’André Klethi : « Il y a là un problème
de démocratie. Chacun a le droit
d’avoir les documents photocopiés
et d’en prendre connaissance
avant de voter », a-t-il réclamé.
L’élu n’a pas eu gain de cause et
devra attendre lundi pour consulter les fameux documents. La subvention, d’un montant de
12 000 €, a tout de même été
adoptée à l’unanimité.
Des subventions aux clubs sportifs
Slow up.- En vue de la 2e édition du
Slow up, ce dimanche en Alsace
centrale, le conseil municipal a
alloué une aide de 5 000 € à l’ADT
(Agence départementale du tourisme) du Bas-Rhin. « Ce n’est pas
un investissement à fonds perdus,
ça permet à Sélestat de se promouvoir », a précisé le maire, qui a
rappelé que la Ville s’était battue
pour que l’événement passe par
Sélestat cette année, mais qu’il y
avait « de fortes chances pour que
cette manifestation soit déplacée
ailleurs l’an prochain ». Marcel
Bauer a par ailleurs regretté le
faible nombre de bénévoles issus
des associations locales qui ont
répondu à l’appel pour donner un
coup de main ce jour-là.
Fourrière automobile.- Suite à
l’avis d’appel public à la concurrence pour le service de fourrière
automobile, une seule offre a été
formulée par la société Sélestat
Dépannage, qui a donc été retenue comme délégataire de service
public de fourrière automobile.
Une convention a été signée.
Travaux de voirie.- Le programme
des grosses réparations de voirie à
prévoir a été dévoilé. Plusieurs
rues et quartiers sont concernés
pour un coût prévisionnel de
415 000 € TTC. « Il s’agit de travaux d’entretien, pas de nouvelles
réalisations. D’autres travaux,
plus importants, seront engagés
plus tard, pour la rue du Cimetière
par exemple », a précisé Jacques
Meyer.
Marcel Bauer et le conseil municipal de Sélestat ont décidé
d’attribuer une subvention exceptionnelle de 30 000 € au SAHB.
Photo Denis Werwer
Lors de la réunion de mercredi,
le conseil municipal a accordé
un soutien exceptionnel de
30 000 € au Sélestat Alsace
Handball (SAHB) pour la saison sportive 2014/2015. « Sélestat est historiquement une terre de
handball, la Ville soutient le projet
du club depuis et même avant la
montée en première division », a
précisé Anne Leburgue, l’adjointe déléguée au sport.
« Nous avons rencontré les responsables du club qui nous ont
fait part de leurs soucis et nous
avons été amenés à suivre la demande faite par la Région, qui a
accordé 50 000 € au SAHB à
condition que la Ville de Sélestat
participe également », explique
le maire. Ce soutien financier
de 30 000 € a été adopté à l’unanimité moins quatre abstentions, celle du groupe
d’opposition de Stéphane
Klein, ce dernier avançant qu’il
n’avait eu « aucun document
écrit pour connaître le budget du
club et analyser cette demande
exceptionnelle ».
6 500 € pour le CAKCIS
Une convention d’objectifs
pour l’année 2014, entre la municipalité et la section amateur
du SAHB, a également été signée, le club s’engageant, en
contrepartie du soutien apporté par la Ville, à poursuivre ses
efforts en matière de formation, d’actions éducatives, de
promotion et d’animation de la
cité. Une convention similaire
a été signée avec le CAKCIS
(Canoë kayak club de l’Ill de
Sélestat) qui bénéficiera d’une
subvention de 6 500 €, en plus
de la subvention de fonctionnement ordinaire et d’une autre
somme, à définir en juin, qui
sera allouée pour la pratique
sportive de haut niveau.
Concernant les autres associations sportives, 161 000 € de
subventions de fonctionnement seront répartis entre les
différents clubs qui ont déposé
des dossiers, cela selon des critères d’attribution spécifiques
définis par le conseil.
Une décision qui a fait s’interroger Bertrand Gaudin, conseiller municipal d’opposition :
« Certains clubs n’ont pas déposé
de dossier. La demande n’est-elle
pas trop contraignante pour bénéficier au final d’une subvention de
base de 50 € ? N’y a-t-il pas
moyen de simplifier de dossier ? »
Réponse de Stéphane Klein :
« Il a déjà été simplifié l’an dernier ». Marcel Bauer a quant à
lui précisé que « les services de la
Ville sont présents pour aider et
accompagner les clubs, mais on ne
va pas courir après les dirigeants
non plus ».
S.Sp.