L es mouvements sociaux qui ont affecté, dans de nouvelles formes de radicalité, de pratiques et de répertoires d’actions ces dernières années les pays de l’aire culturelle en question, ne sont pas le fruit du hasard. Ils ne sont pas apparus tel un coup de tonnerre dans un ciel serein, comme semblent les découvrir, médias, classes politiques et analystes rapides, faiblement informés des transformations qui travaillaient au fond ces pays. Ils remontent à loin et s’inscrivent dans des processus qui trouvent leur fondement dans les désenchantements qui ont suivi l’échec des nationalismes développementalistes à la fin des années 70, le reflux du « tiers-mondisme », la montée de mouvements identitaires, sous l’effet de l’emprise d’une mondialisation néolibérale s’élargissant. L’espace temps inauguré par l’évènement fondateur de la mort de Bouazizi en Tunisie, marque de ce point de vue une transformation qualitative dans les formes et les modalités de la contestation dans l’aire culturelle. Si elle peut relever de caractéristiques identiques que l’on retrouve ici ou là, celle-ci est néanmoins différenciée selon les pays, ces différences expliquant les formes et les modalités variées des transformations observées. Formes radicales, débouchant sur des guerres civiles dans certains pays, formes incrustées et répétitives dans certains autres, formes de distanciation, de résistances faites d’engagements ponctuels et de luttes multiformes, statu quo lourd d’implosion. Les pouvoirs en place ont depuis, organisé les réponses : répression, contrôles policiers et sécuritaires, corruption, instrumentalisation et manipulations des élites et intellectuels, clientélismes, mais aussi réformes institutionnelles, réformes économiques, politiques et sociales. La géopolitique régionale et internationale est également convoquée dans l’explication de l’incrustation de ces mouvements sociaux. Les théories du complot, des ingérences extérieures intéressées, de plans concoctés dans des officines opaques, foisonnent pour justifier dans certains cas le statu quo. D’un autre côté les intérêts des puissances et Etats régionaux ou frontaliers, les conditions de leur redéploiement, de leurs accès aux ressources énergétiques et la défense de leurs clientèles, ne sont pas sans effet sur les contradictions internes aux sociétés et aux Etats en question. Les processus de démocratisation ne peuvent être évalués que dans la longue durée avec leurs réversibilités et leurs avancées. Trois ans après l’enclenchement de ces révoltes, où en est- on dans les réformes? Quels effets ont ici ou là ces réponses ? Quels freins objectifs rencontrent ces sociétés dans leur volonté de transformation ? Quel poids donné aux variables internes et externes ? Quels effets réciproques reconfigurent les relations Nord sud, avec quelle place aux circulations migratoires ? Ces évènements historiques- en tant que ruptures révolutionnaires dans certains cas, mais aussi comme modalités contribuant à un changement social progressif-, constituent des moments privilégiés pour renouveler les analyses concernant les fonctions et les interactions entre les différentes composantes de la société. En effet, ces processus « révolutionnaires » transforment les rapports de forces non seulement entre les groupes politiquement et socialement organisés mais également entre les individus sur la base des idées, des intérêts, des générations, des milieux sociaux d’appartenance, des appartenances « identitaires », des rapports sociaux de sexe. Quelles sont les transformations qui affectent les jeunes et les mouvements de jeunes ? Quelle place les femmes ont-elles