NOUVEAU REGARD N°16 hivers 2014-2015

NOUVEAU REGARD
Le journal d’information gratuit
de l’École Supérieure de Sophrologie Appliquée
SOPHROLOGIE PHÉNOMÉNOLOGIE
PLEINE CONSCIENCE YOGA
RELAXATION BIENBIEN-ÊTRE
ἐποχή
Le temps des émotions
NUMÉRO 16 - Hivers 2015
1
www.essasophro.com
La magie de l’émotion
Le nouveau regard phénoménologique
n'est pas un concept faisant suite à
d'autres, une idée, une pratique ou
une réalité nouvelle. Dans ce sens il
serait même, dans la littérature spirituelle, une réalité des plus ancestrales, songeant à ces
sages visionnaires de l'Inde ancienne, ces Rishis de l'Himalaya, où la sophrologie trouve une part de ses racines.
Le « Nouveau Regard » n'est en fait ni ancien ni nouveau,
il est cette conscience même qui perçoit les idées nouvelles qui finissent tôt ou tard par être dites anciennes. Il
est ce silence dans lequel les concepts émergent et se
résorbent, il est cet émerveillement sans mots dans lequel la beauté se reconnait dans toute chose, y compris
le plus inacceptable. Comme tout phénomène, l’apparaître d’une émotion est toujours l’occasion de s’éveiller à
ce regard. Ordinairement, je ne vois pas comment celleci se constitue, je suis automatiquement absorbé et avalé
par son énergie qui se cristallise en tensions et autres
blocages. Mais avec la pratique de l’attention, de l’écoute,
le processus émotionnel se donne à voir avec de plus en
plus de clarté. En effet, la perception de celle-ci m’éveille
à l’espace conscient de son apparition. Pour cela, ce regard doit imprégner le corps tout entier, dans la sensation globale de tous les tissus. Cette conscience corporelle, en observant les sensations dans le corps, me permet
peu à peu de voir comment ce dernier réagit aux mouvements subtils de la pensée, sous la forme d’émotions. En
maintenant l’attention sur les sensations dans le corps,
en les accueillant dans la tranquillité de l’observation, il
m’est alors donné la possibilité de demeurer équanime et
de ne pas me laisser entraîner dans les réactions de désir
et d’aversion qui continuent d’alimenter le flot des émotions ordinaires, et la souffrance qui en découle. Et même si, parce absent à moi-même, je suis surpris par l’émotion, son apparition peut alors, tel un réveille-matin,
devenir le facteur d’un retour à soi (reductio), d’un retour à cette Vision dans laquelle l’émotion va finir par se
dissoudre. L’émotion n’est ni rejetée ni niée, elle est accueillie, acceptée telle qu’elle est, reconnue comme une
énergie qui finalement ne fait que pointer la Présence
joyeuse et tranquille qui l’éclaire, la sublime et la transcende ● Pierre Bonnasse (Couverture: Himalaya & Gange )
2
S OM M A I R E
« La suspension est l'état de la pensée
où nous ne nions ni n'affirmons rien.
Quiétude (arrepsia), c'est la tranquillité et la
sérénité de l'âme. » Sextus Empiricus
Le temps des émotions……………...………………….……………………03
Genèse de l’émotion…………………...………………….……………………04
Hommage au courage...………………….…………………….…………….07
Validation des Acquis de l’Expérience (V.A.E.)...…..…….08
Le rire doit continuer……...…....……….…………………….…………….09
4 étapes & je lâchelâche-prise………………………………………………......09
L’Association Sophromotion..................………………..…………….10
L’objet de l’anxiété....................................….……….…………………..11
Une forêt en hivers...................................….…………………………..12
La cité des yogis..........................................................................13
La pratique du sommeil conscient.........….………………….......14
Les anciens numéros..................................….………………...........15
L’assurance professionnelle......................….………………...........16
Le temps des émotions
Le 47ème congrès de sophrologie organisé par la
Société Française de Sophrologie s’est tenu à Paris
les 6 et 7 décembre 2014
sur le thème « le temps
des émotions ».
Claude Chatillon, Présidente de la
SFS, à présenté ce congrès et
Bruno SCHMIDT,
SCHMIDT Formateur à l’ESSA à ouvert le congrès en présentant sa conférence très
appréciée sur « la genèse des émotions » (lire p.4).
Gérard THOURAILLE,
THOURAILLE Phénoménologue, nous apporte
un regard phénoménologique et poétique sur les émotions. L’émotion étant vécue comme un phénomène, là,
ici et maintenant, la sophrologie peut atténuer les résonances parfois néfastes des émotions sans jamais chercher à les gommer. Il fait part dans son exposé de la
rencontre entre deux mondes : celui de l’objectivité rationnelle et celui de la subjectivité intime. Vous pourrez
retrouver l’intégralité de sa conférence « ça m’affecte
donc je suis » sur demande à l‘ESSA. contact : [email protected].
Christine VARNIERE, Sophrologue, nous a présenté les
techniques de méditation vipassana, une des plus anciennes techniques de méditation de l’Inde, dans laquelle la sophrologie puise ses sources. Cette méditation
comme outil d’observation de l’esprit et de la connaissance de soi qui permet de développer son équanimité,
d’ apprendre à observer les phénomènes de l’esprit
(pensées, films mentaux, émotions…) sans se laisser entrainer dans leur tourbillon, de prendre du recul pour
les regarder perdre leur force et leur pouvoir… Ces
techniques que nous retrouvons dans nos pratiques
sophrologiques, nous permettent de comprendre qu’à
certains moments notre mental prend le contrôle et
c’est lui qui nous raconte des histoires. Durant la méditation, nous observons l’esprit en train de penser, nous
nous détachons en quelque sorte de ces pensées émotions, nous les laissons passer et sortons de la spirale.
Le Dr Gilles PENTECOTE,
PENTECOTE Sophrologue
et formateur à l’ESSA et le Dr Benoit
FOUCHE ont apporté un regard plus
scientifique sur les émotions en s’appuyant sur les neurosciences qui donnent
du sens à notre méthode sophrologique.
La deuxième journée du congrès s’est
portée davantage sur l’approche sophrologique dans des domaines d’exercices
précis :
3
La dépression, une conférence menée par Carine
NIEUWMUNSTER,
NIEUWMUNSTER qui relate l’impact des techniques
sophrologique dans l’accompagnement des personnes
dépressives hospitalisées et l’accueil des émotions propre à notre métier.
Chantal BIWER infirmière sophrologue s’est s’appuyée
de 25 années d’expériences en psychiatrie pour nous
présenter, les maladies mentales qui perturbent les
processus émotionnels et le travail possible en sophrologie pour aborder ces états émotionnels.
