MAG | AVRIL 2015 ◊ NUMÉRO NEUF us | s les Agents de B u | Le journal de to CONTRE L’AUSTÉRITÉ E DI TO D’UNE SEULE VOIX, LE 9 AVRIL 2015, MOBILISONS NOUS AVEC LA CGT La politique d’austérité du gouvernement, relayée à la RAPT par la direction, dégrade notre qualité de vie, nos conditions de travail et la démocratie sociale. GEL DES SALAIRES, DÉNI DE DÉMOCRATIE SOCIALE, À LA RATP, TOUTES LES RAISONS DE COMBATTRE L’AUSTÉRITÉ d’un patronat qui n’a jamais été autant écouté par le gouvernement et s’inscrit pleinement dans le cadre des injonctions bruxelloises qui visent à faire de l’austérité et du tout-libéral le modèle unique de tout le continent. Les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) ont débouché cette année sur un gel des salaires à la RATP. Cette politique, comme en 2013 et 2014, s’appuie sur les politiques d’austérité imposées dans toute l’Europe aux travailleurs et à leurs familles. Elle est d’autant plus inadmissible au regard des excellents résultats de la RATP, 311 M€ de marge nette en 2014, en partie due à la dégradation des conditions de travail des Machinistes Receveurs. AUSTÉRITÉ À LA RATP À la RATP, la direction applique les consignes gouvernementales avec zèle : augmentation de la productivité (+1% par an), gel des salaires depuis 3 ans, baisse des effectifs (-700 emplois/an). L’augmentation de la maladie et l’inaptitude sont les conséquences directes de « cette belle santé ƒinancière », d’une entreprise dont la préoccupation devrait être de délivrer un service public de qualité aux millions de franciliens qui empruntent notre réseau. Il faut donc se mobiliser tous ensemble pour établir une politique salariale équitable, ambitieuse, durable, répondant aux besoins de tous, et particulièrement aux basses rémunérations. Il est grand temps que la direction de la RATP comprenne que ce ne sont pas les négociations annuelles qui sont obligatoires, mais leurs résultats, prenant en compte les propositions des organisations syndicales, reflet des diƒƒicultés des agents ! Avec la CGT, pour nos salaires, pour défendre notre statut, pour instituer un véritable dialogue social, nous serons dans la rue le 9 avril. ◊ Didier HURTEBIZE Secrétaire de la CGT-BUS LA LOI MACRON CONSTITUE UN RECUL SOCIAL MAJEUR ! 2013, ANI et CICE – 2014, pacte de responsabilité. 2015, le projet de loi Macron, adopté en février à l’Assemblée grâce à l’article 49.3, rassemblant une centaine de mesures antisociales. Les années se suivent et se ressemblent avec les politiques d’austérité et de récession sociale que mènent les gouvernements successifs sous la présidence Hollande. Pas de répit pour les salariés, pour leurs droits et leur pouvoir d’achat, le tsunami libéral continue de déverser ses mesures régressives déréglementant le monde du travail : son code mis à mal, l’affaiblissement de la justice prud’homale, le travail du dimanche et du soir, le recul des droits syndicaux, le droit de licenciement facilité pour les patrons, la dépénalisation du délit d’entrave ; la loi Macron n’est que la catalogue des revendications LA CGT PROPOSE : Pour sortir de la crise, la CGT se prononce pour une autre répartition des richesses afin d’investir dans des mesures sociales, pour une véritable relance de l’économie, pour des services publics accessibles à tous sur tout le territoire, pour une politique industrielle et énergétique créatrice de richesses et d’emplois, pour répondre à des priorités sociales. À la RATP, la CGT revendique une augmentation de 3% de la valeur du point pendant 6 ans. Cette mesure de rattrapage du pouvoir d’achat est largement finançable. Elle représente un quart des 311 millions d’euros de résultats nets accumulés en 2014 par la RATP grâce à notre travail. Nous revendiquons aussi : - un salaire minimum de 1700€ et la reconstruction de la grille sur cette base ; - le rétablissement de la pente d’échelons à 2% ; - la prise en charge de la cotisation mutuelle par la