PrimaryCare PrimaryTeaching&Learning Ulrich Heininger La varicelle pendant la grossesse Un article de la série «Questions sur la vaccination» De nombreux médecins de famille sont confrontés chaque jour au thème de la vaccination. Alors que beaucoup d’aspects relèvent de la routine, des questions délicates se posent toujours. Il y a sûrement des collègues qui sont de véritables experts en vaccination. Cette série s’adresse volontairement aux médecins manquant encore d’expérience et elle se concentre sur les points pour lesquels les recommandations de la commission fédérale pour les vaccinations n’apportent pas toujours une réponse simple. N’hésitez pas à nous faire part de vos questions concernant la vaccination. Envoyez vos e-mails à office[at]primary-care.ch Question de la rédaction de PrimaryCare Agée de 3 ans, la fillette d’une femme enceinte de son troisième enfant et à 3 semaines du terme a été en contact avec des enfants ayant la varicelle dans son groupe de jeu. Ni la femme enceinte ni sa mère ne savent si elle a déjà eu la varicelle. Elément particulier: il y a 18 mois, la jeune femme a perdu son deuxième enfant immédiatement après la naissance. Figure 1 Microscopie électronique d’un virus de la varicelle. Image: CDC / Dr Erskine Palmer; B.G. Partin 1 Commission fédérale pour les vaccinations Commentaire de l’expert Il s’agit d’une situation fréquente dans la pratique. En réalité, d’après les recommandations de la CFV1 (www.ekif.ch), toute personne entre 11 et 40 ans devrait soit présenter une anamnèse positive de la varicelle, soit avoir reçu deux doses de vaccin contre la varicelle. C’est pourquoi il est judicieux dans la pratique de demander au moins une fois aux patients de cette classe d’âge non vaccinés contre la varicelle (ce qui est le cas de la plupart des patients) s’ils ont déjà eu la varicelle et d’inscrire la réponse dans leur dossier médical. La fiabilité de la réponse «oui» est élevée [1]. Si la réponse est «je ne sais pas» ou «non», il est possible soit de déterminer le taux d’IgG anti-VZV dans le sérum (= marqueur d’une varicelle antérieure) et en cas de résultat positif, confirmer l’immunité, soit de vacciner immédiatement deux fois contre la varicelle à 4 semaines d’intervalle. Dans la situation présentée ici, il faut éclaircir deux points: 1 La femme enceinte est-elle immunisée contre la varicelle? (Doser les IgG anti-VZV). Si oui, il n’y a pas de raison de s’inquiéter. Si non, elle est potentiellement en danger, mais l’immunisation active est contre-indiquée pendant la grossesse car il s’agit d’un vaccin vivant. 2 De quand date la première exposition de la fillette de 3 ans (qui, n’ayant encore jamais eu la varicelle, est considérée comme «réceptive») au sein de son groupe de jeu? Si elle remonte à moins de 5 jours (attention: la contagiosité commence 2 jours avant l’éruption de l’exanthème chez la personne index, ce qui doit être pris en compte), une vaccination post-expositionnelle active de la fillette de 3 ans peut être tentée afin de prévenir l’éruption de la varicelle et réduire ainsi le risque de transmission à la femme enceinte (peut-être non immunisée). Il ne faudrait pas perdre de temps à attendre le résultat de la sérologie de la mère, car plus une vaccination post-expositionnelle est effectuée tôt, plus elle est efficace. Il faut discuter de ces options avec la femme enceinte. Si une femme enceinte a des résultats négatifs quant aux IgG anti-VZV et est exposée à la varicelle, l’immunisation passive devrait lui être proposée immédiatement (immunoglobuline spécifique, par ex. Varitect®), en particulier entre la 8ème et la 20ème semaine de grossesse (en raison d’un risque de fœtopathie varicelleuse) et à l’approche du terme (mise en danger du nouveau-né). Après l’accouchement, au plus tôt 3 mois après l’administration de l’immunisation passive, elle devrait recevoir un vaccin actif contre la varicelle. Référence 1 Heininger U, Baer G, Bonhoeffer J, Schaad UB. Reliability of varicella history in children and adolescents. Swiss Med Wkly. 2005;17/18(35):252–255. Correspondance: Prof. Ulrich Heininger Leitender Arzt Pädiatrische Infektiologie und Vakzinologie Universitäts-Kinderspital beider Basel (UKBB) 4031 Basel ulrich.heininger[at]ukbb.ch PrimaryCare 2014;14: no 16 257
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