R A P P O R T A N N U E L F O N D A T I O N M A V A 2 0 1 3 Notre mission n o us e n g a g e r d a n s d e s p a r t e n aria t s solid es a fin d e conser ver l a b i o d i ve r s i t é p o ur l es g énéra t ions fu t u res TABLE DES MATIERES Nos Le mot du Président et de la Directrice générale 3 Notre histoire 4 fédérer • va l e u r s e n co ur a g e r l e s a ct i o n s l o ca l es • réa g ir • s’ a d a p t er • p ersévérer Notre engagement 5 Faits et chiffres 6 Le Bassin méditerranéen 8 Nos La zone côtière d’Afrique de l’Ouest 14 priorités L’Arc alpin et la Suisse 20 Une économie durable 26 Biodiversité Utilisation durable Communauté de la conservation création et gestion d’aires protégées terrestres et marines ..... intégration de l’utilisation durable des ressources et de la conservation des milieux terrestres ..... promotion d’une communauté d’acteurs de la conservation efficace et innovante ..... Les projets globaux 32 Les membres du Conseil 38 Planifier des résultats dans la durée 39 Les membres de l’équipe 40 conservation, gestion et restauration des écosystèmes menacés ..... protection des espèces menacées gestion et utilisation durables des ressources marines et d’eau douce ..... réduction de l’empreinte écologique 2 renforcement des capacités de la société civile et des institutions publiques ..... sensibilisation et éducation environnementales Le mot du Président et de la Directrice générale Chers amis, N ous sommes heureux de vous présenter notre Rapport annuel 2013 et de partager avec vous tous ces récits qui témoignent de l’excellent travail accompli l’an passé par nos partenaires. En 2013, nous avons pour la première fois financé les projets de notre programme « Économie durable », dont l’objectif est de transformer le mode de fonctionnement de notre économie. Fidèles à notre mission d’origine, nous avons continué à soutenir des activités de conservation uniques dans nos trois régions prioritaires – Bassin méditerranéen, Zone côtière d’Afrique de l’Ouest, Arc alpin et Suisse – ainsi que dans le cadre de notre Programme global. André Hoffmann, Président Dans ce rapport, nous vous présentons des projets menés à bien en 2013. Vous découvrirez comment le WWF s’est mobilisé pour protéger de petites zones humides insulaires de Grèce grâce à un décret présidentiel, et l’impact du projet Sea Around Us sur l’amélioration du contrôle des prises de pêche en Afrique de l’Ouest ; nous partageons également avec vous le succès de Vision Landwirtschaft qui a réussi à obtenir des subventions pour l’agriculture durable dans les Alpes suisses, mais aussi le bilan de la première décennie du Global Footprint Network ; et nous rendons hommage au travail accompli par l’Association Takh pour la réintroduction du cheval de Przewalski dans le Parc national Khar Us Nuur, en Mongolie. Lynda Mansson, Directrice générale Mais nous devons aussi nos succès à des personnalités de la conservation comme Saeed Shami, de l’UICN, pour les succès surprenants qu’il a remportés dans la région du Levant, ou Aissa Regalla, de l’IBAP, pour son dévouement à la conservation des espèces en Afrique de l’Ouest, ou encore Samantha Bourgoin du projet du Parc national du Locarnese, pour sa persévérance à toute épreuve, mais aussi Oliver Greenfield, de la Green Economy Coalition, pour sa vision et sa connaissance approfondie de cette problématique et, enfin, Arno Mohl du WWF Autriche, pour son combat en faveur de l’attribution par l’UNESCO du statut de Réserve de la biosphère à plusieurs grands cours d’eau européens. Ces récits témoignent une fois encore de la qualité de notre collaboration avec nos partenaires, fondée sur le respect mutuel. Dans une étude menée récemment, vous avez en effet été 90 % à confirmer que nous travaillons en adéquation avec nos valeurs – fédérer, encourager les actions locales, réagir et s’adapter, persévérer – et à nous inciter à poursuivre dans cette voie. Nous espérons que vous serez inspirés par les projets de nos partenaires et que ce rapport saura vous encourager à nous rejoindre dans la mise en œuvre d’actions de conservation novatrices. André Hoffmann, President Lynda Mansson, Directrice générale 3 Notre Histoire d d epuis 2010, andré Hoffmann, le fils de luc, préside et accompagne la mava et l’équipe dévouée à la cause qu’elle défend. Nous sommes une fondation familiale au vrai sens du terme, animée par le ferme engagement de son président à préserver la nature. epuis lors, notre fondation basée en suisse a financé, à hauteur de quelque 470 millions de francs suisses, plus de 646 projets réalisés par plus de 250 organisations, et est devenue l’une des plus grandes fondations environnementales d’europe. c ’est en octobre 1994 que luc Hoffmann, petit-fils du fondateur de la société Hoffmann-la roche (devenue roche), a créé la Fondation mava, formalisant ainsi son engagement philanthropique en soutien à un nombre croissant de projets et d’organisations de conservation de la nature. 4 470 CHF millions investis a u fil des années, luc Hoffmann a contribué à l’émergence et au développement de plusieurs acteurs clés de la conservation. son engagement de longue date en faveur de la protection de la nature a également inspiré de nombreux naturalistes et défenseurs de l’environnement. Notre engagement Nous nous engageons à faire la différence en œuvrant avec des partenaires susceptibles de s’épanouir et de réussir avec notre appui. une capacité d’exécution un potentiel d’innovation une perspective holistique et à long terme une solidité du concept de projet une cohérence avec nos objectifs l’importance déterminante du financement demandé Nous nous engageons à travailler main dans la main avec nos partenaires afin que leurs projets incarnent ces caractéristiques et obtiennent des résultats durables en matière de conservation. © Pascal Pittorino / Biosphoto Tous les projets que nous soutenons sont au service de nos objectifs stratégiques et démontrent : 5 ra 19 du bl e ca 12% lp in 3% et la S uiss e c ôt Zone % ièr de l’ O 3% ie Ar 19 21 % ue u e st om % ’ ed riq Econ 6 Au pp em % 41 2013 1994-2013 0 en t dé de ve s c lo a pp pa Pl em cit ai en és, do t o re ye r, rg nfo éd an rc isa em uc G a tio en es tio ne t i tio n, l, ns n s e co titu de ns or tio s i bi di n s ite lis Re na ne s a ch tio l, t et io ap e n n du pr rch d u oc e te p a r he p rit ub oi s pl lic po iq re u ur é e la e co t n In ve ns ou C n er ve ta ol va lle ire le tio s ct s, e n s de ui vi do s nn ée Lo s, bb sy yi n ng de thè , do ses po lé li cu et gi tiq m d sla u en év e tio s, ts el ns str op at pe ég m iq en ue t s lo Bassin m édit err an 29% ée n s ve et tre Dé 25% 28% Glob al Faits chiffres RÉPA RTI TI O N DES FINAN C EMEN TS RÉPART I T I ON D E S F I N A N CE M E N T S PAR PROGRAMME PAR TYPE DE PROJETS 2013 2013 Af 1994-2013 1994-2013 20 40 60 80 100% 77 2013 1994-2013 60M CHF nombre de financements accordés montant investi 646 CHF 59 partenaires assurant la mise en œuvre des projets 470M 255 RÉ PA RTI TI ON DES FIN ANC EMENT S RÉPART I T I ON D E S F I N A N CE M E N T S PAR BIOME PAR TYPE DE PARTENAIRE 24% 27% 9% 64% 4% 52% 11% 21% 2013 1994-2013 % 17 Marin & côtier 23% Eau douce et zones humides 21% 10 % 14% 33% 51% 19% ONG internationales Terrestre Autres ONG locales Instituts de recherche ou universités 2013 1994-2013 Autres 7 Le Bassin méditerranéen D epuis des millénaires, l’histoire de l’humanité est marquée par l’ambivalence de ses rapports avec la nature – notamment en Méditerranée, où peuples et cultures dépendent d’une riche biodiversité pour leur prospérité. Mais aujourd’hui, cette relation entre l’homme et la nature est déséquilibrée. 5% seulement des terres de la région méditerranéenne et moins de 1% de ses mers sont protégées. Connue pour ses espèces charismatiques, comme le phoque moine, le lynx ibérique ou le faucon d’Éléonore, la biodiversité méditerranéenne subit de multiples pressions à travers notamment un développement excessif, la surpêche, et la chasse illégale. Notre travail dans la région vise justement à restaurer cet équilibre. 