Fil Rouge MAG N°9 PDF

MAG
| AVRIL 2015
◊ NUMÉRO NEUF
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| Le journal de to
CONTRE L’AUSTÉRITÉ
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TO
D’UNE SEULE VOIX, LE 9 AVRIL 2015,
MOBILISONS NOUS AVEC LA CGT
La politique d’austérité du gouvernement, relayée à la
RAPT par la direction, dégrade notre qualité de vie,
nos conditions de travail et la démocratie sociale.
GEL DES SALAIRES, DÉNI DE
DÉMOCRATIE SOCIALE,
À LA RATP, TOUTES LES RAISONS DE
COMBATTRE L’AUSTÉRITÉ
d’un patronat qui n’a jamais été autant écouté par le
gouvernement et s’inscrit pleinement dans le cadre des
injonctions bruxelloises qui visent à faire de l’austérité
et du tout-libéral le modèle unique de tout le continent.
Les Négociations Annuelles
Obligatoires (NAO) ont débouché
cette année sur un gel des
salaires à la RATP. Cette politique,
comme en 2013 et 2014, s’appuie
sur les politiques d’austérité
imposées dans toute l’Europe aux
travailleurs et à leurs familles.
Elle est d’autant plus inadmissible
au regard des excellents résultats
de la RATP, 311 M€ de marge
nette en 2014, en partie due à la
dégradation des conditions de
travail des Machinistes Receveurs.
AUSTÉRITÉ À LA RATP
À la RATP, la direction applique les consignes gouvernementales avec zèle : augmentation de la productivité
(+1% par an), gel des salaires depuis 3 ans, baisse des
effectifs (-700 emplois/an).
L’augmentation de la maladie et
l’inaptitude sont les conséquences
directes de « cette belle santé
ƒinancière », d’une entreprise
dont la préoccupation devrait être
de délivrer un service public de
qualité aux millions de franciliens
qui empruntent notre réseau.
Il faut donc se mobiliser tous
ensemble pour établir une
politique salariale équitable,
ambitieuse, durable, répondant
aux besoins de tous, et
particulièrement aux basses
rémunérations.
Il est grand temps que la direction
de la RATP comprenne que ce
ne sont pas les négociations
annuelles qui sont obligatoires,
mais leurs résultats, prenant
en compte les propositions des
organisations syndicales, reflet
des diƒƒicultés des agents !
Avec la CGT, pour nos salaires,
pour défendre notre statut, pour
instituer un véritable dialogue
social, nous serons dans la rue
le 9 avril.
◊ Didier HURTEBIZE
Secrétaire de la CGT-BUS
LA LOI MACRON CONSTITUE UN RECUL SOCIAL MAJEUR !
2013, ANI et CICE – 2014, pacte de responsabilité. 2015,
le projet de loi Macron, adopté en février à l’Assemblée grâce à l’article 49.3, rassemblant une centaine
de mesures antisociales. Les années se suivent et se
ressemblent avec les politiques d’austérité et de récession sociale que mènent les gouvernements successifs sous la présidence Hollande. Pas de répit pour
les salariés, pour leurs droits et leur pouvoir d’achat,
le tsunami libéral continue de déverser ses mesures
régressives déréglementant le monde du travail : son
code mis à mal, l’affaiblissement de la justice prud’homale, le travail du dimanche et du soir, le recul des
droits syndicaux, le droit de licenciement facilité pour
les patrons, la dépénalisation du délit d’entrave ; la
loi Macron n’est que la catalogue des revendications
LA CGT PROPOSE :
Pour sortir de la crise, la CGT se prononce pour une
autre répartition des richesses afin d’investir dans des
mesures sociales, pour une véritable relance de l’économie, pour des services publics accessibles à tous
sur tout le territoire, pour une politique industrielle et
énergétique créatrice de richesses et d’emplois, pour
répondre à des priorités sociales.
À la RATP, la CGT revendique une augmentation de 3%
de la valeur du point pendant 6 ans. Cette mesure de
rattrapage du pouvoir d’achat est largement finançable. Elle représente un quart des 311 millions d’euros
de résultats nets accumulés en 2014 par la RATP grâce
à notre travail.