La sophrologie à l’hôpital présenté par Nathalie HERREMAN Infirmière sophrologue , quand la sophrologie
entre à l’hôpital. Un autre regard sur le travail du sophrologue en institution pour répondre à différentes
problématiques, corporelles, psychiques, émotionnels.
Isabelle BERGDOLL nous a sensibilisé sur la pratique de
la sophrologie sur une chaîne de montage automobile
pour intégrer les préventions des troubles musculosquelettiques.
Ces congrès rassemblent chaque année, de nombreux
professionnels de la sophrologie, des stagiaires en formation et des passionnés. C’est un moment de retrouvailles et d’échanges professionnels précieux qui nous
permet d’enrichir et de réfléchir sur nos prises en charge.
La librairie organisée sur place, permet de feuilleter et
d’acheter des ouvrages de qualité…
Nous remercions tous les conférenciers
pour la qualité de leurs interventions et
tous les bénévoles qui chaque année nous
aident et soutiennent ce congrès.
Les actes du congrès seront en vente en
septembre 2015 sur le site de la Société
française de Sophrologie.
www.sophrologie-francaise.com●
Genèse de l'émotion Genèse du groupe humain
C'est d'abord dans le corps avant d'en passer
par les mots.
"Notre souffrance, nos
émotions sont soudain
perçues comme autant de leviers dynamiques vers une redécouverte infinie de
nous-mêmes. Tout ce qui nous mine, nous
brûle et nous ronge est foyer d'éveil."
René Daumal
Selon A. Damasio, d'abord est ce qu'il appelle "la machinerie de l'émotion" puis vient seulement la carte
cérébrale, la représentation de cet éprouvé: c'est une
image mentale, une idée, c'est ce qu'il appelle alors "la
machinerie du sentiment".
« Est-ce normal de ressentir ça ? »
C'est la question que nous posaient souvent les toxicomanes les semaines suivant la cure de sevrage habituelle,
dans cette structure prenant en charge ces personnes
qui souffraient de ce "trop plein de manque".
"Ça" était le trop plein d'émotions mal contenues, mal
gérées, voire démesurées que ressentaient ces patients.
Comme si, après la "déprise" du produit, il y avait cette
impossibilité flagrante à gérer ces manifestations. Comme si le produit avait pris la place de ces émotions pendant des années, ou tout au moins empêché cette gestion "normale" des émotions.
Le sentiment émerge de la sensation pure, de l'éprouvé
de cette émotion.
En effet, lorsque l'on voit un chien agressif qui vient
vers nous, d'abord la peur (émotion fondamentale)
nous pousse à nous protéger, à courir et à nous mettre
à l'abri. Ensuite seulement les mots viennent, la représentation ("mais qu'est ce que ce chien vient faire là?
En liberté et agressif?) nous permettant alors de mettre une explication, un sens à ce qui se passe.
Le sens émerge de cette sensation brute par la parole.
Les hommes ont acquis la parole pour dire, expliquer,
sortir du non sens, de l'insensé, de la confusion.
Et il est d’une importance capitale de pouvoir mettre
"ça" en mots pour que cela soit "vivable", "entendable",
pour que "ça" prenne sens.
Alors, en tant que soignants, nous nous sommes penchés sur ces aspects bien particuliers et avons, au fur et
à mesure des années, pu étudier, nous former, réfléchir
à ce qu'étaient véritablement ces émotions. Ces manifestations tant physiques que psychiques d'une telle ampleur que la vie et les projets de vie des personnes en
sont conditionnés.
Bien avant les "chercheurs" et "scientifiques" de l'émotion connus à ce jour (Damasio- Goleman- CyrulnikSalovay ...), Spinoza lui-même, en 1632, parlait de
"pistes" pour mieux gérer ces émotions et pour en avoir
une "conscience plus étendue", selon ses propres mots.
L'émotion est d'abord une sensation, une saveur, un
éprouvé dans le corps qui se manifeste devant un danger, une alerte, une défense, une joie profonde.
C'est une régulation interne du corps qui lui permet de
s'adapter au milieu extérieur, visant à rétablir l'homéostasie au même titre que le phénomène réflexe.
"Mets un nom à ton diable et il disparaitra". Il suffit en
effet parfois de nommer, désigner, baptiser quelque
chose d’incompréhensible et donc d’angoissant, pour
faire céder notablement cette angoisse, en donnant
sens à ce qui se passe. Le mot va désigner, délimiter,
« incarner » ce flou anxiogène.
Je rappelle que "sens" est de la même famille que
"sensation", "saveur", "savoir".
Il est fondamental de passer de l'émotion pure à la mise en mots, afin de passer au stade de l'affect, du sentiment, plus gérable puisque nommé, reconnu donc
"objectivé"...Ce qui permet de sortir de la confusion.
Ainsi, grâce aux mots, les émotions rentrent dans le
monde social, dans le monde humain, puisque les humains se définissent justement par l'acquisition de la
parole qui leur permet de se détacher du temps présent et de se projeter. (suite p.5)
4
B. Cyrulnik parle de "rentrer dans le monde des symboles". C'est, en fait, grâce à l'immersion dans ce
"monde des symboles" depuis le plus jeune âge que
l'homme a pu "objectiver" ce qui lui arrivait, mettre en
mot, mettre à distance pour mieux gérer.
La peur
C'est l'émotion la
plus
archaïque
(cerveau reptilien), commune à
toutes les espèces
animales.
En ce qui concerne les émotions, celles-ci reconnues,
mises en mots, sont alors nommées, objectivées et peu- La peur supvent, à ce titre, être utilisées au service de la personne
porte la notion
dans une meilleure compréhension des évènements de
de danger donc
sa vie.
de protection de l’individu. Les personnes qui ne ressentent pas la peur (certaines pathologies psychiatriques ou
C'est la base et la toute première partie de ce que les bien lors de séquelles de traumas crâniens) ont de fortes
"scientifiques" de l'émotion appellent "la gestion des capacités à se mettre en danger.
émotions". C'est tout d'abord "re-connaître", "baptiser"
ces éprouvés afin d'y mettre du sens et sortir de la - La peur me permet donc de me protéger, donc à terme, de survivre.
confusion.
- Elle me pousse vers l’autre pour me sentir protégé,
Dans le cadre de ce congrès, je vais donc essayer, moi- rassuré. (papa, maman, famille, groupe...)
même, de mettre des mots sur ces éprouvés particu- La capacité à éprouver la peur engage alors la notion
liers que l'on nomme les émotions.
de confiance (laisser rentrer). Elle est donc à la base et
la genèse des groupes: familiaux, sociaux...
