Advanced Photon Source ESRF (France) (USA) Cours Rayons X Marie-Ingrid Richard IM2NP Marseille [email protected] • Dès l’antiquité : observation de la forme polyédrique des roches comme de la glace « cristallos » I - Historique 1 : La cristallographie • 1772 : J.B. Romé de l’Isle Loi de constance des angles • 1781 : René-Just Haüy Forme extérieure d’un cristal reflète sa structure intérieure périodique. « Père » de la cristallographie. • 1840 : Gabriel Delafosse : • 1849 : Auguste Bravais maille <-> atome Etablit l’existence de 14 types de réseaux (Cubique P, Cubique I, Tétragonal P,…) • ~1880 : Sohnke puis Schönfliess et Fedorov Trouvent les 230 groupes d’espace Historique 2 : Les découvertes • 1895 : Wilhelm Conrad Röntgen (1er prix Nobel de Physique) Découvre les rayons X. Le tube de Crookes Main (baguée) de Mme Röntgen • 1897 : Joseph John (J.J.) Thomson Découvre les électrons. Mort de la physique classique Historique 3 : Les preuves • 1912 : Max Von Laue, Friedrich, Knipping • Les rayons X sont des ondes • Le cristal est un arrangement périodique d’atomes • Les électrons sont des ondes Première expérience de diffraction des rayons X. ZnS : blende CuSO4 • 1913 : William Henry et William Lawrence Bragg Détermination des première structures cristallines – détermination de la composition chimique NaCl, ZnS, FeS2, CaF2, CaCO3… • 1927 : Davisson et Germer : Diffraction des électrons Historique 4 : La biologie • 1935 : Wendell S. Stanley Cristallisation du virus de la mosaïque du tabac. Virus x 376000 • 1953 : James Watson, Francis Crick, Maurice Wilkins Rosalind Franklin La double hélice de l’ADN. Cliché X de l’ADN (R.F.) • 1960-62 : John Kendrew, Max Perutz ADN Structure des macromolécules biologiques (myo/hémoglobine). hémoglobine II - Les rayons X : définition Rayons X : radiations électromagnétiques comprises entre 10 pm et 1 nm Aspect ondulatoire : Il s’agit d’un rayonnement électromagnétique sinusoïdal de longueur d’onde λ (m) et de fréquence ν (Hz). Aspect corpusculaire : Un faisceau est assimilé à un ensemble de photons (particules sans masse ni charge) se propageant à la vitesse de la lumière (c = 3.108 m.s-1). Chaque photon possède l’énergie : E = hν = hc/λ h constante de Planck h = 6,63.10-34 J.s. E s’exprime en Joules mais bien souvent en eV (électronvolts) 1 eV = 1,602.10-19 J (la charge de l’électron étant de e = 1,602.10-19 C) λ(Å) = 12,398/E(keV), λ = 1 Å, E=12,4 keV et ν = 1018 Hz La fréquence des rayons X est ~1000 fois celle de rayons lumineux, le photon X possède une énergie bien plus grande que le photon de lumière !! II - Les photons X ✔ Particule sans masse, ultra relativiste, onde électromagétique ✔ Energie ~ keV ; longueur d'onde ~ 1/10ème de nm (Å) II - Les rayons X : définition L’interaction des rayons X et de la matière a des propriétés particulières qui proviennent de deux faits essentiels: Petites valeurs λ qui est de même ordre de grandeur que les dimensions des atomes et les distances entre atomes dans la matière à l’état condensée Grande énergie du photon qui est comparable à l’énergie de liaison des couches électroniques les plus profondes de l’atome (ex : couche K du Cu, Fe, ...). III - Production des rayons X ou photons X o Les rayons X d’énergie élevée (10 keV – 20 MeV) sont le plus souvent produits par des tubes à rayons X ou générateurs de rayons X. o Les rayons X avec E < 100 keV sont généralement produits par rayonnement synchrotron auprès d’un accélérateur circulaire « synchrotron ». Tube à rayons X L’anode frappée par des électrons de grande vitesse issus de la cathode émet des rayons X Tension accélératrice V (anode-cathode) = 10 à 50 kV (ex. V=10 kV, vitesse = 6.107 m/s) Seule une faible fraction est convertie en RX. Il faut refroidir la cible par une circulation d’eau (sinon risque de fondre l’anticathode). Le tube est sous-vide car l’air absorbe les RX. Les fenêtres sont en Be (faible absorption). Anode (=anticathode): Cu, Mo, Ag, Fe, … Spectre émis par un tube à RX : Kβ1 Tube à rayons X Kα1 Des raies fines superposées à un fond continu (les raies sont ~100 fois plus intense que le fond) Les groupes de raies nommées