RATP ; - la prise en charge par l’entreprise du 1% solidarité ; - la gratuité des transports en IDF pour les actifs, retraités et leurs familles ; - l’ouverture de négociations pour les secondes parties de carrière pour l’ensemble des agents. OUI, LE PROGRÈS SOCIAL EST POSSIBLE AUJOURD’HUI ! À la RATP, la journée du 9 avril doit constituer une étape forte de mobilisation de tous les Agents. Dans chaque dépôt et dans la rue, nous devons nous faire entendre pour construire collectivement un autre avenir social et économique. POUVOIR D’ACHAT | page 3 Plus de pose pour les MR | page 2 LE PIÈGE DU TS Volontaires « obligés », les MR doivent travailler plus INTENSIFICATION DU TEMPS DE TRAVAIL La direction invente le temps de travail intégral 2 | numéro neuf - avril 2015 TOUJOURS RIEN POUR LES SALARIÉS CICE : ENCORE UN CADEAU AUX ACTIONNAIRES À la RATP comme ailleurs, le CICE rapporte à l’entreprise, mais ne crée pas d’emplois. A vec le CICE, Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi qui doit permettre aux entreprises d’investir et d’embaucher, les patrons et les actionnaires peuvent se frotter les mains. Les 20 milliards promis par le gouvernement sont accordés sous la forme de réductions d’impôt sur les sociétés ou de chèques remis à ces entreprises. Au total, 7 milliards d’euros ont été versés aux entreprises en 2013, et 10 milliards en 2014. Calculé en fonction de la masse salariale de l’entreprise, le CICE doit réduire le coût du travail de 4 % au titre de 2013 et de 6 % au titre de 2014, sur les salaires allant jusqu’à 2 800 euros nets par mois. Mais depuis sa mise en place, le CICE, qui n’est qu’un allégement déguisé de cotisations sociales patronales, ne produit pas les résultats escomptés. Ces effets sur l’emploi sont quasi inexistants. Comme le conƒirme une enquête INSEE, au moins un tiers des entreprises proƒitent du dispositif pour améliorer leurs marges et non pour investir, encore moins pour embaucher. À RATP DEV, le constat est le même. Le groupe RATP agit comme n’importe quelle autre entreprise. 5,1 millions de CICE pour 2014 pour RATP DEV et seulement 2 emplois créés. Comme le propose la CGT depuis des mois, il y a nécessité d’un suivi, d’un contrôle et d’une évaluation régulière du CICE, comme de l’ensemble des aides publiques octroyées aux entreprises. Car cellesci, dont la RATP, n’ont qu’un seul objectif que PLUS DE POSE POUR LES MR LA DIRECTION VEUT INTENSIFIER LE TEMPS DE TRAVAIL Comment faire toujours plus à bus sans embaucher, la direction invente le temps de travail intégral. 2015 sera encore une année décisive pour les conditions et le temps de travail à BUS. En effet, l’agenda social fourni par l’entreprise donne rendez-vous en audiences au premier semestre avec une réunion conclusive prévue au deuxième semestre. La direction avait déjà tenté en 2011 et 2013 de démonter nos conditions de travail qu’elle considère contraignantes pour augmenter le temps de travail. La mobilisation des agents avait empêché la direction de mener à bien son projet destructeur. Depuis, le directeur du département BUS, comme il ne peut pas augmenter le temps de travail, dit qu’il va donc remplir notre journée. Nous sommes donc encore dans l’intensification du temps de travail. Comment cela va-t-il se décliner? Cela commence par la casse des roulement sur la commande de service avec une plage horaire d’une durée de 6h41 tous les jours afin de respecter l’annualisation du temps de travail que l’entreprise n’a pas remisé au placard. Le machiniste pourra donc rouler dans la journée sur 3 ou 4 lignes différentes, en sautant d’une voiture à l’autre, aƒin de remplir ces 6h41. C’est la ƒin des décalages de construction et surtout la fin des battements puisque, le directeur du département l’a dit ; « Ce n’est pas l’agent qui a besoin d’un temps de régulation, mais la voiture ». La CGT-BUS apporte une autre solution, plus progressiste, à ce nouveau déƒi de la direction. À