8 « La richesse exceptionnelle de la biodiversité de la Méditerranée se développe dans un contexte sociopolitique complexe et instable. Afin d’accroître l’impact de la conservation dans la région, notre programme se concentre notamment sur la coordination des activités de nos partenaires, le renforcement de leurs © Renaud Dupuy de la Grandrive capacités et le soutien aux réseaux existants.» Paule Gros, Responsable de Programme, Bassin méditerranéen 9 F i n a n c e m e n t s MAVA a c c o r d é s e n 2 0 1 3 ( e n C H F ) <50’000 50’000-100’000 100’000-500’000 500’000-1’000’000 1’000’000-5’000’000 >5’000’000 Les chiffres entre ( ) indiquent la durée du projet en mois 01 Terra Cypria, The Cyprus Conservation Foundation Inventory of the Cyprus wetlands UICN, Centre de coopération pour la Méditerranée Appui à l’organisation du Congrès de Conservation de la Nature en Afrique du Nord (phase de préparation) Déterminer les caractéristiques et l’état écologique des zones humides de Chypre, et créer une base de données permettant d’agir rapidement pour leur protection (18) Cybelle Planète Cybelle Méditerranée 04 Association de Gestion Intégrée des Ressources (AGIR) Gestion durable des ressources des zones marines protégées du parc National d’Al Hoceima et de Ras Alma, Maroc 05 06 07 08 Appuyer un projet de recherche participative qui assure le suivi de l’état de la biodiversité en Méditerranée occidentale (36) 14 Initiative pour les zones humides méditerranéennes (MedWet) Fostering synergies around water and wetlands in the Mediterranean Soutenir la restructuration du Secrétariat de l’Initiative MedWet (36) Associer les pêcheurs artisanaux à la création d’un réseau de zones de non-pêche pour favoriser la gestion durable des ressources halieutiques (36) 15 Superviser la préparation du premier congrès de l’Afrique du Nord pour la conservation de la nature (12) Apporter un soutien technique à la SPP pour la mise en œuvre de son programme 2014-2016 (36) Université de Barcelone Establishing conservation targets for guaranteeing the long-term viability of the endangered Bonelli’s Eagle, Aquila fasciata, population in NE Iberian Peninsula Appuyer la conservation de l’aigle de Bonnelli, espèce clé de Catalogne (27) 17 Améliorer la connaissance de l’aire de distribution du Protée anguillard, des menaces sur les sites qu’il occupe et mener une action de sensibilisation pour faciliter la planification de sa conservation (24) DiversEarth Nature et Culture Analyser et soutenir les « pratiques culturelles de conservation » et les systèmes de valeur dont elles émanent (15) WWF Grèce Feasibility study and preparatory/establishment phase of the Prespa Conservation Trust Fund Étudier la possibilité de créer un fonds fiduciaire pour la région de Prespa et mener une vaste consultation auprès des parties prenantes éventuelles (18) 18 20 10 Association Limosa Limosa Core Support 2013-2017 11 Société pour la Protection de la Nature au Liban (SPNL) Restoring Hima ecosystem functions through combating the problems of water resource management in the identified Hima-IBAs of Lebanon 10 Programme méditerranéen du WWF Élaborer un système de paiement pour les services écosystémiques Enhancing the Ecosystem Foundations of Sebou Basin, dans la région du Parc national d’Ifrane et aider les communautés Marocco (EcoFonSebou) et les décideurs locaux à adopter la méthodologie des flux environnementaux (36) 16 Centre d’Activités Régionales pour les Aires Spécialement Protégées (CAR/ASP) Cartographie des habitats marins clés de Méditerranée et promotion de leur conservation par l’établissement d’Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne 19 09 Couvrir certains frais de fonctionnement de la Tour du Valat (48) Promouvoir une approche régionale harmonisée de la planification de la conservation à travers le renforcement des capacités et la constitution de réseaux régionaux (36) WWF Grèce Support to the Society for the Protection of Prespa (SPP) 2014-2016 Société croate d’Herpétologie The Olm Proteus anguinus in Croatia, Bosnia and Herzegovina and Montenegro - Conservation research project plan Tour du Valat Projet Verdier 13 UICN, Bureau de Programme pour l’Europe du Sud-Est Toward strengthened conservation planning in South-Eastern Europe 02 03 12 Critical Ecosystem Partnership Fund (CEPF) Leveraging the CEPF’s investment to promote Integrated Coastal Zone Management throughout the Mediterranean Basin Associer la société civile à la Gestion Intégrée des Zones Côtières, réduire l’impact du développement côtier sur la biodiversité, et générer des avantages au niveau local (36) UICN, Centre de coopération pour la Méditerranée Programme de Petites Initiatives pour les Organisations de la Société Civile en Afrique du Nord (PPI-OSCAN) Programme de petites initiatives visant à renforcer la société civile en Afrique du Nord en aidant les ONG émergentes à mettre en œuvre des projets de conservation (36) EuroNatur Balkan Lynx Recovery Programme Promouvoir la conservation du lynx en Macédoine, au Monténégro, en Albanie et au Kosovo (36) EuroNatur Save the Blue Heart of Europe Mener une campagne pour empêcher la réalisation de 3 projets hydroélectriques controversés dans les Balkans, et plaider en faveur de « zones de non développement » auprès du Parlement de l’UE et de la Commission européenne (36) Global Footprint Network Promoting and institutionalising the Ecological Footprint in the Mediterranean region Promouvoir l’utilisation durable des ressources grâce à la compréhension et à l’adoption des principes de l’empreinte écologique par les gouvernements nationaux (36) Appuyer l’Association Limosa pour l’accueil des scientifiques à la Tour du Valat (53) Utiliser la Hima, un système traditionnel de gouvernance, pour gérer durablement les ressources en eau dans les Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux au Liban (36) 21 Cartographier les habitats marins emblématiques de la Méditerranée en vue d’étendre le réseau d’Aires Spécialement Protégées d’Importance Méditerranéenne (30) 22 Société pour la protection de Prespa (SPP), Grèce Société pour la protection de Prespa, Programme 2014-2017 Soutenir le programme 2014-2017 (48) uNe source saeed l’asie d’iNspiratioN sHami, Bureau régioNal o c c i d e N ta l e ( r o Wa ) de l’uicN pour E n 2012, Saeed Shami se lance dans une « mission impossible » à l’est de la Méditerranée, à travers le Liban, la Jordanie, la Palestine et la Syrie. En dépit de l’instabilité régionale, de la complexité politique et des risques encourus, Saeed a réussi à établir un programme de renforcement de capacités associant 26 ONG de ces quatre pays, au-delà de leurs différences politiques, sociales et culturelles. On est bien loin des méthodes traditionnelles de type « colonial » que Saeed appliquait dans les années 1980 au Soudan, alors qu’il travaillait pour la Forest National Corporation (Office national des Forêts) en qualité de Conservateur adjoint des Forêts. « Nous nous comportions comme des policiers empêchant les gens d’entrer dans les forêts. Cela me déplaisait car l’accès à la forêt procure des avantages et avoir conscience de ces avantages incite à protéger la nature. » sur les rives du Nil Saeed a grandi à Tangassi, un petit village du Nord du Soudan, où ses parents lui ont appris à utiliser les plantes médicinales pour traiter les affections courantes. « J’ai toujours ressenti un lien très fort entre les arbres et la communauté. » « En 1985, l’occasion se présente pour lui d’aller étudier à Los Baños, aux Philippines, avec la FAO, puis d’obtenir un Master en Foresterie sociale aux Pays-Bas ; s’ensuit une longue collaboration avec la FAO qui lui permet d’approfondir ses connaissances en sociologie, en anthropologie et en agriculture. échanges entre pairs La collaboration dans la région du Levant est un exercice difficile, mais qui en vaut la peine ; il exige une ouverture et une honnêteté à toute épreuve, et une souplesse quant à nos besoins et attentes mutuels. Fort d’une excellente compréhension de la région et de ses enjeux, et soutenu par l’équipe dynamique du Bureau UICN ROWA qu’il a rejoint, Saeed se fixe alors pour but de promouvoir le développement de la communauté des ONG dans la région du Levant. La magie du réseau qu’il a créé depuis réside dans son système ingénieux d’apprentissage, de mentorat et de partage des connaissances entre pairs. Les résultats sont prometteurs. L’Organisation de la Femme Arabe, par exemple, soutient la Société pour la Protection de la Nature au Liban dans son effort d’application de « Al Hima », système de gouvernance traditionnel des ressources naturelles, dans le cadre d’un projet de gestion des terres par rotation. 11 WWF GrEce Des joyaux insulaires « E n 2011, il a fallu une semaine à 5 personnes pour réaliser ce qu’aucun spécialiste de la conservation n’avait jamais fait ; à l’aide de Google Earth, elles ont recensé 11 677 zones humides réparties sur 140 îles de la Méditerranée ! En réponse à la demande d’une résolution spéciale adoptée en 2012 par la Convention de Ramsar, cette tâche herculéenne s’est appuyée sur une étude du WWF en Grèce. Menée sur le terrain, cette étude couvrait pas moins de 805 zones humides disséminées dans 75 îles des mers Égée et Ionienne, au cœur même du projet « Zones humides insulaires ». Cet ensemble de zones humides insulaires comparable à un réseau d’oasis, véritables joyaux cachés, offre à des millions d’oiseaux migrateurs et hivernants des aires de repos et d’alimentation essentielles à leur survie. Pourtant, l’ignorance, le développement sauvage, le remblayage, l’expansion agricole, et les activités sportives hors pistes menacent l’intégrité de ces réseaux, comme l’explique Thanos Giannakakis, coordonnateur de projet au WWF : « Ces lieux sont magiques – mais ils peuvent disparaître du jour au lendemain. Il suffit d’un bulldozer pour qu’une zone humide devienne un hôtel. » D e s zones h umides so us haut e sur v ei lla n c e Ce projet a non seulement permis d’établir une base de données extraordinairement détaillée, précieuse et accessible à tous, mais a aussi réussi à inspirer et mobiliser les communautés locales. Grâce à leurs efforts constants de vulgarisation et de formation, Thanos et ses collègues ont constitué des réseaux de bénévoles, véritables gardiens des zones humides. 