Au tout début de mes propos, je parlais de l'émotion
comme d'une régulation interne du corps qui permet
de s'adapter au milieu extérieur. Mais beaucoup plus La colère
que s'adapter au milieu extérieur (ou dans le but justement de s'adapter, de survivre et d'évoluer), les émo- La colère naît et est éprouvée:
tions ont permis à l'homme de s'ouvrir à l'autre, d'al- 1) Quand mes besoins ne sont pas satisfaits (pas d'écoute
ler au contact de l'autre, donc de se socialiser et de - pas de compréhension de ce que je suis en droit d'atfonder le groupe "humain".
tendre de l'autre- pas de prise en compte de- jugement
de valeurs- attaque sur mes valeurs- enfermement physiCeci est d'une importance capitale. Que l'on se place que ou psychique).
du point de vue de l'ontogenèse ou de la phylogenèse,
il apparait que les émotions, et notamment les émo- 2) Quand mon espace a été intrusé (mot de Winnicott),
tions fondamentales ou primaires (colère- peur- tris- envahi (faire à ma place et contre ma volonté- non restesse- joie) poussent le petit homme ou ont poussé pect de ma place, mon temps, ma fonction, mon rôle...).
C'est alors une énergie de défense, de rébellion.
l'espèce "homme" à aller vers l'autre, à nouer des rela- C'est l'apprentissations et à fonder le groupe humain.
ge du NON, l'apC'est en fait la fonction même de ces quatre émotions prentissage du „JE“.
primaires: elles poussent l'homme à aller vers les au- C'est la construction
ma frontière, de
tres, expliquant ainsi beaucoup de comportements hu- de
mon identité. Elle
mains depuis l'aube de l'humanité jusqu'à ce jour. Je participe à la consvais présenter ces 4 émotions et leurs fonctions res- truction de mon
pectives.
„MOI“.
- La colère m’amène
à aller vers l’autre
pour défendre mon
espace, mon territoire.
- La colère m’amène
à prendre ma place
dans le monde.
Quand ça a marché,
alors le même mouvement va aller
chercher
l’autre
pour partager et
construire.
(suite p.6)
5
La tristesse
- La tristesse est reliée au manque (éprouvé très physique de la notion de manque, de déprivation).
- Elle sert à me séparer, à réussir mon deuil.
- Le deuil me permet d'accepter la perte donc à terme
de passer à autre chose et à aller vers de « l'Autre ».
- La tristesse me pousse à aller vers l'autre ou les autres, pour me faire consoler, rassurer (si ce contact n'a
jamais lieu lors de la petite enfance, cela peut être préjudiciable).
- La capacité à éprouver une authentique tristesse engage la capacité à éprouver de la joie (les deux émotions complémentaires par excellence).
La joie
Il n'y a donc pas de
bonnes ou mauvaises
émotions. Elles sont
toutes d'une importance capitale dans la
construction de l'individu et des individus entre eux, du
groupe humain.
On parle aujourd'hui d'"intelligence émotionnelle". On
cite même le terme de "quotient émotionnel".
P. Petre Salovay, né en 1958, psychologue, sociologue
contemporain, enseignant à la faculté de Yale, a écrit
plusieurs ouvrages sur l'intelligence émotionnelle. Pour
lui, celle-ci se décline en cinq étapes qui ne sont pas
sans rappeler les fondamentaux vécus en sophrologie:
- Joie: jouir, se
réjouir.
1. La connaissance des émotions: capacité essentielle à
la connaissance et à la compréhension de soi. (re- Je ne peux pas connaissance des émotions).
entreprendre quelque chose sans me 2. La gestion de ses émotions: est fonction de la consréjouir, sinon je ne cience de soi. En se libérant de l'emprise d'émotions
boucle pas la dites «négatives », et en leur substituant des émotions
boucle.
positives, l'individu appréhendera mieux les aléas de son
- La joie me pous- existence et en sortira plus autonome.
se à aller vers l’au- 3. L'auto motivation: capacité à postposer la satisfactre pour partager. (Engage la notion de partage, de tion de ses désirs immédiats et de réprimer ses pulsions.
réjouissance).
4. La perception des émotions d'autrui: Ainsi l'empa- La joie engage la notion d’intime, d'ouverture, de lâ- thie, en constitue l'élément fondamental.
cher prise.
5. La maîtrise des relations humaines: Elle comprend
notamment la possibilité d'aider à gérer les senti- La joie supporte aussi la sexualité (ouverture, confiance, lâcher-prise, partage).
ments de l'autre.
On voit tout à fait
les liens avec la sophrologie et la possibilité qu'elle nous
offre dans les prises
en charge de patients "souffrant" de
cette non reconnaissance, de cette perte
de sens de ce qu'ils
éprouvent au plus
profond
d'euxmêmes● Bruno
Schmidt, Intervention lors du congrès
de la Société Française de Sophrologie, Paris les 06 et
07 Décembre 2014
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HOMMAGE AU COURAGE
Des femmes, des hommes, et
des enfants de patients, rencontrés chaque semaine à
l’Espace Ligue contre Le Cancer, Comité des Pyrénées
Atlantiques, m’ont incitée à partager avec
vous cette expérience unique.
Sophrologue bénévole, j’ai rejoins une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, ostéopathes, réflexologues, socio – esthéticiennes, professeur de yoga, … dans
le cadre des soins de support offerts à toute personne
atteinte d’un cancer ainsi qu’à tout proche aidant.
Les personnes suivies sont adressées le plus souvent par
les différents services d’oncologie, les intervenants professionnels ou les accompagnants bénévoles. Certains
malades viennent également spontanément rechercher
l’aide et le soutien dont ils ont tant besoin. Franchir la
porte de l’Espace Ligue, c’est admettre « l’idée » que l’on
est malade.
C’est pour cette raison que j’ai toujours accueilli la personne et non la maladie car une personne malade devient
maladie toute entière. Sa vie ne sera plus jamais la même. Après le choc de l’annonce, tout s’organise autour
des décisions, parfois prises dans l’urgence, et chacun, au
regard de son histoire, de sa personnalité réagit différemment.
Lors de la toute première séance, la relation instaurée
avec certains patients est très particulière et … magnifique … Commencée dans les larmes, elle se conclut par un
sourire, dans une forte alliance sophronique. Elle est
donc bien davantage que le début de pauses salutaires.
C’est le premier rendez-vous que l’on a avec soi, le temps
que l’on s’accorde enfin.
Les émotions verbalisées vont de la peur à la colère, de
l’angoisse à la résignation, car de toutes les maladies, le
cancer est à part. Ce n’est pas n’importe quelle maladie.
Elle suscite des sentiments ambivalents et contradictoires.
Lors de cette pathologie, on est atteint au plus profond
de soi. Corps meurtri, corps blessé, en proie à un désordre cellulaire dont les répercussions sont douleurs physiques et souffrances morales. Et dans cette situation anxiogène, la représentation que chacun a de son propre
corps se trouve considérablement altérée.
