10 Changements de phase d’un corps pur 10.1 Un corps pur placé dans certaines conditions de température et de pression peut changer d’état. On Quelques expériences parle de changement d’état ou de transition de phase. • Le bouillant de Franklin https://www.youtube.com/watch?v=nxAdQ_8tC1U À l’échelle microscopique, un changement d’état • Le point triple https://www.youtube.com/watch?v=BLRqpJN9zeA correspond à une réorganisation de la matière : les • Le point critique du SF6 interactions http://podcast.grenet.fr/episode/point-critique-du-sf6/ entre atomes (ou molécules) sont modifiées. • Le regel de la glace http://www.canal-u.tv/video/science_en_cours/le_regel_de_la_glace_1990.131 10.2 Transitions de phase d’un corps pur Dans les conditions (presque) normales, la matière peut se présenter sous 3 états : - gazeux, - liquide, ENTROPIE - solide. On appelle phase toute partie d’un système dont les paramètres d’états intensifs évoluent continûment avec la position. Un corps pur (une seule espèce chimique) constitué d’une seule phase est dit monophasé. Un corps pur constitué de deux phases est dit A l’interface entre 2 phases, les grandeurs d’état varient rapidement sur des distances de l’ordre de quelques atomes (discontinuité) : diphasé. 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 1/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 2/33 ENTROPIE 10.3 Examinons sublimation fusion LIQUIDE ce qui se passe si on chauffe régulièrement et doucement un morceau de glace vaporisation SOLIDE Transformations de l’eau initialement à T < 0°C à la pression ambiante : GAZ liquéfaction condensation solidification condensation À l’échelle distinguent macroscopique, par des ces valeurs trois états différentes se des paramètres intensifs : masse volumique, propriétés optiques (indice de réfraction), etc. Lors d’une transition de phase, les paramètres intensifs du corps pur varient brutalement : • Pour T < 0°C (A → B), on observe la présence seule → masse volumique de glace. La température de celle-ci augmente de l’eau • À T = 0°C (en B), les premières gouttes d’eau liquide apparaissent, c’est la fusion de la glace : on a alors coexistence entre les phases solide et liquide : cette coexistence a lieu à température constante de 0°C et dure jusqu’à ce que toute la glace soit fondue (→ C). 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 3/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 4/33 → l’apport continu de chaleur ne sert pas à échauffer le mélange des phases mais seulement à faire fondre la glace. 10.4 Chaleur latente de transformation On va s’intéresser aux paliers observés lors des transformations glace → eau liquide → vapeur d’eau. • Quand toute la glace à disparu (en C), la phase liquide, seule présente, recommence à s’échauffer (C → D) jusqu’à ce que les premières bulles de vapeur d’eau (phase gazeuse) apparaissent à 100°C (en D). C’est le début de la vaporisation. • Comme pour la fusion, la coexistence liquide/gaz va Analysons les énergies fournies au système : • Pour T < 0°C, l’eau est sous forme solide (glace). En apportant de l’énergie sous forme de chaleur, on élève la température de la glace de telle sorte que : Q = m csol (Tf – Ti) csol : capacité calorifique s’effectuer à la température constante de 100°C et elle va durer tant qu’il restera du liquide (→ E). → l’apport de chaleur ne sert qu’à vaporiser la phase liquide mais ne provoque pas l’échauffement du mélange liquide/gaz. • Une fois le liquide m : masse de fluide massique de la glace • De même, quand l’eau est monophasique sous forme liquide (pour 0 < T < 100°C) ou sous forme gazeuse (T > 100°C), l’apport d’énergie sous forme de chaleur permet d’élever la température du système : entièrement vaporisé, la température du gaz recommence à augmenter. Q = m cliq (Tf – Ti) et Q = m cgaz (Tf – Ti) où cliq et