Chapitre+5+LIVRE+1 - cours-ses

Chapitre 5 : Stratification sociale et inégalités
Problématiques :
Après avoir caractérisé les inégalités économiques et sociales, vous montrerez qu'elles se
cumulent.
Après avoir caractérisé les inégalités, vous les expliquerez.
Après avoir constaté et expliqué les inégalités, vous étudierez leur évolution.
Faut-il réduire les inégalités ?
Les inégalités sont-elles justes ?
I) Des inégalités plurielles :
Remarque préliminaire : La différence et l'inégalité
L’inégalité est une différence qui se traduit en termes d'avantages et de désavantages.
Par exemple, le coefficient budgétaire alimentaire est plus élevé chez les ouvriers que chez les
cadres. On observe donc un développement des maladies de l'obésité chez les classes
populaires.
À retenir inégalités sociales : différence d'accès à des ressources rares et socialement prisées.
C'est sur la base de ces différences et de ces inégalités que la société est hiérarchisée.
Stratification sociale : découpage de la société en groupes présentant une homogénéité en
leur sein, mais distincts des autres et hiérarchisés.
Qu'est-ce que les PCS ?
Les PCS constituent la nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles,
appelées encore fréquemment CSP (catégories socioprofessionnelles), leur dénomination
d'avant la réforme de 1982. Ce système mis au point par l'INSEE, permet de classer la
population, et tout particulièrement la population active, en un nombre restreint de catégories.
Il constitue un instrument précieux d'analyse de la structure sociale française.
Quelles grandes oppositions structurent les PCS ?
-
Le statut PCS 1 et 2 indépendants ; les autres salariés.
Le secteur d'activité : PCS 1 = Secteur primaire ; PCS 2 = Secteur secondaire.
La taille de l'entreprise
Le niveau de qualification
Les évolutions :
-
Déclin des indépendants : phénomène de salarisation de la population active.
Augmentation de la part des CPIS, des professions intermédiaires et des employés au
sein de la population active : phénomène de tertiarisation.
Déclin de la classe ouvrière : passage d'une société industrielle à une société postindustrielle.
110
A) Les inégalités les plus perceptibles : les inégalités économiques
1) Les inégalités de revenus :
Le constat des inégalités de revenus :
Définitions:
La dispersion des salaires mesure les inégalités au sein d'une catégorie.
La disparité des salaires mesure les inégalités entre deux catégories.
Revenu disponible = {(revenus d'activité (salaires…) + revenus de transfert (indemnités de
chômage, retraite) + revenus du patrimoine, + solde des transferts reçus et versés à d'autres
ménages (pensions alimentaires)} – cotisations sociales.
Le revenu disponible se partage entre la consommation et l’épargne.
Les outils qui permettent de mesurer les inégalités
Un décile correspond à un 10ème de la population observée, un quartile 25% un quintile 20 %
de la population.
Le rapport D9/D1 est le rapport interdécile qui compare le revenu des ménages appartenant au
10 % les plus riches par rapport aux revenus des ménages des 10 % les plus pauvres.
La courbe de Lorenz
La courbe de Lorenz permet de représenter la répartition d'une variable pour une population
donnée. En abscisse, les ménages se trouvent classés en fonction de la valeur croissante de la
richesse. En ordonnée sont indiqués généralement les revenus ou le patrimoine là aussi en
pourcentages cumulés croissants.
Evolution des inégalités de revenus hors revenus du patrimoine en France (rapport
interdécile)
1970
1975
1979
1984
1990
1997
1999
2001
2002
4,8
4,3
3,8
3,5
3,4
3,4
3,3
3,2
3,2
Source : INSEE.
Entre 1970 et 2002, les inégalités de revenus (hors revenus du patrimoine) ont assez nettement
diminué. En effet, sur l’ensemble de la période, le rapport interdécile, en passant de 4,8 à 3,2,
a perdu le tiers de sa valeur, ce qui implique que la dispersion des revenus a diminué de 33 %
et donc que les inégalités de revenus ont diminué d'autant. En effet, le rapport interdécile de
70 était, 1,5 fois plus élevé que celui de 2002 (1,5 = 4,8/3,2)
111
D1
1104
Evolution en euros des revenus par décile, entre1996 et 2002
D2
D3
D4
D5
D6
D7
D8
D9 5 % les plus
riches
1172 1253 1431 1472 1656 1776 1937 2381
3455
Evolution en % des revenus par décile, entre1996 et 2002
D1
1% les plus
riches
5460
1 % les plus
riches
11,8 %
14,9
%
Source : INSEE.
Entre 1996 et 2002, on peut dire de manière relative que les inégalités de revenus se réduisent
car l'augmentation relative de ces revenus est d'autant plus forte que les revenus sont faibles.
Par exemple, sur la période, les revenus des 10 % les pauvres ont augmenté de 14,1 % lorsque
ceux des 10 % les plus riches ont augmente d'un peu moins de 10 %.
2) Les inégalités de patrimoine :
Le patrimoine brut d’un ménage est l’ensemble des avoirs (meubles, terrains, résidences
épargne, actions, obligations) qu’il détient + l’ensemble de ses dettes.
Le patrimoine des cadres et des gros indépendants est 20 fois supérieur à celui des ouvriers du
fait de la nature de l’activité (bureaux, biens d’équipements) qui nécessite des emprunts
faisant augmenter le patrimoine une fois qu’ils sont remboursés.
Ces inégalités peuvent s’expliquer par :
Le crédit : Plus le revenu est élevé, plus le crédit est aisé.
La fiscalité : les ménages peuvent déduire de leur revenu imposable les intérêts d’emprunts
pour les crédits liés à l’exercice professionnel (professions indépendantes), les intérêts
immobiliers.
