Reportage ( PDF 280Ko ) - Architecture Hospitalière

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R2A : L’importance de l’architecture dans l’intégration d’un bloc opératoire
L’agence d’architecture R2A évolue principalement dans le secteur hospitalier, plus particulièrement sur son aspect technique comme les
blocs opératoires ou les installations d’ambulatoire. Elle intervient également dans la conception de maisons de retraite ou encore de foyers
d’accueil médicalisés. Enfin, R2A entretient quelques projets de particuliers et opèrent sur de petites interfaces lui permettant de se diversifier
et d’atteindre un panel d’interventions plus large afin de s’adapter aux évolutions de l’activité.
L’agence R2A a notamment travaillé sur le projet de la salle hybride de l’Infirmerie Protestante de Caluire. Ce projet a été l’aboutissement
d’une étude commune issue d’une réflexion entre l’architecte, Renaud Alardin, l’ingénieur biomédical et la responsable des blocs. De la
même manière, sur le projet du CHU de Grenoble - la création d’une salle vasculaire et d’une salle de chirurgie cardiaque en site occupé le rôle de R2A a été de mettre en exergue sa connaissance de la gestion chantier et de ses interfaces avec l’équipementier biomédical.
de développement de l’établissement soit clairement définie par
ses dirigeants pour poursuivre avec la seconde étape.
Présentation de Renaud Alardin, gérant de l’agence
d’architecture R2A
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L’opération de l’Infirmerie Protestante de Caluire...
Renaud Alardin : Il s’agit d’une opération rapide intervenue suite
à la modification en juillet 2012 d’un décret obligeant les établissements de santé à se doter d’une salle dite « hybride » pour réaliser
l’implantation d’endoprothèse valvulaire aortique (TAVI). Les établissements concernés avaient donc jusqu’au mois de décembre
2012 pour se mettre en conformité. Le délai étant très court nous
nous sommes rapidement attelés à l’étude du projet. La direction
de l’Infirmerie Protestante m’a convié à une réunion de la CME pour
aborder ces différentes problématiques et définir des solutions au
regard des blocs actuels. Le premier enjeu était de définir l’emplacement de la salle hybride par rapport au bloc actuel, sans remettre
en question le fonctionnement du plateau technique de la clinique.
À la suite de plusieurs ébauches, nous avons choisi la salle 8 pour
accueillir ces installations hybrides, notamment pour des raisons
de gestion du chantier. Nous devions permettre au plateau technique
d’assurer son activité tout en restructurant la zone concernée. Pour
cela, les accès pompiers ont été utilisés comme accès au chantier
afin de localiser la zone de travaux. À partir de ces décisions, nous avons
entamé les restructurations et établi le programme des différentes
salles. Cette opération de rénovation a été divisée en deux étapes.
La première a été réalisée durant l’été et nous attendons que la politique
Quels sont les acteurs avec lesquels vous avez collaboré sur
cette opération ?
R.A : Sur ce projet, je suis intervenu en tant qu’architecte de la clinique
et, en tant que mandataire, j’ai pu composer l’équipe de maîtrise
d’œuvre. J’ai donc travaillé avec le bureau d’études ARCOBA et le
cabinet d’économistes VOXOA. Ensemble, nous avons abordé, dans
un premier temps, la partie Chauffage, Ventilation et Climatisation
(CVC) pour régler les problématiques majeures de traitement d’air
et les incidences afin de retravailler l’agencement de la zone. Une
fois cette première esquisse de faisabilité réalisée, j’ai participé à
des réunions de présentation auprès de la CME, de la direction, de
l’ingénieur biomédical et de la responsable de bloc opératoire. Une fois
que les praticiens nous ont donné leur accord pour la localisation
et nous ont fait part de leurs besoins et de leurs attentes, nous avons
adapté nos solutions en collaboration avec l’ingénieur biomédical.
De cette façon, nous avons pu concevoir une salle en adéquation
avec les exigences des praticiens.
Quels éléments avez-vous apportés ?