cgaz sont respectivement les capacités Ces observations montrent qu’à pression fixée, la calorifiques coexistence de deux phases (solide-liquide) et (liquide- gazeuse. solide) ne peut se faire qu’à température fixe. Cette température d’équilibre solide-liquide Téq est égale à 0 °C pour l’eau à pression atmosphérique : • si T > Téq, l’eau n’existe que sous forme liquide, massiques des phases liquide et • Sur les plateaux, c’est-à-dire lorsqu’on a coexistence de phases, on fournit de l’énergie au système mais la température reste constante. Ceci montre que la • si T < Téq,, l’eau n’existe que sous forme solide*. 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 5/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 6/33 Q = m cgaz ∆T → transition de phase dans le sens ordre → désordre et nécessite de l’énergie pour qu’elle soit réalisée : - Pour l’équilibre solide/liquide, on Q = m lV chauffe continûment mais la température reste inchangée (la pression est fixée) : on doit fournir la chaleur nécessaire à liquéfier toute la masse de glace : on Q = m lF ↓ ← Q = m cliq ∆T ← Q = m csol ∆T parle de chaleur latente de fusion LF : Q = LF (LF est exprimée en J). - pour la transition de phase liquide → vapeur, on Si on considère maintenant les transformations considère la chaleur latente de vaporisation LV. L’existence de cette chaleur latente de vaporisation est utilisée par l’organisme lors de la transpiration. L’évaporation de l’eau à la surface successives de l’eau, à pression constante, depuis sa phase vapeur vers la phase liquide puis en phase solide, on observe un comportement similaire : de la peau sert à refroidir le corps. Unités, ordre de grandeur • À l’instar des capacités calorifiques, les chaleurs Q = – m lV latentes sont souvent définies par unité de masse du corps. On peut aussi trouver des chaleurs latentes molaires. • Eau : lF = 334 kJ kg–1 → il faut 334 J pour faire fondre 1 g de glace surfusion→ Q = – m lF ↓ lV = 2257 kJ kg–1 → il faut 2257 J pour faire évaporer 1 g d’eau 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 7/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 8/33 Lors des transitions gaz → liquide et liquide → solide, Variations d’entropie et d’enthalpie on observe des plateaux pour lesquels la température Les transformations gaz → liquide et liquide → solide est constante. Dans ce cas, l’entropie du système diminue et celui-ci cède de la chaleur au milieu extérieur. sont réversibles et ont lieu à température et pression constantes. Dans ce cas, on sait que la variation d’entropie est : ∆S = Sech = Q/T • pour la condensation : Q = – LV = – m lV • pour la solidification : Q = – LF = – m lF Pour la transformation de la phase ϕ1 vers la phase ϕ2, la variation d’entropie sera : Phénomène de surfusion Il est possible d’observer l’eau à l’état liquide alors que la température est inférieure à 0°C (→ –39°C), l’eau est alors qualifiée de surfondue. Ce phénomène provient du fait que passer de l'état liquide à l'état solide requiert un coût énergétique. La moindre perturbation (impuretés, vibrations, …) provoque la solidification instantanée de l’eau. ∆S1→2 = Q L1→2 m l1→2 = = T T1 → 2 T1 → 2 où : L1→2, l1→2 : chaleur latente et chaleur latente massique de la transition ϕ1 → ϕ2, T1→2 : température de la transition ϕ1 → ϕ2 à pression fixée. On en déduit la variation d’entropie massique : http://www.koreus.com/video/surfusion-eau.html ∆s1→2 = l1 → 2 T1 → 2 Comme la transformation est isobare, on en déduit la variation d’enthalpie du système : ∆H1→2 = Q = L1→2 = T1→2· ∆S1→2 = T1→2· [S2 – S1] 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 9/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 10/33 • Pour la fusion : ∆Hsol→liq = LF = Tfusion· [Sliq – Ssol] > 0 10.5 Diagramme de phase 10.5.1 Expérience Trompe à vide Capteur de pression on a bien