Ele ction - ACV

n°9-10 • 28 février 2014
PROCHAINE PARUTION
LE 14 MARS 2014
ÉGALITÉ
HOMMES-FEMMES
SECTEUR
DU VERRE
page 3
LICENCIEMENT
DÉRAISONNABLE
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■ Hebdomadaire 72 e année ■ Rédaction: Chaussée de Haecht , 579 • B-1030 Bruxelles ■ Éditeur responsable: M. Becker ■
■ e-mail: [email protected] ■ http://www.csc-en-ligne.be ■ Bureau de dépôt: Charleroi ■ P 911984 ■ ISSN 0772/2427 ■
Choisir un projet de société
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7 et 8
••• pages
Des loisirs pour tous les enfants
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© Philippe Turpin/Belpress
Charleroi: dans les coulisses
d’un centre d’appel
Le travail, c’est la santé! Vraiment? En auscultant la réalité du
télémarketing dans son spectacle «Une société de services»,
la metteuse en scène Françoise Bloch soulève la question
avec humour et mordant. Pauses chronométrées, communications enregistrées, chiffres de vente imposés, sourires
dans la voix: bienvenue, vous êtes dans les coulisses d’un
centre d’appel! Nourris de documentaires et d’investigations
sur le terrain, la metteuse en scène et ses acteurs pointent
avec un esprit ludique la réalité de ces larges plateaux où,
en rang d’oignons, des jeunes, débutant professionnellement,
appellent le monde entier pour vendre à tout prix. Jeu, son
et vidéo se répondent dans de courts tableaux pour questionner l’intimité fragilisée de ces voix de la vente et de leurs
coaches.
Quand? Du mardi 11 au vendredi 14 mars, à 20h. Rencontre
avec l’équipe artistique après la représentation du mardi 11.
Rencontre-débat avec la Ligue des droits de l’homme après la
représentation du mercredi 12.
Où? Eden, boulevard Jacques Bertrand 1-3, à 6000 Charleroi.
Entrée? 14 euros. Article 27: 1,25 euro.
Renseignements? Courriel: [email protected]
Internet: www.eden-charleroi.be. Tél.: 071.202.995.
●●●●●●●
Tournai: les jeunes talents s’exposent
Régulièrement, les Jeunes
CSC constatent une stigmatisation du public jeune. Parmi
les expressions entendues
ici et là: «Les jeunes sont
des fainéants» ou encore
«Ce sont des bons à rien»…
Pour démonter ces préjugés, et quelques exemples
concrets valant mieux que
de longs discours, les
Jeunes CSC du Hainaut occidental ont eu l’idée d’organiser une exposition qu’ils présenteront lors d’une «Semaine des jeunes talents». L’occasion
pour les jeunes de 15 à 35 ans de montrer leurs talents et
leurs œuvres artistiques dans les locaux de la CSC à Tournai.
L’appel est donc lancé à tout jeune artiste de la région tournaisienne désirant, gratuitement, faire connaître ses talents:
peinture, sculpture, dessin, infographie, musique, etc.
Les 15 et 16 mars, à l’occasion de la 60e Opération arcen-ciel, quelque 10.000 jeunes bénévoles iront à la rencontre des donateurs en Wallonie et à Bruxelles, dans les
supermarchés et en faisant du porte-à-porte, pour récolter des vivres non périssables en faveur des enfants défavorisés. Objectif: atteindre les 100 tonnes nécessaires à
plus de 12.000 enfants.
En 1954, date de sa création, l’Opération arc-en-ciel
avait pour objectif d’aider les orphelinats et maisons d’accueil en facilitant l’organisation de vacances et de loisirs
pour les enfants dont ils avaient la charge. L’idée était
simple: récolter des vivres non périssables pour assumer
financièrement ces vacances et ces loisirs.
Soixante ans plus tard, l’Opération poursuit encore le
même objectif: l’accès aux loisirs pour les enfants défavorisés. Sa mission est toujours d’actualité puisque les
statistiques montrent que 424.000 enfants vivent sous
le seuil de pauvreté en Wallonie et à Bruxelles. Depuis
les débuts de l’Opération, ce sont les bénéficiaires qui
ont évolué. En plus des maisons d’accueil, la récolte soutient aussi des services d’aide aux jeunes en milieu ouvert
(AMO), des écoles de devoirs, des centres de jeunes et
des maisons de quartier: en tout, 210 associations qui
accueillent plus de 12.000 jeunes défavorisés.
Renseignements? ASBL Arc-en-ciel, rue du Bien Faire 41, à
1170 Bruxelles. Tél.: 02.675.73.11.
Courriel: [email protected]. Internet: www.arc-en-ciel.be
programme des exposés et des débats: passage en revue
des derniers résultats électoraux, l’axe gauche-droite et le
positionnement des partis, les autres clivages de la société
belge, les élections européennes et globalement les enjeux
du scrutin de mai. Avec la participation du Mouvement ouvrier
chrétien du Hainaut-Centre.
Pirnay, vice-président de la CGSP, précisera l’impact sur les
services publics, les pouvoirs publics et la justice. Constitué
en 2002, le Forum social du pays de Herve se veut un lieu
d’échange, de réflexion et de convergence sur la thématique
de la mondialisation néolibérale et sur l’impact de celle-ci sur
la démocratie et la liberté.
Quand? Le jeudi 13 mars de 18h30 à 20h30.
Où? CSC, rue Claude de Bettignies 10-12, à 7000 Mons.
Salle 1, 4e étage.
Renseignements? Marie Marlier, coordinatrice
interprofessionnelle. Tél.: 065.37.25.67.
Quand? Le mercredi 12 mars à 20h.
Où? Espace de l’hôtel de ville, place de l’Hôtel de ville 1, à
4650 Herve.
Renseignements? Forum social du pays de Herve. Joseph
Vandeberg ou Christine Bodeson, 087.44.65.05,
[email protected]. Paul Blanjean, 0479.98.32.77,
[email protected]
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Herve: les échanges commerciaux entre
l’Europe et les Etats-Unis
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Liège: deux musées gratuits en fête
Le Forum social du pays de Herve (FSPH) propose une conférence-débat sur le Traité transatlantique, un traité commercial entre les Etats-Unis et l’Union Européenne. Quels sont
ses enjeux? Ses objectifs? Quelles sont ses conséquences
sociales, économiques, alimentaires, environnementales,
démocratiques ou encore juridiques? Erik Rydberg, chercheur
au Groupe de recherche pour une stratégie économique
alternative (Gresea), expliquera le projet global du traité (ses
objectifs, son état d’avancement, le rôle des différentes instances européennes). Luc Hollands, agriculteur et membre
actif du groupement de producteurs laitiers Mig et de l’Alliance D19-20, évoquera les conséquences pour l’agriculture
et la chaîne alimentaire (producteurs et consommateurs).
Etienne Lebeau, permanent au service d’étude et de formation de la CNE, fera référence à l’impact sur les travailleurs,
l’emploi, la politique salariale et la protection sociale. Laurent
© Philippe Turpin/Belpress
Quand? Vernissage le vendredi 14 mars à 18h. L’exposition
sera ouverte au public la semaine suivante, du lundi 17 au jeudi
20 mars, de 8h à 17h.
Où? Patio de la CSC de Tournai, avenue des Etats-Unis 10, à
7500 Tournai.
Renseignements? Sébastien Defontaine. Tél.: 0472.80.22.41.