Les inégalités de patrimoine sont plus importantes que les inégalités de revenus car celles-ci
se cumulent plus facilement du fait des mécanismes sociaux :
Selon la loi psychologique fondamentale de Keynes, les ménages modestes ont une
propension à épargner plus faible car ils ont tendance à consommer l'intégralité de leurs
revenus. En revanche, les ménages aisés ont une propension à épargner plus forte dans la
mesure où ils épargnent une partie de leurs revenus.
L’hérédité sociale : le patrimoine se transmet par héritage.
L’homogamie : les patrimoines élevés ont tendance à fusionner.
Les détenteurs des revenus les plus élevés ont l’épargne la plus élevée.
L’épargne des catégories supérieures est bonifiée car celles-ci disposent d’une meilleure
information et des possibilités de placements plus importantes.
3) Les inégalités devant l'emploi :
Les inégalités hommes/femmes devant l’emploi sont fortes et s’expliquent par le fait que les
entreprises considèrent qu’une femme qualifiée et diplômée, après son intégration
professionnelle peut envisager la maternité et aurait donc une présence discontinue et un
investissement moindre par rapport à un homme.
112
De plus, les ménages ayant un emploi précaire ont des ressources qui ne sont pas aussi stables
que celles procurées par un emploi typique.
CDD => fin du contrat = chômage 60 % du revenu d’activité => faible pouvoir d’achat =>
faible crédit => faible consommation => faible niveau de vie
B) Les inégalités socioculturelles : des inégalités moins perceptibles
1) Les inégalités devant l'espérance de vie :
Le constat :
Espérance de vie : nombre moyen d’années que peut espérer vivre un individu d’un âge
donné, compte tenu des taux de mortalité observés par âge.
Les cadres vivent en moyenne 6 ans de plus que les ouvriers.
Les explications :
-
Un accès aux soins moindre :
Les ouvriers non qualifiés consultent moins de spécialistes que les cadres.
-
Des pratiques de consommations dangereuses :
Les consommations de tabac ou d’alcool s’expliquent par le niveau de diplôme et les
conditions de travail.
-
Des conditions de travail pénibles :
Les accidents du travail sont plus nombreux chez les ouvriers que chez les cadres car leurs
conditions de travail sont plus difficiles : travail en extérieur, le corps est davantage sollicitée
(charges à porter).
2) Les inégalités devant l'éducation :
Capital culturel : selon Pierre Bourdieu, c'est l'ensemble des savoirs et des savoirs faire
transmis dans le cadre familial qui va, lorsqu'il correspond au capital culturel légitime, être
revalorisé dans le cadre de l'institution scolaire. Exemple : le maniement de la langue.
TF1 et ARTE n'ont pas le même public socialement parlant et parmi ceux qui suivent la même
émission, tous ne la suivent pas de la même manière.
L'ordinateur : l’usage est différencié (jeux, sites scientifiques…)
3) Les inégalités de consommation :
Lorsque le revenu s'élève, la part consacrée aux dépenses secondaires augmente (loi
d'Engel).
113
Des facteurs économiques et sociaux déterminent la consommation des ménages :
Loi Engel : lorsque le revenu s’élève, la part consacrée aux dépenses secondaires augmente.
Le diplôme : plus le diplôme est élevé, plus le revenu est élevé.
L’âge : les dépenses en biens durables sont plus élevées chez les jeunes ménages (installation)
par rapport aux personnes âgées et les dépenses de santé sont plus élevées pour les second que
pour les premier.
L’importance de la famille : plus la famille est nombreuse, plus les dépenses consacrées aux
loisirs et aux vacances sont faibles et inversement.
Le degré d’extraversion : certaines dépenses augmentent avec la taille de l’agglomération.
Conclusion : des inégalités cumulatives
Les inégalités économiques expliquent les inégalités sociales :
Faibles revenus => faibles vacances ou pas d’études longues pour les enfants
Chômage, précarité => faible revenu => pas de crédit => pas d’achat de maison => faible
niveau de vie
Les inégalités sociales expliquent les inégalités économiques :
Échec scolaire => pas de diplôme => pas de qualification => emploi mal rémunéré => pas
d’achat de logement => pas de patrimoine
Catégories modestes => consommation de moindre qualité => perte du prestige social
Catégories modestes => conditions de travail difficiles => faible espérance de vie
Catégories modestes => pas d’études supérieures => faible qualification => forte vulnérabilité
sur le marché du travail
II) L’évolution des inégalités :
A) Le recul des inégalités : vers une moyennisation
1) Mise en évidence de la réduction des inégalités :
Entre 1970 et 2002, les inégalités de revenus (hors revenus du patrimoine) ont assez nettement
diminué. En effet, sur l’ensemble de la période, le rapport interdécile, en passant de 4,8 à 3,2,
a perdu le tiers de sa valeur, ce qui implique que la dispersion des revenus a diminué de 33 %
et donc que les inégalités de revenus ont diminué d'autant. En effet, le rapport interdécile de
70 était, 1,5 fois plus élevé que celui de 2002 (1,5 = 4,8/3,2).
Entre 1996 et 2002, on peut dire de manière relative que les inégalités de revenus se réduisent
car l'augmentation relative de ces revenus est d'autant plus forte que les revenus sont faibles.
Par exemple, sur la période, les revenus des 10 % les pauvres ont augmenté de 14,1 % lorsque
ceux des 10 % les plus riches ont augmente d'un peu moins de 10 %.
Selon Kuznets, lorsqu'une société commence son développement économique (décollage,
industrialisation…), les inégalités ont tendance à croître car le développement économique ne
touche pas tout le monde de la même manière. Ceux qui en bénéficient le plus sont les chefs
114
d'entreprise, la bourgeoisie commerçante, les financiers et les salariés qualifiés
(développement des activités financées par les banques).