une augmentation de l’entropie associée à → un gain de chaleur ← eau de refroidissement Thermocouple • Pour la vaporisation : ∆Hliq→gaz = LV = Tébullition· [Sgaz – Sliq] Tube capillaire >0 chauffe-ballon Par convention, la chaleur latente est toujours À l’aide du dispositif représenté ci-dessus, il est positive, pour la transition gaz → liquide : possible de suivre la pression de vapeur saturante Q = ∆Hgaz→liq = –LV = Tébullition· [Sliq – Sgaz] < 0 (pression à laquelle la phase gazeuse d'une substance est en équilibre avec sa phase liquide) en en fonction Pour résumer : de la température : 1 105 Pression mesurée (Pa) modèle Pression (Pa) 8 104 6 104 liquide 4 104 gaz 2 104 0 30 40 50 60 70 80 90 100 Température (°C) • Expérience du bouillant de Franklin https://www.youtube.com/watch?v=nxAdQ_8tC1U 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 11/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 12/33 10.5.2 Représentation P, T Précisons quelques points importants : Comme le suggère l’expérience du bouillant de Franklin, la température d’ébullition de l’eau dépend de la pression. Il est donc possible de représenter dans un diagramme P, T les domaines d’existence des différentes phases d’un corps pur. En général, pour les corps (à l’exception de l’eau), le diagramme de phase P, T est de ce type : • Ce diagramme de phase est relatif à un composé pur dans une enceinte fermée et n’est pas valable pour un composé dans un bécher ouvert en contact avec l’atmosphère. • Pour tout point extérieur aux courbes, le système est monophasé : c’est le domaine d’existence de l’une des phases. Les paramètres P et T sont indépendants. La connaissance de T et de P détermine complètement l’état du corps pur. • Ligne de transition/d’équilibre : il y a équilibre de 2 phases en présence. Les paramètres P et T sont liés. La connaissance de P et T ne permet pas de déterminer complètement le système car on ne sait rien sur les proportions relatives des deux phases. La traversée d’une des lignes correspond à une transition. La ligne qui va de A → B sépare les phases liquide et gazeuse et correspond à la ligne de vaporisation. Celle-ci se termine au point triple au delà duquel on observe l’état supercritique. 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 13/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 14/33 Les lignes qui vont de C → A et A → D séparent la phase solide des phases gazeuse et liquide respectivement. Elle exprime également comment les températures de sublimation et de fusion d’un solide varient avec la pression. point, le corps pur est triphasé : les trois phases, liquide et gazeuse Variance La variance (dans sa version simple) correspond au nombre de paramètres intensifs indépendants définissant l’état d’un système ou que l’on peut imposer arbitrairement : • Point triple : coexistence des trois phases. En ce solide, 10.5.3 coexistent. Cette coexistence n’est donc possible que pour une seule valeur du couple (P,T). L’état liquide disparaît pour P < PPT ou pour T < TPT. Le point triple est caractéristique du corps pur étudié. v=c+2–ϕ avec : c : nombre de constituants/corps indépendants c = 2 dans le cas d’un mélange de 2 corps c = 1 en général pour un corps pur ϕ : nombre de phases présentes dans le système ϕ=1 sous forme vapeur ϕ=2 Pour l’eau TPT = 273.16 K = 0.01°C PPT = 6 mbar dans le cas d’un mélange de 2 corps dans le cas d’un mélange de 2 phases d’un même corps pur → Le point triple du Tert-Butyl Alcool ϕ=2 https://www.youtube.com/watch?v=BLRqpJN9zeA dans le cas d’un mélange de 2 phases de 2 corps ϕ=3 • Point critique : on est dans l’état fluide. dans le cas d’un mélange de 3 phases d’un même corps pur (ou de 2 corps) Les propriétés du liquide et de la vapeur sont identiques – impossible à distinguer les deux états Exemples : (même masse volumique – pas de