Courriel: [email protected]
Ce dimanche 2 mars, comme chaque premier dimanche du
mois, une centaine de musées ouvriront gratuitement leurs
portes à Bruxelles et en Wallonie. Et comme chaque fois, un
de ces musées fera la «fête de la gratuité». Ce dimanche, la
fête aura lieu à Liège, dans deux musées voisins: le Musée
de la vie wallonne et le Musée du luminaire. Installé dans
l’ancien couvent des Frères mineurs, le Musée de la vie
wallonne fera notamment découvrir sa collection de chapeaux à travers un rallye-quiz, avec à la clé un petit cadeau
pour chaque participant. L’occasion aussi de redécouvrir les
autres sections du musée, rénové de 2004 à 2008: géographie, économie, folklore, vie quotidienne, philosophies
et religions… Moins connu, le Musée du luminaire présente
l’évolution des éclairages, depuis les premiers scintillements des lampes à huile romaines jusqu’à nos ampoules
électriques énergétiques dernière génération. Dans le cadre
de la «fête de la gratuité», le conservateur-collectionneur,
Philippe Deitz, propose deux visites guidées.
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Quand? Le dimanche 2 mars. Musée de la vie wallonne: de
10h à 17h. Musée du luminaire: de 10h à 16h, visite guidée à
11h et 15h.
Où? Musée de la Vie Wallonne, Cour des mineurs (au début de
la rue Hors-Château), à 4000 Liège. Musée du luminaire, rue
Mère-Dieu 2, à 4000 Liège.
Renseignements? Musée de la Vie Wallonne: 04.237.90.50,
[email protected]. Musée du luminaire: 04.223.75.37,
[email protected]. Gratuité du premier dimanche:
[email protected], www.artsetpublics.be
Mons: les enjeux des élections
Le 25 mai prochain, les Belges seront appelés aux urnes
pour une journée d’élections extraordinaire, puisque nous
élirons à la fois nos représentants aux assemblées régionales, fédérale et européenne. A un peu plus de deux mois
de l’échéance, la fédération CSC de Mons-La Louvière propose une soirée d’information sur les enjeux du scrutin. Au
2 l 28 février 2014 l l’info n°9-10
Tirage moyen : 225.000 exemplaires
Rédaction : chaussée de Haecht, 579
BP 10 – B-1031 Bruxelles (Belgique)
Tél : 02 246.32.86 Fax : 02 246.30.10
E-mail [email protected] - http://www.csc-en-ligne.be
Secrétaire de rédaction : Daniel Dellisse (3287),
[email protected]
Pour obtenir votre correspondant,
faites le 02/246 suivi des quatre chiffres indiqués.
Abonnements et Poste: Marleen Verlee (3281)
(pas le mercredi), [email protected]
Rédaction :
Danièle Ernotte (3289), [email protected]
Anne-Marie Pirard (3290), [email protected]
Donatienne Coppieters (3283), [email protected]
Chef du service presse : Marie-Ange Foret (3291),
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MEP : Patricia Martin (3297)
[email protected] - [email protected]
Éditeur : Confédération des syndicats
chrétiens (CSC)
Imprimerie : Remy-Roto Beauraing
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L’égalité hommes-femmes
avance… parfois à reculons
Les inégalités entre hommes et femmes ont la vie dure. Peut-être
moins flagrantes que par le passé, mais toujours bien présentes,
elles ont même tendance à se renforcer avec la crise.
mais de 23% si on le mesure en termes
de revenu annuel (c’est-à-dire en tenant
compte de l’effet du temps partiel). Il est
entre autres causé par l’inégale répartition, entre les femmes et les hommes,
des composantes extra-salariales de la
rémunération (primes, avantages en nature,
intéressement).
© Philippe Turpin/Belpress
Ce que les femmes en disent
Les femmes sont devenues majoritaires dans les
emplois peu qualifiés, faiblement rémunérés.
À
la demande de la CSC, la Fondation travail-université a réalisé un «Baromètre de la qualité de l’emploi
et du travail» en Wallonie et à Bruxelles, en tenant
compte de la dimension «genre» (1). Quelques grandes
évolutions épinglées au cours des dix dernières années:
• La proportion de femmes s’est considérablement
accrue dans les professions «supérieures» (scientifiques, techniques, pédagogiques, médicales et de
gestion) et «intermédiaires» (techniques, sociales,
administratives, paramédicales), en même temps
que le niveau moyen de diplôme des femmes s’élevait, jusqu’à dépasser aujourd’hui celui des hommes.
Néanmoins, à l’autre extrémité de l’échelle des professions, les femmes sont devenues majoritaires
dans les emplois peu qualifiés (ménage, nettoyage,
Horeca, manutention, livraison).
• La proportion du temps partiel dans l’emploi féminin
n’a cessé d’augmenter: de 39% à 46% en dix ans.
Le temps partiel n’est vraiment volontaire que pour
10% des femmes. Pour 28% d’entre elles, il résulte
d’un compromis entre temps et revenu. Pour 57%, le
temps partiel est un choix contraint, tantôt par le marché du travail, tantôt par l’insuffisance des services
aux familles, tantôt par des statuts particuliers.
• La charge de travail augmente aussi bien pour les
femmes que pour les hommes, mais, à cause de la
ségrégation entre métiers majoritairement féminins
ou masculins, les femmes sont davantage exposées
à des risques professionnels susceptibles d’entraîner des troubles musculo-squelettiques (postures
pénibles, mouvements répétitifs, transport de personnes ou de charges) ou des troubles psychosociaux (charge émotionnelle, confrontation avec des
clients, patients ou élèves).
• L’écart salarial entre hommes et femmes est de 10%
si on le mesure en termes de salaire horaire brut,
Françoise, déléguée syndicale CSC dans une entreprise de titres-services et militante Femmes CSC à
Mons: «Chez nous, les emplois sont relativement précaires
et majoritairement occupés par des femmes. Il n’y a que
10% d’emplois à temps plein. Les salaires se situent au bas
de l’échelle. Vu la pénibilité du travail, en ayant une famille,
c’est très difficile de travailler à temps plein. Dans les titresservices, les travailleuses ont du mal à être reconnues pour
leur travail. Elles ont le sentiment de ne pas exister. Elles en
souffrent parfois. Nous sommes à la merci de la conjoncture et aussi de la clientèle. Chaque augmentation du titreservice a des impacts directs: perte de clients ou perte
d’heures, mais aussi des répercussions sur la pénibilité du
travail. Il faut parfois faire la même chose dans un délai plus
court. La pression du client est plus forte. Les contrats à
durée déterminée ont récemment fait leur apparition, ce
qui renforce encore la précarité.»
«Ceci dit, la délégation syndicale permet des avancées, ajoute Françoise. Nous avons pu négocier des
avantages extralégaux: un jour de congé d’ancienneté
supplémentaire tous les quatre ans, des chèques-repas à
7 euros, l’aménagement des horaires, des programmes
de formation au bien-être, à la confiance en soi, à l’estime
de soi… Nous avons aussi négocié de meilleures conditions de travail pour les travailleuses de la centrale de
repassage: bien-être, vêtements et chaussures de travail,
outils ergonomiques, temps de pause. Dans la région
sinistrée qui est la nôtre, certaines travailleuses sont en
grande souffrance, elles vivent dans le dénuement le plus
total, endettées, seules. Il faut se battre pour les motiver
à garder leur travail, pour les impliquer.»
Germaine Nzuanzu, permanente CNE-Bruxelles pour
le secteur non marchand: «Ici, à Bruxelles, au XXIe siècle,
beaucoup de femmes vivent de la débrouille. Elles sont
triplement impactées par la crise: elles sont occupées
dans des secteurs faiblement rémunérés, elles sont frappées de plein fouet par les mesures d’austérité qui leur
coupent toute perspective d’amélioration de leurs conditions de travail et de vie, et en plus, leur avenir sera
pauvre lui aussi, car leur pension sera faible.»