7
Justement, parlons de ce corps. Pour Maurice MERLEAU-PONTY il est l’unicité. Corps et âme, objet et
sujet à la fois, dans sa subjectivité, il est relié au monde, à autrui, dans une véritable relation ou chacun
existe, grâce et avec l’autre, dans une totale réciprocité. J’ai un corps conduit à … Je suis. Car être, c’est
aussi être regardé comme une personne, un être humain. La corporéité, l’appartenance au monde sont
ainsi révélées par la conscience d’Etre
« L’énigme tient en ceci que mon corps
est à la fois voyant et visible ».
Souvent, cette présence constante, gravée dans nos
perceptions, passe inaperçue. Pour Françoise DOLTO,
l’image du corps croise l’espace et le temps et « est la
synthèse vivante de nos expériences émotionnelles ».
L’image inconsciente du corps diffère du schéma corporel « Le schéma corporel réfère le corps actuel
dans l’espace à l’expérience immédiate » Paradoxalement, malgré le rétrécissement du champ de conscience qu’elle occasionne, l’expérience vécue de la maladie
permet de comprendre que ce que l’on croyait être la
réalité n’était qu’une illusion. Et ce sont autant de
deuils. Peu à peu, l’émergence des émotions s’effectue
grâce à la vivance phronique et à la perception des
sensations. Et l’entraînement phénoménologique permet ce retour au phénomène même. Il développe le
champ de conscience, afin de tendre vers l’acceptation
d’une transformation de l’image corporelle et vers
l’adaptation aux changements importants de l’existence.
La personne prise en charge peut dépasser les bouleversements physiologiques et psychologiques et redécouvrir son intentionnalité. Libérée de certains conditionnements et ancrages, elle peut redéfinir sa place
auprès des siens. Sa conception du monde auquel elle
appartient se modifie. Dans une nouvelle authenticité,
elle aspire à clarifier sa vie. Attentive à ses comportements, notamment en ce qui concerne sa santé, elle
considère son corps avec plus de bienveillance.
Les protocoles proposés aux patients, dans ce cadre
phénoménologique existentiel, ont optimisé les
champs d’application inhérents à la longue maladie :
la concentration sur la respiration, le lâcher-prise et la
relaxation, la gestion des émotions, la gestion du
stress, la préparation aux interventions chirurgicales
et aux actes médicaux ainsi qu’aux rendez-vous de
contrôle.
Ils ont permis de renforcer le système immunitaire
afin de réduire le risque d’infections. Ils ont aussi
contribué à atténuer les différentes douleurs, les troubles du sommeil, la fatigue, les tensions diverses, les
effets secondaires des traitements thérapeutiques.
Mais, plus encore, ils ont rétabli un équilibre par la
prise de conscience du schéma corporel et une image
positive de soi. (suite p.8)
Pour le Docteur Carl SIMONTON, radio-oncologue et
l’un des premiers médecins à connecter l’esprit avec le
corps, les croyances, les sentiments, les attitudes et le
mode de vie sont des facteurs importants qui influent
sur notre santé. De sa réflexion alliée à ses recherches,
naît la visualisation positive. La visualisation d’une situation réaliste induit chez le malade que son désir de vivre
peut intervenir dans le processus curatif. Toute activation
de perception sensorielle est d’ailleurs très bénéfique au
système neuroendocrinien. Vivre en pleine conscience ses
ressentis, c’est se recentrer, explorer son univers intérieur.
Pourtant, le malade traverse des périodes de doutes, de
découragement. Comment ne pas aborder l’anxiété quand
on évoque le cancer ? Pour Christophe ANDRE
« C’est une fonction psychologique adaptive qui
permet d’anticiper le futur et de s’y préparer en
tant que telle, elle est donc indispensable à tout
être humain. ».
La détente musculaire et la relaxation procurent déjà une
maîtrise du corps et une mise à distance des perturbations intérieures et extérieures. La suggestion, l’affirmation positive, le Training autogène de SCHULTZ, sont
autant d’outils capables d’inscrire le patient dans une
mobilisation de ses ressources.
Les communications verbales et non verbales, l’empathie
sont aussi importantes puisque toute action positive
contribue à l’harmonisation physique et mentale.
SOPHROLOGUE PRATICIEN par la V.A.E.
Validation des Acquis de l'Expérience*
Vous êtes Sophrologue installé depuis au
moins 3 années, vous pouvez obtenir la Certification de Sophrologue Praticien inscrit au
RNCP sur la base de votre expérience professionnelle, Vous n'êtes pas sophrologue, mais
estimez en raison de votre parcours professionnel avoir des compétences pour obtenir la
certification à ce titre, vous pouvez faire valoir
votre demande.
Qu'estQu'est-ce que la VAE
La validation des acquis de l'expérience est
une mesure qui permet à toute personne,
quels que soient son âge, son niveau d'études
ou son statut, de faire valider les acquis de
son expérience pour obtenir une certification
professionnelle.
Trois ans d’expérience en rapport avec le
contenu de la certification visée sont nécessaires.
La VAE est une demande individuelle, que
vous pouvez faire valoir, quels que soient vo-
tre formation et votre organisme de formaDécouvrir et conquérir la conscience sophronique amène tion, si vous souhaitez être certifié par la SFS.
la personne vers une transformation. Elle peut ainsi redécouvrir les valeurs de l’existence de l’être. Grâce à la sophrologie, les pourquoi deviendront comment…
Au-delà des préjugés et des aprioris, au-delà des mots
sur des maux, l’accompagnement auprès de ces personnes dignes, courageuses, aura été une leçon d’humilité et
m’aura permis un nouveau regard sur la Vie.
J’exprime mes sincères remerciements aux personnes qui
m’ont fait confiance, à Madame Geneviève EGUIMENDYA
Présidente de la Ligue contre Le Cancer, Comité des Pyrénées Atlantiques pour le partage de ses expériences, à
Monsieur Laurent VILLENEUVE Directeur de la Ligue
contre Le Cancer, Comité des Pyrénées Atlantiques pour
son dynamisme et sa bienveillance, Enfin à Madame Anne
ALMQVIST, Directrice de l’ESSA pour m’avoir si bien
guidée vers le plus beau des chemins● Danielle SABBAH—Master
en Sophrologie Appliquée ESSA
BAH
8
Pour plus d’informations, vous pourrez vous
rendre sur le site de la Société Française de
Sophrologie
:
www.sophrologiefrancaise.com●
Le rire doit continuer
Congrès de la SFS du 6 décembre 2014
À LIRE
Patricia Penot, 4 étaLes participants et conférenciers se sont retrou- pes et je lâche prise,
vés dans l’échange de rires à travers des exerci- éditions Solar, février
ces ludiques. Le rire, c'est la joie, la liberté, le 2015.
rire doit continuer. "Mon passe-temps préfé- "Sois parfait, sois fort,
ré ?...rire" c'est du Dalaï- Lama. "Rire est le plus fais vite, agis, fais plaisir,
court chemin entre deux êtres" c'est de Charlie attention au courtcircuit ! Nous voulons
Chaplin.
