36 agronomie Recherche et Développement / 17 janvier 2014 / 17 janvier 2014 Gérer les bordures de champs et maîtriser les a / 17 janvier 2014 Les intérêts multiples des bordures des parcelles cultivées sont connus. Lorsque ces bordures sont occupées par une flore diversifiée, de nombreux insectes en tirent avantage, entre autres des auxiliaires. La crainte des agriculteurs reste que les bordures soient des réservoirs à adventices. Qu’en est-il sur la ferme expérimentale des chambres d’agriculture de Bretagne de Crécom située à Saint-Nicolas-du-Pélem dans les Côtes d’Armor ? L’étude porte sur 28 hectares conduits en système de culture intégré (succession culturale maïs-blécolza-triticale). Un des objectifs de l’essai est de réduire le recours aux herbicides. La bordure est l’espace herbacé et non cultivé séparant la lisière de la culture d’un obstacle naturel (cours d’eau, lisière d’un bois) ou mis en place par l’homme (chemin, haie, autre parcelle). Nous avons utilisé l’indicateur éco bordure développé par l’Inra SADpaysage, pour évaluer l’état écologique et l’impact des pratiques agricoles sur les bordures de 13 parcelles (28 ha). Ces dernières sont classées selon un type prairial, forestier ou adventice. Etat écologique Les bordures de "type forestier" se trouvent en pied de haies. Leur composition est très intéressante car la floraison est décalée par rapport au pic de floraison printanier. Les bordures de "type prairial" (pauvres en nutriments, espèces de lumières) ont une floraison continue et très longue. Les bordures de "type adventices" abritent les espèces annuelles des cultures qui peuvent coloniser les parcelles. La végétation forme un couvert temporaire, avec des espèces à floraison courte et donc peu intéressantes pour les espèces animales. Les bordures forestières et prairiales sont à favoriser à la fois pour leur intérêt agronomique (risque faible de colonisation des adventices des bordures dans les parcelles) et écologique. Sur Crécom, on retrouve les trois types de bordure dans des proportions similaires. Ce résultat traduit une diversité intéressante où cohabitent plusieurs habitats : zones plus ou moins ensoleillées, haies plus ou moins denses… La présence de bordure de type adventice peut s’expliquer en partie par la gestion chimique des bordures (débroussaillant ou glyphosate) sur la ferme jusqu’en 1997, date d’achat d’une épareuse. Mais aussi par le système de culture. 1 Risque adventice Parmi les espèces végétales retrouvées dans les bordures, on distingue les espèces ordinairement présentes dans les parcelles cultivées et considérées comme adventices de par leur fréquence et la difficulté de leur contrôle. Mais aussi d’autres espèces qui, plus sensibles au travail du sol ou aux herbicides classiques, ne se rencontrent guère qu’à l’extérieur du champ cultivé et ne sont donc pas nuisibles à la culture. C’est bien dans ces zones non cultivées que l’on trouve une flore spontanée intéressante pour la biodiversité. Sur les 18 bordures étudiées, sont dénombrés 44 % de flore spontanée non considérée comme adventices en grandes Bandes enherbées : une fauche en fin d’été favorise les adventices A la station de Kerguéhennec, l’évolution de la flore des bandes enherbées pérennes (6 ans) est évaluée sur deux parcelles. De 6 m de large, elles se situent le long d’une haie, semées en fétuque élevée - dactyle aggloméré (22 kg/ha) pour l’une, et en fétuque élevée - trèfle blanc (15 et 22 kg/ha) pour l’autre. Elles sont entretenues par une fauche avec export en fin d’été-automne selon les cultures en place sur la parcelle. Après 6 ans, une bande enherbée regroupe en moyenne 20 espèces végétales, ce qui représente 34 espèces différentes sur les deux bandes. Les adventices, majoritairement l’agrostis stolonifère et le gaillet gratteron, ont évolué en moyenne de 30 % à 55 % entre 2009 et 2013, au détriment des espèces semées. Cependant, elles ne colonisent pas les parcelles. Certaines espèces de plantes à fleurs (grande berce, céraiste aggloméré, vesce cultivée, renoncule rampante, ronce, lierre L’évolution de la flore des bandes enherbées