E - Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes

Société pour I'étude des langues romanes
i*ui>Iicatíouf* * p é c lulo*»
POETES CATALANS
LES NOVES RÍHADES — LA CODOLAIIA
PAR
M4NUEL MILA Y FONTANALS
Professeur á l'Université de Barcelona, Frésident de l'Académié des
Bolles-Lettres. Mcmbre correspondant do la Sociéié pokir Tetuda
des Langues romanes.
MOiNTPELLIKH
PARÍS
Aü BUREAU UES ITULICATIONS
MAISONNEUVE
DE LA SOCIÉTÉ
Pour l'étudc dos Langues romanos
15, Quai V o l t a i r e , 15
M DCCC LXXVI
BIBLIOTECA CENTRAL
de lo Diputación Provincial
de Barcelona
EX UBRIS
J. MASSÓ TORRENTS
1944
Société pour Tétude des langues romanes
Pabli catión B spéciales
^ - -O' I O-
POETES
GATALANS
LES NOVES RIMADES — U CODOLADA
MONTPELLIEK, IMPRÍMEME CÉNTRALE DU MIDI
(Ricateau, Hamtlio ct Cíe)
Société pour Fétude des langues romanes
I*ublicafl
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POETES CATALANS
LES NOVES RIMADKS — LA CODOLADA
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M\NUEL MILA Y FONTANALS
Professcur á PUniversité de Barcelona, Président de PAcadémic dos
Bel les-Leu res, Membre eorrcfipondanl do la Sociétt' ¡unir téUuh
(fas Languc* romanes.
PARÍS
MAISONNEUVE
MONTPELLIKR
AU MJREAU DES PUBLICATIONS
DE LA S O C I E T É
Pour l'etude des Langues romanes
ÉDITBnR
15.
M DCCC I.XXVI
Quai
Voltairc,
15
Següent
POETES CATALANS
LES NOVES RIMADES — LA CODOLADA
Nousparlerons, danscette étudc, de deux genres de poésie,
ou plutót de versification, qui se ressemblent en ce que, dans
Tun et dans Tautre, les vers riment deux par deux, cest-ádire par couples ou paires, et qui dilférent en ce que Tun offre
des vers de la méme mesure, et Tautre des vers alternativement longs et courts.
Les deux formes s'éloignent beaucoup des strophes si compliquées dans la disposition des rimes que nous offre la poésie lyrique des troubadours, et, á ce titre, elles se rapprochent plus de la poésie populaire; maís les ocuvres ou nous
les voyons employées ne sont tout au plus que semi-populaires. Tandis que la poésie du peuple, quand elle chante
des vers rimaot deux par deux, les lie ctroitement par le
sens, ees deux formes, qui, ordinaireuient du moins, n'admettaient pas le chant, tendent a briser les couples, c'est-ádire á finir le sens dans le premier des deux vers rimes, ce
qui donne á la narration des faits ou a Texposition des idees
le ton de la causerie 3. D'ailleurs, elles visent á Tabondance
des détaiJs et á l'amplification des pensées, chose si opposée
á la precisión de la poésie populaire.
1
Pour les notes du préarabuic et de ta 1" parüe, V. p. 39 el suiv.
— 6 —
La serie de couples en vers égaux s'appelait en provencal
novas rimadas {on no trouve pas ee titre au singulier), ce
qui, en ancieu catalán, devient noves rímenles. Le nom de
codolada s'est conservé á Majorque et s'applique presque toujours a la serie des couples en vers d'inégale longueur.
L'intérét que peut offrir notre travail s'attache surtout,
pour la promiére partie, & la notice de trois poémes anciens,
jusqu'á présent inédits, et pour la seconde au contraire, au
fait delacontinuation, pendant six siócles,d'une méme forme,
encoré aujourd'hui vivante.
Nous devons ajouter quelques remarques.
I. Les morceaux cites suivent Torthog-raplie de l'original
ras. ou imprimé, avec quelques modifications qui ont paru indispensables : on a écrit toutes les initiales avec capitales,
d'apres l'usage le plus general en Espagne. — II. Nous ne
nous somraes pas servi de la denomination de rimes piales,
qui suppose, du moins aujourd'hui, la regle des rimes mascuíines et féminines alternées. — III. Nous n'avons pas entendu comprendre dans le genre de novas rimadas tous les
vers rimant deux par deux ou par couples: ainsi nous avons
omis quelques Hgnes mal versitiées d'un aiicien c&lendrier et
quelques vers religieux dYun style concis et dont les couples
ne sont pas divisées par le sens. Les Cobles de la mort} qui se
trouvent á la suite du Venturos Pelegri (v. ci-dessous), offrent
dans les éditions modernes uno división tétrastrophique parjai te ; mais dans la restitution qu'en a faite M. Aguiló, d'apres
les éditions plus anciennes, les couples sont souvent divisées
par le sens, et nous doutons que Tauteur leur eüt donné le
nom de Cobles. A Tégard des vers satiriques de six syllabes,
dont nous avons parlé pag. 36, le troubadour Cerveri de Oirone en avait donné un exemple qui était bien connu de nos
versifícateurs du XIVo siécle. V. nos Trovadores en Espada,
p. 339.
1
LES NOVES RIMADES
Le nom de novas derive du sujet et non de la forme métrique. II est probable qu'on l'appliquait, á Torigine, á des narrations de faitsrócenla réels ou donncs pour tels. Plus tard, on
nommait novas rimadas les narrations en vers (généralement
de huit syllabes), rimant'deux par deux, et aussi les poemes
non narratifs, dans lesquels on trouvaitle méme sistemo métrique et peut-etre quelque analogie de ton et de style *.
Les Lei/s (Tamors, 1.38,40, qui ne donnent pas de nom
spécial aux vers riniant deux par deux (excepté quand ils font
partie d'une stropke), et qui d'ailleursne contienncnt pas une
déñnition precise des nooasf défligncnt par ce ierme une forme
métrique, qui ne comprend que des vers égaux, de n'iraporte
quelle mesure, et rimant ordinairemcnt deux par deux, bien
qu'elles aduiettent d'autres coinbinaísons dans les rimes, etc.
Elles rcgardent cctte forme comme plus tolóróe que recommandable comme affranehie de certaines regles propres á
des genres plus releves et comme peu usitce á leur époquc
(milieu du XIVo siecle).
Vers le méme temps, peut-etre un peu plus tard, nous
voyons conservé en Catalogne le genre et, probablement, le
nom, que nous retrouvons dans la traditíon au XVC siecle.
Des poemes, relativement longs, qui apparfciennent a lalangue catalane, on n'a donné jusqu'ioi que deux de ceux qu'on
peut nommer collectifs, parce qu'ils sont formes en grande
partie de citations de divers poetes. Ce sont le Conort d'en
Franccsck Fcrrer, publié par Tastu ulans les Memorias ¡ etc.,
de Torres Amat), et Tant mon voier s'es dat [a] amors, de
Torroella, publié par Víctor Balagucr dans son Histoire de
Catalogne. Le premier, seul, duntFerrer est l'auteur, et dont
tous les vers sont oetosyllabiques, reutre dans les espéces de
novas rimadas admises par les Lvys.
— 8 —
Ma'ts oti eonnmt Vexistenee ú'autres poemes conserves á
la Bibliotkéque de Carpentras, dont ont parlé CambouHü
[Essai) et Lambert {Catalogue}. En voici (en nous bornant á
ceux qui ont la forme de novas) une simple énumération :
Plaintes <£un chevalier de Mataro, — íes Sept Sages, — Livre
des mariniers, — Discussion d'un chevalier avec son cheval,
— Romans Facct (espece de Ars amandi)% — Fragment d'un
poéme d'Aríus (e'est ceJui deTorrelba).
D'un autre cóté, M. P. Meyer a découvert, dans un ms. de
Ashburnham-Plaee, cinqpoemescatalans, Tunde PereMarcb,
avec ce ture : Storia del a mal Frondino et de Brisona, on
se contenen quatre dores d'amors ab aíguns cansons en francés. En 18G8, Meyer annonca qu'H ne tarderait pas á publier
la notice de ees poemes dans les Archives des missions scientifi'gues. Nous avouons ignorer s'ilFa deja fait.
Enfin, au grand étonnement des ainateurs de la littérature
catalane, ont apparu dernierement quatre cansoners inconnus 4 , dont l'un conüent les trois noves quí vont nous occuper*.
La prendere est d'un poete inconnu jusqu'á ce jour, et
nommé Guillem Torrelha (Torrella, suivant Forthographe catalane), né ou du moins rósidant á Majorque. Nous trouvons
(Feliu II, 59) un Guillem de Torrellas envoyé en 1201 en Sicile,
par le roí Jacme l or , avec Fhrfant Ferran Sánchez, pour remplir une mission d'un grand intérét. Malgré Faddition, á nos
yeux peu importante, de Ve, nous evoyons qu'ií s'agit d'unascendant de notre poete. Dans la Jtépartitwn de Majorque, éd.
Bofarull, p. 30, il y a un Bcrnard de Turrucella; peut-étre
était-ce Torrella ou Torroella. Quant á la composition du
poeme, nous croyons qu'on doit la lixerdans iaseconde moitié
du XIV* siécle, mais antérieurement a 1381, date du Libre de
Fortuna, de Bernat Metge c .
Le poeme, qui se compose de 1250 vers envivou, ne manque
pas d'attrait poétique : quoique Fauteui* ait employé jusqu'a
Fabus les mots asaut, bel et gint, son style est agréable. Cette
composition [a aussi de la valeur pour Fhistoire littéraire et
pour ceüe des moeurs ou des idees. On voit avec quel enjouement on se rappelait encoré les noms de ees chevaliers « trop
galant3 » de la Tabie-Ronde. Le poete a voulu se rapprocheráu pro venial, excepté dans les discours des personnages
- 9—
arturiens (y compris un serpent), qui parlent francais ; mais le
copiste a catalanisé le provencal et le francais.
AC¡ COMEXQA LA FAVLA D*EN
TOHBELHA1
Una ventura us vulh retrayre
Quim auench enqueres no ha gayre
Si com porets ausir anan.
So fo) mayti de Sant Johan
Quel temps fon ciar e Palba pura,
Ez yeu per gaug de la verdura
Quaualquey sois vas la merina
Al port de Santa Caterina,
Car en la ual de Soller fo ;
Eraembremqu'en celha sayso
Maney per mon (un ?) prat mon destrer,
Car trop lo trobaue lauger
E reuoluen a totes mars,
E si tot m'en era cerlas
[E] sira'enplasia l'asay,
Car [la] voluntáis forca may
Maníes vetz que natural sen,
Maney lo tan destretxamen
Qu'elh comensech entresuzar.
Ez yeu per luy adelitar
Aney tost vas terre dexendre,
E vau lo per les reines pendre,
E destrey lo per la ribeyra
Car [yeu] ben say qu'en tal maneyra
Pot hom caualh assuanar.
E can yeu volgui caualcar
Ab voler [de] que m'en tornes
Yeu viü en mar, de térra pres,
Ques mostrech al rabeig de Tonda,
En semblan de rocha redonda
Us grans peys, crey que fos balena,
Qui s'aturech sobre Parena
En [un] scull qui nos mouia;
Dessus un papagay hauia
Asaut e bclh e gint mudat:
E sin stich marauelhat
Del papagay quant laylo vi,
Carells se fan, segons c'om di.
— 10 —
Lay en la torra d'ultramar.
E mantinenaney pugar
En mon destrercutxosamen,
Car [yeu] cresia veraymen
Que l'auzelh stes en sculh;
AITar mes íimen, si bem vulh 8
Qu'anes envers lo papagay.
E mantinen animen )ay
E dexendi sohrel peixo,
E la broca del spero,
Si com ja m' era destinats,
Entre l'esquena elhscostats
S'anech formar de la balena;
Crech qu'en soffris conexa [e] pena.
Ques anoh puys nosvolch atencar9,
Ans s'enech empenyer en mar
Bniííint e manant <»ran trebalh,
Si quem conench mon V>on cauam
Del totlexar ultra mon grat.
En menysque nous a.^ra complat
M'ac portal fluny] un miller gran;
Lo papagay aneen \olan
Denanl me cutxos tío rendo.
Le poete, un peu efifrayé, faitses priores.11 entre dans lamer
de Minorque, laíssant á droite Majorque et ebeminant vers
TOrient. II perd de vue la terre et s'avance plus de cinq cents
miller*. Sa peine s'accroit quand il voit déolinorle soleil, et il
prie de nouveau.Vers minuit, la baleine s'arréte et il descend
sur le sable. II remercle Dieu, marche sans direcüon fíxe, car
Tobscurité Tempéche de voir le perroquet.
E vi luny de mi vn lum ciar
Qui rendía t?ran resplandor
Edresscy vers celha lugor.
E fuy vas celhii pars venguu
E rapardey ves celha lutz
E viu un arbra on staue
Una serpeni quil cap portaue
Un carbonele fort respjandent;
La vistem plací] de la serpent
Per lo carbonclo («c) qui luzia.
En aycelh loe un prat. hauia
Anterior
Inici
Següent
— 11 —
Quí era tot cubert de flors
Don exien piasens odors
PerquMeu m'en flom ^ranplasor,
Mes delarbre no say per ver
Com s*es noropnats per natura,
Mas li pom son de tal figura
Com son toronges o norongps ;
E semblar vos hias monsonges
Sengons quecrey o (no?) veritats
Qui tetes Jes proprietats
Del fruyt vos volia comtar;
Car sius memoras algún menjar
Qui fos de pretz o de valor
Lo fruit fora de tal sabor
Com vos agrets smaginats.
Ez yeu qu'auia dejunats
Lo jorn passat, per fam qu'avia
Mangey del fruyt, man nous poria
Comptar lo plaser quey trobe...
11 boit dans un beau bassin de raarbre blanc qu'il y avait
au pied de Tarbre, et qui contenait toujours la méme quantité d'eau.
II remercie Dieu:
Car ades tot complidamen
M'ai di>naltot quant OJM* hauia,
Sol posques trobar rom pan y ia
Quera sabes dir noves del loch
E la ser peni un pauch se inoch.
Ab tan se pres á parlar
Assautamen e trop ben ciar
E dix perlan tot enaxi:
« Guillatmes, tu es venus si
Non ja pour la volunté,
Car tu has trop ben splayté,
Que je ie fai* tañí á sauoir
Qú*enysi lu paires aperemoir
Que tu es en Vüti anquantea40
On repaira Morgan la fea
E missive lo reys Artus.»
Ab tant ralhech et no dix pus
E desperecli en un moiuen*
— 12 —
Torrelha reste tout émerveillé, et ce qui lui parutle plus
beau
Si fon com tenguatje francés
La serpent ten asaut perlech.
II s'endort et il regrette que son interlocuteur ait dispara
si vite parrai les fleurs; le lendemain, le réveillent la chaleur
du soleil et le chant des petits oiseaux.Ilseréjouit en voyant
les rivieres, les prés, les arbres fleuris et feuillus, les fontaines et les ravins et autres gentilles beautés (deports Oells
e gens). II se lave et puis cherche s'il trouvera tour ou palais,
aubcrge, maison ou hotel, et voit
Venir vn palefroi ferran
D'asaut tal[h) ne poquet ne gran
E mot richanient ancelbatz.
Uz Reys ne for' encaualcatz
Segons lo belh ames qu'auia ;
Cent mil mares d'aur creen que valia.
La cetha e'l pitral e'l pes
E li arcos ab tal[h] francés
Del blanch vori gint entalhats.
D'aur e d'azur asaut obrats
Ab manta storia d'amors
De Floris e de Blanchaflors,
D'lsohiala blonda e (de) Trislany
Qui per amor s'emeron tan;
De Titus ede Piramus
E de Serena e de Deldhus (1. d'Eledus)
E París ab qual gint (l. giny) conques
Elena e dins Troya mes
Lur fayt, lur vis fe] lur ventura,
Tot so diuisau'en pintura
E mays enquer que nous say dir.
Tot H "claves, senes mentir,
Petit e gran foron d'aur fi.
D*un samit vert ultramari
Ffon la celha molt gint garnida,
Ab fil d'or sobtilraen]; cosida
Axis com Tobres pertanyia
E [Is] ganbals eren sens falcia
De setesta, axi com son
— 13 —
Les correges de neyra pon *\
£1B sobresingles exemen.