Ana Rodriguez, permanente Femmes CSC à Bruxelles:
«Les problèmes sont d’autant plus nombreux pour les
femmes seules avec enfants. Or, les familles monoparentales sont une importante réalité en Région bruxelloise.
Un tiers des familles avec enfants n’a qu’un seul parent,
et dans près de neuf cas sur dix, il s’agit d’une femme,
souvent au chômage ou avec un emploi précaire. Vivre
une séparation, trouver un nouveau logement, chercher
un emploi sans grand espoir d’en trouver un qui permette
de remonter la pente, prouver ses efforts de recherche
active, faire face au manque de lieux d’accueil pour les
enfants de moins de 3 ans: tout cela relève du parcours
de la combattante. Le fait que l’emploi temporaire a
aussi augmenté de 38% en dix ans dans notre région
n’est pas sans conséquence sur la vie des femmes et
de leur famille. Les femmes travaillent dans des secteurs
faiblement rémunérés: non-marchand, santé, commerce
de détail, nettoyage, titres-services, etc. Elles sont particulièrement cantonnées dans de l’emploi à temps partiel.
Ces emplois ne permettent pas de s’en sortir. C’est pourquoi nous insistons sur la revalorisation des conditions de
travail et de salaire.»
Germaine: «Il faut en finir avec les clichés qui dirigent
les femmes vers certaines filières. Notre rôle, en tant
que syndicat, est d’informer les femmes, mais aussi
d’agir sur le monde politique, sur les employeurs, sur le
grand public, pour que les femmes obtiennent leur place
à tous les niveaux.»
Ce qu’un homme en dit
«Aujourd’hui, les femmes représentent environ la moitié de notre force de travail. Mais elles gagnent encore
77 cents pour chaque dollar gagné par un homme. Ce
n’est pas bon et, en 2014, c’est embarrassant. Une
femme mérite un salaire égal pour un travail égal. Elle
mérite d’avoir un bébé, sans pour autant sacrifier son
emploi. Une mère mérite une journée pour s’occuper d’un
enfant malade ou d’un parent malade sans se retrouver
dans des difficultés. Et vous savez quoi? Un père aussi.»
Ces mots sont extraits d’un discours prononcé par le président américain Barack Obama le 28 janvier dernier. Des
propos que ne dénient pas les Femmes CSC, elles qui,
depuis des décennies, s’attachent à faire progresser l’égalité entre hommes et femmes dans le monde du travail. l
(1) Plus d’infos sur ce «Baromètre» dans «L’Info» n°6 du 7 février
2014.
Actions de sensibilisation
A l’occasion de la Journée internationale des femmes
(le 8 mars), les Femmes CSC organisent diverses
actions de sensibilisation:
• La Louvière. Les Femmes CSC organisent une
matinée d’échange et d’information sur le thème
«L’égalité, on n’en a pas fini!», en présence de
Mary Collins, chargée de politiques sociales et
économiques au Lobby européen des femmes, et
Patricia Biard, responsable nationale des Femmes
CSC. Le jeudi 6 mars à 9h30 à la Maison des
associations, place Mansart.
• Charleroi. Les militants de la CSC seront présents
le 8 mars sur le marché de Charleroi afin de sensibiliser les citoyens sur l’écart salarial qui persiste
entre hommes et femmes. Au programme: quiz
ludique, lancer de pièces en chocolat et balance
géante.
l’info n°9-10 l 28 février 2014 l
3
Luxembourg
Textile
Pour un plan général
de mobilité
Conventions
sectorielles
M
algré les difficultés, l’ACV-CSC-Metea a négocié
de nombreuses conventions collectives de travail (CCT). «L’Info» a déjà présenté la synthèse des
accords conclus dans les secteurs du métal (1). Voici,
à présent, les accords conclus dans les secteurs du
textile.
P
rovince la plus vaste et la moins peuplée de notre
pays, le Luxembourg aurait grand besoin d’un plan de
mobilité bien pensé, cohérent et dynamique. Hélas,
on est loin du compte. Et ce n’est pas le plan concocté par
la SNCB (présenté le 26 février aux bourgmestres luxembourgeois) qui va y remédier. Certains parlent d’ailleurs d’un
«plan de désertification supplémentaire»!
Cette situation est socialement injuste et économiquement préjudiciable. Et la CSC du Luxembourg en a plus qu’assez. A trois mois des élections, son conseil fédéral demande
la réunion d’une «force de frappe» luxembourgeoise dès que
les noms des mandataires fédéraux et régionaux seront
connus. «Nos élus devront faire preuve de désobéissance
civile au sein de leurs partis si ceux-ci veulent approuver
un plan qui achève de détruire le transport ferroviaire en
province du Luxembourg», lance Bruno Antoine, secrétaire
fédéral.
Train de la colère
«Dire non est le seul moyen de se faire respecter, d’être
offensif. Il faut organiser ce “train de la colère” déjà envisagé
et aller se faire entendre à Namur et à Bruxelles» affirme-t-il.
La CSC du Luxembourg s’est impliquée de longue date dans
le dossier. Elle a participé à différents groupes de travail.
Lasse de ne rien voir venir, elle a élaboré avec ses centrales
des Services publics et Transcom une vision globale et complémentaire de la mobilité. «Un plan général de mobilité s’impose à notre province. La juxtaposition de plans isolés est
une perte de temps et de moyens, explique Bruno Antoine.
Des déclinaisons régionales (sous-bassins ou zones de développement économique) doivent affiner un plan général de
mobilité.» Pour la CSC, un «plan mobilité-santé» spécifique
doit être défini, avec une attention particulière pour le transport des patients vers les hôpitaux.
La CSC du Luxembourg réclame notamment
un «plan mobilité-santé» spécifique.
© Michel Houet/Belpress
À trois mois des élections, la CSC
du Luxembourg présente sa vision
de la mobilité: un arbre structuré par le rail.
La CSC va remettre ce plan aux futurs élus de la province, à charge pour eux de faire enfin avancer le dossier.
Elle leur demande aussi un inventaire exhaustif des sources
de financement et une coordination qui garantisse une efficacité maximale des moyens engagés.
Trains et bus complémentaires
La CSC du Luxembourg veut «faire grandir l’arbre de la
mobilité» avec le rail comme tronc commun. «Le territoire
est structuré par plusieurs lignes de chemin de fer, et il est
primordial d’investir sur l’ensemble du réseau et non sur
une ligne en particulier. Ces lignes sont Namur-Luxembourg,
Libramont-Athus, Dinant-Bertrix, Arlon-Athus, Liège-RivageLuxembourg, Marloie-Liège et Libramont-Bastogne (desservie par les Tec).» On est loin du plan actuel de la SNCB!
De plus, il faut inscrire la mobilité en lien avec les régions
limitrophes et dans une vision transfrontalière: «Le projet de
schéma de mobilité transfrontalière (Smot), très médiatiquement signé début 2013 par les gouvernements wallon et
grand-ducal, est aujourd’hui une chimère. Il doit rapidement
être mis en œuvre.»