R.A : Le point majeur a été de définir un mode opératoire d’intervention
adapté pour pouvoir accéder au chantier tout en préservant l’activité
du plateau technique. Le second point important consistant au maintien
des deux salles de chirurgie cardiaque qui devaient pouvoir fonctionner
7j/7 et 24 h/24. L’ensemble sans perte d’activité de l’établissement
ni aucune maladie nosocomiale. Hormis cela, j’ai dû définir les éléments
classiques d’un projet de construction : le dimensionnement, la gestion
des flux et la validation des process techniques.
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Architecture hospitalière - numéro 10 - R2A
Quel bilan tirez-vous de cette opération sur l’Infirmerie
Protestante de Caluire ?
R.A : Ce bilan est très positif. Nous sommes parvenus à réaliser
une très belle salle, l’une des premières salles hybrides de la région
Rhône-Alpes et la première salle entièrement modulaire. De plus,
nous avons garanti le bon résultat de l’opération dans un planning
très serré compris dans trois mois de chantier, dont un mois pour
réaliser les modifications de la salle 7 et deux mois pour opérer les
modifications et la qualification de la salle 8. Cette opération représente
un investissement important de la part de la clinique, de l’ingénieur
biomédical, de l’équipe de maîtrise d’œuvre, de l’entreprise générale
et de la société Trumpf chargée de l’aspect modulaire et des équipements
biomédicaux. Enfin, cette opération a une signification particulière
car elle marque la rencontre entre R2A et TRUMPF et le début de
notre collaboration. Pour ce projet sur Caluire, R2A était en collaboration
directe avec le client et TRUMPF était un prestataire. Cette opération
nous a fait prendre conscience de la pertinence de notre collaboration
dans l’apport d’une solution optimale. Ainsi, l’opération de Caluire
a été livrée en octobre 2012, puis Romuald Gamon, directeur marketing
du groupe TRUMPF France, m’a contacté de nouveau en fin d’année
2012 et m’a fait part de l’appel d’offre du CHU de Grenoble. Nous
avons procédé à des réunions de travail à Clermont-Ferrand pour
pouvoir collaborer sur ce projet dans les meilleures conditions.
Après avoir réalisée l’opération du CHU de Grenoble, nous poursuivons
notre collaboration et nous essayons d’être plus performant pour rivaliser
avec les autres sociétés qui intègrent ce marché.
Comment définiriez-vous votre opération au CHU de Grenoble ?
R.A : Cette opération est assez complexe, non par son aspect technique,
mais par la nature de notre partenariat, assez inédit dans le domaine
de la construction hospitalière. Le client et les entreprises de maîtrise
d’œuvre avec qui nous collaborons ne sont pas habitués à travailler
sur un lot complet géré par un acteur du secteur biomédical.
Quel a été votre rôle sur cette opération ?
R.A : En tant que coordinateur du lot 5, le rôle de R2A consiste à
assurer la gestion de son aspect technique et architectural. Nous
devons superviser la réalisation des interfaces entre les lots cloisons,
les portes automatiques, les fluides médicaux, électricité et CVC.
Cette gestion complète du lot implique également le regroupement
des synthèses propre au secteur d’intervention de notre lot, la gestion
de demandes spécifiques de reprise en sous-œuvre et une partie
de conception. Durant l’opération réalisée auprès du CHU de Grenoble,
nous avons réaménagé les salles en respectant les attentes des
équipes soignantes du Pr.Chavanon, chargé de la gestion de ces
salles, et de l’ingénieur biomédical du CHU. Dans un premier temps,
M.Romuald Gamon a réalisé un bilan de l’équipement avec les
équipes du CHU. Par la suite, j’ai retranscris les résultats de leurs
échanges sur un plan définissant le positionnement des installations
(bras chirurgicaux, appareils d’anesthésie, positionnement du patient,
etc.). En tant que concepteur, cela m’a permis d’optimiser les salles en
les redessinant, afin de les adapter aux besoins des équipes médicales.