séparation de • Pour un corps pur (c = 1) présent sous une seule phase par gravité ; même indice optique …). phase (ϕ = 1), la variance est égale à 2. La pression et la température définissent l’état du système. http://podcast.grenet.fr/episode/point-critique-du-sf6/ 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 15/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 16/33 • Pour un corps pur (c = 1) présent sous 2 phases (ϕ = Lors de la transformation entre la phase ϕ1 et la 2), la variance est égale à 1. On peut faire varier soit phase ϕ2, la chaleur échangée avec le milieu extérieur la pression, soit la température mais pas les deux QP est telle que : indépendamment. Sech = → on se déplace le long d’une ligne d’équilibre ou ligne de transition QP = H2 – H1 = ∆Hsys • Pour un corps pur (c = 1) présent simultanément sous 3 phases (ϕ = 3), la variance est égale à 0. P et T ont des valeurs parfaitement fixées, → point triple QP T0 soit : Sech = ∆Hsys T0 D’autre part, d’après le 1er principe : 10.6 Enthalpie libre et potentiel thermodynamique ∆U = W + QP = QP – P0ΔV Considérons un système évoluant à pression P0 et on suppose que W est limité au travail des forces de température T0 constantes, ce qui est le cas de pression nombreuses transformations ou réactions chimiques effectuées à l’air libre (à la pression atmosphérique). D’après le 2nd principe : ∆Ssys = Sech + Scréée ↓ P0 système avec Scréée = ∆Ssys – Sech ≥ 0 soit : Scréée = ∆Ssys – ∆Hsys ≥0 T0 en multipliant les 2 membres de l’inégalité par – T0 : – T0 Scréée = ∆Hsys – T0 ∆Ssys ≤ 0 ou encore : T0 (H2 – H1) – T0 (S2 – S1) ≤ 0 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 17/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 18/33 (H2 – T0 S2) – (H1 – T0 S1) ≤ 0 Notion de potentiel thermodynamique : On définit une nouvelle fonction d’état du système, En mécanique, on a défini la notion de potentiel : appelée enthalpie libre G (aussi appelée énergie • Potentiel gravitationnel libre de Gibbs) et telle que : Ep(r) = – G = H – TS = U + PV – TS GMm + Cte r Ep Dans ce cas, le 2nd principe de la thermodynamique r exprime le fait que lors d’une réaction à P et T fixées, l’enthalpie libre ne peut que décroître et est minimale à l’équilibre : • Potentiel électrostatique Ep(r) = ∆G = G2 – G1 ≤ 0 q1 q2 + Cte 4π ε0 r Ep Cette fonction d’état est très utilisée en Chimie pour déterminer dans quel sens doit avoir lieu une réaction r • Potentiel élastique d’un ressort chimique. Dans le cas (changement transformation d’une d’état) transformation à peut T être et P de phase constantes, considérée Ep(r) = 1 k (x – x0)2 + Cte 2 Ep la comme | x0 réversible. Dans ce cas : ∆G = G2 – G1 = 0 x Ces trois potentiels permettent de prévoir le sens de On parle alors d’équilibre de changement d’état. déplacement des corps et/ou de déterminer les positions d’équilibre. 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 19/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 20/33 En thermodynamique, le 2nd principe est associé à plusieurs potentiels permettant de définir le sens des transformations et les conditions d’équilibre : • Pour un système thermiquement isolé, susceptible d’échanger du travail avec l’extérieur, l’entropie S est le potentiel thermodynamique pertinent : 10.7 Conditions d’équilibre Nous allons nous intéresser à un corps pur présent sous deux phases et plus particulièrement aux conditions d’évolution et d’équilibre en utilisant l’enthalpie libre G. Soit un corps pur présent sous deux phases ϕ1 et ϕ2, dans un récipient maintenu à la température T et à S une pression P. Dans ce cas, l’enthalpie est une • Scréée = ∆Ssys ≥ 0 fonction extensive donc G = G1 + G2. • Équilibre pour S maximale On note n1 le nombre de mole de la phase ϕ1 et n2 le nombre de mole de la phase ϕ2 avec n1 + n2 = n. • Pour un système évoluant à température et pression constantes, l’enthalpie libre G est le potentiel thermodynamique pertinent : L’enthalpie totale du système est donc : G(P,T,n1) = n1 g1m + n2 g2m = n1 g1m + (n – n1) g2m = n1 (g1m – g2m) + n g2m où les gim représentent les enthalpies molaires : G gim = Gi/ni • ∆G = G2 – G1 ≤ 0 • Équilibre pour G minimale • Pour un système évoluant à température et volume constants, l’énergie libre F = U – T S est le potentiel thermodynamique pertinent. 