Guidage des missiles par infrarouge passif par Alain DELTEIL Ancien Directeur technique de la Division optronique et Défense de la Société anonyme des télécommunications (SAT / Groupe SAGEM) 1. 1.1 1.2 1.3 Téléguidage direct ................................................................................... Principes de base......................................................................................... Localisateur infrarouge du missile Milan .................................................. Autres systèmes de localisation................................................................. 1.3.1 Balise à éclats...................................................................................... 1.3.2 Balise laser .......................................................................................... 1.3.3 Téléguidage automatique à imagerie IR........................................... 2. 2.1 2.2 Autoguidage IR passif ............................................................................ Fonctions à assurer ..................................................................................... Classification ................................................................................................ 2.2.1 Aérien mobile...................................................................................... 2.2.2 Aérien fixe ........................................................................................... Loi de navigation proportionnelle.............................................................. Génération des écartométries .................................................................... 2.4.1 Détecteur à 1 élément (années 60-80) (figure 16a) .......................... 2.4.2 Détecteur à 4 éléments (années 80-90) (figure 16b) ........................ 2.4.3 Détecteur imageur (90 et au-delà)..................................................... Asservissement de la tête gyro-stabilisée ................................................. 2.5.1 Données de base ................................................................................ 2.5.2 Tête gyroscopique (figure 17a).......................................................... 2.5.3 Gyroscope déporté (figure 17b) ........................................................ 2.5.4 Utilisation de la centrale inertielle missile (figure 17c) ................... 2.5.5 Gyromètre d’antenne (figure 17d) .................................................... Autodirecteur du missile Magic 2 .............................................................. 2.3 2.4 2.5 2.6 Pour en savoir plus........................................................................................... E 4 115 - 3 — 3 — 3 — 5 — 5 — 5 — 5 — — — — — — — — — — — — — — — — — 6 6 6 6 7 8 8 8 9 10 10 10 10 10 10 11 11 Doc. E 4 115 uider un missile consiste à l’amener sur son objectif (cible) selon une trajectoire qui anticipe le mouvement de cette cible [c’est le cas de la poursuite sur but futur, ou de la loi de navigation proportionnelle (§ 2.3)] ou non (c’est le cas de la poursuite pure, dite à trajectoire en courbe de chien, pour laquelle le vecteur vitesse du missile reste constamment pointé sur l’objectif). Le guidage par infrarouge passif, qui utilise pour la détection de la cible la différence de rayonnement infrarouge entre celle-ci et le fond, est présent dans les deux grands modes de guidage que sont le téléguidage et l’autoguidage. La figure ci-après représente le synoptique d’un système de guidage de missile. Dans la boucle, on trouve successivement les 3 blocs (ou fonctions) suivants : — le détecteur de guidage qui détermine la position relative missile/cible ; — l’élaborateur d’ordres qui génère, à partir de l’écart mesuré, un signal de commande image de la loi de navigation choisie ; — la chaîne de pilotage qui va assurer le changement de trajectoire ainsi que le maintien de la stabilité du missile autour de son centre de gravité, via des actuateurs. Dans le téléguidage, où l’élaboration de l’ordre est faite à distance, on trouve deux possibilités de réalisation : le téléguidage direct pour lequel la détection E 4 115 8 - 1997 G Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 115 − 1 GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF ___________________________________________________________________________________________ de la position relative missile-cible est également faite à distance, et le téléguidage indirect où celle-ci est faite à bord du missile. Les systèmes de missiles téléguidés utilisant l’infrarouge passif fonctionnent selon le principe du téléguidage direct. Les deux premiers blocs sont donc situés dans le poste de tir, le troisième étant dans le missile. Dans l’autoguidage direct, tous les blocs sont dans le missile. Pour simplifier le texte on ne parlera par la suite que d’autoguidage. Le premier bloc, le détecteur de guidage, est appelé autodirecteur (plus connu du grand public sous l’appellation « tête chercheuse »). Il permet au missile d’être autonome et offre donc au lanceur une capacité de « tir et oublie ». Dans cet article, nous ne traiterons que la partie relative au premier bloc, le détecteur du guidage, d’abord pour le téléguidage direct, puis pour l’autoguidage. Figure A – Guidage d’un missile à autodirecteur IR sur un engin cible Figure B – Synoptique d’un système de guidage E 4 115 − 2 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique __________________________________________________________________________________________ GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF 1. Téléguidage direct Pour garantir la précision du guidage du missile (0,2 m à 2 km, soit 0,1 mrad dans toute la plage de température), le localisateur repose sur 3 principes. 