Nous avons ensuite repris ces plans en collaboration avec les équipes du
CHU, pour y inclure leurs dernières demandes et les satisfaire pleinement.
Quels sont les enjeux de l’opération sur le CHU de Grenoble ?
R.A : Les enjeux sont de satisfaire les attentes du client en livrant
des salles d’opérations qui soient un lieu de soins optimisé et un lieu
de travail parfaitement adapté. Pour cela, nous abordons, évidemment,
l’aspect technique de ces installations mais également leur traitement
architectural et esthétique. La conception de nos solutions prend
en compte le patient et le personnel.
Quels éléments avez-vous apportés à ces salles ?
R.A : Nos interventions dépendent des besoins de l’équipe médicale
pour chaque salle. Pour l’une d’entre elles, nous avons réaménagé
le positionnement du patient et des éléments de chirurgie. Pour la
seconde, mon rôle était plutôt de réaménager les volumes, en accord
avec les attentes du personnel du CHU, dans le cadre d’interventions
nécessitant la destruction et la reconstruction de certaines cloisons.
À ce réaménagement s’ajoutent le déplacement des équipements
muraux des fluides médicaux, les panneaux de commandes, les
écrans vidéos intégrés et l’ensemble de l’interface de conception
de la salle, par rapport aux incidences ou aux éléments techniques.
Avec quels acteurs avez-vous collaboré ?
R.A : Pour nos relations avec les clients, nos interlocuteurs principaux
sont les services de travaux et l’équipe de maîtrise d’œuvre du CHU.
Au sein de notre groupement, j’ai personnellement assuré le dialogue
avec l’ensemble de nos sous-traitants et mis en place un référent
dans chaque lot (électricité, CVC, cloisons, sols, fluides médicaux,
etc.). Nous avons évoqué ensemble les principes directeurs instaurés
par le client, afin d’analyser les incidences de chacun des acteurs
et synthétiser le projet pour satisfaire le client. Pour cela, nous ne nous
sommes pas contentés d’exécuter, nous avons réalisé une « mission
de conception » dans notre salle et avons soumis le résultat aux
membres du CHU.
Quelle est l’importance d’une telle collaboration ?
R.A : Cette collaboration reste la clé de la réussite d’une opération
comme celle-ci. Elle nous permet de gérer l’ensemble de l’interface
avec la partie technique et biomédicale. La modification de bras chirurgicaux et l’intégration d’éléments vidéo impactent les murs de la salle.
Cette collaboration favorise l’aspect modulable de nos solutions et
nous permet de travailler sur la gestion à long terme et le caractère
évolutif de la salle qui est un élément essentiel. L’évolution du secteur
des techniques biomédicales se fait de plus en plus rapide et les
salles d’opérations sont renouvelées tous les dix ans. Nous devons
donc offrir des solutions modulables et démontables, comme nous
l’avons fait pour l’Infirmerie Protestante de Caluire. Pour l’opération
LSB (La Salle Blanche), le CHU de Grenoble a opté pour une solution de
panneaux Corian©, une résine de synthèse, aux niveaux esthétiques
et aseptiques parfaits. Nous avons évoqué avec eux l’utilisation de
techniques qui nous permettaient d’encastrer les éléments muraux
afin de supprimer toute saillie. Ces solutions apportent un résultat
esthétiquement très satisfaisant et facilitent l’entretien des installations.
Quel bilan tirez-vous de cette opération de Grenoble ?
R.A : Cette opération a été très constructive. Elle nous apporte une
expérience supplémentaire qui améliore nos performances et renforce
notre partenariat avec la société TRUMPF. Grâce à ce type d’expérience,
nous mettons en place une équipe globale, en nous entourant d’entreprises qui connaissent le bloc opératoire pour livrer facilement
des solutions « clés en main ». Dans le cadre de cette démarche,
nous renouvelons nos partenariats aussi souvent que possible,
comme la société Cegelec, basée à Echirolles, avec laquelle nous
collaborons sur d’autres études de fluides médicaux. Aujourd’hui,
nous avons appris de nos erreurs, nous sommes devenus bien plus
réactifs et nous nous adaptons à l’évolution de nos statuts. La société
TRUMPF vend aujourd’hui des travaux, et non seulement des produits,
tandis que je jongle avec un rôle de conception et d’entreprise
répondant à un marché de travaux.