Nous revendiquons aussi :
- un salaire minimum de 1700€ et la reconstruction de la
grille sur cette base ;
- le rétablissement de la pente d’échelons à 2% ;
- la prise en charge de la cotisation mutuelle par
la RATP ;
- la prise en charge par l’entreprise du 1% solidarité ;
- la gratuité des transports en IDF pour les actifs,
retraités et leurs familles ;
- l’ouverture de négociations pour les secondes parties
de carrière pour l’ensemble des agents.
OUI, LE PROGRÈS SOCIAL EST POSSIBLE
AUJOURD’HUI !
À la RATP, la journée du 9 avril
doit constituer une étape forte de
mobilisation de tous les Agents.
Dans chaque dépôt et dans la rue,
nous devons nous faire entendre pour
construire collectivement un autre
avenir social et économique.
POUVOIR D’ACHAT | page 3
Plus de pose pour les MR | page 2
LE PIÈGE DU TS
Volontaires « obligés »,
les MR doivent travailler plus
INTENSIFICATION DU TEMPS
DE TRAVAIL
La direction invente le temps
de travail intégral
2 | numéro neuf - avril 2015
TOUJOURS RIEN POUR LES SALARIÉS
CICE :
ENCORE UN CADEAU
AUX ACTIONNAIRES
À la RATP comme ailleurs, le CICE
rapporte à l’entreprise, mais ne
crée pas d’emplois.
A
vec le CICE, Crédit d’Impôt pour la
Compétitivité et l’Emploi qui doit
permettre aux entreprises d’investir
et d’embaucher, les patrons et les
actionnaires peuvent se frotter les
mains. Les 20 milliards promis par le gouvernement sont accordés sous la forme de réductions
d’impôt sur les sociétés ou de chèques remis à
ces entreprises. Au total, 7 milliards d’euros ont
été versés aux entreprises en 2013, et 10 milliards en 2014. Calculé en fonction de la masse
salariale de l’entreprise, le CICE doit réduire le
coût du travail de 4 % au titre de 2013 et de 6 %
au titre de 2014, sur les salaires allant jusqu’à
2 800 euros nets par mois. Mais depuis sa mise
en place, le CICE, qui n’est qu’un allégement
déguisé de cotisations sociales patronales, ne
produit pas les résultats escomptés. Ces effets
sur l’emploi sont quasi inexistants. Comme le
conƒirme une enquête INSEE, au moins un tiers
des entreprises proƒitent du dispositif pour améliorer leurs marges et non pour investir, encore
moins pour embaucher.
À RATP DEV, le constat est le même. Le groupe
RATP agit comme n’importe quelle autre entreprise. 5,1 millions de CICE pour 2014 pour RATP
DEV et seulement 2 emplois créés. Comme le
propose la CGT depuis des mois, il y a nécessité
d’un suivi, d’un contrôle et d’une évaluation régulière du CICE, comme de l’ensemble des aides
publiques octroyées aux entreprises. Car cellesci, dont la RATP, n’ont qu’un seul objectif que
PLUS DE POSE POUR LES MR
LA DIRECTION VEUT
INTENSIFIER LE TEMPS
DE TRAVAIL
Comment faire toujours plus à bus sans
embaucher, la direction invente le temps de
travail intégral.
2015
sera encore une année décisive pour les conditions et le temps
de travail à BUS. En effet, l’agenda social fourni par l’entreprise
donne rendez-vous en audiences au premier semestre avec
une réunion conclusive prévue au deuxième semestre. La
direction avait déjà tenté en 2011 et 2013 de démonter nos conditions de travail qu’elle
considère contraignantes pour augmenter le temps de travail. La mobilisation des agents
avait empêché la direction de mener à bien son projet destructeur. Depuis, le directeur
du département BUS, comme il ne peut pas augmenter le temps de travail, dit qu’il va
donc remplir notre journée. Nous sommes donc encore dans l’intensification du temps de
travail. Comment cela va-t-il se décliner? Cela commence par la casse des roulement sur
la commande de service avec une plage horaire d’une durée de 6h41 tous les jours afin de
respecter l’annualisation du temps de travail que l’entreprise n’a pas remisé au placard.
Le machiniste pourra donc rouler dans la journée sur 3 ou 4 lignes différentes, en sautant
d’une voiture à l’autre, aƒin de remplir ces 6h41. C’est la ƒin des décalages de construction
et surtout la fin des battements puisque, le directeur du département l’a dit ; « Ce n’est
pas l’agent qui a besoin d’un temps de régulation, mais la voiture ».