1.1 Principes de base — Les rayons de lumière visible et les rayons infrarouge pénètrent dans l’appareil par la même pupille d’entrée. Ces rayons sont ensuite séparés par un prisme et suivent des chemins différents, mais harmonisés entre eux. Il s’agit d’un guidage automatique par alignement : la seule tâche de l’opérateur est de maintenir l’image de sa cible dans l’axe de sa lunette, c’est-à-dire à la croisée du réticule de visée. Ce type de guidage est simple et est donc très utilisé sur les systèmes de missiles sol-sol antichar. Sur les conduites de tir antiaériennes, compte tenu de la plus grande vitesse de défilement de la cible, on s’appuiera sur un dispositif de poursuite automatique de cible pour maintenir l’image de celle-ci, après désignation, au centre du réticule de visée. Dans les deux cas, le missile est localisé depuis le poste de tir par un goniomètre infrarouge (ou écartomètre IR). Ce goniomètre repère le missile, dans un environnement du champ de bataille qui peut être très perturbé (incendies, fumigènes, réflexions solaires...), grâce au traceur situé à l’arrière du missile. Ce traceur peut être continu (cas des missiles antichar Milan 1 et 2 ou HOT 1 et 2, et antiaérien Roland ou Crotale), modulé (TOW américain fabriqué à plus de 500 000 exemplaires), à balise à éclats (Eryx, Milan 3), ou encore à balise laser. Le goniomètre mesure un écart angulaire de la position du missile par rapport à l’axe de visée, repéré en x, y ou ρ, θ. Cet écart est transformé en écart métrique, nécessaire à l’élaborateur d’ordres pour corriger la trajectoire du missile, par utilisation d’une loi distance élaborée en fonction du temps, d’où l’appellation fréquente de localisateur IR. Les ordres de pilotage sont ensuite transmis au missile par une liaison filaire (cas des Milan, HOT, Eryx) (figure 1) ou hertzienne (cas des TOW, Roland, Crotale). 1.2 Localisateur infrarouge du missile Milan Ce localisateur est intégré au système de visée, ou lunette, du système de missile antichar de moyenne portée Milan. Le système Milan, lancé en 1963 par le BPFA (bureau de programme franc-allemand) et réalisé par le GIE Euromissile (Aérospatiale, DASA) est un armement portable constitué d’un poste de tir (16,5 kg) et d’une munition (6,7 kg) placée dans un conteneur tactique (12 kg au total). La portée du missile varie de 200 m à 2 000 m, distance qu’il franchit en 12 secondes. Par ailleurs, le système peut tirer de nuit grâce à la lunette thermique Mira qui peut lui être adaptée. Plus de 100 000 missiles et 5 000 postes de tir ont été livrés. Les localisateurs ont été réalisés en commun par SAT (France) et ELTRO (Allemagne). Figure 1 – Guidage du missile Milan — La voie IR comporte deux systèmes d’analyse IR simultanés, l’un à optique grand champ (± 40 mrad) correspondant à la prise en charge (PC) du missile, de 0 à 400 m, l’autre à optique petit champ (± 10 mrad) correspondant au vol de croisière (CR), de 400 à 2 000 m. La commutation est faite de façon purement électronique au cours du vol. — L’analyseur est du type à grille décentrée animée d’un mouvement de translation circulaire, système permettant d’obtenir de façon simple les coordonnées (ρ, θ ) du missile et une écartométrie linéaire. La figure 2 donne le schéma du système optique du localisateur. On trouve successivement : — le prisme séparateur d’entrée ; — le système optique de visée (voie visible VIS) constitué par un objectif réglable en position sur 2 axes, pour l’harmonisation des 2 voies IR et VIS, un prisme de sortie, un réticule de visée et un oculaire ; — le système optique infrarouge, comprenant d’abord un objectif de focale 100 mm, commun aux deux voies PC et CR, et formant une image dans le plan focal du modulateur de la voie PC. Les faisceaux écartés de l’axe de moins de ± 10 mrad sont repris par un miroir de renvoi muni d’un diaphragme en son centre et par une optique divergente allongeant la focale à 400 mm. Ce système optique petit champ forme une image dans le plan focal du modulateur de la voie CR : — un diasporamètre (2 prismes) permettant d’harmoniser la voie PC par rapport à la voie CR ; — deux modulateurs identiques, entraînés par un moteur unique à la cadence de nutation de 30 Hz ; — deux condenseurs dont le rôle est de projeter l’image de la pupille d’entrée sur les détecteurs ; — deux ensembles filtre IR/détecteur ; les détecteurs sont des cellules PbS photoconductrices refroidies par effet Peltier et fonctionnant dans la fenêtre atmosphérique spectrale située autour de 2 µm. Les modulateurs ont pour but de faire subir au flux infrarouge une modulation dont les caractéristiques sont fonction de la position de l’image dans le plan focal du système optique. La modulation est réalisée par des disques comprenant une centaine de secteurs alternativement opaques et transparents, qui ne tournent pas sur eux-mêmes mais qui sont déplacés dans le plan focal selon un mouvement de translation circulaire : le centre du modulateur se déplace, en effet, sur un cercle dont le diamètre est égal à la longueur des rayons du modulateur (figure 3). La figure 4 montre les cercles de