Les inégalités s'accroissent au sein de la population entre ceux qui bénéficient du
développement et ceux qui ne sont pas touchés par le développement.
Mais peu à peu, les progrès de la productivité vont avoir des retombées positives pour
l'ensemble de la société (ils entraînent une baisse des prix et une augmentation des salaires).
De plus, une intervention de l'État pour assurer une redistribution des richesses va permettre
une relative atténuation des inégalités.
Selon la loi de Kuznets, plus un pays se développe, plus les inégalités de revenus se réduisent.
Ainsi, les inégalités sont plus faibles dans les pays développés que dans les pays en
développement.
L’indice de Gini chiffre les inégalités de répartition des revenus. Plus il est proche de zéro,
plus la répartition est égalitaire.
Une société en montgolfière est caractérisée par une classe moyenne prépondérante et des
classes extrêmes peu nombreuses. Le modèle de régulation Fordiste a permis de voir se
développer une société en montgolfière.
2) Les éléments explicatifs à l'origine de la réduction des inégalités :
Le recul des inégalité s’explique par :

1- Le succès des idées démocratiques (Tocqueville 1805-1859) :
Par égalité sociale, on entend que les positions sociales ne sont plus héritées comme cela
pouvait être le cas dans la société aristocratique mais méritées. La position sociale d’un
individu n'est plus fondée sur sa naissance. Cela signifie la fin de la reproduction sociale :
chaque individu peut accéder à toutes les positions quelle que soit son origine. Ainsi l'état de
pauvreté (respectivement de richesses) n’est en rien un état permanent qui se reproduirait de
génération en génération. Chacun a la possibilité de connaître une mobilité ascendante s'il
dispose du talent et du mérite nécessaire.
Exemple : rien n’assure à un riche commerçant qu'il va le rester toute sa vie ni que ses enfants
vont reprendre son activité. La bourgeoisie n’est donc plus une classe sociale, d'une part car
l'employeur et son employé bénéficient des mêmes droits et d'autre part, car la situation
d'employeur (comme celle de l’employé) est devenue réversible.
Remarque : les conséquences sociales et économiques de l'égalisation des conditions
- L'existence d'une forte mobilité sociale : la société démocratique, à travers le principe
d'égalité des chances est une société dans laquelle il existe une forte mobilité sociale. C’est
une société basée sur la méritocratie (à chacun selon ses mérites), contrairement à la société
aristocratique (la société d'ordres) où les positions sociales étaient essentiellement transmises
à la naissance. La structure sociale aristocratique avait tendance à se reproduire de génération
en génération. Désormais, avec l'avènement de la démocratie les positions sociales sont
ouvertes à tous.
115
- Une tendance à la moyennisation de la société : du fait de l'existence de cette égalité des
chances, les conditions de vie ont tendance à se rapprocher. Une des tendances de la société
démocratique est donc l'avènement d'une vaste classe moyenne (elle est composée d'artisans,
commerçants et d'employés salariés).
Attention : l'égalisation des conditions n’est pas synonyme d'une disparition des inégalités. Au
contraire, elles demeurent. Ce mouvement de réduction des inégalités ne peut pourtant pas
déboucher sur une égalité parfaite entre les hommes car il existe une volonté de chacun de
surpasser les autres : c'est la méritocratie. Il y a toujours des riches et des pauvres, ce qui
signifie que l'égalisation des conditions ne s'oppose pas aux inégalités économiques : celles-ci
sont le résultat de la mobilité sociale possible pour tous et ne sont pas liées à l'existence de
privilèges.
2- La croissance a permis de créer de nombreux emplois :
Mais c'est surtout l'augmentation de la productivité qui est à l'origine d’une réduction des
inégalités. En effet, lorsque la productivité augmente, les coûts de production de l'entreprise
diminuent ce qui lui permet d'augmenter les salaires et de baisser les prix. Ce partage de la
productivité a été à l'origine pendant les Trente glorieuses, d'une hausse du niveau de vie.
3- Le développement de l'État providence a également permis une réduction des inégalités :
L'Etat providence poursuit deux objectifs :
La protection sociale a une fonction de redistribution. D’une part, la redistribution
horizontale a une fonction de solidarité sociale entre les générations, entre les actifs occupés
et les chômeurs, entre les biens portants et les malades, entre les célibataires et les familles
nombreuses. D’autre part, la redistribution verticale vise à réduire les inégalités de revenus.
Elle est fortement redistributive puisque plus les revenus des contribuables sont élevés, plus
ils paient d’impôts.
Redistribution verticale => impôts sur le revenu => forte redistribution => justice sociale
Maladie => revenu de remplacement => solidarité malades / biens portants => cohésion
sociale
Accident du L => revenu de remplacement => solidarité accidentés / actifs => cohésion
sociale
Congés maternité => revenu de remplacement => solidarité célibataires / familles nombreuses
=> cohésion sociale
Retraite => revenu de remplacement => solidarité entre les générations => cohésion sociale
Chômage => revenu de remplacement => solidarité actifs occupés / chômeurs => cohésion
sociale
RMI => satisfaire les besoins élémentaires => lutte contre l’exclusion => cohésion sociale
CMU => couverture maladie (sécurité sociale + complémentaire santé) => accès aux soins
gratuit => cohésion sociale
B) …à une société polarisée :
1) Une moyennisation à relativiser :
116
Le doublement des inégalités depuis 20 ans :
On peut remarquer que cette baisse des inégalités de revenus est surtout intervenue de 1970
jusqu'au milieu des années 80 car depuis cette période, la baisse à la dispersion des revenus
est très faible (tendance à la stabilisation des inégalités de revenus).
