28 // Mardi 8 avril 2014 Les Echos FINANCE &MARCHES LE REAL BRÉSILIEN REMONTE LA PENTE AVANT LES ÉLECTIONS Le real remonte à son plus haut niveau depuis le 31 octobre dernier face au dollar. Des investisseurs espèrent une défaite de la présidente Dilma Rousseff lors des élections prévues en octobre prochain. Un sondage publié lundi ne lui donne plus que 38 % d’intention de vote, contre 44 % en février. « Quand ces sondages baissent, le real a tendance à monter », constate un analyste. indices Délaissés, les fonds ouvrant droit à avantage fiscal repartent à l’offensive l OTC Agregator lance un fonds grand public investissant dans le cinéma, parrainé par le producteur Légende. l Décriés pour leurs faibles retours sur investissement, les fonds fiscaux repensent leur politique de gestion. reste très en deçà de 2008. « Les fonds fiscaux doivent se réinventer », conclut le dirigeant d’OTC, qui gère déjà 360 millions de fonds fiscaux. La première vague de relance est passée par le partage d’une identité géographique. OTC Agregator a, par exemple, lancé un fonds fiscal de 10 millions d’euros dédié à la Corse et un véhicule frère dédié à La Réunion. La société de gestion Siparex a aussi fortement tiré profit de son ancrage régional, en RhôneAlpes, pour développer des véhicules sur le reste de la France. CAPITALINVESTISSEMENT Anne Drif [email protected] Acteurs et producteurs ont joué les vedettes de la finance lundi soir. Un aréopage de l’industrie donnait en grande pompe le coup d’envoi au premier fonds fiscal grand public dédié à l’industrie du cinéma. La société de gestion OTC Agregator associée au producteur Légende (« La Môme », « Les Rivières pourpres ») inaugurait OTC Grand Angle, un véhicule d’investissement dans les scénarios de films. Ce fonds ambitionne de collecter 15 millions d’euros dont la moitié servira à racheter le portefeuille d’une trentaine de scripts de la maison de production affiliée à Gaumont. Avec le solde, le fonds financera de nouveaux scénarios et investira dans des PME matures du secteur du divertissement. Au menu des nouveaux projets, « 99 roubles », la suite de « 99francs »adaptéduromanbest- Capital garanti seller de Frédéric Beigbeder, et « HHhH », adapté du prix Goncourt de Laurent Binet sur l’opération d’assassinat du dirigeant SS Reinhard Heydrich. Le lancement de OTC Agregator illustre un mouvement structurel sur le marché des fonds ouvrant droit à un avantage fiscal. Frais de distribution excessifs, défaut de conseil, manque de transparence, rétrocessions annuelles sans contreparties pour l’investisseur... Les critiques de 2009, visant ces fonds, ont en effet alimenté les remises en cause du dispositif par les gouver- nements successifs. Un mouvement qui s’est aussi nourri de piètres performances, sous couvert d’offrir un avantage fiscal. Résultat, avec la baisse des avantages fiscaux, la collecte au titre de l’impôt sur le revenu est en recul depuis 2010 et celle de l’ISF résiste, mais Les fonds fiscaux renforcent aussi leurpolitiquedegestion.« Lessouscripteurs ISF sont de nature conservatrice et à quelques exceptions, ne veulent pas investir dans des supports volatils comme dans les start-up. Les particuliers de manière générale n’attendent plus seulement une réduction d’impôts. Ils exigent qu’une vraie politique d’investissement soit menée, avec un retour sur investissement », précise Guillaume-Olivier Doré, qui se donne comme objectif minimal un retour sur investissement de 12 %. Le fonds OTC Grand Angle, qui s’adressera à la fois aux souscripteurs ISF (50 % de déduction offerte) puis en fin d’année à ceux voulant déduire de l’impôt sur le revenu (18 % de réduction d’impôts), se fait fort de maîtriser l’aléa sur les performances. « C’est Légende qui prend le risque créatif, ce ne sont pas les souscripteurs », précise le président d’OTC. Ceux-ci bénéficieront d’une quasi-garantie de leur capital, à la différence des Sofica, des fonds plus élitistes gérés sous agrément du Centre national du cinéma (CNC). En effet, c’est seulement si le scénario n’est pas produit que le contribuable ISF perdrait la moitié de son investissement, mais cela reviendrait finalement pour lui à régler la totalité de son impôt sur la fortune exigé par le fisc. Il reste que 90 % des scénarios précédents de Légende ont été produits. Dans ce cas, les souscripteurs retrouvent leur mise, même si le film n’est pas un succès commercial.Siensuitelefilmsortensalle,ils sont assurés de toucher 1,5 fois leur mise.Enfin,silesuccèscommercial est là, ils la doublent. n Charles Beigbeder mise sur les entreprises familiales Audacia, sa société de gestion, donne la primauté aux PME à