Les ciuelbes eren d'argen,
Eís strepe de fin aur mezis
A la manera de Peris,
Trop altament nielhats.
Del fre non ay enquer comptats
Com era fayts mestriuolrnen ;
No creats pas que fos d'argen,
Ne d'aur lo mos, mas de cristalh,
As&ut obrat e de beíh táih,
Ab cornet de semblant manera4*.
Les regnes son d'una cadena
D'aur smaltatmolt gini obrat;
Trestot fo asaut compassat
Entre la seda subtüment:
A marauelha stech gen
E semblech fos obra d'omansa.
Les capsanes a ma semblansa
Eren d'or fis garnides gen.
Mil platons ni hac certamen
Qui tots eron d'aur per noblesa;
En casen hac per dar belhesa,
Encastats robissos (l. robis) e saflirs,
[E] maraedes que relusirs4i,
Veirets las peyres al solelh.
Lo pitral non vis may ten belh
Car fayt [es] ab ancantament;
Mil cascauelhs hi hac d'argent,
Asauts e de bel he fayso,
Laun e faltre de belh so,
Mas no gens concordans de votz ;
[E] deipuys concordauen totz
Al pas del palafre emolan.
E notai (notant? ) vn lay de Tristany,
Qüi molí es píasent de ausir.
II monte sur le palefroi, mais celui-ci ne veut pas marcher.
Le poete descend courroucó et prend ses éperona; puis, comme
il TI y gagne rien* il parle humblement au palefroi, se livrant
á son bon plaisir. Alors la béte le porte d'emblée par une belle
prairie, et ii voit deux gants d'or et d'argent, « de la talha de
— 14 —
Perpignya», qui pendaient d'un laurier. II se réjouit, croyant
que le chevalier ou le jongleur, auquel ils devaient appartcnir,
n'était paa loin ©t lui donnerait des nouvelles du roí. II vencontre deux petits «branxets 44 » et un bel épervier mué, quoique ce ne füt pas la saison, et entre enfiu dans un beau jardín
oh iJ y avait un millier d'arbres qui, par forcé Penchantement,
montraient á la fois fleurs et fruits^ avec de petits oiseaux qui
Mouion chans, voltas e lays.
Tout le verger était arrosé d'une eau claire qui venait d'une
fontaine, laquelle sortait en un líeu dont le gentil pavé était
de marbre poli.
Al mig del jardi hac bestit
Us richs palays merauelhos,
Quel temple que fech Salamos,
Qui fon per gran enginobratz,
E garnitz de totes beataís,
Contra saluy era nient.
Totes les cases veramen,
Hon son assib tot li dayzelh **,
De bel jaspi vert o verraelh
Asaut conjuint(f) ab argent li.
Lo portai {o fayt atressi,
Gran o voltat e de belh talh ;
Quatre colones de cristalh
Soffren la vollu del lindar;
Les portes (oren ses dubtar,
D'un neyra fust qui ha nom banus le .
Ab íandes iraurcíauaidessus,
Tot gint obrados a nielh.
A cayre veuch per dret liuelb
Lo palays [e] hach a totes parts,
Quatre cents coldes mesuráis
E d'altesa tot atrestant.
Hanc ñom non vi en mon sembíant
Tan rich' obra ni tan plasent.
Torrella entre dans lepalais, remercie le cbeval et metpied
& terre.
Dexendut fuy e vi venir
Fors de] palays una. doonétía
— 15 —
Blancha Le] gentils c mot belha
[E1 de totes beulats garnida.
De rich samit fon gin vestida,
Don ac brisan ab tal[h] francos?;
Noy ac de perlers or ni fres,
Ornadnra ni gamimen;
Mas elha s'en vest [ay] tan gen.
Que res noy cabia smenar.
Le vis ac amoros e ciar,
La fac blancha e colorada,
El cabéis sor, e gin formada
F7> pels atures membres del cors,
A y tan t com yeu ne vi de tbrs.
lí fon en edat de xvi ans ;
Belha era e ben stans
Segons quez en sa fas pansi.
Vas lay men ani quant la vi
E saluden (1. saludey) ab (gran) alegratge
E sita respos en son lenguatge,
Disens esta rayso ses píus :
« Guillalmes ben soyes venus
Or endroyl en cesluy pays .. »
Mené par elle vers le palais, il se montre prét & luí obóir,
et lui demande nouvelles du roí. Elle luí répond que, quand
Artur tenait Brctagne, on la nommait a per son droy nom
Morgan la feya (fée)», et que le roi est lá malade d'une
¿trang-e tnaladte de tristesse, par effet d'uue m&uvaise aventure qui lui est avenue, de sorto
« Que per nulha xousa que li fassa
Ne pour xanter ne pour arper
Ne pour estoyres recompter
Pour art ne pour ancfuinletnem
Ne puix tolhir son mal lalani... »
lis entrent daus le palais. Torrella laisse le cheval et les
chiens, mais porte Tépervier sur son poing gauche.
Uon yeu regardey pres e iung
Les voltes e'ls entelharaens
Els vayrols qui suplilsmens
- 16 —
Eron obrats de mantés guises.
D'aur e d'azur hi hac diuiaes
June tes, batalhas e torneígs
A mor s, jauzimens e domneigs,
Certs (?) hi ha pleyts dompneys (d'homes ?) presans
E d'altres fayts richs, ben stants,
Qui donen prets segons valor.
DeTristany lo fin aymador
Virets lay pinxes les amors,
Les proesas e la valors
Perquen son temps laus e prets hac;
E del prous Lancelot del Lac
Pogretz vezer lay examen
Losen, la forca, l'ardiraen
Ab que mantenc caualeria.
Lay pogretz vesser la folbia.
De Pelomidas lo fortiu
Queb son coratge sobraltiu
Maneen a ffi raant rich assay.
D'Ivan lo cortes virets lay
Les proeses e les cortesies
E d'Arech les caualeries
E de Galuany les auenturas.
[E] las bata)has forts e duras.
|EJ de Baorc/et de Percaual
Qu'en la gesta del Sant Graal
Fforen emsems ab Galeas
Quez hanc per armes no fo iac,,
Ne per trebalh que sofferis.
De Galeot, celh que hom dis
Lo ülh de la belha Ganyanda,
Vírete lay com ac amor granda
Vas Lancelot per cuy morich,
Car stet lonch temps que no la (1. nol) vich,
Nen poch sauber cert noueil;
De Blio e de Leyonell
Com foren prous et assaians;
De Quochs e Dinadans
Los folhs gabs que saubion djr47.
Encara hi pogues pausar
Los fayts d'armes e lur afar
De Siuarlot e de Brunor,
De Garrijet e de Sagramor
Anterior
Inici
Següent
-
17 —
E cascuns deis Gs amadors
Qui trebalharen per amors
En bades ses nulh altre pro.
E Stor de Mares hi fo
E Dodinell lo salvatge
E d'Iuany mantrichvasclhatge
E de (mohs) altres hi ton la. vida
Asaut poxan (?) e diuissida.
No say co si pot tan gint fayre
Que la meytat no say retrayre,
Si tot aves (ares ?) men fau actor.
Peyres de pretz e de valor
Viréis lay per lo paymen,
Aises (?) en aar ez en argén
Segorts quel couench per natura.
Lay on la nit fos pus scura
Eli lemps pusneyr e pus torbaíz
Poguetz jugar a petitz datz
Axi com si fos beihs jorns e cíars
Car per voltes a per pilars
Veiretz carbóncJes flamejantz
Don exia clartatz tan grans,
Que la vista d'om se torbaue.
Lo poete se plaint á,lapucelle de ce qu*il ne voit pas le roi
Artus.EUe rít et lui place devant les yeux un petit anneau.
II regarde :
Vas totes parU e viu pus ciar
Dos tants <jue far no solia,
Car co que dehans no vcsia
Me fo despuys manifestat,
Quant aguil vis mundílirat
Per l'aiustamen del safíir.
Perqué us vulh comtar e dir
Partida d'aco quez ieu vi:
Part unes retxes d'arxent fi
Sots unes voites de cristaíh
Hac un belh lit on res no falh
Mils garnit qu'anch hom ne vis
De cubertes e de coxis
— 18 —
D'auv e de seda riehs e bos.
En cest lit tan maravelhos
Estech scsut us caualbers
Azaut e belh, grans et sobrers,
Jove semblant de pretz garnitz,
Lo qual fon calsat e vcstitz
Quaix per do] d'un ner cisclato
E mostreen be per tal fayso
Que no fo alegres ni sans;
E lench strets abdues mans
Irabs e felhos us bran nutz
On matia lotson enten
Remirar ab cor ez ab sen
Lo bran, que sos hulbs no viraue.
Pero maníes vetz sospiraue
Com hom qui veu son desplaser,
Si quo peí drap viretz jaser
L'aigua ([ui p«l bulhs li parLia.
Al pes del caualher hauia
Dues donipnos de neir vestidos
Per semblant tristes e raarrides,
Lur cap cubert per desconorl,
Que si casen na tingues mort
Al pes marit o íilh o frayre
No mostraren (mostrarionr) tai desayre,
Com faeren ceiba sayso.
La pucelle lui dit que le chevalier est le roi Artus, et les
dames deux soeurs, Amour et Valeur, qui jadis étaient reines
et maintenant sont dólaissées. Elle lui conseille de ne faire
rumeur ni noise:
Ab lant ausi parlar lo Rey
Ab si mateix, no ab altrui;
Suspirant dix ab gran anuy
Somoguts per[trop?j gran tristor :
« Pour toysuy mis en grief dolour
Scalibor, ma bon' apeya.
Que tal chousa rrC(as) diuixea
Don mon cure est dolans el tristes,
Say (Joy ?), domney t prest (1. pretz) tan perdiste*.
Ce (1. Cest) pourquoyje lexe le monde,
Quefentrey en la mer profonde
— 19 —
En la nivfon m'fl mis la feya
Pour venir en cest anconlrri/a....»
Les dames pleurent plus qu'auparavant, pleurentla pucelle
et le poete :
Car pietat engendra lea
En cor doraange (domage?) d'altrui dan;
Mais alors Fépervier, fier et brave de sa nature, fait tinter
ses grelots. Le Roi s'apercoit de la présence de Torrella et
lui demande qui il est. Le poete s'agenouille et lui raconte ce
que nous savons deja. II dit qu'il se nomme « Guillem de Torrelha » ; que son pére étaít chevalier, mais que lui~méme est
encoré écuyer et n'a pas Tordre do chevalerie. Le Roi leve la
tete et lui dit qu'il est le bienvenu, et exprime á sa soour
Morgue le dcsir de connaítre la chose plus á fond. Elle, trescontente, rappelle quelques faits antérieurs et termine en déclarant que c est elle qui a envoj'é a Majorque
Una fantasmaenxantea
Ffait'en semblanca iPun pexo
pour amener ce « vaylet», lequel saura conter et diré par
maintsendroits lebesoin du Roi, et chev&liers tftbarons tachoron t de « demander la grief faiitko » faite contare luí.
Adonch stct tout (1. tot) cossiros
Le (l. Lo) rey Artus ses mot sonar
Ez icu a ma rayso comtar
Pris ardimen en ínon coratge.
« Eu antandi vostre lengatge
Seny[o]r, limen, e ay ausit
Cant a la donzella avetz dit
E co qu'ella[ujs ha respundut;
Ez hay plaser e dol hagut
De vostra vista tot ensemps.
Mas perqué voy ques loch e temps
Humihnen vos vuy sopleyar,
Senyor, que nous torn a pesar
Una demanda queus vulh fayre,
Car s'eu torn may en mon repairo
Ben crey que per man* m'er onquist
$o qu'ai(x) (lega ausit ne vist *•„
— 20 —
Ez hora no deu'• dir mais lo ver.
On mes semblant qu'ieuliay sauber
¥ertat d'ayso don suya0 dubtans,
Pus ** poray dír ais demandans
Certament** tot quant vist hauray;
Gontre verte (1. contra vertat) non parleray *s »•
« ¿/tiques *', arnis, nc /aras ora 3S
Car bien sachies que lay demora76
Dedans mon cuer si l'ay21 trop chier;
Or di que te w play demander
Que je te diray veHte. »
tíenyor, limen, vostra merco
Car me disetz honor len M granda.
Eres vos fau cesta30 demanda,
£ nos anuy sius en fau pus'4:
Siets vos33, Senyor, lo rei Artus,
Gelh qui attendon33 li Breto?
Qu'eu no say si es.t] vos o no3*
Mas cant pels dits de la donseyla88
E car me par30 causa novelha
Vuihmen57 per vos certificar.
Le roi se fache, mais Torrella excuse sa demande en
disant qu'il a lu les auteurs (li actor) qui parlent des faits des
Bretona, lesquels racontent qu'Artus perdit la vie le jour oíi
Mordre fitla trahison, et rappelle d'autres détatls de la bataille
et de ses suites « segons que reeompta la gesta », qu'il a lúe
bien des fois. Artu's lui répond qu'il fut en eífet mortellemcnt
blessé, mais que Morgans le fitentrer dans une nef et le conduisit au lieu oü ils sont, etle baigna tout nu dans une eau de
grande vertu quipartdu fleuve de Tigris, lequelnait au milieu
du Paradis. Le poete montre sa surprise de ce que le Roi,
ayant régné quatre-vingt-dix années et plus, a Taspect d'un
jeune homme. Artuslui en donne la raison : c'est qu'il est visité tous les ans par le « Saint Grasaus» dont il fit la geste.
11 recoit de J«i un s&'mt manger qui luí donne santo et jeunesse. « Et quelle est la cause de votre tristesse?— « Ce que
je vois dans cette épée. »
Mantinent pris lo bran d'assier
Per la punto, la pom donant,
— 21 —
El m'anet lo bras perlongan
Enlre les rexes tlel argén ;
Ez íeu lo pris asauLamen
Perquo l'esperuer m'o soll'ris.
Ab tan ia doncella s'en ris
Quant vi del bran (qu'cl bran ieu?) remiraue,
Car en son cor dins se pen&aue
Lo desplaser que ma doria.
« Aiudatz me, Santa Maria,
FGmen, qu'es acó que yeu vi (1. vey)? »
Ab Uní gardi denant lo Rey
Axi con hom sbalayts :
« Ges no etz en bades marritz,
Senyor, Ornen, no sens rayso,
Quen cest bran vey tal visio
Que tot hom sen deu squiuar;
Perquem prech nom vulhaU celar
D'aycest fayt la signitícansa ;
Quen aycest bran a ma semblanca
Vey dues manores degents,
Car de marrits e de jan sens
Ne vey, pero joy no si tany,
Car permenys rayso se complany
Pres [per] julge e sieu mortal.
Cascu de lor, si üeus me sal,
Ha dret que suspir e ques planya;
Car fort me sembla causa stranya
Quelhs huns vey ab los bulhs bandats,
E si son alegres e pagats
So que nos deu far segons dreyt,
Els altres son liatz slreyt
Pes e mans, si con trop dolens t
Que sembla que ades breumens
Degen trestuyt recobre mort. »
Artus lui dóvoile Ténigme. Ceux nui portent les yeux bandos,
niais qui sont si gais et bien portants, sont les avares, pleins
ct rassassics de richesses, pauvres de valeur et de prix; les
autres sont ceux « que valeur agrée >J, mais qui, étant si fort
lies, ne peuvent pas accomplir les faits qiTils désirent. Lo roi
recommande au jeune bomme de diré ce qu'il a vu. lis écharigent leurs adieux.
2
— 22 —
Morgane montro par une fenétre a Torrella le chemin par
oü il est venu, et il part pour Majorque et y revient sur le
uiéme poisson.
Un ouvrage de la m6me forme (et á peu prés du méme
nombre do vera), mais d'un caractére plus abstrait que pittoresque, est celui qu'on pourrait nommer Libre de Fortuna e
Prudencia, de Bernat Metge.
Le nom de l'auteur n'était pas inconnu: on avait de lui
la Historia del somni de Bernat Metge, qui rappelle le Somnium Scipionis, et la Historia de las bellas vertuts, (Valter e
Grisselda, traduction du Petrarca 88 . II paraít que Metge ctait
un nom de famille et non pas un nom deprofession aa , nialgré
quelques petits détails médicaux qu'on lit dans son poéme;
il paraít aussi que son lignage avait eu une certain importance et compté des sorviteurs ou partisans . Bernat avait
possédé des richesses qu'il perdit plus tard, en 1381, date de
son poéme, c'est-a-dire au temps de Pére IV (1335-1387).