La CGT-BUS apporte une autre solution, plus progressiste, à ce nouveau déƒi de la
direction. À l’heure où la barre des 5 millions de privés d’emploi est largement dépassée,
et que dans le même temps les Machinistes souffrent de l’intensiƒication de leur travail,
il est grand temps et indispensable de le partager. C’est pourquoi la CGT propose une
réduction du temps de travail, garantissant un TM avec une moyenne de 6h30 toute
l’année et une grille de 128 repos qui serait attachée au TM et non à l’individu. Cela
permettra l’embauche de 1000 machinistes, une baisse des risques psycho-sociaux et
la couverture de tous les services dans de bonnes conditions de travail. Avec les 35h,
ensemble nous avons obtenu le passage de 104 à 121 repos et l’embauche de plus 1500
Machinistes, notre avenir nous appartient.
celui d’augmenter leurs marges, alors que le
vrai problème de l’économie française en la matière réside dans l’insuffisance de moyens pour
la recherche-développement et l’emploi qui en
découle. De plus, le CICE incitera les entreprises
à développer des politiques de bas salaires
puisque ce sont les secteurs dont la distribution
des salaires est plus centrée vers des rémunérations moins élevées qui bénéficient le plus du
crédit d’impôts. Au final, le CICE s’avère être un
dispositif trop coûteux ayant des effets néfastes
sur les salaires et donc le pouvoir d’achat, la
croissance et les emplois. Ces 20 milliards supplémentaires alourdissent la dette de l’Etat et
viennent s’ajouter aux 180 milliards déjà distribués par la puissance publique aux entreprises.
avril 2015 - numéro neuf | 3
LE PRIX DU BEURRE DANS LES ÉPINARDS
LE PIÈGE DU TS
0% d’augmentation en 2015, les salaires stagnent à la ratp, les machinistes
sont toujours plus tentés d’accepter du TS pour « faire bouillir la marmite ».
L
e 5 mars dernier, les Négociations
Annuelles Obligatoires (NAO) ont
débouché sur un zéro pointé d’augmentation du salaire statutaire, la
direction se réfugiant sur la progression des rémunérations à la
RATP de 2,2% pour 2014. La direction a refusé
de parler de l’augmentation de la valeur du
point.
Pour la CGT, le compte n’y est pas. Cette
augmentation moyenne des rémunérations
cache une réalité beaucoup moins glorieuse et des disparités importantes. En plus
le fruit de primes arrachées pour les salariés
lors de réorganisations de service par des
« partenaires sociaux » ,venant compenser une dégradation des conditions de travail, les rémunérations progressent certes,
mais à quel prix : celui des suppressions de
postes !
À BUS, les salaires n’ont guère évolué depuis 3 ans, et le pouvoir d’achat des MR est
en baisse. Cet état de fait, qui ne s’arrangera pas avec le 0% d’augmentation imposé par la direction pour 2015, va obliger les
MR à répondre aux sollicitations de Temps
Supplémentaire (TS). La direction crée les
mécanismes de cette politique salariale justement pour cela. Elle s’assure par la modé-
ration salariale, des « volontaires » encore
plus malléables, pour remplir sa mission de
Service Public, sans avoir à embaucher.
Sans ces « volontaires », la RATP serait bien
en peine de couvrir tous les services. Les MR
doivent être lucides sur la cohérence de la
politique de la direction qui déstructure le
métier et les contraint par la dégradation de
leurs conditions de travail, tout en augmentant la productivité, comme nous le montre
la variation des chiffres du TS généré en h/
agent :
TOTAL TS : 2013 = 77,9
/
2014 = 91,5
DONT REPOS/TRAVAIL EN S :
2013 = 15,1
/
2014 = 26,6
DONT BOUT DE SERVICE EN S :
2013 = 8,9
/
2014 = 11,2
Le TS représentant 1 500€ en moyenne par
an et par Machiniste.
Le piège du TS « facile » se referme alors sur
beaucoup de collègues, qui « se payent » un
certain niveau de vie, les habituant au fil du
temps à accepter de travailler toujours plus.