12 Il peut être frustrant pour nous d’assister à la destruction d’une zone humide que nous avons enregistrée un ou deux ans auparavant. Mais je suis très fier de ce que nous avons accompli. Ainsi, l’un des réseaux, qui couvre sept îles de la mer Égée (Crète, Lemnos, Lesbos, Paros, Andros, Skyros, et Kos), surveille et entretient les zones humides, signale les cas de dégradation, et participe à des campagnes destinées à améliorer la protection et la gestion de ces sites. Avec le WWF, les membres de ce réseau ont pour objectif d’élaborer des pratiques transposables à d’autres régions. Mais conquérir le cœur et l’esprit des gens n’est pas toujours facile et l’équipe du WWF a souvent dû composer avec les intérêts locaux. Or, depuis que la population a appris à connaître les zones humides, de plus en plus de voix s’élèvent pour exprimer leur soutien et leur gratitude à cette équipe. « Nos bénévoles sont des acteurs clés des zones humides. En 2009, les communautés locales et la municipalité de Souda, en Crète, se sont attaquées à la restauration de l’estuaire de Moronis, qui servait de dépotoir depuis des années, et en ont extrait 10 000m3 de déchets et gravats. C’était la première fois de ma vie que je voyais des bulldozers contribuer à la remise en état d’une zone humide ! » P a r d é c r e t p r é si d e n t i e l En 2011, le WWF et ses partenaires obtiennent de rajouter un article sur la protection des zones humides insulaires à la Loi grecque sur la biodiversité. Et en 2012, c’est grâce aux pressions du public qu’un décret présidentiel est finalement adopté, assurant pour la première fois une protection à 380 petites zones humides réparties sur 59 îles. Ce décret permet indiscutablement de mesurer les progrès accomplis ces dix dernières années. 13 ©Thanos Giannakakis / WWF Greece La zone côtière d’Afrique de l’Ouest L à où le Sahara et l’Atlantique se rejoignent, les eaux peu profondes abritent une multitude de formes de vie grâce à des courants d’upwellings riches en nutriments. Plus de 1000 espèces de poissons peuplent la région et ses estuaires, ses mangroves, ses plages de sable, ses vasières et ses herbiers marins. Véritable paradis pour les oiseaux, le Parc national du Banc d’Arguin accueille à lui seul plus de 2,5 millions d’individus et abrite pendant la période d’hivernage d’importantes concentrations de limicoles paléarctiques et autres oiseaux. Parce que cette région représente l’habitat de nombreuses espèces menacées comme le phoque moine et le lamantin d’Afrique, mais aussi de nombreuses tortues marines, cétacés, requins et raies, collaborer avec les gouvernements, le secteur privé et la société civile est aujourd’hui la priorité pour la conservation. 14 « En Afrique de l’Ouest, les aires protégées constituent les ‘joyaux de la couronne’ de la conservation. En les soutenant tout en s’attaquant aux enjeux systémiques que représentent la pêche et l’industrie extractive, la MAVA intègre divers aspects de la conservation de la © enhaut! – IBAP biodiversité. » Thierry Renaud, Responsable de Programme, Zone côtière d’Afrique de l’Ouest 15 F i n a n c e m e n t s MAVA a c c o r d é s e n 2 0 1 3 ( e n C H F ) <50’000 50’000-100’000 100’000-500’000 500’000-1’000’000 1’000’000-5’000’000 >5’000’000 Les chiffres entre ( ) indiquent la durée du projet en mois 01 Fundacao Maio Biodiversidade Building a sustainable tourism development approach for the benefit of nature and local livelihoods in Maio, Cape Verde Wild Chimpanzee Foundation Preliminary study towards a compensation mechanism for bauxite mining in the Foutah Djallon, Guinea 02 03 04 05 06 07 08 09 Altenburg & Wymenga Ornithological significance of mangroves in coastal West Africa Mener une évaluation socio-écologique dans l’est du Foutah Djallon (Guinée) (12) 11 Évaluer l’importance des mangroves d’Afrique de l’Ouest pour l’hivernage des passereaux (16) 14 Réaliser une évaluation environnementale stratégique pour la gestion de la zone marine commune entre le Sénégal et la Guinée-Bissau (12) Université de Groningue Do nutrients derived from birds drive the food web of Banc d’Arguin, Mauritania? Rechercher l’origine des nutriments dans l’écosystème intertidal du Banc d’Arguin (48) Fondation Internationale du Banc d’Arguin (FIBA) Tinis Soutenir le développement stratégique de Tiniguena, une ONG dynamique de Guinée-Bissau (36) WWF International Reducing Illegal Unreported and Unregulated (IUU) Fishing in Coastal West Africa Obtenir un avis consultatif progressiste de la part du Tribunal international sur le droit de la mer (TIDM) concernant la pêche illicite, non déclarée et non réglementée. Soutenir la participation des parties prenantes ouest-africaines dans le processus (24) Fondation Internationale du Banc d’Arguin (FIBA) PACT Biodiv Soutenir la conservation des aires marines protégées d’Afrique de l’Ouest en valorisant le patrimoine culturel et traditionnel (36) UICN Programme Mauritanie Master International GAED - Gérer les impacts des activités extractives Appuyer la mise en place du Master « Gérer les impacts des Activités Extractives (GAED) » dans les Universités de Nouakchott et Gaston Berger de Saint-Louis (42) 15 Améliorer la gestion du Parc national en renforçant son système de surveillance (48) WWF West Africa Marine Programme Office Enabling PRCM countries in West Africa to meet their obligations under the new CBD Strategic Plan 12 Fondation Internationale du Banc d’Arguin (FIBA) Alcyon 13 WWF West Africa Marine Programme Office Integrated management of off-shore oil and fisheries: A crossborder strategic environmental assessment with Guinea-Bissau and Senegal 10 Institut de la Biodiversité et des Aires Protégées (IBAP) La recherche participative au service de la conservation de la biodiversité du Parc National Marin de Joao Vieira-Poilao (Archipel des Bijagos) 16 Évaluer l’impact de l’expansion du tourisme de masse sur l’environnement à Maio, promouvoir des solutions alternatives et encourager une planification territoriale durable (12) Aider les gouvernements à appliquer le programme de travail sur les aires protégées de la Convention sur la diversité biologique (CDB) dans la région côtière de l’Afrique de l’Ouest (36) Identifier les zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) en mer et préserver les sites de nidification clés dans les pays du PRCM (36) Université de Vigo Catalogue des espèces et des habitats benthiques de l’Afrique de l’Ouest Répertorier la biodiversité et les habitats benthiques de l’écosystème marin du courant des Canaries pour appuyer la conservation et contribuer à la gestion écosystémique des pêcheries (48) UICN Programme Régional d’Education à l’Environnement Phase II Intégrer l’éducation environnementale dans les programmes scolaires des pays du PRCM, et soutenir le réseau régional d’éducation à l’environnement (48) Fondation Internationale du Banc d’Arguin (FIBA) FIBA - Programme 2014-2015 Appuyer les programmes de la FIBA pour 2014-2015 (24) Un e source Aissa des d’inspiration Regalla, Aires In s t i t u t de la Biodiversité et protégées A vec un sourire en coin, Aissa Regalla explique volontiers que, ce qui l’a incitée à étudier la biologie, c’est d’avoir habité en face du bâtiment de l’UICN à Bissau ! Après son entrée à l’Institut de la Biodiversité et des Aires protégées (IBAP), en Guinée-Bissau, Aissa se trouve confrontée à plusieurs défis de taille : l’instabilité du pays, la faiblesse des moyens humains et financiers, et l’ampleur des responsabilités de l’Institut vis-à-vis des aires protégées, qui couvrent 15 % (bientôt 26 %) du territoire national. Ap p rend re au c o nt ac t de la po pul a t i on loc a le Dédiée à sa tâche, Aissa met en place un programme de suivi des espèces et des habitats, rédige des plans d’action pour les espèces menacées, et encadre les activités sur le terrain. La dépendance des communautés locales à l’égard des plantes et des animaux lui révèle l’importance de sauvegarder les ressources naturelles essentielles à leur vie de tous les jours. « C’est au contact des petites communautés que j’ai réalisé que la conservation efficace de la biodiversité était essentielle pour lutter contre la pauvreté. Ce sont en effet les deux faces d’une même médaille. » L e tra va il d es femmes Aissa reconnaît qu’il ne lui a pas toujours été aisé de se faire entendre dans un milieu très masculin. Sa plus grande récompense ? Le lien unique qu’elle a su tisser avec les femmes des communautés avec qui elle travaille. Elle se félicite en outre d’avoir réussi à introduire la question de la parité hommes-femmes dans les approches de l’IBAP. Des cer f s - volant s au ser v ic e de l a c on se r va t i on Aissa reste aussi attentive aux méthodes rentables et novatrices de conservation de la biodiversité, comme la technique très originale mise au point par le collectif « En Haut ! » avec l’IBAP. Il s’agit d’utiliser un appareil photo suspendu à un cerf-volant pour faire le suivi d’espèces ou d’habitats. L’IBAP l’a testée pour recenser les hippopotames « marins » dans le Parc national d’Orango. Et ça marche ! « La MAVA est bien entendu un partenaire important de l’IBAP, mais je lui suis particulièrement reconnaissante d’avoir continué à nous soutenir après le coup d’État de 2012, un événement qui a conduit nombre de bailleurs de fonds à suspendre leur coopération. 