forte marque. Elle promet à leurs fondateurs l’absence de dilution et la pérennité aux souscripteurs. S’il a connu quelques infortunes dans d’autres investissements, Charles Beigbeder a su sentir venir lechangementdemodèleéconomique des fonds donnant droit à économie fiscale. Audacia, la société de gestion dans laquelle a investi l’homme d’affaires, s’est en effet forgé une place à part au sein du marché des fonds fiscaux, en misant sur les PME familiales à forte marque, comme l’enseigne Kusmi Tea, le fabricant de meubles Fermob, les vêtements APC ou le fabricant cirier Cire Trudon créé en 1643 (voir focus ci-dessous). « Nous ciblons des PME solidement établies dansdesmarchésmaturesplutôtque dans celles qui testent leur modèle économique », explique Alexis Dyèvre, qui pilote Audacia. Pour les souscripteurs, c’est l’avantage d’investir dans le tissu économique français traditionnel. Mais c’est aussi l’assurance que l’enseigne, parfois vieille d’une centaine d’années, a su résister à tous les chocs et qu’elle offre une promesse de retour sur investissement à long terme. L’avantage fiscal suffit La société de gestion parie de ce fait davantage sur la pérennité du rendement que sur une promesse à deux chiffres. « Les souscripteurs bénéficient de l’avantage fiscal, largement suffisant, et peuvent donc laisser à l’entrepreneur une partie de la valeur créée. En proposant du capital patient qui n’étrangle pas financièrement les PME, Audacia attire ainsi un nombre significatif d’entreprises en croissance, avec comme objectif de diversifier le risque et de protéger le capital investi », poursuit le responsable de la société de gestion, qui gère 320 millions d’euros d’actifs. Audacia mise en outre sur la trans- parence auprès des souscripteurs en sélectionnant les entreprises avant de lever des fonds. Pour les PME elles-mêmes, notamment familiales, le modèle Audacia offre un autre avantage. Tout compris, le capital offert leur coûte autour de 6 %, loin des exigences classiques à 15 %. « Souvent ce sont des entreprises dont les dirigeants propriétaires ne veulent pas perdre la maîtrise de la gestion et de leurdestin.Ilsveulentsedévelopperà leur rythme, qui s’inscrit parfois sur plusieurs générations », précise-t-il encore. Ce qui les attire en particulier, c’est d’éviter d’être dilués fortement au capital. A ces dirigeants, Audacia promet donc la quadrature du cercle. Les fondsqu’elleinvestitsontminoritaires et la société de gestion ne fera pas d’ingérence dans le pilotage. En outre, ils ne sont investis que pour cinq ans. Elle ne prendra donc pas non plus le contrôle de l’entreprise, à la différence de fonds d’investissement classiques.— A. D. KusmiTeasextuple sonchiffred’affaires Airstar renforceson investissement en R& D Alain Milliat se lance à l’export our Sylvain Orebi, qui a relancé Kusmi Tea, l’enseigne de la maison de thé russe vieille de 147 ans, l’option Audacia s’est imposée d’elle-même. Quand il fallut développer les points de distribution, le fondateur n’a pas voulu perdre le contrôle et se voir imposer des conditions « trop risquées ». Audacia a investi 2,5 millions et l’entreprise a vu son chiffre d’affaires croître de 5 millions à 33 millions avec un parc de 40 boutiques. e ballon éclairant Airstar a fait ses preuves auprès des équipes de secours des attentats du 11 Septembre ou sur l’ouverture des JO de Sotchi. Mais les fondateurs du groupe de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires, réalisés dans soixante pays, se méfiaient des banques. Airstar a sollicité Audacia et un fonds régional, mais le premier s’est révélé plus rapide en apportant 1 million pour financer sa recherche en développement. lain Milliat, le fondateur éponyme des jus de fruits très haut de gamme lancés en 1997, a préféré éconduire les fonds privés et institutionnels venus le solliciter pour renforcer son outil industriel et se lancer à l’export. Il s’est tourné vers Audacia pour lever 2,5 millions d’euros et financer ses projets. Le fondateur voulait rester maître à bord sans être contraint par des objectifs de rentabilité trop élevés. P L A DR DR Kusmi Tea Calgary Herald QuatreexemplesdePMEaccompagnéespar Audacia Jérôme Dreyfussmultiplie ses points de vente L équipe fondatrice des sacs haut de gamme Jérôme Dreyfuss s’est, elle aussi, volontairement détournée des financiers classiques pour se déployer à l’international. L’entreprise, de 15 millions d’euros de chiffre d’affaires et aux 25 points de vente, voulait éviter le rythme imposé d’une croissance à deux chiffres et s’est tournée vers Audacia pour environ 3 millions d’euros.
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