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« la cohésion entre la partie architecturale et les
équipements biomédicaux »
Entretien avec Romuald Gamon, ingénieur d’affaires
et responsable marketing de TRUMPF Systèmes Médicaux
en France
Quel a été le rôle de TRUMPF dans sa collaboration avec
R2A sur le projet de l’Infirmerie Protestante de Caluire ?
Romuald Gamon : Notre mission était d’assurer la construction
des cloisons et plafonds modulaires de la salle et d’installer les
équipements biomédicaux. Dans le cadre de cette conception de
type « salle blanche » modulaire, où tous les éléments (écrans, panneaux
techniques, etc.) sont intégrés, TRUMPF assurait la cohésion entre
la partie architecturale et les équipements biomédicaux.
Quels étaient les enjeux de la création de cette salle hybride ?
R.G : L’enjeu principal était d’offrir au client le délai le plus court
possible pour cette opération. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle
la maîtrise d’ouvrage a opté pour une construction modulaire et une
solution clé en main regroupant la construction et les équipements
biomédicaux. Pour cette rénovation, nos clients souhaitaient une
période de fermeture des salles très réduite ; leur disponibilité est
un enjeu majeur en matière d’exploitation pour la clinique. Or, la
construction modulaire a l’avantage de se faire rapidement car tous
les éléments sont préparés en amont. Cette méthode implique une
phase d’étude afin de définir les éléments à fournir et leur disposition.
Une fois les éléments préparés et livrés, nous les assemblons sur place
et nous obtenons un résultat définitif. De plus, le fait que TRUMPF
assure une solution clé en main globale représente un gain de temps
non négligeable. Cela permet de gérer des interfaces souvent très
complexes parallèlement à la construction. En règle générale, ces
éléments biomédicaux et informatiques interviennent après la phase
de construction ce qui entraîne des difficultés dans leur intégration
et, souvent, un retard dans la construction. Ainsi, nous avons démarré
les travaux dans le courant du mois d’août et la salle était opérationnelle dès le début du mois de novembre. Il s’agit donc d’un délai
très court comparativement à d’autres opérations.
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Comment s’est déroulée la collaboration avec l’architecte ?
R.G : Cette collaboration s’est particulièrement bien déroulée. Nous
avons eu la chance de bénéficier du dynamisme, de la motivation
et de l’implication de l’architecte. Renaud Alardin est non seulement
expert en ce qui concerne la partie architecturale, mais il a également
une connaissance poussée de l’aspect biomédical ; en effet, il collabore
étroitement avec les constructeurs qui sont devenus les partenaires
de TRUMPF dans la réalisation de ses projets. L’architecte a également
assuré un lien très efficace entre TRUMPF et les autres sociétés actrices
de l’opération. En outre, sa vision architecturale et ses connaissances
nous ont permis d’optimiser les espaces, les flux, l’organisation et
l’ergonomie de cette salle hybride.
Cette collaboration préfigure-t-elle la pérennisation, au sein
du groupe TRUMPF, d’une solution clé en main regroupant
architecte et intégrateur ?
R.G : Oui, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle TRUMPF s’associe
encore à R2A. Nous souhaitons préserver cette complémentarité
entre l’industriel biomédical parfaitement conscient des besoins des
praticiens et des utilisations d’équipements liés au bloc opératoire,
et l’architecte qui apporte sa vision du bloc opératoire. Outre le raccourcissement des délais de construction, la solution clé en main permet
d’offrir des salles de haute technologie, performantes, avec un véritable
environnement de salles propres, ce qui n’est malheureusement pas
toujours le cas. Certaines constructions usuelles ne sont pas des « salles
blanches ». Cette solution nous permet également de proposer un
résultat très fonctionnel en couplant les compétences biomédicales
à la vision architecturale pour appréhender ces deux aspects majeurs
de la construction dès les débuts d’un projet.