Le TS, qui ne devrait pas être la norme dans
l’organisation d’une entreprise publique
de Service Public, devient aujourd’hui une
arme managériale pour la direction et une
obligation, notamment pour les nouveaux
entrants, pressés par la hiérarchie. Car, si
l’avantage ƒinancier paraît immédiat et facile, les inconvénients se répercutent dans
la durée. En début de carrière, on a plus
d’énergie, mais est-ce pour cela qu’il faut
vendre ses repos, chèrement acquis par les
luttes des Anciens ? La carrière est longue et
le rythme de vie d’un MR ne se calcule pas
sur quelques années, mais sur 27 ans minimum. La situation familiale peut évoluer et
on a envie de s’occuper des enfants, de les
voir grandir. La disponibilité et la santé d’un
MR n’est pas la même à 45 ans qu’à 25 ans.
Au fil des ans, ce métier dur et contraignant
ne fait pas de cadeaux et beaucoup brulent
leur santé et leur vie de famille, en acceptant « tout » des directions locales. Et ce
n’est certainement pas auprès de ceux qui
l’ont « mis dans le rouge » que le MR pourra
trouver de l’aide quand il sera en difficulté
ou malade, les exemples sont malheureusement très nombreux. Bien entendu, le TS ne
rentre pas en ligne de compte dans le calcul
de la retraite.
Pour la CGT, les augmentations générales
du salaire statutaire sont primordiales car
elles garantissent un niveau de rémunération correcte, sans être obligé d’aller chercher une rémunération, par plus de travail et
plus de casse des collectifs.
« Les agents
en station B1
sont les petits
salaires du
département
Métro.
Beaucoup de
collègues, de nombreuses
femmes en situation de
famille monoparentale,
n’arrivent pas à joindre
les 2 bouts en ƒin de
mois et se trouvent en
grande diƒƒiculté. Nous
avons besoin que les
salaires soient revalorisés
régulièrement, d’autant
plus que nous n’avons pas
de mesures catégorielles
permettant de compenser
l’absence d’augmentation
du salaire statutaire.
Les Agents du Métro ne
comprennent pas que,
grâce à leur travail,
l’entreprise obtient de
bons résultats et ne
redistribue rien à ses
salariés. Les salaires
doivent progresser dans
le cadre de la valeur
du point pour tout le
monde. C’est important
pour les actifs, mais
aussi pour avoir une
meilleure base de calcul
pour notre retraite. Pour
notre catégorie, ce 0%
d’augmentation est
scandaleux et insultant
et nous devons répondre
collectivement à ce que
nous considérons comme
une provocation de la
direction ».
Frédéric, animateur agent
mobile sur la ligne 5 du métro
LA PAROLE AUX MACHINISTES
À ASNIÈRES, LE GEL DES SALAIRES NE PASSE PAS
Manque d’argent, pouvoir d’achat en berne, sous effectifs,
les MR d’Asnières parlent de leurs difficultés
«L
e café de la CGT, il est rouge et
solidaire ». 5 heures du matin
au dépôt d’Asnières, l’HIS sent
bon la camaraderie et les MR
se pressent autour des gâteaux
préparés par les camarades de
la section. Fraichement élu au CDEP et
trésorier de cette instance, il tient à garder un pied au dépôt. « Il n’y a pas mieux
que les discussions avec les copains
pour comprendre leur réalité ». La discussion du jour est animée et porte sur l’annonce du départ du Président de la RATP.
Mohammed, le smartphone à la main,
commente l’article du Monde.fr : « Pierre
Mongin quitte la RATP car il se trouve mal
payé. Avec 300 000€ par an ! Que dirait-il s’il avait notre salaire ? On est tous
comme Mr Mongin, on a besoin d’argent,
nous encore plus». Un Machiniste lance,
sur un ton ironique : « c’est parce qu’il a
gelé les salaires pour 2015, qu’il quitte la
RATP ».
