DROIT DES SOCIÉTÉS UE-TURQUIE ENERGIE Un contrôle accru des actionnaires sur les rémunérations Page 6 L’avenir incertain du processus d’adhésion d’Ankara Page 12 Ratification de la Charte de l’énergie : la Russie réfléchit Page 15 LE QUOTIDIEN DES AFFAIRES EUROPÉENNES europolitics.info Analytique, complet, indépendant Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 42e année FOCUS Le Fonds Pêche bientôt opérationnel Par Anne Eckstein Dernier acte dans le processus législatif relatif à la Politique commune de pêche (PCP) réformée : la commission de la pêche (PECH) du Parlement européen a approuvé à l’unanimité, le 7 avril, l’accord conclu le 28 janvier avec le Conseil et la Commission européenne concernant le nouveau Fonds européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche (FEAMP). La plénière devrait en faire autant le 16 avril. Le Fonds sera opérationnel dès que le Conseil aura, lui aussi, approuvé le règlement (bit. ly/1mUILKB). Le FEAMP a pour objectif d’aider le secteur de la pêche et les communautés qui en sont tributaires (transformation et commercialisation) à mettre en oeuvre et à s’adapter à la nouvelle PCP pour une pêche plus durable. Le Fonds est doté d’un budget de 6,4 milliards d’euros sur la période 2014-2020, dont 4,3 milliards gérés conjointement par la Commission et les Etats membres pour le développement durable des pêches et de l’aquaculture, 647 millions gérés directement par la Commission, 580 millions dédiés aux contrôles et à la mise en œuvre, 520 millions destinés à la collecte de données, 192 millions accordés aux régions ultrapériphériques, 71,1 millions pour la politique maritime intégrée (PMI) et 45 millions pour l’aide au secteur en cas de crise. Déficit public : pourquoi la France aura du mal à convaincre Sommaire Par Jorge Valero Son taux de croissance (en hausse) ne plaide pas en faveur d’un nouveau délai pour résorber son déficit. La France obtiendra-t-elle un délai supplémentaire pour ajuster son déficit ? Le débat est devenu éminemment politique à 49 jours des élections européennes. La gauche et la droite s’affrontent non seulement sur la question de savoir jusqu’où l’UE doit se conformer scrupuleusement aux règles d’ajustement budgétaire mais aussi sur la question de savoir si le rythme des corrections est celui qui convient le mieux à une relance de la croissance. Malgré l’offensive menée par le Président François Hollande pour regagner la confiance des institutions européennes et des marchés par le biais d’un nouveau programme national de réformes (le «pacte de responsabilité») et d’un remaniement ministériel, la France va devoir mener une bataille difficile. La Commission européenne et l’Allemagne ont déjà fait savoir que Paris avait tout intérêt à respecter ses engagements. Le nouveau ministre français des Finances, Michel Sapin, a déclaré, le 7 avril, après avoir rencontré son homologue allemand, Wolfgang Schäuble, que la France mettrait en oeuvre les économies annoncées. Lors d’une conférence de presse à Berlin, M. Sapin a expliqué qu’il était clair pour tout le monde que le moyen de sortir de la crise serait, en premier, de respecter les engagements pris par la France et, en second, d’augmenter la croissance économique. En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues Au cours du week-end, les deux principaux candidats à la présidence de la Commission européenne ont abordé la question. «Je ne crois pas que la France bénéficiera d’un nouveau traitement spécial», a déclaré le candidat PPE, Jean Claude Juncker. A l’opposé, le candidat socialiste et président du Parlement européen, Martin Schulz, a souligné que la France pourrait recevoir une nouvelle échéance «si nécessaire» mais sans l’imposition de réformes contre la volonté de la France. CROISSANCE INATTENDUE Les chiffres sont défavorables à la France. La Commission pourrait accorder un prolongement de calendrier au gouvernement français si, au terme de son évaluation, elle conclut que M. Hollande a pris des «mesures efficaces» pour se conformer aux exigences d’ajustement, mais qu’un ralentissement économique inattendu met en péril les mesures prises. Il semble toutefois «très difficile» pour Paris de justifier un tel scénario, explique un haut fonctionnaire européen à Europolitics. Le pays a enregistré une croissance du PIB plus élevée que prévu au cours du dernier trimestre (0,3% du PIB). En outre, en juin dernier, la France a déjà obtenu un délai de deux ans pour ramener son déficit sous le seuil obligatoire de 3% d’ici 2015. Mais le déficit de 4,3% du PIB en 2013 a dépassé l’objectif de 4,1%, et la Commission pense qu’il «existe aussi un risque important de non-conformité en 2014» (objectif de 3,6%). La raison principale est que les reve(suite p.4) nus des nouvelles mesures www.europolitics.info toute l’actualité des politiques européennes. THE PUBLICATION OF CHOICE FOR EU PROFESSIONALS AND THE WIDER PUBLIC Follow us EUROPOLITICS_SA Rue d’Arlon, 53 | B-1040 Brussels – Belgium | T: +32(0)2 737 77 09 D13115-AP-Europolitics-FR V2.indd 1 06/01/14 14:25 Europolitics la publication choix pourles lesprofessionnels professionnels de et et le grand public. Europolitics est laest publication de de choix pour del’Europe l’Europe le grand public. Abonnez-vous en écrivant à [email protected] et recevez chez vous Abonnez-vous en écrivant à [email protected] et recevez chez vous toute toute l’actualité des politiques européennes. l’actualité des politiques européennes Correspondants : Secrétariat de rédaction : THEdePUBLICATION OF CHOICE Anne Fekete vari Berlin : FOR JakobEU Schlandt, PROFESSIONALS AND THE WIDER Tibor Szendrei Berne : EdgarPUBLIC Bloch, Istanbul : Markus Bernath, d’Arlon, 53 | B-1040 Brussels – Belgium | T: +32(0)2Séoul 737 77 09 Enquêtes : : Sébastien Falletti, est publié par EISRue (Europe Erik Bonse, Richard Werly Strasbourg : Olivier Mirguet, Information Service S.A.), Varsovie : Jakub Iwaniuk, Rue d’Arlon, 53 Responsable « Editions Washington : Brian Beary B-1040 Bruxelles Spéciales » : Rory Watson D13115-AP-Europolitics-FR V2.indd 1 Traduction : RÉDACTION Journalistes : Bérénice Bastin Directeur éditorial : Ed Bray, Marie-Martine Buckens, Aïda Boghossian Pierre Lemoine Anne Eckstein, Anca Gurzu, Anke Julian Hale Harthoorn, Natalia Kurop, Manon Betty Jackson Rédacteur en chef : Malhère, Sophie Mosca, François Michèle Morsa Christophe Garach Paquay, Anthony Pepe, Sophie Clémence Sebag Petitjean, Andreas Rogal, Isabelle Jessica Smith Rédacteurs en chef adjoints : Smets, Ophélie Spanneut, Joanna Eric Van Puyvelde, Sopinska, Nathalie Steiwer, Jorge Valero, Nathalie Vandystadt, Rory Watson Tanguy Verhoosel TÉLÉPHONE Follow : Agenda, mise en page, site web : us Rédaction: +32 2 737 77 22 Geneviève Jourdain Tél Abonnements : +32 2 737 77 09 Zsolt Kozma EUROPOLITICS_SA FAX Abonnements : +32 2 732 67 57 Grégoire Maus E-mail Abonnements : [email protected] PUBLICITÉ, ANNONCES Michel Deurinck E-MAIL [email protected] Rédaction : 06/01/14 14:25 [email protected] FABRICATION Abonnements : Imprimerie : Identic, Bruxelles [email protected] Direct : [email protected] Europolitics est publié en anglais sous le nom d’Europolitics. ISSN 1811-4113 3 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 Sommaire n° 4846 A la Une DROIT DES SOCIÉTÉS UE-TURQUIE ENERGIE Un contrôle accru des actionnaires sur les rémunérations Page 6 L’avenir incertain du processus d’adhésion d’Ankara Page 12 Ratification de la Charte de l’énergie : la Russie réfléchit Page 15 Economie, monnaie, fiscalité Déficit public : pourquoi la France aura du mal à convaincre............ 1 Institutions Le Premier ministre finlandais en lice pour un poste européen............... 4 Entreprises et compétitivité Lafarge/Holcim : une fusion sous haute surveillance............................ 5 Un contrôle accru des actionnaires sur les rémunérations............................... 6 Deux mois de sursis pour un accord sur « .wine » et « .vin »................ 7 Politiques sectorielles Aides d’Etat énergie/environnement : le rail sur le qui-vive................................. 7 Cour de justice : une directive antiterrorisme sur la sellette..................... 8 Les tarifs de sipgate Wireless dans le collimateur.................................. 8 Directives déchets : le BEE demande une révision ambitieuse........... 9 Label du patrimoine européen................ 9 Politique commerciale Le Conseil fera le point sur l’ALE avec Tokyo le 8 mai.....................10 Relations extérieures UE-Suisse : une route minée d’incertitudes..............................11 L’idée d’une nouvelle votation fait débat en Suisse..................11 L’avenir incertain du processus d’adhésion d’Ankara...............................12 Cinq risques de conflit entre la Turquie et l’UE.........................13 « L’arrêt des négociations, c’est précisément ce que veut l’AKP »............14 Ratification de la Charte de l’énergie : la Russie réfléchit.............15 PREMIUM ENERGIE sur europolitics.info n Oettinger met en garde Sofia sur les retraits de licences n L’ACER veut des règles claires sur les «zones disctinctes» Agenda.................................................16 Tribune libre De l’importance du «Made In» : après les paroles, les actes......................20 En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues www.europolitics.info 4 France Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS (suite de la page 1) fiscales ont été moins élevés que prévu. La France pourrait faire valoir qu’il est difficile d’anticiper le montant des recettes fiscales. L’UE trouve cet argument difficile à accepter dans le cadre d’un scénario de croissance. A défaut d’obtenir un calendrier plus avantageux, la France pourrait donc se faire rappeler à l’ordre. Si la Commission conclut en juin que le gouvernement français n’a pas pris des «mesures efficaces» pour réduire son déficit, elle pourrait lancer une procédure contre Paris (voir encadré). Quoi qu’il en soit, le mois de juin sera un mois crucial pour la deuxième plus grande économie de la