Peuaprés lamort de Jean Ier (i\ 1387-1390), qu'il avait serví
nous lo voyons de nouveau malueureux, et cette Ibis en prison.
II se donne toujours córame innocent et n'accepte en aucune
facón la responsabilite* deses malheurs. Dans lesderniers temps
du roi Martin (f 31 raat MÍO), Bcrnart Metge était .son secrótaire, et signa de nonibreuscs Communications rovales de
cette époque si déeisive dans l'nistoire d* Aragón (du lor juin
1103 jusqu'au 18 mai 1410). Les piéces qui portent le nom
de Bernat (Documentos del Archivo de Aniyon, 1, 11], 206)
sont des spéciraens de la plus belle prose catalana, et, par le
fond, font beaucoup d'honneur au rédacteur et a la culture
de cette époque, qui devait bientót concevoir la grande idee
du Parlemenl de Caspe.
Bernat paraít avoir été un horamo entreprenant. A le jujjcr
par ses cents, c'dtaít un de ees esprits hardis et inquieta, comrae
il y en a eu toujours* II aime a proposer des diftfcuités, pour
avoir le plaisir de les résoudre. Du reste, dans ses vers, il est
géncralemcnt plus philosophe que poete; il n'y a que ce vilain
qui le trompe au debut du poéme qui frappe Timagination;
les autres allégories sont peu heureuses 40.
Le ms. ne porte pas de titre pour cette composition»
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Següent
— 23 —
Jatz qu'eu sia molí occupat?
D'alcuns afl'«rs qui m'an pórtate
En tal perill don cuyl morir»
Gey per acó no vull jaquir,
En lo linter co qu'a|u]siretz.
E si entendre hi voléis,
E notarla mia ventura.
Concxerets que pauca cura,
Deu hom hauer del temporal,
Car lo mon es descominal
Qu'ells vns dona, els altres toll,
Presant lo saui menys del foll,
E l'om scient menys del tepat4t,
E sempre sech la volunta t
Los dessebimens de Fortuna,
Que rayso no aegueix alguna,
Segons que perauant voyretz»
E precli vos que nous anujets
8i prolixament leus recit.
Que (JE?) ail iticiai nos ten polit,
Com ais legidors se pertany.
E nous vtilhats traurs susany,
Si noy vesetz rima soptfl
Car ignorant su y del sül
De|(s] trobadors del saber gay.
Sapiatsquel primer jom de niay,
L'any de la naúuítat santa
Dt* Deu, mil e trecents vu y tanta,
Es un se (l, de) plus, ans d'alba clara,
Quan m'&sni leua.ua Ideara.,
Ab aygue puré e las mans
Al cor me vengron dotors grane,
E tentost fuy pus freí que gebre;
E tes tira lo pols e de febre
No ni sentí punt, mas tench la vena
Son dret cami, mas hac tal pena,
Mon cor que nou poiia dir,
Car semblaue volgues exir
L arma del cors, tala surts** donaue ;
E peaseyroa que sim ansue,
On pauc deportar ver* la mar
Pogre celha pena lexar,
Que sim duras me corromperá»
E solet tengui ma carrera,
- u—
Axi com m'o iraquí pensal.
En con Unen t fuy desliurat
De la dolor quina des tren yia ;
Apres un paucb vi que sesia
Prop una barca un homo vell,
Tot despulhat, ab un capell
De canem gros sobre son cap ;
En Tuna ma tcnch un anap,
En l'altre un cantell de pa,
E quant me vi íorment crida:
Disent: « Senyer, merce m'ajats. »
« En prom, dix eu, que demandáis.
Volets per Dieu algún diner? »
« No, senyor. que maior master
Hauets, dix ell. [vos 1 qn'cn cercáis,
E cascun jorn imaginats
Com en porets esser fornit.
Ez ieu no trop maior delit
Sino quant no hay que despendre,
Car suy certque no pot dexendre
Lo meu staten pus baix Ioeb.
E vos temcts plus que grand foch,
8o que da.u;rieUdesigar.
Mas prech vos quem vullats donar
Un taba*» quaya nit lexat
En esta barcha per oblit,
Ab la qual arribey a nit,
En aycest loch ab gran tempesta;
E donar m'ets tota la resta
Que pocesesch en aquest mon,
Car per ma fe ten robat son
Que no mi poria leuar »
n En prom, dix yeu, segonsquem par
De pauch vos tenits per pegat.
Volare m'aguessetz asemprat
Queus donas la roba que port,
Car yeu era de tal acort
Qu'ellam despulhas mantinent.»
E pugemen alegramen
Alten la bareba sens clirals.
Mes el) com a vilanas fatg
Com agui l'esquena girada,
Tentost bac la barcha verada,
-
25
-
Ab me que fuy dins tot solet,
De vela et de rems fuy net,
E tle gouem car no ni hach.
u Nora son cubert d'aquest scacb,
Dix yen, per queljoch n'ea perdat.
Ab falsea tretes m'a venssut,
hqun Ir&ydorab qultn fiaae.
Mas to Ja \i fare pus blaua **,
En ma fet si james lo vey... *
II ne voit pas la terre et se pla'mt des tristes consóquences
de sa pitié. La barque, oomme « pinestre **», ou sac percé,
recoit et jette de I'eau, fait de grands bonds et paraítvoier.
Peu a peu cesse le vent, luit Paube, et il croit voir terre sur
sa gauche á vingt Üeues au loin. II promet de faire amende
de ses torts, de donner aumóne pour les défuuts. La barque
s'apppoche d'un rocher nu et stcrile, et il se sauvo sur la térro
terme; znais, en voynnt ce lieu désevtf iJ cv&mt da mour'n* úe
faím et de n'ctre pas enterré. La mer environnait de toutes
parts ce roeber, si haut qu'on pouvavt toucher» en lancant un
dard, au premier cíel, Quand íl faisait beau temps, íl y avaít la
des plantes qui produisaícnt á la fois des fleurs et des fruits?
mais, quand la mer montante recouvi;ait le rocher, il semblait
que le feu eCtt tout ravagé. Au plus baut lieu, il y avait un
grand bois, planté d'arbres divers, arrosé dans certaines par¿íes etaoa dans d'autres, et ie poeto jugea aussitót que Ik ne
régnaicnt pas les lois naturelles, car il n'j avait ni ordre ni
mesure.
Laraaiorpart del» arbres fo
De fruyt et fulhes despumada.
E l'autra part era ornada
De Gruits e de vestimens ñchs.
Bis arbres qu'eroo pus antiebs
£ de pus alta noy redura
Hauien maior (1. menor) statnra
Que celhs qu'eren de baix Jinatge,
E contenien de peratge
Lo cedre ab lo poncemer,
£ lo í?raín¡ pi ab lo murter
E l'arbre blanca ab Lo corcolt:
— 26 —
El salzer nos veya sadolh
De leuar fcuit, et io paree
Non lena jes ne lo pomer,
E l'oliver era tot sech
E lo preceguer nulh entech*8
Rebia per calor del bol.
En aycest loch lo rosinhol
No cantaua ni l'oreneta
MaLs [La1, cugul qui ab veu neta
Cantaua lay axi cora sol.
£ la cigala ab lo mussol
Que ií tenia contraxant
E fassien so discordant
L'ausel quil sol en far piasen.
II y a deux fleuves > Tun beau et Tautre qui exhale odeur
de soufre. Le poete but du premier et il faillit mourir, oíais le
second le guérit. II voit un cháteau :
A Tuna part era mural
Ez encastat do pcyras fines
Ab veyrieres crastelines
Instoriades (l. Istoriades) subtilmen :
E puys qu'eral sen pahimen
Tan ciar, tan lis cora un rairalh,
E no semblauo cop de malh
En aycest loch bagues ferit
Car no pogr'esser pus polit
Quin bagues passat bronidor.
De l'autre cóté, le cháteau est noir et horrible.
E tenguimdit que mort |ieu| era
Car viudenant mi la pus fera
Dompna que may ausissets dir
E si nous anugats d'ausir
Com era gint afaysonada
E de bens vestí!» arresada ;
Jous lo direb fort grossers mote.
Primerament los cabeüs tots
Tench scampats sobre la cara
E la part dretras fon pus clara
E raenys pelosa que cristalh.
Lunh (l. l'un) hulh semblaua fos grad'aln
— 27 —
Ben paral e no s'en vesia.
Del qual un riucllet axia
Qui demostraue que ploras;
L'altre mouia gran solas,
Que sino riure no fazia
E movía tal a|Je|£ria
Que semblaua fos embriaga
En la fac hac una tal plaga
Que la maytat era mis moría ;
E ion sinta d'una redorta
De vimens4T mesclats ab ülí d'aur.
Los seus vestits trop gran tresaur
Mostraue que daui'auer,
Jatz c'om poria ben veser
Que no eren tal prop la carn ;
En raa fe nou dích per scarn
Ne com nom aluuomolt d'ella.
Nom pens qu'en la suagonella
Cabcssen ríos dinorsde pe))re.
Crey quellam cuydaue decebre
Meten me guarsa per coíom,
Car no daue perven q'un plom
Presas tot quant ella vesia (vestía?)
Que (El?)dols comineas que fasia
Non pogre far mays l'emperayrfc.
Pero nous penséis que fos gayre
Sencera ne forts do son cors,
Q'un geb portaue sobrel dos:
E puys qu'era leiamen rancha,
Car del talo se dauen Tanca
Del una pan quant se mouia ;
E com auant anar volia
Tornaue dos passos atrás
E pueys hauia lavn bras
Pus curt que Paltre la roeytat.
E quant haguí un pauc mí ral
Aquest diable ten orrible,
Ab mouiment incomprensible
Una gran roda que mcnaue
Del unamal'allre mudaua
Inrossaimnem ab gran brogít.
II se jt;tte á torre plein d'effroi. Elle le releve en clisantquc
dans un momeiu
— 28Pusch los mesquins levar deis fems *•
Els graos senyors gitar en térra.
IL lui demande son nom :
... Lo meu propri nom es Fortuna,
Que don be e mal a (a) quim vulh,
Mas ges per ayso nom despula
De res que don, car beu se tolrre,
Car ieu me vulh e fas absofre
De tots crims molts homes maluats
E s'ils just vesets condemnats
A las vets, nous maraueüets,
Caí1 yen ho fas : ara sabets
QUOLI es mon nom ne perquem plau
8ia secret, car l'om qui cau
De son stat podets pensar
Que fa son poder de tornar
Al primer punt, e si sabia
Qu'yeu bo fazes, nom prezaria
Un nylh, ni quant li pogues dar ;
E cant nou sab fas li rodar
Lo capr e baralles ab Deu
Car no li torna so del seu *•,
Ho no li dona breu la mort,
Bernat se plaint de fínconatance de Fortune et de ses
propres malheurs.
Temps fo queus tenia per mayre,
Mas ara vey que sots madrastre.
Temps fo quem seguien per rastre
Molts scuders, ara nom volen.
Tetnp* fo que cells qui ara volen
Bobre les ñus eren jus mi.
Temps fo que tants plasers hagui
Com pogre hauer home del mon.
Temps fo que tots aquells qui son
Grans mestres eren mos amiohs,
Mas aram giten grans pessiclis,
Can me veson jaure al baix.
E gisten me cascu son laix™
Mestan M e cridan lemps passat
E dien : « Veus qui a guastat
Per sa gran colpa co del seu ».
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Següent
-
29 —
E sab be Nostre Senyor Dou,
Que daco vos n'auets lo tort
AI bon hom pite U es que rnoH
Quant se fama pert majorment,
Quam veu que no es malmirentM,
Daco don hom l'aura blasmat.
Elhaa l dolca prosperitat
Ilon es¿, ne perquenf vas fugent?
ConuerLit has mon jausiinent
En greu dolor, dont cuyt morir.
Lo raaior dol qu'om pot solírir
Es a mon juy adversitat
D'onor o de feJicitat,
E qu'om sen vage puys desert.
En huna ma tenits cubert
Moí(t| veri, en l'altre tríaga;
En l'una ma -vey que y/amafga)
Molt fel, en l'altre .aran doloor :
En Tuna ma plascnt odor,
Tenitz, en l'altre molt pudent.
Perqué uo dau priiuerament
Del mal puys que douats del be?
No sabets ab quin plaser ve
Sakit. apres ranfermetat?
Sis fa apres Taduersitat
IJO he. mas no pas lo conírarí.
Vos can*, fayt bauets l'omclauari
De molt aur, prenerz li la clau.
E no sabets que pus laig cau
Vn gran gigaut que pelit nan
E plom que palhe? e fust gran
No dona maior colp quel poch^
Nous cuydets queu diga per joch,
Car no he desig de burlar,
Tot acó pux tesiiücar
Per tal com de tot he testal.
Sapgats qu'ieu hay per spetxat sa ,
Que despnis que la nostra mavre
Ffech peccar nostre primer payre,
No ha nascut hom en est mon
Qui ten greus mals cora en mi son,
Haie soll'eri. Dieus m'en ajut.
Aylas ! pus axi son perdut.
- 30 —
¿ Perqué sots ten descominal
Que nom lexats soflrir mes mal
En loch on no fos conagut ?
Mes amari 'esser batut
Ab vergues de bou en Bolunya
Denant tuyt. qne sin Catalunya,
Vn peí del men cap arrencauen.
Aylas ! de tots cells quim honrauen
He gran desig esser semblan
E cadescu ha pasor5* gran
De veures en lo raen pertit.
Can me vesien Den vestit
Selhs quis fazien mos árnicas
Disien qü:ells eren antichs
Seruidors de tot mon linatge.
Mas aram giten a earnalge
Cant vesen que nols pux res dar.
Ab res no pot bom tan prouar,
Cascun amich com en mal temps,
Car lo vertader volra enseraps
Morir en vos en tota part.
Lautre us dirá : « De mal son fart,
Perqué m'avets a pordonar. »»
SalieU quem fa desesperar,
Mantés vets quan suy en mon lit.
Jo cuidaue dormir la nit,
E no pux gens los hulbs tencar
E per lTorsam coue girar,
De les vegades mes de cent,
E per pauch qu'estiga durment
No so mi ii ais mas vamtats
E que softir adversitats
Pigors que collas quim deuoren.
No porieu imaginar.
N'escriure, posat que la mar
Ffos tinta e lo cel paper.
Meleyt sia celh. <\uA primar
De lerram leua quant fu y nat t
Maleyt sial viia orat
Quim bateja. com nom mata!
Malcit sia quim oncona 5Í ,
Com no mi mésela galgar **,
Car mes val deins térra star
Que quant hom soffer pits de mort...
— $1 —
Fortune luí rappelle que, quand il vint au monde, il n'y
apporta rien et recut tout d'elle. Ha s'injurient a Tenvi.
E tornant me prendre peí bras,
Gitam gran tros lung de] castelh,
Car no li sembla bo ni belh,
Res que hi hagues fayt ne dit,
E disparech m'ab tal brcgit
Que sembla lo cel ne vingues
Dich vos que ladonchs quim trasques
Tots mos caixals, res nom sentirá,
Car ellam lexa al) tanta d'ira,
Quells (cinch) senys corporals perdi.
Apres un pauch yeu recobri,
Mos senys e viu mas (l. vas.) mi venir
La p/us piasen a raon albir,
Senyora que vulh (vuy?) se dcspulh.
Sepgats que ses brutats no vulh
Recitar perticularmen.
Car suy cert que riulh hom viuen
Les porio scr'mre ne áivf
E io no vulh tan presumir
De ini, qui son hom ignoscen,
Mem traga per suflicient,
De fer co qu'altres no farien.
Ab esta senyora venien,
Set donzelles fon endressades,
E d'ornauífnts rich[s] arreades
Pero segons restil eniich,
Lo qual vuy es gran enamich
De dones qui van per les simes,
E jats que fossen assals primes
Fer lur cors e ben compessades,
feemblam que fossen anansades
Segons luis cares en molts anys,
E que greu[s] trebals ez aflians
Haguessen soffert en lar temps.