Les écarts absolus augmentent puisqu’on peut constater que plus le revenu est élevé, plus
l'augmentation absolue est forte (ceci étant particulièrement vrai pour la proportion de
ménages très riches). En effet, en valeur absolue, 1 % des ménages les plus riches ont vu leurs
revenus progresser de 5460 € entre 1996 et 2002 contre seulement 1104 € pour les 10 % les
plus pauvres.
Bien qu’au milieu des années 90, les écarts de salaires entre cadres et ouvriers soient moins
importants qu'au milieu des années 50, le temps nécessaire aux ouvriers pour rattraper le
niveau de salaire des cadres est plus important dans les années 90 (3 siècles) qu'il ne l'était au
milieu des années 50 (30 ans).
Conséquence : selon Lipietz, la société française est sur le point de passer d'une société en
forme de montgolfière (celle des Trente glorieuses) à une société en forme de sablier
(affaiblissement des classes moyennes et augmentation des inégalités).
2) Les facteurs explicatifs :
1- Notre mode de croissance ne permet pas de réduire les inégalités :
Faible croissance => faible production => peu de création d’emplois => faible  du chômage
Faible croissance => faible productivité => moins  des salaires et  des prix…
2- L'explosion du chômage et le développement des emplois atypiques sont à l’origine d'une
recrudescence des inégalités. En effet, le chômeur voit son revenu baisser. Son allocation
représente 60 % de son revenu d'activité, il voit donc son niveau de vie diminuer.
De même, un travailleur à temps partiel qui travaille 20 heures par semaine est rémunéré sur
cette base. Cet emploi ne lui permet pas de vivre décemment. Il en est de même pour le
travailleur précaire qui a généralement une préférence pour l'épargne dans la mesure où son
avenir est incertain (son emploi est à durée limitée).
3- La mondialisation est également responsable d'une croissance des inégalités. Plusieurs
entreprises sont tentées par la délocalisation pour bénéficier d'un coût salarial plus faibles
dans les pays à bas salaires. Le problème, c'est que ces délocalisations sont à l'origine d’un
accroissement du chômage dans le pays d'origine.
4- La plupart du temps, dans une famille monoparentale (un seul parent avec un ou plusieurs
enfants) le niveau de vie est modeste. Il est parfois difficile pour le parent de travailler dans la
mesure où il doit garder ses enfants. Lorsqu'il travaille, il s'agit souvent d'un emploi à temps
partiel car c'est un emploi qui lui permet de concilier sa vie professionnelle avec sa vie
familiale.
III) Les enjeux de la mobilité sociale :
Remarque préliminaire :
117
Un fils d'ouvriers qui devient notaire, un chef d'entreprise qui fait faillite et se retrouve
employé, un salarié qui se met à son compte, sont autant de formes de mobilité sociale. Alors
que certaines sociétés telles que les sociétés de castes, sont fondées sur la reproduction, de
génération en génération, les sociétés démocratiques défendent un idéal d'égalité des chances.
La mobilité sociale désigne le fait de changer de position sociale (professionnelle) soit au
cours de sa vie active, soit par rapport à ses parents. Dans le premier cas, on parlera de
mobilité intragénérationnelle, dans le second cas de mobilité intergénérationnelle.
On distingue la mobilité horizontale de la mobilité verticale :
La mobilité horizontale concerne le mouvement de transfert entre secteurs professionnels
proches socialement.
Exemple : le père = ouvrier, le fils = employé.
La mobilité verticale concerne le mouvement entre des positions sociales hiérarchisées. C'est
un changement de position sociale, un changement de place dans la hiérarchie sociale.
Exemple: le père = ouvrier, le fils = cadre.
On distinguera deux types de mobilité verticale : une mobilité ascendante (le fils occupe une
position sociale plus élevée que celle de son père) ; une mobilité descendante (le fils occupe
une position sociale moins élevée que celle de son père).
Exemple : un fils d'ouvrier agricole qui devient cadre connaît une mobilité ascendante. Un
PDG devenant employé de bureau connaît une mobilité descendante.
A) La mesure de la mobilité sociale : les tables de mobilité
1) La lecture :
a) Mise en évidence :
Les tables de mobilité sociale montrent que la mobilité sociale est loin d'être parfaite, qu'il y a
au contraire une certaine reproduction sociale : « tel père, tel fils ».
Une table de mobilité sociale est un tableau statistique à double entrée qui croise la position
sociale des fils (en colonnes) et celle des pères (en lignes). Elle est construite par l'INSEE qui
étudie la position sociale des hommes âgés de 40 à 59 ans c'est-à-dire des actifs qui
bénéficient d’une bonne insertion professionnelle. On peut donc considérer qu’ils ont acquis
un statut social stable. Les comparaisons pères/filles sont plus difficiles à établir en raison de
l'arrivée tardive des femmes sur le marché du travail (à partir des années 60) mais aussi parce
qu'elles sont touchées par le chômage et l'insécurité de l'emploi (travail précaire et à temps
partiel).
Pour la table en termes de recrutement, la situation des fils est prise comme référence et on
calcule le pourcentage d’entre eux dont le père était agriculteur, ouvrier…
118
Pour la table en termes de destinée, c'est au contraire la situation des pères qui est prise
comme référence et on calcule alors le pourcentage des fils qui deviennent agriculteurs,
ouvriers…
La diagonale recense les cas ou pères et fils appartiennent à la même catégorie sociale. Elle
correspond donc aux situations de reproduction sociale (tables en termes de destinée) ou
d'autorecrutement (table de recrutement).
Elle informe sur l'importance ou la faiblesse de la mobilité sociale. Par exemple, sur 100
hommes âgés de 40 à 59 ans, 88 avaient un père agriculteur ; de même, sur 100 ouvriers âgés
de 40 à 59 ans, 46 sont devenus eux-mêmes agriculteurs.