pérennes est évaluée sur deux parcelles de la terrestre) sont présentes chaque année. station expérimentale de Kerguéhennec depuis 2009. Ces espèces sont susceptibles de jouer un rôle de ressource alimentaire pour les pollinisateurs, par exemple. La fauche avec export en fin d’été favorise la diversité des espèces végétales mais aussi le développement d’adventices (photo). Les années suivantes, la période de fauche sera avancée fin juin. Après la montée à graine pour permettre la reproduction de la flore spontanée mais avant la dissémination dans la parcelle adjacente. Ce document provient de l’Agrithèque, base de connaissances des Chambres d’Agriculture de Bretagne. Toute reproduction sous quelque forme que ce soit, n’est autorisée que dans le cadre de l’usage privé du copiste ou dans le respect de la réglementation en vigueur. agronomie / 17 janvier 2014 / 17 janvier 2014 s adventices / 17 janvier 2014 cultures, 32 % d’adventices maîtrisées en parcelle par des stratégies de désherbage limitant le recours aux herbicides et 24 % d’adventices occasionnant en parcelle des traitements spécifiques ou des augmentations de dose 2 . A Crécom en 2013, concernant les 9 adventices les plus gênantes pour réduire le recours aux herbicides, 6 colonisent réellement les premiers mètres des parcelles (entre 2 à 9 m) depuis les bordures. 1 Propositions pour la gestion des bordures Sur la ferme de Crécom, une gestion différenciée des bordures de champs sera testée à partir de 2014, pour favoriser les auxiliaires tout en limitant le risque adventice. Concernant les bordures intéressantes d’un point de vue écologique de type prairial ou forestier, la gestion actuelle, passage d’une épareuse une fois par an après les récoltes (fin d’été-automne) sera poursuivie. On veillera à réaliser une coupe à plus de 15 cm de hauteur pour éviter une mise à nu du sol et la perturbation de la petite faune. Concernant les bordures pour lesquelles on observe une colonisation des adventices nuisibles vers les parcelles, des propositions seront testées soient sur la gestion de la 2 bordure de champs ou dans les premiers mètres côté parcelle. L’objectif est de bien positionner les interventions d’entretien pour limiter l’extension des adventices en empêchant la montée à graines et en épuisant les réserves. Un broyeur d’accotement, équipé de roues étroites pour limiter l’empiétement sur les cultures en place interviendra la 2e quinzaine de juin. Certains talus seront restaurés pour faciliter le passage du matériel d’entretien. Une bande d’herbe de 2 m de large pourra être implantée et broyée deux à trois fois par an. Elle jouera le rôle tampon pour éviter la colonisation des adven- tices depuis les bordures. Côté parcelle, une augmentation de la couverture du sol dans les premiers mètres de culture pour éviter la colonisation des adventices sera testée (triple densité en céréales, semis d’une plante associée couvrante avec le colza). Sylvie Guiet Pôle Agronomie [email protected] Examen sur les adventices et la flore spontanée des bordures à Crécom en 2013 % d'espèces des bordures Liste des espèces Espèces adventices présentes en bordure et en parcelle Esp. présentes qu'en bordure Espèces occasionnant des traitements spécifiques ou des augmentations de dose Non considérées comme adventice en grandes cultures 24% Gaillet gratteron* Fumeterre des murailles* Géranium disséqué* Lychnis dioïque Rumex sp.* Agrostis stolonifère* Chiendent rampant* Avoine à chapelets Brome stérile * Espèces qui colonisent les premiers mètres de la parcelle depuis les bordures. Espèces maîtrisées en système de culture intégré 32% Véronique de perse Stellaire intermédiaire Laiteron rude Lamier pourpre Chénopode blanc Renouée liseron Matricaire Morelle noire Lapsane commune Myosotis des champs Houlque molle Pâturin annuel 44% Dactyle aggloméré Houlque laineuse Chèvrefeuille des bois Géranium herbe à robert Germandrée des bois Ronce Fougères grand aigle Grande berce Flouve odorante Lierre terrestre Petite oseille Gaillet croisette Violette de rivin Stellaire holostée Sureau Ortie dioïque 37
© Copyright 2024 ExpyDoc