N°41 Rédaction Membres de Phnom Penh Accueil. Collaborateurs du numéro 41 Christine Bouvard, Marie Daufresne, Séverine Gagneraud, Micheline Galzin, Carole Marnet, Delphine Menanteau, Greg Polk, Sœur Anne-Marie, Béatrice de Roquefeuil. Crédits Photos Christine Bouvard, Catherine Malovry, Marie-Reine Millet, Bénédicte Monroe, Philippe Moser, Lou Ruffi, Christine Tranchant, Luco, Béatrice de Roquefeuil. Publicité et partenariat Jacqueline Deubel. Numéro diffusé à 1 000 exemplaires. Phnom Penh Accueil Association destinée à aider votre installation au Cambodge et à créer des liens d’échange, de convivialité, d’ouverture et de découverte entre plusieurs cultures. N’hésitez pas à nous (re)joindre. Contact [email protected] www.phnom-penh-accueil.org C E dito uisine SOMMAIRE 05 Édito 07 08 Accueil et services PPA Zoom : Le macaque crabier 10 L’Agence Française de Développement (AFD) et le Cambodge 15 Culture : Le saphir 18 20 Album photo Activités PPA 21 Astuce : Moustiques, comment les éliminer ? 22 Découverte : Les acouphènes 25 Chroniques littéraires 27 Histoire : Pierre Poivre 34 Cuisine : La mangue 36 Quoi de neuf ? 38 Coup de pouce SOURSDEY CHHNAM THMEI ! សួស្ដីឆ្នាំថ្មី! Le nouveau bureau de Phnom Penh Accueil souhaite à tous ses membres et aux lecteurs une très bonne entrée dans la nouvelle année 2558 ! N ous souhaitons adresser un chaleureux merci à Jacqueline, Béatrice, Estelle, Christine pour le travail et les services rendus au sein de l’association et, un merci tout spécial à Bénédicte qui, par amour des chiffres, a rejoint l’équipe. Ce n’est pas en montant dans le carrosse que l’on prend conscience de la tâche qui nous attend mais bien en tenant les rênes ! Nous voulons rendre hommage à toutes les personnes qui se sont investies afin que PPA reste une association active et dynamique. Les actions du nouveau bureau de PPA seront orientées vers l’accueil qui est la vocation première de l’association, ainsi que vers des initiatives variées pour faciliter l’arrivée des francophones et Français dans leur nouveau pays, le Royaume des Merveilles. Dans la continuité de l’équipe précédente, nous souhaitons développer des activités fédératrices, échanger avec les Cambodgiens pour mieux connaître leurs coutumes, leurs traditions, leur histoire et permettre de mieux comprendre ce pays permettant ainsi une meilleure intégration. Il n’est pas rare d’avoir la visite de la gent masculine aux rencontres du vendredi matin. Les ateliers de cuisine (comme le dernier autour du chocolat) sont forts appréciés. Messieurs, vos propositions d’activités nouvelles et votre engagement seront les bienvenus. L’Apéritif Rencontre le 1er vendredi de chaque mois a été mis en place afin de regrouper les membres qui seraient dans l’impossibilité de se déplacer, le vendredi matin lors de la permanence. Prochainement, des soirées sous le signe de la convivialité seront proposées. N’hésitez pas à nous faire part de vos souhaits, vos idées. Le bureau PPA aura une oreille attentive pour tenter de s’organiser afin d’aider à la réalisation de ces projets. Bonne lecture, bonnes découvertes et au plaisir de se retrouver dans le cadre de PPA ! LE BUREAU DE PPA Bulletin de PPA-Nº41 -5 C A ccueil uisineet services PPA Le bureau de PPA et Geneviève, présidente de PPA Les permanences hebdomadaires au K-West Hôtel Amanjaya, n°1, rue 154, sur le quai Sisowath. Les permanences sont assurées par les membres du bureau de PPA, elles ont lieu chaque vendredi matin de 9h à 11h30. Dans ce cadre convivial, nous sommes là pour répondre à vos questions sur nos activités de la semaine, sur l’association PPP, sur la vie à Phnom Penh et au Cambodge ou tout simplement pour se rencontrer, bavarder autour d’un café et partager nos expériences. Les annonces de PPA PPA a mis en place un groupe de discussion et un service gratuit qui permettent à tous ses membres d’envoyer et de recevoir des annonces. Inscription en suivant ce lien : http://fr.groups.yahoo.com/group/ phnompenhaccueil/ 6- Bulletin de PPA-Nº41 Bulletin de PPA-Nº41 -7 Z Z oom semaines, nous avons aperçu une colonie de mères avec leurs petits sur les toits jouxtant notre terrasse au quatrième étage… Drôle d’invasion ! Nos voisins cambodgiens les chassaient à coup de vieilles chaussures à talon. Et pour cause : l’animal n’est pas farouche, il n’hésitera pas à vous faire face et se montrer agressif. LE MACAQUE CRABIER Article proposé par Christine Bouvard et Marie Duchaussoy Il n’est pas rare de le voir déambuler dans certains quartiers de Phnom Penh, traînant son précieux baluchon rempli de détritus… à l’honneur de ce zoom et en couverture de ce Bulletin de PPA n°41 : le macaque crabier (macaca fascicularis) ! « Mangeur de crabes » donc, dénomination qui correspond bien à tous ceux qui envahissent les alentours du marché aux crabes de Kep (le crabe n’étant pas le seul aliment qu’il apprécie, loin de là !) mais aussi appelé le macaque à longue queue. Il est relativement petit, puisqu’adulte, il mesure entre 31 et 65 cm mais sa queue, elle, est de la même taille que son corps. À la naissance, il pèse entre 150 et 470 g, puis environ 4 kg en moyenne, jusqu’à atteindre allègrement 6 kg pour les mâles. Il est essentiellement frugivore mais sait aisément s’adapter au milieu auquel il est confronté et devient alors omnivore. La raison de sa grande adaptabilité n’est pas récente… Il y a quelque 500 000 ans, une petite population de macaques à longue queue a été chassée de ses terres ancestrales (la forêt tropicale d’Asie) après des conflits répétés avec des congénères. Condamnés à disparaître, ces singes ont conquis des îles perdues dans l’océan et appris à 8- Bulletin de PPA-Nº41 oom survivre en exploitant des ressources complètement nouvelles. Ses abajoues lui servent de gardemanger pendant sa quête de nourriture. Il est très habile de ses mains, pouvant dépiauter un bonbon dans son emballage ou ouvrir un paquet de nourriture sans difficultés. Il vit dans toute l’Asie du Sud-Est, dans la canopée des forêts humides le long des fleuves. Sa capacité d’adaptation lui permet d’investir les lieux habités, les temples, comme celui de Wat Phnom, le Palais royal, où il joue le rôle de gardien du pavillon Napoléon, faisant fuir le touriste trop curieux. Au centre-ville, ses lianes sont les fils électriques sur lesquels, il se déplace avec dextérité afin de pouvoir se délecter des fleurs et des fruits qui ornent nos terrasses. Sur Riverside, à côté du marché de nuit, il y a quelques En 2006, une demande conjointe de l’ambassade de France et de l’ambassade des États-Unis tout récemment construite, auprès des