nutation engendrés par l’action du modulateur sur une cible fixe centrée puis décentrée, et la modulation de fréquence en résultant. Cette modulation de fréquence donne l’écart du missile ρ, la modulation de phase donnant l’écart de la position angulaire θ. La photo de la figure 5 montre un tir de missile Milan. Les localisateurs des systèmes à plus longue portée Hot et Roland (figures 6 et 7) sont similaires. Leur principale différence vient du fait que la visée est stabilisée, par miroir de tête, et qu’il y a donc un découplage total entre cette visée et les mouvements du porteur. Les localisateurs des autres systèmes à longue portée utilisent en général des techniques plus sophistiquées pour atteindre les portées requises. C’est par exemple le cas de celui du Crotale naval (§ 1.3.3) qui utilise une barrette de détecteurs associée à un filtrage spatiotemporel. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 115 − 3 GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF ___________________________________________________________________________________________ Figure 2 – Système optique du localisateur infrarouge du Milan Figure 3 – Déplacement de la grille modulatrice Figure 4 – Modulation du signal selon la position de la cible dans le champ E 4 115 − 4 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique __________________________________________________________________________________________ GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF 1.3 Autres systèmes de localisation 1.3.1 Balise à éclats Figure 5 – Tir d’un missile antichar Milan Un concept récent consiste à utiliser un émetteur d’éclats lumineux lié au missile et un détecteur matriciel CCD (Charge Coupled Devices ) à grande vitesse fonctionnant dans le proche IR et disposé dans le poste de tir, tous deux étant pilotés par des bases de temps individuelles mais initialement synchronisées. À chaque période T, on compare 2 images prises successivement pendant une durée d’intégration t i égale à la durée des éclats (t i = T/n avec n1 ). La première image, prise en synchronisme avec l’éclat lumineux va donner l’image du traceur + paysage (atténué dans le rapport n par rapport à une image intégrée pendant la période T ). La seconde image, de même durée, ne va donner qu’une image du paysage (également atténuée dans le rapport n). La différence entre les 2 images, effectuée par un calculateur rapide, permet d’extraire de façon simple l’image du missile seul ainsi que ses coordonnées x et y. Ce système de filtrage temporel s’ajoute aux filtrages spectral (proche IR) et spatial (fenêtres électroniques) rendant ce localisateur insensible à l’environnement existant sur le champ de bataille (incendies...). Ce principe de guidage très performant est utilisé sur le missile de courte portée Eryx (600 m) et sur le missile de moyenne portée Milan 3 (2 000 m) successeur des deux premiers Milan. 1.3.2 Balise laser Pour les portées supérieures, ou pour une meilleure pénétration à travers les brumes, brouillards légers et fumigènes, il est souhaitable d’utiliser une source laser sur le missile. Cette source peut être à 800 ou 980 nm, c’est-à-dire dans le proche infrarouge, mais elle sera de préférence à 1,5 ; 2 µm, voire à 10,6 µm. Des prototypes ont déjà été testés avec succès. 1.3.3 Téléguidage automatique à imagerie IR Figure 6 – Tir d’un missile antichar Hot Ce système de guidage est similaire à celui utilisant un écartomètre TV. Il est utilisé sur les conduites de tir canon ou missile antiaériennes. L’écartomètre infrarouge est soit une caméra thermique associée à un écartomètre TV, soit un capteur d’imagerie IR spécialisé, par exemple bispectral ou à écartométrie différentielle cible/missile. L’acquisition de la cible sera faite, soit de façon classique par un Radar, soit de façon discrète par un système de veille infrarouge tel que Vampir ou par l’imageur thermique fonctionnant dans un mode de veille sectorielle comme c’est le cas pour le nouveau viseur Glaive du système Roland. Le guidage automatique nécessite d’effectuer la mesure des écartométries cible et missile : — cible pour maintenir, par calcul du barycentre, l’image de celle-ci au centre du réticule de visée ; — missile pour transmettre à l’élaborateur d’ordres la position de celui-ci. Le principe utilisé nécessite que la conduite du missile maintienne un léger écart angulaire entre la cible et le missile, sauf en fin de trajectoire, de façon à ne pas superposer leurs images. Dans cette catégorie on trouve l’écartomètre bispectral Pirana (3-5 et 8-12 µm ; figure 8), destiné au pointage des tourelles de la Marine de défense antiaérienne, et SEID (système d’écartométrie IR différentiel, utilisé pour la conduite de tir du Crotale naval). SEID est chargé d’élaborer, en complément du radar, l’écart angulaire entre le missile et la cible. Figure 7 – Tir d’un missile antichar Roland Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 115 − 5 GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF ___________________________________________________________________________________________ désigner un objectif prioritaire et, en phase terminale, de corriger la trajectoire du missile pour que celui-ci puisse atteindre une zone plus vulnérable. ■ Enfin une fonction indispensable est la protection du système optique par un irdôme situé dans la pointe avant et dont le profil est le résultat d’un compromis entre : — la qualité optique : aberrations, antireflets, réflexions multiples internes ; — la tenue mécanique : étanchéité, résistance à la pluie, résistance aux températures extrêmes découlant de la vitesse du missile ; — l’aérodynamisme : traînée différente pour un irdôme hémisphérique ou un irdôme pyramidal. 