Le Yoga du Rire repose sur un constat incroyablement
simple et sérieux : le rire est bon pour la santé, il constitue un remède naturel et gratuit au quotidien. Depuis
les années 60, la recherche médicale a établi que le rire
avait des effets bénéfiques sur l'ensemble du corps humain : augmentation des défenses immunitaires, augmentation du bon cholestérol, baisse de la tension artérielle, diminution des risques cardio-vasculaires, amélioration des fonctions digestives...etc. Le rire est un antistress naturel qui élimine les effets physiologiques négatifs du stress. Dans un stage, on alterne de façon ludique, joyeuse, dynamique, positive, des exercices de rire
et de respiration. Ces exercices vont progressivement
déclencher la stimulation des "hormones du bonheur" :
endorphine, sérotonine, dopamine. L'humeur s'élève, la
joie se réveille, plaisir du corps, du partage convivial et
chaleureux, plaisir de l'expression ludique. Le corps et le
mental se désinhibe pour laisser place à un vécu de relâchement,
d'ouverture et
d'euphorie.
10 mn de rire = 30 mn d'aviron = 2 heures de sommeil
● Sylvain Bugajski, Animateur de Yoga du rire certifié,
Sophrologue.
tout contrôler, mais la
discipline de fer que nous
nous imposons engendre
du stress, une mésestime de soi et des conflits avec les
autres. Nous concevons de l’angoisse, de la culpabilité
ou de la rancune pour des situations auxquelles nous ne
pouvons rien. Pire : vouloir intervenir à tout prix nous
fait parfois envenimer les choses. Le lâcher-prise permet
d’accepter nos limites, de nous recentrer sur le présent
afin de renouer avec nos désirs profonds et d’atteindre
la sérénité. En 4 étapes, l’auteur nous propose un entraînement complet composé d’exercices de mise en
pratique issus de la sophrologie, de la relaxation, de
l’EFT (technique d’apaisement émotionnel) ou de méthodes utilisant le symbolisme (mandala, écriture introspective). Des mises en situation concrètes, des bilans personnels et un carnet de bord pour faire le
point à la fin de chaque étape, permettent de mesurer
les progrès effectués de manière positive pour se motiver." En relation avec le livre et le thème du lâcherprise: un atelier pratique le lundi 2 février au salon
"Jardin des Thérapies, la grande halle de la villette & un
week-end trek et sophrologie, du 5 au 7 juin ● Patricia
PENOT,
PENOT Tel : 06 08 88 82 88,
88 Email :
[email protected]
Toujours
chez
votre
marchant
de
journaux...
SOPHROLOGIE
Pratiques & Perspectives
9
L’ASSOCIATION SOPHROMOTION
L'Association SophroMotion est née en
2013 à l'école de Sophrologie de l'ESSA
FORMATIONS à Vincennes.
Elle a été créée par Mme Isabelle Marcy lors de son
Master, en collaboration avec Mme Anne Almqvist, Directrice de l'école de sophrologie ESSA FORMATIONS
et Mme Mariama Guillard, Directrice de l'école de Sophrologie EQUILIBRE-SANTE aux Ulis.
L'Association SophroMotion s'adresse à tous les Sophrologues professionnels, elle a pour objet de promouvoir
la sophrologie et son exercice à travers : la formation
professionnelle continue clinique, sociale et pédagogique
de la Sophrologie.
L'association SophroMotion organise chaque mois avec
Mme Mariama Guillard des réunions professionnelles de
supervision, réparties pour le moment en deux groupes
en Ile De France, l'un aux Ulis dans le 91 et l'autre dans
le 6ème arrondissement de Paris au Forum 104.
Pour celles et ceux qui en éprouveraient le besoin, possibilité de supervision individuelle.
Au cours de ces réunions, nous abordons des cas cliniques soumis par les participants. Dans un premier
temps Mme Mariama Guillard aborde le cas ou la situation avec le sophrologue et facilite ainsi la transversalité,
elle aide le groupe à porter un regard nouveau sur l'intentionnalité apparente et sous-jacente du sophrologue,
ce processus permet une synthèse professionnelle avec
laquelle chacun repart.
10
Puis, chacun à notre tour, nous apportons notre perception du cas afin de développer l'adaptabilité dans
notre pratique. Enfin Mme Mariama Guillard nous
guide dans l'exercice de notre profession, elle veille à
maintenir toujours bien présents les principes fondamentaux de la Sophrologie en accord avec les enseignements de la méthode du Pr Caycédo, et par ses conseils
éclairés elle enrichit nos connaissances et notre pratique. C'est parfois, aussi, l'occasion de déposer des fardeaux trop lourds et de les partager !
DATES DES PROCHAINES SUPERVISIONS :
Ces séances ont lieu de 14h à 17h, avec attestation de
3h de présence remise.
Mardi 03 fev 2015 : supervision à Paris
Jeudi 19 mars 2015 : supervision aux Ulis
Mardi 28 avril 2015 : supervision Paris
Jeudi 21 mai 2015 : supervision aux Ulis
Mardi 09 juin 2015 : supervision Paris
Jeudi 02 juil 2015 : supervision aux Ulis
Mardi 22 Septembre 2015 : supervision Paris
Jeudi 15 Octobre 2015 : supervision aux Ulis
Mardi 3 Novembre 2015 : supervision Paris
Jeudi 10 Décembre 2015 : supervision aux Ulis
Coût de la supervision : 50 €
Pour plus d'informations ou pour vous inscrire, envoyez votre demande à l'adresse suivante : [email protected]●
La prise en charge sophrologique : l’objet de l’anxiété
« Tout fait l’objet d’inquiétudes », me dit Caroline adressée par son médecin homéopathe pour un stress récurant qui se manifeste par des tensions musculaires, des
troubles dysfonctionnels digestifs, des
douleurs musculaires et un mal être.
Elle décrit 32 ans d’anxiété ; « j’imagine qu’on ne change pas comme ça ! ». Ses dires témoignent d’une identification à l’anxiété. Il n’est pas question de changer la
personne par la sophrologie mais plutôt de l’aider progressivement par la méthode, à changer son mode de
relation aux évènements, aux situations et à ses pensées
anxiogènes. Effectivement cela suppose un entrainement
phénoménologique que je lui propose par la sophrologie
à travers des séances régulières au cabinet et un entrainement personnel répété et quotidien. Ce qui répond à
la loi de la répétition vivantielle précieuse au Professeur
Caycédo et à tout être humain d’ailleurs.