autorités municipales du Sangkat (quartier) de Daun Penh, avait pour objet la prise de mesures suite à la blessure d’un élève du lycée Descartes par un de ces primates. Le vice-gouverneur du quartier avait alors ordonné la capture d’une bande de six singes jugés agressifs et amenés au zoo de Phnom Tamao. En 2011, le Phnom Penh Post rapporte encore des attaques de macaques qui s’introduisent dans les maisons pour y voler de la nourriture. Dans son habitat naturel, le crocodile, le python, la panthère, le tigre et les rapaces sont ses prédateurs mais en ville, seul l’homme et la civilisation qui l’accompagne constituent un danger pour lui. Des programmes d’élevage en captivité ont permis de réduire sa capture à des fins d’expérimentation animale, car cette espèce est aussi connue pour être de la chair de laboratoire. Sa population mondiale n’est pas menacée. — Bulletin de PPA-Nº41 -9 Z Z oom L’AGENCE FRANÇAISE DE DÉVELOPPEMENT ET LE CAMBODGE Par André Pouillès-Duplaix, directeur régional Cambodge-Laos pour l’Agence Française de développement, texte édité et condensé par Greg Polk et Bénédicte Monroe, membres de PPA. L’Agence Française de Développement (AFD) a été autorisée à intervenir au Cambodge en 1993. L’ouverture de son agence à Phnom Penh date de septembre de la même année. l’AFD, en concertation avec les Autorités cambodgiennes, s’est orientée sur l’appui aux secteurs productifs via l’octroi de prêts non souverains, c’est-à-dire des prêts directs aux entreprises ou aux banques, privées ou publiques, qui ne bénéficient pas de la garantie du Gouvernement Royal du Cambodge. Enfin, depuis juillet 2012, le Cambodge est devenu éligible aux prêts souverains de l’AFD, suite à l’amélioration de son classement par le FMI du point de vue de la soutenabilité de sa dette. H istoriquement, l’AFD a concentré son activité en subventions sur les secteurs de l’agriculture, du développement urbain et de la santé. Depuis juillet 2009, les moyens d’intervention de l’AFD au Cambodge ont évolué de manière significative. Pour soutenir la croissance du pays, 10 - Bulletin de PPA-Nº41 Aujourd’hui, les 4 domaines d’interventions prioritaires de l’AFD sont : l’agriculture et l’agro-industrie, les infrastructures, le soutien au secteur productif et la formation professionnelle. Depuis 1993, le groupe AFD (AFD et PROPARCO, sa filiale dédiée au financement du secteur privé) a engagé au Cambodge des projets pour un montant cumulé de plus de 290 M€. Les formes d’interventions du groupe AFD sont multiples allant des prêts (souverains ou non souverains), aux garanties, aux prises de participation ainsi qu’aux subventions. Avec ce dernier outil, l’AFD a financé des projets régionaux : plus de 17 M€ pour le réseau des Instituts Pasteur, des appuis à la Commission du Fleuve Mekong et des actions de protection de la biodiversité (avec des ONG internationales telles que CI et WCS). oom mettra une augmentation de 46 % de l´éclairage public fonctionnel. RÉHABILITATION DU MARCHÉ CENTRAL DE PHNOM PENH : l’AFD a cofinancé la réhabilitation du Marché central, construit en septembre 1937, via une subvention de 4,50 M€. La capitale a ainsi été dotée d’un marché ayant retrouvé sa beauté d’antan tout en respectant les normes de sécurité publique, d’hygiène et d’environnement pour les commerçants et pour les consommateurs. Un système de régie autonome pour sa gestion en assurera la pérennité. LES RÉSULTATS DES INTERVENTIONS DE L’AFD PHNOM PENH WATER SUPPLY AUTHORITY : depuis 2006, l’AFD a octroyé des financements très concessionnels à PPWSA (4 M€ en subvention et 57 M€ en prêts fortement concessionnels), qui ont permis une augmentation très significative de la production ainsi que l’installation de plusieurs dizaines de milliers de nouvelles connexions chaque année, notamment en faveur des populations les plus pauvres. Le dernier prêt permettra à PPWSA, à l’horizon 2020, de répondre à la demande en eau pour Phnom Penh et son agglomération. ÉCLAIRAGE PUBLIC DE PHNOM PENH : un prêt de 12 M€ à CITELUM perBulletin de PPA-Nº41 - 11 Z Z oom SECTEUR DE L’IRRIGATION : forte de l’expérience acquise à travers la réhabilitation des polders de Prey Nup (plus de 10 000 hectares réhabilités, subvention de 10,75 M€), dont le modèle de gestion sociale de l’eau a été érigé en politique nationale, l’AFD a cofinancé des projets d’envergure avec la Banque asiatique de développement (BAD), pour augmenter les surfaces irriguées et améliorer la définition du cadre réglementaire et institutionnel du secteur de la gestion des ressources en eau. Dernièrement un prêt souverain de 20 M€ associé à une subvention de 4 M€ en financement parallèle avec la BAD vise à renforcer les différents acteurs intervenant sur le secteur de l’irrigation et à réhabiliter 11 périmètres irrigués et une trentaine de Préks. APPUIS DANS LE DOMAINE TEXTILE : - aide à la mise en place d’un label sur la responsabilité sociale des entreprises, intitulé Better Factories Cambodia, en partenariat avec le Bureau international du travail (BIT) et la coopération américaine (USAID) ; - financement d’un projet pilote, HIP (Health Insurance Project), pour offrir un mécanisme volontaire d’assurance santé aux salariés du secteur. Sur cette base, le Fonds national de sécurité sociale (NSSF) qui couvre, depuis 2008, les accidents du travail du secteur formel, va lancer en 2014 un instrument d’assurance santé pour l’ensemble des travailleurs salariés du pays ; - prêt au GMAC (Garment Manufacturers Association in Cambodia) pour bâtir un centre de formation professionnelle du textile. Environ 8 000 travailleurs cambodgiens pourront ainsi accéder à des postes d’encadrement intermédiaire et de direction ; - en partenariat avec le BIT, étude sur l’impact des cantines au sein des entreprises textiles sur la santé et la productivité des ouvriers. APPUI AU DÉVELOPPEMENT DE LA RIZICULTURE : projet d’appui au secteur pour soutenir le Cambodge dans son objectif ambi- 12 - Bulletin de PPA-Nº41 oom tieux de devenir un des grands pays exportateurs de riz usiné au niveau mondial en atteignant un million de tonnes exportées à l’horizon 2015. Cet objectif suppose des efforts d’investissement considérables et l’implication de tous les partenaires publics et privés. DÉVELOPPEMENT DES TOURNAGES ÉTRANGERS AU CAMBODGE : en 2009, l’AFD a mis en place un Programme de renforcement des capacités commerciales (PRCC) de 1,50 M€ pour la création d’une Commission du film au Cambodge (CFC). La CFC a pour mission d’augmenter les entrées de devises en développant les tournages de films, de publicité et de vidéoclips au Cambodge par des