Tribune de Genève

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Mercredi 9 juillet 2014
Genève
&région
Le chef Kazuki Yamada mène
l’OSR dans les salles japonaises
Page 22
Mondial: les Genevois
ont rangé les drapeaux
Page 17
YVES PETIT/AP
Mobilité
Encre
Bleue
Les métiers du bâtiment
veulent bloquer le CEVA Voleuse
volée
Les CFF ne
respecteraient pas
la Loi sur les marchés
publics, accusent
les professionnels.
La porte-parole
du CEVA dément
Marc Bretton
Trahison, trahison! Les associations
professionnelles en ont assez. La
Fédération genevoise des métiers
du bâtiment (FMB), la Métallurgie
du bâtiment Genève (MBG) et les
professionnels de la construction
métallique (Métal Genève) sont sûrs
que l’attribution des lots relatifs au
second œuvre sur le chantier du
CEVA est en train de passer sous le
nez des entreprises genevoises et
suisses. Le sort du lot des cinq gares
de la ligne Cornavin - EauxVives-Annemasse (CEVA), devisé à
«On a déjà perdu
dix-neuf mois avec
ce chantier, un ou
deux de plus n’y
changeraient rien»
Nicolas Rufener
Secrétaire général de la Fédération
des métiers du bâtiment (FMB)
plus de 100 millions de francs, est
en cause: «Les CFF ont mis au
concours les cinq gares en un seul
lot, tempête Daniel Hofmann, président d’honneur de Métal Genève.
C’est un mandat à 100 millions. Sa
masse exclut de fait des entreprises
genevoises qui, unies en consortium, auraient pu en réaliser une
sans difficulté.» Selon diverses sources, la lutte opposerait un consortium suisse à deux entreprises
étrangères et l’adjudication pencherait en faveur de ces dernières.
Sonia Gatti (Métallurgie du bâtiment), Daniel Hofmann (président d’honneur de Métal Genève) et Nicolas Rufener (FMB). LUCIEN FORTUNATI
échange de la promesse de mener
un chantier exemplaire.»
L’interprétation de la Loi sur les
marchés publics est au centre de la
polémique. Votée en 1994, dans la
foulée des accords de l’OMC libéralisant l’accès aux marchés, la loi fédérale s’est fixée pour objectif, entre autres, de «renforcer la concurrence entre les soumissionnaires».
Or, selon les associations professionnelles, les CFF imposeraient de
plus en plus aux entreprises désireuses de décrocher un marché de
se regrouper. «Pratiques pour le
maître d’ouvrage, les consortiums
limitent le nombre d’interlocuteurs
tout en impliquant un grand nombre de sous-traitants, expose le chef
d’entreprise et conseiller national
PLR Hugues Hiltpold, qui a relayé
au niveau national, sans résultats,
les inquiétudes des associations. Le
risque, c’est de voir la concurrence
affaiblie, soit par un nombre insuffisant de soumissionnaires, soit par
une mise en consortium quasi forcée de ces derniers, ce qui va à l’encontre de la Loi sur les marchés publics.» Selon le conseiller national,
le succès d’un recours contre une
adjudication ne serait pas exclu.
D’autant plus que Berne examine la
possibilité d’interdire à l’avenir les
consortiums. «Si les CFF veulent
éviter de devoir rendre des comptes à la Commission de gestion du
Parlement fédéral, ils ont intérêt au
minimum à respecter la loi.»
«Nous respectons la loi»
Les CFF ne respecteraient-ils pas la
loi? Caroline Monod, porte-parole
du CEVA, le nie absolument: «Nous
avons déjà affronté des critiques
lors de l’attribution des marchés
pour le gros œuvre, souligne-t-elle.
Nous respectons évidemment la loi
et nous l’appliquons. Il faut savoir
d’ailleurs que 100% des lots du
CEVA ont été décrochés par des
Le Canton minimise les problèmes
Arrêter les travaux
Du coup, les lobbyistes, fâchés également en raison d’un autre lot qui
imposerait la mise en consortium
de plusieurs métiers de «manière
contraire aux usages suisses», réclament une pause: «L’appel d’offres
en cours doit être suspendu, explique le secrétaire général de la FMB,
Nicolas Rufener. Il faut réexaminer
les appels d’offres et les résultats.»
Au risque de tout bloquer et de perdre de l’argent? «On a déjà perdu
dix-neuf mois avec ce chantier, un
ou deux de plus n’y changeraient
rien», riposte Nicolas Rufener. «Les
CFF ont une obligation légale de
respecter la Loi sur les marchés publics, ajoute Sonia Gatti, secrétaire
générale de la Métallurgie du bâtiment, mais aussi une obligation morale envers l’économie suisse et les
entreprises qui se sont battues en
2009 pour faire accepter à la population un crédit supplémentaire en
Contrôle qualité
U Président de la cellule d’accompagnement tripartite des travaux
du CEVA (CATTC), qui regroupe
l’Etat de Genève, les CFF et les
partenaires sociaux, l’ingénieur
cantonal René Leutwyler répond
à nos questions.
Pensez-vous, comme la
Fédération des métiers du
bâtiment, qu’il faut stopper
l’adjudication des travaux du
CEVA pour le second œuvre?