Dans la table de recrutement, la colonne ensemble (marge du tableau) correspond à la
répartition socioprofessionnelle des pères. Dans la génération des pères, sur 100 actifs, 8
étaient cadres. La ligne ensemble dans la table de destinée représente par contre la répartition
socioprofessionnelle des fils. Dans la génération des fils, sur 100 actifs, 19 était cadres.
b) Les limites des tables de mobilité sociale :
Les tables de mobilité sociale, du fait de leur construction, comprennent un certain nombre de
défauts :
- Elles ne prennent en compte que les hommes de 40 à 59 ans au moment de l'enquête. Pour
l'enquête FQP (formation et qualification professionnelles) la plus récente (celle de 2003), les
générations étudiées sont nées entre 1944 et 1963, elles ont effectué leur scolarité avant le
boom de l'enseignement supérieur et leur insertion sur le marché du travail s'est faite avant le
début de la crise. Les évolutions récentes du marché du travail et de l'emploi (chômage et
précarité) ne sont pas prises en compte.
- En ne retenant que les individus âgés de 40 à 59 ans, on élimine la mobilité
intragénérationnelle.
- Les femmes sont oubliées. On ne prend en compte que la position sociale des hommes âgés
de 40 à 59 ans ; ces derniers occupent un emploi stable. Or, les taux d'activité féminin et
masculin tendent à se rejoindre ; de plus en plus de femmes occupent un emploi et compte
tenu de l'évolution des formes familiales (famille monoparentale), elles sont chefs de famille.
3) Les notions d'analyse des tables de mobilité : la mobilité structurelle, la
mobilité nette
La mobilité nette est le signe d'une fluidité sociale, elle renvoie à un projet, à une volonté de
l'individu.
La mobilité structurelle est une mobilité des individus qui résulte des transformations
économiques et sociales (par exemple, diminution de la part des agriculteurs dans la
population active ou tertiarisation des activités). Elle s'impose aux individus. Ces deux
mobilités forment la mobilité totale ou brute.
Certaines catégories ont vu leur part dans la population active s'accroître, alors que d'autres
ont connu l'évolution inverse. Les enfants issus des catégories en recul ne pourront pas
119
retrouver une place parmi les membres de cette catégorie et connaîtront une mobilité
structurelle :
- les agriculteurs connaissent une mobilité structurelle due au déclin du secteur primaire (forte
productivité > à l'emploi, mécanisation) on observe ainsi que sur 100 agriculteurs 88 avaient
un père agriculteur, et que 22 % des fils d'agriculteurs sont agriculteurs eux-mêmes, 37 % des
fils d'agriculteurs sont ouvriers.
- De même, 21 % des fils d'artisans, commerçants et chefs d'entreprise sont eux-mêmes
artisans, commerçants et chefs d'entreprise mais 22 % des fils d'artisans, commerçants et
chefs d'entreprise sont devenus cadres, 24 % sont devenus professions intermédiaires ou
ouvriers.
- Dans une moindre mesure, on peut dire que les ouvriers connaissent une mobilité
structurelle due au déclin de la classe ouvrière.
Ainsi, 46 % des fils d'ouvriers sont eux-mêmes ouvriers mais 23 % sont devenus professions
intermédiaires.
De ce fait, tous les enfants d'agriculteurs, d'artisans, commerçants et chefs d'entreprise et
d'ouvriers ne pourront être respectivement agriculteurs, artisans, commerçants et chefs
d'entreprise, ouvriers, ils sont obligés d'être mobiles. C'est la mobilité structurelle.
Ainsi, ils seront accueillis dans les catégories en progression (employés, professions
intermédiaires, cadres) liées à la tertiarisation de l'économie.
La fécondité des familles a longtemps varié selon la PCS du chef de famille. Les familles
nombreuses étaient fréquentes chez les agriculteurs, les ouvriers et les cadres, alors que les
familles d'employés et de professions intermédiaires se caractérisaient par un petit nombre
d'enfants.
Dans certains cas, il y a plus d'un fils pour reprendre la place du père, alors que dans d'autres,
c'est l'inverse. Pour les PCS où la taille des familles est élevée, on peut donc s'attendre à une
plus forte mobilité structurelle.
Les employés et les professions intermédiaires ont moins d'enfants que les autres PCS. Cette
dernière catégorie laisse des places disponibles au sommet de la hiérarchie.
Le développement du travail féminin et de l'immigration :
Les immigrés favorisent la mobilité des français en occupant des emplois faiblement qualifiés.
Ainsi, ils ont permis à une partie de la classe ouvrière d'occuper des emplois plus qualifiés.
L'augmentation du taux d'activité des femmes favorise la mobilité sociale des hommes. En
effet, les femmes occupent ainsi principalement les postes situés au bas de la hiérarchie
sociale (la PCS des employés est fortement féminisée) laissant aux hommes les postes du
sommet.
A retenir :
- la mobilité nette ou de circulation = mobilité sociale ou fluidité
- la mobilité structurelle = mobilité qui résulte de la transformation de la structure de la
population active
- mobilité totale = mobilité structurelle + mobilité nette
120
3) Sommes-nous dans une société marquée par une forte mobilité sociale ?
Table de mobilité (recrutement) des hommes de 40 à 59 ans en 2003 en %.
CSP du
fils/ CSP
du père
Agriculteur
Artisan
Cadre
PI
Employé
Ouvrier
Ensemble
Agriculteur Artisan
Cadre
PI
88
2
1
1
1
7
100
8
14
24
20
11
23
100
11
12
9
16
11
41
100
12
29
6
10
7
36
100
Employé
Ouvrier
Ensemble
13
18
16
10
9
12
5
2
8
9
6
11
14
7
9
49
58
43
100
100
100
Source : Enquête FQP, INSEE, 2003.
Table de mobilité (destinée) des hommes de 40 à 59 ans en 2003 en %.