17 Sea Around S av o i r , Us c’est pouvoir F ait sans précédent, les autorités sénégalaises ont arraisonné en janvier 2014 un chalutier géant russe de 108 mètres de long, l’Oleg Naydenov. Il était suspecté de pêche illégale dans la zone économique exclusive du pays. Décrit comme un « récidiviste » par le ministre sénégalais des Pêches, ce navire est l’un des nombreux chalutiers géants qui opèrent dans les eaux au large de l’Afrique de l’Ouest. L’Agence d’aide américaine USAID estime ainsi qu’à lui seul, le Sénégal perd chaque année non moins de 150 milliards de francs CFA (soit plus de 220 millions d’euros) du fait de la pêche illicite pratiquée par des navires étrangers. Pour bien gérer ses pêcheries, un pays doit savoir quelles quantités de poissons ont été capturées, à quel endroit, à quelle date et par qui. Or, les données officielles de la FAO ne comprennent ni les rejets en mer de prises accessoires, ni les prises illégales, artisanales et de subsistance, et ne donnent donc qu’une image incomplète de la situation. Le projet Sea Around Us, de l’Université de la Colombie-Britannique, au Canada, a trouvé un antidote. Et dans un monde où près d’un tiers des prises mondiales ne sont pas signalées, Daniel Pauly ne doute pas de sa pertinence pour l’Afrique de l’Ouest. U n e en q uête minut ieuse En rassemblant toutes les données existantes sur les captures et les stocks de poissons, à l’aide des sources d’information disponibles, y compris les témoignages des pêcheurs et les données des scientifiques locaux, l’équipe de Sea Around Us a réussi à préciser la réalité concernant les prises des pêcheries marines mondiales sur toute la période 1950-2010. Ce travail d’investigation permet de responsabiliser les communautés locales et contribue à l’amélioration de la conservation et à l’élaboration de politiques de pêche adaptées. « Toute activité de pêche laisse forcément une trace. Quand les données manquent, combler les lacunes fait partie intégrante de notre philosophie, aussi calculons-nous des niveaux probables de capture en nous fondant sur toutes les informations disponibles. Car pour nous, une estimation est toujours mieux que pas de données du tout ! » 18 « Notre objectif est de permettre une meilleure gestion de la pêche et une meilleure prise de décision. L’Afrique de l’Ouest est un véritable trou noir pour la pêche illégale, et nous aidons par conséquent les acteurs locaux à obtenir une image plus précise de ce qui s’y passe réellement. Des arguments pour se faire entendre Les estimations de captures effectuées par Sea Around Us peuvent être deux à trois fois supérieures à celles de la FAO, remettant en cause les systèmes actuels de gestion et les accords de partenariat dans le domaine de la pêche. On l’ignore peut-être, mais en vertu des accords de pêche durable de l’UE, seuls 2 à 5 % de la valeur des captures reviennent effectivement au pays d’origine ; Daniel Pauly considère donc que l’Afrique de l’Ouest est menacée par des flottes de pêche étrangères. Sous la direction de Dyhia Belhabib en Afrique de l’Ouest, Sea Around Us améliore l’expertise scientifique des pays, renforce les capacités de la société civile, et aide l’Afrique de l’Ouest à mieux négocier pour s’assurer un meilleur avenir. Le fait que le ministre sénégalais de la Pêche se soit servi de données du projet lors de l’arraisonnement de l’Oleg Naydenov illustre parfaitement la portée du travail essentiel mené par cette organisation. 19 © Hellio – Van Ingen L’Arc alpin et la Suisse L ’Arc alpin s’étend à travers huit pays, de la Côte d’Azur à la capitale autrichienne. Il comporte des habitats aussi divers que montagnes, glaciers, forêts, lacs et bassins versants de fleuves majestueux comme le Rhin, le Rhône, le Pô et le Danube. Un millier d’aires protégées, y compris quatorze parcs nationaux et quatre sites du patrimoine mondial de l’UNESCO, abritent plus de 400 espèces végétales endémiques, environ 80 espèces de mammifères, y compris le loup gris, le lynx d’Eurasie et l’ours brun, quelque 200 espèces d’oiseaux nicheurs et 200 d’oiseaux migrateurs, ainsi qu’une large gamme d’animaux et de plantes. Dans un paysage façonné par l’homme au fil des siècles, l’agriculture, le tourisme et la production hydroélectrique représentent autant de défis majeurs pour la conservation. « Dans les Alpes, le vent et l’eau constituent de vraies sources d’énergie – mais ces éléments naturels sont aussi indispensables aux oiseaux et aux poissons. La MAVA soutient la recherche d’un équilibre entre le développement des énergies renouvelables et la préservation de la © Glauco Cugini PNL connectivité écologique.» Holger Schmid, Responsable de Programme, Arc alpin et la Suisse 21 F i n a n c e m e n t s MAVA a c c o r d é s e n 2 0 1 3 ( e n C H F ) <50’000 50’000-100’000 100’000-500’000 500’000-1’000’000 1’000’000-5’000’000 >5’000’000 Les chiffres entre ( ) indiquent la durée du projet en mois 01 Progetto Lince Italia Urgent Lynx conservation action: Reinforcement of southeastern Alpine and Dinaric lynx metapopulation 02 03 Fondation Pro Gypaète Reintroduction of Bearded Vulture in the northern Alps – genetic reinforcing of the successfully reintroduced population Lâcher de neuf jeunes gypaètes afin de stimuler la diversité génétique de la population sauvage existante (36) Forderkreis Naturkundemuseum Bayern e.V. Life Sciences Museum Bavaria Soutenir la construction du Musée des Sciences de la vie en Bavière (1) 04 Verein Beirat NATUR c/o ECOS Eco.Natur congress 2014 (formerly NATURE Congress) 05 06 07 08 09 10 22 Déplacer deux lynx du Jura suisse vers les Alpes italiennes afin d’accroître la population locale de lynx en régression (27) Organiser et mettre en œuvre le Congrès Eco.Natur de 2014 (12) SVS/Birdlife Suisse Monitoring Biodiversity Strategy Phase 3 Coordonner la participation des ONG à l’élaboration du Plan d’action Stratégie Biodiversité Suisse (22) Tamedia Publications Romandes Vaud Futur Mettre en avant la complexité des enjeux scientifiques dans la vie quotidienne et encourager les Vaudois à s’interroger sur l’avenir de la biodiversité, de la recherche neuronale et de la santé (7) Ente régionale per lo sviluppo del Locarnese e della Vallemaggia Connectivité écologique entre le Simplon et le Gottard, les parcs au-delà des frontières Promouvoir la gestion durable au-delà des limites du projet de Parc national du Locarnese, ainsi que la connectivité écologique avec le Parc national de Val Grande, à travers une collaboration avec les communes voisines en Italie (18) Forschungsinstitut für biologischen Landbau (FIBL) Scoring with diversity Evaluer l’efficacité d’un système de notation permettant aux agriculteurs d’ évaluer leurs prestations écologiques en faveur de la biodiversité (36) KORA Status and Conservation of the Alpine Lynx Population (SCALP) Coordonner la conservation et la surveillance du lynx dans les Alpes (36) Stichting Birdlife Europe Rural development planning in the Alpine regions Garantir des avantages écologiques substantiels grâce aux plans de développement rural alpin, dans le cadre des politiques agricoles européennes (17) 11 WWF Autriche Socially and environmentally responsible development of hydropower in Austria Faciliter le dialogue entre les principaux acteurs afin de négocier des solutions durables conciliant le développement hydroélectrique et la préservation des cours d’eau (24) Un e s o u r c e d ’ i n s p i r a t i o n S a m a n t h a B o u r g o i n , P r o j e t Pa r c n at i o n a l d u L o c a r n e s e S amantha Bourgoin, directrice du Projet Parc national du Locarnese, a grandi à Gordevio, dans le Valle Maggia, l’un des paysages les plus sauvages de Suisse, où se nichent des villages pittoresques. « Le soir, en rentrant à la maison, il n’est pas rare que nous voyions un renard, un chamois ou un blaireau. C’est toujours magique. Je baigne dans la forêt depuis ma plus tendre enfance. » Militante, écologiste et réseauteuse, le caractère et la vocation de Samantha