E cant foren totes ensemps
Frop mi qui bocadens*' jasia,
L'alta senyora qui venia
Ten reyalraen aconipanyada,
Testam Jo poJs una vegada,
E dix:" Est hom es perilhos. »
— 32 —
a 8enyora, dix eu, qui sots vos
Qui ten mal nouelh m'apórtate *
Predi vos mantinent ni'o digats,
He si men podeu ajudar.
Jous en ajudare, tilh car,
DiJC el ha, si molt vos volets,
Car tal enfermetat hauets
Que íeu uos en pore curar.
Tots celhs qui m'an volgul nompnar
Prudencia dison vertat,
E sius tenits per consellat
De mi, teniost serest guarit.
Mas vulh no pitets en oblit
D'ayci an&n. estes donzelles
Car si be les vesets ten velhes,
Les pus excollcns son del mon,
Car Jes .vn. arts liberáis son
Qui de mi james se partcixen.
Nous no t&cherons pas me me de résumer la longue discussion áe Bernat et de Prudencia (plus de 400 vors), et nous
nous bornons á reproduíre la conclusión. Elle dit, onparlant
de Fortuno:
« Molt amat filh, vos losdirets
A tols celhs qui volran duptar,
Que Deu la voiguda crear
Per exercitar o punir,
Remunerar o corregir
Les bons els mals, segons lurs meriis,
Los mals punir per lurs desmerits
El? homens bons remunerar,
Eli homensjusts exercitar
Per que do si no presumesquen,
E porque no s'atrauesesquen
A mn\ corregir los injuat*.
E lendransc tots per vensuts
Celhs quil contrari mantenien
E veuran que res nosabien
Cells qui eren d'oppinio
E c'ora nols demostrar rayso
Bona, Uizent e vertadera,
Me fortuna james no eTa
Mala jats que fos desplasen.
— 33 —
E podets los dir certamen
Que fortuna tots temps sta
En lama de tot hom qui lia
Bon sen y u rayso natural,
Car celha quejutgauets raal,
Si la preñéis en pacienta
Vos dará clara conexenca
Üe tots voslres defei fumen s.
Esin est morí soiTrits turmens
Peradis delhes eonseiirots.
Mon car tilh, pus antes haucls
Claratnent tot co queus he dit
De renfernietat sots garit,
Perqué lomar vos en podets ;
E soppley vos quem perdonets
Caroccupada su y un poch.
E semhlam que falhes de fodi
M'agues hom donat perla cara,
Car nom volare portir encara
De la sua gran oxee lenca.
Er ab fina hen volcnca
Acompanyam üns a la mar
E feumen la barcha pujar
Ab qui eu era vengut aqui ;
E dix : donccil[e]s donaLsli
Gascuña un playscn baizar.
Bz ieu vulguim agonelh&r
Ab cor que li besas les mans,
Mas correch me brassar(l. ín'abrassar) abans
E bessam fort honestamente
E les altres encontinen
Ab cara rienL m'enbrassaren
E burlant la barcha beraren
Parlint so corrent donanl mi,
En tal punt que dospuys no vi
Elhas ne ves quem liage dit;
Sino quem (roben celli partit
En que fuy al comen samen t
Catu la mar o'l contniri ven
Ma fasíen lo cap rodar.
Ez apres pancb vau arribar
Al loch on ni'era reculbit
Can lo vi lanas mal vestí t
— 34 Ma Lresicautelosameu.
E la barcha sobtosamen,
Apenes d'elha luy exít
Gita dcnanl me tal cruxit
Que fura semhlam tola rompes.
E iñre.m e no viu res
No sabi si letich bona vía.
Mas ans que sVsi-Iarris lo día
Perro quo no fos mal j nitral
Que laII ¿jrans niayiim fos levat
E qttem anas deportar sol.
Car nos presat un cara gol
Qui [dej noych fa stat mol gran,
TiM'namen yuas 58 passegant
A mon hostal dins la ciutat
De Barchinona M , on tuy nal
E raorray sin su y cresegue,
Ezali ayiant Deus vos a^ut
Eus do peradis apres morí
Car yeu no say pus rich deporl.
Nous ne aavons rien de Vicens Comes, auteur d'un autr©
poéme, ou. d'autres novas rimadas ( 700 vers environ), car
nous pouvons leur donner ce nom, quoique les vers soient de
six et non de huit syllabes. C'est une imitation de cavalcades
allégoriques galantes de la podsie franeaise et provencale.
Mais ce n'est pas, á ce qu'il parait. une simple réverie poétique; Tauteur se proposait róellemtínt de iléchir le coeurd'une
belle. La priére qu*il so pcrniet a la fin de la piuee ne nous
donne pas Tasauranee, si nous nous souvenous des exemples
destroubadours classiques, que ees voaux fussent de bonaloi.
ACI COMENQA UNA VENTURA* LA QÜAL FEU EN VINCENS COMES
Destret per (in'amor
Tant ques á ma dolor
Repaus no pux trobar,
Aney mon deport far
L'autrier un bon mayti
Deuers un bell jardi
Ques de mot gran plascr,
Anterior
Cuydant pusques auer
Mon cors alcuns delits,
Qu'enaue ten marrits
Qu'en pauch no defalha.
E car trop mi plasia
Una íont quey vi pres
Dix mal cor quem pauses
Inici
Següent
35 —
En la riba seguís.
Mes amor qui in'aduts
En uion cor greu lurmen
Nom lexech un mornent
De mos raals reuenir
E tantost souenir
Me fecb del dols semblan i
Que m'a favt a inon dan
Sela quiíu le liatz,
Pus qu'eneysi li platz
Que muyra per s'amor...
Suit une longue tirade de lamentations:
Quen res no bac diuisa
E mentran est debat
Ne 11111 li deperlimen,
Stau'axi pensant
Sino rancellamen
Vangurrcn caualcan
Del blanch fon de crestal
Dues dompnes cuytades
E Tal tro de coral
Hicbamen arresades
Ses nullia lHincadura ;
Quez ais nu si poch far,
E foren per mesura
E viretz les portar
Fot subtilmen o!»ratz
Alá caps corones grans
Ab lahoiis (I. latons) entalhafc.
De fün aur llamegms
E cascu deis arcos
Abman obrajulia.
Ab Ibrt marauellos
On fis balays hauia
Ubrage tot en gir
Marardes e safíirs
De lin aur per teñir
E perles e robis.
Los arcons per trancar (tancar?).
E venaron ses mantclhs
Los cuyry foren ses par
E sens veis sur lus (sic) flotes
(luberts d'alzeytoni G1,
Vestidos ab grans cotas
Brodats ablill d'aur ü
lirodades tro ais talos,
Abirop irontils fulliatges
D'obralge molí ricos
Ab bestias saluatges ;
De perles e d'aurli,
AurelleU lii tiauia
L la vna vestí
Fayls per tal maestría
Drap vert, l'autre vermelb
Que tois uius aperion
E semblaue solelh
Ez en lur becb iluzion
Lur fas Uint era clara
Ab tal beutal qu'encara
Peyres de gran valor.
Li gamba! per ricor
Ne suy mereuelhatz.
Era fil d'iuir Lir.it
E vengron latz a lata
E l'eslrep gen obrat
E chantan totavia;
D [I] pitral bem soue
E celia qui vestía
[E] n'Crangtí* c fce
Lo vert hac son rosst
E regnes de lin or
Fus blanch d'un colomi
Fforen que per nulb for
Trestot entro al pes:
.lames non vi so ni blarits»
E l'autre neyr s»es
Cor6f fulhetes sonants
Axi com vn carbo,
Hi bac de lin'aigens
E l'arnes d'abduy fu
D'una metexn. guisa»
Qui pengaben molí gen
— 36
Cascun ab son plato
E fassien tal so,
Com les corsers anauen
Que so d'arpa semblauen,
Od'algun sturmen.
E venaron dretxamen
Les domnes tío pres mi.
Ez yeu qu'axi les vi
Ab con gramía richtat
Exab aytal beulat
De jouent quo hauien
Com ceibas qui podien
-
Vinr, o «los anys* hauer
Semblaran me per ver
A ngris celes Liáis
Mils que cors humanáis ;
Tan forcn gen formades
E son descaualcades
Pres la fon soptamen.
Ez yeu de man Unen
D'en peas me vay teuar
E vaumo gonelhar
Per farlos reuerenca.
Tout le reste est écrit avec le méme style coulant et agréable,
mais n'a ríen de bien saillant ni de bien nouvoau. Les deux
denioiselles sont « Speranca» et « Mcrce. » Elles encouragent
le poete, lui donnent des conseils et lui proniettent des jours
plus heureux.
E cascuna montan
Sobra son beíl rossi
Teni^uercn lur cami
No say vas on vermen.
Ez yeu puys de presen
Aneymcn al hostal
E pas axi mon mal
Sperau lur socors
Que merce ez amors
Han dit quem donaran;
A üieu Loslemps pregan
Que per son gran poder
Me fasíen breu hauer
L'amor que tanL desír
D'aycelhaqtii seruir
Vulli tostemps de bon grat
Al> ferma leyaltat.
Noustrouvons, dans les derniéres annécs du XJVC siécle,
deux pieces aussi en vers de six syllabcs, probablcment <Tuii
méme poete ineonnu, Tune contre la vie des mariniers (ce
n'cst pas la méme que cello des mss. de Carpentras, qui est
octosyl tabique), etl'autre contre un certain Beren^uer Simón,
ólu en 1303, avec des personnages de grande importance,
pour diriger les appréts de la llotte de Sardaigue. (Voir Jahrbttcfiy etc., et Ensaig). II est posible qu'on ait écrit d'autres
novas rimadas en vers de huit ou de six syllabcs, mais nous
n'en connaissons plus ou peut-étre nous cu oublions rjuelqu'une. Ce; que nous trouvons a partir de Jacme Roig (il
florissait en 1474), c'est le móme gen re en vers de quatre
syllabes. Roig donne rancien nom á son Ubre de ¿as Dones 6*.
— 37 Haure ordit,
Paig m'en empaig,
Est meu escaig8*
De parlament
Curt, flacb, fallen!
A fil per púa.
La forja su a
Sül, balanc fl8t
Sera en romane.
Noves rimados,
Comediades,
Ampliorismals
Facesials,
No prou scandides
Al pía texides...
Ce fameux. ouvrage eut des imitateurs: Guerau de Montraajor, qui le traduisit en latin et le commenta, le prit pour
modele, en pleine Renaissance, dans une satire écrite en
1586 contre quelques professeurs de l'Université deValence 8*.
Nous trouvons le méme genre cultivé avec une préférence
marqude en Catalogue, au commencement du XVII* siécle 01 .
Les fétes publiques, sacrdes ou profanes, étaient décrites aveo
des vers de quatre syllabes, ce que quelques-unsdeces narrateurs nomment « vers de Jaume Roig. » Ce qui est singulier,
c'est que quelques-uns de ees rimeurs se donnent des noms
arcadiques. Les piéces qu'on écrivit dans ce métre pour célébrer la a Unió M, c'est-á-dire Taffiliation qu'on fit en 1606
pour en finir avec les malfaiteurs qui infestaient la Catalogue,
furent durement critiquées au point de vue littéraire, en vers
castillans, par Peregrino. Voici le debut d*une de ees piéces,
qui montre que le poete castillan n'avait pas tout a fait tort.
Le rimeur suppose qu'il a recu un ordre exprés de Jaume Roig:
Si so diebos
E venluros
De ser oyt,
lien advertiL
Lo que diré,
Promulgaré
('erra cansó
De la Vnió,
Pus Jaume Roig
Ab un (al goig
Me dona vers
Quem ha enees
Com un lluquel
Ab lo biilet
Quem enviá
Ab quem maná
Digues perell
Per ser ya ve 11 „
Y mots causal
Per lo passat
QÍÍQO. escrigué,
Lo quem diré
De la Vníé
Ab gran rabo
Que vuy cantas
E publicas
Ks lo seguent
3
— 38 —
0'un autre cóté, dans Jehan Escriua, célebre poete valencien qui fut ambassadeur de Ferdinand et d'Isabelle, nous
voyons des vers heptasyllabiques rimant deux par deux :
ENCONTRA D'AMOR F£T PER JOHAN SCRIÜA
Passant jo per Vancontxada
De ma bella enamorada
Viu l'astar nnolt des denyosa
De gracia no fretarosa
Alt[a| en una tinestra
Tenirtt en la ma sinestra
Vn ram poch qui odoraue.
De gran tros lluny me miraup....
(Jardineide Orats.)
Ce genre (pareados octosílabos) fut tres-cultivé par des poetes
castillansdu méme temps et par d'autres du seizíéme siécle,
Nousne doutons pas qu'il ne provienne des novas rimadas**.
Quelques parea ¿os octosílabos catalana des demiera temps
sont trop vulgaires pour mériter Thonneur d'une citation.
NOTES DE LA PREMIÉRE PARTIE
1. On peut considérer cet anide, quoique indépendanl, comme
uno suitp de Pécrii Calalanischer JHchter (Jahrb. /'. rom, w. enyt,
Irt. V. ['ó~' ss.) et de la Ressenya historicay critica del ajilichs poetas
catoluns (Joctis lloráis de Barcelona de 1865; on en tira quelques
exemplaires á part.)
2. A l'origine etquand on a recité publiquement quelqu'unede
ees rcuvres, cela pouvait étre aussi un nioyen mnémónique.
3. Comparer Diez (trad. de Roisin), de la Poésicdes Troubadours,
p. 122, et Bartscb, Prou. Lesebuck. p. xi.
4. Ces ms. avaient appartenu au savantD. José de la Vega, résidant á Cervera ; M. de Amat, qui les a recus par béritage il y a
poud'années, eutfamabilite de nous lespreter. Maintenanl ilsfont
partiedes précieusescollections deD.Mariano Aguiló, quilesacheta
de M. de Amat.
5. Ce ms. difiere destrois autres, comme aussi de ceuxde París
et de Zaragosse, «n ce qu'il est surtout composé de pieces longues.
Vu l'agc des poütes plus modernes qu'il conticnt, nous ne le croyons
pas postéricur au milieu du XV* siécle.
<i. On pourrait croire que Torrella fíit aussi Pauteur du Blandin
de Cornouaillcsy qui paraít ápeu prés de la müme époque etprovient
duméme courant littérairc. Mais Torrella nous parait meilleur poete
<}ue l'auteur du Blandin etuse peu de l'adverhe apertement; d'ailleurs. nous ne savons pas.s'ilse proposa d'écrire en pur proven ral,
o\x seuleoient, comme i&ni d'autres, ¿e provewjalteeT son tangage-,
landis oue nous croyons, avee M. Meyer. que Tauíeur de Blandin
fnt un Catalán qui voulut écrire en proveneal. Malgr6 le savant ot
utile travail de M. Alart, qui a demontre que beaucoup de paroles
qu'on pourrait croire exclusivement catalanes Montau^si languedociennes, le grand nombre de ces paroles con tenues précisémentdans
lememe poeme, celledemí, évidetnmentcatalane, les rimes ers: es,
appuient l'opinion de Meyer. On peul ajouter quelques a pour e;
par exemple, vers i'208 (deux fois ), et quelques pluriels féminins
en es, par exemple, vers 1735, 0 el 701, 2. On doit lire le dernier:
Iit cruys las dents entre las barres (mdchoires en catalán ).
7. Nousreproduisonsroriginal tel qu'il se trouvedans notre copie,
ehangoant seulement^" voyelle en i, etquelquesc en p.Nous nous conIbrmons á. Tusage en supprimantbeaucoupde signes que nous cmployions jadis. en nous réservantle droit de penser quMls n'etaient
pas tout ú fait inútiles. On doit se rappeler la valeur simplement
eupbonique de quelques sou s, la substitution de^áj, le continuel
changement de a et e non accentués, l'emploi de la seule s pour ex
a nniUale,etc.
— 40 —
8. Vers peu clair: Fimen (fi-m*en)so trouve souvent pour j * dis.
9. Atenparse-, s'approchcr de nousf trés-íréquent en quelques endroits de Catalogue.
, 10. Ce sont des féminins francais proven oalisés, comme on en
trouve des exemptesdans le Mystére des Vierges.
11. Nous ne savons pas ce qu'était selesta mneyra pon (neyra pon
pour a punttf ).Nous trouvons en ancien castillan rete ( = red: reseau ensetado: en catalán il y a puní deganxeís, espéce de maule et
puní tulle.