l’heure où la barre des 5 millions de privés d’emploi est largement dépassée, et que dans le même temps les Machinistes souffrent de l’intensiƒication de leur travail, il est grand temps et indispensable de le partager. C’est pourquoi la CGT propose une réduction du temps de travail, garantissant un TM avec une moyenne de 6h30 toute l’année et une grille de 128 repos qui serait attachée au TM et non à l’individu. Cela permettra l’embauche de 1000 machinistes, une baisse des risques psycho-sociaux et la couverture de tous les services dans de bonnes conditions de travail. Avec les 35h, ensemble nous avons obtenu le passage de 104 à 121 repos et l’embauche de plus 1500 Machinistes, notre avenir nous appartient. celui d’augmenter leurs marges, alors que le vrai problème de l’économie française en la matière réside dans l’insuffisance de moyens pour la recherche-développement et l’emploi qui en découle. De plus, le CICE incitera les entreprises à développer des politiques de bas salaires puisque ce sont les secteurs dont la distribution des salaires est plus centrée vers des rémunérations moins élevées qui bénéficient le plus du crédit d’impôts. Au final, le CICE s’avère être un dispositif trop coûteux ayant des effets néfastes sur les salaires et donc le pouvoir d’achat, la croissance et les emplois. Ces 20 milliards supplémentaires alourdissent la dette de l’Etat et viennent s’ajouter aux 180 milliards déjà distribués par la puissance publique aux entreprises. avril 2015 - numéro neuf | 3 LE PRIX DU BEURRE DANS LES ÉPINARDS LE PIÈGE DU TS 0% d’augmentation en 2015, les salaires stagnent à la ratp, les machinistes sont toujours plus tentés d’accepter du TS pour « faire bouillir la marmite ». L e 5 mars dernier, les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) ont débouché sur un zéro pointé d’augmentation du salaire statutaire, la direction se réfugiant sur la progression des rémunérations à la RATP de 2,2% pour 2014. La direction a refusé de parler de l’augmentation de la valeur du point. Pour la CGT, le compte n’y est pas. Cette augmentation moyenne des rémunérations cache une réalité beaucoup moins glorieuse et des disparités importantes. En plus le fruit de primes arrachées pour les salariés lors de réorganisations de service par des « partenaires sociaux » ,venant compenser une dégradation des conditions de travail, les rémunérations progressent certes, mais à quel prix : celui des suppressions de postes ! À BUS, les salaires n’ont guère évolué depuis 3 ans, et le pouvoir d’achat des MR est en baisse. Cet état de fait, qui ne s’arrangera pas avec le 0% d’augmentation imposé par la direction pour 2015, va obliger les MR à répondre aux sollicitations de Temps Supplémentaire (TS). La direction crée les mécanismes de cette politique salariale justement pour cela. Elle s’assure par la modé- ration salariale, des « volontaires » encore plus malléables, pour remplir sa mission de Service Public, sans avoir à embaucher. Sans ces « volontaires », la RATP serait bien en peine de couvrir tous les services. Les MR doivent être lucides sur la cohérence de la politique de la direction qui déstructure le métier et les contraint par la dégradation de leurs conditions de travail, tout en augmentant la productivité, comme nous le montre la variation des chiffres du TS généré en h/ agent : TOTAL TS : 2013 = 77,9 / 2014 = 91,5 DONT REPOS/TRAVAIL EN S : 2013 = 15,1 / 2014 = 26,6 DONT BOUT DE SERVICE EN S : 2013 = 8,9 / 2014 = 11,2 Le TS représentant 1 500€ en moyenne par an et par Machiniste. Le piège du TS « facile » se referme alors sur beaucoup de collègues, qui « se payent » un certain niveau de vie, les habituant au fil du temps à accepter de travailler toujours plus. Le TS, qui ne devrait pas être la norme dans l’organisation d’une entreprise publique de Service Public, devient aujourd’hui une arme managériale pour la direction et une obligation, notamment pour les