Le gel des salaires ne passe pas chez les
MR. Pour Hicham : « Vu le coût de la vie
et le taux d’inflation, je ne m’en sors plus,
je suis comme tout le monde, je vis sur
le découvert. Ce 0% d’augmentation, ce
n’est pas normal. La direction n’écoute
pas ses agents ». Et Badou de renché-
rir : « On se fout de nous. Il n’y a que les
difficultés qui augmentent, on est tous
dans des problèmes financiers, on n’est
pas les plus mal lotis, mais
on fait partie d’une classe
moyenne qui est matraquée. Je suis désabusé, fatigué moralement. Pourtant
personnellement, j’ai de la
chance. J’ai une femme qui
travaille, une petite fille adorable, une maison. Je pensais que ma situation professionnelle et familiale me
mettrait à l’abri de certaines
choses, ce n’est pas le cas.
Il serait temps de prendre en
compte réellement la situation des salariés ». Même constat pour Cécile : « On
n’est pas payé à notre juste valeur. Tout
augmente et le salaire stagne, c’est une
injustice. Vu ma situation de famille monoparentale, si je pouvais, je ferais un
peu de TS car les fins de mois sont très
extrêmement difficiles, mais ce n’est pas
une solution non plus, il faudrait revoir
les salaires et les augmenter. Entre le
logement et la nourrice, et le peu d’aide
qu’on m’accorde, je ne m’en sors pas
Olivier connaît bien les problèmes fƒnan-
ciers récurrents qui pourrissent la vie de
ses collègues. Pour lui, cette modération salariale est une arme pour obliger
les Machinistes à faire toujours
plus de TS : « À Asnières, on
ressent ce manque d’argent
chez les MR. À la CGT, on ne
fustige pas les Agents qui font
du TS, car c’est le seul moyen
qu’ils ont pour compenser leur
perte de pouvoir d’achat et
avoir rapidement du cash. »
La direction l’a bien compris et
organise le système autour de
ça. « Elle s’y retrouve, le TS lui
coûte moins cher à l’arrivée
que des embauches. Moins
de création d’emplois statutaires, c’est
moins de gestion et moins de cotisations sociales ». Mais c’est piégeant
pour les MR, le TS n’étant pas pris en
compte pour le calcul de la retraite,
ni pour les jours de maladie. « J’ai
l’exemple de collègues malades, obligés de reprendre le boulot en mauvaise
santé, car ils doivent payés leurs impôts
calculés sur l’ensemble des rémunérations, TS compris. C’est une perte nette
de salaire ».
Sans compter l’accumulation de la fa-
tigue qui met en danger la santé des
Machinistes. Le TS est une des causes
de l’explosion de l’absentéisme à Bus,
dont la moyenne par Agent et par an est
passée de 11,8 jours en 2010 à 16,9 jours
en 2014, soit 50% d’augmentation en 4
ans. Badou, lucide, confirme ces statistiques: « Je fais beaucoup de TS, mais ça
me nuit. ça accentue la fatigue, ça nuit
à la vie, mais on est plus qu’obligé d’en
faire, tout en sachant qu’on participe
à la dégradation de nos conditions de
travail et au blocage du recrutement ».
Pour Olivier, il manque 1 000 Machinistes
à BUS : « Le TS, bien sûr on a besoin d’en
faire ponctuellement pour aider l’entreprise, par exemple pour la mise en place
d’une ligne de tram, car nous sommes au
service des usagers. Mais là, c’est devenu un outil qui sert aux hiérarchies locales comme levier de management qui
compte aussi pour l’avancement. Le 9
avril, c’est l’occasion de taper du poing
sur la table, il faut arrêter de courber
l’échine. Les Machinistes souffrent bien
d’une baisse de pouvoir d’achat. À la
CGT, nous avons un nouveau Secrétaire
Général, Philippe Martinez, et des vraies
orientations sur les salaires et le temps
de travail. À nous de jouer ».
4 | numéro neuf - avril 2015
PROSPÉRITÉ POUR L’ENTREPRISE, AUSTÉRITÉ POUR LES AGENTS
INTERVIEW : POUR JACQUES ELIEZ, SECRÉTAIRE
GÉNÉRAL DE L’UNION CGT-RATP, LES SALARIÉS
DOIVENT INTERVENIR —
Ce nouveau contrat STIF est soumis, comme le précédent, au cadre législatif européen. Va-t-il être un
contrat marqué du sceau de l’austérité ?