série K, L, M, … sont caractéristiques des atomes de l’anti-cathode. Le spectre continu dépend de la tension accélératrice => rayonnement de freinage Le fond continu : interaction électron - noyau Lorsqu'un électron d'énergie cinétique Ec arrive au voisinage d'un noyau, sa trajectoire est déviée et il subit une accélération due à la force attractive d'origine électrostatique. Il s'avère qu'une particule décélérée (freinée) rayonne de l'énergie. Tube à rayons X Certains atomes de l’anticathode, sous l’action du choc des électrons sont ionisés : un électron gravitant autour du noyau est expulsé. La place rendue libre est alors occupée par un électron d’une orbite plus éloignée du noyau : ce saut est accompagné d’un photon dans lequel se retrouve l’énergie que l’électron a perdue en se rapprochant du noyau. Si Ei et Ef sont les énergies initiale et finale, la raie émise aura la fréquence ν telle que : hν = Ei – Ef L’énergie du photon est bien déterminée => émission d’un certain nombre de raies caractéristiques. Les couches électroniques qui interviennent dans l’émission des raies X sont les couches profondes de l’atome Pour qu’une raie K par exemple soit émise, il faut que la couche K soit ionisée : l’électron doit posséder une énergie supérieure à l’énergie de liaison d’un électron K (WK). Pour que toutes les raies K soient présentes, il faut eV > WK. Tube à rayons X Exemple : Cuivre (WK = 9 kV) raie λ (Å) Énergie (kV) Intensité Kα1 1.5405 8.048 100 Kα2 1.5443 8.028 50 Kβ1 1.3921 8.906 14 Lβ1 13.057 0.949 50 Kβ1 Kα1 Rayonnement synchrotron Toute charge accélérée (ex. électrons) rayonne => Émission rayonnement polychromatique aimant de déviation accélération accélération Rayonnement très brillant La meilleure façon d’accélérer une charge est d’utiliser un champ magnétique B et la force de Lorentz F, i.e. de soumettre une charge a une accélération centripète (aimant de courbure) Rayon de courbure de l’orbite des électrons : ρ (m) =3.32 E (GeV)/B (Tesla) ESRF: E = 6 GeV, B ~ T (aimant superconducteur) Les grands instruments Les centres de rayonnement synchrotron • Rayonnement dû à l’accélération d’une particule chargée relativiste • Liénard 1898 ; Iwanenko et Pomeranchuk 1944 a e- • Rayonnement synchrotron: brilliance •1947 : F. Elder, R. Langmuir et H. Pollock 1947 Première observation de lumière synchrotron 70 MeV GE, Schenectady, NY • 1968 Tantalus 1, WI USA, 1971 LURE, Orsay • 30 centres de rayonnement synchrotron dans le monde (10 Asie, 10 Europe, 10 Amériques) • Sources de 3e génération (ESRF, APS, SpRing8) • 2007 : Synchrotron-SOLEIL, ST Aubin. • Sources de 4e génération (XFEL): USA, Japon, Europe SOLEIL (2,75 GeV) ESRF (6 GeV) IV - Détection des rayons X o Films photographiques o Détecteurs à gaz ou à semiconducteurs: à chaque photon incident correspond une impulsion en sortie du compteur. V - Interaction rayons X et matière Les rayons X sont affaiblis par la traversée de la matière. Les photons X peuvent subir deux transformations : Ils restent des photons mais ils sont déviés de leur trajectoire : sans perte d’énergie : c’est un rayonnement diffusé sans changement de longueur d’onde. avec légère perte d’énergie : c’est une diffusion avec changement de longueur d’onde. C’est l’effet Compton. Ils sont absorbés par les atomes : c’est l’effet photoélectrique. Il y a alors réémission de deux sortes de rayonnements secondaires : des électrons des rayons X de fluorescence dont la longueur d’onde est caractéristique de l’atome excité. V-a – Effet photoélectrique Si le photon X a suffisamment d’énergie pour extraire un électron d’un niveau interne de l’atome : -> le photon est absorbé par l’atome et l’atome est ionisé sur un état profond -> un électron occupant un état d’énergie supérieure vient combler ce trou et un photon est émis Rayonnement de fluorescence (identique à celui observé par bombardement électronique dans un tube à RX) X-ray Fluorescence: Composition Il arrive que le rayonnement de fluorescence soit réabsorbé dans l’atome. Il y a arrachement d’un deuxième électron (effet Auger). V-b – Effet Compton Choc inélastique entre un photon incident (hν) et