Les Tec doivent constituer les branches porteuses de
l’arbre de la mobilité. La CSC demande une complémentarité
train-bus en fonction des horaires. Les bus express doivent
être développés. Et, pour allier proximité et maîtrise des
coûts pour les opérateurs et les utilisateurs, tout cela doit
être drainé par des initiatives locales… La CSC défend aussi
le besoin d’un seul centre d’appel téléphonique provincial,
comme le «Damier» de l’ASBL Forca, des bus multiservices,
des pistes cyclables sécurisées… l
Liège
Des entreprises de toutes les couleurs
Q
uand il s’agit des
Diables rouges, tout
La diversité dans l’entreprise doit être le reflet de notre société
le monde vante la multiculturalité de l’équipe. Mais
quand il s’agit de l’entreprise, le ton change et la
méfiance est souvent de
mise. Bien sûr, la mixité
peut parfois poser proLa CSC dit «NON» au racisme et aux discriminations
blème, mais dialogue et
Le racisme engendre haine et division,
il casse la solidarité entre les travailleuses et les travailleurs
bonne volonté permettent
de les résoudre. Car, dans
les entreprises comme au
football, la diversité est une richesse.
Forts de cette conviction, les militants du comité des
travailleurs migrants de la CSC de Liège-Huy-Waremme et
Leïla Chaudhry, permanente «nouvelles migrations et diverInfo: 04/340 72 37 - [email protected]
4 l 28 février 2014 l l’info n°9-10
sité», ont lancé la campagne «Fiers de notre mixité. Et en
entreprise?».
La campagne concerne les travailleurs de toutes les entreprises, y compris les PME. Le but est d’établir un «diagnostic
diversité» de l’entreprise pour identifier le thème à travailler
et élaborer des actions positives: recrutement, représentativité des migrants, vivre ensemble en entreprise, communication interne et externe en matière de diversité culturelle,
déconstruction des stéréotypes et préjugés (séances de sensibilisation destinées aux responsables, aux travailleurs),…
La campagne vient de débuter et se poursuivra au cours
des prochains mois, jusqu’à l’été. Les militants travailleront
avec les centrales concernées pour rappeler et mettre en
œuvre les valeurs de la CSC dans la lutte contre les discriminations, le racisme et l’extrême droite. l
Contact: Leïla Chaudhry, 04.340.72.37, [email protected]
Habillement et confection (CP 109). Reconduction
de tous les systèmes de RCC (ex-prépension) jusqu’au
31 décembre 2014. Abaissement de l’âge pour le crédit-temps fin de carrière 1/5-temps de 55 à 50 ans
pour les ouvriers après 28 ans de carrière, moyennant accord de l’employeur. Suppression des salaires
jeunes avec maintien des salaires pour les jobs d’étudiant. Prolongation des systèmes de prime d’encouragement (dans le cadre du crédit-temps). Prolongation
des CCT existantes à durée déterminée en 2014. Paix
sociale jusqu’au 31 décembre 2014.
Entretien du textile (CP 110). En matière de RCC
(ex-prépension): prolongation des régimes sectoriels
à partir de 58 ans et à partir de 60 ans jusque fin
2014, prolongation du régime «carrière longue» à partir de 56 ans jusqu’au 30 juin 2015, instauration du
régime «métiers lourds» (travail en équipe) à partir de
58 ans à partir de 2014. Abaissement de l’âge requis
pour pouvoir bénéficier d’un emploi de fin de carrière
à 4/5 de 55 à 50 ans, pour les travailleurs avec 28
ans d’ancienneté. Maintien de la cotisation patronale
en matière de formation à 0,5%.
Récupération du textile (SCP 142.02). Depuis le
1er janvier 2014, application à tous les travailleurs de
la nouvelle réglementation générale relative aux délais
de préavis. Prolongation de tous les systèmes de RCC
(ex-prépension) existants. Instauration d’un régime de
RCC «métiers lourds» depuis le 1er janvier 2014 et
jusqu’au 31 décembre 2014. Instauration d’un régime
de RCC pour certains travailleurs âgés moins valides
et travailleurs connaissant des problèmes physiques
graves depuis le 1er janvier 2014 et jusqu’au 31
décembre 2014. Possibilité d’accéder au crédit-temps
1/5-temps à partir de 50 ans moyennant une carrière
de 28 ans et une ancienneté de 5 ans dans le secteur.
Verrouillage du droit à l’indemnité complémentaire
RCC à charge du fonds de sécurité d’existence. l
(1) Voir «L’Info» n°1 du 10 janvier dernier et «L’Info» n°8 de la
semaine dernière.
Accord dans l’aviation commerciale
L’ACV-CSC-Metea a également conclu un accord
dans le secteur de l’aviation commerciale et de
la maintenance (SCP 315.01). En bref: maintien
et généralisation du mécanisme sectoriel d’indexation; maintien et généralisation des jours de congé
d’ancienneté; prolongation du régime de RCC (exprépension) 56 ans après 33 ans de carrière, dont
20 ans de travail de nuit; instauration du régime de
RCC 58 ans après 35 ans de carrière, dont du travail lourd et 10 ans d’ancienneté dans le secteur;
possibilité de prendre un crédit-temps à partir de
50 ans après 28 ans de carrière; augmentation
à 143 heures du plafond des heures supplémentaires; instauration d’une indemnité complémentaire de 10 euros en cas de chômage temporaire
pour les ouvriers et les employés.
Verre
Les raisons du déclin
Une «task force»
pour sauver le secteur
La direction de Saint-Gobain Auvelais a finalement annoncé la fermeture de
l’entreprise. Les syndicats ont rencontré le gouvernement wallon.
Il faudra en effet faire vite, estiment les permanents syndicaux. Chez AGC Roux, où le carnet de commandes sera
vide dans un mois, un nouveau conseil d’entreprise était,
au moment où nous écrivions ces lignes, programmé le
27 février. Chez Saint-Gobain, après le refus des syndicats
d’assister au conseil d’entreprise qui devait sceller le sort
du site et lancer la procédure de licenciement, une nouvelle
réunion a de nouveau donné lieu à un report. Le 25 février,
la fermeture a finalement été annoncée par la direction.
Une nouvelle difficile à encaisser pour les 300 travailleurs
et pour tous ceux qui espèrent encore un avenir pour l’outil
verrier dans la Basse-Sambre et aux alentours.
l D.E.
Quelques lueurs d’espoir
Pour les représentants CSC, la rencontre avec
le gouvernement wallon a été positive.
Bruxelles
Halte aux exclusions, oui à l’emploi convenable
L
e lundi 10 mars, à midi, la CSC de Bruxelles-Hal-Vilvorde, en front commun syndical, se donnera rendezvous devant les bureaux bruxellois de l’Onem, en face de la
gare du Midi. La mobilisation se fait sur deux mots d’ordre.
Le premier est de stopper la machine de l’exclusion. En
effet, le 10 mars, nous serons à 296 jours de l’exclusion du
chômage de quelque 5.500 Bruxellois. Après le 1er janvier
2015, ils seront au CPAS. Le second est d’avoir enfin des
emplois convenables.
«En matière d’exclusion des chômeurs, la situation
n’était déjà pas brillante, mais là, elle est carrément catastrophique, indique Khadija Khourcha, permanente CSC. En
2012, le gouvernement Di Rupo a mis en place la dégressivité des allocations de chômage. L’idée est qu’en diminuant les allocations, cela va inciter les chômeurs à aller
travailler. Comment peut-on prétendre sans rire qu’il faut
activer les chômeurs quand il y a un emploi pour dix-sept
demandeurs d’emploi à Bruxelles?»
Emmanuel Bonami, permanent CNE, invite également à
la mobilisation: «Il est important que cela vive aussi dans les
centrales. Ne pas soutenir cette catégorie de travailleurs,
c’est donner un outil de plus aux patrons et aux libéraux
pour exploiter encore davantage ceux qui ont de l’emploi.
C’est plus difficile d’obtenir des augmentations salariales
et de meilleures conditions de travail quand on précarise
les chômeurs. Le patron peut toujours dire que si on n’est
pas content, il y en a d’autres pour prendre la place.» Kha-
dija Khourcha renchérit: «Pires sont les conditions des chômeurs, pires sont les conditions des travailleurs.»
