Outils d’analyse Gradation Relevé « Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné » (l. 1) Interprétation Le narrateur veut insister sur le caractère merveilleux de ce spectacle Accumulation « Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons » (l. 1-2) Les canons sont assimilés à des instruments de musique et font un bruit agréable. Le narrateur veut insister sur le caractère merveilleux de ce spectacle… La mort des victimes militaires apparaît comme naturelle, normale : c'est une action purificatrice. Le narrateur semble s'extasier devant la beauté du spectacle. Il s'agit évidemment d'ironie ici. Vocabulaire mélioratif/ valorisant/laudatif « beau, si leste, si brillant, si bien ordonné » Vocabulaire péjoratif/ dévalorisant « coquins » , « infectaient » Hyperboles « Rien n’était si beau… » « telle qu’il n’y en eut jamais en enfer » Les données chiffrées exagérées « six mille hommes » « environ neuf à dix mille coquins » Alors que le narrateur minimise la gravité de ce qui est évoqué, il donne des chiffres précis et élevés. « quelques milliers d’hommes » Les connecteurs logiques « d’abord », « ensuite », « aussi » La bataille suit un déroulement précis : elle est organisée, ordonnée comme un défilé. Les sujets grammaticaux des lignes 1 à 6 « Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons » « Les canons » « la mousqueterie » « La baïonnette » « comme un philosophe » Les hommes ne sont pas les sujets des phrases. Ils sont remplacés par les armes. Ils ne comptent pas. « Les canons renversèrent… » « la mousqueterie ôta du meilleur des mondes » « La baïonnette fut aussi la raison suffisante de la mort » « boucherie héroïque » Cela masque la réalité, la brutalité. On ne trouve pas, dans le premier paragraphe, les mots « tuer » ou « mort ». Comparaison Euphémismes Oxymore Candide a peur et se trouve comparé à un philosophe. L'association des deux termes interpelle, amène à réfléchir : comment peut-on qualifier d'héroïque une telle boucherie ? Champ lexical de la philosophie Champ lexical de l’horreur Périphrase/euphémisme « la raison suffisante » , « comme un philosophe » , « raisonner », « effets », « causes » « selon les lois du droit public » « morts » (l. 10), « mourants » (l. 10), « criblés de coups » (l. 12), « mourir » (l. 13), « égorgées » (l. 13), « sanglantes » (l. 13), « éventrées » (l. 14), « brûlées » (l. 15), « mort » (l. 16), « cervelles » (l. 16), « coupés » (l. 17). « après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros » Candide ne cherche pas à comprendre : le narrateur emploie ironiquement des expressions empruntées à son maître Pangloss. Alors qu'on aurait attendu ce champ lexical dans le premier paragraphe, évoquant la bataille à proprement parler, on le trouve dans l'évocation des morts de civils, qui sont les vraies victimes du conflit. Au lieu du verbe « violer », le narrateur emploie cette périphrase, qui semble légitimer l'acte des soldats. Déshumanisation « des vieillards […] leurs femmes […] leurs enfants ; là des filles […]. Des cervelles étaient répandues sur la terre à côté de bras et de jambes coupés » (l. 12 à 17). Dans le paragraphe deux, dans lequel sont évoquées les pertes civiles, on assiste à un mouvement de déshumanisation : il n'y a plus de traces de vie dans la dernière phrase, mais des parties de corps. Le même terme « héros » est utilisé pour qualifier la bataille et le viol : il s'agit, là encore, d'ironie. Ironie « des filles, éventrées après avoir assouvi les besoins naturels de quelques héros » (l. 14) Répétition « héroïque » (l. 8), « héros » (l. 14 et 19) Les soldats sont présentés comme des héros, alors que la mort des victimes militaires apparaît comme naturelle, normale : c'est une action purificatrice. Insistance « les deux rois » (l. 8), « chacun dans son camp » (l. 9), « «des héros abares l’avaient traité de même » (l. 19) Chute « n'oubliant jamais Melle Cunégonde » Les Bulgares et les Abares (les noms des deux peuples se ressemblent, se confondent) se comportent de la même façon. Le narrateur critique les rois, qui conduisent leurs soldats dans cette « boucherie ». Il n'y a pas de vainqueur, pas de vaincu. Il critique également la religion, qui permet de massacre. Candide ne pense qu'à une chose : retrouver Cunégonde. Il n'est pas ému par la scène qui se déroule sous ses yeux.
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