nouveaux entrants, pressés par la hiérarchie. Car, si l’avantage ƒinancier paraît immédiat et facile, les inconvénients se répercutent dans la durée. En début de carrière, on a plus d’énergie, mais est-ce pour cela qu’il faut vendre ses repos, chèrement acquis par les luttes des Anciens ? La carrière est longue et le rythme de vie d’un MR ne se calcule pas sur quelques années, mais sur 27 ans minimum. La situation familiale peut évoluer et on a envie de s’occuper des enfants, de les voir grandir. La disponibilité et la santé d’un MR n’est pas la même à 45 ans qu’à 25 ans. Au fil des ans, ce métier dur et contraignant ne fait pas de cadeaux et beaucoup brulent leur santé et leur vie de famille, en acceptant « tout » des directions locales. Et ce n’est certainement pas auprès de ceux qui l’ont « mis dans le rouge » que le MR pourra trouver de l’aide quand il sera en difficulté ou malade, les exemples sont malheureusement très nombreux. Bien entendu, le TS ne rentre pas en ligne de compte dans le calcul de la retraite. Pour la CGT, les augmentations générales du salaire statutaire sont primordiales car elles garantissent un niveau de rémunération correcte, sans être obligé d’aller chercher une rémunération, par plus de travail et plus de casse des collectifs. « Les agents en station B1 sont les petits salaires du département Métro. Beaucoup de collègues, de nombreuses femmes en situation de famille monoparentale, n’arrivent pas à joindre les 2 bouts en ƒin de mois et se trouvent en grande diƒƒiculté. Nous avons besoin que les salaires soient revalorisés régulièrement, d’autant plus que nous n’avons pas de mesures catégorielles permettant de compenser l’absence d’augmentation du salaire statutaire. Les Agents du Métro ne comprennent pas que, grâce à leur travail, l’entreprise obtient de bons résultats et ne redistribue rien à ses salariés. Les salaires doivent progresser dans le cadre de la valeur du point pour tout le monde. C’est important pour les actifs, mais aussi pour avoir une meilleure base de calcul pour notre retraite. Pour notre catégorie, ce 0% d’augmentation est scandaleux et insultant et nous devons répondre collectivement à ce que nous considérons comme une provocation de la direction ». Frédéric, animateur agent mobile sur la ligne 5 du métro LA PAROLE AUX MACHINISTES À ASNIÈRES, LE GEL DES SALAIRES NE PASSE PAS Manque d’argent, pouvoir d’achat en berne, sous effectifs, les MR d’Asnières parlent de leurs difficultés «L e café de la CGT, il est rouge et solidaire ». 5 heures du matin au dépôt d’Asnières, l’HIS sent bon la camaraderie et les MR se pressent autour des gâteaux préparés par les camarades de la section. Fraichement élu au CDEP et trésorier de cette instance, il tient à garder un pied au dépôt. « Il n’y a pas mieux que les discussions avec les copains pour comprendre leur réalité ». La discussion du jour est animée et porte sur l’annonce du départ du Président de la RATP. Mohammed, le smartphone à la main, commente l’article du Monde.fr : « Pierre Mongin quitte la RATP car il se trouve mal payé. Avec 300 000€ par an ! Que dirait-il s’il avait notre salaire ? On est tous comme Mr Mongin, on a besoin d’argent, nous encore plus». Un Machiniste lance, sur un ton ironique : « c’est parce qu’il a gelé les salaires pour 2015, qu’il quitte la RATP ». Le gel des salaires ne passe pas chez les MR. Pour Hicham : « Vu le coût de la vie et le taux d’inflation, je ne m’en sors plus, je suis comme tout le monde, je vis sur le découvert. Ce 0% d’augmentation, ce n’est pas normal. La direction n’écoute pas ses agents ». Et Badou de renché- rir : « On se fout de nous. Il n’y a que les difficultés qui augmentent, on est tous dans des problèmes financiers, on n’est pas les plus mal lotis, mais on fait partie d’une classe moyenne qui est matraquée. Je suis désabusé, fatigué moralement. Pourtant personnellement, j’ai de la chance. J’ai une femme qui travaille, une petite