suite - Sur les traces de la Corrivaux

HISTOIRE
Marie-Josephte Corrivaux
1733-1763
Saint-Vallier
Mars 1733. Marie-Josephte Corrivaux nait à Saint-Vallier et est baptisée environ
3 mois plus tard, soit le 14 mai 1763.
Avril 1763. Elle décède le 18 avril 1763.
Avril 1763. Elle est pendue le 18 avril 1763 sur les Buttes-à-Neveu (Plaines
d’Abraham) et son corps est suspendu dans une cage de fer à la Pointe-Lévy.
Elle a été reconnue coupable par un tribunal militaire britannique du meurtre de
son deuxième mari, Louis-Étienne Dodier.
Mai 1763. Le 25 mai 1763, le Gouverneur Murray autorise que soit décrochée la
cage. Sa dépouille, toujours enchaînée dans la cage, est inhumée dans une
fausse commune à l’extérieur du cimetière de l’église Saint-Joseph de PointeLévy.
Liens familiaux
Marie-Josephte Corrivaux est la fille de Joseph Corrivaux, né à Saint-Vallier et
baptisé le 24 août 1709 à Saint-Michel, et de Françoise Bolduc née en 1705 à
Saint Joachim.
*Joseph Corrivaux épouse Françoise Bolduc le 2 novembre 1728. Le couple
Corrivaux donne naissance à 11 enfants. Seule Marie-Josephte a survécu.
1e mariage de Marie-Josephte Corrivaux
Novembre 1749. Mariage le 17 novembre 1749 de Marie-Josephte Corrivaux
avec Charles Bouchard, né à Saint-Vallier en 1726. Il est le fils de Nicolas
Bouchard né en 1684 à Cap Saint-Ignace et de Marie-Anne Veau dite Silvain,
née en 1694 à Château-Richer. Nicolas Bouchard était cultivateur à Saint-Vallier.
Charles Bouchard décède le 27 avril 1760 de la fièvre putride, il était cultivateur.
Son corps est inhumé dans le cimetière de Saint-Vallier.
Ils donnent naissance à Saint-Vallier à trois enfants : Marie-Françoise née le 10
mai 1752, Marie-Angélique née le 6 février 1754 et Charles né le 16 août 1757.
2e mariage de Marie-Josephte Corrivaux
Juillet 1761. Second mariage de Marie-Josephte Corrivaux avec Louis-Étienne
Dodier né le 20 juillet 1761 à Saint-Vallier. Il est le fils de Pierre Dodier née à
Saint-Joachim en 1700 et de Thérèse Lebrun née en 1704 à Saint-Michel.
Pierre Dodier était cultivateur. Louis Dodier décède à Saint-Vallier le 27 janvier
1763, victime d’un meurtre, et son corps est inhumé dans le cimetière de SaintVallier. Il était cultivateur.
Marie-Josephte Corrivaux… bien plus qu’une légende !
Saint-Vallier, municipalité située au cœur de Bellechasse, a été le théâtre il y a
251 ans d’un événement tragique, un meurtre qui a eu beaucoup d’écho dans la
région et même partout à cette époque en Nouvelle-France. Marie-Josephte
Corrivaux, née à Saint-Vallier en 1733, fut en 1763 accusée du meurtre de son
deuxième mari, Louis Dodier. Jugée sous le régime britannique, elle fut
reconnue coupable et condamnée à être pendue.
Mise en situation
Marie-Josephte Corrivaux, devenue veuve en avril 1760 de son premier mari
Charles Bouchard, se remarie le 20 juillet 1761 avec Louis Dodier, cultivateur de
Saint-Vallier. Au matin du 27 janvier 1763, Dodier est retrouvé mort dans sa
grange avec de nombreuses blessures à la tête. Le décès est attribué
officiellement à des coups de sabots. Comme Dodier et son épouse ne
s’endentaient pas et que Dodier était en mauvais terme avec son beau-père
Joseph Corrivaux, ce dernier lui ayant souvent fait des menaces, les rumeurs
d’homicide se répandent dans le village. La Nouvelle-France, conquise en 1760
par la Grande-Bretagne, est administrée par l’armé Britannique. Les autorités
militaires locales sous la responsabilité du Major James Abercrombie, basé à
Berthier-en-bas (Berthier-sur-Mer aujourd’hui), ordonnent une enquête sur la
mort de Louis Dodier. Le chirurgien du 78e régiment, George Fraser, examine le
cadavre et fait une description détaillée des blessures. À l’issus de l’enquête,
Joseph Corrivaux est accusé du meurtre de Dodier et sa fille, Marie-Josephte,
d’être sa complice.
En 1763, la ville de Québec est en ruine. Les bombardements de l’automne 1759
ont causé de lourds dommages aux habitations. C’est au couvent des Ursulines,
épargné, que se tiendront à partir du 29 mars 1763 jusqu’au 15 avril les deux
procès. D’abord, celui de Joseph Corrivaux et ensuite celui de sa fille. Les
procès se tiennent en anglais par un tribunal militaire composé de 12 officiers
Britanniques et présidé par le lieutenant-colonel Roger Morris. Les procureurs
sont Hector-Théophile Cramahé, procureur du roi, et Jean-Antoine Saillant,
notaire royal, procureur des accusés.