ont été forgés par ces paysages, ses études de sciences politiques et, dans sa jeunesse, par une odyssée aux États-Unis à travers 20 parcs nationaux ! U n e voc a t i on n a t u r e l l e En 2007, après une dizaine d’années dans l’édition, Samantha se voit offrir l’occasion de devenir directrice d’un parc situé à deux pas de chez elle. « Je suis si fière de travailler pour la nature et pour les gens de cette région, et de contribuer ainsi à l’avènement de la prochaine génération de parcs nationaux de Suisse. » Incluant des habitats parmi les plus variés d’Europe, le Projet Parc national du Locarnese s’étend des rives du lac Majeur au sommet du Wandfluhhorn, à 2845 mètres d’altitude, et comprend des pâturages lacustres, des prairies, des forêts, des vallées et des sommets alpins. Malheureusement, les fragiles activités pastorales qui ont façonné ce paysage unique au fil des millénaires sont aujourd’hui en déclin. « U n p a r c p ou r l e s g e n s D’ici au vote crucial de 2015, nous devons sensibiliser et convaincre chacune des communes concernées. Et le soutien de la MAVA est essentiel à cet égard. L’objectif ultime de Samantha est que le Projet Parc national du Locarnese obtienne le statut officiel de Parc national. Mais ce ne sera pas sans mal ! La création de ce nouveau parc apporterait de la reconnaissance, du développement touristique et de la visibilité, et pour ses habitants, l’assurance d’un avenir plus prometteur – mais à la seule condition qu’ils votent majoritairement en faveur de ce statut. Il arrive parfois que Samantha et son équipe aient à faire face à une forte opposition et à un soutien hésitant qui mettent leur leadership et leur énergie à rude épreuve. L’opposition des chasseurs et des propriétaires terriens représente un obstacle de taille. Mais si les communes locales exprimaient effectivement un vote favorable, le Projet Parc national du Locarnese deviendrait un véritable parc pour le public, au cœur de l’écorégion des Alpes centrales. 23 Vision Des « Landwirtschaft prairies pour la vie Il est vraiment surprenant qu’un si petit groupe ait réussi à avoir une telle influence sur la politique. Mais nous avons réussi à dénoncer ce qui n’allait pas et la démocratie a pleinement fonctionné ! À la fois manifeste, analyse et plan d’action, l’ouvrage publié en 2010 par l’association Vision Landwirtschaft et intitulé Weissbuch Landwirtschaft (Livre Blanc pour l’agriculture), propose une nouvelle vision pour l’agriculture durable en Suisse. Conformément à la Constitution suisse, son but est d’établir un programme qui transformerait les pratiques agricoles et soutiendrait des communautés alpines prospères grâce à des prairies et pâturages riches en flore et en faune sauvages. Concrétiser cette vision et restaurer un paysage agricole d’une grande diversité biologique et culturelle, telle est la mission de Vision Landwirtschaft. D e l’a rg ent p our rien Jusqu’à présent, 80 % des subventions agricoles de la Suisse étaient attribuées sans condition. Selon Andreas Bosshard, cet argent a été littéralement gaspillé. « Nous versons chaque année 4 milliards de francs suisses de subventions agricoles dont le public ne retire pratiquement rien, tout en important l’équivalent de la production agricole suisse en fourrage. C’est de la folie ! Nous pourrions en faire tellement plus avec nos propres ressources ! » Mais à partir de 2014, grâce principalement à Vision Landwirtschaft et à ses partenaires, la moitié des subventions ne seront accordées qu’aux seuls agriculteurs qui répondront aux conditions suivantes : préserver la santé des écosystèmes de prairies de montagne, diversifier les cultures, s’approvisionner en fourrage suisse, ou appliquer des normes plus strictes en matière de bien-être animal. 24 U n g r ou p e d e r é f l e x i o n e f f i c a c e En collaboration avec des partenaires comme Agrarallianz, et un savant mélange d’agriculteurs, d’écologistes, d’éco-agronomes et d’artistes, Vision Landwirtschaft a créé un mouvement en passe de mettre au point un agenda progressiste pour la politique agricole suisse. C’est grâce à son réseau, à son travail d’information, à ses propositions innovantes et à ses bonnes relations avec les médias, que l’association est devenue un groupe de réflexion efficace. Avec un subtil dosage de compétences, de savoir-faire et de dialogue intense avec les organismes et les parlementaires fédéraux et cantonaux, elle est parvenue à rallier à sa cause la très conservatrice Union suisse des paysans et de gagner. L’objectif de la prochaine campagne sera d’obtenir une réduction supplémentaire des paiements inconditionnels à 30 % du montant total des subventions dans le cadre de la politique agricole pour la période 2018-2021. Autre objectif : introduire de nouvelles mesures incitatives pour encourager un usage réduit des pesticides et une utilisation efficace des ressources. 25 © Biosphoto / Eric Soder / Photoshot Une économie durable L a poursuite du développement économique et la quête de ressources dans des endroits toujours plus reculés et vulnérables ont un impact considérable sur la nature. Le nouveau programme « Économie durable » de la MAVA recherche les moyens de favoriser une économie prospère tout en restant dans les limites des ressources de notre planète. En agissant sur le modus operandi de l’économie, ce programme encourage la recherche de solutions novatrices qui prennent en compte les services et les avantages environnementaux, induisent des sources de financement responsable, ou soutiennent une production et une consommation moins intensives des ressources. « Notre programme ‘Économie durable’ va au-delà des questions de recyclage ou de gains d’efficacité ; il encourage les approches et les projets susceptibles d’aider à restructurer fondamentalement le mode © Mark Moffett / Minden Pictures de fonctionnement de notre économie. » Holger Schmid, Responsable de Programme, Économie durable 27 F i n a n c e m e n t s MAVA a c c o r d é s e n 2 0 1 3 ( e n C H F ) <50’000 50’000-100’000 100’000-500’000 500’000-1’000’000 1’000’000-5’000’000 >5’000’000 Les chiffres entre ( ) indiquent la durée du projet en mois 01 Forum Ökologisch-Soziale Marktwirtschaft e.V. Support for the GBE/öBU/ZHAW Conference: “Green Taxation and Emissions Trading - How to make Market-Based Instruments work”. October 2013, Winterthur. 02 Association for Sustainable and Responsible Investment in Asia (ASrIA) Development funding for the Association for Sustainable and Responsible Investment in Asia (ASrIA) 03 04 05 06 Les Amis de la Terre - Europe Less is more: Resource Governance for the EU Natural Capital Project Strengthening Innovation and Impact of Natural Capital Approaches Soutenir la conférence GBE/öBU/ZHAW 2013 « Green Taxation and Emissions Trading » (Fiscalité verte et échange des droits d’émissions) Renforcer la finance durable en Asie, en partenariat avec des réseaux régionaux et mondiaux (12) Plaider en faveur de l’inclusion d’indicateurs et d’objectifs d’utilisation durable des ressources naturelles dans les politiques et législations nationales et de l’UE (36) Synthétiser les leçons tirées des processus décisionnels mondiaux concernant les services écosystémiques, encourager la prise en compte du capital naturel dans le domaine politique et financier, et lancer des projets pilotes (24) Institut international pour le développement durable (IISD Europe) Implementing Green Public Procurement: How China could lead green economic transformation Démontrer les avantages économiques et écologiques potentiels de l’intégration de marchés publics « verts » en Chine (18) Investor Watch Ltd Carbon Tracker Aligner les marchés de capitaux et l’évaluation des entreprises sur des objectifs respectueux du climat, et orienter la réaffectation de capital axée jusqu’à présent sur l’extraction de combustibles fossiles vers une activité économique durable (36) Club de Rome The Club of Rome reporting to the world Créer une dynamique allant dans le sens d’une économie durable en menant des activités ciblées de plaidoyer et de communication auprès des décideurs en Europe, au Brésil, au Canada, en Inde, en Indonésie, en Chine et dans d’autres pays récemment industrialisés (18) WWF Chine Greening China-Africa trade, aid and investment Améliorer la responsabilité sociale et environnementale des entreprises chinoises présentes en Zambie et à Madagascar en facilitant le développement et la mise en œuvre des engagements pertinents pris dans le cadre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC 2012), et en renforçant la participation de la société civile africaine (36) WWF International Global Climate and Energy Initiative: Making renewable energy the new normal Garantir un engagement institutionnel à accroître de US$ 40 milliards ses investissements dans les énergies renouvelables et/ou un désengagement à l’égard du charbon, du pétrole et du gaz (18) Organisation mondiale