2.2 Classification Figure 8 – Écartomètre bi-spectral Pirana Il permet au Crotale d’engager et de détruire les missiles antinavires à vol rasant grâce aux avantages suivants : — il évite les problèmes liés au dédoublement d’écho radar, dus à l’effet miroir, lorsque celui-ci poursuit une cible à basse altitude sur la mer ; — il délivre une écartométrie moins bruitée ; — il permet enfin au système de fonctionner sous brouillage radar. D’une manière similaire, les futures conduites de tir seront améliorées en matière de durcissement par fusion de senseurs radar + infrarouge. 2. Autoguidage IR passif 2.1 Fonctions à assurer ■ La fonction première d’un autodirecteur infrarouge passif est de mesurer les écarts angulaires entre la cible et la ligne de visée en captant l’énergie émise par cette cible, ou plutôt la différence de cette énergie (plume des gaz chauds ou température propre) par rapport au fond. Pour ce faire, il comprend un aérien optique à petit champ (une fraction de degré à quelques degrés), un dispositif de modulation et d’écartométrie, et un détecteur infrarouge à mono ou multiéléments refroidi en général à 77 K. Au moyen d’une cinématique appropriée l’ensemble permet, dans les modes poursuite et guidage, d’asservir la ligne de visée en direction de l’objectif. ■ La deuxième fonction, permettant de guider le missile, est de mesurer les mouvements angulaires de la ligne de visée par rapport à des repères terrestres. Pour cela, il comprend des moyens de stabilisation gyrométriques ou gyroscopiques de la ligne de visée. ■ Une fonction complémentaire, utilisée sur certains autodirecteurs de missiles air-air, est la recherche autonome de l’objectif dans un domaine angulaire étendu (plusieurs dizaines de degrés). L’autodirecteur explore ce domaine, détecte et reconnaît l’objectif, puis commute successivement en modes poursuite et guidage. ■ Les autodirecteurs les plus récents, grâce à l’apport d’une détection bispectrale et d’un calculateur rapide, sont capables de classer les cibles suivant plusieurs critères, de reconnaître les leurres, de E 4 115 − 6 Il est possible de classer les autodirecteurs infrarouge selon leur utilisation : — air-air (missiles embarqués à courte ou moyenne portée) ; — sol-air ou surface-air (missiles antiaériens à très courte ou courte portée) ; — air-sol ou air-surface (guidage terminal pour missiles de croisière ou munition intelligente) ; — sol-sol (missiles antichar). Il est aussi possible de les classer selon leur architecture, suivant que l’aérien optique est mobile ou fixe. C’est le choix que nous avons fait. 2.2.1 Aérien mobile Deux cas principaux existent dans la pratique. ■ Tête gyroscopique : le gyroscope est lié à l’aérien, et le détecteur est monté sur le carter de la toupie gyroscopique. Comme il est nécessaire d’asservir l’axe de l’aérien dans la direction de la cible, l’axe de la toupie du gyroscope sera aussi asservi dans cette direction ; des moteurs-couple, agissant sur les 2 axes des cardans, seront utilisés pour faire précessionner le gyroscope et ainsi contraindre la tête gyroscopique à suivre la cible. C’est la solution d’aérien mobile la plus compacte, qui nécessite toutefois un prépointage de l’autodirecteur pour que celui-ci puisse trouver la cible. Aussi cette solution trouve naturellement sa place sur les systèmes à très courte portée sol-air et sol-sol. Elle a été adoptée sur les missiles sol-air Redeye et Stinger (États-Unis), SA7 Strela, SA14 Strela 3 et SA16 Igla (Russie), Mistral (F) (figure 9) et sur le missile sol-sol AC-3G/LP (France, Allemagne, Grande-Bretagne). Elle a été également adoptée sur les missiles air-air 530 (F), qui fut le premier au monde à utiliser la bande 3-5 µm (figure 10), et AIM-9 Sidewinder (États-Unis). Dans ce dernier cas un microbalayage additionnel permet d’augmenter un peu le champ d’acquisition, qui est très faible dans les autres cas. Cette technique est également utilisée pour les missiles sol-sol et air-sol du système antichar 3e génération longue portée. ■ Tête à gyroscope déporté : le gyroscope est séparé de l’aérien. Tous deux sont orientés par leurs propres moteurs-couple. En phase guidage, la vitesse de précession du gyroscope est commandée par l’écartomètre, l’aérien étant asservi à recopier la position du gyroscope. Le principal avantage de cette solution, on le trouve en phase recherche : en effet, dans cette phase l’aérien peut balayer l’espace avec une grande vitesse car le gyroscope n’est pas dans la boucle. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique __________________________________________________________________________________________ GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF Figure 9 – Tir d’un missile sol-air Mistral Figure 11 – Tir d’un missile air-air Magic 2 Figure 10 – Autodirecteur infrarouge du missile air-air 530 Figure 12 – Autodirecteur infrarouge du missile Mica Ceci permet au tireur de bénéficier d’un mode de recherche autonome à la fois passif (donc discret) et rapide, et dans un large champ. L’association avec un viseur de casque en améliore l’efficacité. Cette solution est utilisée sur les autodirecteurs des missiles air-air Magic (F). (photo d’un tir de Magic 2, figure 11, et description § 2.6) et AA-11 Archer (Russie). ■ pour le guidage terminal de munitions, par exemple d’un obus antiaérien (figure 13) ou d’une sous-munition air-sol antichar : dans les deux cas, il s’agit de réaliser un ensemble détecteur/écartomètre très compact et robuste (devant résister à l’accélération de départ de 10 000 g dans le cas de l’obus) et à très faible coût. Cette dernière exigence est possible car d’une part le détecteur n’a pas besoin d’être refroidi à 77 K compte tenu de la proximité de la cible, et d’autre part la recherche de la cible bénéficie de la rotation de la munition sur elle-même dans le premier cas, ou autour de son axe de descente dans le second cas. ■ Autres solutions : d’autres solutions à aérien mobile sont également utilisées dans la pratique. Citons les 2 cas suivants : — utilisation de la centrale gyroscopique missile ; — utilisation de gyromètres sur l’aérien. La première solution, commentée succinctement au (§ 2.5.3) en ce qui concerne la boucle d’asservissement de l’aérien, a été adoptée sur l’autodirecteur de missile air-air Mica (F) (figure 12). La seconde solution nécessite, pour les petits missiles que sont en général les missiles à autodirecteur IR, des gyromètres très compacts qui sont maintenant disponibles. 2.2.2 Aérien fixe ■ Pour les autodirecteurs futurs, dits strap down : contrairement à la solution à aérien mobile dont l’optique est à petit champ, ces autodirecteurs sont à large champ de vision, si possible voisin de celui accessible aux autodirecteurs à aérien mobile, soit par exemple ± 40o. Le détecteur sera une mosaïque bidimensionnelle de grandes dimensions, avec une limite liée à la technologie et donc au coût : 512 × 512 éléments à 1 024 × 1 024 éléments dans la bande 3-5 µm. La poursuite de la cible sera effectuée en utilisant une fenêtre électronique, correspondant à un petit champ (32 × 32 éléments), laquelle est stabilisée dans l’espace, et donc découplée des mouvements du missile, par la centrale inertielle du missile. Nous citerons 2 types de réalisation : Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 115 − 7 GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF ___________________________________________________________________________________________ 2.3 Loi de navigation proportionnelle C’est la loi de navigation la plus utilisée sur les missiles à autoguidage IR. Elle correspond à l’équation de base : d θM dη ------------ = A --------dt dt θ˙ M = A η˙ ou (cf. figure 14 pour la définition des angles). Elle indique que la vitesse angulaire transversale du missile θ˙M , et donc son accélération transversale car Γ T = V M · θ˙M , doit être maintenue proportionnelle à la vitesse de rotation de la droite missile-cible η˙ (figure 15). Figure 13 – Guidage terminal infrarouge pour obus de 100 mm Cette loi est intermédiaire entre celle de la poursuite pure, aussi appelée poursuite en courbe de chien, car le vecteur vitesse du missile reste constamment pointé sur le cible (A = 1 pour un objectif volant en ligne droite à vitesse constante), et la poursuite sur but futur qui consiste à diriger le missile vers un point qui serait atteint si les vitesses des 2 mobiles restaient invariables en grandeur et en direction ( A = ∞, car η˙ = 0 ). Contrairement à la poursuite pure, le missile regarde son objectif dans une direction différente de celle du vecteur vitesse missile, et la navigation tend à maintenir cette direction invariable dans l’espace, comme dans la poursuite sur but futur, s’il n’y a pas d’évolution imprévue des trajectoires. La valeur de A est le résultat d’un compromis entre les capacités de dépointage de l’axe de l’aérien par rapport au vecteur vitesse missile (non confondu avec l’axe longitudinal missile) et les capacités d’accélération du missile sur des évasives de la cible. Exemple de calcul : missile volant à 600 m/s s’autoguidant sur une o cible effectuant une évasive avec η˙ = 7,5 ⁄ s (déplacement angulaire de la cible vue par l’autodirecteur). En prenant un coefficient de navigation proportionnelle typique de A = 3, l’accélération transversale du missile devra être : Γ T = V M · θ˙M = V M · A · η˙ π Γ T = 600 × 3 × 7,5 × ----------- = 235,5m ⁄ s 2 = 24g 180 Le rôle de l’autodirecteur en phase guidage va donc consister à mesurer la vitesse angulaire de la droite missile-cible η˙ . Il est donc nécessaire, et c’est ce qui sera décrit dans les 2 paragraphes suivants : — d’asservir l’axe de l’aérien dans la direction de la cible par mesure de l’écartométrie ε ; — de mesurer en phase guidage la vitesse de rotation de l’axe de l’aérien par rapport à une référence absolue, à l’aide d’un gyroscope dont la toupie est dirigée dans cette direction. 