Le second mot d’ordre concerne la création d’emplois
convenables. Récemment, la ministre De Coninck (SPa) a
proposé la création de 10.000 stages dans le cadre de
la «garantie jeunes». «Malgré le fait que cela ouvre, pour
certains, les portes de l’entreprise, cela constitue surtout
(et à nouveau) un avantage financier pour les patrons, analyse Khadija Khourcha. Le jeune travailleur (qui dispose au
maximum d’un CESS et est inscrit depuis maximum 6 mois
comme demandeur d’emploi) sera rémunéré 200 euros par
l’entreprise et 660 euros par l’Onem. La durée du stage est
de maximum six mois. C’est donc à nouveau la collectivité
qui paie, et le patron qui en bénéficie. La preuve en est que
les employeurs, pendant les mois d’été, préfèrent offrir des
stages que des jobs d’étudiant…»
Patrick Vanderhaeghe, permanent CSC-Alimentation et
services, confirme que beaucoup de jeunes sont considérés comme de la main-d’œuvre bon marché: «Il faudrait un
texte clair qui permette de contrer ces dérives. Un texte qui
permette, en cas de non-respect, de pénaliser l’employeur.
Car un stage devrait permettre d’apprendre et être une
porte d’entrée vers un job stable.»
Pour la CSC, d’autres solutions que l’exclusion et la division des travailleurs existent pour sortir de la crise. Des
solutions qui ne ciblent pas uniquement le travail. Un impôt
sur les grosses fortunes, par exemple. l Nic Görtz
Un tableau assez sombre mais où subsistent toutefois quelques lueurs d’espoir, particulièrement
du côté de l’innovation technologique. Le groupe
AGC a en effet investi récemment dans une centre
de recherche et développement à Gosselies, qui
occupe un peu plus de 250 chercheurs. Autre piste
évoquée avec le gouvernement wallon le 19 février:
l’organisation d’une filière de recyclage du verre plat,
projet auquel s’intéresserait AGC…
Reprise des négociations
dans la construction
Après quatorze mois de négociation, un accord
n’a toujours pas été conclu dans le secteur de
la construction. Les négociations ont même été
suspendues. Le 20 février, les organisations
syndicales, dont la CSC-Bâtiment industrie &
énergie (CSC-BIE), s’étaient données rendez-vous
au Heysel pour accueillir, tracts à la main, les
employeurs de la «Confédération construction»
réunis à l’occasion du salon Batibouw. Une
délégation a été reçue par les employeurs. Un
entretien au cours duquel toutes les parties ont
dit leur volonté de se revoir et de conclure au
plus vite une CCT équilibrée. «Les organisations
syndicales et les employeurs ont des intérêts
communs» estime la CSC-BIE. Allusion aux
difficultés auxquelles le secteur est actuellement
confronté suite à la concurrence déloyale.
L’Info
L’Info
«S
ans initiative politique, nous serons très vite
confrontés à un désert industriel et à un véritable bain de sang social.» Pour les syndicats
du secteur du verre (un fleuron économique de notre pays
jusqu’il y a peu), il est grand temps que l’Europe et la Belgique mettent en place une véritable politique industrielle
cohérente.
Le 19 février dernier, quelque 300 travailleurs des
sites menacés d’AGC Roux et de Saint-Gobain Auvelais
avaient décidé de s’inviter à Namur devant l’Elysette. Le
front commun syndical rencontrait en effet à ce moment le
gouvernement wallon. Une rencontre qualifiée de positive
par les représentants CSC: «Nous avons reçu l’assurance
que ce dossier est pour eux une priorité et qu’ils utiliseront
tout leur pouvoir d’influence pour qu’on sauve un maximum
d’emplois» a expliqué François Laurent, secrétaire national
de la CSC-Bâtiment industrie & énergie.
Concrètement, le gouvernement s’est engagé à désigner un bureau d’experts externe, chargé d’analyser toutes
les pistes alternatives à la fermeture: maintien (partiel
ou total) de l’activité, recherche d’un repreneur potentiel
ou développement sur ces sites de nouvelles activités.
Une «task force» sectorielle réunissant les interlocuteurs
sociaux et les pouvoirs publics devrait être mise en place
rapidement.
La lente agonie du secteur verrier, où le savoir-faire
belge est avéré, reste en travers de la gorge de
beaucoup de travailleurs. Les volumes de production du secteur (le verre plat représentant 80% du
total) ont en effet diminué en Belgique de plus d’un
tiers en dix ans (entre 2000 et 2011). Dans le même
temps, l’emploi a régressé de près de 3.000 unités (de 11.000 à 8.000 personnes occupées). En
Wallonie, la liste des entreprises en déclin ou déjà
fermées s’allonge: AGC à Moustier, Techniver à Mornimont, Saint-Gobain Sekurit et Saint-Gobain Glass à
Auvelais, AGC Roux… Des entreprises qui font toutefois partie de groupes industriels bénéficiaires au
plan mondial.
Les syndicats mettent donc en cause ces multinationales dont la stratégie est basée sur la concurrence toujours plus rude entre pays (pays de l’Est
et asiatiques dans le cas du verre) pour maximiser
les profits. Autre cible: l’Europe et sa législation
très contraignante au niveau environnemental, qui
a ouvert une voie royale aux pays émergents sur
les marchés européens. Enfin, la crise dans des
secteurs en aval (l’automobile et le bâtiment) a également eu des impacts défavorables: la fermeture
de Ford Genk, par exemple, a été néfaste aux entreprises wallonnes.
l’info n°9-10 l 28 février 2014 l 5
La motivation
du licenciement
Les partenaires sociaux ont conclu un accord sur une protection égale,
pour les ouvriers et les employés, contre les licenciements déraisonnables.
Une nouvelle étape vers le statut unique.
L
es discussions concernant la motivation du licenciement ont abouti à la signature d’une convention
collective de travail (CCT) au Conseil national du travail, le 12 février. Cette CCT n°109 se compose de deux
volets: d’une part, le droit pour le travailleur de connaître
les raisons qui ont conduit à son licenciement (motivation
du licenciement); d’autre part, la nouvelle procédure de
«licenciement arbitraire», qui s’appelle désormais le «licenciement manifestement déraisonnable» (LMD).
Le travailleur qui souhaite connaître les motifs concrets
qui ont conduit à son licenciement doit les demander par
lettre recommandée à l’employeur, et ce dans les 2 mois
après la fin de son contrat de travail. Dans le cas où le travailleur doit prester son préavis, le délai est fixé à 6 mois
après la notification du préavis. Le fait de demander ou non
la motivation du licenciement est un choix qui appartient au
travailleur, sans conséquences négatives pour le chômage
si le travailleur licencié ne demande pas les raisons. Si
l’employeur ne répond pas ou apporte une réponse vide
de sens, il est tenu de payer au travailleur concerné une
amende correspondant à 2 semaines de salaire.
Licenciement déraisonnable
Pour la définition du «licenciement manifestement déraisonnable», la CCT se base sur le comportement ou
l’aptitude du travailleur, ou sur les nécessités de fonctionnement de l’entreprise. On reprend ici littéralement
la définition de l’actuel «licenciement abusif» pour les
ouvriers, en y ajoutant qu’il n’est question de «licenciement manifestement déraisonnable» que dans le cas
où un employeur normal et raisonnable n’aurait jamais
pris une telle décision. Le «contrôle marginal» du juge
qui, dans le cadre du licenciement arbitraire, vérifiait si
l’employeur ne faisait pas un usage déraisonnable de sa
liberté d’employeur, est ainsi repris dans la CCT n°109.