des législateurs pour un environnement équilibré (GLOBE) The GLOBE Natural Capital Initiative (GNCI) Encourager les pays clés à intégrer la comptabilisation du capital naturel dans leurs politiques et processus décisionnels, et obtenir la reconnaissance de son rôle dans la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD) (12) 13 Global Infrastructure Basel Foundation (formerly Global Energy Basel Foundation) Establishing Sustainable Infrastructure in Projects and Capital Markets with the Help of the GIB (Global Infrastructure Basel) Grading Tool Promouvoir une large adhésion à l’outil GIB en tant que méthode crédible pour favoriser les activités d’investissement et de développement consacrées aux infrastructures durables (36) 09 10 11 12 14 07 Coalition pour une économie verte (entité juridique de l’IIED) Measure What Matters Progresser plus rapidement sur la voie de l’économie durable en veillant à ce que les grandes entreprises et les décideurs nationaux et mondiaux partagent des indicateurs de base communs et tirent avantage de leur utilisation (36) Bureau européen de l’environnement (BEE) Overhauling EU product and waste policies for a greener resource-efficient economy Soutenir la Commission européenne dans l’élaboration de politiques plus fortes en matière de produits et de déchets afin de réduire la pression qu’exercent sur les écosystèmes les pratiques néfastes d’extraction de ressources, d’utilisation des sols et de production de déchets (24) 15 08 28 Global Footprint Network Boosting Global Footprint Network’s Content Engine Faire progresser la science fondamentale dont dépend le réseau Global Footprint Network, renforcer la plateforme des National Footprint Accounts (NFA) (Comptes nationaux d’empreinte écologique), et en préparer une mise à jour, NFA 2.0 (36) Foundation for Global Sustainability (FFGS) Swisscleantech 2014-2016 Influencer le cadre réglementaire suisse afin de positionner la Suisse comme leader de l’utilisation efficace des ressources (37) Un e source Oliver d’inspiration G r e e nf i e l d , Coalition pour une économie verte C oordonnateur, auteur, stratège et militant convaincu, Oliver Greenfield est en quelque sorte un homme de la « Renaissance moderne », parti en croisade pour une économie verte. Dans sa jeunesse, Oliver aide Robin Clarke, ornithologue britannique, à redécouvrir le Hocco unicorne Crax unicornis, un oiseau présumé éteint, au nord-est de la Bolivie, et écrit un livre sur cette expérience : In Quest of the Unicorn Bird. Puis, après avoir décroché un diplôme en ingénierie et administration, et avoir travaillé quelque temps chez Booz Allen, un grand cabinet de conseil, Oliver entre au BBC World Service au début des années 2000, où il s’attache à placer l’environnement au premier plan de l’actualité. De plus en plus intéressé par l’approche systémique, et conscient des liens entre instabilité politique, pénurie de ressources naturelles et dégradation de l’environnement, Oliver rejoint le WWF en 2004, et la Coalition pour une économie verte en 2011. Un s en s à la v ie En bon coordonnateur, Oliver dirige une coalition internationale novatrice pour une économie juste, durable et solidaire, élabore une stratégie, établit des partenariats, mobilise des fonds, mène des actions de plaidoyer, tout en étant le principal porte-parole de cette coalition. « Le Rapport Stern, en 2006, a marqué un tournant. Soudain le gouvernement britannique écoutait parce que le changement climatique était présenté comme une défaillance majeure du marché. La Coalition pour une économie verte nous a permis de trouver les moyens de remédier à de telles lacunes. » L’établissement d’une Économie verte passe par la redéfinition du concept de « succès » et la justification économique de la conservation de la nature. Le projet Measure What Matters (Mesurer ce qui compte) consiste à décrire et intégrer des indicateurs qui vont au-delà du PIB et englobent des paramètres environnementaux, sociétaux et financiers. Il vise à mesurer l’amélioration de la qualité de vie dans les limites écologiques de la Planète. Avec ce projet, qui représente l’un des premiers du programme « Économie durable » de la MAVA, Oliver est rapidement devenu un partenaire de confiance de la Fondation. « Une vie qui a un but est une vie bien vécue. La mienne consiste à chercher les moyens de remédier aux faiblesses de notre système économique qui se traduisent par une société profondément injuste et un environnement sérieusement détérioré. 29 Global Footprint Mesurer le Network dépassement S i le concept d’« empreinte écologique » est aujourd’hui entré dans les mœurs, c’est grâce à deux pionniers. Il y a vingt ans, ils ont imaginé un monde dans lequel la description et la prise en compte de la surexploitation des biens et services naturels deviendraient une bonne pratique en matière d’économie et de gouvernance. L’un d’eux s’appelait Mathis Wackernagel, qui fonde le Global Footprint Network (Réseau mondial de l’empreinte écologique) en 2003. C’est une organisation dont le but est de transformer l’économie actuelle qui en recherchant la croissance économique maximale (concept d’ « économie de la dilapidation ») induit l’épuisement des ressources naturelles. D’après Mathis, cette transformation de l’économie actuelle en une économie créatrice de prospérité et respectueuse des limites naturelles de la planète s’impose. « Depuis le milieu des années 1970, l’humanité se trouve dans une situation de dépassement écologique, qui alimente des conflits et porte atteinte au bien-être de tous. Il s’agit du plus grave danger qui pèse sur l’humanité en ce 21e siècle. Nous devons parvenir à une économie respectueuse de la capacité de régénération de la planète. » U n c a p ita l na tu rel po ur l es déc ideurs Le réseau Global Footprint Network joue un rôle central dans le nouveau programme « Économie durable » de la MAVA. La recherche de l’excellence et d’une comptabilité environnementale toujours plus précise, alliée à des efforts de sensibilisation et à un engagement constants caractérisent ce réseau. Le secteur financier constitue à cet égard un public-cible essentiel car la plupart des décideurs sous-estiment encore l’impact des contraintes écologiques sur la stabilité économique. La garantie d’un accès universel et équitable aux ressources naturelles, le suivi des flux des ressources disponibles et le respect des limites du budget de la nature, sont autant d’éléments fondamentaux pour la réduction de la pauvreté, la prospérité économique et la stabilité sociale – sans parler de la conservation. 30 écologique « Le débat mondial sur la durabilité est dans une impasse, car il est présenté à tort comme un choix cornélien opposant respect des limites de la planète et droit au développement. E n vi sa g e r l’ a ve ni r La comptabilité environnementale et la mesure de l’empreinte écologique sont devenues pratiques courantes. Chacun d’entre nous peut calculer le nombre de planètes auquel équivaut son mode de vie. Aujourd’hui, le Global Footprint Network suit chaque année plus de 200 pays en utilisant 6000 points de données par pays. Onze pays ont adopté officiellement l’approche « empreinte écologique » et d’innombrables organisations s’appuient sur les résultats du Réseau. L’an dernier, des analyses ont été effectuées en Méditerranée, aux Philippines et au Moyen-Orient et, en collaboration avec l’Initiative financière du PNUE, le Réseau a mis au point une méthode qui permet d’évaluer l’incidence du profil écologique d’un pays sur son risque de crédit. En octobre 2013, avec le soutien de la MAVA, le Réseau a accueilli à Venise plusieurs dizaines de représentants gouvernementaux, de dirigeants d’ONG et d’universitaires, et a coordonné une étude des risques associés aux ressources en Méditerranée. Pour Alessandro Galli, le responsable du Projet Méditerranée, le défi est clair : « Pour que les pays et les investisseurs réussissent, nous devons abandonner le raisonnement cloisonné et à court terme, au profit d’une vision plus globale et à plus long terme qui fasse la différence entre dilapidation et régénération du capital naturel.» 