Lors du premier procès, de nombreux témoins, villageois et militaires viendront
témoigner. Joseph Corrivaux est reconnu coupable du meurtre de son gendre et
condamné à mort. Sa fille, déclarée complice, est condamnée a recevoir 60
coups de fouet et à être marquée au fer sur la main de la lettre M, meurtrière.
En prévision de sa pendaison, Joseph Corrivaux est reçu en confession par le
Père Glapion, alors supérieur des Jésuites de Québec, a qui il avoue ne pas
avoir tué son gendre et incrimine sa fille. Un second procès a alors lieu le 15 avril
et ne dure que quelques heures. Marie-Josephte Corrivaux reconnait avoir tué
son mari dans son sommeil de deux coups de hachette en raison des mauvais
traitements qu’il lui faisait subir. Le tribunal la déclare coupable et la condamne à
être pendue, son corps devant ensuite être « hanged in chains » (« suspendu
enchaîné »). Une cage en fer fut
commandée à Richard Dee, forgeron à
Québec. L’exécution par pendaison a lieu aux Buttes- à-Neveu, sur les Plaines
d’Abraham, et la dépouille placée dans une cage de fer qui sera suspendue à un
gibet dressé à la Pointe-Lévy jusqu’au 25 mai 1763. Sur l’ ordre de James
Murray, commandant militaire du district de Québec, la cage contenant le corps
est alors enlevée et enterrée dans une fausse commune à l’extérieur du
cimetière Saint-Joseph de la Pointe-Lévy.
À lumière de la transcription du procès de 1763 examinée en 1989 par le jeune
Barreau du Québec, aucune preuve a permis de prouver la culpabilité de MarieJosephte Corrivaux.
La Corriveau… une des plus célèbres légendes de notre patrimoine
folklorique !
La tragique histoire de Marie-Josephte Corrivaux aurait pu sombrer dans l’oubli.
Mais la peur et la crainte des habitants ainsi que celle des voyageurs qui
voyaient le corps de Marie-Josephte Corrivaux
attaqué par des oiseaux
charognards, qui entendaient le vent faire grincer la cage et qui sentaient l’odeur
du cadavre se décomposer dans la cage suspendue à la Pointe-Lévy, ont
contribué à son souvenir et à alimenter la tradition orale.
En 1849, lors de l’agrandissement du cimetière de l’église Saint-Joseph-de-la
Pointe-Lévy, la cage et la dépouille (ossements) enterrées dans une fausse
commune sont retrouvées et réactivent les légendes et les contes fantastiques.
De nombreux écrivains et historiens du
19ième et du 20ième siècles y ont
contribué, faisant de La Corriveau l’héroïne de légendes parmi les plus célèbres
du folklore patrimonial québécois.
Plusieurs écrivains et historiens ont écrit sur La Corriveau.
Parmi les plus connus :
1833, Phillipe Aubert de Gaspé, Les Anciens Canadiens
1866, James MacPherson Le Moine, Maple Leaves
1877, William Kirby, The Golden Dog
1885, Louis Frechette, La Cage de La Corrivaux
1968-1969 et 1973, Luc Lacoursière, Le triple destin de Marie-Josephte
Corrivaux, Le destin posthume de la Corriveau, Présence de la Corriveau- Les
Cahiers des Dix.
1978, André Carpentier, Le Coffret de la Corriveau- conte fantastique.
1981, Andrée LeBel, La Corriveau- roman historique.
1985, John A. Dickinson, La Corriveau, Encyclopédie canadienne
1988, Philippe Bonneau, Josephte Corriveau-Dodier, la Corriveau 1733-1763.
2003, Luc Lacoursière, Marie-Josephte Corriveau- Dictionnaire biographique du
Canada.
Et bien d’autres…
Les légendes sur La Corriveau inspirent de nombreux artistes
1966. La Corriveau, ballet dramatique du chorégraphe Brydon Paige sur des
chansons originales de Gilles Vigneault avec les grands ballets canadiens.
1972. La Corriveau, chanson écrite par Gilles Vigneault et enregistrée par
Pauline Julien.
1973. Ma Corriveau, pièce de théâtre de Victor-Lévy Beaulieu.
1990. La cage, pièce de théâtre d’Anne Hébert
1993. La Corriveau, pièce de théâtre de Guy Cloutier présentée au Périscope
1995, La Corriveau, reprise de la pièce de théâtre de Guy Cloutier adaptée en
dramatique télévisuelle- Radio-Canada.
2001. La Corrida de la Corriveau, chanson du groupe Mes Aïeux.
2004. Nouvelle France, film réalisé par. Jean Beaudin
2006. La Corriveau, film d’animation de Kyle Craig
2013. Sur les traces de La Corrivaux, spectacle théâtral, mis en scène par La
Commission des champs-de-bataille nationaux et présenté à Saint-Vallier.
Et plusieurs autres…
En conclusion
Marie-Josephte Corrivaux, native et résidente de Saint-Vallier, est devenue une
personnalité importante du patrimoine québécois. En 2014, elle a été reconnue
personnage historique au Registre du patrimoine culturel.
Recherche historique
Sylvie Corriveau.