CSP du
fils/ CSP
du père
Agriculteur
Artisan
Cadre
PI
Employé
Ouvrier
Ensemble
Agriculteur Artisan
Cadre
PI
22
1
0
0
0
1
4
9
22
52
33
22
10
19
17
24
26
33
28
23
24
6
21
6
8
7
8
9
Employé
Ouvrier
Ensemble
9
37
100
9
24
100
6
9
100
9
17
100
17
26
100
12
46
100
11
34
100
Source : Enquête FQP, INSEE, 2003.
Le constat :
Dans la table de recrutement :
Dans la table de recrutement, la diagonale met en évidence l’importance de l’autorecrutement.
Sur 100 agriculteurs âgés de 40 à 59 ans, 88 avaient un père agriculteur.
Sur 100 artisans, commerçants et chefs d'entreprise âgés de 40 à 59 ans, 29 avaient un père
artisan, commerçant et chefs d'entreprise.
Sur 100 cadres âgés de 40 à 59 ans, 24 avaient un père cadre.
Sur 100 ouvriers âgés de 40 à 59 ans, 58 avaient un père ouvrier.
Dans la table de destinée :
Dans la table de destinée, la diagonale met en évidence le phénomène de reproduction sociale.
21 % des fils d'artisans, commerçants et chefs d'entreprise âgés de 40 à 59 ans sont euxmêmes artisans, commerçants, et chefs d'entreprise.
52 % des fils de cadres âgés de 40 à 59 ans sont eux-mêmes cadres.
46 % des fils d'ouvriers âgés de 40 à 59 ans sont eux-mêmes ouvriers.
121
L'autorecrutement et la reproduction sociale sont élevés pour les catégories situées aux
extrémités de la hiérarchie sociale. Cela signifie qu'il est difficile pour un fils d'ouvriers de
connaître une mobilité sociale et de devenir cadres.
b) …sans exclure une certaine mobilité :
Le constat :
Dans la table de recrutement :
Sur 100 artisans âgés de 40 à 59 ans, 36 avaient un père ouvrier (mobilité ascendante).
Sur 100 actifs professions intermédiaires âgés de 40 à 59 ans, 41 avaient un père ouvrier
(mobilité ascendante).
Sur 100 actifs professions intermédiaires âgés de 40 à 59 ans, 11 avaient un père employé
(mobilité ascendante).
Sur 100 actifs professions intermédiaires âgés de 40 à 59 ans, 12 avaient un père artisans,
commerçants ou chefs d'entreprise (mobilité ascendante).
Sur 100 cadres âgés de 40 à 59 ans, 23 avaient un père ouvrier (mobilité ascendante).
Sur 100 employés âgés de 40 à 59 ans, 49 avaient un père ouvrier (mobilité ascendante).
Dans la table de destinée :
37 % des fils d'agriculteurs âgés de 40 à 59 ans sont devenus ouvriers (mobilité structurelle).
22 % des fils d'artisans, commerçants et chefs d'entreprise âgés de 40 à 59 ans sont devenus
cadres (mobilité structurelle).
24 % des fils d'artisans, commerçants et chefs d'entreprise âgés de 40 à 59 ans sont devenus
professions intermédiaires (mobilité structurelle).
24 % des fils d'artisans, commerçants et chefs d'entreprise âgés de 40 à 59 ans sont devenus
ouvriers (mobilité structurelle).
23 % des fils d'ouvriers âgés de 40 à 59 ans sont devenus professions intermédiaires (mobilité
structurelle).
33 % des fils de professions intermédiaires âgés de 40 à 59 ans sont devenus cadres (mobilité
nette).
28 % des fils d'employés âgés de 40 à 59 ans sont devenus professions intermédiaires
(mobilité nette).
22 % des fils d'employés âgés de 40 à 59 ans sont devenus cadres (mobilité nette).
La fluidité sociale témoigne d’une mobilité essentiellement structurelle :
Les catégories ayant connu la plus forte mobilité sont les enfants d'agriculteurs,
d'indépendants et d'ouvriers en raison essentiellement des transformations structurelles de
l'économie. Étant donné que ces catégories voient leur part dans la population active diminuer
(loi de Fourastié = productivité > à la demande, forte mécanisation pour le secteur primaire ;
productivité supérieure à la demande, investissement de productivité, délocalisation,
concurrence, perte de compétitivité dans le secteur secondaire ; déclin de la classe ouvrière),
les enfants issus de ces catégories ne peuvent exercer la même profession que leur père, ils
sont donc contraints de connaître une mobilité sociale appelée mobilité structurelle.
La fluidité sociale témoigne d’une mobilité essentiellement structurelle :
122
Les catégories ayant connu la plus forte mobilité sont les enfants d'agriculteurs,
d'indépendants et d'ouvriers en raison essentiellement des transformations structurelles de
l'économie. Étant donné que ces catégories voient leur part dans la population active diminuer
(loi de Fourastié = productivité > à la demande, forte mécanisation pour le secteur primaire ;
productivité supérieure à la demande, investissement de productivité, délocalisation,
concurrence, perte de compétitivité dans le secteur secondaire ; déclin de la classe ouvrière),
les enfants issus de ces catégories ne peuvent exercer la même profession que leur père, ils
sont donc contraints de connaître une mobilité sociale appelée mobilité structurelle.
B) Les déterminants de la mobilité sociale :
1) L'influence familiale :
La famille exerce une influence déterminante sur la réussite scolaire de l'enfant :
Premièrement dans les classes moyennes ou supérieures, les familles valorisent certaines
valeurs comme l'individualisme, le dépassement de soi, la compétition, valeurs qui sont
favorables à la réussite scolaire. En revanche, dans les milieux populaires, d'autres valeurs
sont valorisées mais elles sont moins opportunes à la réussite scolaire : la solidarité.