31 © Mark MacEwen / naturepl.com Les projets P globaux rotéger durablement la biodiversité est aussi lié à des dynamiques mondiales. Ce qui se passe au niveau global peut avoir des effets non négligeables sur les projets de nos partenaires au plan local ou régional, pour le meilleur comme pour le pire. Ce n’est qu’en nous mobilisant au-delà de nos trois régions prioritaires, en nous attaquant aux menaces planétaires et aux questions transversales que nous pouvons espérer garantir un avenir à la biodiversité et à l’humanité, et asseoir efficacement les bases de notre travail sur le terrain. « Nos financements globaux nous offrent le degré de flexibilité nécessaire pour soutenir d’importantes initiatives venant compléter nos programmes prioritaires. Nous utilisons avant tout cette souplesse pour les projets qui fournissent des outils de conservation au niveau global ou qui © David Tipling / 2020VISION / naturepl.com prennent en considération les conditions structurelles qui favorisent la conservation.» Lynda Mansson, Directrice générale 33 F i n a n c e m e n t s MAVA a c c o r d é s e n 2 0 1 3 ( e n C H F ) <50’000 50’000-100’000 100’000-500’000 500’000-1’000’000 1’000’000-5’000’000 >5’000’000 Les chiffres entre ( ) indiquent la durée du projet en mois 01 02 03 04 05 34 Ocean Conservancy Ocean plastic pollution Rechercher les causes et les sources de la pollution des océans par les matières plastiques (9) Groupe de spécialistes de la conservation transfrontalière de la Commission mondiale des aires protégées (CMAP) de l’UICN Revision of the IUCN WCPA Best Practice Guideline on Transboundary Conservation Synthétiser les connaissances actuelles, diffuser les meilleures pratiques, et mettre en valeur différentes études de cas régionales et sur les écosystèmes, en vue d’améliorer la conservation transfrontalière (19) BirdLife international 2013 Founder Patron Contribution Apporter un soutien de base pour 2013 (12) 06 07 08 Konrad Lorenz Stiftung Konrad Lorenz Stiftung- Prof Festetics Transférer les Archives Konrad Lorenz au Château Esterhazy (Eisenstadt) Fish2fork Fish2fork consumer ratings Permettre aux consommateurs de noter les restaurants en fonction de la durabilité de la pêche dont est issu le poisson qu’ils servent (36) WWF Autriche Protecting Europe’s Lifeline – the creation of a Transboundary Biosphere Reserve along the Danube, Drava and Mura (second phase) Assurer la mise en œuvre effective de la Réserve de biosphère transfrontalière Mura-Drava-Danube qui traverse cinq pays – « l’Amazone de l’Europe » (24) UICN Strengthening the evidence base for IUCN Red List of Ecosystems and testing integration with other tools and approaches Constituer un corpus de données factuelles pour la Liste rouge des écosystèmes de l’UICN et étudier les moyens de l’intégrer à des outils et des approches connexes (48) Association TAKH Outreach and transfer of a long-term, evidence- based integrated Przewalski’s horse reintroduction project in the Mongolian Gobi Soutenir la mise en œuvre des activités de l’Association TAKH en 2014 (36) Un e source Arno E d’inspiration Mohl, WWF Autriche n 1984, Arno Mohl est adolescent et se rend en bus à Hainburg pour participer à une manifestation contre la construction d’un barrage sur la dernière portion inexploitée du Danube en Autriche. Dix ans plus tôt, il avait assisté impuissant à la destruction de son aire de jeux naturelle sur les rives de la Drave, en Carinthie. Sa passion pour la nature coulait déjà dans ses veines. « J’adorais nager dans la rivière, découvrir la nature avec mon père, attraper des lézards et des grenouilles. Un jour, les bulldozers sont arrivés pour construire un barrage. Je ne sais plus combien de temps j’ai pleuré. » Cin q p a y s , tro is c o urs d’eau, une vi si on En 2000, c’est donc sans surprise qu’Arno se retrouve à travailler pour le WWF et à le convaincre de s’engager dans le plus vaste projet de conservation des cours d’eau jamais entrepris en Europe. « La première fois que j’ai réellement vu le cours inférieur de la Drave c’était en 1992, lors d’un séjour en Hongrie comme étudiant. D’une haute falaise, j’ai découvert à mes pieds un paysage immense, formé de bancs de graviers et de forêts inondables. J’ai su alors que, d’une manière ou d’une autre, je devais protéger ce paradis naturel. » En équipe avec Martin Schneider-Jacoby d’Euronatur, Arno et le WWF entreprennent de transformer le rêve de Réserve de biosphère transfrontière de l’UNESCO en une réalité politique et de conservation. Leur mission consistait à persuader cinq pays – l’Autriche, la Hongrie, la Slovénie, la Croatie et la Serbie – de surmonter leurs tensions historiques et de protéger près d’un million d’hectares. Cet habitat riverain, encore quasiment intact, s’étendait sur les 700 kilomètres de portions à courant libre de la Mura, de la Drave et du Danube. I nciter à l’a ct io n et éc o ut er l a nat u r e En 2011, vingt-deux ans après le rêve initial, les cinq pays conviennent d’établir la réserve. Inspirés par la vision d’un système fluvial sain, bien géré et prospère, et par la promesse d’une reconnaissance internationale, ils demandent son inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui, Arno et une équipe de représentants de ces pays restent plus déterminés que jamais à concrétiser cette vision. « L’année passée, j’ai emmené mon fils en kayak dans la portion croate de la Drave que nous avons réussi à préserver. Quand on écoute la nature, il est plus facile de s’engager pour ce qui est juste. 35 Association Les TA K H c h e va u x s a u va g e s J usqu’à sa récente réintroduction, la dernière observation rapportée de la présence du cheval de Przewalski dans la nature remontait à 1969, dans le désert de Gobi. La chasse et la pression sur les pâturages semblaient y avoir scellé le destin du dernier vrai cheval sauvage de la planète. Mais c’était sans compter sur la détermination de Claudia Feh, une étho-écologiste qui, avec l’Association Takh et le soutien de plusieurs écologistes rattachés à des programmes parallèles, réalise en 2004 le rêve de sa vie : réintroduire le cheval de Przewalski dans son habitat sauvage d’origine en Mongolie. « Les premiers chevaux de Przewalski que j’ai vus étaient représentés dans des peintures rupestres. Leur beauté m’avait impressionnée, mais ce qui m’avait le plus touchée, c’était de savoir qu’ils avaient disparu de notre monde. » « Lorsqu’ils ont vu les chevaux arriver, les habitants ont crû que nous allions tôt ou tard leur demander à eux-mêmes de partir. Bien au contraire! Nous comptons sur leur bonne volonté et pour cela nous les soutenons dans leur activité d’éleveurs. Le cheval de Przewalski, qui doit son nom à l’explorateur russe Nikolai Przhevalsky (1839–1888), vivait dans les vastes prairies des steppes d’Asie centrale depuis des millénaires. Avec leur robe isabelle, leurs oreilles aux extrémités noires et leur crinière sombre, ces créatures trapues et puissantes, appelées takhi en mongol (qui veut dire « esprit »), symbolisent la liberté et le bien-être dans cette contrée où la croyance veut que l’on entre au paradis à cheval ! U n e f a mille B ou g e ot t e e t r ou e t s En 1993, Claudia entreprend au Villaret, dans le Parc national des Cévennes, au sud de la France, un programme d’élevage ambitieux avec onze chevaux nés en captivité. Libres de paître et de choisir leurs partenaires de reproduction comme dans la nature, ces chevaux ont tissé des liens familiaux qui se sont avérés déterminants lors de leur réintroduction ultérieure. Un jour, pris d’une envie bien naturelle de bouger, quelques jeunes chevaux s’échappent de leur enclos et partent explorer un lac situé à 50km ! Ce sera grâce à une aide locale qu’ils vont finalement être ramenés dans l’enclos. Cette implication des populations locale est déterminante. « Nous avions choisi de transporter les individus faisant partie de groupes familiaux stables dans l’espoir qu’ils resteraient ensemble, et ils l’ont fait ! C’est à la cohésion du troupeau qu’ils doivent leur capacité de lutter contre les loups et de survivre dans la nature mongole. » Avec le lâcher en 2004 de 22 chevaux dans un enclos de 14 000 hectares au cœur du Parc national de Khar Us Nuur, au nord du désert de Gobi, ce sont des décennies de recherche qui finissent par payer ; Claudia se voit décerner le Prix Rolex pour l’esprit d’entreprise. Aujourd’hui, deux générations plus tard, le troupeau compte 40 individus en Mongolie. 36 L’association cherche aussi à rendre cette activité plus durable en encourageant l’élevage de chameaux plutôt que l’élevage de chèvres, ce qui permet de réduire l’impact du bétail sur les pâturages de steppes. En même temps, l’introduction par le projet de rouets facilite la production de la laine de chameau, procurant ainsi un revenu à des populations locales qui en ont cruellement besoin. Dans le même esprit, en 2014, un fabricant français va créer un nouveau label « Takh » pour des couvertures et des châles de luxe. Malgré tous ces efforts et bien que le statut du cheval de Przewalski soit passé de « éteint à l’état sauvage » à « en danger » sur la Liste rouge des espèces menacées, il reste encore beaucoup à faire avant de voir ces chevaux sauvages galoper vraiment librement au-delà des clôtures. 