fille adorable, une maison. Je pensais que ma situation professionnelle et familiale me mettrait à l’abri de certaines choses, ce n’est pas le cas. Il serait temps de prendre en compte réellement la situation des salariés ». Même constat pour Cécile : « On n’est pas payé à notre juste valeur. Tout augmente et le salaire stagne, c’est une injustice. Vu ma situation de famille monoparentale, si je pouvais, je ferais un peu de TS car les fins de mois sont très extrêmement difficiles, mais ce n’est pas une solution non plus, il faudrait revoir les salaires et les augmenter. Entre le logement et la nourrice, et le peu d’aide qu’on m’accorde, je ne m’en sors pas Olivier connaît bien les problèmes fƒnan- ciers récurrents qui pourrissent la vie de ses collègues. Pour lui, cette modération salariale est une arme pour obliger les Machinistes à faire toujours plus de TS : « À Asnières, on ressent ce manque d’argent chez les MR. À la CGT, on ne fustige pas les Agents qui font du TS, car c’est le seul moyen qu’ils ont pour compenser leur perte de pouvoir d’achat et avoir rapidement du cash. » La direction l’a bien compris et organise le système autour de ça. « Elle s’y retrouve, le TS lui coûte moins cher à l’arrivée que des embauches. Moins de création d’emplois statutaires, c’est moins de gestion et moins de cotisations sociales ». Mais c’est piégeant pour les MR, le TS n’étant pas pris en compte pour le calcul de la retraite, ni pour les jours de maladie. « J’ai l’exemple de collègues malades, obligés de reprendre le boulot en mauvaise santé, car ils doivent payés leurs impôts calculés sur l’ensemble des rémunérations, TS compris. C’est une perte nette de salaire ». Sans compter l’accumulation de la fa- tigue qui met en danger la santé des Machinistes. Le TS est une des causes de l’explosion de l’absentéisme à Bus, dont la moyenne par Agent et par an est passée de 11,8 jours en 2010 à 16,9 jours en 2014, soit 50% d’augmentation en 4 ans. Badou, lucide, confirme ces statistiques: « Je fais beaucoup de TS, mais ça me nuit. ça accentue la fatigue, ça nuit à la vie, mais on est plus qu’obligé d’en faire, tout en sachant qu’on participe à la dégradation de nos conditions de travail et au blocage du recrutement ». Pour Olivier, il manque 1 000 Machinistes à BUS : « Le TS, bien sûr on a besoin d’en faire ponctuellement pour aider l’entreprise, par exemple pour la mise en place d’une ligne de tram, car nous sommes au service des usagers. Mais là, c’est devenu un outil qui sert aux hiérarchies locales comme levier de management qui compte aussi pour l’avancement. Le 9 avril, c’est l’occasion de taper du poing sur la table, il faut arrêter de courber l’échine. Les Machinistes souffrent bien d’une baisse de pouvoir d’achat. À la CGT, nous avons un nouveau Secrétaire Général, Philippe Martinez, et des vraies orientations sur les salaires et le temps de travail. À nous de jouer ». 4 | numéro neuf - avril 2015 PROSPÉRITÉ POUR L’ENTREPRISE, AUSTÉRITÉ POUR LES AGENTS INTERVIEW : POUR JACQUES ELIEZ, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’UNION CGT-RATP, LES SALARIÉS DOIVENT INTERVENIR — Ce nouveau contrat STIF est soumis, comme le précédent, au cadre législatif européen. Va-t-il être un contrat marqué du sceau de l’austérité ? Nous sommes à la CGT, très critiques vis à vis des politiques convergentes menées par les états au plan européen. Nous contestons ces normes d’austérité et l’idée que la dépense publique serait malsaine. Nous considérons que les dépenses publique et sociale sont des facteurs de sécurisation pour les salariés. La CGT combat ce dogme de l’austérité qui n’est pas une solution à la crise, mais qui nous y enfonce un peu plus chaque jour, comme nous le montrent les exemples grecs et espagnols qui ont subi des politiques d’austérité extrêmes. Mais ce n’est pas l’Europe qui conduit la direction de la RATP et la Région IDF à avoir une politique de productivité et