La 1ère séance va porter sur la respiration abdominale
dont l’objectif ira bien au-delà de la détente musculaire
et abdominale bien que nécessaire au processus. D’ores
et déjà, je vais aider la personne à porter toute son attention sur sa respiration afin que l’espace de quelques
instants son attention se focalise sur des sensations respiratoires plutôt que sur ses pensées. Une attention
sans jugement, sans mesure ni comparaison, une saisie
pure de la respiration de l’instant dans une démarche
phénoménologique. Un instant de rencontre simple, un
instant de partage avec la respiration, comme une 1ère
rencontre avec celle-ci. L’anxiété et la peur psychologique que décrit la personne, n’a rien à voir avec la peur
ressentie face à un danger concret, réel et immédiat… ce
type de peur qui se traduit par de l’anxiété, des tensions, des inquiétudes, est le fruit d’une production psychique et concerne ce qui pourrait survenir et non pas
ce qui est entrain de se passer.
Etre ici, là et maintenant ne demande pas d’arriver à un
but, mais d’être juste là… tout un apprentissage qui ne
se fait pas en une séance. Je lui propose donc d’accueillir ce qu’elle me dit de ses pensées, dans cette même
attitude phénoménologique, sans apriori, sans jugement,
comme un phénomène qui lui apparaît. Le mental a
répondu à cette forte et puissante loi de la répétition
vivantielle instaurée depuis tant d’années chez cette
personne, ses pensées s’imposent à elle et contrôlent ses
réactions.
La Sophronisation de Base et les techniques clés permettront de la même manière à entraîner l’attention à
la vivance du corps là, ici et maintenant et à établir une
relation à soi sans jugement. Le corps tout entier devenant l’objet pur de l’attention. L’ « objet » n’est pas à
prendre au 1er degré dans le sens d’une chose mais dans
le sens de la visée par la conscience de l’apparaître d’un
phénomène. Comme le rappelle Gérard Thouraille, le
phénomène n’est pas simplement la chose, l’objet mental, l’objet concret… peu importe la nature de l’objet. Le
phénomène est l’ensemble, la corrélation entre l’acte
subjectif qui saisi la chose dans la perception, dans les
émotions, dans le vécu corporel et la chose elle-même.
Les pré-jugés de l’attitude naturelle, nous empêchent de
voir la réalité telle qu’elle se montre telle qu’elle apparait et la phénoménologie va rétablir la continuité entre
l’objet et le sujet, en mettant entre parenthèse les préjugés. Ainsi, nos champs sensoriels se déploient et nous
permettent d’établir une autre relation aux choses. Une
démarche
profondément
existentielle.
La technique de Sophro Présence Immédiate (SPI) permettra d’entrainer la conscience à s’attarder sur des
moments, des personnes et des lieux positifs dans une
présence positive de l’instant afin de développer cette
ouverture de conscience et de l’entraîner à saisir et à
ruminer des éléments positifs. Il s’agit de d’adopter un
regard positif, une attitude et un accueil positif à ce qui
se présente au quotidien. « Depuis que je fais ces séances, je me surprends parfois, au court de la journée, à
regarder des choses simples avec émerveillement » vous
êtes donc entrain de me dire que vous vous rendez
compte que votre mental s’attarde sur ce qui est ?
« Oui, sur des petites choses de la vie qui me paraissent
Lors de la séance, la respiration devient alors l’objet essentielles alors que je les banalisais ou ne les voyais
immédiat de l’attention, quelle soit calme et paisible, pas!!! » Comme l’explique ECKHART TOLLE dans son
mouvementée ou agitée, je lui propose juste d’accueillir ouvrage Le pouvoir du moment présent:
ce qui est et de vivre cette respiration quelle qu’elle
« Quand vous observez une pensée, vous
soit. Une parenthèse dans le rapport habituel qu’elle a
de l’instant. Dans son
êtes non seulement conscient de celle-ci,
mode de relation bien
mais aussi de vous-même en tant que
ancré, la personne me
témoin de la pensée. Pendant que vous obfera part de ses penservez cette pensée, vous sentez pour ainsi
sées qui s’imposent à
elle pendant cette
dire, une présence… ceci est le début de la
séance de respiration
fin de la pensée involontaire
et, la peur de ne pas y
et compulsive… »
arriver
s’exprime.
Quoi de plus normal ?
(suite p.12)
11
«Et c’est comme si d’un seul coup ma vie scintillait… j’adore, ça fait trop du bien !!!» me dit-elle. Toujours en référence à ECKHART TOLLE, lorsqu’une pensée s’efface il se produit un intervalle de « non-mental ».
Au début, ces hiatus sont courts, mais ils deviendront
peu à peu de plus en plus longs. Lorsque ces décalages
dans la pensée se produisent, vous ressentez un certain
calme, une certaine paix… Une parenthèse dans sa manière d’être au monde, d’être à soi, ce « moi » de l’instant
se pose dans la vie qu’il saisi et se laisse saisir par la vie…
l’ébauche du sentiment existentiel.
Les séances suivantes porteront sur un entrainement à la
manière d’être aux situations que la personne investie
habituellement dans la peur des maux de ventre, de vertiges… mais là encore, mon objectif portera sur un entrainement de la conscience à porter un regard neutre sur
un objet que je propose, à la personne, de laisser venir
dans son champs de conscience, quel qu’il soit. Ce qui
importe est le positionnement psychique face à l’apparaître de l’objet. Je lui propose de saisir l’objet mentalement,
sans jugement, sans mesure, sans apriori et sans évaluation du bien du mal, du beau du laid, du pourquoi… sans
questionnement, une attitude mentale neutre, une posture psychique contemplative de l’objet, une saisie pure
avec un regard curieux comme si cet objet apparaissait à
sa conscience pour la 1ère fois, avec une présence et un
rapport à l’objet sans routine. « La forme de l’objet, sa
matière, ses contours, sa densité, sa présence, peut-être
son parfum, ses détails, ses couleurs, peut-être sa température… ». C est l’objet de l’instant qui se donne dans sa
singularité du moment. Il nait dans la conscience et c’est
la conscience naissante de l’instant qui fait relation à
l’objet.
« C’est pas simple, je n’y arrive pas complètement, mes
pensées font irruptions ou plutôt je pars dans mes pensées » me dit-elle après la séance. Alors j’accueille et j’accepte avec bienveillance ses paroles comme un phénomène, comme l’objet de notre relation et je demande à la
personne d’en faire de même dans l’instant « Acceptez,
sans vous juger et, lors de vos entraînements personnels,
ce soir ou demain, vous pourrez peut-être accueillir vos
pensées qui se présenteront et les accepter pour pouvoir
de nouveau retrouver la contemplation de l’objet ».