\% On corrigeraH la rime en lisant: Ab uncornet de semblant
mena.
13. Notre copie porte rebesir$t mais la rectification paraitsure.
Quantá Ys, c'est peut-étro rancien copiste qui la ajoutéá sajfir.
et á rehuir.
14. Blandin portebrachel; le comte Lucanor, Mánchele (non blauchele).
C'est le ehien de manchón.
15. Comme il n'y a pas dé snbstantif antérieur en correspondan ce
avec Tarticle li, on doit entendre pour dayzelh: assises ou pierres
tailtées. Nous trouvons dans Rochegude: Dacier, cottecieurde tailles.
11 s'agit» bien entendu, d'autres tailles.
16. C'est le I aun ebenusm\xú\é. Nous a.\ons Banus, nomdefamille.
17. Manque un vers.
18* Pour ees vers, jusqu'á certificar, nous avons tiró parti d'un
fragment du ms. incomplel de Carpentras, qui contient les derniers 155 vers du poéme ( Lambcrt, Catalogue, I. 198). So manque
dans Lambert; mais il porte ai et non aix. may délo ur: notre copie
du ms. de Barcelone.
19. üeg. L.
20. Vn son. L.
21. Puys. N. C.
22. Clarament. L.
23. Ne parle may. N. C.
24. Onques. L.
25. Ores. N. C.
26. La demora. N. C. Respon lo rny que lay demora. L. On voit
ue la vraie lecon était: Car bien «achiez quela (quVllej demora
demeure).
27. Lays. N. C.
28- Qui ti. L.
29. Feretz honor tan. L.
30. Una. L.
31. Ce vers manque dans L.
32. Car vos. N. C.
33. Acelh quentendon. N. C.
34» D'Artus no say seis voso no. N. C.
35. Mais peí dit desta puelha. N. C.
3ü. Car trop me par. N. C.
?
Anterior
Inici
Següent
— 4] —
37. Vullmen.L.
38. On trouve ees deux ouvrages dans un ms. de la hibliotheque
provinciale de Barcelone. En voicj nuelqties petils extraits: « Historia del somni de Bernat Metge. Poch ternps a passat que estánt en
la preso no per merits que raos persejjuidors e enveyosos sabe?.sen
contra mi segons que despuys clarament a lur vergonya se es demostrad Mas per sola iniquitat qu'en hauíen, O per ventura per
algún secret juy de Deu.-. •> 11 dit que •» Un diuendres entorn migenit», ils'endormit non upas en la forma acostumada mas en
aquella que maíats o fameyants soten dormir. Esiant axi a mi aparech a rnon vi yares un hora de mige statura ab reuerent cara vestit
de velut pelos carmesí sembrat de corones dobles de aur ab un
l>arret vermeyil en }o cap. E acompanyuvanlo dos homensdegr&n
statura lahu deis quals era jova fort bell e tenia una rota entre le
mans. E lo altre era molt vell ah longa barba, e sens ulh, lo qual
tenia un gran hasto en Ja ma. E entorn de lots Jos dessüs dito bauia
molts falconse astors e cans de diverses natures que cridauen e udolauen fortlejement». L'homme de moyenne taille lui semble étre
le roí Jean, qui éiait mort depuis j^eu, et qu'il avait longuement
servi: c'était lui en elTet. Le niéme roi dit, dans le second livre de
louvrage : *Jom adelitaue molt mes que no devia en cassar e
scoltar ab gran plaer xandres (c*cst le franjáis chantres) c ministres (ministrefr] s) e molt donar e despendre, e sercar a vegades
axi con fan comunament los gráns senyors en quina manera poguera saber algunes coses esdeYinadores.... Pertal, dixellt com yo
me adelitave moft en cassar, Nostre Senyor Deu ha ordenat que
aquests falchons, eBtors e cans quera vey anar entorn criden e
uiíolen agriamentde hora en hora devant mi. etc. ». — Historia de
)as bellas v'irtuls per F° Pelrarca. A Ja molí honombla Senyora
Madona Isabel de Guimera.. , una historia la qual recita Petrarca
poeta en les obres del qual yo he singular afeccio. »
39. Dans les ehartes, nous lisons: Bernardug Medid (non Medictts),
ou bien Üominus rex mandavil micki Bernardo Medid.
40. II nous parait évident que Bernat a connula Faula do TorreUa. II y a queique ressemMance dans ¡a concepción, el Vidée des
arbres qui poussent á la fois fleurs et fruüs se trouve, dans les
deux poémes, avec plus d'opportunité dans celui de Torrella.
4 J. Te¡tat potir tapat: fermé(cCintelligence)\ cast. cerrado de mollera,
M. Boucherie nous fait observer qu'en francais, on dit d'un
homme inintelligeut: ü esl bouché.
42. Sursauts.
43. Tari/e.
44. Je lui enferai une plm bleue (plus belle): un plus mauvais tour.
45. Saus doute corbeillc : cat. canastra, cast. canasto, a, batíosla,
oíi l*on trouve la labiale.
46. Cast. enteco.-cal. eniech: infirme, debite (comp. prov. ettfecar,
fr. entícher); mats ¡ci ce mol est substantif et mis pour taca: Utcfie.
D'ailleurs, le sens general ne parait pas saúsfaisant.
47. Vimem* pl. cat. de vim, comme Jwmens \\ehom ou home, asens de
48. Dans quelques endroits.on use de cette parole (fímus) aveca
a u singulicr.
— 42 —.
49. Les paysans de Catalosme disent : so del N ou den N, pour désipner le domaine de N. A Majorque, Son N = So(de)n N, forme
de noms de localité.
50. Laix, c'est las; nceud coulant. Gisten est-il un préseot ou un
gérondif?
51. Mestan est-il un derivé de ?nest: triste* Est-cemestan de estart
h% Málm'trent, pour la forme, parait im gérondif anomal (nous en
avonsentendu quelques-un¿> desemblables dans le cat. vulgaire) de
mal-mirar. Pour le sens il ge rapproche plus úemttl-merir. Ce sens
est quelque chose comme responsable, débiteur. Comp. A. March :
Tant beamat, Amor se dol'. Én aquellt emps; Volgra ser uat. (ent
pour ant cst la lendance aujourdhui dominante en Languedoc.
Boucherie).
53. Spetxat: spectatum.
54. Pasor:Ys provient d'une fausse analogio avec celle de rayso
pour raho, plaser pour plaer, etc.
55. Enconar: mettre du miel ou du sirop dans la bouche d'un
nouveau-né pour l'engagerá téter.
56. En franjáis, galgale.
57. Bocadens .* bouche etdcnts (collées á terre.)
58. Yuas(Ac méme au commencementdu poeme)= ivars (juars)
avec vitesse. On trouve aussi ivarsosament.
59. Barchna. abréviation de Barchinona. Les érudits débitaient
un cerlain conté de barca nona sur lafondation de Barcelone. Les
troubadours écrivaient avec fidéiité phonétique Barchna.
£0. Est-ce une extensión arbitraire donúe par le poúte au sens de
Jlota. flotte?
61. Aceituni, aceitunil, aceitunado en cast.: olivíttre. II faut que
Cette forme atzeytoni ait quelque rapport avec aceituna : olioe.
62. Cor, derivé de quare (comme car), fréqueut dans les ras. catalans.
63. OuvraKetagtatenx ethistor^uementinstrueti^etquí conlribua
peut-iHre á la conception de la novela picaresca^ mais extrememeru
libre et hyperboliquement satirique. Nous nn avons donné de
peiits extraiisdans VEnsaig, suivaiu l'éditioii de 1551. Celle de Ros,
de 1735. a été réimprimée en 1864 par D. Polayo Briz.
64. Edilion da 1531: aqttest; la moderne éd. Peul-ótre Roigaécrit
Aquestencaig. Quanl á notre dernierc forme, que donnent íes deux
éditions, elle ne concorde pas trop avec les autres expressions métaphoriques des premiers vers, empruntées á l'arl de tísser.
65. C'est la lecon de l'ancienne édition, qui prouve qu'alors on
traitait Vs de stil comme vraiment liquide. C'est sans doute Ros qui
a corrige stil, balanc.
66. Voir les notes de Cerda y Rico a la Diana, p. 303, 377. etc. II
se moque* entre autres^ d'un fameux humauiste et maibúmatiden f
J.-J. Falcó (qui avait en eítet éerit un livre de Quadratura circuli)Esl preterí fer
Cercol quadrat
Y asens bolar (I. volar)
Y olí xnay bola....
— 43 —
67. Le plus ancien exemple que nousent rouvons. c'est taMescription des fetes de S. Ramón de l'envafort á Villafranca del Panades,
en 1601, dans le Llibreverlñe cettoville. Les autres font Dartie d'ime
curieuse collectíon de feuííles détachées que possóde Mo$sen Brugüera, auteur de consciencieux travaux sur l'histoire de Catalogne.
(>8.Voir Duran, Romancero, n°» 1874 et suivants.Ges piéces préparaient la brisure du sens entre les deux vers rimes, en comraensant par un vers qui n'appartenait pas aux couples ou pareados;
elles suivaient cel arrangement de rimes: abbccdd, etc , oo bien
abbaaccdd, etc.
II
LA CODOLADA
Codolada estun mot qu'on ne trouve definí ou memo cité dans
aucun traite d'art poétique, soit ancien, soit moderne, mais
qui se rattache á la terminologie des Leys d'amorsK, qui parlent (I. 1G8,236 et 1): I o de rims capcaudats ou cap-coatz et de
cobla caudada ou capcoada^ c'est-á-dire de la strophe dont le
premier vers rime avec le dernier de la strophe precedente, et
2° de rims caudats ou cobla caudada, cest-a-dire de vers riman t
par couples ou paires, mais formant ou contribuant & former
une strophe1. La párente de ees dónominations avec celle do
codolada est evidente ; mais, en supposant que celle-ci derive
des premieres, comment peut-on expliquer le changement de
forme et de sens ? Nous ne pouvons repondré que par une
hypotbése ou par une petite serie d'hypothéses. La dénomitiation de vers caudatz pouvait, sans violence, s'appliquer á des
vers rimes par couples, quoique non assujettis á une división
strophique; et, d'ailleurs, il n'est pas impossible qu'on regardat
le premier vers d'une couple comme le dernier d'une strophe,
et le second vers de la raérae couple córame le premier vers
d'une autre strophe, et formant en conséquence des cap-caudatz*. Voilá pour le sens. Quant a la forme, on pouvait aisément passer de aohia, ou obra caudada, ou capcaudada, a cobla
ou obra codolada (c'est en effet un adjectif), et supprimer ensuite lesubstantif, comme on a fait dans des casanalogues.
On n'a pas employé toujours notre dénom ination avec un
sens bien préeis. LTaprés Cerda y Rico (Diana, pag. 300),
t Escolano (cooamencement du XVII* siécle) appela cudolada
[sic] le Libre de Jaume Roig, et c'est pourquoi on lui a doané
ce titre dans qnelques éditions. » Le peuple de Majorque, le
seul, á notre connaissance, qui ait gardé jusqu'a nos jours la
* Pour les notes de la %* partie, v. p. 67 el suiv.
-
46 —
chose etle nom, donne quelquefois a ceci une signification un
pou large. Cependant il n'est pas moins sur que notre poésie
a conservé une forme métrique particuliére, et que cresta elle
qu'ou a donné presque toujours le nom de codotada.
Cette forme consiste en une suite de vers alternativement
longs et courts, rimant par couples ou paires. Le vers long
était, dans les premiers temps, de huít syllabes; plus tardil est
devenu de sept, équivalant át Y octosílabo castillan; le vers
court est de quatre, et exceptionnellement de trois. Quelquefois les deux premiers vers sont longs; d'autres fois le premier4 ou le dernier, ou Fun et Fautre, sont blanca. Dans d'autres cas, cette forme ne se maintient pas bien puré.
L'ancienne poésie francaise5 et la proveníale offrent vuelques exemples de ce genre de versification, d'ailleurs rares et
relativement modernes : la derniere dans YEnsenhamen del
guano, de Lunel de Monteg, piécedatée de 1336 etquirappelle les deux Ensenhamen d'Amanieu de Seseas6, et dans une
composition morale qut appartient, a ce qu'il paraít, á la fin
du XIII* siécle et que Fauteur appelle arlabecca1, ce qui doit
étre la méme chose que le genre nommé rebec par les Leys
(1. 348). Arlabecca approche beaucoup du portugais arrabecca, nom de Finstrument musical appelé en francais rebec
(mot d'origine árabe, en castillan rabel). Cette dénomination
ou ees dénominations indiquent-elles que ce genre poétique
ótait accompagné dudit instrument? Mais, alora, pourquoi
n'employait-on pas la forme provencale rabey* ?
Une des plus anciennes codolades catalanes a été conservée á cote des autres piéces poétiques deja citées de Carpentras (Lambert, I, n° 377). Le debut est une imitation de
ceiui.du Lai de Laval:
Sira (Fuim?) caualquant un bon mayti
Tot. deportant,
E can fui pres d'un aygua gran
En un bel! prat,
E fui aqui descaualquat
En la frescor,
Eu vi venir ab gran baldor
Dos beylls donzeylls. ...
Une autre, dont on peut donner a peu prés la date, e«t
Anterior
Inici
Següent
— 47 —
celle de Bernat Metge, contonuc dans le méme ebansonnier
que son Libre de Fortune. Le poete caustique, supposant que,
pour faire son chemin dans ce monde, il faut étre tout le eontraire tVun honnéte homme, exprime sa pensce sous la forme
révoltante de mauvais conseils, qu'il ne craint pas d'associer
ironiquement a des formules tiróes de sermons moraux:
Seguescal temps qui viure vol
Sino pones trobar sol
B menys* d'argent.
Per co qu'age bon fondament
Nostre sermo
Digats ab gran deuocio
Aue María,
Concel nos do de tot lo dia
Non digats pus:
La tema quejes] (Vil dessus
Es prou notori
E loat per lo cossistori
Deis grans doclors.
E deis sollempnes glossadors
De I'Escriptura;
Donchs fets ab sobirana cura
So qu'ausirets.
James almoynes no faretz
Qu'axous perdriets,
Nous conffossets si dirdauetz
(1. daurietz)
Les veritats.
Ni en dcju missa hoiats
Ni begat&poch.
Si voléis bauergran loch
Lagotejats10!
Priuadesano bagats
De dona casta,
Tal se vana qui no (asta
De tal vianda.
Valor no porets hauer gran da
Si no robáis>
Consciencia no haiats
Si volets viure.
E si voléis la gent far riure
Siats ben nici.
Trebalh lunyats c desíici
Del vos Ira cors
E girats a tot hom lo dos
Qui leyal sia;
E no vulhatB hauer paría
Ab pobro gent,
Si nous donen delur argent,
Housfan fermanca.
Tom d'aquelha part la balanca
Hon vos fan )um<
A tot bom paguarets de fum
A qui dngats.
James rosa no fessals
Qui beus stia.
Sil COT bauevs pie dft falcia
Seréis del temps;
Ab Tenemich iréis ensemps
E burlareis...
Nous passons 132 vers.
Tot bom prenga esta doctrina
Carfort es bona.
Lo marit deu pintar la dona
E far lo lit:
Si volets esser mal marit
Digats vertats.
Tots los absenis son oblidas
Axi com (a) morts.
— 48 —
Injuries farets e torta
I«a confessio general
Gene raimen,
Ja la sabéis.
E puys haurets gran stamen
Del he quert lo mon fet haucts
K bona fama
Vos penedits,
E aeréis quiti de la flama,
Les males ( Males?) voluntáis
Quen lnfern crema.
reteníts (teniís?)
Donchs prouades (I, prouada
Mentre viscats.
es) ma tema
Sobre tota res comportáis
Axim (I. Sius) aport Deu
Les homens richá,
Quotn vos morrets al Regne geu Celhs ques fan vostres amicha
Eus gart de mal.
Quan ops nous han,
Avec les deux noves heptasyllabiques dont nous avons
parlé, Vuno du mo'ms écrite en 1393, nous trouvons trne codolada imparfaitement lisible, qui parle aussi de choses de
marine, et qui doit appartenir á la méme époque et peut-étrc
au méme auteur:
. . . Qui fo ab ells...