2.4 Génération des écartométries L’écartomètre a pour rôle de mesurer les écarts angulaires ε (en x, y ou ρ, θ ) entre l’axe de l’aérien et la direction de la cible (ou même parfois d’un point particulier de la cible en guidage terminal). Cette mesure est faite par détection dans l’infrarouge, dans la bande 3-5 µm pour les antiaériens et 8-12 µm pour les antichars, et analyse optomécanique ou purement électronique. Les différentes générations de détecteurs infrarouge, le plus souvent des photodiodes InSb ou HgCdTe refroidies à 77 K, ont conduit à des écartomètres différents. La figure 16 donne 4 exemples. E 4 115 − 8 Figure 14 – Définition des angles pour le guidage 2.4.1 Détecteur à 1 élément (années 60-80) (figure 16a) Écartomètre à disque modulateur : de manière similaire à ce qui se passe dans le localisateur Milan (§ 1.2), l’image est modulée dans le plan focal de l’optique par un disque modulateur, ici tournant autour de son axe, dont le rôle est double : effectuer un filtrage spatial pour améliorer le contraste entre une cible ponctuelle et un paysage rayonnant étendu, et créer une modulation du signal permettant, par une méthode simple, d’obtenir une mesure de l’écartométrie en ρ, θ. Ici l’écart ρ est donné par le nombre de cycles du signal modulé, 6 cycles en périphérie (point A), à 11 cycles au voisinage du centre (point B), et l’écart θ est donné par la phase du signal par rapport à la position du disque. Un condenseur projette l’image de la pupille d’entrée sur un détecteur mono-élément lequel est de surface relativement élevée, de l’ordre de 1 mm2, entraînant une sensibilité très moyenne pour l’autodirecteur. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique __________________________________________________________________________________________ GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF Figure 16 – Écartométries pour autodirecteurs Figure 15 – Différentes lois de guidage 2.4.2 Détecteur à 4 éléments (années 80-90) (figure 16b) Le système de détection comprend le système optique associé à un détecteur à 4 barreaux disposés en croix. Il est créé un mouvement de nutation de la tache image de la cible dans le plan du détecteur : — soit, dans le cas d’un autodirecteur à tête gyroscopique, par la rotation de la toupie sur elle-même et utilisation d’un excentrement entre l’axe optique du système et l’axe du miroir primaire ; — soit, dans le cas des autodirecteurs à stabilisation par gyroscope déporté ou par gyromètres, par la rotation d’une lame à faces parallèles inclinée ou d’un autre dispositif. Si l’axe de l’aérien est confondu avec la droite missile-cible, le centre du cercle de nutation coïncide avec l’intersection des barreaux, et les impulsions de signal apparaissent à des intervalles de temps égaux. Au contraire, en dépointage, le centre est décalé de la valeur des écartométries. La mesure des intervalles de temps entre les 4 signaux va donner les valeurs d’écartométrie en x et y. Une autre technique, largement utilisée sur les missiles Sidewinder, est celle d’une modulation sous forme de rosette. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 115 − 9 GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF ___________________________________________________________________________________________ 2.4.3 Détecteur imageur (90 et au-delà) ■ Imageur à barrette (figure 16c) Le balayage de la ligne de visée est effectuée par un miroir secondaire mobile, une lame vibrante ou rotative, ou un diasporamètre, à une cadence comprise entre 50 et 100 Hz. À partir d’une barrette à 32,64 ou 128 éléments, on obtient une image 2D du champ observé, à partir de laquelle la cible est détectée et reconnue. Les écartométries x et y sont en général déterminées par la mesure du barycentre de l’image de la cible. Avantages de cette technique sur la précédente. La sensibilité thermique et la résolution angulaire sont améliorées grâce aux dimensions plus faibles des éléments détecteur (50 µm × 50 µm typique). Il en découle que la portée de détection est améliorée, mais surtout que le missile peut être tiré sur des cibles en présentation tous secteurs, et en particulier secteur avant. Il est relativement aisé de reconnaître la cible visée, en particulier en utilisation air-sol, ainsi que de détecter l’éjection de leurres (air-air ou sol-air). En modifiant le balayage, il est possible d’obtenir un mode d’imagerie à grand champ, utile pour les autodirecteurs des missiles air-sol. Cette technique, se prête bien enfin à l’utilisation d’une structure bispectrale avec 2 ensembles photosensibles montés dans le même cryostat. ■ Imageur matriciel (figure 16d ) Les détecteurs sont typiquement à 32 × 32, 64 × 64, et 128 × 128 pour l’InSb et le MCT (HgCdTe), et de 256 × 256 et 512 × 512 pour le PtSi. La sensibilité thermique est encore améliorée, offrant de nouvelles possibilités et en particulier la détection de cibles peu rayonnantes. D’autre part, le balayage purement électronique permet d’obtenir des écartométries à des cadences supérieures à 400 Hz, conduisant à négliger le retard pur dans les boucles d’asservissement, ce qui autorise une séquence détection/accrochage/poursuite plus rapide, et procurant une grande souplesse d’utilisation (cadence variable, accumulation de trames...). Néanmoins la solution balayée (§ 2.4.3) conserve des avantages propres (coût, temps de refroidissement du plan focal, dynamique), tout en conservant la possibilité d’améliorer sa sensibilité par utilisation d’un mode d’accumulation TDI (Time Delay Integration). La solution balayée a été retenue sur les autodirecteurs du Mica et de l’AC-3G/LP. La solution à matrice 2D (staring array ) l’a été sur l’ASRAAM (Advanced Short Range Air-to-Air Missile). ■ Enfin, pour assurer le guidage en navigation proportionnelle, il est nécessaire que l’autodirecteur génère un ordre de guidage proportionnel à η˙ (vitesse de rotation de la droite missile-cible). Nous allons donc examiner comment ceci est mis en œuvre sur les 4 solutions les plus utilisées (figure 17) : — tête gyroscopique ; — gyroscope déporté ; — utilisation de la centrale inertielle missile ; — gyromètre d’antenne. 