Charge de la preuve
La répartition de la charge de la preuve a constitué un
point important de la discussion. Dans le cadre du licenciement abusif, la loi faisait porter l’entièreté de la charge
de la preuve sur l’employeur, alors que, dans la pratique,
il revenait aussi au travailleur d’avancer ses arguments.
Cette procédure est maintenant fixée dans la CCT. La
répartition de la charge de la preuve dépend du suivi de la
procédure de motivation du licenciement:
• Si la procédure est suivie par l’employeur et le travailleur, il revient à chacune des deux parties de prouver
ses arguments devant le tribunal.
• Si le travailleur a fait la demande auprès de l’employeur
mais que celui-ci n’a pas répondu, la charge de la
preuve incombe entièrement à l’employeur.
6 l 28 février 2014 l l’info n°9-10
• Si le travailleur n’a pas demandé les motifs de son
licenciement mais qu’il veut malgré tout invoquer un
licenciement manifestement déraisonnable devant le
tribunal, la charge de la preuve incombe entièrement
au travailleur.
Demander les raisons à temps
Pour le travailleur qui soupçonne un licenciement déraisonnable, il est donc important de demander les raisons
du licenciement dans les délais. Si le juge décide que
le licenciement était manifestement déraisonnable, il fixe
une indemnité de 3 à 17 semaines de salaire, en fonction
de la gravité du caractère déraisonnable, cumulable, le
cas échéant, avec l’amende de 2 semaines de salaire.
Les deux indemnités sont exonérées de cotisations ONSS
et sont cumulables avec des allocations de chômage.
La CCT s’applique aux licenciements qui interviennent
à partir du 1er avril (notification du préavis ou rupture du
contrat de travail à partir de cette date). En revanche, la
CCT ne s’applique pas dans les cas suivants:
• contrats d’étudiant;
• travail intérimaire;
• licenciement en vue du RCC (ex-prépension) ou lorsque
le travailleur a atteint l’âge légal de la pension (65 ans);
• cessation de l’activité ou fermeture de l’entreprise;
• licenciement collectif;
• licenciement au cours des six premiers mois d’occupation (compte tenu de l’occupation préalable en tant
qu’intérimaire dans la même fonction ou dans le cadre
d’un contrat à durée déterminée);
• licenciements multiples, tels que définis par les secteurs;
• licenciements pour lesquels il existe des procédures
spécifiques.
Régime supplétif
On parle ici d’un régime supplétif, dans le sens où le nouveau régime ne s’applique que s’il n’existe pas de régime
conventionnel spécifique dans le secteur ou l’entreprise.
Ce système ne s’applique provisoirement pas non plus
aux ouvriers dans les secteurs qui maintiennent le préavis
réduit:
• Pour les ouvriers qui conservent temporairement le
préavis réduit, la protection actuelle contre le licenciement arbitraire (article 63) est maintenue jusqu’au
31 décembre 2015 (ou moins longtemps si le secteur
décide d’intégrer anticipativement le régime général).
• Pour les ouvriers des chantiers de construction (avec
maintien définitif du préavis réduit), l’article 63 reste
d’application pour une durée indéterminée.
l Piet Van den Bergh
© Philippe Turpin/Belpress
Statut unique
Désormais, en cas de «licenciement déraisonnable», le juge
fixera une indemnité de 3 à 17 semaines de salaire.
Production de papier
Prime syndicale
Tous les travailleurs occupés dans une entreprise
appartenant à la commission paritaire (CP) 129 ont
droit à une prime syndicale. Les employeurs distribuent actuellement cette prime aux travailleurs.
Pour avoir droit à cette prime, vous devez être
affilié à la CSC et avoir été occupé par une entreprise du 1er janvier 2013 au 31 décembre 2013.
Si vous avez travaillé pendant la période complète,
vous recevrez 135 euros (ou 11,25 euros par mois
d’occupation).
Veuillez reprendre sur la carte votre numéro de
compte et veillez à être en ordre de cotisations.
Le premier paiement de la prime syndicale sera
effectué le mardi 1er avril.
Si vous ne recevez pas de carte alors que vous
pensez avoir droit à cette prime syndicale, nous
vous conseillons de prendre contact avec votre délégué syndical, un centre de services CSC ou la fédération professionnelle de la CSC-Bâtiment industrie
& énergie.
Céramique et produits
réfractaires
Prime syndicale
Tous les travailleurs occupés dans une entreprise
appartenant à la commission paritaire (CP) 113
ont droit à une prime syndicale. Les employeurs
remettent actuellement cette prime aux travailleurs.
Pour avoir droit à cette prime, vous devez être
affilié à la CSC et avoir été occupé par une entreprise pendant la période du 1er janvier 2013 au 31
décembre 2013. Si vous avez travaillé pendant la
période complète, vous recevrez 135 euros (ou
11,25 euros par mois d’occupation).
Veuillez reprendre sur la carte votre numéro de
compte et veillez à être en ordre de cotisations. Le
paiement de cette prime syndicale est actuellement
en cours.
Si vous ne recevez pas de carte alors que vous
pensez avoir droit à cette prime syndicale, nous
vous conseillons de prendre rapidement contact
avec votre délégué syndical, un centre de services
de la CSC ou la fédération professionnelle de la
CSC-Bâtiment industrie & énergie.
Contrôle de disponibilité
Séances d’information
Les prochaines séances d’information organisées
par la CSC à l’intention des demandeurs d’emploi
confrontés au contrôle de disponibilité, auront lieu
aux endroits et dates suivants:
Pour tous les demandeurs d’emploi:
• Arlon (rue Pietro Ferrero 1, salle D): le 9 avril de
14h à 16h.
• Bastogne (Mutualité chrétienne, salle «Mardasson», rue Pierre Thomas 10R): le 21 mars de 14h
à 16h.
• Braine-l’Alleud (rue Cloquet 2): les 6 mars, 3
avril, 15 mai et 5 juin à 13h.
• Marche-en-Famenne (salle «La Marchette», avenue du Monument 8A2): le 5 mars de 14h à 16h.
• Nivelles (rue des Canonniers 14): les 19 mars,
16 avril, 21 mai et 11 juin à 9h30.
• Tubize (rue des Ponts 65): les 11 mars, 15 avril,
13 mai et 10 juin à 9h30.
Pour les jeunes en stage d’insertion ou bénéficiaires
d’allocations d’insertion:
• Ath (rue de Gand 28): le 18 mars à 14h.
• Bouge (chaussée de Louvain 510): les 17 mars,
28 avril, 19 mai et 30 juin de 14h à 16h.
• Liège (boulevard Saucy 10): les 5 mars, 9 avril,
7 mai et 4 juin à 9h30.
• Mouscron (place Charles de Gaulle 3): le 17 mars
à 14h.
• Tournai (avenue des Etats-Unis 10): le 20 mars
à 14h.
• Verviers (Pont Léopold 4-6): le 20 mars à 10h.
E lect
ions
Le 25 mai, on vote pour un projet de société
Dans moins de trois mois, la Belgique va connaître simultanément plusieurs élections importantes. Nous voterons pour choisir nos représentants à trois niveaux de pouvoir:
• la députés à la Chambre des représentants et les sénateurs au niveau fédéral;
• les parlementaires wallons, bruxellois et germanophones aux niveaux régional et communautaire;
• les députés au Parlement européen au niveau européen.
Au cours des prochaines semaines, «L’Info» détaillera dans chacune de ses éditions le fonctionnement de ces différents niveaux de pouvoir,
les enjeux qui s’y jouent et les priorités pour un projet de société juste et solidaire fixées par la CSC dans ses différents mémorandums.
