Atlas van de lokale lasten

Entretien avec Fanny Hazebroucq et Eric Ruiz
(Communauté d’Agglomération Grenoble-Alpes Métropole)
Réseau URBACT-USER
En tant qu’autorité de gestion et autorité nationale en charge du suivi du programme
URBACT, le CGET a souhaité réaliser des interviews dans les villes françaises participantes
au programme URBACT et dont le projet est en phase de mise en œuvre. L’objectif de cette
initiative est de faire connaitre et de mettre en valeur les démarches entreprises par les villes
françaises chefs de file ou partenaires d’un réseau URBACT.
Le 15.09.2014, nous avons pu nous entretenir avec Fanny HAZEBROUCQ et Eric RUIZ, de
la Communauté d’Agglomération Grenoble-Alpes Métropole. Ils sont respectivement en
charge du projet USER et de la rénovation urbaine.
Voici les questions que nous leurs avons posées :
Quelle a été votre motivation initiale à faire partie de ce réseau ?
La motivation initiale s’est basée sur la vision française de la gestion urbaine et sociale de
proximité (GUSP). C’est une thématique sur laquelle nous avions déjà lancés toute une
dynamique au sein de la communauté d’acteurs (élus, habitants, techniciens, etc.). Ce
réseau d’agglomération existe depuis six années et constitue aujourd’hui une réelle
communauté d’acteurs sur la gestion urbaine. Le projet USER est une manière de maintenir
cette dynamique. Nous étions déjà dans des réseaux comme Eurocities et nous avions déjà
pris part au projet URBACT CASH qui a été un espace d’innovation, de rencontre et
d’échange. Nous avions donc connaissance du programme européen URBACT, ce qu’il
signifiait en termes d’investissement et ce que nous pouvions en attendre.
Quelle approche privilégie votre ville au regard de la thématique choisie ?
Nous avons un programme cadre de rénovation urbaine et un contrat de ville à l’échelle de
l’agglomération. C’est dans ce cadre que notre service s’est lancé dans cette démarche.
Cette dynamique d’acteurs était déjà préexistante et ne tient pas uniquement sur de la
théorie. Nous travaillons surtout sur des quartiers de la politique de la ville à fortes difficultés
socio-économiques. Par exemple, les quartiers lles de Mars/Olympiades à Pont-de-Claix et
Renaudie à Saint-Martin-d’Hères ne sont pas conventionnés avec l’ANRU mais les projets
de renouvellement urbain et les démarches de résolutions des espaces publics sont
néanmoins importants. Ces quartiers resteront dans la nouvelle géographie des quartiers
prioritaires de la politique de la ville. A l’échelle de l’agglomération, la réflexion sur la GUSP
dépasse la seule échelle des quartiers de géographie prioritaire de la politique de la ville.
A ce stade des travaux en cours, quelle est la valeur ajoutée ?
Les projets étaient déjà préexistants et donc déjà dans une dynamique. Le réseau USER
apporte le recul nécessaire aux équipes en termes d’enrichissements par rapport à ce qui se
passe dans les autres villes européennes. D’autres villes au sein de ce réseau rencontrent
des problèmes similaires aux nôtres : c’est le cas de Lisbonne et Cracovie qui ont décidé de
travailler sur des espaces publics dans des quartiers de logements sociaux des années
60/70 en périphérie des villes. D’autres villes du réseau ont ciblé des espaces publics dans
des quartiers à reconnecter au tissu urbain : c’est le cas de Dresde, Copenhague et
Pescara. Un troisième groupe de villes, composé par Malaga, Riga et Lublin, étudie les
espaces publics situés dans des centres historiques à valeur patrimoniale.
La valeur ajoutée n’est pas encore visible puisque nous n’avons pas inventé un projet celuici s’inscrivant dans des dynamiques préexistantes avec des degrés d’avancements plus ou
moins différents selon les villes. Nous sommes – comme d’autres villes - dans la phase
opérationnelle, il est donc difficile d’évaluer les apports du processus d’échange. Lorsque
nous rentrons dans une dynamique comme celle-ci, nous nous exposons à présenter notre
travail, notre méthode et nos choix à des homologues étrangers. Il y a de ce fait une
dimension de « risque » qui impose de formaliser son action, de prise de recul par rapport au
contexte de la ville. Ce travail nous oblige à réfléchir par rapport à notre pratique. Il nous
permet de nous enrichir et nous devenons plus innovants car nous intégrons peu à peu ce
qui a été réfléchi au sein du réseau. Il ne s’agit pas seulement d’aller chercher une pratique
ailleurs mais de mettre au débat ce que nous avons produit. Lorsque nous sommes dans
une dynamique d’échange, la mise en œuvre locale prend une dimension collective, qui la
renforce.