Certains parents n'hésitent pas à contourner la carte scolaire pour permettre à leurs enfants de
fréquenter un établissement où le taux de réussite au baccalauréat est le plus élevé. Les motifs
évoqués sont généralement : le choix d'une troisième langue...
De plus en plus de parents s’impliquent également dans les études de leurs enfants en prenant
contact avec les enseignants, en les aidant dans les devoirs...
2) L’influence de l'école :
a) Une démocratisation de l'école...
Quelle que soit la PCS d’origine, tous les jeunes voient leurs chances d’accès à
l’enseignement supérieur s’accroître. Depuis le début du siècle dernier, l'accès à l'école s'est
considérablement élargi pour les enfants de toutes les PCS, garçons comme filles (obligation
scolaire jusqu'à 16 ans, diversification des filières, octroi d'aides financières). Sur le plan du
contenu de l'enseignement, on peut parler d'une augmentation du niveau général des
connaissances (domaines plus variés, compréhension souvent meilleure).
La réussite scolaire des immigrés est le signe que l'école joue encore aujourd'hui un rôle
d'ascenseur social. Elle délivre un diplôme qui déterminera la position sociale de l'individu.
Plus le diplôme est élevé plus la position sociale occupée par l'individu sera élevée et
inversement.
Les zones d'éducation prioritaire, mis en place au début des années 80 dans les zones
défavorisées sur le plan social visent à donner aux établissements scolaires davantage de
moyens (financiers, personnels) de façon à compenser les handicaps socioculturels qui
pénalisent les élèves.
b) …qui n'exclut pas l'existence des inégalités :
123
Les inégalités scolaires sont nombreuses : les enfants d'enseignants réussissent mieux.
c) Les explications données aux inégalités scolaires :
1- L’analyse holiste de Bourdieu :
Selon Bourdieu et Passeron, l'école transforme « ceux qui héritent en ceux qui méritent ». Elle
transmet une culture légitime (la qualité de l'expression, l'aisance à oral, le goût de
l'abstraction) déjà acquise et intériorisée par les enfants des catégories supérieures au cours de
la socialisation. Ils sont donc avantagés. L'école exerce donc une violence symbolique
puisqu'elle enseigne des savoirs qui ont déjà été appris par les enfants des classes favorisées
au moment de leur socialisation. L'école reproduit donc les inégalités sociales. À travers les
programmes, les méthodes d'enseignement, elle favorise les individus bien dotés en capital
culturel. L'école privilégie des qualités telles que l'aisance dans l'expression orale et la
possession d'une culture extrascolaire. Or ceux sont les catégories privilégiées qui ont
inculqué à leurs enfants ces qualités perçues comme naturelles. L'école favorise donc la
réussite des enfants issus des classes dominantes : c'est la reproduction sociale. Les enfants
des catégories modestes sont contraints d'abandonner leur propre culture pour en acquérir
une autre : c'est l'acculturation. L'habitus est un système de dispositions conscientes et
durables. Les enfants des milieux culturellement favorisés ont des savoirs, des savoirs faire, et
habitudes qui sont d'autant plus valorisés par l'école que celle-ci les reprend. Il y a proximité
entre l'habitus des classes favorisées et les exigences de l'école.
Le capital culturel est un ensemble de savoirs, de savoirs faire, de savoirs dire (maniement de
la langue, la proximité avec la culture).
Le capital économique: revenus et patrimoines. Le revenu des parents joue un rôle sur la
réussite scolaire de leurs enfants : localisation et qualité de l'habitat, taille et nombre de pièces
du logement, qualité de l'alimentation et du suivi médical, cours particuliers, ressources
informatiques, achat de livres...
Le capital social: ensemble des relations de la famille. Le réseau social de la famille est
déterminant pour la recherche du premier emploi.
Plus la famille est dotée en capital économique, plus la probabilité de réussite de l'enfant est
forte et inversement :
Le capital économique peut favoriser la réussite scolaire, certaines dépenses facilitant
l'assimilation des connaissances (séjours linguistiques, cours particuliers, ressources
informatiques, qualité de l'alimentation et de l'habitat) mais son influence sur le cursus
scolaire est réduite (allocation de prérentrée, bourses scolaires, le capital économique
n’explique pas les inégalités scolaires à l'école primaire, au collège et au lycée) mais il se fait
surtout sentir dans le cadre des études post-bac (logement, transport).
Plus la famille est dotée en capital culturel, plus la probabilité de réussite de l'enfant est élevée
et inversement
Le capital culturel joue un rôle décisif dans cette réussite scolaire (reprendre la notion
d’habitus, de violence symbolique). Lorsque les parents lisent des histoires à leurs enfants, les
laissent lire une recette de cuisine, utilisent un langage soutenu, les accompagnent dans le
124
travail scolaire, les enfants acquièrent un capital culturel (aptitude à réfléchir) qui sera
légitimée par l'école.
Plus la famille est dotée en capital social, plus les chances de réussite de l'enfant sont élevées :
Le capital des relations sociales joue un rôle par une meilleure information sur le système
scolaire et les choix des filières d'enseignement. En effet, si la famille reçoit des médecins,
des notaires, les enfants vont acquérir des connaissances sur les différentes professions et vont
pouvoir construire un projet. Un enfant d'ouvrier connaîtra les diplômes qui lui permettront
d'être ouvrier mieux que ceux qui lui permettront de devenir ingénieur. Le capital social de la
famille est aussi déterminant dans la recherche du premier emploi ; en effet si la famille dans
ses relations connaît un préfet, l'enfant aura plus de chances d'obtenir un emploi dans la
fonction territoriale.
Le capital symbolique enfin, peut intervenir lors des oraux de concours où les examinateurs,
de façon parfaitement involontaire, fondent leur choix sur des éléments imperceptibles comme
la façon de parler, de se tenir... qui manifestent que les candidats appartiennent au même
monde que le leur.