La CATTC a été créée en 2010
suite aux protestations liées à
l’attribution des travaux du gros
œuvre. Aujourd’hui, les travaux
se déroulent sans problème.
Pour le second œuvre, trois lots
ont été mis au concours par le
maître d’ouvrage, les CFF. Les
entreprises avaient dix jours
pour faire recours contre les
conditions d’adjudication. Le
René Leutwyler
Ingénieur
cantonal
délai est échu et il n’y a pas eu de
recours.
Mais au Conseil national et au
Grand Conseil, des interventions
mettent bien en cause ces
conditions d’attribution…
A ma connaissance, ces éléments
ont été traités par le comité de
pilotage du CEVA (ndlr: structure
de projet regroupant l’Etat, les
CFF, l’Office fédéral des transports), notamment sous l’angle
du respect de la Loi sur les
marchés publics. Les reproches
ont été entendus et n’ont pas
trouvé d’écho. Mais globalement,
il faut préciser que le chantier du
CEVA est énorme, ce qui
implique des regroupements
d’entreprises, même des plus
grosses localement.
Selon les critiques, le
regroupement des travaux en
quelques lots seulement exclut
de fait les entreprises locales et
limite la concurrence. Votre avis?
Il y a certainement un équilibre à
trouver entre les petits lots, dont
la multiplication pose des
problèmes de gestion, et les
grands. En ce qui concerne le lot
des gares, il faut savoir qu’il s’agit
de la construction de prototypes
dessinés par l’architecte Jean
Nouvel, qui mêlent verre et
construction métallique. Le
maître d’ouvrage a voulu un
prototype répété cinq fois, raison
pour laquelle il n’y a qu’un lot.
M.BN
consortiums.» Caroline Monod souligne que la mise au concours d’un
lot unique pour les gares CEVA vise
à réduire les coûts de construction
et d’entretien en imposant les mêmes installations. Elle souligne aussi
qu’aucune entreprise n’a fait recours contre les appels d’offres mis
en cause par les associations professionnelles…
Un peu lâches, les entreprises?
Peut-être. Mais une grimace expressive de Daniel Hofman fait aussi
comprendre que la crainte de se
mettre à dos les puissants CFF explique aussi cette apparente docilité. De plus, si les métiers du bâtiment sortent de leurs gonds, ce
n’est pas qu’à cause du CEVA. C’est
aussi parce qu’ils ont d’autres travaux en ligne de mire, notamment
ceux de l’extension de Cornavin,
devisée à plus d’un milliard de
francs, et la possible traversée de la
rade, devisée, elle, à 1,5 milliard de
francs. Le débarquement de mégagroupes étrangers les réduisant au
rang de simples sous-traitants les
inquiète. «Car la concurrence porte
alors uniquement sur les coûts,
avec tous les abus possibles, malgré
les dispositifs de contrôle mis en
place», prévient Nicolas Rufener.
Ce n’est toutefois probablement
pas la résolution votée par le Grand
Conseil sur «l’accessibilité des travaux du CEVA aux entreprises locales» ni la structure tripartite mise en
place après les polémiques de 2010
qui y changeront quelque chose
(lire ci-contre).
Notre dossier
sur le RER genevois sur
www.ceva.tdg.ch
La vie nous réserve parfois de
drôles de surprises…
Et ce n’est pas Anne qui dira
le contraire. L’autre jour, elle
prend son petit sac à dos bleu et
cache son porte-monnaie dans la
pochette intérieure munie d’une
fermeture éclair. On n’est jamais
assez prudent quand on sort…
Ainsi parée, elle prend le bus
pour se rendre au chevet d’une
amie centenaire, babille un
moment en sa compagnie puis
revient à la maison. Tout va bien.
Un truc pourtant la chiffonne.
En posant son sac à dos, elle voit
qu’il est grand ouvert. Or elle ne
l’a pas touché de tout le trajet…
Bizarre! Mais comme son
porte-monnaie est toujours à sa
place, elle passe à autre chose.
Le lendemain, la coquette
vide le contenu du sac bleu pour
le transférer dans le sac noir qui
ira si bien avec sa tenue du jour.
Stupéfaction! Elle découvre
alors une superbe bague en or!
Une alliance de femme. Que
diable fait-elle là?
Anne se creuse la tête un bon
moment. Et ne voit qu’une seule
explication à la présence de ce
bijou. La main qui a ouvert son
sac dans le bus l’a perdu en
farfouillant dans ses affaires. Tel
est pris qui croyait prendre!
Que faire de l’anneau? Anne,
«voleuse malgré elle», n’ira pas
le déposer aux Objets trouvés.
Elle le garde en représailles.
D’ailleurs, cette bague semble
faite pour son doigt. Alors…
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Sur le Web aujourd’hui
Dès 16 heures
U Jeux Le champion du
monde de baby-foot est un
Genevois. Son nom est
Christian Szulle. Découvrezle en action dans une vidéo.
U GE200.ch Tram
d’histoires, une opération
TPG pour voyager tout en
apprenant l’histoire de
Genève.
U Patrimoine Visite au
château de Monteret, près
de Saint-Cergue, qui
accueille depuis plus de
soixante-cinq ans des
camps d’enfants.