Les populismes, maladies
de la démocratie
Réveiller les citoyens
Ne pas voter «contre» comme le voudraient les populismes, mais voter «pour»
comme le veut la démocratie: pour plus de solidarité, pour plus d’équité.
C’est le défi des élections régionales, fédérales et européennes de mai prochain.
Au nom du peuple
Historiquement, le populisme est né à gauche (1):
• En 1792, au Missouri (USA), le «People’s party» est né
dans un milieu de petits fermiers qui, menacés par le
capitalisme industriel, se sont rassemblés pour résister. Ils se sont opposés aux monopoles naissants, ont
réclamé le droit de vote pour les femmes. Le mouvement n’a pas duré longtemps, mais il a influencé les
débuts du syndicalisme.
• En Russie, vers 1870, le mouvement populiste est créé
dans un milieu d’étudiants idéalistes, voulant éduquer le
peuple et lui permettre de se soulever contre le tsar.
L’élan moral tenait plus de place dans le mouvement que
la réflexion politique pure. Cet esprit a subsisté et il s’est
transformé avec la révolution de 1917.
• Un populisme de droite a vu le jour un peu plus tard.
• En France, au lendemain de la Commune de Paris (en
1871), le général Boulanger rassemble des bourgeois
conservateurs, mais aussi des socialistes convaincus.
Le mouvement se «droitise» très vite et très fort avec
la «Ligue des patriotes» de Derroulède, dissoute par la
IIIe République.
• Au la veille de la Seconde Guerre mondiale, en Belgique,
le mouvement de Léon Degrelle, de sinistre mémoire,
prétend défendre le «pays réel» et entraîne ses adeptes
dans la collaboration avec le nazisme.
La peur, terreau des populismes
«Notre pays est peu prompt à s’enflammer pour des
causes hasardeuses, souligne Henri Deleersnijder. Mais la
vigilance est indispensable, car la peur sévit: peur socioéconomique, peur des flux migratoires, peur de tout ce qui
menace les acquis sociaux dans une Europe vieillissante.
Et c’est toujours la peur qui fait le terreau des populismes.»
Il énumère divers visages et discours du populisme qui
sévissent aujourd’hui comme hier: protestataire (le pays
«d’en bas» contre celui «d’en haut»), identitaire (le peuple
«menacé» par «des gens venus d’ailleurs»)…
«Il ne faut pas minimiser le populisme, souligne Marc
Maesschalck, sociologue, professeur à l’UCL. Et si l’on
veut lutter contre lui, il faut le repenser dans sa complexité
actuelle. En effet, il y a moins de construction idéologique
dans les populismes d’aujourd’hui que dans les populismes
historiques. C’est une forme de mobilisation collective où
il n’y a rien de pensé, une manifestation face à l’impuissance du politique.» Les populismes d’aujourd’hui tirent à
tout-va sur deux groupes: les élites, par définition «incompétentes», et les profiteurs qui, par définition, n’existeraient pas si les élites faisaient leur boulot! Les populismes
d’aujourd’hui sont foncièrement contre les parlementaires
et les responsables politiques, contre les intellectuels (les
enseignants, les journalistes, parfois aussi les leaders syndicaux).
Le parti néonazi «Aube dorée» en Grèce: le symbole du retour des populismes en Europe.
© Reporters
«P
ropos populistes», «candidat populiste», «Vous
êtes un populiste»… La campagne électorale
est marquée par la présence du populisme. Le
mot et l’idée sont parfois utilisés à tort et à travers, en
général pour disqualifier l’adversaire. Mais on aurait tort de
prendre le phénomène à la légère. Les populismes ont bel et
bien opéré un retour dans les pays de l’Union européenne.
C’est un révélateur du profond malaise d’une société.
«Le populisme, explique l’historien Henri Deleersnijder,
professeur d’histoire et collaborateur scientifique à l’ULg,
c’est la tentation d’abandonner son pouvoir de décision à
un leader providentiel. Dans les temps de grande incertitude, la tentation de rechercher un père émerge de l’inconscient collectif.»
«Dans un monde politiquement assez apathique (où les
citoyens votent moins, par exemple), les populismes
mènent une stratégie d’éveil: ils secouent les gens assoupis sur leurs droits pour les embrigader dans un processus de pouvoir. Bien sûr, ce n’est qu’une stratégie»
explique Marc Maesschalck.
Alors, que faire? «Le défi est d’agir sur cet éveil,
répond-il. Il existe en effet une disposition des gens à se
réveiller, mais les institutions en place ne semblent guère
en mesure de le faire, peut-être parce qu’elles-mêmes n’y
croient pas assez…» Il avance cinq pistes concrètes pour
lutter contre le retour des populismes et en revenir à une
citoyenneté responsable:
• maintenir le principe fondamental de la souveraineté
populaire, tout en sachant que c’est très complexe. Des
formes diverses de démocratie participative doivent
s’installer à côté de la démocratie représentative;
• réfléchir à la manière de dépasser les configurations
politiques nationales pour élargir le cadre strict de la
nation, en Europe par exemple;
• réinventer la possibilité d’une politique de la lutte des
classes, indispensable avec la crise qui montre bien
que les intérêts socio-économiques sont divergents et
qu’il faut arriver à des compromis sociaux;
• développer une politique positive des émotions, pour
passer de l’indignation à la solidarité;
• transformer le peuple objet (celui qui subit) en peuple
sujet (celui qui agit et décide). l
Les articles de cette page sont rédigés d’après les communications faites lors de la journée d’actualité politique «Le(s)
populisme(s)» organisée par le Ciep du Moc, le 8 novembre 2013,
à Louvain-la-Neuve.
(1) Sur l’histoire et les visages du populisme, voir le très bon livre
de Henri Deleersnijder, «Populisme, vieilles pratiques, nouveaux
visages», paru en 2006 aux Editions Luc Pire. L’ouvrage a obtenu
le Prix du livre politique de la Communauté française.
Qu’appelle-t-on «le peuple»?
De quoi parle-t-on quand on parle du «peuple»? De
choses très diverses en fait, explique Louis Carré,
philosophe, attaché au Centre de théorie politique de
l’ULB. Il détaille cinq «noms» du peuple et cinq manières
de l’appréhender:
• Le peuple souverain. C’est un concept politique né
en 1793 après l’exécution de Louis XVI. C’est un principe, mais il reste abstrait.
• Le peuple nation. C’est un concept «ethnique» né
en 1848. La nation est un moyen de donner corps
à la notion abstraite de peuple en la faisant reposer
sur un territoire, une langue, une histoire. C’est une
construction imaginaire, intellectuelle.
• Le peuple classe sociale. C’est un concept social:
la classe ouvrière face à la bourgeoisie. Une division
apparaît dans la population sur base d’intérêts socioéconomiques divergents.
• Le peuple comme masse populaire. C’est un affect
plutôt qu’un concept. La masse elle-même est indéfinissable. Rien ne lie ce peuple, sinon la parole de
son leader. C’est ce qui se passe de manière spectaculaire dans l’Allemagne nazie. Mais c’est aussi ce
qui se passe avec divers mouvements aujourd’hui.
• La population. Ici, le peuple n’est plus un sujet
politique à part entière, mais un objet politique. On
est dans le registre de la représentation, des statistiques. Il s’agit de réguler le flux des populations.
l’info n°9-10 l 28 février 2014 l 7
La CSC confie ses priorités aux partis
© D. CopPieters
À trois mois des élections,
la CSC a remis ses mémorandums
au MR, à Ecolo, au PS et au CDH.