zone euro, et pour les autres pays susceptibles d’avoir besoin de plus de temps, comme l’Italie ou l’Espagne. n Ce que risque la France Le nouveau règlement (n° 473/2013, bit. ly/1lLp1fb) inclus dans le «two-pack» impose un contrôle plus strict des budgets de la zone euro dans le cadre de la procédure pour déficit excessif (PDE). Le 5 mars, la Commission a envoyé un avertissement (bit.ly/1em9BGt) à la France, estimant que le pays n’arriverait sans doute pas à respecter les objectifs de déficit 2013 et 2014 sans prendre de nouvelles mesures. La Commission n’a pas évalué le nouveau programme de réforme de la France (pacte de responsabilité) en cours de finalisation, qui lui sera soumis à d’ici le 30 avril (à l’instar des autres pays sous surveillance). Le verdict tombera début juin. S’il existe un risque de non-conformité, la Commission pourrait recommander au Conseil d’envoyer un avis à la France pour qu’elle prenne de nouvelles mesures efficaces (article 11), «dans un laps de temps qui cadre avec l’échéance pour la correction de son déficit excessif» (2015). Ce laps de temps pourrait être de trois mois. Si la France n’agit pas de manière décisive, la Commission pourrait imposer à la France un dépôt portant intérêt de 0,2% du PIB, avant même la conclusion de sa PDE. Le Premier ministre finlandais en lice pour un poste européen Par Antoine Jacob Jyrki Katainen démissionnera en juin et briguera un siège de commissaire, mais vise plus haut, si possible. C’est lors du dîner de lancement de la campagne du Parti conservateur pour les européennes, samedi 5 avril, que le Premier ministre a abattu ses cartes à l’improviste: « Je suis intéressé, par exemple, par un poste à la Commission [européenne] ou par des fonctions spéciales hors de la Commission, qui seront disponibles après les élections » européennes de mai, a-t-il déclaré, sans préciser www.europolitics.info lesquelles. Il cédera son poste à l’occasion du congrès annuel de son parti, du 13 au 15 juin prochain, parti dont il abandonnera la présidence. Mais il ne compte pas se présenter aux européennes. A quarante-deux ans, le Finlandais pourrait briguer le poste de président de l’Eurogroupe et succéder au Néerlandais Jeroen Dijsselbloem. Avant de devenir Premier ministre en juin 2011, Katainen a été ministre des Finances durant quatre ans. Son nom est parfois évoqué aussi pour le poste de président du Conseil européen, en lieu et place de Herman Van Rompuy. Voire pour succéder à José Manuel Barroso à la tête de la Commission, en cas de blocage sur d’autres noms. Des médias finlandais croient pouvoir assurer qu’avant de passer à l’acte, Katainen a reçu des assurances quant à son avenir européen de la part d’Angela Merkel, dont il est proche. Au pire, il pourrait se retrouver commissaire à la place d’Olli Rehn (Affaires économiques et monétaires) qui, lui aussi, a de hautes ambitions européennes. Celui qui, avant ce week-end, faisait figure de favori pour le poste de commissaire, Alexander Stubb, ministre conservateur des Affaires européennes et du Commerce extérieur, est désormais cité parmi les successeurs probables de Katainen dans le pays nordique. n En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 5 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 Lafarge/Holcim : une fusion sous haute surveillance Par Sophie Mosca Annoncée le 7 avril, la fusion des cimentiers français et suisse devrait être examinée par la Commission. Avec des cessions à la clé. La fusion qui se préparait depuis plusieurs mois devrait créer un géant dans le secteur avec un chiffre d’affaires cumulé de 32 milliards d’euros et un bénéfice opérationnel (Ebitda) de 6,5 milliards d’euros. Lafarge et Holcim espèrent dégager 1,4 milliard d’euros de synergies annuelles au bout de trois ans, dont un tiers devrait être réalisé dès la première année. L’entité issue de la fusion baptisée LafargeHolcim aura son siège en Suisse sera cotée à Paris et Zurich. Née d’une offre publique d’échange, elle sera positionnée dans 90 pays. Une réponse « musclée » à la concurrence mondiale dans ce secteur clé de la construction fortement touché par la crise. Les deux groupes dans leur communiqué mettaient en avant « la forte complémentarité de leur portefeuille et de la proximité culturelle entre les deux sociétés». Holcim est davantage présent en Asie et en Amérique latine par exemple que Lafarge qui lui est mieux placé en Afrique et au Moyen orient (cf carte). PROBLÈMES DE CONCURRENCE L’opération devra obtenir le feu vert de plusieurs autorités de la concurrence dont la Commission. « Les chevauchements semblent déjà identifiés », commente Stéphane Hautbourg, spécialiste des fusions au cabinet Gide Loyrette Nouel, « des cessions de sites sont déjà prévues en amont pour les traiter le plus efficacement avec la Commission. C’est une approche assez répandue de prévoir ainsi les choses en avance ». Les discussions des 5 et 6 avril visaient à se mettre d’accord sur ces cessions d’actifs notamment en Espagne, en Allemagne et potentiellement en République tchèque, en Hongrie où les activités de Lafarge et Holcim sont en doublon. Hors UE des problèmes pourraient être soulevés au Brésil, au Canada, aux Etats-Unis, en Malaisie, au Maroc et aux Philippines. Les deux groupes ont ainsi évoqué « des cessions d’actifs représentant 10% à 15% de l’Ebitda du nouvel ensemble ». Pour mémoire, la Commission examine la fusion entre Holcim et le cimentier Cemex West, filiale du mexicain Cemex. Elle avait ouvert le 22 octobre une enquête approfondie sur ce projet de 70 millions d’euros, craignant des entraves sur les marchés allemand et belge. Elle doit rendre sa conclusion au plus tard le 8 juillet. Depuis 2008, l’exécutif européen a lancé plusieurs perquisitions dans le secteur du ciment en Europe suspectant une entente, Holcim, Lafarge et Cemex avaient reconnu avoir reçu la visite de ses enquêteurs. Certains groupes impliqués avaient introduit un recours devant le Tribunal de l’UE estimant que la Commission n’avait pas suffisamment expliqué les infractions soupçonnées. Ils ont été déboutés le 14 mars dernier. La participation à un cartel peut s’avérer outre coûteuse du fait d’amendes lourdes que l’exécutif européen peut infliger mais aussi sur le plan de l’évaluation d’une fusion. « La Commission effectue le test de la réduction significative de la concurrence dans le futur mais s’appuie aussi sur la situation passée », souligne Stéphane Hautbourg. Les deux groupes ont ainsi évoqué « des cessions d’actifs représentant 10% à 15% de l’Ebitda du nouvel ensemble ». PERQUISITIONS Pour mémoire, la Commission examine la fusion entre Holcim et le cimentier Cemex West, filiale du mexicain Cemex. Elle avait ouvert le 22 octobre une enquête approfondie sur ce projet de 70 millions d’euros, craignant des entraves sur les marchés allemand et belge. Elle doit rendre sa conclusion au plus tard le 8 juillet. Depuis 2008, l’exécutif européen a lancé plusieurs perquisitions dans le secteur du ciment en Europe suspectant une entente, Holcim, Lafarge et Cemex avaient reconnu avoir reçu la visite de ses enquêteurs. Certains groupes impliqués avaient introduit un recours devant le Tribunal de l’UE estimant que la Commission n’avait pas suffisamment expliqué les infractions soupçonnées. Ils ont été déboutés le 14 mars dernier. La participation à un cartel peut s’avérer outre coûteuse du fait d’amendes lourdes que l’exécutif euroéen peut infliger mais aussi sur le plan de l’évaluation d’une fusion.« La Commission effectue le test de la réduction significative de la concurrence dans le futur mais s’appuie aussi sur la situation passée », souligne Stéphane Hautbourg. n LafargeHolcim: le nouveau géant du ciment (avant cession) Chiffre d’affaires consolidé par région (en milliards) 49% Marchés développés Total 73 17 90 Nombre de pays 11,0 CHF / 9,0 EUR 51% Marchés émergents 5,6 5,4 8,6 CHF / 7,0 EUR 7,0 CHF / 5,7 EUR 45% 55% Europe 3,2 5,2 61% 3,3 39% 3,8 Asie Amérique du Nord 4,4 CHF / 3,6 EUR 15% 76% 3,3 85% 24% 1,1 Amérique latine Présence mondiale d’Holcim et de Lafarge Chiffre d’affaires d’Holcim (CHF) Chiffre d’affaires de Lafarge (CHF) Source: Lafarge et Holcim En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 2,0 CHF / 1,7 EUR 0,9 100% 5,0 5,9 CHF / 4,8 EUR Afrique et Moyen-Orient 2,0 Pacifique Lafarge Holcim Combiné Capacité cimentière (Mt) 221 206 427 Ventes de granulats (Mt) 193 155 348 Ventes de béton prêt à l’emploi (Mm3) 31 39 70 www.europolitics.info 6 Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS Un contrôle accru des actionnaires sur les rémunérations Par François Paquay et Manon Malhère La Commission présentera le 9 avril une proposition législative pour améliorer la gouvernance des sociétés européennes cotées. La Commission veut conférer aux actionnaires le droit d’approuver les politiques de rémunération des patrons (directeurs) des sociétés cotées sur les marchés réglementés. En outre, ces politiques devraient être élaborées selon des critères définis. C’est l’un des aspects importants de la révision de la directive relative à l’exercice de certains droits des actionnaires de sociétés cotées (2007/36/ CE), qui vise à encourager l’engagement des actionnaires sur le long terme, et dont Europolitics a obtenu une version provisoire. L’objectif est clair : mettre un terme au « lien insuffisant entre les salaires et la performance des directeurs », explique la Commission. Certes, le contrôle des actionnaires empêche les directeurs d’appliquer des stratégies de rémunération qui les récompensent personnellement, mais il ne contribue pas nécessairement à la performance de l’entreprise à long terme, estime l’institution. Et de noter que les informations publiées sur cette question ne sont pas compréhensibles et que les actionnaires n’ont pas suffisamment la possibilité de donner leurs avis. Pour y remédier, la proposition prévoit que les sociétés cotées devront verser les rémunérations à leurs www.europolitics.info directeurs conformément à une politique de rémunération qui devra être approuvée par les actionnaires