productions étrangères, tout en maximisant la valeur ajoutée locale de tels tournages. Depuis sa création, elle a initié plus de 80 projets de films internatio- Bulletin de PPA-Nº41 - 13 Z naux, dont plus de 10 longs-métrages. Une seconde intervention est en cours de préparation (nouvel engagement financier de 1,50 M€ attendu pour le 1er semestre 2014) pour permettre à la CFC de se pérenniser. MICROFINANCE : intervenant aux trois niveaux économiques (micro, méso et macro), l’AFD a accompagné le développement du secteur de la microfinance. En 1993, une première subvention finance un programme d’urgence décentralisé visant à développer l’accès au crédit en zones rurales et à promouvoir les petites entreprises du secteur informel. Entre 1995 et 2004, l’AFD intervient en accompagnant le Gouvernement du Cambodge dans l’élaboration et la mise en œuvre d’une réglementation et en appuyant 9 institutions de microfinance (IMF) dans leur institutionnalisation, leur pérennisation financière et leur expansion géographique. Aujourd’hui, l’AFD aide le secteur pour l’encadrement du risque de surendettement et la nécessaire diversification des produits et sources de financement. Une subvention de 0,80 M€ vient d’être octroyée à l’association représentative des IMF cambodgiennes, la Cambodia Microfinance Association (CMA). Des prêts non souverains à trois institutions de microfinance sont envisagés pour améliorer la diffusion de kits solaires. 14 - C oom Bulletin de PPA-Nº41 PROPARCO : cette filiale a pour but de financer des opérations socialement équitables, soutenables sur le plan environnemental et financièrement rentables. Autorisée à intervenir au Cambodge depuis 1996 PROPARCO a ainsi accordé des prêts à trois IMF (HKL, TPC et AMRET) et à la première banque commerciale du pays, ACLEDA. Elle est aussi actionnaire de deux IMF (AMRET et AMK). Dans le secteur agricole, elle a soutenu la croissance du rizier Golden Rice par deux prêts consécutifs. Enfin, elle a contribué au financement de l’expansion des aéroports de Siem Reap et de Phnom Penh par des prêts à la Société concessionnaire des aéroports du Cambodge (SCA). FINANCER LES INITIATIVES D’ONG : depuis 2009, plus de 6 M€ ont été versés à des ONG intervenant au Cambodge. PERSPECTIVES D’INTERVENTION 90 M€ ont été engagés par l’AFD au Cambodge en 2012 et 2013. A l´avenir, l’AFD devrait pouvoir engager entre 50 et 80 M€ par an (tous instruments confondus) en faveur des institutions et des entreprises du Cambodge et offrir des garanties au secteur bancaire pour promouvoir le secteur des petites et moyennes entreprises. — uisine ulture LE SAPHIR Article proposé par Marie Daufresne, gemmologue. Le saphir est une pierre gemme, considérée avec le rubis, l’émeraude et le diamant, comme une pierre précieuse. Quand on parle de « saphir » sans en préciser la couleur, il s’agit bien du saphir bleu. Le mot lui-même vient du grec ancien sappheiros signifiant « pierre de couleur bleue ». Ainsi, le rubis est aussi un saphir, mais de couleur rouge. Bague au montage dans un atelier à Madagascar (or gris). Saphirs bruts glycérinés, gîtes secondaires originaires d’Ilakaka. (Madagascar). L e saphir est un oxyde d’aluminium (Al2O3), variété gemme du corindon, une espèce minérale. Il existe dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, du « dark blue » presque noir jusqu’au blanc. Le saphir blanc peut être utilisé en remplacement du diamant car il est moins coûteux mais aussi plus fragile dans le temps. Par ailleurs, il se matifie et revêt rapidement une couleur jaunâtre peu appréciée. La couleur du saphir résulte des différentes matières présentes dans la pierre - le fer (saphir vert, bleu, jaune), le chrome (rubis, saphir rose et rose-orangé), le vanadium (saphir à changement de couleur et violet) qui absorbent une partie des ondes de la lumière incidente (la lumière reçue par la pierre). Finalement, la couleur observée de la pierre est le retour de la lumière visible sans certaines couleurs de son spectre, comme un arc-en-ciel auquel on aurait enlevé le jaune, l’orange et le vert pour ne laisser apparaître, vu de loin, qu’un bleu violacé. Dans le cas du rubis, le chrome agit en émission. On trouve le saphir brut sous différentes formes, en général dans un Bulletin de PPA-Nº41 - 15 C C ulture gîte primaire, sous son système cristallin rhomboédrique, de forme hexagonale à six faces prismatiques et des terminaisons basales planes, ou sous forme bi-pyramidale allongée. S’il est collecté dans un gîte secondaire (loin de son lieu de formation d’origine et amené par l’érosion et/ou un déplacement de terrain), on le trouvera sous forme de galets relativement petits mais extrêmement purs. Cette pureté s’explique par l’érosion qui aura fait éclater toutes les petites matières en inclusion dans le saphir ou ses zones de faiblesse, il ne restera donc que la partie la mieux cristallisée et donc la plus pure. La dureté du saphir est de 9 sur l’échelle de Mohs, une échelle de com- paraison entre les différentes duretés de minéraux, le diamant étant à 10. Son éclat est vitreux à vitreux brillant. On peut observer à l’œil nu dans la pierre, des zones de couleurs plus ou moins intenses correspondant à des zones de croissance. Ce sont des signes de « naturel » non visibles dans la plupart des pierres synthétiques. On observe aussi souvent des petites taches nuageuses appelées givres de guérison, ou de fines aiguilles de rutile qui s’orientent dans les trois directions des trois faces du rhomboèdre. Lorsque ces aiguilles sont très nombreuses, dans des pierres plus ou moins opaques, on observe un astérisme, étoile à six branches très nettement visible avec un rayon de lumière directe. Au Cambodge, on trouvera beaucoup de saphirs originaires de Pailin (dans l’ouest du pays, à l’est de la province de Battambang, à la frontière avec la Thaïlande) ou du Ratanakiri au nord. Pailin signifie « saphir » en thaï. Ailleurs en Asie du Sud, les saphirs proviendront du Sri Lanka, de Thaïlande, de Birmanie (Moghok) et du nord du Vietnam. On trouve ces pierres en grand nombre dans les différents marchés de Phnom Penh. Mais la plupart sont synthétiques. Elles ont la même composition chimique mais sont fabriquées en 24 heures, sous haute pression et à haute température, au lieu 16 - Bulletin de PPA-Nº41 ulture De gauche à droite : Saphir de 9,4 carats originaire d’Ilakaka, Centre Sud de Madagascar. Saphir polychrome taille émeraude originaire de Diego, pointe Nord de Madagascar. Saphir brut originaire d’Ilakaka (Madagascar). des millions d’années nécessaires à leur poussée naturelle dans le manteau, à 