CharlesBeigbedermisesurlesentreprisesfamiliales

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Mardi 8 avril 2014 Les Echos
FINANCE
&MARCHES
LE REAL BRÉSILIEN REMONTE
LA PENTE AVANT LES ÉLECTIONS
Le real remonte à son plus haut
niveau depuis le 31 octobre
dernier face au dollar. Des
investisseurs espèrent une défaite
de la présidente Dilma Rousseff
lors des élections prévues en
octobre prochain. Un sondage
publié lundi ne lui donne plus que
38 % d’intention de vote, contre
44 % en février. « Quand ces sondages baissent, le real a tendance
à monter », constate un analyste.
indices
Délaissés, les fonds ouvrant droit
à avantage fiscal repartent à l’offensive
l OTC Agregator lance un fonds grand public investissant dans le cinéma, parrainé par le producteur Légende.
l Décriés pour leurs faibles retours sur investissement, les fonds fiscaux repensent leur politique de gestion.
reste très en deçà de 2008. « Les
fonds fiscaux doivent se réinventer »,
conclut le dirigeant d’OTC, qui gère
déjà 360 millions de fonds fiscaux.
La première vague de relance est
passée par le partage d’une identité
géographique. OTC Agregator a,
par exemple, lancé un fonds fiscal
de 10 millions d’euros dédié à la
Corse et un véhicule frère dédié à
La Réunion. La société de gestion
Siparex a aussi fortement tiré profit
de son ancrage régional, en RhôneAlpes, pour développer des véhicules sur le reste de la France.
CAPITALINVESTISSEMENT
Anne Drif
[email protected]
Acteurs et producteurs ont joué
les vedettes de la finance lundi soir.
Un aréopage de l’industrie donnait
en grande pompe le coup d’envoi
au premier fonds fiscal grand
public dédié à l’industrie du
cinéma. La société de gestion OTC
Agregator associée au producteur
Légende (« La Môme », « Les
Rivières pourpres ») inaugurait
OTC Grand Angle, un véhicule
d’investissement dans les scénarios de films.
Ce fonds ambitionne de collecter
15 millions d’euros dont la moitié
servira à racheter le portefeuille
d’une trentaine de scripts de la maison de production affiliée à Gaumont. Avec le solde, le fonds financera de nouveaux scénarios et
investira dans des PME matures du
secteur du divertissement. Au
menu des nouveaux projets,
« 99 roubles », la suite de
« 99francs »adaptéduromanbest-
Capital garanti
seller de Frédéric Beigbeder, et
« HHhH », adapté du prix Goncourt de Laurent Binet sur l’opération d’assassinat du dirigeant SS
Reinhard Heydrich.
Le lancement de OTC Agregator
illustre un mouvement structurel
sur le marché des fonds ouvrant
droit à un avantage fiscal. Frais de
distribution excessifs, défaut de
conseil, manque de transparence,
rétrocessions annuelles sans contreparties pour l’investisseur... Les
critiques de 2009, visant ces fonds,
ont en effet alimenté les remises en
cause du dispositif par les gouver-
nements successifs. Un mouvement qui s’est aussi nourri de piètres performances, sous couvert
d’offrir un avantage fiscal. Résultat,
avec la baisse des avantages fiscaux, la collecte au titre de l’impôt
sur le revenu est en recul depuis
2010 et celle de l’ISF résiste, mais
Les fonds fiscaux renforcent aussi
leurpolitiquedegestion.« Lessouscripteurs ISF sont de nature conservatrice et à quelques exceptions, ne
veulent pas investir dans des supports volatils comme dans les
start-up. Les particuliers de manière
générale n’attendent plus seulement
une réduction d’impôts. Ils exigent
qu’une vraie politique d’investissement soit menée, avec un retour sur
investissement », précise Guillaume-Olivier Doré, qui se donne
comme objectif minimal un retour
sur investissement de 12 %.
Le fonds OTC Grand Angle, qui
s’adressera à la fois aux souscripteurs ISF (50 % de déduction
offerte) puis en fin d’année à ceux
voulant déduire de l’impôt sur le
revenu (18 % de réduction
d’impôts), se fait fort de maîtriser
l’aléa sur les performances. « C’est
Légende qui prend le risque créatif, ce
ne sont pas les souscripteurs », précise le président d’OTC. Ceux-ci
bénéficieront d’une quasi-garantie
de leur capital, à la différence des
Sofica, des fonds plus élitistes gérés
sous agrément du Centre national
du cinéma (CNC). En effet, c’est
seulement si le scénario n’est pas
produit que le contribuable ISF perdrait la moitié de son investissement, mais cela reviendrait finalement pour lui à régler la totalité de
son impôt sur la fortune exigé par le
fisc.
Il reste que 90 % des scénarios
précédents de Légende ont été produits. Dans ce cas, les souscripteurs
retrouvent leur mise, même si le
film n’est pas un succès commercial.Siensuitelefilmsortensalle,ils
sont assurés de toucher 1,5 fois leur
mise.Enfin,silesuccèscommercial
est là, ils la doublent. n
Charles Beigbeder mise sur les entreprises familiales
Audacia, sa société de
gestion, donne la primauté
aux PME à forte marque. Elle
promet à leurs fondateurs
l’absence de dilution et la
pérennité aux souscripteurs.