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 21/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 22/33 • On suppose g1m > g2m aux conditions de pression et G passe par un minimum (2nd principe) avec n1 et n2 température fixées. Cela signifie que la phase ϕ2 est tous les deux non nuls. plus stable que la phases ϕ1. La phase ϕ1 correspond Ceci n’est possible que si g1m = g2m et dans ce cas, G à un état métastable (exemples du glaçon dans un est indépendant de n1. verre d’eau à T > 0°C à pression ambiante ou du • Cette situation d’équilibre peut être atteinte avec glaçon dans l’eau à T = – 0.5°C sous 100 atm comme des conditions (P, T) telles qu’on se situe alors sur représenté dans l’exemple ci-dessous). une courbe d’équilibre telle que définie au § 10.5.2. Dans ce cas, les courbes g1m(T) et g1m(T) et g1m = g2m. gm Teq ↓ g2m g1m 10.8 Relations de Clapeyron Considérons par exemple, le cas de la courbe de TA Teq TB T vaporisation et deux situations d’équilibre très proches (P,T) et (P + dP, T + dT) : Le système diphasé en "B" est dans des conditions "hors équilibre", il va évoluer dans le sens d’une diminution de l’enthalpie totale du système : L’équilibre sera atteint par l’appauvrissement de la phase dont l’enthalpie molaire est la plus élevée (ϕ1) jusqu’à disparition de cette phase au profit de la (P,T)• •(P+dP,T+dT) phase thermodynamiquement plus stable (le glaçon dans va fondre complètement). • Pour que le système soit à l’équilibre avec la coexistence des deux phases en présence, il faut que 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 23/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 24/33 Pour ces deux conditions d’équilibre, les enthalpies La condition dg1m = dg2m implique : molaires des phases ϕ1 et ϕ2 sont égales : v1mdP – s1mdT = v2mdP – s2mdT g1m(P,T) = g2m(P,T) ou encore : g1m(P+dP,T+dT) = g2m(P+dP,T+dT) dP s2m – s1m = dT v2m – v1m d’où : g1m(P+dP,T+dT) – g1m(P,T) = g2m(P+dP,T+dT) – g2m(P,T) en introduisant les différentielles totales des On peut exprimer cette relation en faisant intervenir les volumes et entropies massiques : dP s2 – s1 = dT v2 – v1 fonctions g1m et g2m : dg1m = g1m(P+dP,T+dT) – g1m(P,T) avec dg2m = g2m(P+dP,T+dT) – g2m(P,T) On en déduit que : Formule de Clapeyon vim = M vi Formule de Clapeyon et sim = M si (M : masse molaire) On peut exprimer la formule de Clapeyron en faisant dg1m = dg2m intervenir la chaleur latente massique : l1 → 2 s2 – s1 = ∆s1→2 = avec T = T1→2 T Or on sait que : dG = dU + d(PV) – d(TS) d'où : avec dU = T dS – P dV donc : dG = T dS – P dV + P dV + V dP – T dS – S dT dG = V dP – S dT dP l1 → 2 = dT T (v2 – v1) 10.9 On peut généraliser ce résultat aux enthalpies libres molaires différentielles dg1m et dg2m : Conséquences Nous allons regarder en détail les conséquences de la relation de Clapeyron sur les différents équilibres. dg1m = v1mdP – s1mdT dg2m = v2mdP – s2mdT 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 25/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 26/33 • Equilibre liquide/vapeur Il existe cependant une exception notable pour l’eau. - l’entropie massique du gaz est supérieure à celle du liquide : svap > sliq est plus grand que celui de l’eau liquide (la densité de - le volume massique du gaz est supérieure à celle du liquide : vvap > vliq dP → >0 dT → la pente de En effet, on sait que le volume massique de la