Comment s’est déroulée la collaboration sur le terrain avec
les équipes du CHU de Grenoble ?
R.G : À l’origine du projet, nous avons particulièrement étudié en
détails la configuration de l’opération en utilisant notre showroom
Parisien comme un laboratoire test pour les utilisateurs (chirurgiens,
IBODE...). Les équipes du CHU sont très actives, très impliquées
dans ce projet et particulièrement motivées. Nous conservons des
contacts réguliers et nous organisons des rencontres hebdomadaires
avec le service biomédical, la cellule « travaux », les chefs de projets,
ainsi que les membres de la direction. Ce projet est stratégique pour
le CHU comme pour TRUMPF car il participe au lancement de notre
nouveau concept de solutions clé en main. Aujourd’hui, les différents
acteurs engagés abordent les détails de la conception du bloc et
prennent le temps nécessaire à l’optimisation de chaque élément
afin d’obtenir une solution très fonctionnelle.
Avez-vous rencontré des difficultés durant l’opération de Grenoble ?
R.G : Les difficultés que nous avons pu rencontrer sur cette opération
ne diffèrent pas des contraintes techniques inhérentes à tout chantier.
Néanmoins, les délais pour cette opération étaient particulièrement
courts. Le CHU avait des impératifs de temps liés à son activité de chirurgie
cardiaque, l’établissement étant responsable d’une grande partie
des interventions dans ce domaine sur le bassin grenoblois. Nous
devions donc gérer l’ensemble des éléments relatifs aux salles d’opérations (ventilation, fluides, équipements biomédicaux, structure interne,
etc.) en un temps très court. Nous avions reçu les premières commandes
du client vers la fin du mois d’août et nous devions achever l’essentiel
des travaux pour la fin de l’année, avant la qualification réalisée en
janvier 2014. Sachant qu’une partie d’étude très importante était requise
avant la fabrication de nos produits, nous n’avions que quatre mois
pour effectuer la mise au point du marché, la gestion des sous-traitants,
les études techniques et la réalisation. Cet exercice était d’autant
plus complexe qu’il s’agissait de la première solution en cloisons
de type Corian© pour un bloc opératoire en France. Nous avons donc
dû mener une réflexion avec le fabricant de ces cloisons pour définir
la conception la plus adaptée.
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La salle hybride cardiovasculaire de l’Infirmerie Protestante de Caluire
opération nous permet également de répondre aux attentes des chirurgiens
qui ont, aujourd’hui, besoin d’un niveau technique particulièrement élevé,
avec une interprétation des images RX en 2D, mais également en 3D.
Présentation avec Eddy Luu, Ingénieur Biomédical de
l’Infirmerie Protestante de Caluire
Le projet de salle hybride cardiovasculaire de l’Infirmerie
Protestante de Caluire...
Eddy Luu : Ce projet était devenu nécessaire à la suite d’un arrêté
de l’Agence Régionale de Santé (ARS). Ce dernier rendait obligatoire
le respect des conditions de bloc opératoire avec un niveau d’asepsie
en ISO 5 (impliquant une norme de ventilation spécifique aux blocs
opératoires avec des flux laminaires) pour les poses de valves cardiaques
en percutanée. Ainsi, pour conserver notre autorisation de pratiquer
la pose de TAVI, nous devions réaliser ces interventions, non plus
dans notre service de coronarographie classique (qui devenait alors
inadapté), mais dans l’une de nos salles de bloc que nous devions
modifier pour atteindre le niveau de technicité souhaité. Nous devions
disposer d’une salle avec un plafond adapté pour accueillir le système
de ventilation en ISO 5. Elle devait également être dotée d’une
bonne superficie (au minimum 50m2) et d’un matériel de radiologie
à capteurs plans, des capteurs numériques grands champs. L’installation
de cette salle polyvalente nous a permis de rénover toute notre offre
de soins cardiaques. L’Infirmerie Protestante peut ainsi assurer la pose
de TAVI, mais aussi consolider son activité de chirurgie vasculaire
lourde. Cette polyvalence permet aux cardiologues interventionnelles
d’utiliser cette salle pour des interventions d’angioplastie ou de
rythmologie qui demandent également un certain niveau d’asepsie.