tous les trois ans. Si ces derniers la rejettent, l’entreprise devra alors organiser une réunion générale des actionnaires et soumettre un texte révisé. Cette politique de rémunération - élaborée par l’entreprise - devra être compréhensible, claire et en ligne avec les intérêts à long terme. Surtout, la Commission propose une douzaine de critères à prendre en compte concernant le versement des rémunérations fixes mais aussi variables, ce qui inclut « tous les bénéfices ». Par exemple, le ratio envisagé entre la moyenne des rémunérations des directeurs et celle des employés à plein temps. Le sujet pourrait être controversé à certains égards. La Commission prévoit par ailleurs de renforcer les engagements dans les entreprises (comme la stratégie, la performance, le risque) des investisseurs institutionnels (tels que les entreprises menant des activités d’assurance-vie) ainsi que leurs gestionnaires d’actifs, les deux étant « des actionnaires importants des entreprises cotées », selon le texte. L’exécutif européen estime que, bien souvent, ils ne se concentrent pas vraiment sur la performance à long terme des entreprises : leurs engagements restent donc insuffisants. Concrètement, le texte prévoit des mesures pour renforcer la transparence de leurs politiques d’engagement et surtout de leurs stratégies d’investissement. n Améliorer la qualité des rapports sur la gouvernance d’entreprise Le 9 avril, la Commission présentera également une recommandation sur la qualité des rapports sur la gouvernance d’entreprise. Dans une version provisoire du texte, vue par Europolitics, l’exécutif européen met l’accent sur l’utilisation à bon escient de l’approche « se conformer ou s’expliquer ». Cette dernière, inscrite dans la directive comptable (2013/34/UE), permet à une entreprise de déroger aux règles concernant la publication d’une déclaration sur la gouvernance d’entreprise, à condition qu’elle explique pourquoi elle ne peut ou ne souhaite divulguer ces informations. Avec cette recommandation, la Commission s’attaque aux « défauts » qui existent dans la mise en œuvre de cette mesure. Le texte appelle les entreprises à spécifier clairement à quelles dispositions des codes de gouvernance d’entreprise elles dérogent, et de préciser comment et pourquoi elles le font. Elles sont également appelées à décrire comment la décision d’y déroger a été prise au sein de l’entreprise et à expliquer si cet écart est limité dans le temps. En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 7 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 Deux mois de sursis pour un accord sur « .wine » et « .vin » Par Nathalie Steiwer L’UE et les producteurs de la Napa Valley de Long Island font pression pour faire respecter les appellations viticoles sur internet. Bon gré mal gré, l’UE a obtenu un délai de 60 jours (bit.ly/1e524kr) pour s’assurer que les appellations d’origine viticoles seront respectées par les sociétés qui vont gérer les noms de domaine internet .vin et .wine. Elle a avec elle une partie des producteurs de vin d’Amérique latine mais aussi américains. En cause, une décision de l’organisme chargé de l’attribution des noms de domaine sur internet, l’ICANN, qui a pris les Européens par surprise. Le 22 mars dernier, le comité de l’ICANN chargé de l’ouverture de nouveaux domaines internet (gTLD) avait décidé de commencer à déléguer les noms . wine et .vin à des sociétés privées. Trois sociétés de gestion de noms de domaine sont en lice : Donuts, Afilias et Famous Four Media. Or, l’UE réclame depuis des mois (bit.ly/Orw8KZ) la garantie que ces organismes respecteront les appellations d’origine européenne. Dans une lettre (bit.ly/1mUjAYP) très ferme adressée le 2 avril dernier à l’ICANN, Linda Corugedo Steneberg, directrice à la DG Connect de la Commission européenne, a invoqué des vices de procédures, et réclamé, « a minima, » un délai de négociation supplémentaire. Elle s’interroge au passage sur d’éventuels conflits d’intérêt dans cette procédure. Dans la foulée, les viticulteurs de la Napa Valley et de Long Island ont également adressé des lettres à l’ICANN pour pousser dans le même sens. Il « ne s’agit pas seulement d’une affaire européenne », écrit la présidente de la Napa Valley Vintners association (bit.ly/1kj8QFZ), Linda Reiff. Selon elle, les indications d’origine européennes comme les « American Viticultural Areas » (AVA), « garantissent qu’un produit provient bien d’une certaine région et qu’il est d’une certaine nature et qualité », elles servent donc « un intérêt public. » Une alliance qui a obtenu gain de cause in extremis, puisque le comité chargé des noms de domaine a suspendu sa décision jusqu’à début juin en attendant un accord avec les entreprises candidates. Vu la brièveté de ce délai, « il est essentiel que les candidats négocient de bonne foi une solution acceptable », note la Commission dans un communiqué. n Repère Les noms de domaine sur internet, tel que .com, .eu, sont attribués sous l’autorité de l’Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN), organisme de droit américain. L’UE est présente dans le comité consultatif gouvernemental. Une fois décidés, les nouveaux noms sont gérés par des sociétés privées pour le compte de l’ICANN. La question est d’autant plus chaude, que l’ICANN a lancé de nombreuses nouvelles extensions internet (NewgTLDs) tel que . Berlin ou . Hotel pour élargir les capacités disponibles sur web. Aides d’Etat énergie/environnement : le rail sur le qui-vive Par Isabelle Smets Les compagnies ferroviaires risquent de voir leur facture «énergie» augmenter de dizaines - parfois centaines - de millions d’euros par an. Les lignes directrices sur les aides d’Etat « énergie et environnement », que la Commission européenne doit présenter ce 9 avril, risquent d’avoir un impact important sur les grands consommateurs d’électricité que sont les compagnies ferroviaires. Ces nouvelles règles indiqueront dans quelles conditions les aides dans le domaine de l’énergie et de l’environnement seront considérées comme légales par la Commission à partir du 1er janvier 2015. Un chapitre intéresse en particulier les compagnies ferroviaires : celui qui décrit les possibilités de réduire les contributions des entreprises aux mécanismes mis en place dans les Etats pour financer le soutien à l’électricité produite à partir de sources renouvelables. Différents pays ont mis en place de tels systèmes. Pour éviter une charge trop lourde pour les grands consommateurs d’électricité, leur participation au financement de ces mécanismes de soutien peut être plafonnée ou compensée. Et c’est ce qui se passe Le secteur ferroviaire pourrait devoir contribuer davantage aux mécanismes de soutien aux énergies renouvelables généralement pour le secteur ferroviaire. Mais les nouvelles règles prévues par la Commission pourraient changer la donne. En gros, les compagnies ferroviaires craignent que cette bulle d’oxygène soit essentiellement réservée dans le futur aux entreprises qui sont exposées à une forte concurrence internationale et qui pourraient, pour restées compétitives, être tentées de délocaliser en dehors de En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues l’UE. Ce qui ne caractérise pas vraiment la situation des compagnies ferroviaires. Concrètement, cela signifie que celles-ci devraient alors contribuer davantage aux mécanismes de soutien aux énergies renouvelables mis en place dans les Etats. Et les enjeux sont substantiels. Prenons le cas de la SNCF : selon une source, un déplafonnement de sa contribution actuelle au financement des énergies renouvelables en France pourrait lui coûter plus d’une centaine de millions d’euros par an. L’impact serait encore plus important pour la Deutsche Bahn. On parlerait ici d’un surcoût d’environ 500 millions d’euros par an. Ces dernières semaines, les compagnies ferroviaires ont tenté de convaincre la Commission d’arrondir les angles. Notamment en lui expliquant que cette charge supplémentaire n’aidera pas à promouvoir le transport de fret par rail, vu la sensibilité de leurs clients aux prix. Mais la version des lignes directrices qui est partie en consultation interservices le 14 mars dernier n’était pas en mesure de les rassurer. n www.europolitics.info 8 Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS Cour de justice : une directive antiterrorisme sur la sellette Par Nathalie Vandystadt Suite à des affaires en Irlande et en Autriche, la CJUE se prononcera sur la validité de la rétention des données télécoms et internet. La Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) va-t-elle invalider l’une des législations-clés de l’Union en matière de lutte anti-terrorisme au nom des droits fondamentaux que sont la vie privée et la protection des données personnelles ? C’est tout l’enjeu d’un arrêt, qui fera du bruit ce mardi 8 avril, sur une directive de 2006 encadrant la « rétention des données » de connexions par les opérateurs télécoms et les fournisseurs d’accès à internet. Réclamé à l’origine par les Etats membres et adopté non sans peine en réaction aux attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, puis à ceux de Madrid en mars 2004, ce texte a toujours été controversé. La Commission européenne, réticente à ouvrir la boîte de Pandore, attendait ce jugement pour concrétiser ses velléités de réforme. Plusieurs années après l’entrée en vigueur de la directive, les juges de Luxembourg répondront donc à des demandes d’examen en validité introduites par la Cour suprême irlandaise et la Cour constitutionnelle autrichienne. La première doit trancher un litige qui oppose la société irlandaise Digital Rights à Dublin sur la légalité des mesures nationales prises sur base de la directive. La seconde est saisie de plusieurs recours, notamment intro- Les tarifs de sipgate Wireless dans le collimateur La Commission européenne a demandé le 7 avril à l’autorité réglementaire allemande des télécommunications (BNetzA) de revenir sur une décision concernant le tarif de gros accordé à sipgate Wireless, un nouvel opérateur sur le marché