Quim donas j caderoiu
Al) escabeig
Nom plagera tant, fe queusdeig,
Clona j molto.
Gran plaserra'aueuchcela sazo
Si que la mar
Sobraxia ua¿en pugac
Tro al pinel...
Une des ceuvres les plus considerables du genre que nous
étudions et celle qui a eu le plus de lecteurs", c% estío Libre del
venturospekgri, publiécn dernier lieu, avec beaucoup d'intelligeo.ce, pav D. Mariano Aguiló, dans son Caa$Qtier <¿Í les
óbreles mes divulgades en nostra llengua materna, recueil non
moins intéressant par les piéces qu'il contient que beau
pour la forme typographiqtie :
Per alcancar lo que tan val
Aquell tresor perpetual
De parad i s
Determini passur Paris
£ Lombardia. ..
Le poete dit qu'il allait a Rome pour gagner le jubilé :
Aquell gran beque ab poca preu
— 49 —
Guanyam ara,
Aquella joya que lun cara
Solia esser.
Ces paroles prouvent que le Libre a été composé quand
on gagtiait áéjk le jubilé sansaller á Roma, c'est-á-dxre probablement dans le courant du XV* siécle, époque que semble
indiquer, d'aüleurs, le caractére du langage11.
Le vrai protagoniste da poéme n'est pas lo pélerin : c'est
plutót une ame quí souffre dans le Purgatoíre et luí demande
des priéres. La narration est assez vive et contieut des passages pittoresques. II y en a qui rappellent les Danses de la
mort, ou bien quelqu'un des tourments décrits par le Dante,
ou bien les ouvrages qui représentent le jugement de Táme
avec desformes prises des tribunaux bumains (comme le ¿Mascaron catalán, la Residencia del hombre castillane43, etc.).
Cest aussi une asssez longue codolaña, le Testament (ten
Bernat Serradellde Vich, qui faitpartie du méme chansonnier
de M. Aguiló:
Un jorn cansat do treballar
E tiesijos de re pausar
Quant vespre fo
En retorne a la mayso
Volent sopar...
Le poete donne cette piéce comme un écritreligieux1*, mais
elle estén grande partíe satirique, etsatirique comme on Tétait
alors. Cette piéce était peu rópandue, etseulement connue de
quelques littérateurs. Lejeune D. Andrés de Balaguer adécouvert derniérement que le véritable autcur du Testament était
Frare Bernat de Vinclera, et a conjecturé, avec beaucoup de
vraisemblance, que le livre a été imprimé avant 1798 (V. Calendan cátala, 1875, pag. 72 et 73).
Dans le méme ms. qui nous a conservé le Testament, on
trouve une autre trés-intéressante codolada, incompléte au
debut; et c'est pour cela probabíement que M. Aguiló, qui
avait reconnu son caractére spócial, ne Ta pas admise dans le
Canconer.
C'est une piéce trés-longue (la partie conservée comprend
environ 900 vers) que récitait, ou plutót lisait, le jour des
-
50 —
Innocente, un enfant qiTon supposait une des victimes du roi
Hérode échappée au massacre. Cet enfant se présentait en
méme temps comme bisbató (petit évéque), et certainement
avec des habits pontiñeaux. La representaron avait lieu ou
devait avoir lieu dans une ville épiscopale.Quoique le texte
soit g^néralement assez correct '*, quelques a pour e aecusent
comme lieu d'origine le nord-est, plutót que Fouest de la Catalogne : c'ótait peut-étre Vich.48.
La piéce commence par l'exposition [du latí en pía, dit-elle),
des textes sacres sur Fadoration des Rois Mages et le massacre des Innocents.
Voici les premiers vers conserves :
.... Per cercar lo locon seria
Aquest rey gran
Van sen dones dret caminan t
Molt puxantment
Acompanyars de molta gent
Per lur honor;
E Deus donáis per guiador
Lo dít stell—
Ensuite il y a le verset: Orietur & te lia eje Jacobt etc., et
Fexposition :
Acó queus he dit ew lalí
Vol acó dir
Quel mig de Jacob deu axir
Un bell stel),
Puys una verga de Israel
Se leuara
Quels deus de Moab batra*
Aprésla description du massacre, on lit:
Jous he cuydat donar entendre
Tot lo proces
Deis Ignocens, axi com es
Ab veritat;
Car jou se tot, quy son stat
E vist ab ;u)li,
Mas en apres comtar vos vull
(.agesta vera,
Perqué vejatz en qual manera
Jon scapi.
-
51 —
Vient un nouveau titre :
Com scapa lo bisba.
Sapiats que lo mati
De aquell mal die
Madona mare me tenia
En lo seu bras,
En venen un maluat sargentas
E uolch me aucir.
Madona mare valí garfir *T
Bus en la cara,
E donali grans colps encara,
A ma tinent18
Durant aquest combatíment
Jo caygui en térra
E stant entre la desferra
Del degolats
Vntim la care e los coslats
De aquella sanen,
Puys acostim prop (aprop?) d'un banch
I aqui starüt
Vaig fer lo mort, puys en la nit
A poc a poc
Jom vaig exir fora del loe
Uejus les portes
Aprés le récit de la fuite, vient la partie destinée á Tadmonition et á la satire:
Pus uos he declarat demunt
Tota la gesta
IAb veritat], don (donchs ?) are resta
Gonseguentment
Que parlam cert del regiment
D'esta ciutat.
Suivent de sages recommandations aux Conseles e fíe/jidors:
Nils qual anar an Galicia
Guayar (sio) perdons
Car acils guanyaran tots jorns,
Pus ab prudencia
Executen lur sentencia
E ab temprensa.
Cert a la mía semblan?»
- 52 —
Lur consciencia
Rumpeu bornes de sciencia
Ells ambacinen l9
Moltes veus e los declinen
La on se voten :
Vuy altres fets no se colen
Sino los Uurs
Car giren las ley[s] e lors furs
De uerten blanc...
Plus loin, il parle del capitoll.
De nostra silesia qui es cap
Deis clamen ts
Vos he dir a les íal[i]ments
Quei YOÍÜJ reinar»
Pero no tench de parlar
En mon sermo
De mi que so bisbato.
Car so primall :
No he mudat algún caixall
CerLanament...
Suivent les titres : Dells f?mares, — Dells generases (nobles),
— Dells menestralts, — Delles placei'as, — Delles víudes, — Dells
(delles) monges, — Dells (delles) beates t0 .
Dans la seconde moitié du quinziome sicole et méme phis
tard, les poetes valenciens, dont quelques-uns étaient de doctos humanlstes, s^amusaient a culliver ce genre semi-populaire.
Le Jardinet de Orats contient un long « colioqui e rehonament fet entre dues dames: la buna dama casada, l'altra
de condicio beata, al cual colioqui se aplica un altra dama
vidue : lo qual oit per un veliet fonch descrit per ell lo rabot a r de quiacuna comensaut a parlar ell ei\ s til de semblante
paraules. »
Divendros sant
Die honest de dol e de plant
De bon mati
Devant mon Deu me presentí
Su* (l) diufc la seu,..
Anterior
Inici
Següent
— 53 —
Malgré la solennité du debut, le Colloqui n'est ríen moins
qu'édifiant. Le nárrateur poursuit:
Yo vhi venir a poch instan I
Vna casada
De les helles la mes triada
Molt galana.
Nous penseu que fos serrana
En durse al) aire...
Sois dos seguidorsaduhia.
Ab donesdues
üen vesüdes non pas núes
De negre lotes.
,1am setnblave ver les gotes
Regar les galles
De aquell gran plor que nosires Fallos
A y tal jorn crema..
Sentirn de costa
Una senyora rtisposta
E de manera
Tant gentil y falagüera
De stat beata:
Tan devota y a Deu grata
Segons crehensa
De mi que per menys oflenfia
M'era retret
En un pobre rechonet
Per Deu servir;
Y part lexantlo seu legir
Hores digue....
Elle prononce quelques paroles, et ensuite:
Parla la casada.
Ay senyora, lo meulinatge,
Dix la casada,
Ab molta bella colicuada
fin grans tauíMes
Han defíeses les cincligramalles
De la cintat,
E per QO so han perpetual
Divers favors,
Qu'els meus galans passan dolors
Per mi mezquina....
Lo meu cap es axi ros
— 54 —
Com unes llames;
Brassos, dits, genolls e carnes
Ben tornejats;
Per lo meo coll menen debáis
Los cauallers;
Mes ja diuhen los demes
Que no te par...
Pus dreta vaig que quantes piles 3I
Veureu en lolga (1. lolja).
Pus attractiu que huna sponja
Possehesch lo sguart:
Al hom que vull de part a part
Mon vis lo passa.
Mes quant tinch la casa grasse
De robes, joyesf
Mes cosiets, rechons e foyes*Scupen or.
No es com te lo tresor
Quels meus hereten;
Altres son qui so malmeten
Per llur delit
E jo cerque mon protit
lis avantatges.
Y tinch dotze cortinatges,
Y com brodate!
Mongils listats y entorn rendáis (I. randats)
Ab pedrés fines;
Collars, anells, gonelles quines
De tall modernes i
Fermall[s]9ar robins com a luernes,
Manilles grosses,
RichsjoyollSr correges, bosses,
De or cadenes:
Quant ve a Nadal jo be strenes
De quim ve gana.
Tapins e gans, calces de grana
Tinch una caxa,
Despuix en una cambra baixa
Nom cap lo li;
Lansols, toualles huna sens ñ
Ab mil camises.
Suivent de longs discours et débats des trois interlocutrices.
Le pauvre vieiilard essaye de les apaiser, raaís
-
55 —
O del vell podrit vila,
Digueren elles,
Percomonra axan d'abelles
Molt sou faxucb.
Les autres assistants le bláment aussi. Terminé le sermón
(pendant lequel il suppose arrivée cettescéne scandaleusej, il
decampe et
Parla lo vellet fent fi.
Jo tament que mala sort
Nom fos fallida"
Y sobre mi no fos íinit
Cel parla me nt
Tengui ma via prestament
Ves moa alberch,
Hon me veureu estar enterch
Per malaltia.
Un poete de cette dcole, des meilleurs et des plus retenus,
fut Mossen Jaume Gazull, chevalier. II composa le Sompni de
Joan Joan, qui est comme le complément du Proces de les
olives e disputa deis jovens e deis vells. Le Sompni suppose que
les femmes, mécontentcs de la préférence dolinée, dans le
Proces, aux vieux comme maris, nomuient pour avocat etproeureur deux poetes du temps, et pourjuge la déesse Venus.
Voici quelques vers du debut28:
Consideran! quant dignament
Desque lo mon te fonament
Hi (y) fon creat
Éntrela gent s'es praclicat
Un bon costura
Que per donar claror y íum
Les uns ais al tres,
Segons havem trobat nosaltres
Hiu (Y-u) dexarem,
James d'escriurens cansarem
Les nones coses....
Que puix no crech i^ens en ahuerostc
Ni al> senyals,
Abtot ques diu que bous ni mnls
-
56 —
Nols deu hom dir
Les sompnis fets, ni aclarir
May a'nengu
Yosomniava
Que una nit anant cacava (cacantanava? )
Per les taulades....
Dans la suite, on trouve deux autres tiradas dans le meme
metre: Tune qui décrit les causeries des femmes, 1'autre qui
donne le portrait du poete Penollar. Quoique les deux aient
éte* réimprimées par Cerda y Rico, nous reproduisons le premier. Ce i^estpas un chef-d'ceuvre, ot il serait facile de citer
des fragroents plus piquantsfsouvent trop piquants); rnais c'est
un des raeilleurs morceaux de cette école :
Puix sabeu quant os cosa certa
Ellesab piles
Y mes si son totes femelles.
Tantost y (hi) son
Volent parlar de tot lo mon ;
En tot se nielen ;
Y si callan vos acometen
Per traure noves,
Y tos temps fan contres y proves
Sobre tot hom.
¿ Y vos q((e feíf ? y Vultre com
So troba huy ?
Y dir los nials de son vohi,
Do sa vebina.
Y ara parlant de medicina
Donen renieys
Y alegan t los fnrs y lleys
En tot se posen,
Y en tota res diuen y glosen
Lo parer seu.
Parlar del cel les ohireu
Y de la térra.
Ara de pan, adés de guerra
Y del infern
Y d«J istia y del ivern;
Y sens alian y
Vos contaran tot quant en l'any
Han comenzat,
Texit, ordit y acabat;
— o/
Tot fi) per randa
Vos lio iliran, sens donar fatula
Pera reepomlrc
Y baix parlara sentí compondré
Tan tus cóseles,
Que par que sien horoneles
Díns en lo niu.
Que silri sou prop sois lo chin, chiu
Uast' axordarvos:
Y si volou aparelíarvos
Ab ploma y tinta
Veureu nntr' elles cora si(s'hi) |»inti\
Y com sí (1. s'hí) juga
D'un joch ques diu a la fexuga.
Y cora repiquen
Y unes ab altres com se piquen
D<»1 jocb baxet,
Parlant cubert y inolt secret
Ellesahciles".
II y a aussi des codolades dans rinterminabíe Questio sur
Veure,Grat, Entendre et Vohmtat comme causes de l'amour:
« Presentacio delproces al j u t g e . . . Mossen Fenollar loant e
emologant la sentencia... Apellado de Verdanxa endressada
a Mossen Fenollar. » (Cette piéce se trouve dans le fragment
considerable du Jardintt d'Orats publié par D. Pelado Bri%).
(Test encoré en codolada qu'on donna la sentence ou les
sentences pourle concours poótique en Vhonneur de salnt
Christophe, en 1488. (V. Estudio sobre los poetas valencianos,
par D. R. Ferrer, pag. 66 etsuiv.}
Vers le müieu du seiziéme siéclo, on faisait encoré á Valence
de ees procés versífiós, comme on voítdansle Proces o Disputa
de viudes y doncelles (Cerda, pag» 331 et suiv.). La sentence
donnée par Pineda, poete et notaire, est en codolada.
Du comraencement du mémesiécle, on a sígnale a Majorque
une codolida dont le sujet est historique. Hile raconte les
troubles des comunidades de cette ilef oíi le mouvement
prit, comme á Valence, un caractere trop semblable a celui de
eer¿ains úvénemetits de nos jours **:
lístava mort. Mosson Pax
Bon capita.
— 58 —
Mosson Nicolau son germa
Y Mosson Net;
Ni persemblant nom fou retret
De tal perill
Mosson Zavila pare y CU
Molts escuders
Y esclaus qui per llurs masters
Eslavans dins...
Y de tan cruels matadora
Bon teslimoni
En feu Gaspar Babiloni
Y fVEscuder
Y En Pera Sabater
Y En Llaneras:
Plenas corrían las carreras
De cmeltat.
Per semblant fonch degollai
En Cotoner39.,.
Nous arrivons a une époque oíi notre genre devient plus
prosaíque, s'il se peut, qu'aux temps antérieurs, oü quelque
détail archéologique, quelque trait de langage de la bonne
époque, voilait les défauts du fond.Le debut du Colloqni de la
solemne professo que feren (os de la vilo, de Caldes Dimecres a
sis de( presen t mes de htny de 1601 30 se recoinmande au cooins
par Tintention morale:
Pus sois estam
Y apenas may nos parlam,
BeHsa bella.
La mes bonica doncella
Del nostre lloch,
Precuos que tingau deport
En seure assiM
Que pus ningu per asi
No veix (1. vei#) passar
Vos y yo podrem parlar
Lo que voldrem.
— Luzedo, quels dos parlera
Molt be está,
Mes ha de ser nostre parlar
Anterior
Inici
Següent
— 59 Honestament
Que si nou veurá la gent
Ho veurá Deu.
La Retado de un Adoocat anals Procuradora en tempz que se
(rodada sens cansalada%\ quoique d'apparence moderne, doit
étre antérieure á Tabolition de nos Furs ( 1714), puisqu'elle
parle de Juráis et de Deputats38. Elle esteourte et écrite avec
verve :
Ola, Senyors Procuradora,
La casa es pobre
Y se acostan lascarneHoltas*'
Que tot son bullas.
Joeincara (que) no be fetos
(xullas,
Que no he mort poreh,
Y es un gran desconort»5
Per una casa
Al no teñir cansalada
Per anllardar.