Dans ce contexte, nous avons opté pour le financement d’une opération
de rénovation comprenant une modification de superficie. Nous devions
incorporer une salle d’intervention de 50m2 et une salle de commandes.
Cette dernière favorise l’interprétation et permet de mettre en place
plusieurs postes de travail autour des différentes spécialités. De
plus, cette salle de commandes offre une radioprotection en cas de
rayonnement ionisant dans la salle d’opération. Une surface assez
importante a également été dédiée à une zone technique qui accueille
le matériel de radiologie et les installations électriques qui alimentent
la salle d’opération.
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Quels étaient les enjeux relatifs à la conception et à
l’installation de cette salle hybride ?
E.L : L’enjeu principal était de permettre à l’Infirmerie Protestante
de conserver son autorisation de pratiquer la pose de TAVI. Cette
Quelles étaient les contraintes identifiées lors de l’installation
de cette salle ?
E.L : Nous avions identifié deux contraintes majeures. Tout d’abord,
nous devions préserver notre niveau d’activité optimal pour notre
bloc opératoire. Les différents principes constructifs de la salle ont
été étudiés et nous avons décidé, en accord avec la direction, de
réaliser l’ensemble du projet en cloisons modulaires. Ces exigences
ont été respectées grâce à d’importantes contraintes imposées à
l’entreprise générale et à notre partenaire, TRUMPF, chargé de la
réalisation de notre salle modulaire. Pour cela, nous avons mis en
place des zones de confinement, validées par un organisme de
contrôle, afin de nous assurer l’étanchéité de la zone de travaux durant
les phases de démolition et de construction. D’autre part, nous devions
assurer un haut niveau d’asepsie pour nos salles d’opérations qui
ont conservé leur taux d’activité habituel durant la période du chantier.
Quelle a été l’importance de l’architecte Renaud Alardin sur
cette opération ?
E.L : Ce projet de salle hybride a été l’aboutissement d’une étude
commune issue d’une réflexion entre la responsable de blocs, l’architecte
et moi-même. Renaud Alardin a donc été présent dès les débuts de
l’opération et il a été décisif sur les problématiques de faisabilité
ainsi que sur le maintien de notre planning. Il nous a appuyé dans
la gestion et la planification, notamment en ce qui concerne le
temps d’intervention des sociétés TRUMPF et Siemens. De plus, il
a réalisé une synthèse de plans pour toutes les entreprises qui nous a
permis de définir les tâches de chaque corps de métier pour cette opération.
Quel bilan dressez-vous de cette installation de la salle hybride
à l’Infirmerie Protestante de Caluire ?
E.L : Le bilan est globalement positif. Le démarrage de l’activité a
eu lieu au mois d’octobre 2013 et, six mois après, nous constatons une
montée en puissance de l’activité de la salle. Toutes les spécialités
de l’établissement qui ont demandé un créneau dans cette salle
l’ont obtenu et elles peuvent ainsi réaliser leurs interventions dans
les meilleures conditions. De plus, le choix d’un concept modulaire
nous permet d’envisager d’éventuelles modifications pour cette salle,
plus facilement que si nous avions opté pour une solution « classique ».
L’aspect de la salle est très positif d’un point de vue technique ainsi
que du point de vue des opérateurs. Ce projet est également une réussite
économique car il nous a permis de respecter une enveloppe budgétaire
très spécifique. L’absence d’aléas durant le chantier a facilité la réalisation
de cette opération dont l’investissement s’élevait à 1,6 millions d’euros.