allemand. Elle constate que les prix de terminaison d’appel mobile accordés à sipgateWireless sont supérieurs de plus de 80% à ceux en vigueur dans la plupart des autres États membres. Elle demande donc au régulateur allemand www.europolitics.info duits par le gouvernement du Land de Carinthie, visant à annuler la loi autrichienne. En décembre dernier, l’avocat général de la CJUE, Pedro Cruz Villalón, très critique, voyait dans cette directive la possibilité de créer une « cartographie aussi fidèle qu’exhaustive » de plusieurs comportements d’une personne, voire un « portrait complet et précis de son identité privée ». En laissant aux Etats le soin de définir et d’établir des garanties sur l’accès aux données collectées et conservées, « la directive ne respecte pas l’exigence selon laquelle toute limitation de l’exercice d’un droit fondamental est prévue par la loi », concluait-il, préconisant l’invalidité intégrale. Parmi les abus, la presse polonaise avait rapporté que ces données avaient été utilisées dans des affaires de divorce. IMPACTS D’UNE INVALIDITÉ Si la Cour suit l’avis de l’avocat général, le jugement sera explosif. En mai 2011, les services de la commissaire Cecilia Malmström (sécurité intérieure) avaient reconnu des problèmes de protection de la vie privée. Et envisagé d’améliorer la directive sur certains aspects (motifs d’utilisation des données, accès et usage de la police ou de la justice, durée de stockage). Pour agir, elle dit désormais vouloir associer une révision à une autre refonte, celle d’une directive de 2002 sur la vie privée dans le secteur des e-communications, et tenir compte de la révision en cours de la directive générale de 1995 sur la protection des données privées. Sauf que si la CJUE déclare la directive de 2006 invalide dans son intégralité - cas rarissimes – « ce texte est supposé n’avoir jamais existé », explique un expert en droit de l’Union. Il n’aurait donc plus vocation à s’appliquer (même si la Cour peut limiter les effets dans le temps de l’arrêt en raison d’impérieuses considérations de sécurité juridique). En revanche, l’arrêt ne vaudra pas pour les lois nationales. « Il reviendra à chaque Etat d’en tirer les conséquences », précise cette source. n Repère La directive 2006/24/CE rend obligatoire pour les opérateurs télécoms et les fournisseurs d’accès à internet la rétention des données relatives au trafic et à la localisation des communications de tous les citoyens de l’UE afin qu’elles puissent éventuellement être utilisées à des fins répressives contre le terrorisme, la pédopornographie ou le harcèlement sexuel en ligne par exemple. Ces données - qui doivent être conservées entre 6 mois et 2 ans - sont celles qui permettent d’identifier la source, la destination, la date, l’heure et la durée des communications, le type de communication, la machine utilisée pour communiquer ainsi que la localisation des équipements de communication mobile. Le contenu des conservations et des informations consultées n’est pas couvert. d’appliquer la méthode de calcul des tarifs prévue par les règles européenne en matière de télécommunications. L’affaire concerne les prix appliqués entre opérateur pour l’acheminement des appels d’un réseau à l’autre. Plus ces tarifs sont élevés, plus ils sont répercutés sur les consommateurs, note la Commission. Si la BNetzA ne suit pas cette recommandation et continue d’appliquer une approche différente, la Commission prévient qu’elle envisagera de prendre les «mesures juridiques appropriées». En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 9 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 Directives déchets : le BEE demande une révision ambitieuse Par Anne Eckstein Des objectifs renforcés permettraient de créer jusqu’à 750.000 emplois d’ici 2025 estime le Bureau européen de l’environnement (BEE). La Commission européenne met la dernière main à ses propositions de révision de trois directives relatives à la gestion des déchets – la directive-cadre 2008/98/CE sur les déchets (bit.ly/1h7HCz8), la directive 1999/31/CE (bit.ly/1oGHdIW) sur la mise en décharge des déchets municipaux et la directive 94/62/CE (bit.ly/1g0zrjJ) sur les emballages et déchets d’emballages – ainsi qu’à une communication sur la transition vers une économie circulaire. Des propositions qu’elle devrait présenter au cours du mois de mai, en principe avant ou au cours de la « Green week » qui se tiendra à Bruxelles du 3 au 5 juin, sur le thème de la l’économie circulaire. En publiant le 7 avril un rapport présentant diverses options en la matière, le Bureau européen de l’environnement (BEE) invite la Commission et les Etats membres à faire preuve de plus d’ambition, soulignant qu’une meilleure gestion des déchets revient à une meilleure gestion de ses propres ressources et à créer des emplois et de la croissance. La Commission devrait proposer de porter à 50% le taux global de recyclage des déchets d’ici à 2020 et un taux d’utilisation efficace des ressources de 30% d’ici 2030. Elle confirmera la hiérarchie actuelle en cinq points établie Label du patrimoine européen Les quatre sites (bit.ly/1mUuCNr) sélectionnés pour être les premiers bénéficiaires du nouveau label du patrimoine européen recevront cette distinction le 8 avril lors d’une cérémonie à Bruxelles. Les quatre sites retenus sont : le parc archéologique de Carnuntum, un quartier de style roman à Bad Deutsch-Altenburg (Autriche); la Halle médiévale de la Grande Guilde à Tallinn (Estonie); le Palais de la paix séculaire à La Haye pour le traitement des déchets (prévention, réutilisation, recyclage, incinération et mise en décharge), devrait renforcer les objectifs par catégorie de produit, voire étendre le nombre de catégories couvertes par des objectifs spécifiques et proposer l’interdiction totale de la mise en décharge. Les Etats membres ne partent pas sur un pied d’égalité en la matière : la Commission devrait donc prévoir des objectifs à long terme communs mais avec des étapes intermédiaires et un calendrier « de transition » pour ceux qui sont à la traîne. Selon ce rapport «Faire progresser l’efficacité des ressources en Europe », du BEE (bit.ly/1ebetOq), un scénario d’utilisation efficace des ressources de l’UE impliquant des objectifs ambitieux de réduction des déchets alimentaires, de réutilisation et de recyclage des textiles et des meubles pourrait aider à prévenir l’émission d’environ 415 millions tonnes de CO₂ en 2030. Cela équivaut à retirer 4 voitures sur 10 des routes européennes. Une politique forte en matière de réduction des déchets alimentaires pourrait aussi éviter l’utilisation de 57.000 km² de terres agricoles en 2030, soit une superficie plus grande que la Croatie. Concrètement, le BEE propose l’adoption les indicateurs utilisés dans ce rapport - l’utilisation des matériaux, de la terre, de l’eau et de carbone - au niveau de l’UE, afin d’identifier et de mesurer le rôle positif que peut jouer la politique des déchets dans la transition vers une économie plus efficace en ressources. Il demande à la Commission de limiter les pos- sibilités de mise en décharge et de valorisation énergétique, en particulier par incinération, de tous les déchets biodégradables et de fixer des objectifs spécifiques pour les options privilégiées dans la hiérarchie des déchets, tels que la prévention des déchets, la réutilisation et le recyclage. Les États membres ont un certain nombre de leviers à leur disposition s’ils reprennent le scénario ambitieux proposé : incitations fiscales pour les produits recyclés ou réutilisés, prélèvements sur les produits éliminés, systèmes de tarification variables pour les ménages (tels que «Pay as you throw»), renforcement de la responsabilité élargie des producteurs. Ces instruments, ajoute le BEE, devraient être fixés à des taux et utilisés de manière à constituer de véritables incitants pour la réutilisation et le recyclage des déchets aussi bien pour les producteurs, que pour les consommateurs et les municipalités. n Création d’emplois : la bataille des chiffres Alors que la Commission européenne estime à 400.000 le nombre d’emplois potentiels qui pourraient être créés d’ici 2020, le rapport du BEE estime qu’une politique renouvelée, fixant des objectifs ambitieux pour la prévention et le recyclage des déchets et l’utilisation efficace des ressources, permettrait d’en créer 750.000 d’ici 2025 et 860.000 d’ici 2030. ainsi que le camp de Westerbork, un camp de transit nazi datant de la Seconde Guerre mondiale, à Hooghalen (Pays-Bas). Le label vise à mettre en lumière des sites qui ont joué un rôle important sur le plan de l’histoire, de la culture et du développement de l’Union européenne, en soulignant leur dimension européenne par le biais d’actions informatives et éducatives. En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues www.europolitics.info 10 Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS Le Conseil fera le point sur l’ALE avec Tokyo le 8 mai Par Sébastien Falletti Les Vingt-Huit évalueront si les progrès réalisés à ce stade permettent la poursuite des négociations de l’accord commercial. Le Conseil décidera le mois prochain s’il convient de poursuivre les négociations entamées l’an dernier avec le Japon concernant un ambitieux accord de libre-échange (ALE). Les ministres du Commerce des Vingt-Huit en débattront le 8 mai à l’occasion du Conseil Affaires générales. Le commissaire européen au commerce Karel De Gucht leur présentera un rapport sur l’état les pourparlers en cours. Si les progrès réalisés durant la première année répondent aux attentes de l’UE en termes d’accès au marché, les négociations se poursuivront. La décision finale devra être prise au comité de la politique commerciale (lire le repère). Afin de rassurer plusieurs capitales européennes réticentes, les dirigeants de l’UE et du Japon ont inséré une clause de www.europolitics.info révision d’un an lorsqu’ils ont entamé les négociations en avril 2013. M. De Gucht consulte à présent les représentants des entreprises, avant d’exposer sa position dans un rapport