Lors de la prochaine séance la personne me fait par de
ses entraînements personnels : « Je me suis entraînée à
vivre l’objet et parfois je le voyais sans rien autour, il
était juste pour ce qu’il est, retiré de tout ce que ma
pensée peut tisser autour... Je n’intellectualisais pas l’objet, je ne l’analysais pas, je le vivais tel qu’il était. Je sentais mon mental se poser sur l’objet et se mettre au repos. L’objet n’est pas le fruit de ce que je pense de l’objet, il est l’objet » La personne me fait part du fait qu’elle
se rend compte qu’elle créée d’elle-même des situations
qui deviennent l’objet de ses peurs. Alors j ai choisi de
poursuivre mon accompagnement par des séances de
Relaxation Dynamique du 1er degré, des séances de
« présentation » ou nous développerons la conscience de
soi, là, ici et maintenant.
12
Plus tard, lors des prochaines séances, nous irons faire
relation avec l’objet de ses peurs, dans cette même
attitude phénoménologique de manière à ce que, progressivement, elle puisse accueillir tranquillement ses
inquiétudes, les observer pour les dépasser, ne plus
s’identifier à ses peurs mais en être le témoin tranquille. Et je reprends un passage de la conférence du
Dr Gilles Pentecôtes (congrès de sophrologie 2014
organisé par la SFS sur le thème des émotions), les
approches de sophrologie et de mindfulness nous invitent à accueillir les « expériences » en repérant puis
en nous libérant du phénomène de jugement automatique qui dichotomise en « bon » et « mauvais »,
« attachant » et « aversif »… et il rappelle les paroles
de TICH NHAT HANH : « la méditation n’est pas une
évasion : c’est une rencontre sereine avec la réalité »● Anne ALMQVIST
Une forêt en hivers
« Nous allions, mon épouse, ma
fille, mon fils et moi, à peu près
tous les week-ends, près de Nemours, dans une propriété appartenant à un ami(… ) Il n’y avait
pas de fossé sur cette route, l’herbe, les buissons, les arbres mêmes
croissaient à la limite du goudron.
J’aimais bien cette route car elle
me rappelait une route que j’avais
souvent parcourue en moto et qui
réunissait Rishikesh à Dehra-Dun aux Indes. Voilà déjà
une extravagance du mental, apprécié une route du
Bassin parisien par comparaison avec une route de
l’Himalaya. Mon mental superimposait sur cette route,
qui était la seule réalité, une route de l’Himalaya qui
n’avait aucune réalité. Mais l’histoire est plus grave et
plus exemplaire que cela. A ce moment là, je vivais
encore dans le mental et les émotions, la dualité, les
paires d’opposés, et cette folie bien partagée qui
consiste à adhérer à un enseignement et à oublier de
le mettre en pratique quand c’est le moment de le
mettre en pratique. J’étais à l’avant avec mon fils de
six ans, sa mère et sa sœur étaient derrière. Cette route, je la prends un jour, fin novembre ou début décembre : gris, noir, maussade, pluvieux, triste, cafardeux, tout y était. Je laisse échapper « Evidemment,
c’est moins beau qu’il y a deux mois.
- Ah ! dit le garçon, je ne trouve pas. Pas du tout.
- Comment tu ne trouves pas ?
- Non, je ne trouve pas.
- Mais c’est moins beau qu’il y a deux mois. Rappelletoi, il y a deux mois si c’était beau, la lumière, les couleurs, toutes les feuilles. Il y en avait des rouges, des
oranges, des jaunes. »
Au bout d’un moment, l’enfant fini par comprendre
l’esprit tortueux de l’adulte. Il éclate de rire et il
dit : « Ah ! bien sûr, pour une forêt en automne c’est
complètement raté, mais pour une forêt en hiver, je
trouve ça très réussi »● Arnaud DESJARDINS Adhyatma Yoga à la recherche du Soi volume 1, p.199.
Rishikesh, la cité des yogis,
aux sources de la sophrologie
« On trouve des yogis et des ashram dans toute l’Inde, mais, sans
doute, la région de l’Himalaya est
la plus prisée par ceux qui, renonçant au monde, cherchent une ambiance tranquille et propice à la
rencontre avec eux-mêmes et la
Divinité. (...)
Joint à la grandeur et à la majesté
de ces pics, les plus hauts du monde, s’étend le Gange dans toute sa
gloire, fleuve sacré par excellence.
Chaque parcelle de terre y est
consacrée par la tradition hindoue.
La beauté austère des rives du
Gange se confond à la majesté
hautaine et fière de l’Himalaya.
Entre l’Himalaya et le Gange règne
le calme et la sérénité. (...)
Ceux qui, comme les yogis,
cherchent des endroits éloignés des foules bruyantes
afin de pouvoir méditer
profondément et paisiblement, ne trouveront pas de
refuge plus silencieux que
l’Himalaya ou les berges du
Gange. Tout, ici, n’est que
paix, repos et quiétude. (...)
Rishikesh est un lieu typique
de l’Inde, primitif et fascinant
(...) la fraîcheur et le calme de
son atmosphère, comme la
tranquillité de ses environs
constituent un cadre idéal et
recherché par les yogis pour
pratiquer leur sadhana »
● Alfonso Caycedo,
Caycedo L’Inde des
Yogis
13
YogaYoga-Nidrâ, la pratique du sommeil conscient, Almora, Collection « Spiritualités pratiques », mars 2015.
Séminaire « Sophrologie & Vacances »
Au programme de la 5ème
année, des méditations matinales (type vipassana), les 12
Relaxations Dynamiques, des
séances de yoga-nidrâ, des
marches en pleine conscience,
de la convivialité, des rires et
de la bonne humeur... Dans le
petit village de LestelleBétharram
(PyrénéesAtlantiques, entre Lourdes et Pau), du dimanche 26 juillet au dimanche 02 août 2015.
2015 Inscription avant le 30 mars par e-mail à [email protected]. Plus d’informations:
sophroconsult.com. Groupe limité à 12 personnes.
VIVRE
EN PLEINE CONSCIENCE
DANS
LA JOIE DE L’ÊTRE...
14
« La conscience et
la joie d’être sont
les premiers parents. Elles sont
aussi les ultimes
transcendances. »
Shri Aurobindo
NOUVEAU REGARD le Journal
de la Sophrologie 20112011-2016
N°1 - Printemps 2011 : «Bonjour Lumière du Jour ! …
» (édito). Le pollen. L’ESSA, une École, une Attitude, un
Regard. Un exercice de saison à pratiquer au soleil. L’AttiN°9 - Printemps 2013 : Le Boulot du Bien Être (édito).
tude Phénoménologique... ●
Le
communiqué de la directrice. L’exercice de l’activiN°2 - Eté 2011 : Vacances, Vivances & Voluptés (édito).