S’il a connu quelques infortunes
dans d’autres investissements,
Charles Beigbeder a su sentir venir
lechangementdemodèleéconomique des fonds donnant droit à économie fiscale. Audacia, la société de
gestion dans laquelle a investi
l’homme d’affaires, s’est en effet
forgé une place à part au sein du
marché des fonds fiscaux, en
misant sur les PME familiales à
forte marque, comme l’enseigne
Kusmi Tea, le fabricant de meubles
Fermob, les vêtements APC ou le
fabricant cirier Cire Trudon créé en
1643 (voir focus ci-dessous). « Nous
ciblons des PME solidement établies
dansdesmarchésmaturesplutôtque
dans celles qui testent leur modèle
économique », explique Alexis Dyèvre, qui pilote Audacia.
Pour les souscripteurs, c’est
l’avantage d’investir dans le tissu
économique français traditionnel.
Mais c’est aussi l’assurance que
l’enseigne, parfois vieille d’une centaine d’années, a su résister à tous
les chocs et qu’elle offre une promesse de retour sur investissement
à long terme.
L’avantage fiscal suffit
La société de gestion parie de ce fait
davantage sur la pérennité du rendement que sur une promesse à
deux chiffres. « Les souscripteurs
bénéficient de l’avantage fiscal, largement suffisant, et peuvent donc laisser à l’entrepreneur une partie de la
valeur créée. En proposant du capital
patient qui n’étrangle pas financièrement les PME, Audacia attire ainsi
un nombre significatif d’entreprises
en croissance, avec comme objectif de
diversifier le risque et de protéger le
capital investi », poursuit le responsable de la société de gestion, qui
gère 320 millions d’euros d’actifs.
Audacia mise en outre sur la trans-
parence auprès des souscripteurs
en sélectionnant les entreprises
avant de lever des fonds.
Pour les PME elles-mêmes,
notamment familiales, le modèle
Audacia offre un autre avantage.
Tout compris, le capital offert leur
coûte autour de 6 %, loin des exigences classiques à 15 %. « Souvent
ce sont des entreprises dont les dirigeants propriétaires ne veulent pas
perdre la maîtrise de la gestion et de
leurdestin.Ilsveulentsedévelopperà
leur rythme, qui s’inscrit parfois sur
plusieurs générations », précise-t-il
encore. Ce qui les attire en particulier, c’est d’éviter d’être dilués fortement au capital.
A ces dirigeants, Audacia promet
donc la quadrature du cercle. Les
fondsqu’elleinvestitsontminoritaires et la société de gestion ne fera
pas d’ingérence dans le pilotage. En
outre, ils ne sont investis que pour
cinq ans. Elle ne prendra donc pas
non plus le contrôle de l’entreprise,
à la différence de fonds d’investissement classiques.— A. D.
KusmiTeasextuple
sonchiffred’affaires
Airstar renforceson
investissement en R& D
Alain Milliat se lance
à l’export
our Sylvain Orebi, qui a relancé Kusmi Tea,
l’enseigne de la maison de thé russe vieille
de 147 ans, l’option Audacia s’est imposée
d’elle-même. Quand il fallut développer les points
de distribution, le fondateur n’a pas voulu perdre le
contrôle et se voir imposer des conditions « trop
risquées ». Audacia a investi 2,5 millions et l’entreprise a vu son chiffre d’affaires croître de 5 millions
à 33 millions avec un parc de 40 boutiques.
e ballon éclairant Airstar a fait ses preuves
auprès des équipes de secours des attentats
du 11 Septembre ou sur l’ouverture des JO de
Sotchi. Mais les fondateurs du groupe de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires, réalisés dans
soixante pays, se méfiaient des banques. Airstar a
sollicité Audacia et un fonds régional, mais le
premier s’est révélé plus rapide en apportant 1 million pour financer sa recherche en développement.
lain Milliat, le fondateur éponyme des jus
de fruits très haut de gamme lancés en
1997, a préféré éconduire les fonds privés
et institutionnels venus le solliciter pour renforcer
son outil industriel et se lancer à l’export. Il s’est
tourné vers Audacia pour lever 2,5 millions
d’euros et financer ses projets. Le fondateur voulait
rester maître à bord sans être contraint par des
objectifs de rentabilité trop élevés.
P
L
A
DR
DR
Kusmi Tea
Calgary Herald
QuatreexemplesdePMEaccompagnéespar Audacia
Jérôme Dreyfussmultiplie
ses points de vente
L
équipe fondatrice des sacs haut de gamme
Jérôme Dreyfuss s’est, elle aussi, volontairement détournée des financiers classiques
pour se déployer à l’international.
L’entreprise, de 15 millions d’euros de chiffre
d’affaires et aux 25 points de vente, voulait éviter le
rythme imposé d’une croissance à deux chiffres et
s’est tournée vers Audacia pour environ 3 millions
d’euros.