glace la glace est inférieure à celle de l’eau). → glaçons qui flottent → bouteille remplie placée au congélateur qui explose la courbe de l’équilibre liquide/vapeur est toujours positive • Equilibre solide/vapeur - même raisonnement → la pente de la courbe de l’équilibre liquide/vapeur est toujours positive Pour l’eau : vsol > vliq ⇒ vsol – vliq > 0 ssol < sliq ⇒ ssol – sliq < 0 dP ssol – sliq = <0 dT vsol – vliq • Equilibre solide/liquide - la pente de la courbe de l’équilibre solide/liquide est toujours positive en général … Soit un glaçon à –5°C initialement à pression atmosphérique. On constate qu’il fond si on le compresse ! → expérience du regel de la glace http://www.canal-u.tv/video/science_en_cours/le_regel_de_la_glace_1990.131 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 27/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 28/33 10.10 Équilibre liquide – vapeur 10.10.2 Courbe de saturation 10.10.1 Pression de vapeur saturante Expérimentalement, lorsqu’on diminue à température constante le volume occupé par un corps pur gazeux 1 105 Pression mesurée (Pa) (CO2 par exemple), on observe le phénomène illustré modèle sur la figure ci-dessous : Pression (Pa) 8 104 6 104 liquide PS(T) 4 104 gaz 4 2 10 0 30 40 50 60 70 80 90 100 Température (°C) À la température T : - si P < PS(T), le corps pur est en phase gazeuse → vapeur sèche - si P > PS(T), le corps pur est en phase liquide → liquide saturant La pression de vapeur saturante PS(T) est la pression maximale d’une phase vapeur et minimale d’une phase liquide à la température T. figure empruntée à Nicolas Pavloff http://lptms.u-psud.fr/nicolas_pavloff/enseignement/thermodynamique/ 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 29/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 30/33 • Quand le volume spécifique est élevé, le fluide est On remarque que lorsque la température tend vers la dans l’état gazeux. La fonction P(V) suit l’isotherme. température critique, les volumes massiques de la On qualifie la vapeur de sèche vapeur et du liquide tendent à être égaux. Ils sont • Quand on diminue le volume du gaz jusqu’à atteindre le point B, la première goutte de liquide apparaît. Il y a condensation du gaz → point de rosée. égaux au point critique (C). 10.10.3 Proportion de chaque phase sur un palier Au point M, on a un mélange liquide + gaz. • Dans le domaine de volume spécifique compris entre vgaz(T) et vliq(T), il y a coexistence des deux types de fluides. La pression reste constante → palier. La masse totale du corps pur m se décompose en masse de liquide mliq et masse de gaz mgaz : Dans ce domaine, on a gliq(P,T) = ggaz(P,T) m = mliq + mgaz • Quand v diminue jusqu’en A, la dernière bulle de vapeur disparaît. On parle de liquide saturant. • On est en phase liquide, la pression augmente très rapidement car le liquide est xliq + xgaz = 1 Le volume total de fluide est : En faisant varier la température, on construit le lieu des points de transition gaz ↔ liquide. On définit la avec quasiment incompressible. ainsi La fraction massique de chaque phase est définie par : mliq mgaz xliq = et xgaz = m m courbe de saturation. Celle-ci est V = Vliq + Vgaz V = mliq vliq + mgaz vgaz où vliq et vgaz sont les volumes massiques respectifs des phases liquide et gazeuse composée de : - la courbe de rosée (gaz → liquide) - la courbe d’ébullition (liquide → gaz) 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 31/33 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 32/33 Le volume massique moyen v du mélange est : v= V mliq vliq + mgaz vgaz = m m v = xliq vliq + xgaz vgaz = xliq (vliq – vgaz) + vgaz d’où finalement : xliq = v – vgaz vgaz – v MB = = vliq – vgaz vgaz – vliq AB xliq = AM AB et règle des moments 1P003 – Chapitre 10 – Changements de phase 33/33
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