un électron peu lié (libre). Le photon est dévié de ſ et son énergie diminue d’une quantité qui dépend de ſ. λf – λi = (h/mc)(1-cos ſ) V-c – Diffusion Thompson Tout atome de matière atteint par une onde X voit ses électrons entrer en vibration à la même fréquence que l'onde et il émet à son tour une onde électromagnétique de même longueur d'onde. On parle aussi de diffusion cohérente (diffusion de Rayleigh ou de Thomson). Mais c'est une faible partie du rayonnement incident qui est ainsi diffusée. → Les ondes réémises par les différents atomes interfèrent. → Diffusion cohérente des rayons X. Matière amorphe La répartition des atomes est aléatoire, ou non régulière. L'onde résultante n'est jamais intense par suite de l'incohérence du phénomène. Il en résulte une diffusion continue. Matière cristallisée La répartition organisée en réseau périodique d'un grand nombre d'atomes peut induire dans certaines directions spatiales une onde résultante intense par interférences constructives. Ce sont les directions de diffraction. V-d – Absorption Soit un flux de particules (ex : photons) pénétrant un matériau : I0 I faisceau transmis (sans déviation) faisceau incident Épaisseur ∆x de l’échantillon x x+∆x Les photons incidents ont une probabilité non nulle de disparaître du faisceau transmis, il peuvent être diffusés (diffusion élastique ou non) ou absorbés (absorption photoélectrique), i.e. subir les processus précédents. dI=I(x+dx)−I(x) = -σNI(x)dx = -µI(x)dx I/I0 = exp(-µ µLx) = exp(-µρ µρx) µρ N : nombre d'atomes par unité de volume 2 σ : section efficace (m ) µL = Nσ : coefficient d'absorption linéaire (m-1) µ= µL/ρ : coefficient d'absorption massique (m2/kg ou cm2/g) ρ : masse volumique I(x) : Intensité du faisceau en x V-d – Absorption Soit un flux de particules (ex : photons) pénétrant un matériau : I0 I faisceau transmis (sans déviation) faisceau incident Épaisseur ∆x de l’échantillon x x+∆x I/I0 = exp(-µ µLx) = exp(-µρ µρx) µρ - µ tient compte de tous les processus qui contribuent à atténuer le faisceau direct. - Tables des µ en fonction de λ pour tous les éléments V-d – Absorption I/I0 = exp(-µ µLx) = exp(-µρ µρx) µρ - Tables des µ en fonction de λ pour tous les éléments L'absorption varie suivant la longueur d'onde utilisée. Les rayons de courte longueur d'onde sont les plus énergétiques et sont donc très pénétrants. Dans le phénomène d'absorption, on observe également de brusques discontinuités qui dépendent des éléments chimiques constituant la substance absorbante. Ainsi le nickel présente une brusque discontinuité d'absorption pour une longueur d'onde de 1.49Å. Coefficient d'absorption du nickel. pour un élément donné (Z), µ λ Mais il existe des discontinuités (possibilité ou non d’ioniser un électron) V-d – Absorption I/I0 = exp(-µ µLx) = exp(-µρ µρx) µρ Malgré leur réputation de traverser les corps opaques, les rayons X sont toujours plus ou moins absorbés par la matière. D'une manière générale, l'absorption croît avec le numéro atomique de la substance absorbante. C'est ainsi que les organes du corps humain, constitués de tissus différents, absorbent différemment les rayons X, et ils apparaissent en plus ou moins sombre sur une radiographie. À λ donné, µ Z Scanner = utilisation des rayons X pour réaliser cartographie des coefficients d’atténuation de l’organisme V-d – Absorption I/I0 = exp(-µ µLx) = exp(-µρ µρx) µρ Moins le nombre atomique des éléments qui composent l'objet irradié est élevé, plus la pénétration du rayon est grande. Plus que l'énergie de radiation est grande plus la pénétration de l'objet irradié sera grande. Plus que l'objet irradié est épais et dense moins que la pénétrabilité du rayon est grande. VI- Propriétés des rayons X Les rayons X grâce à leur longueur d’onde très courte peuvent pénétrer les matériaux. Les rayons X affectent les émulsions photographiques et radiologiques au même titre que le fait la lumière. Les rayons X peuvent rendre fluorescents certains cristaux ou composés chimiques. Les rayons X peuvent détruire ou affecter les tissus vivants. VI- Utilité des rayons X
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