Gal mira y despatxar
Algunas cartas,
Enviant ais uns y altres,
Que vull diners *•;
Y mirarse alqun proces
A despatxá,
Perqué no bagia de quedar
Sens matar porch;
Aprop, aprop,
Que tot ne va a mal viatge.
A mi de aqueix de Ooll Sacabra
Y |de) Vidra
Me solían envía
Molt sanch y felge;
No faltavan may de petja
Los de la Vola (l. Bola),
Del Esquirol y de Roda
Y Taradell
Enviarme un gros farcell
De butifarras,
Llangomssas, mantegadas,
Alguna permite;
De Hebras y de conills
Y decapons.
De Sau y de Vilalleons
Y (de) Balenyá
Nous ais podria conta
Los que me(l. quem)vniane
Y ios de Aussó correspoman
Ab lo sanglá,
Quemsoíían envía
Semprelatussa*1;
No passavan ab escusa
Los de SantMarti Sas-Corts;
Al testament de molts porchs
May me mancava.
Y ara lo carnal se acaba
Y no he vist res.
Axo ben perdut esta (1. ja es ?)
Lo dar concells.
Un se escalfa lo cervell
Regiránt Jlibres,
Y se está per las cadiras
Sens treballéL.
No veu que per tot hi ha
Aiquns jo metras á*,
Que no teñen quatre lletras
Y son en tesos?
Qui a vist que los pagesos
Fossen esperts
Y en tot entonen lo vers
De consumancia?*9
Son doctors de cap de marge *°
Agraduats
Que en totas dificultáis
— 60 —
Donan sentencia.
Ha bulit aquesta calda 4| ,
Benyor meu,
Van Pere y En Bartomeu :
Tot sons (I. son) cansona.
Yami me (min) pagan ab rahons
Sense diners.
Lo quem dona mes que-afers
Sous las vilotas :
Sempre hi ha pendenciólas
Ab los júrate
Ab sindichs y diputáis
Y gent de ufana,
Que son burrechs ii. sens llana
De mal pela.
Y un ios vol contempla
Per ser gent d'upa *9
1 me fan portar la jupa
Apedassada.
Ara aquesta marinada
Me han aviaat
Que esligués aparellat
Per un verbal:
Que pera guanyar un ral
Tjndré de estar
Tres horas allí aguardar
Sense ana a roissa.
Es'cert qu'es cosa de rissa
Lo cilament".
Nous devons noter une autre piéce, assurément du dixseptiéme sicote *s,tout ¿i fait niaise : Pronostich natural y verdader calculat del meridiano de Catalunya^ Araqo y Valencia,
compost per Benet ¿\Iones, estudiant en arts en la Universitat
de Barcelona*
Díus de Paris
Al monasür de san Díonis
Se ha trobat
Un escrit autorizat
Que contenia
Una molt gran profecía
De gran vigor
Que posará a tots temor
Sent verdadera,
Puix que diu d'esta manera :
Que lo any mi\s et cens vuitantaih
Haurá minyons, cosa que espanta.
Dins Barcelona,
Y que nos morirá persone
Sens psrdrer vida....
Tout le reste est i\ Pavenant.
Nous croyonsaussi du XVU°siéele, mais sansaucune raison
dócisive, la Relució nova y molt curiosa de la vida deis pasters
en que se manifestan los trehalls que ten'm quant los ix lo Llop ",
ÍJ lo molt alegre y divertida que es llur vida.
— 61 —
L'auteur, qui se décerne le titre de poete, était quelque peu
crudit; toutefois \\ aqueique sentiment de son sujet.
Mes lo Mussol
. . . Lo pastor si quant nevava
Desalía al Russinyol
Plora va de sentiment
Yes un totxotí
En arribant al estiu
Millor canta la Pigot,
Riu y canta, y esta content
La Cugullada
Y tan alegret
Que canta la matinada;
Que ja s'en burla del fret
Y s'en xauta:
La Cadamera
Perqué ell en sonant la flauta. Retila en la primavera :
Los seus cabrits
Mes la Guineu.
Saltan ab grans alarits
Com ja 1 i falta la veu
Per ser tan vella
De roca en roca,
Fa de mestre de capelía...
Despres aplican Ja boca
A la mamella;
Mes lo treball
Es quant all mitg de algún valí
Y es una maravella
Li bix (1. ix) lo Llop ;
Veurels mamar...
Que sempre sol exir de prop
Dilxos pastor
Com LÍop en faula....
Que alabant al Criador
Be pot lo mal Llop vení
Ab melodia
Que ab gran enfado
Canta de nit y de (lia,
Li rabatan lo cayado
Ben humorat
Y la gorra
Ab lo ayre puriíicat
Y cridan : foch a la borra,
Déla montanya....
Lo pastor dorm entre pells
Al Llop, al Llop,
Fentli música los (l.'ls) ausells. A qui puja, aqui passa
La hestia&sa.
Grans y xichs,
Foch á la cua: té Lleonet
Aquestos son los musicbs :
TéColom, té Musti
Lo Gamarus. lo Cocui.,
Aqui, aqui,
Lo Tort, la Merla, y Pupul
Aquí passa lo traydoras :
També la Gotlla y Perdiu
Que cama tot lo estiu,
Non tastaras
Lo Gaig. lo Grill y la Garsa,
Del meu ramat...
Y el petit í\c.y de la Barsa••;
Avec la Vida de un pol>re // afortunat raball, composta per
un tañedor de llana de tortugas del corregimcnt de Vich, nous
sommes dójá au si«>cle passé (il xiy avait plus de vcgueries,
mais des corregiments).
Qui tendrá compassiú
Me escoliara
Y pot ser me ajiulará
A plorar mos mals. , . .
-
62
-
Le cheval nous donne sa genealogía et enumere les trop
nombreux maítres qu'il a eus: la maison de Bellvehí de la
Soliera, un autre paysan, un officier de dragóns qui allait á
la guerre de Portugal (ce dút étre en 1762 011 63), etc., etc.,
et en dernier lieu un boulanger4>. Tout le monde croit alors
qu'íl jouira d'une bonne vieillesse ; mais il n'en est rien : il
est mal nourri, b&tonné par le garcon, malmené par la maitresse, harcelé par les enfants, mutilé par le boucher. Cette
fiction fut continuée dans le Testament del cabail blanck. II
n'est pas sans intérét de lire Ténumération que fait Tauteur
des lecteurs qu'il promet á son iivre :
Será entreteniment
De molts Senyors
Que per las festas raajors
Ho contaran
Y axis se divertirán
Fentgrans rialles.
Per bateits so y esposallas
Se pot líegir
Per poderse entretenir
Aixin de taula.
Ass6 contaran per faula
Los passatgers
Contanto ios traginers
Per les hostals...
Sera entreniment
PerObradors ;
Parayres y Teixidors
Ho llegiran
Quant estaran treballant
En sas botigas.
Servirá per las amigas
Queu contaran
Sempre que se ajuntaran
Per fer rolllo ;
Assó los vindra de motilo
Per fer rodona;
Ho contara la Madrona
Y la Pe rica.
La María y la Rusica
Arribaran
Y a la Madrona dirán :
'< Festa quet toch ;
Al gatan estirabot
Quens has con la t:
La bulla de aquest veinat
Sempre es estada »,
Y dirá la reparada
A rifa dad ota :
« Devta sa gran plagota
Quiu va dicta. »
Ab assá lo mormura (sic)
Passará avant.
Les sastres ho contaran
A los nagesos
Quant cusirán deis promesos
Les nuviatges,
Seguirá per molts paratges
De funcions ;
Copiaran molts borróns
Des tos papers.
Divertirá ais cavallers
Y a las dámelas :
« Mes gusta que las gasetas »
Totas dirán.
Testimonis ne darán
Molts deis trasllats
Perqué eixiran tacats
De xacolata.
Lo Bátxaller y lo Abbata 54
Ho llegiran...
— 63 —
Nous croyons assez moderno (fin du XVIIP siécle?) le
Festeix nou entre un fadriy una donzella. Fasticfis B*. Le jeune
hommeagace en paroles la jeune filie, qui luí répond avec de
groase? injures :
Mira lo cap de ciscella
Que rama talla,
Cap úe ventre de cen&Ua 5*
Que rahons gasta :
Cert, t'en planch, ñas de rabasta... *4
Escolla, beoh de sistrella M
Gallas de relia,
Ñas de pabrot
Mes embussit de burinot,
So de sum, snm,
Llanterna negra sens Jlum...
... Papasal 1 traído
Esplumisat,
Ñas d'alberginia, barba ratat
Y llepac restas.
Le galant n'est pas en reste avec elle :
Calla, molestadora de festas
Embriagada,
Bruixa absisada B6 penjada
Cap pudril y nas muscos (mocos ?)... K7
A Majorque, on a conservé ce genre de poésie. II est cultivé
par la classe des poetes (un certain puritanisme critique
nous empache de les qualifier de populaire) appelés glosadas,
honnétes travailleurs qui font de la poésie, souvent improvisée,
comme une seconde profession.
Nous devons six piéces inédites qui porten! le nona de codo*
lades á deux intelligents et complaisants amis de Majorque :
á D. Miguel Victoriano Amer, celle de Saint Christophe; les
autres a D. Mateo Obrador-Bennassar *a. Les trois que nous
publions (c'est assez, eroyons-nous) suivent, avec tvés-yeu.
d'irrégularités, la forme que nous avons étudiée. Dos trois
que nous avons omises, Tunela suit á demi; les deux autres
s'approchent de celle des noves nworfes,
I 5í
Vuys se celebra ta fes La
Del mes gransant
Que nos diuhen fonch gigant
— 64
De cstranya altura,
Com de la scua figura
SÜ ven molt be.
Du per gayato un fase m
Y passa un riu ;
Un minyonot du que riu
Demunt s'espal-la
Que ab ell s'entreten y pal-la
Cosas divinas.
O nobbles calavatrinas.
Que gran diada,
Tota se vostra currada •'
Vuy se veurá.
Lo bo y mülor que y ha
Tot suri a llum
Pero cuidado en s'alum
Aquell que en te,
Que lo escondesca molt be
Perqué la gent
No sentau olor |udent °2
Quant pausaran,
Y tal volta vos dirán
Cualque cosota ;
Be es veu que per una alióla
Den aillastida
Li caura mal Tora mida,
Jo en tendí gran po.
Pero dexem ana axó
Pasem avaiu.
Es cert que algún convidant 6i
Totom tendrá
Y los foran un dina.
Cosa pomposa,
Arros en cabra ron y osa
A bastament,
Vinetde aquell mes corrent
Y bon batial5*.
D'ayoli un bon gran plat
Tambe oy baurá;
En Cgas se manjará
De bona casta.
Aqueix día Lot se gasta.
Calatravins :
Anterior
-
Tot l'any anau en xoquins65
Arromangats M.
Bruls com uns escarabats.
Tot es pudó:
Pero quant sentiu s'oló
Des Juriol,
Per pobre que sia vol
Tirar la resta
Y de Sant Christofol festa
S'en hadefé.
No malgastau un diñé
En tot s'el (?) any,
Empero vuy res se plany
Tot va rumbant.
En un mes no gastau tant
Com esta tarde.
Ses dones van una guarda87
A passetjá,
No sen ten sonó crida:
« A ley, aley » M
Tant si esjovecom n'es jay
Totbom los tnou
Y ellas que fan un renou
Y algaravia
Que nobi ha ningu que sia
Capas a tant,
Pero sempre van avant
Filis que es molt tard.
Deves la set y un quart
Fan berenada
O preñen ayga gelada
En que muya.
Moltas no voleu sopa.
Nt en tenon ganas,
Perqué ja están de vellanas
Fins en es coll ;
Forme [jadas, biscuit molt,
Cocas, turrons,
Pasta real, canyallons tt9
Cocas rosadas:
Es coníits van á grapadas
Molts nhan compráis,
Y de datils confitáis
Inici
Següent
— 05 —
Oualque barquera ,0 ,
Me haría pres se quimera
i)e proseguí,
Pero ja bastara axi.
Bastan he dil
Y tot axo heu teoch escrit
A un papé.
En ses décimas lambe
Molten el punt.
Que diehen domant demunt,
Tollo que jmssa.
Jo lem que nos los.cans massa
Tañí de xerrá
Y no lo voy apura
Se paciencia,
Pero si em donan lucencia
Puch comensá
Sos decimes y es veura
Si ¡o he acertad
Y ab esto 7l ja he acabad
Se codoíada.
II*
•Vra vaig posa a festeja
Determinat,
Vna jove, d'amagat,
Qu a ca-seva nou sabían
Y molts que m'hi advertían
Que no hi tornas,
Yo qu'en Feya tant de cas!
Nils escoltaua,
Sino que perseverava
En casarmos.
Un punt molt diticuUos
ftom declara
Que no lomaría enirü
Dins ca mon paro.
Ni á'e}) vna bona cara
No la veuria
« Tan maceta (vaig di un dm)
Jo renunciy»
Jo no vuy esse mal íiv
Que Deu nou mana.
Vaig está una setinana
Sense anarhi.
Llavó s'altre ja hi tumi
Tot tresmudat,
Y" ella'm digué: « estimat
Y qu'heu tengut?
Ks lemps que no sou vengut
Ni pocb ni gens?
O son es vostros parens
Q.üus correijexen. »
—« Aysi, que molt m'empedexeh
Per escapa l
Mes snbjeciai tench d'estú
Qu'un bandejat 1 1s
Aquex estii enamorat
A mi nom treu;
Aqueix ana entorn teu
No me estableix!
-— «Ve ya ü qu s'hi oíerex »
(Me va di ella,
Una resposta mo/c heíla
Me fe al instant.)
— <« Nous enamorau vos tant.
Are de mi,
Com jo de vos, xeraíí,
Desqueus conech;
Jo debades malavotj u
I nom alegr'
Y la meva vidaentrog*
A n'el muri"
Ja no bey ha remey per mi
Si no mudau;
Som com el pax micolau 7C
Que tots es pexos fa esta
En gvans terrures 77
O miray do me venturos'
jCos precios
!
Y s'e¿murtJ.
III»
Vn dia ben demati
De ve s fas d«u
Yaig-sentir un gran remen ™
-
66 —
O so de flauta ;
Dotze tías los seguían
eo
Vaig surtir amb sa beca alta
Sen se nabots;
Y es tirapeu
Set beatas fen grans rots
Y me pos de van t la seu
Espirituals,
De Sant Matgí « ;
Perderen tots es caixals
Y al punt rae veig venir
Passant rosarís;
Gran cuadrillada
Vint y quatre estrafalaris
82
Vna grossa tracalada
Que llavors venen,
De processó;
Cuidantse d'es qui pretenen ;
Devantanava es penó
Vn gos gorá 00
Des taconers
Un reverent escrivá,
88
Y sisea val Is cotoners
Y tres boters.
Amb sis mussols.
Llavors mil vuitcens forners
A darrera En Hoba-Cols.
Y un notari;
Y sis cap-pares.
Ab sos pots un poticari
Seguían aquí es confrares
Y el Sant Pau 0<;
D'es set oficis,
Molt hornos vestits de hlau
Es regiment de milicia
Fent cabriolas;
Amb eos present
Repicavan castanyolas
Seguía molla degent
Deu geperuts.
Com gats y ratas
Canta van coran ta muts
Vn carro pie de patatas,
Me, mi, fa, sol;
Dos de cas tan y as;
Les escoltava un mussol
Sis hornos ainb unas can yas
Y quatre sorts,
'Xi comuna pins.
Perseguits de deu mil turts
Si
Vns mossons amb un xoquins
Amb duas egos,
Y un barber,
Ma de deu millons de ceyos
Vna veya amb un paner
Qui les (quiís?) nguiavan,
Ben abrigada,
Y altres tants s'ho miravan
85
Vnamoneya escoliada
Su devantmi;
80
Amb un alicorn .
Venen tho passaraíxi
Venia tocaut un corn
Tanta ^bordell"
Una vadella;
Vaig cridar; — « Pora capell 1
Un coch amb una gran pella
Fora emblavins93 !
Ben mascarada;
Tothom prengué est atapins
87
Llavors sa jaya serrada
Y jo també;
Amb so peu ineugo.
Y aquí tot íi tengué.