de pression sur les effectifs. Il y a une clause de productivité dans le contrat, que nous dé- nonçons. C’est hallucinant que le Conseil Régional, qui achète des prestations à la RATP, s’immisce dans la vie de l’entreprise et exige une hausse de la productivité d’1% par an, en clair un retour d’investissements sur le dos des Agents RATP. Si l’entreprise publique dégage des marges, elles doivent servir aux investissements, à leur amortissement, à l’embauche de salariés et à l’augmentation des salaires à la RATP. Quelque soit le taux de productivité imposé, il n’a pas lieu d’être inscrit dans le contrat. Pour autant la productivité n’est pas un sujet tabou à la CGT. Celle liée à la modernisation de l’outil de travail, aux nouveaux matériels, aux avancées technologiques, peut faire évoluer dans le bons sens la performance et l’efficacité du service public et nous y sommes favorables si ce n’est pas fait au détriment de l’emploi, des compétences et des qualifications. Par contre, la productivité qui détruit des emplois (700 chaque année à la RATP), qui détruit les conditions de travail ou qui gèle les salaires comme cela se passe depuis 3 ans, est intolérable et ne concoure pas à l’amélioration de la qualité du service rendu à la population francilienne. Dans les prochaines semaines, nous allons nous faire entendre et communiquer au STIF et à l’ensemble des groupes politiques de la région Ile-de-France un apport contributif qui donnera notre avis sur l’ensemble des éléments du contrat, que ça soit le niveau de service et sa régularité, et bien sûr le volet social comme les conditions de travail. C’est un travail syndical important que fait la CGT-RATP. — Les demandes de productivité du STIF et la politique de la direction est-elle compatible avec le statut de la RATP et celui des Agents ? Le statut d’EPIC et celui du personnel, qui sont deux choses distinctes, mais qui sont liées, sont loin d’être incompatibles avec les exigences de qualité du STIF et aux besoins de transport de la population, car à l’arrivée, c’est ce qui compte le plus. Nous avons un désaccord de fond sur ce point avec la direction. Faut-il faire du résultat net pour investir dans les filiales en France et à l’étranger ou répondre aux besoins exponentiels exprimés par les collectivités locales et les populations. Nous voyons le succès des nouveaux modes de transport, le développement du tram, le redéploiement du BUS, l’extension des lignes de métro. Ce sont 10 millions de voyageurs par jour qui empruntent le réseau RATP avec un niveau de qualité et de sécurité et de confort de transport que seul le service public est en capacité de mettre en œuvre. Si on est à la recherche du résultat ƒinancier, on néglige les investissements, la sécurité, la régularité et le confort des voyageurs. Il n’y a donc pas d’antagonisme entre le statut d’EPIC de la RATP, le statut des Agents et sa mission de service public, bien au contraire. Au vu des résultats de 2014, la RATP réalise 4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaire, dégage une capacité d’autoƒinacement d’un milliard, investit 6 milliards sur 4 ans. Avec l’ensemble de ces indicateurs, la RATP dégage 311 millions de résultats nets avec un niveau d’amortissements inégalés. C’est la démonstration économique que le statut d’entreprise nationale de service public et le statut du personnel sont performants. La protection sociale des salariés de la RATP, par exemple, n’est pas un boulet, mais un avantage concurrentiel qui permet à la RATP d’avoir un taux d’absentéisme inférieur à celui de la profession, comme le statut protecteur des Agents est aussi un élément de dynamisme de la Régie. La remise en cause de ces statuts ne s’appuie donc pas sur une réalité économique, mais bien sur un dogmatisme libéral, c’est un combat politique. — Malgré ces résultats excellents, les NAO ont débouché sur un gel des salaires imposé par la direction. Les Négociations