Nous sommes à la CGT, très critiques vis à vis des politiques convergentes menées par les états au plan
européen. Nous contestons ces normes d’austérité et
l’idée que la dépense publique serait malsaine. Nous
considérons que les dépenses publique et sociale sont
des facteurs de sécurisation pour les salariés. La CGT
combat ce dogme de l’austérité qui n’est pas une solution à la crise, mais qui nous y enfonce un peu plus
chaque jour, comme nous le montrent les exemples
grecs et espagnols qui ont subi des politiques d’austérité extrêmes.
Mais ce n’est pas l’Europe qui conduit la direction
de la RATP et la Région IDF à avoir une politique de
productivité et de pression sur les effectifs. Il y a une
clause de productivité dans le contrat, que nous dé-
nonçons. C’est hallucinant que le Conseil Régional, qui
achète des prestations à la RATP, s’immisce dans la vie
de l’entreprise et exige une hausse de la productivité
d’1% par an, en clair un retour d’investissements sur le
dos des Agents RATP. Si l’entreprise publique dégage
des marges, elles doivent servir aux investissements,
à leur amortissement, à l’embauche de salariés et à
l’augmentation des salaires à la RATP. Quelque soit le
taux de productivité imposé, il n’a pas lieu d’être inscrit
dans le contrat. Pour autant la productivité n’est pas
un sujet tabou à la CGT. Celle liée à la modernisation
de l’outil de travail, aux nouveaux matériels, aux avancées technologiques, peut faire évoluer dans le bons
sens la performance et l’efficacité du service public et
nous y sommes favorables si ce n’est pas fait au détriment de l’emploi, des compétences et des qualifications. Par contre, la productivité qui détruit des emplois
(700 chaque année à la RATP), qui détruit les conditions de travail ou qui gèle les salaires comme cela se
passe depuis 3 ans, est intolérable et ne concoure pas
à l’amélioration de la qualité du service rendu à la population francilienne. Dans les prochaines semaines,
nous allons nous faire entendre et communiquer au
STIF et à l’ensemble des groupes politiques de la région Ile-de-France un apport contributif qui donnera
notre avis sur l’ensemble des éléments du contrat, que
ça soit le niveau de service et sa régularité, et bien sûr
le volet social comme les conditions de travail. C’est un
travail syndical important que fait la CGT-RATP.
—
Les demandes de productivité du STIF et la politique
de la direction est-elle compatible avec le statut de la
RATP et celui des Agents ?
Le statut d’EPIC et celui du personnel, qui sont deux
choses distinctes, mais qui sont liées, sont loin d’être
incompatibles avec les exigences de qualité du STIF et
aux besoins de transport de la population, car à l’arrivée, c’est ce qui compte le plus. Nous avons un désaccord de fond sur ce point avec la direction. Faut-il faire
du résultat net pour investir dans les filiales en France
et à l’étranger ou répondre aux besoins exponentiels
exprimés par les collectivités locales et les populations. Nous voyons le succès des nouveaux modes de
transport, le développement du tram, le redéploiement
du BUS, l’extension des lignes de métro. Ce sont 10 millions de voyageurs par jour qui empruntent le réseau
RATP avec un niveau de qualité et de sécurité et de
confort de transport que seul le service public est en
capacité de mettre en œuvre. Si on est à la recherche
du résultat ƒinancier, on néglige les investissements,
la sécurité, la régularité et le confort des voyageurs. Il
n’y a donc pas d’antagonisme entre le statut d’EPIC de
la RATP, le statut des Agents et sa mission de service
public, bien au contraire. Au vu des résultats de 2014,
la RATP réalise 4,6 milliards d’euros de chiffre d’affaire,
dégage une capacité d’autoƒinacement d’un milliard,
investit 6 milliards sur 4 ans. Avec l’ensemble de ces indicateurs, la RATP dégage 311 millions de résultats nets
avec un niveau d’amortissements inégalés. C’est la
démonstration économique que le statut d’entreprise
nationale de service public et le statut du personnel
sont performants. La protection sociale des salariés
de la RATP, par exemple, n’est pas un boulet, mais un
avantage concurrentiel qui permet à la RATP d’avoir un
taux d’absentéisme inférieur à celui de la profession,
comme le statut protecteur des Agents est aussi un élément de dynamisme de la Régie. La remise en cause de
ces statuts ne s’appuie donc pas sur une réalité économique, mais bien sur un dogmatisme libéral, c’est un
combat politique.
