Tribune de Genève

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Tribune de Genève | Samedi-dimanche 14-15 juin 2014
Corpsetâmes
Crinières argent et escarpins
vintage twistent au kiosque
Dimanche, les aînés envahiront la rotonde des Bastions pour guincher au Bal de printemps des seniors
Irène Languin
C
e week-end, on se trémoussera sec sous l’œil austère
des Réformateurs. Et il n’y
aura pas d’âge pour allumer la piste: les doyens des
Genevois gambilleront allègrement au milieu de la verdure à l’occasion de la 4e édition du Bal de printemps
des seniors, qui se tiendra dimanche
après-midi au kiosque des Bastions. Car
ce n’est pas parce qu’on ne va plus en
boîte que la fièvre du rock’n’roll et les
fantaisies badines s’en sont allées. Preuve
en est le succès jamais démenti de l’événement, qui accueille annuellement près
de 200 convives.
Le programme s’ouvrira, d’abord, sur
de solides agapes, avec un brunch permettant la béatitude des panses et les
aimables bavardages. Les tables, ensuite,
feront place à l’orchestre et aux danseurs.
«Il ne faut pas s’imaginer de la musique
pépé-mémé, s’exclame Daniel Vaillant,
timonier de Cité Seniors, l’antenne sociale de la Ville destinée aux aînés, qui
coorganise la manifestation. L’ambiance
est twist et rock, voire chansons des années 80!» Cette année, un parfum de cowboy flottera même sur la piste, puisqu’une démonstration de danse country
en ligne agrémentera le menu chorégraphique.
Bouger, partager, flirter
Et l’énergie des valseurs retraités surpasse
largement celle de bien des jouvenceaux.
«Certains sont sacrément en forme, poursuit Daniel Vaillant. Une moyenne d’âge
de 70 à 75 ans ne change rien à l’affaire.»
L’un des objectifs des festivités est précisément de se faire du bien, au corps et à
l’âme. Si les bienfaits physiques de la
danse ne sont plus à démontrer, le bal est
aussi prétexte à la sociabilisation, dans
l’idée de lutter contre l’isolement, fléau
magistral de l’avancée en âge. «En bougeant, on se maintient en condition, évidemment, souligne Yves Perrot, responsable du domaine seniors à l’Hospice général, qui cornaque l’événement avec ses
collègues de Pro Senectute et de Cité Seniors. Devoir se souvenir des pas est également bon pour la mémoire. Et bien sûr,
c’est le lieu d’échange et de partage.»
Le dialogue s’avère parfois diablement
constructif. C’est qu’on n’hésite pas à flir-
Le Bal de printemps des seniors se tient depuis quatre ans au cœur du parc des Bastions avec bonne humeur et élégance, un dimanche de printemps. MAGALI GIRARDIN
ter, au Bal de printemps. «Certains viennent pour draguer, sourit Daniel Vaillant.
Et les tentatives émanent aussi bien des
femmes que des hommes.» Des avances
qui se soldent quelquefois par une jolie
histoire d’amour: un couple fort solide
s’est formé lors d’une précédente édition,
nous chuchote une source autorisée…
La tâche, toutefois, s’avère un poil
plus ardue pour les dames, qui se retrouvent toujours surnuméraires. Le nombre
des années ne métamorphose pas les mâles en phénix de la virevolte: comme au
temps de l’adolescence, il y a disette de
mecs sur le dancefloor. Il faut dire que les
femmes se retrouvent plus tôt veuves; ou
qu’une fois divorcées, elles dénichent
moins vite un nouveau compagnon. Sans
compter que la gent féminine est «toujours plus impliquée et participative», selon l’énergique animateur de Cité Seniors.
Faire tournoyer les donzelles
Qu’à cela ne tienne, les organisateurs ont
remédié à ce léger déséquilibre en engageant trois taxi boys afin de faire tournoyer les donzelles esseulées durant
l’après-midi. «Les excellents danseurs
sont très convoités mais ils viennent en
couple, précise Yves Perrot. Ces taxi boys
donnent l’occasion aux dames de bénéfi-
cier d’un cavalier talentueux le temps
d’une chanson. Cela leur est très agréable!»
Lorsque l’après-midi touche à sa fin,
l’enthousiasme est si vif qu’il est parfois
difficile de se résoudre à ranger souliers
vernis et robes à volants. «Il est arrivé
qu’on ne parvienne plus à faire quitter la
piste aux gens», s’amuse le chef de service à l’Hospice. Heureusement, les aînés
ne devront pas patienter trop longtemps
pour chalouper passionnément. De nombreux bals et thés dansants ainsi que des
cours de danse sont mis sur pied tout au
long de l’année par les trois entités organisatrices de la sauterie de demain.