Annuelles Obligatoires sont en 2015 LE RASSEMBLEMENT DES SALARIÉS DANS LA LUTTE MÈNE À LA VICTOIRE 5 semaines de grève sur le site Sanoƒi de Sisteron, c’est ce qu’il aura fallu pour que leur direction entende les revendications des salariés qui revendiquaient une revalorisation de leur salaire, mais aussi des embauches et l’investissement dans de nouveaux équipements, indispensables au développement et à la pérennité du site. La CGT et les salariés n’ont rien lâché et récoltent au ƒinal les fruits de la lutte : 80€ de prime de poste par mois rétroactive au 1er janvier 2015, 3 embauches et la garantie d’investissement pour un nouvel incinérateur. Partout en France, les mouvements sociaux fleurissent au moment des NAO, comme à Carrefour Market, où la CGT mobilise chaque semaine de plus en plus de salariés dans des débrayages, et réclame un salaire minimum à 1700€ et 5% d’augmentation pour 2015. « La direction ne voulait pas entendre parler d’une augmentation supérieure à l’inflation, soit 0,1 %, elle a ƒinalement donné 0,5%. Le compte n’y est pas encore, mais cela montre que, quand les salariés luttent, ils font bouger les choses », rappelle Fatiha Challal, déléguée syndicale centrale CGT à Carrefour Market. une farce. La direction n’a rien négocié, sa proposition de base était 0, à l’arrivée, c’est toujours 0. La direction trompe les salariés en parlant de rémunération et non des salaires. Le salaire statutaire, donc la valeur du point, est gelé. La direction ne veut pas en entendre parler, arguant que les rémunérations ont augmenté de 2,2%. En fait, elle individualise les rémunérations qui englobent le salaire statutaire et les primes liées aux pénibilités. Elle oppose par sa politique salariale les catégories entre elles et se sert de l’élément financier du volet social pour faire passer les réorganisations de tous les secteurs de l’entreprise et au final dégrader partout les conditions de travail. De plus, beaucoup de primes ne financent pas la protection sociale et ne comptent pas pour la retraite. La RATP se porte bien grâce au travail de ses salariés. Ils en attendent aujourd’hui un retour. La CGT-RATP a déposé un préavis de grève pour le 9 avril prochain, donnant aux salariés la possibilité d’intervenir, de faire entendre leur mécontentement sur ce gel des salaires et aussi de porter une alternative à la politique sociale menée par l’entreprise, avec une augmentation générale des salaires, l’arrêt des suppressions de postes et le rétablissement de bonnes conditions de travail. LE FIL ROUGE MAG DIRECTEUR DE LA PUBLICATION | CYRILLE BROWN TEXTES ET PHOTOS | CGT BUS CONCEPTION GRAPHIQUE ET MAQUETTE | BICEPS/ALEXANDRINE LECLÈRE — IMPRIMÉ EN FRANCE PAR HÉLIO CORBEIL / NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE / LE NOUVEAU CONTRAT STIF SE NÉGOCIERA EN 2015, entre la RATP et la région IDF. Les salariés et les organisations syndicales sont les grands absents de cette négociation. Ce contrat détermine 90% de l’activité de l’EPIC RATP, il touche donc le quotidien des salariés. Pour le précédent contrat, en 2011, la CGT avait interpellé les politiques au niveau régional pour, qu’avant de prendre les arbitrages et les décisions sur ce contrat, ils soient éclairés d’une réflexion des organisations syndicales. La CGT avait donc été auditionné par la Commission « démocratisation du STIF » présidée par Laurence Cohen et avait pu, pour la première fois, faire insérer dans le contrat des normes sociales, environnementales et éthiques. Mais celles-ci sont les seuls éléments du contrat STIF à ne pas faire l’objet d’indicateurs et d’objectivation, l’aspect social n’est donc pas contrôlé et mesuré. C’est un élément d’insatisfaction, tout comme la durée du contrat, trop court pour la CGT qui souhaite, pour le prochain contrat, que ces normes sociales fassent l’objet d’indicateurs et d’évaluation. E C HO S E T T U L S E D
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