—
Malgré ces résultats excellents, les NAO ont débouché
sur un gel des salaires imposé par la direction.
Les Négociations Annuelles Obligatoires sont en 2015
LE RASSEMBLEMENT DES
SALARIÉS DANS LA LUTTE
MÈNE À LA VICTOIRE
5 semaines de grève sur le site Sanoƒi
de Sisteron, c’est ce qu’il aura fallu
pour que leur direction entende les
revendications des salariés qui revendiquaient une revalorisation de leur
salaire, mais aussi des embauches et
l’investissement dans de nouveaux
équipements, indispensables au développement et à la pérennité du site.
La CGT et les salariés n’ont rien lâché
et récoltent au ƒinal les fruits de la
lutte : 80€ de prime de poste par mois
rétroactive au 1er janvier 2015, 3 embauches et la garantie d’investissement pour un nouvel incinérateur.
Partout en France, les mouvements
sociaux fleurissent au moment des
NAO, comme à Carrefour Market, où
la CGT mobilise chaque semaine de
plus en plus de salariés dans des débrayages, et réclame un salaire minimum à 1700€ et 5% d’augmentation
pour 2015. « La direction ne voulait pas
entendre parler d’une augmentation
supérieure à l’inflation, soit 0,1 %, elle
a ƒinalement donné 0,5%. Le compte
n’y est pas encore, mais cela montre
que, quand les salariés luttent, ils font
bouger les choses », rappelle Fatiha
Challal, déléguée syndicale centrale
CGT à Carrefour Market.
une farce. La direction n’a rien négocié, sa proposition
de base était 0, à l’arrivée, c’est toujours 0. La direction trompe les salariés en parlant de rémunération et
non des salaires. Le salaire statutaire, donc la valeur
du point, est gelé. La direction ne veut pas en entendre
parler, arguant que les rémunérations ont augmenté de
2,2%. En fait, elle individualise les rémunérations qui
englobent le salaire statutaire et les primes liées aux
pénibilités. Elle oppose par sa politique salariale les
catégories entre elles et se sert de l’élément financier
du volet social pour faire passer les réorganisations de
tous les secteurs de l’entreprise et au final dégrader
partout les conditions de travail. De plus, beaucoup
de primes ne financent pas la protection sociale et ne
comptent pas pour la retraite. La RATP se porte bien
grâce au travail de ses salariés. Ils en attendent aujourd’hui un retour. La CGT-RATP a déposé un préavis
de grève pour le 9 avril prochain, donnant aux salariés
la possibilité d’intervenir, de faire entendre leur mécontentement sur ce gel des salaires et aussi de porter
une alternative à la politique sociale menée par l’entreprise, avec une augmentation générale des salaires,
l’arrêt des suppressions de postes et le rétablissement
de bonnes conditions de travail.
LE FIL ROUGE MAG
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION |
CYRILLE BROWN
TEXTES ET PHOTOS |
CGT BUS
CONCEPTION GRAPHIQUE ET MAQUETTE |
BICEPS/ALEXANDRINE LECLÈRE
—
IMPRIMÉ EN FRANCE PAR HÉLIO CORBEIL
/ NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE /
LE NOUVEAU CONTRAT STIF SE NÉGOCIERA EN 2015,
entre la RATP et la région IDF. Les salariés et les organisations syndicales sont les grands absents de
cette négociation. Ce contrat détermine 90% de l’activité de l’EPIC RATP, il touche donc le quotidien des
salariés. Pour le précédent contrat, en 2011, la CGT
avait interpellé les politiques au niveau régional pour,
qu’avant de prendre les arbitrages et les décisions sur
ce contrat, ils soient éclairés d’une réflexion des organisations syndicales. La CGT avait donc été auditionné
par la Commission « démocratisation du STIF » présidée par Laurence Cohen et avait pu, pour la première
fois, faire insérer dans le contrat des normes sociales,
environnementales et éthiques. Mais celles-ci sont les
seuls éléments du contrat STIF à ne pas faire l’objet
d’indicateurs et d’objectivation, l’aspect social n’est
donc pas contrôlé et mesuré. C’est un élément d’insatisfaction, tout comme la durée du contrat, trop court
pour la CGT qui souhaite, pour le prochain contrat,
que ces normes sociales fassent l’objet d’indicateurs
et d’évaluation.
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