2.5.2 Tête gyroscopique (figure 17a) Sur le schéma de l’asservissement en phase guidage on a volontairement négligé, pour simplification, l’échantillonnage et le retard pur du détecteur et de l’électronique de traitement de l’écartométrie, ainsi que les phénomènes liés aux frottements et à la nutation du gyroscope. L’ordre de guidage à transmettre à l’élaborateur d’ordres est : Ks 1 + -------- p Ki E ( p ) = --------------------------------------------- · p · η ( p ) Ks 1 1 + -------- p + ------- p 2 Ki Ki Il est proportionnel, dans un certain domaine fréquentiel, à p · η (p ), soit à η˙ ( p ) . L’erreur vitesse est nulle. Les coefficients K i et K s seront choisis pour que l’écart angulaire résiduel ε à un échelon de vitesse soit faible devant le champ du système de détection (de l’ordre du degré). À noter que l’échantillonnage et les retards purs sont les facteurs limitants pour K i et K s . 2.5.3 Gyroscope déporté (figure 17b) Dans cette solution le gyroscope peut être situé hors de l’autodirecteur. Il est, comme dans le cas précédent, commandé en vitesse de précession par les signaux d’écartométrie amplifiés (termes proportionnel et intégral) puis transformés en courant de commande de précession. La position absolue de la ligne de visée (axe aérien) va être asservie à suivre la direction de la toupie du gyroscope. L’asservissement sera exécuté en axes missiles, c’est la raison pour laquelle l’assiette du missile (direction de l’axe longitudinal du missile) est introduite avant et après la boucle d’asservissement de l’aérien. 2.5 Asservissement de la tête gyro-stabilisée 2.5.4 Utilisation de la centrale inertielle missile (figure 17c) 2.5.1 Données de base Cette solution est voisine de la précédente, mais est plus récente. On utilise la centrale inertielle strap-down du missile pour obtenir les données sur l’assiette de celui-ci. Bien que les données soient échantillonnées par le calculateur de la centrale, introduisant un léger retard, cette solution offre plusieurs avantages dont le principal est de supprimer le temps de ralliement du gyroscope de la solution précédente. Un intégrateur référentiel missile fait office de gyroscope fictif, nécessaire pour la boucle d’asservissement. ■ Quel que soit le principe adopté pour le système d’orientation et de stabilisation de la ligne de visée, à tête gyroscopique ou à gyroscope déporté, il est fondamental qu’il soit naturellement bien découplé des mouvements du missile. Ceci nécessite de réduire au maximum les frottements dans les mécanismes de cardan, dans le câblage, et dans le système cryogénique (tuyaux mobiles d’azote sous pression par exemple). Les jeux, introduisant des phénomènes non linéaires, seront réduits au maximum, de même que l’élasticité des pièces mobiles. ■ Il faudra également que l’autodirecteur soit capable d’accrocher et de suivre des cibles à défilement rapide. L’écart angulaire maximum ε devra donc rester toujours inférieur au champ instantané de l’aérien. Ceci impose une bande passante élevée pour les asservissements. E 4 115 − 10 2.5.5 Gyromètre d’antenne (figure 17d ) Cette solution utilise l’architecture des viseurs à miroir stabilisé de tête que l’on trouve sur la plupart des conduites de tir optroniques sol-sol ou sol-air. Elle utilise un gyromètre 2 axes, monté en contre-réaction sur l’aérien de l’autodirecteur, qui détectera la rotation de l’axe de Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique __________________________________________________________________________________________ GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF 2.6 Autodirecteur du missile Magic 2 Le missile Magic 2 de Matra est un missile air-air léger et très manœuvrant, destiné au combat tournoyant et à l’interception à grande vitesse. Faisant suite au Magic 1 produit à plus de 8 000 exemplaires de 1974 à 1984, ce missile est en fabrication depuis 1985. Comme le Magic 1, il se distingue des autres missiles à autoguidage infrarouge par sa capacité à acquérir la cible dans un grand volume de recherche et de façon autonome, c’est-à-dire sans désignation préalable. La sensibilité de son autodirecteur, environ 100 fois meilleure que celle de son prédécesseur grâce à un détecteur multiéléments, lui donne une capacité d’attaque des cibles, vers l’avant, à des distances allant de 8 à 25 km (figure 11). Enfin, il dispose d’une capacité antileurrage efficace. L’autodirecteur (figure 18) est constitué de 3 sous-ensembles principaux : — l’antenne optique comportant un miroir mobile sur 2 axes et l’objectif ; — le dispositif de détection, associé au mécanisme de modulation et au système cryogénique pour le fonctionnement du détecteur à 77 K ; — un ensemble de cartes électroniques sur lesquelles sont élaborés les signaux d’écartométrie ainsi que le pilotage des boucles d’asservissement. Ces sous-ensembles sont montés sur une pièce de fonderie légère ou poutre sur laquelle sont montées les pièces de raccordement au missile. Figure 18 – Autodirecteur infrarouge du missile Magic 2 L’ensemble est complété d’une protection : — à l’avant, par la calotte sphérique ou irdôme, collé sur une virole ; — sur les côtés, par une enveloppe sphérique ou peau. Figure 17 – Asservissement en mode guidage pour 4 solutions l’aérien par rapport à une référence absolue. Il jouera donc le rôle de stabilisateur inertiel de la ligne de visée. ■ L’ensemble