BERSOT FORMATION Préparation aux concours CORRECTION DE

PREPARATION CONCOURS 99
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Préparation aux concours
CORRECTION DE L’EXAMEN BLANC DE FRANCAIS N° 2
QUESTIONS DE COMPREHENSION
1) Le vocabulaire juridico-religieux
La fable, qui met en scène une confession publique, recourt à un vocabulaire juridico-religieux mêlant les champs
lexicaux du droit et de la théologie.
• le champ lexical de la religion :
« mal » / « maux » (v. 1, 2, 40 et 58)
« le ciel » (v. 2), « céleste courroux » (v. 19)
« conscience » (v. 24)
« péché » (v. 37)
« petits saints » (v. 48)
« diable » (v. 52)
• le champ lexical de la justice:
« crime(s) » (v. 3, 60)
« tint conseil » (v. 15)
« coupable » (v. 18 et 33)
« s'accuse » (v. 3 1)
« justice » (v. 32)
« droit » (v. 54)
« jugée » (v. 59) / « jugements » (v. 64)
« cour » (v. 64)
2) La stratégie du lion
Le lion réussit à se disculper en s'accusant. Cette stratégie tient à la double intentionqui anime son discours:
- une intention argumentative, explicite, qui vise à prouver sa culpabilité. Le lion s'autocritique, sa nature gloutonne, insistant sur le nombre de ses victimes (« force moutons ») et sur la gratuité de ses crimes («Que
m'avaient-ils fait ? Nulle offense.»). Il aggrave enfin son cas en mettant en relief, à la fin de sa confession, le
meurtre du berger dont la gravité est, d'un point de vue théologique, supérieure au crime commis à l’encontre des
animaux, moins nobles dans I’ ordre de la création et dont le meurtre est, par conséquent, moins scandaleux ;
- une intention persuasive, implicite, qui vise à minimiser sa faute. En même temps qu'il s'accuse si lourdement, le
lion atténue la portée de ses crimes. Nous avons vu que la gravité du meurtre du berger était mise en valeur par
sa position en fin de confession. Ce même crime est cependant minimisé, d'un point de vue persuasif, ainsi que
l’ont montré G. Declerq et 0. Ducrot dans une analyse de la fable.
[...] les règles de la confession chrétienne prescrivent de commencer par les péchés les plus graves, ceux qui sont
censés provoquer le repentir le plus insupportable : la faute mentionnée la dernière est celle dont on est le moins
inquiet, et qu'on avoue seulement par un ultime scrupule.
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C’est encore le même effet que produit le « il m’est arrivé quelquefois », dont la désinvolture, transformant le
meurtre en incident, minimise l’événement raconté : ce qui est, officiellement, un cas pendable est présenté
comme une peccadille.
G. Declerq et 0. Ducrot, « Les animaux malades de la peste. Jean de La Fontaine. Approche pragmatique et
rhétorique ».
Colloque d’Albi, 1983.
C'est ainsi que le lion réussit à persuader du contraire de son argumentation, ainsi qu’en témoigne le renard qui,
par solidarité avec les puissants, choisit de disculper le lion pour mieux bénéficier lui-même des avantages de
cette stratégie.
TRAVAIL D’ECRITURE
Etayer une affirmation consiste à l’appuyer en la développant. Il s’agit donc d’un exercice d’amplification : « [...]
l’amplification, pratiquée comme exercice d’expression obéit au plan suivant, susceptible d’ailleurs de plus ou
moins d’adaptation : 1. Reformulation ; 2. Explication ; 3. Contraire ; 4. Exemple - 5. Témoignage. »
On pourra procéder ainsi pour la morale des « animaux malades de la peste ».
• Reformulation.
Les hommes ne sont pas égaux devant la justice qui ne les juge pas selon leurs crimes, mais d’après leur position
sociale et politique.
• Explication.
Le pouvoir politique influence l’application du droit au mépris de la justice même.
• Contraire.
Pourtant seule une égale considération des crimes commis par des grands comme par des petits, peut garantir
l’exercice de la justice.
• Exemple.
L’histoire offre de nombreux exemples de «justice à deux vitesses», où l'on voit le puissant échapper à une juste
condamnation, du seul fait de sa puissance.
• Témoignage.
D’autres écrivains dénonceront les dérives de la justice, Emile Zola, par exemple, en prenant parti, dans
« J’accuse », en faveur de Dreyfus, indûment condamné.
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