37 © Claudia Feh - TAKH LES Membres du Conseil André Hof fmann Luc Ho f fmann Maja Hof fmann Rosalie Hof fmann Jonathan Knowles Protecteur de la nature et Viceprésident non-exécutif de Roche Holdings Ltd. et de Givaudan SA. Membre du conseil d’administration de l’INSEAD. Président de la Fondation Internationale du Banc d’Arguin (FIBA) et Vice-président de la Fondation Tour du Valat et du WWF International. Ardent protecteur de la nature depuis plus de 60 ans. Cofondateur du WWF International et de la Convention de Ramsar sur les zones humides. Fondateur de la Station Biologique de la Tour du Valat, de la Fondation Internationale du Banc d’Arguin, de la Société pour la protection de Prespa et de la Fondation MAVA. Productrice, collectionneuse et mécène dans le domaine de l’art contemporain. Fondatrice de la Fondation LUMA. Cofondatrice de la Fondation Tour du Valat. Présidente du conseil de l’International School de Lausanne, membre du conseil de la Fondation de l’Hermitage, Lausanne. Cofondatrice et membre du Conseil de la Fondation Hoffmann. Professeur émérite à l’EPFL, en Suisse, professeur dans le cadre du programme FiDIPro à l’Institut finlandais de médecine moléculaire. Siège au conseil d’administration de Cancer Research UK. Ancien responsable de la recherche pour le groupe Roche. – Président – Membre – Membre Claude Mar tin Vera Michalski-Hoffmann Huber t du Plessix Jean-Philippe Rochat Président de eco.ch - le Forum Suisse pour la Durabilité. Chancelier de l’International University à Genève et ancien Directeur général du WWF International. Éditrice et mécène, cofondatrice de la Fondation Tour du Valat et du groupe éditorial Libella, et fondatrice de la Fondation Jan Michalski pour l’Écriture et la Littérature. Directeur des Investissements et de la Logistique chez Rolex S.A. Membre du conseil de plusieurs fonds de pension. Ornithologue et Président de la Fondation Phragmites. Avocat, partenaire de l’étude Carrard & Associés, à Lausanne, Président et membre du conseil d’administration de plusieurs sociétés et fondations suisses et étrangères. – Membre 38 – Membre – Président émérite – Membre – Trésorier – Membre E n cette veille du 20e anniversaire de la MAVA, nous dressons le bilan des deux dernières décennies, et nous félicitons les partenaires que nous soutenons pour leurs réalisations extraordinaires. Leur travail fait écho à notre mission : constituer et renforcer une communauté d’acteurs de la conservation, enrichir les connaissances scientifiques et préserver la vie sur Terre. Mais il nous reste encore tant de défis à relever, que nous devons continuer à travailler ensemble. L’an dernier, nous avons lancé les premiers projets de notre nouveau programme « Économie durable ». Cette innovation me tient particulièrement à cœur car elle nous permettra sans doute de répondre à notre ambition de soutenir et de rassembler une communauté « d’acteurs du changement » susceptibles d’être les catalyseurs d’une économie véritablement durable. Et je suis confiant que nous sommes sur la bonne voie. Grâce à notre engagement de longue date dans nos trois régions prioritaires, à l’envergure des activités que nous finançons, et à la diversité de nos partenaires, la MAVA a acquis une perspective unique dans le domaine de la conservation. Je suis convaincu que nous pouvons faire encore plus pour distiller et partager tout ce que nous avons appris depuis 20 ans et, d’ici à 2015, nous allons réfléchir aux moyens de tirer profit de cette vision originale. © Pete Oxford / WWE Planifier des résultats dans la durée À cela s’ajoute la volonté de s’assurer que les résultats obtenus s’inscrivent dans la durée, et que nos partenaires clés s’engagent effectivement sur la voie d’un avenir durable. Pour la MAVA, il sera donc essentiel de les aider à diversifier leurs sources de financement et à renforcer leur propre capacité à mobiliser des fonds. Au fil du temps, nous prévoyons en effet de nous concentrer sur un nombre plus restreint de projets et de partenaires, tout en veillant à approfondir encore nos liens, à renforcer notre engagement et à maximiser notre impact. Notre intention est certes de poser les bases qui permettront à nos partenaires d’être suffisamment solides, avertis et indépendants pour poursuivre leurs activités essentielles. Mais nous gardons également à l’esprit notre vision de contribuer à l’émergence d’une société civile dynamique, active et efficace dans l’ensemble de nos régions et programmes prioritaires. Nous devons notre réussite au travail de nos partenaires, dont bon nombre ont grandi avec nous. J’estime que l’une de nos principales contributions à la conservation de la nature est justement cette communauté d’organisations forte et soudée que nous avons activement soutenue au cours de ces années. Je me réjouis beaucoup de travailler avec vous à nouveau au cours de cette prochaine année. À l’instar de tout bailleur de fonds, la MAVA s’attache à maximiser l’impact de ses investissements. Consciente de l’importance que revêt ce travail d’évaluation et de notre marge de progrès supplémentaire dans ce domaine, la MAVA entend justement étudier en 2014 la manière de mesurer le succès de ces investissements. André Hoffmann, Président 39 L es membres de l ’ équipe Lynda Mansson Suzanne Amrein Rachel Stur m Laurianne Demierre Directrice générale Assistante de direction Responsable administrative et financière Analyste financière – – – Holger Schmid Paule Gros Marko Pecarevic Thierr y Renaud Carol Wuersch Responsable de Programme, Arc alpin et la Suisse / Economie durable Responsable de Programme, Bassin méditerranéen Agent de Programme, Bassin méditerranéen Responsable de Programme, Afrique de l’Ouest Assistante de Programme – 40 – – – – – 41 Cup Lichen (Cladonia sp) growing on fallen tree trunk, Germany © Ingo Arndt / FotoNatura / Minden Pictures / Biosphoto C rédits photo 01 Page de couverture • Linaigrettes et Crête du Queyrellin, Hautes-Alpes, France © Philippe Giraud / Biosphoto 03 Lettre du Président et de la Directrice générale • André Hoffmann © Hervé Hôte • Lynda Mansson © Niall Macpherson 04 Notre histoire • Luc Hoffmann © Tour du Valat • Baguage des flamants roses dans les années 50 © Tour du Valat • André Hoffmann © Hervé Hôte 05 Notre engagement • Echassier blanc dans un marais côtier à l’aube, Péninsule de Giens, France © Pascal Pittorino / Biosphoto 08 Page d’introduction – Bassin méditerranéen • Parc National de Taza, Algérie © Renaud Dupuy de la Grandrive, « Méditerranées, dans le sillage des aires marines protégées méditerranéennes », http://méditerranées-lelivre.com/ 11 Une source d’inspiration • Saeed Shami © IUCN ROWA 13 Des joyaux insulaires • Etang temporaire de Tou Tourkou o Lakkos, Crète © Thanos Giannakakis / WWF Grèce 14 Page d’introduction – Zone côtière d’Afrique de l’Ouest • Ilot de Rumai, depuis l’Ile de Formosa, Archipel des îles Urok, Bijagós © enhaut! – IBAP 17 Une source d’inspiration • Aissa Regalla © IBAP 19 Savoir c’est pouvoir • Pêcheurs dans le Saloum © Hellio – Van Ingen 20 Page d’introduction – Arc alpin et la Suisse • Valle Onsernone © Glauco Cugini PNL 23 Une source d’inspiration • Samantha Bourgoin © Heinz Staffelbach PNL 25 Des prairies pour la vie • Fleurs de pavot et bleuets dans un champs d’orge, Canton du Valais, Suisse © Biosphoto / Eric Soder / Photoshot 26 Page d’introduction - Economie durable • Vue aérienne de Belo Horizonte, la troisième plus grande ville du Brésil, en contraste avec le parc naturel qui longe la limite sud de la ville, Brésil © Mark Moffett / Minden Pictures 29 Une source d’inspiration • Oliver Greenfield © Green Economy Coalition 31 Mesurer le dépassement écologique • Vue depuis Burj Kalifa, le bâtiment le plus haut du monde, Dubaï au lever du jour. Emirats arabes unis © Mark MacEwen / naturepl.com 32 Page d’introduction - Projets globaux • Oies à bec court (Anser brachyrynchus) s’envolant de leur dortoir à l’aube, The Wash, Snettisham, Norfolk, Royaume-Uni © David Tipling / 2020VISION / naturepl.com 35 Une source d’inspiration • Arno Mohl © Arno Mohl 37 Les chevaux sauvages • Chevaux Przewalski dans la neige © Claudia Feh - TAKH 38 Membres du Conseil de Fondation • André Hoffmann, Luc Hoffmann, Claude Martin, Hubert du Plessix, Jean-Philippe Rochat © www.yves-junod.com • Rosalie Hoffmann © Marko Pecarevic • Maja Hoffmann © Philip Bermingham • Jonathan Knowles © Gary Wornell • Vera Michalski-Hoffmann © Yves Leresche 39 Planifier des résultats dans la durée • Chênes-liège, Parc national de Doñana, Espagne © Pete Oxford / WWE 40 Membres de l’équipe • Lynda Mansson, Laurianne Demierre © Niall Macpherson • Suzanne Amrein, Rachel Sturm, Holger Schmid, Paule Gros, Marko Pecarevic, Thierry Renaud, Carol Wuersch © www.yves-junod.com • Lichen (Cladonia sp) sur le tronc d’un arbre, Allemagne © Ingo Arndt / FotoNatura / Minden Pictures / Biosphoto 41Design 42 • Yona Lee SA / www.yonalee.com ----------------------------------Pour tout renseignement complémentaire, veuillez nous contacter à l’adresse suivante : MAVA, Fondation pour la Nature Rue Mauverney 28 1196 Gland, Suisse ----------------------------------Tél: + 41 21 544 16 00 [email protected] -----------------------------------www.fondationmava.org 43 MAVA Fondation Rue Mauver ney, 28 pour | la 1196 Nature Gland, www.fondationmava.org Suisse
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