électromécanique, représenté figure 19, se compose de 2 parties principales : — un groupe de 2 moteurs-couple, comportant le potentiomètre de recopie de l’axe gisement ; — un cadre sur lequel sont montés le miroir mobile site, associé à son potentiomètre de recopie, et le miroir de renvoi. Ce cadre est Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 115 − 11 GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF ___________________________________________________________________________________________ orienté en latéral (ou gisement) par un ensemble bielle-manivelle. Le miroir mobile est orienté en site par la biellette. Cet ensemble permet un débattement de la ligne de visée dépassant ± 45o sur les 2 axes. ■ Le système optique, à l’arrière des 2 miroirs, comprend : — l’objectif, achromatique dans la bande de détection, et réalisé par un doublet. Son champ est de 1o environ ; — le modulateur constitué par une lame à faces parallèles fixée dans un barillet tournant à grande vitesse. Un système de topage optique permet de repérer la position en rotation de cette lame. Cette lame, qui est perpendiculaire à l’axe optique en phase recherche pour ne pas introduire de déviation, est inclinée dans les phases poursuite/guidage pour engendrer la nutation de la tache optique. ■ Le dispositif de détection (figure 20) se compose : — d’un détecteur photovoltaïque multiéléments InSb sensible dans la bande 3-5 µm. Parmi ces éléments, quatre d’entre eux disposés en croix (figure 21) sont utilisés pour les phases poursuite et guidage ; — du refroidisseur, à détente Joule-Thomson, situé dans l’enceinte cryostatique du détecteur ; il est alimenté par de l’azote gazeux provenant d’une bouteille à 325 bars située dans la poutre lance-missile ; — des préamplificateurs montés sur une galette au fond du bloc cellule. On trouve ensuite une dizaine de cartes électroniques pour les circuits d’asservissement, d’acquisition et d’écartométrie. En particulier, le système optique introduisant une rotation de l’image de la cible pour une déviation du cadre gisement, il est nécessaire que les écartométries en x et y (εx et εy) soient corrigées de cet angle G. Les nouvelles écartométries sont donc calculées comme suit : εx = εx cos G + εy sin G εy = εy cos G – εx sin G Les 3 phases de fonctionnement principales, sont : — recherche : le paysage est exploré à une cadence rapide et à une vitesse d’analyse d’environ 200o/s, à comparer aux 30o/s des solutions à tête gyroscopique, en vue d’acquérir toute cible qui se présente dans le champ d’analyse à la portée suffisante. Le miroir mobile est animé de deux mouvements, site et gisement, commandés à partir du missile par un générateur capable d’élaborer plusieurs figures de balayage suivant le point d’emport du missile sous l’avion et l’évolution de la cible (figure 22) ; — poursuite : lorsqu’une cible est détectée en phase recherche, le balayage s’arrête et la lame modulatrice qui était déjà en rotation bascule, générant la nutation. Les signaux issus des quatre éléments détecteurs centraux sont transmis aux circuits d’écartométrie afin d’asservir le miroir mobile au déplacement de la cible. Parallèlement le gyroscope situé dans le missile, hors de l’autodirecteur, aligne sa position sur la ligne de visée ; — guidage : après ralliement du gyroscope, les signaux d’écartométrie amplifiés sont envoyés au gyroscope. Celui-ci précessionne en conséquence et retransmet sa position à l’aérien optique. Le missile peut alors être largué pour se guider vers la cible. À noter que cet autodirecteur présente la particularité de pouvoir réaccrocher une cible lorsque le missile est en vol libre et que la cible a été perdue. Pour cela, il enclenche une nouvelle phase recherche autonome avec une figure de balayage spécifique. Figure 19 – Ensemble électromécanique de pointage de la tête optique du Magic 2 E 4 115 − 12 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique __________________________________________________________________________________________ GUIDAGE DES MISSILES PAR INFRAROUGE PASSIF Figure 20 – Module de détection des autodirecteurs Mistral et Magic 2 Figure 22 – Balayage typique en mode recherche Figure 21 – Détecteur du Magic 2. Partie utilisée dans les phases poursuite et guidage Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique E 4 115 − 13 P O U R Guidage des missiles par infrarouge passif E N par Alain DELTEIL Ancien Directeur technique de la Division optronique et Défense de la Société anonyme des télécommunications (SAT / Groupe SAGEM) Bibliographie CARPENTIER (R.). – Guidage des avions et des missiles aérodynamiques. Tome 2 Autoguidage, Cours de l’ENSTA. HUDSON (R.D.). – Infrared System Engineering. IR Wiley – Interscience. Constructeurs de systèmes de guidage par infrarouge France Grande-Bretagne Aérospatiale (Division Engins tactiques) BAe SAGEM (Division Défense et Sécurité *). GEC-Marconi Thomson-CSF (Division DEM) Suède Allemagne Bofors BGT (DIEHL) États-Unis DASA (dans lequel a été intégré Eltro) Hughes Missile Systems Également : Russie, Israël, Afrique du Sud Loral * Les activités optroniques de SAT ont été intégrées dans SAGEM SA en 1996. P L U S Lockheed-Martin Raytheon Doc. E 4 115 8 - 1997 Texas Instruments Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. − © Techniques de l’Ingénieur, traité Électronique S A V O I R Doc. E 4 115 − 1
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