Au sein du réseau USER, nous avons une spécificité puisque nous travaillons à deux
niveaux : les 9 villes travaillent à la fois ensembles lors des séminaires thématiques
(interventions d’experts, échanges généraux) et séparément par groupes de 3 villes suivant
les thématiques couvertes et les situations urbaines. Ce travail en petits groupes permet
d’échanger plus étroitement sur les mêmes sujets mais aussi de confronter chaque
démarche. Avec le réseau CASH, nous étions aussi dans un format à 9 villes et nous avons
constaté qu’il n’y avait pas de partenaire leader, ni de suiveur. Les échanges sont beaucoup
moins fluides lorsqu’ils interviennent dans des réunions regroupant un grand nombre de
partenaires. C’est pourquoi ce processus d’échange en sous-groupes restreints a été choisi.
C’est une spécificité de notre réseau que nous trouvons efficace.
Rencontrez-vous certaines difficultés dans la mise en œuvre du projet ? Si oui,
comment les surmontez-vous ?
Il y a toujours des difficultés au niveau de l’assiduité des partenaires, car il y en a qui
peuvent paraître moins impliqués. Nous mettons beaucoup d’énergie pour maintenir la
mobilisation de tout le monde. Un autre problème est survenu avec la crise financière de
2008 car elle touche les collectivités locales de plein fouet et notamment les finances
publiques. Ainsi, il y a des collègues qui ont du mal à obtenir des autorisations pour assister
aux différentes rencontres. Au-delà du degré de motivation, cette réalité est bien présente.
L’autre difficulté est de se mettre d’accord sur « De quoi parle-t-on ? » : par exemple,
l’intitulé du thème de notre réseau était la «gestion urbaine et sociale de proximité » pour
toutes les villes. La sélection en deux étapes d’URBACT peut paraître besogneuse mais ce
point de vue extérieur nous a permis de nous mettre d’accord sur le sujet qui a évolué vers la
« qualité des espaces publics ». Une autre difficulté en découle puisque nous en sommes à
différents stade dans ce domaine. Les situations sont différentes pour chaque ville et nous
pouvons parfois rencontrer des difficultés pour nous comprendre. Les réseaux à 9 et 12
villes sont lourdes, complexes et il est difficiles d’échanger avec autant de partenaires. Les
workshops à 3 vont permettre de résoudre ce problème central : il y a une dynamique active
avec ce format plus réduit et plus opérationnel. Le réseau se concrétise et chacun s’y
implique. Nous sommes très heureux d’avoir conçu ce format de travail.
Comment s’intègre votre projet au regard de l’agenda politique local ?
Sur les 9 collectivités en 3 ans, il est certain que l’agenda politique a impacter le projet. Il y a
eu des élections à Malaga, à Copenhague, à Grenoble-Alpes Métropole et les villes
polonaises vont aussi en avoir en novembre. C’est un risque pour la continuité du projet. Les
3 années passent vite mais il y a des villes qui ont des échéanciers au milieu. C’est une
contrainte à laquelle on ne peut échapper, notamment quand on est un grand nombre de
partenaires.
Comment se passent les échanges entre votre structure et le LSG ?
La communauté d’agglomération est le lead partner (chef de file) mais nous devons
échanger avec des communes de Saint-Martin-d’Hères et de Pont-de-Claix, leurs espaces
publics étant sites pilotes. Il y a deux niveaux dans ce Local Support Group : l’agglomération
et les communes. Le centre de ressources GUSP est un bon support et une richesse pour
l’échange et la formalisation des acquis. C’est un réseau d’acteurs de l'agglomération
grenobloise autour des questions d'amélioration de cadre de vie et de GUSP. Nous avons
donc une base solide pour une réflexion collective. Ensuite, dans chaque commune, autour
de chaque projet, nous avons un partenariat d’acteurs pour la mise en œuvre et les
expérimentations sur le projet opérationnel.
Est-ce qu’à la fin du projet vous projetez de garder contact avec ce LSG ?
Le lien avec le centre de ressources GUSP va perdurer. Ce LSG était déjà mis à contribution
à l’échelle de l’agglomération. De plus, la gouvernance du projet se retrouve renforcée. Cette
gouvernance partagée sur les espaces publics a pour but de répondre à la question
commune : « Comment prenons-nous en compte l’expertise des usages dans la conception
des espaces publiques et leurs gestions ? », Plusieurs axes nous aident à répondre à cette
question autour de la convivialité, la sécurité et la gestion des espaces , qui sont les trois
axes de travail du projet USER.
Comment communiquez-vous sur vos activités et les résultats à ce stade du projet ?
Nous communiquons grâce à la newsletter. Il y a déjà un rendu intermédiaire qui va être
publié d’ici la fin du mois d’octobre. Nous travaillons également avec les universités pour
mobiliser les étudiants et les professionnels de demain.