Un exercice de saison à pratiquer dans l’eau. Compterendu des états généraux de la formation du 7 et 8 juin.
La profession de sophrologue. Sophro & Sport. La SFS. Le
SSP. Revue Alter. Sophrologie, lexique des concepts...●
N°3 - Automne 2011 : Le goût de la paix (édito). Hommages: David Servan-Schreiber, Bernard Santerre, Arnaud
Desjardins. Exercices : la cohérence cardiaque. Vaincre la
dépression saisonnière. Santé: les aliments anti-cancer. La
sophro en milieu carcéral. L’Entraînement par Bernard
Santerre. La « retraite phronique ». Le Yoga du Sommeil.
Vaincre le harcèlement moral ; La force du yoga ●
N°4 - Hivers 2011 : Nouveaux Regards (édito). Congrès de
Sophrologie. Le mécanisme de l’emprise. La maladie d’Alzheimer. Donner la vie, sauver la sienne. Le monde du travail. Transe & Sophrologie. Sophrologie & Exclusion. Exercice pratique: Vivre ses Vœux. Témoignange: « Manon est
née mardi matin ». Penser à l’endroit ●
N°5 - Printemps 2012 : Un an déjà... (édito). La relation
d’aide: l’approche de Carl Rogers. Exercice pratique: Qui
regarde qui ?. Entretien: La sophrologie pour les futures
mamans. Philosophie: la bienveillance. Découverte: Libérons-nous des émotions négatives avec l’EFT. Vivances &
Réflexions. Mindfulness : conférence expérientielle. Livre
d’Or. Cinéma ●
N°6 - Eté 2012 : Les Orients de l’Être (édito). Le métier de
sophrologue: le point de vue administratif. Phénoménologie: le lien mère-bébé. L’entraînement de la nuit: conscience, veille, sommeil & rêves. Compte-rendu de séance: le
petit garçon qui ne voulait pas croire. Poésie: l’été, la
mer. Témoignage: celui qui veut mouvoir le monde. Valeur: la groupéïté. Manuel des Psychothérapies Complémentaires ●
N°7 - Automne 2012 : La Saveur du monde (édito). L’Entraînement de la nuit: s’endormir dans le Cœur. Compterendu: la saveur du premier cours. Poésie: chaque matin.
Vivances: l’Un est le multiple. Un bonheur ne vient jamais
seul. Sport & Sophro: Préparation mentale & sport de
haut niveau. Aquaphobie, sophrologie & surf. Découverte:
le zensight. Ma patiente a des limites ●
N°8 - Hivers 2012 : Qui voit ? Qui
accueille ? (édito). La réduction phénoménologique. Le corps propre.
Les maîtres du temps. La relation
sujet-objet. Réenchanter le monde.
Rejoindre la source de soi. Trouver
refuge en soi. Créativité. Sophrologie & Addictions. Le sommeil et la
mort. Promenade dans la neige. Le
45ème Congrès de Sophrologie.
L’art de vivre ●
15
té de sophrologue. Approches du phronème. Phénoménologie de la mort. Une belle colère salutaire. Sophrologie & Entreprise. Stage « maternité ». La Formation « Maître-Praticien » ●
N°10 - Eté 2013 : Les nourritures du corps et de
l’esprit (édito). Identité & Autonomie. Rencontre. Exquis du clown. DOSSIER Nutrition. « Je suis infirmière ».. Vivre le deuil. Méditations phénoménologiques.
Le chemin (témoignage). Le bonheur. Un exercice
pour les jours sans soleil. « Le jeûne de l’esprit ». Liberté, savoir & transmission. Mindfulness. Schéma
corporel & transformation●
N°11 - Automne 2013 : Ce que tu penses, tu le deviens
(édito). La Retraite Phronique. La perception du
temps. Sophrologie & émigration. L’envol. Le principe
de réalité objective. Sophro-Projection-Future. Hommage. Nouveau regard sur la ville. Formation acouphènes●
N°12 - Hivers 2013 : L’espace bienheureux du Nouveau Regard (édito). Demain je passe une IRM. Le
chemin de l’autonomie. Philosophie pratique. RNCP.
Le cinquième rêve. Congrès de sophrologie. Traumatisme & résilience. Adaptabilité & Action positive.
Philosophie indienne. Au seuil de la mort●
N°13 - Printemps 2014 : Le printemps des
sophrologues (édito). La sophrologie en entreprise de
A à Zen. Noèse, Noème & Noumène. Les grands principes au service de l’alliance. L’humain au cœur de la
réflexion. L’épochè phénoménologique. Au-delà des
concepts, une rencontre. Cursus en Sophrologie Existentielle. En milieu psychiatrique. Surfer sur les émotions. Pleine Conscience. Evénements. Formation
professionnelle●
N°14 - Eté 2014 : Phénoménologie de la joie d’être
(édito). L’approche psychothérapeutique. Alliance &
Attitude. Mieux vivre son travail en tant que soignant.
Une expérience subjective existentielle. L’aube d’une
nouvelle vie. Au fil de la séance. Les phénomènes
mentaux. Réconciliation avec le corps. Une écoute
active. La simplicité du regard. Sophro pour les séniors. La saveur du phénomène. Phénoménologie de
l a
m u s i q u e ●
N°15 - Automne 2014 : Approches de la relation
(édito). Le chemin de l’humilité. Le temps de l’espoir.
Transmettre. Vers un « Moi » universel. Guide de sophrologie appliquée. Pure joie d’être. Âme Phronique
& Amour. Faire sa propre expérience. La sophro est
une phénoménologie existentielle. Autour de l’expér
i
e
n
c
e
●
N°16 - Hivers 2014 : Voir Sommaire p.2 ●
Assurance
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Pour le n° de printemps 2015, merci d’envoyer
vos articles (réflexions phénoménologiques,
sophrologie appliquée, témoignages professionnels,
critiques livres et films, etc.) avant le 15 avril 2015 ●
© NOUVEAU REGARD Le journal d’information gratuit de l’ESSA - ÉCOLE SUPÉRIEURE DE SOPHROLOGIE APPLIQUÉE
Organisme de Formation
Professionnelle Diplômante de Sophrologue
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Directrice de l’École et de la publication : Anne Almqvist.
Conception, Rédaction & Mise en page : Pierre Bonnasse.
Collaborations de :
Bruno Schmidt, Danielle Sabbah, Sylvain Bugajski●
Prochaine publication:
publication Printemps 2015●
« Choisis une
profession que
tu aimes,
et tu n’auras jamais
à travailler
un jour
dans ta vie. »
Confucius
16