L’occasion pour les anciens de s’offrir
régulièrement une petite cure de jouvence: «Au moment où les gens dansent,
ils oublient leur âge et ont à nouveau
20 ans, c’est impressionnant!» souffle un
Yves Perrot admiratif. Vous qui doutiez
de la pérennité de l’esprit de la fête dans
le cœur des aïeux, un conseil: dansez, dès
maintenant…
Bal de printemps des seniors
Dimanche 15 juin de 13 h 30 à 17 h 30
au kiosque des Bastions (entrée libre).
Brunch dès 11 h 30
sur réservation
au 0800 18 19 20 (25 fr.)
Et si on causait sexe?
Sociologie
Chéri, arrête de mater des films pornos, tes érections mollissent
«Sporno»???
J
e n’arrive plus à avoir de
bonnes érections avec ma
partenaire. Est-ce que cela
peut être lié à la consommation
d’images pornographiques?
Catherine Solano
Directe, précise, technique
s’il le faut, notre sexologue
nous parle de ce qui se
passe sous notre couette
Ecrivez à notre sexologue:
[email protected]
Contrôle qualité
Oui, les images X peuvent
contribuer à entraîner des
problèmes d’érection. Mais avant
d’incriminer ces images, si vous
avez plus de 50 ans, il serait bon
de faire un bilan cardiovasculaire,
car une atteinte des artères peut
avoir un impact négatif sur
l’érection. Le diabète aussi, et son
dépistage serait indispensable.
Sinon il faut voir aussi si vous
prenez un médicament pouvant
entraîner une dysfonction érectile.
Pour cela, je vous engage à aller
consulter votre médecin.
La pornographie peut avoir un
impact très important sur
l’érection. Cette semaine, j’ai
entendu un patient de 32 ans me
dire: «J’ai arrêté d’aller sur
Internet regarder des images X
depuis trois semaines et ça y est,
je recommence à avoir des
érections…»
Pourquoi cet effet? Les films X
visionnés de manière régulière
finissent par créer des circuits
d’excitation spécifiques: votre
excitation s’habitue à être
déclenchée par ces images et les
circuits classiques d’une excitation en couple peuvent tendre à
s’éteindre.
A deux, l’excitation est provoquée
par des stimulations très variées:
la relation, le toucher (contact
contre l’autre, caresses, baisers),
les odeurs (de la peau, des
cheveux, des zones érogènes, du
goût des baisers), les sons
(paroles, soupirs, gémissements,
musique) et la vue (du corps de
l’autre, de son visage ressentant
du plaisir…),
Dans le visionnage d’un film, seuls
des images et des sons très
calibrés, caricaturaux et fort
éloignés de la vraie vie, contribuent à faire monter l’excitation.
Si votre cerveau surstimule ces
circuits, il se déshabitue en même
temps des circuits de l’excitation
en couple.
La question à se poser, c’est:
pourquoi j’investis autant la
pornographie? Cette situation
révèle qu’une caricature de
sexualité dénuée de sentiments et
d’émotions peut sembler plus
simple et accessible qu’une
relation à deux. En effet, la
relation de couple est très
chargée émotionnellement, et
cela peut faire peur… Ou il peut
sembler plus complexe d’associer
sentiments, relation affective et
excitation sexuelle. Cliver la
sexualité, l’externaliser dans la
pornographie à côté d’une
relation de couple simplifie la
situation! C’est aussi se priver de
la richesse, de la puissance de la
sexualité lorsqu’elle est vécue à
deux…
P
our causer branché, il va falloir
dégainer du «spornosexuel».
Du quoi? Du spornosexuel, oui,
un néologisme combinant porno,
sport et sexuel qui désigne une
nouvelle tribu masculine et
occidentale. Mais reprenons depuis
le début. Il y a quelques années avait
surgi un nouveau type sociologique:
le métrosexuel. Soit le célibataire
urbain, coquet, hétéro et financièrement pépère. Or ce modèle-là a
vécu. Son remplaçant ne se
contente plus de soigner son look, il
sculpte son corps. Arbore biscoteaux, tattoos, barbichette canichée
et piercings. Sa plastique est son
argument; son intellect plus guère.
Spornosexuel: on vit une époque si
distrayante… J.EST.