prévu pour Pâques, selon des sources européennes. Contacté par Europolitics, le commissaire a refusé de révéler les résultats de la cinquième session de négociations qui s’est achevé le 4 avril à Tokyo. Durant cette session, les négociateurs de la Commission et du Japon ont échangé leurs offres sur l’ouverture des marchés des produits. Ils ont également « progressé dans la consolidation des chapitres du futur accord et mis sur papier quelques nouvelles dispositions communes », a déclaré la Commission. Les débats concernaient également les sujets les plus sensibles tels que les marchés publics, les lois discriminatoires relatives à la santé et l’hygiène, qui protègent les marchés de la concurrence étrangère, ou les subventions déloyales. Les principaux intérêts offensifs de l’UE concernent les secteurs des transports, de l’automobile et pharmaceutique. Le Japon est également perçu comme un potentiel encore inexploité pour les entreprises européennes actives dans le secteur des services. Tokyo souhaite que soient réduits le plus possible les droits de douane pour ses exportations de biens manufacturés afin d’établir des conditions de concurrence équitables avec le concurrent sud-coréen qui a déjà conclu un ALE avec l’UE. n Repère La Commission a pour responsabilité de négocier et de gérer des accords qui comportent des modifications tarifaires, ainsi que des dispositions douanières et commerciales et des mesures de protection. Le Conseil mandate la Commission pour entamer des négociations commerciales et, par l’intermédiaire de son comité de la politique commerciale, donne à la Commission des directives de négociation. En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 11 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 UE-Suisse : une route minée d’incertitudes Par Edgar Bloch L’avenir des relations entre l’Union et la Confédération reste incertain. Deux mois après la votation contre «l’immigration massive» du 9 février denier, la Suisse se cherche toujours une porte de sortie avec l’Union. Lors d’une journée de réflexion, organisée le 4 avril à Genève par le Global Studies Institute de l’Université de Genève et le journal Le Temps, en partenariat avec Europolitics, politiques et chercheurs ont tenté d’ouvrir quelques perspectives. de la Commission). En clair, « il n’y a rien à attendre de Bruxelles avant la fin de l’année. » Commentant la suspension par l’UE des accords de coopération avec la Confédération (Horizon 2020, Erasmus+, Media), le report des discussions sur l’électricité et du volet institutionnel, Yves Rossier a fait montre de sa compréhension envers les Vingt-Huit : « C’est un peu comme l’homme marié qui liation des accords bilatéraux entre la Suisse et l’UE. « La Suisse est attractive pour l’UE et les conséquences de ce vote ne sont pas dramatiques», a insisté Yves Nidegger, parlementaire UDC (parti anti-européen et nationaliste), invité à Genève. Et d’estimer que la relation Suisse-UE est « purement contractuelle plutôt que de nature matrimoniale ». Un point de vue très minoritaire lors de la conférence. « La libre circulation est une affaire de principe pour Bruxelles. Je ne crois pas que ce soit une affaire contractuelle, parce que sinon il y aura des difficultés. EFFETS NÉGATIFS LIBRE-CIRCULATION © YR Reste que l’incertitude Le secrétaire d’Etat suisse, Yves Rosaura clairement des effets sier, n’a pas caché les difficultés qui négatifs en Suisse, notamment sur le attendent Berne et Bruxelles, dans la plan économique. « Sur 400 entremise en application du nouvel article prises interrogées, la moitié craignent constitutionnel sur les contingents, suite que le vote n’ait un impact négatif Yves Rossier : « il sera difficile de terminer dans les trois ans tous les dossiers en suspens » au vote des Suisses. « Il sera très difficile sur leurs affaires », selon Andreas de terminer dans un délai de trois ans tous annonce à son épouse qu’il va se séparer dans Höfert, chef économiste chez UBS à les dossiers en suspens avec l’UE. » Même si trois ans. On peut comprendre une certaine Zurich. Celles-ci craignent que le modèle Berne parvient à donner une réponse en juin réaction de l’épouse. » helvétique se dégrade, mutant d’une prochain à Bruxelles, le mécanisme se fera démocratie de consensus en un modèle de attendre, compte tenu, des soucis de politique RELATION CONTRACTUELLE confrontation. « Les mesure de rétorsion Cette dynamique négative se trouve, de exerceront un impact sur les investissegénérale de l’UE dans la crise ukrainienne. Du fait aussi que seuls les voisins directs de la surcroît, confortée sur le front intérieur par ments. Il y aura un impact sur la recherche Suisse (Allemagne, France, Autriche, Italie) la détermination des gagnants du 9 février. des talents où jusqu’alors la Suisse est soient véritablement intéressés à entretenir Selon une analyse de leurs motivations, leader derrière Singapour, à cause de son de bonnes relations avec de la Confédéra- près de 90% d’entre eux étaient pleinement marché du travail très souple », a abondé tion, sans oublier l’agenda politique de l’UE conscients des risques d’un rejet de la libre Thierry Geiger, directeur associé du World (élections européennes et renouvellement circulation, n’hésitant pas à envisager la rési- Economic Forum à Genève. n L’idée d’une nouvelle votation fait débat en Suisse Par Edgar Bloch Les ministres cantonaux de Genève et Vaud ne veulent pas rester les bras croisés. « Le gouvernement doit appliquer les conséquences de l’initiative (du 9 février, ndlr), mais personne n’est condamné à la sottise. Si on n’arrive pas à un résultat, il faudra reposer la question aux gens. » La perspective d’un nouveau vote sur la libre-circulation a été formulée par l’ancien ministre de la recherche et de la formation Pascal Couchepin, lors de la journée de réflexions le 4 avril à Genève. Les retombées pessimistes en vue d’une solution rapide pour débloquer le dossier de la recherche, selon Patrick Aebischer, président de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, laisse la porte entr’ouverte à ce type de réflexions. Ce dernier a même estimé qu’en excluant la Suisse d’Horizon 2020, avec une majorité si courte de 50,3% de Suisses, « l’Europe va trop loin. La science est otage d’une attaque de l’UE.» Pour les ministres des cantons de Genève et Vaud, où la confirmation à la libre circulation a été la plus forte, leurs cantons seront les plus touchés par la réintroduction des contingents. « Il ne faut pas revoter sur la même En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues question », a lancé François Longchamp, président du gouvernement genevois. Tout comme son collègue vaudois Pascal Broulis, en charge des Finances et des relations extérieures de son canton, il ne veut pas pour autant rester les bras croisés. « Il est urgent de dresser une feuille de route. Je crois qu’il faut avoir le courage de poser la question de l’avenir des bilatérales entre la Suisse et l’UE au peuple », a lancé Pascal Broulis. Pour l’ancien ministre luxembourgeois des Finances, Luc Frieden, «la Suisse est une nation amie, il faut trouver une solution qui prendra au moins un an, mais il est grand temps de se retrouver autour d’une table. » n www.europolitics.info 12 Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS L’avenir incertain du processus d’adhésion d’Ankara Par Markus Bernath et Joanna Sopinska La victoire de l’AKP aux élections municipales a conforté le Premier ministre Erdogan. patriotisme dont il respecterait les décisions mais sans les accepter. «Cela met en péril une issue positive des négociations d’adhésion», estime Elmar Brok, président de la commission des affaires étrangères du Parlement européen : «Le principal critère de référence du processus d’adhésion - les conditions politiques se détériore», déclare-t-il à Europolitics. municipales n’a fait qu’aggraver les choses. Interrogé par Europolitics, l’eurodéputé tchèque Libor Roucek (S&D), s’est dit «déçu et attristé» par le blocage temporaire de Twitter et YouTube, quelques jours avant les élections. «Cela limite les chances de la Turquie de devenir un Etat membre de l’UE», estime-t-il. Mais à l’instar d’une majorité de membres du PE, il reste favorable à l’ouverture des chapitres 15 (énergie), 19 (politique sociale et emploi), 23 (judiciaire et droits fondamentaux) et 24 (justice et affaires intérieures) - pour autant que la Turquie soit disposée à respecter les conditions. © CE L’irrascible Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a écarté pratiquement toute possibilité de dialogue avec l’Union européenne au cours des semaines et mois écoulés. Erdogan a mis à mal l’indépendance du pouvoir judiciaire et la liberté d’expression sur internet en faisant adopter une loi légalisant, sans décision de justice, le blocage de n’importe quel LES CONSEILS DE AHMET DAVUTOGLU site web en cas d’atteinte à la vie Reste à savoir si le gouvernement privée, et en bloquant l’accès aux religieux-conservateur d’Ankara sairéseaux sociaux Twitter et Yousira cette chance. La position sans Tube - une décision que la comcompromis d’Erdogan est reflémissaire européenne Neelie Kroes tée par ses ministres des Affaires a qualifiée de «lâche et inutile». étrangères, Ahmet Davutoglu, et Enhardi par une nouvelle des Affaires européennes, Mevlüt victoire électorale aux municipales du 30 mars, bien que La campagne menée par M. Erdogan pour remporter les élections municipales n’a Cavusoglu. La Commission eurofait qu’aggraver les choses péenne devrait d’abord consulter contestée par l’opposition, le Premier ministre turc est allé jusqu’à En cette dixième année des négociations Ankara avant de faire des commentaires à menacer ses opposants politiques en les d’adhésion, la Turquie et l’UE sont à la propos de la Turquie, a déclaré M. Davutoglu au commissaire Stefan Füle lors avertissant qu’ils «paieraient le prix». Ce croisée des chemins, semble-t-il. n’est pas exactement ce que recherchait Dans une résolution (bit.ly/1h80EoO) d’une réunion à Bruxelles, le 1er avril. Le report à