70 km de profondeur dans les entrailles de la Terre. Ces pierres synthétiques sont en général très pures, d’une couleur « idéale », tout à fait uniforme. Elles sont également anormalement peu chères. On les trouve brutes sous la forme d’une grosse tige de 150 à 200 grammes (1 carat = 0,2 gr.). C’est ce que l’on appelle le saphir Verneuil (fusion dans la flamme), procédé mis au point par Auguste Verneuil en 1891 et commercialisé pour la première fois en 1904. Une amorce est fixée sur une tige de métal en rotation dans un creuset, la matière (alumine, fer, titane) sous forme de poudre, tombe en passant par une flamme oxhydrique pouvant atteindre 2 700° C et cristallise doucement sur l’amorce. Dans ce genre de pierre, un œil averti pourra observer en grossissement 10X des stries courbes, ou une couleur mal répartie, également des bulles d’air sous forme de petites comètes en amas (rares dans les nouveaux Verneuil). Ces pierres alimentent surtout le marché des hautes technologies car le saphir possèdent des propriétés physiques et optiques très particulières, il est notamment utilisé dans l’armement, en horlogerie, sur des écrans, pour des lasers et dans bien d’autres domaines encore. Sont également proposés beaucoup de saphirs naturels, traités par chauffage, dans une atmosphère restreinte ou enrichie suivant la couleur finale souhaitée. Ces pierres, plus communes, sont en général moins chères que les saphirs naturels non traités. L’achat d’une pierre de valeur nécessite une réelle réflexion et doit être fait en toute confiance avec un vendeur connu et reconnu. Sinon vous devez être accompagné dans votre recherche. A défaut, cela reviendrait à acheter une mauvaise copie de Picasso au prix d’un original. Quel vendeur peu scrupuleux ne serait pas tenté par une telle transaction ? Prenez conseil auprès de professionnels et assurez-vous de leur bonne réputation. — Bulletin de PPA-Nº41 - 17 A A lbum Photo lbum Photo Sortie à Phnom Marche mars 2014 Chisor inoise Mah-jong à la ch Atelier chocolat Préparation au marathon ? Frédérique attentive aux conseils du Prince du chocolat Un champ de lotus dans la piscine du Kabiki Marche PPA Marche PPA Atelier cuisine : Greg aux commandes Recette créole du Pollo guisabo : Marie-Reine révise sa copie 18 - Fleur de “ Boulet de canon ” (couroupita guian ensis) Bulletin de PPA-Nº41 Au feu ! e créole Atelier de cuisin Préparatio n de truff es en ch ocolat Bulletin de PPA-Nº41 - 19 A A ctivités PPA stuce Nos activités vous permettent de passer un bon moment ensemble. Toutes les activités de la semaine sont annoncées dans le Petit mot de PPA que vous trouverez à la page d’accueil de notre site internet www.phnom-penh-accueil.org ou directement dans votre boîte mail, en vous inscrivant à la newsletter. MOUSTIQUES, COMMENT LES ÉLIMINER DE FAÇON NATURELLE ? Article proposé par Carole Marnet Aquagym M ah-Jong Tous les lundis à 8h30 à la piscine de l’hôtel Kabiki (22, rue 264). Contact : Christine 077 291 427 Le jeudi de 14h à 16h au Gasolina (56/58 rue 57). Contacts : Catherine 077 496 574 et Christiane 097 557 5293 Bibliothèque tournante Échange de livres toutes les trois semaines, le vendredi de 14h à 16h. Contact : Delphine 077 333 967 M arche Bridge Rencontres culturelles En partenariat avec le WIG, le lundi à 13h30 et le mercredi à 9h à Central Mansions (1A et 1B rue 102). Contact : Marie-Jo 077 526 138 Chaque trimestre (infos sur notre site). Contact : Greg 012 958 029 et Béatrice 078 612 024 Café -rencontre Un mardi par mois de 9h à 11h30. Contact : Béatrice 078 612 024 et Greg 012 958 029 Gym (Pilates) Chaque mercredi de 8h30 à 9h30 au Gasolina (56/58 rue 57). Contact : Séverine 012 760 323 20 - Bulletin de PPA-Nº41 Chaque jeudi matin à partir de 8h. Contact : Marie-Jo 077 526 138 Consultez le site de PPA : www.phnom-penh-accueil.org Pour vous débarrasser durablement des moustiques, voici un piège écologique qui peut éliminer beaucoup d’entre eux. Ce dont vous avez besoin : - 20 cl d’eau, - 50 g de sucre brun, - 1 g de levure de bière (levure de boulanger) que vous trouverez dans n’importe quel supermarché, - une bouteille de 2 litres en plastique. C’est tout ! Voici les étapes à suivre : 1. Coupez la bouteille par le milieu. 2. Chauffez l’eau. Faites-y fondre la cassonade. Laissez refroidir et versez dans la partie basse de la bouteille. 3. Saupoudrez de levure. Pas besoin de mélanger. 4. Retournez le goulot en entonnoir dans la bouteille coupée. 5. Enveloppez le tout avec du papier noir et placez le piège dans un coin de la maison. Dans deux semaines, vous découvrirez une quantité de moustiques morts à l’intérieur de la bouteille ! • Les moustiques, attirés par les gaz provenant de la fermentation du sucre, resteront piégés dans la bouteille. • Outre l’assainissement des maisons individuelles, cette méthode écologique peut être utilisée dans tous les lieux publics : crèches, écoles, bureaux, hôpitaux, etc. • Elle est également efficace contre le moustique-tigre, vecteur de la dengue. Le moustique-tigre se caractérise par la présence d’une ligne longitudinale blanche en position centrale sur son thorax noir, visible à l’œil nu. Il doit son nom aux rayures qu’il porte sur les pattes. — Bulletin de PPA-Nº41 - 21 D D écouverte écouverte SAUVONS NOS OREILLES ! Article proposé par Christine Bouvard Plusieurs théories tentent d’expliquer l’automutilation de l’oreille gauche de Vincent Van Gogh le 23 décembre 1888. L’une d’entre elles avance qu’il aurait souffert d’acouphènes. Le 13 mars dernier avait lieu, en France, la journée nationale de l’audition. Cette année, l’accent a été mis sur les problèmes d’acouphènes, car les derniers sondages indiquent qu’un Français sur quatre en souffrirait. Dans le pire des cas, vous aurez l’impression que le DJ continue d’animer la soirée. Dans un cas, comme dans l’autre, le silence est aux « abonnés absents » ! Autoportrait à l’oreille coupée. Vincent Van Gogh. Q uels symptômes se cachent derrière ce joli mot « acouphène » ? Dans le meilleur des cas, vous chercherez le grillon que vous pensez avoir ramené de votre promenade bucolique, mais que vous ne le trouverez pas. Et personne ne vous aidera à le chasser puisque vous êtes le seul à l’entendre. 