Priorité à l’emploi, à la protection
sociale et à l’enseignement.
L
e 25 février, la CSC francophone a
remis officiellement ses mémorandums à quatre partis francophones:
MR, Ecolo, PS et CDH. A l’approche des
élections du 25 mai (régionales, fédérales et européennes),
à l’heure où les partis affinent leur programme, la CSC souhaitait leur ouvrir les yeux. Pour faire passer le message,
elle était accompagnée de quelques dizaines de militants
portant de grandes lunettes.
Les représentants des partis ont reçu la délégation de la
CSC qui a synthétisé les contenus des mémorandums (fédéral, wallon, bruxellois et francophone) en mettant en avant
trois priorités: l’emploi, la protection sociale et l’enseignement-formation. Elle a ainsi rappelé ses principales revendications:
•La CSC veut plus d’emplois. Elle veut des aides à l’emploi
– ce qui ne manque pas puisqu’elles sont estimées à environ 200 – mais des aides efficaces. Pour en juger, il est
nécessaire de les évaluer. La CSC veut miser sur l’emploi
des jeunes avec le développement d’une véritable filière
d’alternance emploi-formation qui donne un véritable statut aux jeunes.
•La CSC veut des emplois, mais de qualité. Il faut arrêter
la précarisation accrue des emplois qui créent des travail-
leurs pauvres. Pour ce faire, il faut réguler le temps partiel,
limiter l’intérim et conditionner les aides à l’emploi à un
emploi durable.
•Au niveau européen, la CSC veut une autre Europe, avec
une dimension sociale plus affirmée, avec des normes
budgétaires qui permettent des investissements durables
et non pas qui les condamnent par des traités budgétaires
tels que le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG) ou un projet de directive comme Refit
(lire ci-dessous).
•Sur le plan fédéral, la CSC veut maintenir une sécurité
sociale forte qui ne conduit pas à l’appauvrissement ou
à une diminution, voire une suppression des allocations
sociales. Elle veut la suppression des mesures de dégressivité des allocations de chômage et de limitation des allocations d’insertion dans le temps.
• Une réforme fiscale est urgente et indispensable afin de
faire participer davantage les revenus du patrimoine.
La CSC veut une garantie que les services publics, les
services au public et le non-marchand soient pérennisés.
Accents régionaux
Sur le plan wallon, la CSC exige que les «pôles de compétitivité» soient évalués sérieusement, ainsi que leur impact sur
l’activité et l’emploi. La CSC met aussi l’accent sur l’enseignement: elle propose la mise en place d’un tronc commun
jusque 14 ans, voire 16 ans à terme. L’enseignement technique et professionnel doit être valorisé – ce que la CSC
attend depuis vingt ans sans rien voir venir –, l’apprentissage des langues doit devenir une réalité.
Sur le plan bruxellois, la CSC pointe la mise en place d’un
enseignement de qualité pour chaque élève. Cela doit se
concrétiser par la lutte contre la dualisation, les discriminations, la pauvreté… Parallèlement, les politiques doivent
sérieusement prendre en main le coût du logement.
Les représentants des quatre partis se sont montrés attentifs, intéressés et demandeurs de poursuivre les discussions
lors de débats informels. Des rendez-vous seront pris pour
encourager les partis francophones à intégrer les priorités
de la CSC dans leur programme électoral. l
#RethinkRefit
L’Europe ne peut pas
négliger la santé des travailleurs
E
se sont distanciés du reste de la famille libérale européenne.
Les libéraux se sont en effet prononcés contre, comme Guy
Verhofstadt.
n octobre dernier, la Commission européenne annonçait
son intention de sabrer dans la législation européenne,
en se fondant sur des certitudes néolibérales, notamment
sur le fait que trop de règles et de lois entravent la croissance des entreprises. C’est le programme «Refit». L’Europe
a mené des enquêtes pour déterminer quelles sont ces lois
qui irritent tant les employeurs. Elle a également mandaté des bureaux d’étude onéreux pour réaliser des calculs
démagogiques sur cette question.
La Commission décrète donc qu’aucune nouvelle législation
européenne ne pourra plus être adoptée en matière de sécurité au travail. Même si des experts et des fonctionnaires
ont consacré dix ans à l’élaboration de cette législation, et
même si les employeurs et les syndicats se sont accordés
sur la nécessité de nouvelles règles. Par exemple, sur l’harmonisation en Europe des normes en matière de protection
des travailleurs contre certaines substances cancérigènes.
La Belgique, par exemple, ne dispose d’aucune norme en
matière de durée et de taux d’inhalation des gaz d’échappement diesel sur le lieu de travail. Cette proposition sera
supprimée, affirme la Commission.
Premier vote au Parlement
Hairdressers
have the right to be
protected from skin
diseases, Mr Barroso!
Début février, un vote est intervenu pour la première fois au
Parlement européen. Pas sur un texte de loi concret – ce
sera pour plus tard – mais sur une résolution. Une majorité
de sociaux-démocrates, d’écologistes et de membres du
Parti populaire européen ont dit à la Commission, à travers
un amendement, que le programme Refit ne peut créer de
différences en droits entre les travailleurs des PME et ceux
des grandes entreprises, et qu’il ne peut entraver l’amélioration de la réglementation en matière de sécurité. L’eurodéputé Frédéric Daerden (PS) était un des défenseurs de cet
amendement. Ont voté favorablement, outre Frédéric DaerIl en va de même pour les conventions collectives de travail www.etuc.org
den: Véronique De Keyser (PS), Marc Tarabella (PS), Isabelle
(CCT) européennes. Les employeurs et les syndicats s’étaient
Durant (Ecolo), Philippe Lamberts (Ecolo), Anne Delvaux
accordés, de leur plein gré, sur des règles de sécurité dans
(CDH) et Mathieu Grosch (CDH).
les secteurs de la pêche, de la navigation intérieure et de la
coiffure. La Commission européenne refuse de rendre ces CCT
Frédérique Ries (MR) a également voté pour, mais son colobligatoires. Elle prend cette décision unilatéralement, sans
lègue Louis Michel a d’abord voté contre, avant de revenir
permettre à un conseil des ministres européens d’en décider.
sur son vote. Ce faisant, les libéraux belges francophones
8 l 28 février 2014 l
l’info
n°9-10
Mark Demesmaeker (NVA) a voté pour par accident. Il a
ensuite corrigé son vote… Bizarrement, Jean-Luc Dehaene
(CD&V), Marianne Thyssen (CD&V) et Ivo Belet (CD&V) se
sont abstenus, alors que tous les autres membres du Parti
populaire européen ont voté favorablement. Les autres eurodéputés belges néerlandophones (Groen et SPa) ont voté
pour, à l’instar de leurs collègues francophones.
La campagne continue
Soulignons toutefois que, pour décerner un carton jaune à la
Commission européenne qui refusait de mettre en œuvre la
CCT des coiffeurs, les syndicats ont pu compter sur tous les
eurodéputés belges sauf Anne Delvaux (CDH), les libéraux,
la NVA et le Vlaams Belang. Malheureusement, cette proposition n’a pas obtenu une majorité au Parlement, le reste du
Parti populaire européen étant contre. Non pas que ce vote
aurait permis au Parlement de ratifier cette CCT, ce n’est pas
de sa compétence. Mais ce signal aurait pu faire évoluer la
situation.
Il faut donc poursuivre la campagne contre Refit. La CSC
invite ses affiliés à signer la pétition en ligne (www.rethinkrefit.eu), à adresser un courriel aux eurodéputés via le même
site internet, et à suggérer à leurs collègues et amis d’en
faire autant.
l Herman Fonck