juin d’une réunion du comité la Commission européenne lorsqu’elle sur le rapport d’étape 2013 de la Commisa exhorté M. Erdogan à privilégier le sion, qu’il a adoptée le 30 mars dernier, d’association UE-Turquie qui avait été fixée dialogue avec la société. De plus, le 4 le Parlement européen se montre très cri- au 15 avril pourrait être un signe de l’exaspéavril, il a qualifié les juges constitution- tique. La campagne sans merci menée par ration croissante de la Commission à l’égard nels du pays de laquais manquant de M. Erdogan pour remporter les élections du candidat à l’adhésion. n www.europolitics.info En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 13 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 Cinq risques de conflit entre la Turquie et l’UE Par Markus Bernath et Joanna Sopinska De Gezi à Chypre : les sources de frictions avec le gouvernement Erdogan sont nombreuses. DROITS FONDAMENTAUX ET JUSTICE Le style de plus en plus autoritaire du Premier ministre Tayyip Erdogan et de ses ministres menace la candidature de la Turquie à l’adhésion européenne. Avec encore deux élections à venir - présidentielles en août et législatives en juin 2015 au plus tard mais peut-être encore cette annéeles tensions politiques en Turquie vont persister. Les initiatives devraient se poursuivre contre le pluralisme de la société et la liberté d’expression, et multiplieront encore les frictions avec Bruxelles. De nouvelles manifestations antigouvernementales sont à attendre en raison d’allégations d’irrégularités lors des élections municipales, le 1er mai, et à partir du 27 mai date anniversaire des manifestations de Gezi. Le gouvernement Erdogan a répondu aux allégations de corruption en adoptant des lois controversées qui élargissent la censure d’internet et réduisent l’indépendance du pouvoir du judiciaire. Cela reste un problème non résolu pour l’UE. Une troisième loi qui accordera de nouvelles compétences aux services secrets turcs est sur le point d’être votée au parlement. POLITIQUE SOCIALE La politique sociale et l’emploi relèvent d’un chapitre des négociations d’adhésion (15) dont on l’ouverture ne devrait pas poser trop de problème mais qui n’intéresse pas le gouvernement conservateur turc. «Nous picorons», avait déclaré le ministre turc de l’économie, Ali Babacan, à propos des différents chapitres. Selon des fonctionnaires européens, cette attitude témoigne d’un manque de sérieux de la Turquie dans le processus d’adhésion. Les progrès dans le domaine de la politique sociale et de l’emploi ont été inégaux ces dernières années. Le taux de syndicali- sation en Turquie inférieur à 10 % reflète des pressions sur les travailleurs. En 2012, le seuil des négociations collectives est tombé de 10 à 3 %, mais il reste des obstacles aux accords salariaux qui seraient profitables à un nombre plus élevé de travailleurs ainsi qu’à la possibilité d’engagement dans des actions collectives. Des normes telles que les contrats de travail, les heures supplémentaires payées et les congés annuels payés sont peu respectées. Le nombre des accidents au travail est particulièrement élevé (276 morts durant le premier trimestre 2014). JUDICIAIRE Suite à l’ouverture, en novembre dernier, des négociations sur la politique régionale (chapitre 22) après plus de trois ans d’impasse, la Commission européenne a fait pression pour l’ouverture des négociations sur le judiciaire et les droits fondamentaux (chapitre 23). Mais Chypre s’oppose à toute progression dans ce domaine. A la fin 2009, Nicosie a gelé le chapitre 23 et cinq autres domaines de négociations, déclarant qu’elle bloquerait leur ouverture. Malgré la pression de la Commission et de plusieurs Etats membres, qui pensent que l’ouverture des négociations avec Ankara sur le judiciaire pourrait empêcher la détérioration de son indépendance, Chypre ne permet pas au Conseil d’avancer. Selon certaines sources, Chypre bloque le travail sur une liste de points de référence pour le chapitre 23 - un élément indispensable à son ouverture. «Je serais très surpris que le chapitre 23 soit ouvert lors de la prochaine réunion du comité d’association, début juin, car Chypre et d’autres pays, notamment la Grèce et les Pays-Bas, s’y opposent», confie une source à Europolitics. LIBÉRALISATION DES VISAS Les progrès ont été très limités du côté d’Ankara sur les quelque soixante-dix critères de référence de la feuille de route sur la libéralisation des visas, que la Turquie a signée avec En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues l’UE en décembre 2013. Un des éléments les plus importants à réaliser par Ankara et la mise en oeuvre «intégrale et effective» de l’accord de réadmission UE-Turquie, également signé en décembre dernier. En raison de développements internes, notamment les élections municipales du 30 mars, la Turquie n’a pas encore ratifié l’accord (du côté de l’UE, l’accord a été ratifié par le Parlement européen en février, et le Conseil devrait le ratifier prochainement). Une source estime que cela a bloqué les progrès. La feuille de route précise que «le rythme de la progression vers la libéralisation des visas dépendra des progrès de la Turquie» dans l’application des critères de référence, en particulier «une série d’exigences spécifiques en matière de réadmission des immigrants illégaux». La Commission a dépêché sur place une «mission d’enquête» pour préparer l’évaluation qui doit être présentée au Conseil d’association UE-Turquie qui se réunira début juin. CHYPRE La Turquie joue un rôle clé dans les nouvelles négociations menées sous l’égide des Nations unies depuis février dernier (après une interruption de deux ans) dans le but de réunifier Chypre. En fait, la Turquie joue un triple rôle : puissance garante pour Chypre, avec la Grèce et le RoyaumeUni; force militaire occupant le nord de l’île depuis 1974 et puissance financière et politique en ce qui concerne les Chypriotes turcs; et candidat à l’adhésion à l’UE qui ne reconnaît pas l’Etat membre de Chypre. Le Premier ministre Erdogan et son ministre des Affaires étrangères ont déclaré à plusieurs occasions qu’ils étaient favorables à une solution qui permettrait la réunification de Chypre. Mais, le gouvernement turc estime que ces négociations sont la toute dernière tentative en ce sens et que si elles échouent, Ankara pourra déclarer l’existence de deux Etats à Chypre qui «se rencontreront au sein de l’UE», selon les termes du ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. n www.europolitics.info 14 Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS « L’arrêt des négociations, c’est précisément ce que veut l’AKP » Entretien avec Ayhan Kaya, directeur de l’Institut Jean Monnet à l’université Bilgi d’Istanbul. Ayhan Kaya est professeur de sciences politiques à l’université Bilgi d’Istanbul. Il commente pour Europolitics l’évolution de la Turquie après la campagne électorale très agressive menée par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. Dans quelle direction avance la Turquie à présent ? Il est probable que le Premier ministre Erdogan va se calmer malgré son discours au balcon, le soir des élections (un discours prononcé depuis le balcon du siège du parti AKP à Ankara le 30 mars), un discours plein de colère et de haine à l’égard de l’opposition politique et du mouvement Gülen. Erdogan envisage sérieusement la présidence et il a besoin de l’appui de quelques groupes supplémentaires, en particulier les Kurdes, afin d’être élu en août. On peut donc s’attendre à certaines réformes au niveau de la question kurde. calculs politiques. Pour ne citer qu’un exemple : la loi sur les marchés publics qui était très proche de l’acquis communautaire avant l’arrivée au pouvoir d’AKP en 2002, a été amendée onze fois et rendue inutile. Le commissaire à l’Elargissement, Stefan Füle, n’a pas réellement pu influencer l’élaboration des lois répressives qui ont été adoptées en Turquie pour contrer les allégations de corruption. Dans une telle situa- « Erdogan n’a jamais été un pro-européen par conviction » Que signifient les projets politiques d’Erdogan sur le plan des négociations d’adhésion de la Turquie à l’UE ? Je ne pense pas que l’AKP et le premier ministre deviendront plus pro-européens. Erdogan n’a jamais été un pro-européen par conviction. Le pro-européanisme suppose une ouverture à la responsabilité, la transparence, le compromis - des qualités que le Premier ministre n’a pas et qui, s’il les possédait, feraient obstacle à l’énorme corruption qui existe au sein de la société turque. Pour moi, le discours pro-UE a toujours été là pour couvrir d’autres www.europolitics.info préhension mutuelle semble prendre fin. Le parti CSU en Allemagne n’est pas le seul à préconiser un arrêt des négociations avec l’UE. Tant que le parti AKP restera au pouvoir, je ne m’attends pas à une progression positive du côté turc. La seule chance de la Turquie en Europe serait que l’UE continue de soutenir l’adhésion, sachant qu’il existe une société civile fortement européanisée en Turquie. Les signes de bonne volonté viendront de la Commission européenne et des forces sociaux-démocrates et libérales au Parlement européen. Pensez-vous vraiment que le parti AKP au pouvoir accepterait l’arrêt des négociations d’adhésion à l’UE ? Ils lanceraient quelques protestations mais juste pour la forme. Ils transformeraient la chose en un discours nationaliste à l’attention du peuple turc : «Voyez, les Européens n’ont jamais été sérieux avec nous». Il se pourrait que cela n’aille pas jusque là. D’aucuns pensent qu’un groupe de dissidents au sein d’AKP, proches du président actuel ainsi que des ministres de l’Economie et des finances, Ali Babacan et Mehmet Simsek, s’expriment en concluant que cette politique n’est plus viable. L’ouverture des chapitres 23 et 24, à ce stade, soutiendrait-elle le processus d’adhésion de la Turquie ou seraitelle une récompense non justifiée pour le gouvernement Erdogan ? Oui, certainement. L’ouverture de ces chapitres répond aux grands problèmes de la démocratie turque : les droits fondamentaux