88
A derrera rengo, rengo
Y perdonau,
Venia en N yolas
Que tot es raiaplauplau
89
Qui tocava unas massolas
Y no's per riure
Amb cascavells,
Que no* s muyre qui vot viure
Tot está dit
Un essercitd'estornells
Llavors venían;
Y do, germans, bona nit.9*
NOTES DE LA SECÓN DE PARTIE
1. La forme codolada est plus proveníale que catalane (de cauda,
et non de coa ni cua). On pourrait songer á une dérivalion directe
du latín cauda ou versas caudaii, mais le sens qu'on donnait á
ees mots ótait tout autre. V. Wolf Ueber dicLaist pag. 198 et suivantes.
2. II est singulierque nos ancicns ebansonniers nomment Íes
vers rimant par couples et contribuant á former une strophe
appariats et non candáis. C'est le seul pointoú ils se separent de
la terminologie des Leys,
Cela semblera peut-étre moins forcé, si Ton compare avec nos
codolades des formes analogués qui étaient en vigueur, des coblas
caupoaudadúSy par exemple;
Ou bien :
O tu xstia qui est ven^ut de la ira
En aquest servents et Ubre mira
Quauts mals tal vici en lo cor tira
Ardidament.
De tot lo mal la ira est fonemenL...
Si bed'araorrae clamsovenl
£ de ios mals que tots jorns sent
Per ben amar
Negun nos peas que separar...
4. L'indépendance du premier vers prepare la división des deux
qui constituent une couple, comme nous l'avons observó dans lepieces castillanes en pareados (V. pag. 43). Les poetes castillans
durent connaitre nos anciennes codolades% du moins celles de
l'école deValence. Une feuille qui contient des glosas du célebre
Alcaudete nous donne un exemple de strophes construites dans le
ffoüt de la poésie catalane : ABBcCDDeE...mMMMn.
Oídme vo9, señora.
Lo que os diré llorando
Qu'estar tanto callando
Es injusto.
Aunque amor sea justo, etc.
V. Ensayo de una BibL de Gallado, I, 7.
5 Dans le Dit de Traverses et dans les fíesveries publiés par Jubinal : V. Mcyer, Jakrb. f. rom. Lü.t V, 393.
6. A Pexemple de Raynouard et de Diez, nous avons écrit autrefois
Amanieu des Escás. La príncipale objection qu'on faisait á cette
transcription (V. Barlscb, Lesebuch, pag. 241). c'était la forme des,
qu'on croyait exclusivement franc,aise; mais c'était une erreur.
Maintenant nous nous rendons aux preuves nouvelUa données par
Meyer, Bomaniay 1, 384. Mais il y a encoré une cbance de revenir
— r>s —
arfes Escás: ce seraitdans le cas oü Ton découvrirait que la vraie
forme <lu nom do licu de Gascogne élaiL Escás ou Escars. coinme
celle du lieu de Catalogne, et que den représente un de ipsis.
7. Ces deux piéces ont été impriraées par Bartsch, Dcnkmider.
Meyer, I. c , a aonné un noaveau texte de la Arlabecca.
8. Comp. Mev&r, \. c. Nouswoyons que teUe forme métñque n'a
pas été uestinée au chant, mais on pouvaít la récUer avec une
certaine cailenre et avec unaccompagnement musical tres-simple.
Qu'on nous permette de risquer une conjecture qui a le méme inconvénient que l'autre et qui s'appuie sur peu do dioso. Ne pouvait-on nominer arla becca ou rebec certaines picecs qui avalent
un caractére admonitoire ou coraminatoire, par similitude avec le
son aÁgu de riwM.vumwu? La plupaH des dúnonúnalions générvques de la poésie proveníale se référent au contenu, non pas á la
forme métrique.
9. ¿fenys cTargeni, ídiotisme pour manqué ¿Pargent.
10. Cajoler, V.Kayn.,L., IV, 7 et8. 11. II a été imprimé plusieurs ibis, et i! y en a des édilions trésmodernes (bien corrompues). Au commencement de ce siéele.
c'était encoré un des livres oü Ton apprenait álire. Nousavons ce
proverbe trés-répandu : Passal pelegri, pour passerdes travaux.
12. Alexandre VI (1W2-1503) conceda le jubilé a chaqué diocese (Aquila, Dkc. theol.). Ü'aprés des notes prises dans un Arcli.
eccles. par Mosscn P. Parasols, Martin V avait fait cette ooncession avec resírictions en 1425, et, auparavant, Benoít XIII (1394.
déchu 1417, +1424) a\ait dormé )n jxibité au* Églises qui luí
obéissaient.
13. Notrc Pélerin fait son per á ce luí de John Bunyan, piéce tréspopulaire aussi et, á ce quMl parait, de beaueoup de mérito littéraire; mais les conceptions dilTérent, celle du poete anijíaiá étam
tout allégorique.
14. Dans le travail cité sur les poetes catalans, nousuvon.s ilonné
auelques vers sur le Paradis. Nous nous sommes servi du ms.
ue la Biblotliéque provinciale de Barcelone, le seul ancien qui
existe á notre connaissance.
15. II substitue souvent, comme tant d'autres, ü a l.
lü. Ce singuJier ouvrage rappelle les Cridas *=atiriques de Vich
et certains usiges, encoré existants, du jour iles Immcents. Ou
saU qu'anctennvsmeniün ¿hsail a Oirone un Imbat» el un abato
Ces jeux, dont certainement on abusait, n'avaient rien d'esseniielicmeiuirrévórencieux. Dans un monastére bien coiinu par la sévéritédeses mceurs, on faisait, ií y a bienpeu de temps, un abato d'un
des enfants de chcaur : on lui attribuaitun semblan t <le juridiclion,
et on mettait sous ses ordres d'autres enfants travestís en mozos de
la escuadra (espéce de gendarmes indigénes).
17. Vtilgarfir: Vegratigna— (En pat. santong.: grafjigncr: égratigner. Boucherie.
18. Le tenant encoré sous m main. Ou bien : A me tenant: me soutenant,
19. G'est l'italien abbacinare:éblouir (avec le rellet de l'eaud'iin
bassin ?)
20. Nous parlerons pour mémoire d'un ouvrage liecncieux: Libre
— M —
de Fray Bcrnat, compost per Frnnvwch de Lavia, per pendro, solaz
{ Bibl. Col.), qufe nous ne connaissons qu(» par la notico du traducteur do Tichnor, I, 539. Les deux échantillons qu'il en odre
( dans le premier, on doit líre calents au lieu de caloros) sont on codolada. et precedes de la parole £«y. Est-ce qn'on donnait ce nem
á la codoladtif Du moins, on le donne 4 une picce de Torroclla,
qui était en AAb BBcC, etc<
2í. Les püiers de ia beiie Bourse de Valonee.
22. Terriñes, recoins, trous.
23. Bijmtx.
24. On doit lite sans donte :
Qu'rn mala sort,
Nora fos falit.
25. V. Procesde las Olive*, éá. de ÍG6Í. D&ns }a page anlérieure,
il y a une espece d'ópigraphe de neuf vers : « May on somnis se
deucreure », etc.
26. G'est le castillan ogueros.
2?. Ce dernier vers de la cocada ne jeste pas blanc; il rime
avec le premier d'une autre piéce d'une autre partie du méme
poüme en raétre différent. Le « Puix sabeu quant es cosa certa » doit
rimer avec le dernier vers d'une partie precedente. C'est un gen re
semi-popuJaire, traite Je plus artistiqupment possiblc.
28- V. Quadrado, Palma, 1840. Gct excellent auteur noramc la
piéce « un rimado o codolada, especie de romance indígeno de un
metro particular. »
29- Ce dernier noro (et sans doute d*autrcs) est encoré porté par
une famille distinguéede Majorque. Parmi les victimes est aussi
nominé un Bonapart, de la famille qu'on croit avoir été la souebe
des Bonapartes de Corsé.
30. C'est une des feuillesde la colleetion de Mossen Droguera,
31.I*ev versificateur a voulu faire deux mots de assi et asi, mais il
n'y a qu un asH = aci.
32. Cette piéce etcelles qui suivent. jusqu'au Fastichs inclusivement, sont encoré vendues a Barcelone en feuilles détachées. Par
les noms de lieu et par qudlques índices du J a n ^ e , eJíes paráissent presque toutes avoir été écrites dans le lerritoire de Vicli.
33. On la trouve ajoutée a une des éditlons du Caball.
34. Pobre (pron. pobra) et carnatlollas sont de simples assonants.
Nous allons en trouver beaucoup d'autres.
35. Nous ne croyons pasque cette expresión appartienne k f cxsage
vulgaire actuel.
36. Diners (pron. dviAs) Btprocéssoui phonéúo;uement de bons
consonants de méme despatxíiQt enliardar (deux infhütifs inégalement écrits).
37. C^st Ja partie supérienre do Ja tete du porc (ici sanglier),
38. Mot baroque, formé probablement de geómetra,
5
— 70
-
39. Corruption volontaire d'un mot savant (consonancia?)
40. Nous disons aujourd'hui: avocai de. peu de margc.
41. On doit corriger (?): A buiir aquista en1 dera.
42. fíorrechs (potits agneaux). sans doute d'origine catalane, mais
introduit (lej)uis longtemps, c.omme on voit par mauxa-borrega,
un des noms déla cornemusc.
43. Geni d'upa: gentde qualitt. Cf. la locution francaise « des gens
huppós », des personnes déla haute classe. Boucherie.
44. Dans la feuille, cettepiéce est suiviede deux décimas (c'est le
ñora donné par le peuple á toute piece versiliée qui n'en porLe pas
d'autre): ce sont cleux quatrains d'uue facturo tout á fait populaire:
Qüi voldrft toca verbal
He li podran dir boloni;
Qui vol«l rá toca verbal
BM li podran der tabal.
Qui a jutge voldrá ana
Si es rich tornará pobre;
Quia jutge voldrá ana
Al faran ana a capta.
45. Au XV1II« siecle, il n'y avait pas d'univcrsité ¿\ Barcelone.
D'ailleurs, la niece parle d'un roi Felip, Gastillan, ce qui á la rigueur ne convientpas á Philippe V.
46. Nous croyons que la pretnieTc rédaction disait: mil siscenls
vuylanlP'Vuyt^ei que quelque éditiur plus récent a mis seleents pour
rajeunir l'ouvrage.
47. On peutobserver l'usapje qu'ontlos jaysans d'individualiser
le loup, quoiqu'ils sachentbien qu'il y en a piusieurs.
48. Ge sera le reyato (roitelet), que le poete nomine ironiquement le roi des ronces,
49. Il y a ici quelque confusión dans les testes, mais il resulte
évidemment du coiUenu que le dernier maitre fut un ¡lequcr (boulanger).
50. BaleüSy cfest la vraie prononciation de Vich de notre baletg
(batetj).
51. Le petit abbédu XVIII o siecle(cast., abate), distinct de Yabai
(cast., abad).
52. Faatich) Htt. ennui, dégoúl.Notre exomplairc cst tres-corrompa
et imprimó en forme de prose: il y a d'aulrcs versions. On en a
fait une imitaüon tres-modorne (elle parle du mirinyach) qui suit
avec assez de íidélité la forme de la codolada.
53. On écrit génóralemonLxanaJ/ia.* cabás* Le premier mot du vers
fut sans doute changé par décence.
54. Croupüre.
55. C'est une forme correspondan te á setrill ou aetrcll : vinaigriére ?
56. Absisaí et cnsi&al sont des corruptions du cast» hechizado.
57. La plus longue codolada qui existe (elle i environ seizc
mille vers) est toute littéraire et, par consóquent, en dehors de no-
— 71 tro cadre; c'est Joan Garí... par le R. P. D. Igaci Corrons, Monge
Benedicli, ja (italianisme) Président de Monserrat. Cet attachcmcntá unraétre propre a. notro poésie, de lapart (Fuñe persontic
si respcctable, ¿loignéc de son pays, a pour nous quelquo chose de
Louchant.
58. Nous leur dcvons aussi l'explication de quelques mots majorquins qui manquent dans le Dice de Figuera. — II faut so souvenir de l'emploi ue l'articlc majorquin es, se.
59. Gette codolada fut composéo pour un jour do la fete de
saint Clmstopue, patrón de la rae de la Calatrava, dans Palma de
Majorque. Le versiticateur s'égaye aux dépens de la prodigante des
habitants de cette rué le jour de la fete.
00. Dutlicr.
61. Du castillan ceurro: généreux ave,c, oslenlation.
G2. Dans cette rué abondent les tanneurs ; le versificateur fait
allusion a la mauvaise odeur des préparations particuliéres a cette
industrie.
G3. Confusión du participe actif avecle passif.
64. Baptisé, c'cst-á-dire melé cteau.
G5. Saboí.
66. En Catalogue, arremangáis: rctrounftés,
67. Littéralement: convoi de beles desoíame; par extensión, mulli*
lude de personnes.
08. Cri de joíe aux fiHes publiques. La e a un son raixte : c'est
pour cela qu'on a fait consonner aley avec jay,
C0. Pule en forme de íresse.
70. Leu fruils qui restent au fond du panier aprés le marché.
71. C'estle démonstratif neutre castillan.
72. Cette codolade a un autre ton que la plupart des autres, qui
sont satiriquos: peut-étre y manque-l-il un (inal plus gai que le
reste. Elle a des traits vraiment naífs.
73. Bandit.
74. Je cherche,)esgaye.
75. A la morí.
76. Le Pexe Xicolao fut un grand nageuv dont parle le Quizóle.
Nous voyons que la tradition populaireaaltóró son nom et l'a transformé, á cequ'il parait, en un monstre marin.
77. Forme étrange pour Icrror* : terreur».
78. G'est une fantaide humoristique, uno espéce de mascarade.
I/auteur montre de l'invontion; mais beaucoup de ses saillies sont
tres-froides.
79. Parole onomatopéique, co r res ponda ntau verbe miauler.
80. Bonnet.
81. On don no ironiquement le nom de sen (égliso cathédrale) a uno
chapelle de ce saínt.
SI. Multilude.
83. En Catalogue, on nomine aussi colonina* les cavatU colonen.
Ge sont dos danseurs engaños dans un cheval do cartón, av
cspece dejupe de cotón. A Montpellier. on a conservé un u ^
scmblahle. (V. Germain, Hifít. delacamm. dcMonlp., 111, 200.)
Si. C(*st ce qu'en Catalogue orí nomme nenyors ftobrrx. N
croyons que le mot curnit qui en catalán siiítiilio aujourd'hui \
sonne ou chosc do mauvais ton, á forigine, dans la bouehe
bohémiens, avait cetteacception. On chante á Majorqueunq^atr.
assez spiritucl a l'cndroit des mossons :
A ciutat hey ha mossons
Qui duhen gants tol lo dia
Y com arriba*! mig dia
El gat jeu dins els fogons.
c'est-a-dire, il n'y a pas de feu dans les fourneaux. —- An
ment, com me on voit dans les vers cites á ta pag. 57
signifiait, á Majorque, J/ontriVur.
85. DiminutLf de mona : guenon.
86. Unicorne.
87. Jaya serrada: i>iW/f,*rw5í\G,est lo caréme personnifió en vie'
¿qui on coupe un des septpicds chaqué seraaine, et que Ton fe
de scier a la mi-caréme.
88. Fainant suite.
80. Crécelles.
(
.)0. Gorú, c'est-a-dire Halan, Remarquez l'impropriété de ce terme
appliquó a un chien ; mais c'est á dessein que Tauteur l'a ainsi
employé*
í)í. C'étaitprobablement un hommc ii qui Ton donnait ce surnom.
On ap])elle, impropremonr. a ce qu'ilparait, imSantPau les hornmes
do haute taille.
$2. Ávcc un grand dr.aordrc.
03. Gesten vt twclamalions oulréen.
On vend a Valonee des [ñecos vulgaires en lignes alternativement longues et courl.es. rimant ordinaitement deux par deux;
les longuo* olTrent assez souvent ceLte particularité qu'ellns forment
des vers n-guliers de neuf s y lia bes ((drcnuihtho castillan). Ges \ú *proviennent sans doute de rancien genre de la" codolada; mais
sont trop irrégutieros pour qu'on leur donne ce nom.Nous cite
comme excmple Colloqui non del casament de Miqwlo y Tor.
MONTPELLIER, IMPRIMERIE CÉNTRALE Dü MTD1
(RicntCAU. HnnuHn ct < Ir
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