22 - Bulletin de PPA-Nº41 À partir de ce moment-là, une vie de couple s’impose : vous et votre acouphène. Tout sera entrepris pour que ce partenaire quelque peu envahissant vous quitte : médicaments, caisson hyperbare, sophrologie, acupuncture, générateur de bruit blanc, etc. Mais le divorce ne sera jamais prononcé. Alors, il faudra bien accepter une cohabitation avec un compagnon que l’on n’avait pas désiré ! Très capricieux et possessif, il vous rappellera à l’ordre, en se faisant entendre plus fort si vous avez oublié qu’il ne supporte pas les lieux bruyants, un aliment ou un verre de trop, très rapidement vous aurez compris que vous ne pouvez pas ignorer sa présence... Le sommeil a du mal à s’imposer, la concentration est plus difficile car il prend toujours la parole... Le silence n’est plus qu’un nostalgique souvenir ! L’intensité du bruit et la durée d’exposition sont souvent à l’origine de troubles auditifs, les effets irrémédiables en sont : l’hypoacousie, les acouphènes, l’hyperacousie. Bien qu’à partir de 85 dB (décibels), les cellules ciliées de l’oreille interne se détériorent, la douleur proprement dite n’est pas perceptible à ce niveau-là. La loi prévoit des seuils de 85 dB sur les lieux de travail. Au-delà de ce niveau sonore, les employés devront bénéficier de protections antibruit. Sans tenir compte du degré de nocivité, les seuils sont portés à 100 dB pour les baladeurs et à 105 dB pour les discothèques (une loi qui est souvent bafouée) mais aucune réglementation n’est imposée pour les concerts, ce qui a pour conséquence une augmentation significative du nombre de jeunes présentant des problèmes auditifs. Après une exposition à un bruit intense (pétard, scie électrique, larsen…), l’audition diminue avec une sensation d’oreille bouchée et des sifflements légers peuvent se manifester, puis elle revient à la normale. Si après quelques minutes ou quelques heures, les symptômes n’ont pas disparu, ils risquent alors d’être permanents. En cas de traumatisme sonore, une prise en charge d’urgence est préconisée dans les 24 heures afin d’optimiser les effets du traitement (corticoïdes, vasodilatateurs). Après trois jours, les résultats sont limités. Outre les chocs sonores, de nombreux facteurs peuvent provoquer des acouphènes : un bouchon de cérumen, Le port de bouchons d’oreilles en mousse, adopté par les spectateurs comme mesure préventive, peut limiter les risques de traumatismes sonores lors des concerts et spectacles. Pour une protection maximale, des bouchons moulés, à la forme du conduit auditif, en silicone et avec filtre sont proposés par les audioprothésistes. Toutefois, aucune mesure de prévention ne garantit une sécurité absolue. Bulletin de PPA-Nº41 - 23 D écouverte le stress, la prise de médicaments ototoxiques (dont une certaine dose peut léser les structures de l’oreille interne ou du nerf auditif), le neurinome du nerf auditif (tumeur nerveuse bénigne), le syndrome de Ménière, l’arthrose, etc. Pour tous ceux-là, la prévention n’est malheureusement pas de mise. Penchons-nous sur la complexité de cet organe si précieux, apprécions-en le fonctionnement et écoutons nos oreilles avant qu’elles ne se fassent entendre car très bavardes, elles demeurent insatiables. Plus d’infos : www.inpes.sante.fr/70000/dp/08/ dp081023.pdf 24 - Bulletin de PPA-Nº41 C C hroniques littéraires Les perroquets Au revoir là-haut de la place Patrick Lemaitre, roman, Albin Michel, 2013. d’A rezzo Eric-Emmanuel Schmitt, roman, Albin Michel, 2013. par Séverine Gagneraud par Delphine Menanteau Le dernier roman d’EES se déroule à Bruxelles, sur la Place d’Arezzo, située dans un des plus beaux quartiers de la capitale de Belgique. Ses riverains vont tous recevoir la même étrange missive anonyme qui bouleversera le cours de leur vie : « Ce mot simplement pour te signaler que je t’aime. Signé : tu sais qui. » Comment, ce même message serat-il interprété par les différents destinataires, du jardinier à l’homme politique (librement inspiré de DSK) ? Quels sont les attentes et les désirs de chacun ? Et surtout, qui se laissera porter par l’amour et écouter son cœur ? Chaque chapitre est consacré à un couple ou un personnage particulier et les liens entre tous nous sont dévoilés au fil de l’histoire. Une belle série de portraits qui nous aident à décrypter les nouveaux codes amoureux du XXIe siècle. Un petit bémol cependant, certains personnages sont, à mon goût, un peu trop caricaturaux, mais comme d’habitude avec EES le charme opère et on se laisse porter par l’histoire. — Pourquoi écrire une chronique sur un livre qui a obtenu le prix Goncourt et dont on a déjà tous entendu parler ? Tout simplement parce que celui-ci est excellent et que si, comme beaucoup, vous fuyez les bandeaux rouges recouvrant les couvertures des livres pour annoncer haut et fort tel ou tel prix littéraire, Au revoir là-haut doit faire exception à la règle ! Dans un style impeccable, Lemaitre nous raconte l’histoire totalement immorale de deux Poilus qui s’associent pour monter une arnaque gigantesque dans le contexte d’une France complètement anéantie en cette fin de Première Guerre mondiale. L’un aurait dû mourir au combat, celui qui l’a sauvé est ressorti défiguré par son acte de bravoure. Ces deux éclopés vont s’associer et échafauder un plan aussi ingénieux que monstrueux. Un pavé à dévorer de toute urgence ! — Bulletin de PPA-Nº41 - 25 C H stuces hroniques littéraires Sihanouk le roi insubmersible Jean-Marie Cambacérès, Biographie, Cherche midi, 2013. par Béatrice de Roquefeuil Pendant plus de 30 ans, l’auteur a eu une relation particulière avec le prince Sihanouk dont il a épousé une petite-fille, S.A. la princesse Nanda-Devi, il est le père de l’une de ses arrières-petites-filles. Passionné par l’Asie, cet énarque (promotion Voltaire) se vit confier la responsabilité des affaires asiatiques au Parti socialiste par Lionel Jospin, ce qui lui a permis de s’intéresser à l’imbroglio cambodgien. À travers la vie étonnante de ce roi profondément nationaliste qui obtint l’indépendance de son pays en 1953, connut la Seconde Guerre mondiale et la guerre d’Indochine, survécut au coup d’État de Lon Nol, au régime Khmer Rouge puis à l’occupation vietnamienne, nous sommes plongés dans l’Histoire de ce pays mis sous pression par ses voisins et par les grandes puissances. PIERRE POIVRE, LE RAVISSEUR D’ÉPICES Article proposé par Micheline Galzin Qui est Pierre Poivre ? Gentilhomme, moraliste et savant voyageur, l’un des derniers chasseurs d’épices, au nom prédestiné, clin d’œil malicieux de l’histoire, associé au clou de girofle et à la noix de muscade, l’interminable quête de sa vie. clos, saturé de parfums des jardins monastiques qui influenceront sa vocation de botaniste. Jean-Marie Cambacérès a rencontré à plusieurs reprises le monarque considéré comme l’un des pères de la francophonie, l’a interrogé sur son destin hors du commun, sur la famille royale. Quelques anecdotes sont d’ailleurs relatées par la Reine Monique. Beaucoup