et les libertés, ainsi que le judiciaire. L’ouverture de ces chapitres relancerait le débat sur ces problèmes en Turquie. n © AK Par Markus Bernath tion, où un candidat à l’adhésion fait manifestement la sourde oreille, comment peut-on poursuivre le processus d’adhésion ? Ce que l’on entend en Europe actuellement, c’est que les actions devraient avoir des conséquences. Mais l’arrêt du processus de négociations, c’est exactement ce que veulent le parti AKP et certains milieux conservateurs en Europe. Pendant un certain temps, il existait une compréhension implicite entre les deux. AKP était satisfait du ralentissement du processus, et les conservateurs l’étaient aussi. Maintenant, cette com- En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 15 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 Ratification de la Charte de l’énergie : la Russie réfléchit La tenue à Moscou du Forum de la Charte est un signe du dégel des relations entre la Russie et les signataires de ce traité multilatéral. « Nous croyons à une organisation qui encourage la sécurité énergétique globale et la Charte de l’énergie est en plein développement. De grands changements s’avèrent indispensables, et, dans ce cadre, le ministre russe de l’Energie est partisan d’une approche visant à promouvoir le dialogue constructif », déclarait le 3 avril à Moscou Ilya Galkin, directeur des questions internationales au ministère russe de l’Energie, à l’ouverture du Forum de la Charte de l’énergie. Une déclaration en apparence sibylline mais qui revêt une importance particulière alors que pointe à nouveau le spectre d’une guerre froide entre la Russie et le bloc occidental sur fond de conflit gazier. Mr Galkin représentait Alexandre Novak, le ministre russe de l’Energie, retenu à une réunion d’urgence pour analyser la dégradation du marché russe dans un autre secteur Une charte en expansion En 1994, 48 Etats d’Europe et d’Asie, ainsi que l’UE, signaient le traité sur la Charte – les Etats-Unis et le Canada restant observateurs - par lequel ils s’engagent à promouvoir la coopération Est/Ouest en prévoyant des garanties juridiques dans les domaines de l’investissement du commerce et du transit des produits énergétiques. En 2013, l’Afghanistan a ratifié la Charte. Le Pakistan, le Monténégro et la Jordanie sont en voie de le faire et l’Arménie devrait suivre. Ce traité multilatéral impose aux pays signataires d’appliquer les règles de l’OMC au commerce des produits énergétiques. Il permet par ailleurs à un investisseur, en cas de différend avec un Etat, de le soumettre à une procédure d’arbitrage international, dont les conclusions sont contraignantes. Une disposition qui pose question dans les négociations actuelle entre l’UE et les Etats-Unis dans le cadre d’un accord de libre échange (TTIP). vital pour le pays, le charbon, victime du prix très bas affiché par le charbon américain sur les marchés mondiaux depuis la révolution du gaz de schiste. Le fait que le Forum se tienne - pour la première fois - à Moscou est très représentatif de la situation actuelle, a ajouté Alexei Makarov directeur de l’Académie des sciences russe. « Nous devons reconnaître l’interdépendance Importante déclaration russe, même si le ministre de l’Energie Alexandre Novak n’était pas sur place © BELGAIMAGE Par Marie-Martine Buckens mutuelle consommateurs/producteurs. Dans quel cadre ? La Charte de l’Energie pourrait être un de ces outils », a abondé Teodor Shtilkind, directeur de l’agence russe pour l’Energie. La Russie serait-elle donc prête à ratifier la Charte de l’Energie, vieille de vingt ans et créée à l’initiative de l’Union européenne pour sécuriser les flux énergétiques est-ouest ? C’est en tout cas le souhait de son secrétaire général, le slovaque Urban Rusnák. Pour ce dernier, la participation pleine et Une solution : les échanges d’actifs Dans sa stratégie énergétique à l’horizon 2030, la Russie prévoit d’ici à 2015 la création d’un cadre visant à faciliter les échanges d’actifs entre compagnies énergétiques, avec le soutien du gouvernement. Une solution avancée par de nombreux orateurs durant la conférence. En réalité l’échange d’actifs est déjà monnaie courante entre le russe Gazprom et ses partenaires d’Europe occidentale, notamment entre le norvégien Statoil et le russe Rosneft, ou entre Shell et Gazprom. La coopération entre l’allemand Wintershall (filiale à 100% de BASF) et Gazprom est exemplaire. Elle remonte à 1990 quand le gazier russe a pris des participations dans En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues entière de la Russie, et de la Biélorussie, complèterait le processus de modernisation de la Charte entamé depuis plus de deux ans. Surtout, cela apporterait une réponse multilatérale intéressante aux défis de la sécurité énergétique. « La sécurité de l’énergie demande l’action de trois acteurs : les gouvernements, l’industrie et le secteur financier et il est impératif que tous agissent de concert. On ne peut appliquer cette solution bénéfique à long terme sans tenir compte de l’international. Nos devons tous coopérer. A ce titre, la Charte de l’Energie représente une bonne base pour cette coopération ». Le transit, pomme de discorde. La Russie a jusqu’ici refusé de ratifier le traité sur la Charte de l’énergie, qu’elle a pourtant signé en 1994, arguant qu’il privilégiait les intérêts des consommateurs. Moscou contestait surtout les dispositions en matière de transit. L’article 7 interdit notamment d’interrompre ou de réduire le flux de produits énergétiques en cas de litige sur les modalités du transit, avant l’achèvement des procédures de règlement des différends prévues dans de tels cas. Une disposition qui renvoie aux mesures prises en 2006 et 2009 par Gazprom lorsqu’il a arrêté ses livraisons à l’Ukraine, principal pays de transit pour l’UE. Si ce fameux article 7 a été à plusieurs reprises évoqué lors de la conférence de Moscou, aucun orateur ne s’est risqué à le commenter. n le fournisseur allemand Wingas. «Depuis, nous concentrons notre partenariat dans les infrastructures », a déclaré Juergen Moert, représentant de Wintershall. La liste est longue : le gazoduc Yamal acheminant le gaz sibérien en Pologne via la Biélorusie, Nord Stream reliant directement la Russie à l’Allemagne -l’échange d’actifs s’est élevé à 9,4 miliards d’euros - et enfin le projet South Stream. Des opérations soutenues par les organismes financiers. « On sera toujours très dépendant et, partant de cette hypothèse, nous continuons d’investir dans Gazprom. C’est une compagnie qui honore toujours ses contrats et pour une banque c’est très important » a déclaré Bert van der Toorn, représentant de la banque néerlandaise ING. www.europolitics.info 16 Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS L’agenda de l’Union Mardi 8 avril PARLEMENT EUROPÉEN ACTIVITÉS DU PRÉSIDENT 15h30 - 16h30 Bruxelles n15h30 Réunion avec John Crombez, Secrétaire d’État belge - Bureau du Président, PHS, 9e étage CONSEIL DES MINISTRES COMITÉ POLITIQUE ET DE SÉCURITÉ (COPS) 8 – 9 avril, Bruxelles Conférence « LE RÔLE DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES DANS LA PSDC » Athènes GROUPE DES SERVICES PUBLICS INNOVANTS (GSPI) ET DU GROUPE DE TRAVAIL SUR LES RESSOURCES HUMAINES (GTRH) 7 – 8 avril, Athènes COMMISSION GÉNÉRALE DES PÊCHES POUR LA MÉDITERRANÉE (GFCM) 7 – 9 avril, Athènes COMMISSION EUROPÉENNE DÉPLACEMENTS ET VISITES nMr José Manuel Barroso attends the High Level Conference of Youth Guarantee nMrs Catherine Ashton leads the Iran Nuclear Talks, Vienna nMrs Viviane Reding delivers a speech at the opening ceremony of the exhibition «Philhellenism in Europe, from the Age of Enlightenment to the 20th century» www.europolitics.info nMrs Viviane Reding receives Mr Sandro Gozi, Secretary of State for European Affairs of Italy nMr Siim Kallas receives Mr Martin Lundstedt, President and CEO of Scania nMr Antonio Tajani participates in the conference «Il Brasile Mondiale.Tra innovazione e tensioni sociali» organised by Aspenia (Italy). nMr Maros Sefcovic in Slovakia: gives a lecture at Trnava University nM. Michel Barnier intervient au Grand Entretien du Printemps des Entrepreneurs de Lyon nMs Androulla Vassiliou meets a delegation of the Federation of the European Sporting Goods Industry (FESI) nMs Androulla Vassiliou delivers opening speech and hands out the awards at the «Juvenes Translatores Awards Ceremony» (Brussels) nMs Androulla Vassiliou delivers opening speech and hands out the awards at the First European Heritage Label Awards Ceremony (Brussels) nMr Algirdas Semeta attends OLAF interinstitutional exchange of views in Brussels nMs Máire Geoghegan-Quinn receives Mr Martial De-Paul Ikounga, African Union Commissioner for Science and Technology nMs Máire Geoghegan-Quinn receives Mr Tom Donoghue, President and CEO, US Chamber of Commerce (Brussels) nMr Günther H. Oettinger chairs the Gas Coordination Group Meeting (Brussels) nMr Günther H. Oettinger chairs the Roundtable on Security of Supply with Gas Industry (Brussels) nMr Johannes Hahn delivers a speech at Ministerial Roundtable of World Urban Forum in Medellin/Columbia nMs Connie Hedegaard on official visit to New York (USA) nMr László Andor attends the high-level conference ‘Youth Guarantee: Making it happen’; chairs session on «Youth Guarantee as urgent action to help NEETs and longer-term structural reform to improve school-to-work transitions» (Management Centre Europe, Brussels) nMr László Andor participates in the Bertelsmann Stiftung panel discussion on “Harnessing European Labour Mobility” nMr Dacian Ciolos speaks at the Concluding Conference on Empowering rural stakeholders (Brussels) nMr Dacian Ciolos receives Mr Edmond Panariti, Albanese Minister of Agriculture, Rural Development and Water Resources nMr Tonio Borg gives a speech at the European Food Safety Conference (Paris) nMr Tonio Borg participates at the EP event «Tackling the world’s most common cause of death: Policy Recommendations on Coronary Artery Disease» (Bruxelles) nMr Tonio Borg participates at the Award Ceremony 