dans ces transformations ? Quelles transformations ont subi les mouvements associatifs et le monde du travail, ouvrier ? Quelles positions et engagements caractérisent les intellectuels et intelligentsias ? Ces ruptures affectent également la production des discours, des idéologies, dans la mesure où de nouveaux clivages apparaissent, de nouveaux rapports de force qui se dessinent ; les nouvelles élites dominantes et leurs contestataires ont recours à cette activité stratégique pour expliciter et légitimer leurs positions ou leur opposition et participer ainsi à la formation des « opinions publiques », à la prise de conscience des plus larges populations concernées. Les moyens modernes de communication (réseaux sociaux, twitter, facebook, blogs, journaux en ligne, télés satellitaires) jouent un rôle important dans la diffusion des idées, des déterminants de la mobilisation. Leurs influences sont-elles partout identiques ? Quel est leur poids par rapport aux autres déterminants dans les mobilisations ? C’est à toutes ces transformations accélérées qui ont affecté les pays de la région ces dernières années et aux interrogations qu’elles soulèvent, que les communicants sont invités à réfléchir, à tracer des pistes de compréhension et d’analyse à partir des terrains et de leurs travaux d’enquêtes et d’observation. Axe 1 : les réformes et leurs effets, état des lieux. L’Etat en redéfinition, consolidation ou délitement ? Axe 2 : composantes sociales : jeunes, femmes, élites, intellectuels, monde du travail, monde des affaires, monde ouvrier. Quelles transformations et quels nouveaux engagements ? Axe 3 : les déterminants de la mobilisation : moyens modernes de communication, variable économiques, culturelles, idéologiques, sociales, de genre, politiques. Quels changements ? Axe 4 : le poids de la géopolitique régionale et internationale. Relations internationales, ingérences et containment. Effets réciproques ; émigration/immigration. Quel rôle aux diasporas ? Colloque international 26-27 novembre 2014 Révoltes arabes Entre délitement, contestations et réformes Etat des lieux MERCREDI 26 NOVEMBRE 2014 JEUDI 27 NOVEMBRE 2014 9H30 ÐÐ ÐÐ ÐÐ 0uverture du colloque : Allocution de Monsieur le Recteur de l’Université d’Alger 3 Allocution du coordonnateur local, Université d’Alger 3 Présentation du programme par le coordinateur du programme IRSES-Marie-Curie Actions TROISIÈME SESSION - COMPOSANTES SOCIOLOGIQUES ET MOUVEMENTS SOCIAUX Président de séance , modérateur Enric Olivé Pr Université de Tarragona Espagne 09H30 ÐÐ Najet Tnani Pr U. Tunis Pause café 09H50 ÐÐ Mohamed Ali Benzina Pr U. de Tunis 10H10 ÐÐ Driss Benlarbi Pr UMI Meknès 11H30 ÐÐ Madaci K enza Enseignante chercheure U. Alger 3 12H10 ÐÐ Donia Remili Chercheure U. Tunis 12H30 Questions et débats 10H00 PREMIÈRE SESSION - QUELLES RÉFORMES ? QUELLES POLITIQUES PUBLIQUES ? Quelle révolution pour les femmes tunisiennes : printemps féministe ou hiver islamiste ? La désillusion : enquête sur les jeunes dans deux quartiers populaires de Tunis Président de séance, modérateur : A. K adri Université Paris 8 10H20 ÐÐ Iratni Belkacem Pr U. Alger 3 10H40 ÐÐ Ferdiou Ouelhadj Pr U. Alger 3 11H00 ÐÐ Tlemçani R achid Pr U. Alger 3 11H20 ÐÐ Mahmoudi Abdelkader Pr U. Alger 3 11H40 ÐÐ Amor K helif Pr U. Alger 3 Président de séance modérateur : Nourredine K ridiss Pr université de Tunis La rente, régulation économique et sociale, quels effets ? Lotfi Maherzi PR U Saint Quentin Versailles et Dadani UMI Meknès 11H40 ÐÐ Mohamed L achkar Pr UMI, Meknès 14H30 ÐÐ Questions et Débats Repas sur place 14H50 ÐÐ Taiebi Fatma Zohra Enseignante chercheure