de détails, de noms, d’informations, nous font découvrir sous l’angle parfois très personnel de l’auteur ce que fut la vie au Cambodge et dans le monde pendant le règne du Roi Sihanouk. — I l naît à Lyon le 23 août 1719. Son père Hilaire Poivre était marchand-mercier. À 14 ans, il entre chez les missionnaires de Saint Joseph et il y trouve sans doute une première source d’enchantement, le « jardin des bons pères » où sont cultivées, en secret, les plantes médicinales. On peut aisément l’imaginer dans cet univers 26 - Bulletin de PPA-Nº41 istoire Au dire de ses professeurs, Pierre Poivre est un élève remarquable et il est envoyé à Paris au séminaire des Missions Étrangères. Nous sommes en 1740. La France est à la pointe du monde scientifique. À Paris, la botanique brille de mille feux. Le Jardin du Roy est un haut-lieu d’essais. Louis XV se tient au courant des travaux de Buffon, Jussieu et Linné. Le botaniste est indispensable à toutes les expéditions, la photo n’existe pas encore, aussi tout ce qui est découvert et exotique doit être dessiné et annoté. Le courant emporte Pierre Poivre, et comme il est trop jeune pour entrer dans les ordres, ses supérieurs lui suggèrent d’aller en Chine où les missionnaires se sont établis depuis longtemps. En 1741, le voilà sur le pont d’un navire de la Compagnie des Indes en Bulletin de PPA-Nº41 - 27 H H istoire partance pour l’Isle de France, anciennement Mauricius, possession hollandaise (aujourd’hui l’île Maurice), une escale qui changera sa vie. De là, il s’embarque pour la Chine, le fabuleux Empire du Milieu, le mythique Cathay, célèbre pour son astronomie, ses appareils de navigation révolutionnaires, ses élégantes jonques, ses porcelaines précieuses, ses variétés de thé uniques, ses soieries somptueuses... Bien que séminariste, Pierre Poivre se présente comme scientifique à Canton, et là, on ne sait pas trop comment, mais ce qu’il connaîtra en premier, c’est la prison ! Il en profite pour s’initier au chinois. Libéré, il entreprend de sillonner la région puis les pays voisins : Tonkin, Siam, Cochinchine. Il s’occupe de rédi- ger des notes et de rassembler des herbiers, il rapporte des observations sur les bois, l’anis étoilé, le poivre, le bétel, l’ananas, l’indigo, le mûrier et l’élevage des vers à soie, et surtout le riz de montagne qu’il introduira plus tard à l’Isle de France. Mais ses activités ne plaisent pas trop aux pères missionnaires... J’ai eu la chance de consulter les archives des Missions Étrangères à Paris et de lire les annotations de ses supérieurs, on peut y lire : « esprit frondeur (…) plus enclin à s’intéresser aux autochtones qu’à les convertir ». Bref, il est prié de rentrer en France pour y être ordonné prêtre. Pour achever d’exaspérer ses supérieurs, les notes et les plants qu’il rapportait ont sombré avec le navire. Les Anglais le débarquent à Batavia, la ville des Bataves (aujourd’hui Djakarta), fondée en 1619 par le gouverneur hollandais Jan Pieterzoon Coen. Notre héros participe à la fabuleuse épopée des épices et pour mieux comprendre son rôle, faisons un retour en arrière. En quarante siècles d’histoire, toutes les grandes puissances se bâtissent la même ambition : il faut les épices et leur commerce, il en faut aussi les terres. On a quelque peu oublié cette fascination pour un parfum. Il est difficile d’imaginer que des hommes ont perdu la tête pour ces ingrédients qui font désormais partie de la vie quotidienne. Pourtant les épices, 28 - Bulletin de PPA-Nº41 du latin species (épicerie) étaient appréciées et valorisées au même titre que l’or. La bourse des produits coloniaux était florissante. Ces pierres précieuses du monde végétal ont influencé le cours de l’Histoire. Des explorateurs ont découvert de nouvelles routes maritimes pour les transporter, et surtout, le commerce des épices a permis de souder les époques de l’histoire humaine et même conduit l’Orient et l’Occident à rester en contact permanent. Il y a, autour du trafic de ces magnifiques dons de la nature, un charme quasi magique qui n’appartient à aucun autre commerce. Les premiers Européens à se lancer dans la quête des épices sont les Espagnols et les Portugais. En effet, la nature a fait que la majorité des épices poussaient de l’autre côté de l’horizon, aussi cap vers cet Orient magique dont des siècles durant la Route de la Soie avait dévoilé les trésors à dos de chameaux. Au temps où la terre n’était pas ronde, ces deux puissances, l’Espagne et le Portugal, s’étaient partagé istoire les océans au traité de Torsédillas : les Espagnols vers l’ouest où Christophe Colomb découvre le continent américain croyant accoster en Inde, et les Portugais vers l’est et Vasco de Gama débarque en Inde en 1498. Les bénéfices que ces deux pays font en vendant leurs cargaisons d’épices sont tellement importants que les autres Européens veulent aussi croquer un morceau de ces îles paradisiaques ! Ce sont les Hollandais qui gagnent. « Nous ne sommes pas des conquérants mais d’honnêtes marchands » disent-ils en débarquant à Java en 1590. Très vite, ils fondent la VOC (Compagnie hollandaise des Indes) et deviennent les maîtres de l’archipel aux épiceries. En ce temps-là, il suffisait à un équipage de planter un drapeau sur le moindre îlot pour se l’approprier, et le fourmillement d’îles qui caractérise l’archipel indonésien, se prêtait parfaitement à ce genre de pratique. Ces îles pourtant vont peser lourd dans les réglements internationaux. Ainsi au traité de Breda, en 1667, les Anglais qui ont réussi à s’immiscer dans la course aux épices, vont échanger un îlot indonésien, Run, contre une île de l’autre côté du monde sur le continent américain, propriété des Hollandais, New Amsterdam, qui deviendra Manhattan… Cependant, à l’aube du XVIIIe siècle, la fièvre des épices n’est plus ce qu’elle Bulletin de PPA-Nº41 - 29 H H istoire et la peine de mort punissent ceux qui dérobent ne serait-ce qu’une poignée de graines. Rongé d’inquiétude autant que de fièvre, Poivre se sent épié et décide de quitter ce bastion hollandais au bout de cinq mois seulement. était. À force d’aller et venir, et s’approprier des terres sur leur passage, les grandes puissances ont su transplanter des graines et des plants et ainsi produire leurs propres épices. Pas tout à fait ! Car deux épices restent très rares, plus précieuses même que l’or : le clou de girofle et la noix de muscade. leur obéir, ils massacrent les témoins gênants et torturent tout étranger soupçonné d’espionnage, ils passent même les noix de muscade dans un lait de chaux afin, croient-ils, d’empêcher leur germination. Des forts