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Thérapeutique
anticoagulant par voie
orale dans la FA
Nouvelles perspectives
Un des symposia du congrès du CNCH a traité des études menées avec les anticoagulants oraux
directs (AOD) dans la fibrillation auriculaire (FA) avec une communication sur les règles de bon
usage qui sont indispensables pour une prescription apaisée.
Walid Amara (Fédération de cardiologie, GHI Le Raincy-Montfermeil)
Lecture critique et
enseignements des
grands essais sur
les AOD dans la FA
Les 4 principales études randomisées de phase III évaluant les
AOD dans la FA ont été présentées et leurs résultats compilés
dans la méta-analyse de Ruff l’ont
également été.
Depuis la publication de la première étude randomisée qui est
l’étude RELY (qui a évalué le dabigatran), les études se sont suivies
avec dans l’ordre chronologique,
l’étude ROCKET AF (pour le rivaroxaban), l’étude ARISTOTLE
(pour l’apixaban) et plus récemment l’étude ENGAGE AF-TIMI
48 pour l’edoxaban.
L’étude ENGAGE AF est une
étude multicentrique, randomisée, en double aveugle comparant
l’edoxaban à deux doses à la warfarine dans la prévention des AVC
et embolies systémiques chez des
patients présentant une FA non
valvulaire.
Elle a inclus des patients avec FA
non valvulaire, score CHADS2 >
2 ; clairance créatinine > 30 ml/
min, faible risque de saignement,
pas de SCA ni d’AVC récent.
Le nombre de patients inclus était
de 21 105, ce qui en fait la plus
large étude randomisée menée
dans le domaine.
Trois bras ont été évalués :
• Edoxaban 60 mg/jour en une
prise.
• Edoxaban 30 mg/jour en une
prise.
• Warfarine avec des INR entre 2
et 3.
Pour le choix de la dose, il était
possible de réduire la dose (en
passant de 60 à 30, voire de 30 à
15 ml/min) en cours d’étude si
l’une des questions suivantes survenait au cours du suivi :
• Poids < 60 kg.
• Clairance créatinine entre 30 et
50 ml/min.
• Association au vérapamil, à la
quinidine, ou à la dronédarone.
Cardiologie - Cardinale • Décembre 2014 • vol. 8 • numéro 69
Le critère primaire de jugement
était similaire aux études précédentes, de non infériorité sur AVC
ou embolies systémiques. Le TTR
dans le groupe warfarine était de
68 %. Les deux doses étaient non
inférieures à la warfarine. Il n’a
pas été noté de supériorité sur le
critère primaire de jugement.
Bonne nouvelle, il y avait significativement moins d’hémorragies majeures dans les 2 groupes
d’edoxaban en comparaison à la
warfarine (1,6 % sous faible dose,
2,75 % sous forte dose et 3,4 %
sous warfarine).
Comme dans les études évaluant
les autres AOD, les hémorragies
intracrâniennes étaient diminuées significativement sous les
deux doses d’edoxaban de près de
50 %.
Au total, l’étude ENGAGE AF a
montré une non infériorité entre
edoxaban et warfarine sur la réduction des AVC et embolies systémiques, avec significativement
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Thérapeutique
moins d’hémorragies majeures et
d’hémorragies intracrâniennes.
Les résultats des 4 études sont
d’ailleurs concordants en termes
de réduction du critère AVC ou
embolies systémiques qui atteint
la significativité en les combinant
avec un RR de 0,81 soit une réduction significative de 19 %.
La baisse de la mortalité atteignait aussi la significativité en
combinant les résultats des 4 essais avec un risque relatif de 0,90
soit une réduction significative de
10 %.
La baisse des hémorragies intracrâniennes était également
concordante de plus de 50 % avec
un RR de 0,48.
Traitement
anticoagulant
en pratique :
comment sécuriser
le bon usage ?
Le Dr Patrick Jourdain a insisté
sur la nécessité d’utiliser le bon
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traitement pour le bon patient,
de bien le surveiller et de vérifier
l’observance en s’aidant de l’éducation thérapeutique.
Le traitement antivitamine K est
fortement dépendant des facteurs exogènes (alimentation,
médicaments, etc.). La variabilité
des INR est importante.
Le traitement antivitamine K est
d’ailleurs la première source de
iatrogénie en France avec plus de
17 000 hospitalisations chaque
année qui lui sont associées.
Le bon usage des anticoagulants
consiste d’abord en l’analyse des
scores de risque du patient en
termes de risque ischémique
(CHA2DS2-VASc) et hémorragique (HAS-BLED). Il faut regarder les traitements concomitants
et rechercher les facteurs de mauvaise observance. Une éducation
appropriée du patient est nécessaire. Une traçabilité de l’information, et avec une analyse du
rapport bénéfice-risque, est nécessaire. Il n’y a pas de nécessité
de consentement spécifique que
ce soit pour les AVK ou pour les
AOD.
Il y a de nombreux moyens d’évaluation de l’observance et des
questionnaires simples utilisables en routine existent. Il faut
systématiquement interroger le
patient sur son observance qui est
une étape nécessaire dans toute
prescription thérapeutique.
Il est important de tracer les différents éléments discutés dans le
dossier notamment au point de
vue médico-légal. Le rapport bénéfice-risque chez les patients
ayant un score CHADS2-VASc
élevé est favorable aux anticoagulants et notamment aux anticoagulants oraux directs qui constituent une stratégie utilisable et
qui a fait ses preuves dès la première intention. n
Mots-clés :
Anticoagulant, Fibrillation auriculaire
Cardiologie - Cardinale • Décembre 2014 • vol. 8 • numéro 69