Institut Supérieur des Sciences de la Communication Alger 3 12H00 13H00 15H10 ÐÐ Boukhrissi enseignante chercheure Institut Supérieur des Sciences de la Communication U. Alger 3 15H30 ÐÐ Bachouchi K enza et Siyoucef Baya enseignantes chercheures U Alger 3 Algeria and the Arab spring: Questioning the cultural dimension Révoltes arabes et reformes constitutionnelles, cas Algérien Socialist foundations and social policies in the face of “Arab Spring Révoltes arabes, mythes et réalités Religion et « Printemps arabe » : la réforme religieuse au Maroc DEUXIÈME SESSION - ISLAM POLITIQUE ET ETAT, QUELLES TRANSITIONS, COMPARATISMES ? 13H00 Le mouvement associatif marocain et les mobilisations du « Printemps arabe » Communication médiatisation et les manifestations sociales Le suicide par auto-immolation chez les chômeurs tunisiens, entre souffrances et violences. Repas sur place QUATRIÈME SESSION - RÉSEAUX SOCIAUX, MOBILISATIONS Compte rendu provisoire des résultats de l’enquête maghrébine sur les réseaux sociaux La socialisation politique par Facebook Les réseaux sociaux en Algérie : appropriations et nouveaux usages Présidente de séance, modératrice : Ewa Sczepankiewicz Pr Université de Cracovie Pologne 14H50 ÐÐ Smail Debèche Pr U. Alger 3 15H10 ÐÐ Mohamed El Rhailani Pr UMI. Meknès Le rôle des islamistes dans les mobilisations de 2011 au Maroc Président de séance, modérateur : Ferdiou Ouelhadj Pr Université d’Alger 3 15H30 ÐÐ K eddi Abdelmajid Pr U. Alger 3 16H10 ÐÐ Nour Al Chick Oughli, chercheur, Université de Tarragona 15H50 ÐÐ Michel Lipa chercheure U. Cracovie Pologne 16H30 ÐÐ Noureddine K ridis Pr U. Tunis 16H10 ÐÐ Enric Olive Pr U. Tarragona Espagne 16H50 ÐÐ Najet Araari chercheure U. Tunis 16H50 ÐÐ Gérard Prévost Enseignant chercheur U. Paris 8 17H10 ÐÐ Mourad Boukella Pr U Alger 3 Le «printemps arabe» face au syndrome des années 68 au nord 17H00 Questions et Débats Ateliers jeunes doctorants 17H 30 Nada Ben Amor chercheure U. Tunis ÐÐ Vers quelle justice transitionnelle en Tunisie ? 17H30 Arab Spring between speeches and actions Islamism and Islam in the political reforms of Algeria The failure of democratization in Egypt after 2011 La transition espagnole, possible modèle pour le Maroc ? Présentation des travaux, doctorants. Mohamed El Rhailani UMI Meknès et Mohamed Benzina U. Tunis Présidents avec la participation des enseignants chercheurs, Alger3 et UMI, Cracovie, Tarragona, Paris 8 : Bachir Boumlali : Réformes économiques et effets sur « les printemps arabes. Jajo Rym : the religious dimension and its impact on the process and the future of Arab spring. Arab Yasmine: Le rôle de la société civile dans la gestion des changements sociaux et politiques dans la région : Tunisie et Algérie. Arbi Ouda Fella : Les élites et le changement dans le monde arabe. Dadani Khadija UMI Meknès : Réseaux sociaux enquête maghrébine 15H50 L’impact médiatique des réseaux sociaux en Algérie ; Réseaux sociaux et société algérienne Pause café CINQUIÈME SESSION - EFFETS DES « RÉVOLTES ARABES », QUELLES ÉVOLUTIONS ? Fragile states in the Middle East: Arab Spring, Conflict and vulnerability to violence Le Travail de la Révolution, Travail dans la Révolution le travail et l’entreprise à léépreuve des enjeux socio-politiques en Tunisie post-révolutionnaire Le défi alimentaire dans les pays du « printemps arabe » Piotr Nizinski U. Cracovie Pologne 17H50 ÐÐ The case of justice for members of Quaddafi family in shadow of tribal conflicts 17H50 Débats et conclusions Modérateurs Smail Debeche Pr Université d’Alger 3 et A. K adri, Université de Paris 8
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