sont construits à Ternate, Ambon et Banda pour contrôler toute intrusion. Un exclusif géographique les a maintenues hors de portée des explorateurs, ce caprice de la nature les a fait pousser sur un territoire très localisé : l’archipel des Moluques en Indonésie. Aussi les Hollandais, maîtres du pays, savent très bien que si le giroflier et le muscadier sont introduits ailleurs, les précieuses Moluques ne vaudront plus rien. Dans ce contexte, voilà donc notre Pierre Poivre, sévèrement blessé, soigné à Batavia en 1745. Il s’émerveille de la ville et y découvre ce qui désormais va gouverner sa vie : les arbres à épices, mais aussi un commerce gigantesque dont les Hollandais ont le monopole. En revanche, ses commentaires sur les habitants locaux ne sont pas tendres… Il apprend que la torture Ces « honnêtes marchands » vont tout faire pour protéger leur monopole. Comme il n’est pas possible de maîtriser cette immense étendue d’îles, ils font arracher impitoyablement tous les girofliers et les muscadiers des îles éloignées de leur surveillance, brûlent les productions excédentaires et déportent les habitants qui refusent de 30 - Bulletin de PPA-Nº41 C’est alors que commence une série de tribulations plus folles les unes que les autres… qui dureront pendant quatre années. Il faut préciser que l’espace maritime de cette partie du monde est peut-être l’Eden des négociants, c’est aussi l’enfer des capitaines qui naviguent au milieu de terres qui bougent, des volcans, des tremblements de terre, des hauts fonds qui apparaissent et disparaissent, sans parler des pirates. Poivre échappe aux anthropophages ! Un brigantin français, le Favori, malmené par des courants contraires, le fait échouer au Siam. Qu’à cela ne tienne, sur un caboteur délabré, il parvient à atteindre Pondichéry, comptoir français sur la côte de Coromandel en Inde où s’affrontent deux gouverneurs, Dupleix et La Bourdonnais. Ce der- istoire nier l’emmène jusqu’à l’Isle de France. Il ne s’attarde pas et reprend la mer. Arraisonné par un corsaire malouin, capturé par les Anglais et prisonnier à Guernesey, il parvient enfin à regagner Lyon. Là, sa décision est prise : il ne sera plus un vagabond des mers, ballotté au gré des circonstances. Son amputation l’empêche d’être missionnaire, il s’investit à fond dans l’apprentissage de sa main gauche et met tout en œuvre pour s’assurer une position officielle. Il se présente devant la puissante assemblée de la Compagnie des Indes afin d’exposer son projet : créer à l’Isle de France un jardin botanique composé de toutes les plantes de l’océan Indien. Demi-victoire, il est envoyé en Cochinchine. Il est des gens que l’échec décourage et d’autres qu’il stimule, or Poivre est têtu ! À peine arrivé, il n’a de cesse de trouver un bateau. Très vite, le Mascarin le conduit à Manille aux Philippes. Il apprend le malais et les renseignements qu’il accumule au fil des mois sur les Moluques le persuadent que l’obstacle néerlandais n’est pas infranchissable et surtout lui révèlent l’existence de la contrebande. Le butin est maigre mais Poivre s’embarque en prenant soin de cacher dans la doublure de son gilet cinq noix germées pour Port Louis de l’Isle de France. Il confie ses trésors entre les mains les plus compétentes, pense-il, de la colonie, celles de Jean-Baptiste Aublet, botaniste et conservateur du jardin colonial et repart explorer l’archipel aux épices. À Bulletin de PPA-Nº41 - 31 H bord d’une petite frégate qui fait du cabotage la nuit le long des côtes, il parvient à atteindre le port de Lifao, sur l’île de Timor, tenu par les Portugais. Là, grâce à la complicité des Timoriens, son rêve se concrétise : des plants de giroflier et de muscadier sont chargés sur sa frégate, le monopole hollandais est brisé, il rentre à l’Isle de France. Mais le sort s’acharne contre lui. Le botaniste Aublet, jaloux - ou au service d’un ennemi - a négligé ses premières noix. Pire, il le fera passer pour un imposteur, affirmant que ses noix de muscade n’étaient en fait que des noix d’arec plus courantes utilisées dans la chique de bétel. C’en est trop ! Poivre baisse les bras, prend le premier bateau pour l’Europe et arrive à Lyon en 1757. Il a 38 ans. Vont suivre dix années de pause dans son domaine de La Freta dans une vie déjà bien remplie. Il fréquente les salons où s’exposent les idées nouvelles et rassemble ses notes. 1766, la grande année ! Le 15 septembre, il épouse Françoise Robin, sa cadette de vingt-neuf années, puis Louis XV lui confère des lettres de noblesse et le nomme Intendant des Îles de France et de Bourbon (La Réunion). C’est ainsi qu’en 1767, en guise de voyage de noces, Pierre Poivre offre à sa jeune femme une croisière via l’Isle de France à bord d’un navire royal ! Ils s’installent près de Port Louis, dans la propriété de Montplaisir, et font 32 - H istoire Bulletin de PPA-Nº41 agacement, au point que Pierre Poivre s’en mêle et Bernadin de Saint-Pierre est expulsé de l’Isle de France ! Ce qui ne l’empêchera pas d’écrire plus tard Paul et Virginie en s’inspirant de son séjour aux Îles Mascareignes… vivre « une des merveilles du monde » selon Louis-Antoine de Bougainville : un des plus beaux jardins exotiques de la planète, le Jardin des Pamplemousses, où sont cultivées les plantes du monde entier. C’est dans ce site idyllique que Françoise Poivre est courtisée par un certain Bernadin de Saint-Pierre, 32 ans, envoyé en tant qu’ingénieur stagiaire du Roy. Les bizarreries du caractère de Bernadin de Saint-Pierre ne sont pas un secret, il reconnaît avoir eu la chance de rencontrer chez Poivre un maître spirituel, un initiateur dans la botanique, l’amour de la nature et de l’humanité, et il saura se souvenir de leurs entretiens dans ses mémoires. Par contre, il perd complètement la tête à la vue de Françoise Poivre. Il a « la maladie d’écrire », ses billets deviennent de plus en plus enflammés et pressants. Au début Françoise répond avec humour puis avec Pierre Poivre, bien entendu, n’a pas manqué d’envoyer plusieurs missions vers les Moluques et Timor afin d’avoir le bonheur d’assister à la réalisation de son vœu le plus cher : voir pousser le giroflier et le muscadier hors du bastion hollandais. Non content d’administrer en agronome, il tente d’améliorer l’état de la ville de Port Louis. Et en particulier, il participe au courant des avant-gardistes de l’époque qui s’inquiètent du sort des esclaves. En ce siècle, il n’est pas encore question d’abolition de l’esclavage, mais plusieurs voix s’élèvent pour l’amélioration du statut d’esclave (lire Le Code Noir). Poivre se heurte quotidiennement à son