5th EU Health Prize for Journalists (Bruxelles) COUR DE JUSTICE 09h30 Grande chambre nArrêt C-288/12 Rapprochement des législations Commission / Hongrie 09h30 Grande chambre nArrêt Aff. jointes C-293/12, C-594/12 Digital Rights Ireland, Seitlinger e.a. 09h30 Deuxième chambre nConclusions C-377/13 Fiscalité Ascendi 09h30 Grande chambre nPlaidoirie Aff. jointes C-473/13, C-514/13 Espace de liberté, sécurité et justice Bero, Bouzalmate 09h30 Grande chambre nPlaidoirie C-474/13 Espace de liberté, sécurité et justice Pham En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues 17 EUROPOLITICS N° 4846 Mardi 8 Avril 2014 TRIBUNAL 09h30 Deuxième chambre nPlaidoirie T-83/10 Concurrence Riva Fire / Commission 09h30 Troisième chambre nArrêt T-319/11 Aide d’État ABN Amro Group / Commission 14h30 Première chambre nPlaidoirie T-164/12 Concurrence Alstom / Commission Réunion du groupe ad-hoc Plan d’action pour l’Europe, JDE61 14h30-18h00 SOC/508 – Les services à la famille- 1re reunion, JDE60 14h30-18h30 SOC/505 - Une Europe ouverte et sûre - 1e reunion, VM3 COMITÉ DES RÉGIONS 11h00-14h00 19ème réunion de la commission NAT, JDE52 TRIBUNAL DE LA FONCTION PUBLIQUE CONFÉRENCES ET SÉMINAIRES 09h30 Première chambre TRADE AND INVESTMENT OPPORTUNITIES BETWEEN THE GULF COOPERATION COUNCIL AND THE EUROPEAN UNION 9 avril, Bruxelles nPlaidoirie F-86/13 van de Water / Parlement COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL 09h00-13h00 Euromed - 2ème Réunion du Comité de Suivi Euromed, JDE60 09h00-18h30 Étude d’impact concernant la directive européenne sur les énergies renouvelables 2e visite d’étude en Pologne, Hrs siège 09h30-13h00 Comité de pilotage Europe 2020 - 17e reunion, VM3 11h00-18h30 Commission Consultative des mutations industrielles, JDE62 14h00-17h30 Preparation séminaire AEDH, JDE63 14h30-17h30 Conférence de la Spring Alliance: («Une nouvelle voie pour l’Union européenne?»), JDE51 14h30-17h30 With bilateral trade flows reaching almost €145 billion in 2012, the EU is the first trading partner for the 6 countries of the GCC, and reversely, GCC accounts for 4.2% of total EU trade. An EU-GCC trade agreement could offer a better policy framework for such long term commitments, offering stability and transparency. A half day conference is co-organised with the European Parliament to discuss trade and investment opportunities between both regions. In particular the conference will analyse which are the impediments to further promote this relationship, what is the role of the public and the private sector, and which concrete measures can be taken on both sides. Organisateur: EUROCHAMBRES Lieu: 14h30-17h00, European Parliament Room: ASP1G-3 Information: Irma Orlandi, orlandi@ eurochambres.eu ; 0032 (0)2 282 08 62 3RD ANNUAL EUROPEAN CLOUD COMPUTING CONFERENCE 9 avril, Bruxelles The is established as a leading forum for debate on issues related to Cloud Computing. The conference, which will bring together over 250 policy-makers and En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues stakeholders from industry, government, academia and the press, will this year focus on the development of a Single Cloud Computing Market. It will explore what the expected market developments in Cloud Computing are and how Europe can best exploit the opportunities offered by the Cloud. It will also discuss the necessary measures to restore trust in the technology following the PRISM revelations in Summer 2013 and how Europe can become the world cloud trusted region through standards and transparency guidelines. Ccontact Anne-Lise Simon anne-lise. [email protected] / 0044(0) 2920 783 023. EU-TURKEY RELATIONS: PERSPECTIVES FROM THE BUSINESS COMMUNITY 10 avril, Bruxelles The conference will count with the presence of Mr Mevlüt Cavusoglu, the Turkish Minister for EU Affairs and Chief Negotiator, Chambers’ representatives and EU institutions’ officials, among other high level participants. Before the panel on challenges and opportunities in EU-Turkey economic relations, two crucial reports will be officially presented and related to the following topics: • Corporate preparations in Turkey for EU membership • EU-Turkey relations: Perspectives from the European business community Organisateurs: EUROCHAMBRES, Union of Chambers and Commodity Exchanges of Turkey (TOBB) Registration by 4 April: https://docs.google. com/forms/d/1u7-fbkfOJgTMPiqosgSTIyS_ gmjwZI5xxZGqjV1vuBE/viewform Contact: Juliette Loppé ; loppe@ eurochambres.eu ; 0032 (0)2 282 08 87 5TH AEBIOM EUROPEAN BIOENERGY CONFERENCE 12 – 14 mai, Bruxelles Around 300 industry representatives are expected at this event which is one of the leading bioenergy conferences in Europe. Organisers: European Biomass Association, European Pellet Council (EPC), the Industrial European Pellet Suppliers (EIPS), International Biomass Torrefaction Council (IBTC). Lieu: Renaissance Brussels Hotel www.aebiom.org/conference/ www.europolitics.info Nouveau Découvrez le nouveau magazine trimestriel EUROPOLITICS�! Abonnez-vous et recevez 4 numéros pour 25€ Contact�: ABOMARQUE Europolitics - CS 63656 F-31036 TOULOUSE CEDEX 1 - [email protected] Powered by 20 Mardi 8 Avril 2014 N° 4846 EUROPOLITICS TRIBUNE LIBRE De l’importance du «Made In» : après les paroles, les actes © CS Le secteur industriel européen Il serait donc utile que les législateurs fabricants utilisent d’ores et déjà volons’est nettement dégradé ces dernières européens passent à l’action le 16 avril tairement l’indication du pays d’origine. années. Depuis 2008, 3,5 millions prochain, lors de la dernière session Le rendre obligatoire ne créera aucun d’emplois ont été perdus uniquement plénière du Parlement européen au coût additionnel : il s’agit d’un simple dans le secteur manufacturier. La cours de laquelle ils seront appelés à label ou étiquette, sur le produit ou fabrication de chaussures ne fait voter sur cette indication d’origine. l’emballage, contenant des informations pas figure d’exception. En Italie, Ce label bénéficie aussi bien aux de base. 1.455 emplois ont été supprimé et consommateurs qu’aux fabricants. Il est Cette indication d’origine obliga142 entreprises fermées durant les 9 peu coûteux, simple et ne fausse pas les toire s’appliquerait aussi bien aux premiers mois de l’année 2013, par échanges commerciaux internationaux. produits importés qu’à ceux fabriqués rapport à 2012. dans l’Union européenne, A qui la faute? La globalisamettant ainsi l’UE sur un tion, le libre échange, la crise pied d’égalité avec ses prinéconomique ou encore une cipaux partenaires commerindustrie considérée comme ciaux, tels que les Etats-Unis dépassée sont souvent pointés et l’ALENA. La marque du doigt. Bien que ces facteurs d’origine est donc une ne soient pas à négliger, c’est mesure clef pour garantir une avant tout le rôle de l’Union concurrence internationale européenne qui mérite notre équitable. attention. En résumé, soutenir le Malgré les beaux discours « Fabriqué en » équivaut des décideurs européens sur à promouvoir l’industrie la nécessité d’améliorer notre manufacturière dans l’Union compétitivité, de réduire européenne, son rôle de créales formalités administratives teur d’emplois et sa contribuet de réindustrialiser l’Eution à la croissance en Europe. rope, la réalité politique est Cette mesure soutient bien différente. directement les entreprises En tant que producteur européennes ayant choisi une de chaussures en Italie, je stratégie de production locale. suis bien placé pour constaC’est une opportunité pour ter que les règles du marché l’Union européenne d’être Soutenir le « Fabriqué en » équivaut à promouvoir l’industrie manufacturière dans l’UE unique européen demeurent finalement à la hauteur de fragmentées, bureaucratiques et insuf- L’indication du pays d’origine est donc ses promesses de soutien à un secteur fisamment intégrées pour nos petites non seulement clef pour renforcer la composé pour une grande partie de productions tournées vers l’export. transparence au bénéfice des consom- petites entreprises. Au-delà des paroles, l’Union euro- mateurs, mais pourrait aussi pousser Mon message aux députés est péenne pourrait véritablement soute- les entreprises à développer d’avantage simple. Ne débattez pas pendant 10 nir les producteurs de qualité à travers leurs standards de qualité. années supplémentaires avant d’alil’Europe face à la concurrence interCe label renforcera également la tra- gner les règles de l’UE sur celles de nos nationale. Pour donner un exemple çabilité des produits et permettra aux partenaires commerciaux les plus concret, l’adoption dans les plus brefs autorités de surveillance d’exercer un importants. Ne laissez pas tomber délais d’un label obligatoire « Fabriqué plus grand contrôle sur les marchés, les 25 000 travailleurs de l’indusen » au niveau européen pour tous les ainsi que de mettre en place de façon trie manufacturière de chaussures à biens manufacturés favoriserait gran- rapide des mesures de prévention en travers l’Europe. n dement notre industrie. Ce sont des cas de dangers. Cleto Sagripanti, président de Assodizaines de milliers de petits fabricants Un argument souvent utilisé contre de produits de qualité à travers l’Europe ce label serait son prix et sa complexité. calzaturifici, l’association italienne des qui souhaitent l’adoption d’un tel label. C’est absolument faux car beaucoup de fabricants de chaussures Europolitics ouvre ses colonnes à ses abonnés et leur permet d’exprimer un avis, d’apporter une information ou une analyse dans une page « Tribune libre ». La taille de toute contribution ne doit pas dépasser 4.500 signes ou caractères (très important : espaces compris). Elle doit être accompagnée d’une version traduite en anglais et d’une photo de l’auteur au format jpg en haute définition (300 dpi), et envoyée à : [email protected]. La rédaction d’Europolitics se réserve le droit de ne pas publier une contribution. www.europolitics.info En vente uniquement par abonnement © reproduction interdite en toutes langues
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