collègue militaire. Le conflit traîne et Poivre, fatigué de ces contestations, demande son rappel et l’obtient en 1773. La famille Poivre rentre en France dans la propriété de La Freta - qui a disparu aujourd’hui. Il rédige alors Les mémoires d’un navigateur philosophe. Cette épopée de Pierre Poivre et ses épices a un bémol non négligeable : le giroflier et le muscadier n’ont pas trouvé sur l’Isle de France le terrain qui leur convenait. Mais l’expansion coloniale française a permis de les ac- istoire climater ailleurs, La Réunion, Madagascar, les comptoirs indiens, jusqu’à la Guyane sur le sol américain. Il faut retenir que Pierre Poivre s’est libéré définitivement de la tutelle hollandaise. Le 1er mars 1778 eut lieu la cueillette solennelle de la première muscade hors du bastion hollandais des Moluques. La noix fut envoyée à Louis XVI. Pierre Poivre s’éteint le 6 janvier 1786 à l’âge de 67 ans. Sa veuve Françoise épousera le biographe retenu pour la rédaction de la carrière de son mari, l’économiste Pierre Samuel Dupont de Nemours, fondateur de la célèbre dynastie américaine… Françoise Poivre (dont je n’ai pu jusqu’à aujourd’hui avoir un portrait), une femme d’un charisme certainement exceptionnel, a rédigé un journal qui ne reflète malheureusement pas les enjeux de la folle aventure dont elle fut l’héroïne. — Bulletin de PPA-Nº41 - 33 C C uisine LA MANGUE uisine PANNA COTTA & COULIS DE MANGUE Article proposé par Carole Marnet Pour 6 personnes. Préparation : 20 minutes. Réfrigération : 4 heures. Mangifera indica, ស្វាយ /svay Ingrédients : D e fin mars à début avril, les fruits encore verts sont cueillis à l’aide d’une longue perche de bambou au bout de laquelle est arrimé un petit panier d’osier de forme allongée. L’exercice est plus délicat qu’il n’y paraît et requiert adresse et agilité. La récolte dure plusieurs jours ; il faut repérer les fruits suffisamment gros pour être récoltés et laisser aux autres le temps de se développer. La mangue est un fruit joufflu, parfois étiré et pointu à la peau lisse, verte, jaune ou rouge. Elle contient du bêta-carotène, des vitamines A, C, B2, E, K et des minéraux : fer, potassium magnésium, calcium et phosphore. La mangue verte, moins mûre, a plus de vitamine C, alors que la mangue bien mûre a plus de bêta-carotène. Sa saveur et sa texture diffèrent selon les variétés (environ 2 500). Elle peut être d’un bel orangé, fondante et parfumée ou désagréablement fibreuse avec une odeur de térébenthine car la mangue appartient à la famille des térébinthacées. 34 - Bulletin de PPA-Nº41 • • • • • • • • 2 gousses de vanille 80 cl de crème liquide 110 g de sucre en poudre 5 feuilles de gélatine 1 citron vert 1 belle mangue 10 cl d’eau 80 g + 30 g de sucre en poudre Préparation : Faites ramollir la gélatine dans un bol d’eau froide. Fendez les gousses de vanille et placez-les dans une casLa couleur n’est pas une indication de maturité : fiez-vous au parfum pour choisir une mangue suave et juteuse. La peau de la mangue contient une substance toxique qui provoque des réactions allergiques chez de nombreuses personnes. Au Cambodge, il existe une mangue différente de celle que l’on importe en France. Elle se caractérise par son acidité, sa peau verte, sa chair ferme et croquante. Les Cambodgiens consomment les mangues immatures comme en-cas, assaisonnés de piment, sucre et sel ou lorsqu’elles sont mûres, avec du riz gluant en guise de dessert. — serole avec la crème et 80 g de sucre. Faites chauffer, puis stoppez le feu et laissez infuser pendant 30 minutes. Retirez les gousses de vanille, faites chauffer à nouveau doucement, puis retirez du feu, incorporer la gélatine égouttée. Mélangez et versez la préparation dans des petits verres. Couvrez d’un film alimentaire et placez-les au frais au moins 4 heures. Dans un blender, mélangez le zeste du citron prélevé à l’aide d’un économe, la chair de la mangue, l’eau et 30 gr de sucre. Mixez à pleine puissance afin d’obtenir un coulis bien lisse. Au moment de servir arrosez chaque panna cotta de ce coulis. Tout simple et vraiment délicieux. GLACE-MINUTE MANGUE-PASSION Ingrédients : Préparation : • • • • Récupérer la pulpe des fruits de la passion, filtrer, ne garder que le jus. Au dernier moment mettre dans le bol d’un mixer, les mangues, le jus de fruit de la passion, le yaourt et le sucre. Mixer jusqu’à obtenir une glace « molle », à servir immédiatement. Si vous ne pouvez pas la déguster à la minute, placez-la dans un bac au congélateur. Au moment de la dégustation, elle ne sera plus aussi onctueuse. 450 g de mangues bien mûres, épluchées, coupées en morceaux et mises à congeler. le jus de 4 fruits de la passion sans pépin congelé 1 yaourt velouté nature congelé 20 g de sucre en poudre Bulletin de PPA-Nº41 - 35 Q Q uoi de neuf ? Visa en ligne Conekla The Esmerald Lotus Pour simplifier l’entrée sur le territoire cambodgien et éviter d’attendre à l’arrivée, il existe le eVISA. Site des aéroports du Cambodge Cambodia Airports : www.cambodia-airports.aero>passager guide>visa info>evisa Et sur le site du ministère cambodgien des affaires étrangères et de la coopération internationale : evisa.mfaic.gov.kh Restaurant, bar. Vente de bonbons HARIBO en libre-service. Cadre verdoyant. Jeux de société mis à disposition de la clientèle. Location de salle pour visionner des films en haute définition. Excellent WI-FI. 168, rue 51 (rue Pasteur) Tél. : 023 956 956 @ : [email protected] Boutique de décoration pour la maison, artisanat, meubles, magnifiques Krama de qualité et poteries atelier japonais provenance des Rolos Siem Reap. 14, rue 322 BBK1 Tél. : 023 223 307 Radio France International Retrouvez désormais RFI en français 24h/24 à Phnom Penh sur 88.5 FM. Pablo’s Faire une pause dans un cadre agréable. 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Quand on a pris la photo, celle-ci était en train de s’écrier : « Un grand merci à ceux qui ont sauvé mon fils ! » Le sourire est sur tous les visages… L ’opération a été délicate car l’état de Ron était très grave. Il est resté dix jours en salle de réanimation. Jamais, sans votre aide conséquente, nous n’aurions pu soutenir les frais de cette intervention. Aussi, unie à la maman de Ron, au nom de sa famille et au nom du personnel de Nouvelles Pousses, j’adresse mon plus profond MERCI à Phnom 38 - Bulletin de PPA-Nº41 Penh Accueil et à vous tous qui avez participé, vous avez été « Source de Vie ». Je vous salue bien fraternellement. À Phnom Penh, le 5 avril 2014. Sœur Gallice Anne-Marie Responsable de Nouvelles Pousses au Cambodge
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