2- L’analyse individualiste de Boudon :
Les familles font un calcul coûts/ avantages de l'intérêt de poursuivre ou non des études, en
mettant en relation le coût supplémentaire engendré (apprécié différemment selon les revenus
de la famille) avec les chances de l'élève d'obtenir un niveau supérieur à celui qu’il a déjà. À
résultats scolaires identiques, les enfants des catégories favorisées poursuivent plus souvent
leurs études que ceux des catégories défavorisées.
Le coût économique : coût des études, coût d'opportunité du non travail, coût psychologique
de la mobilité sociale.
Les risques encourus : le risque d'échec scolaire.
Les avantages attendus : espérance d'une ascension sociale, rentabilisation de l'effort
financier, occuper un travail qualifié et bien rémunéré, s'insérer sur le marché du travail
rapidement.
3) L'influence du diplôme dans la réussite scolaire :
a) Le paradoxe d'Anderson :
Un fils dont le diplôme est supérieur à celui de son père occupe une position supérieure à
celui-ci que dans 33 % des cas. Il a une position sociale équivalente dans 50 % des cas et
moins élevée dans 11 % des cas.
Un fils ayant fait plus d’études que son père peut avoir une situation sociale jugée inférieure.
L'acquisition d'un diplôme plus élevée par le fils par rapport à son père ne lui garantit pas une
position sociale plus élevée.
b) Les explications :
Il y a de plus en plus de diplômés sur le marché travail pour un nombre inchangé d'emplois
qualifiés. On va alors assister à une dévalorisation des diplômes sur le marché du travail.
125
IV) L’idéal démocratique et inégalités :
Remarque préliminaire :
La plupart du temps, on propose une définition politique de la démocratie. Par exemple,
Lincoln la définissait comme « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Dans ce sens la démocratie est une forme de gouvernement dans laquelle la souveraineté
appartient au peuple et où les libertés individuelles sont garanties par l'existence d'un Etat de
droit.
Pour Tocqueville, la définition de la démocratie n'est pas seulement politique mais aussi
sociale car, selon lui, le principal fondement de la démocratie est la tendance à l'égalisation
des conditions.
1- L’égalité des droits :
a) Une égalité des droits lente et progressive…
Tous les citoyens ont des droits civiques (droit de vote, droit d'être candidat aux élections)
mais aussi des libertés individuelles (liberté d'expression, liberté de penser, liberté
d'association, liberté d'entreprendre...)
b) … cependant des inégalités réelles de droits demeurent :
Exemples d’inégalités auxquelles sont confrontés les personnes handicapés : la difficulté à
intégrer des établissements scolaires (manque d’auxiliaires de vie scolaire), à trouver un
emploi, à accéder aux voies publiques, à certains bâtiments et moyens de transports…
2- L'égalité des chances :
a) Des progrès en la matière ont été fait...
Par égalité sociale, on entend que les positions sociales ne sont plus héritées comme cela
pouvait être le cas dans la société aristocratique mais méritées. La position sociale d’un
individu n'est plus fondée sur sa naissance. Cela signifie la fin de la reproduction sociale :
chaque individu peut accéder à toutes les positions quelles que soit son origine. Ainsi l'état de
pauvreté (respectivement de richesses) n’est en rien un état permanent qui se reproduirait de
génération en génération. Chacun a la possibilité de connaître une mobilité ascendante s'il
dispose du talent et du mérite nécessaire.
Exemple : rien n’assure à un riche commerçant qu'il va le rester toute sa vie ni que ses enfants
vont reprendre son activité. La bourgeoisie n’est donc plus une classe sociale, d'une part car
l'employeur et son employé bénéficient des mêmes droits et d'autre part, car la situation
d'employeur (comme celle de l’employé) est devenue réversible.
Remarque : les conséquences sociales et économiques de l'égalisation des conditions
- L'existence d'une forte mobilité sociale : les sociétés démocratiques, à travers le principe
d'égalité des chances est une société dans laquelle il existe une forte mobilité sociale. C’est
une société basée sur la méritocratie (à chacun selon ses mérites), contrairement à la société
aristocratique (la société d'ordres) où les positions sociales étaient essentiellement transmises
à la naissance. La structure sociale aristocratique avait tendance à se reproduire de génération
126
en génération. Désormais, avec l'avènement de la démocratie les positions sociales sont
ouvertes à tous.
- Une tendance à la moyennisation de la société : du fait de l'existence de cette égalité des
chances, les conditions de vie ont tendance à se rapprocher. Une des tendances de la société
démocratique est donc l'avènement d'une vaste classe moyenne (elle est composée d'artisans,
commerçants et d'employés salariés).
b) … cependant les inégalités des chances persistent :
Les inégalités scolaires sont toujours présentes. 160.000 jeunes sortent chaque année sans
diplôme.
3- L’égalité de considération
a) Une réduction des inégalités économiques, sociales, culturelles ...
L’égalité est un idéal démocratique. Dans une certaine mesure, l'évolution économique et
sociale a permis d'accroître l'égalité de situation qui est l'égalité réelle ou effective
(augmentation du niveau de vie, rapprochement des modes de vie, moyennisation de la
société).
De 1970 à 2003, les inégalités de revenus ont été divisées par 1,5 (4,8/3,2), soit une baisse de
plus de 33 %.
b) … cependant depuis le milieu des années 80, on assiste à une
recrudescence des inégalités :
Cependant, depuis 20 ans on assiste à une augmentation des inégalités (déjà traité), illustrant
le fait que l'égalisation des conditions est un processus inachevé.
A) Selon les libéraux, les inégalités sont justes :
1) Selon les libéraux, les inégalités sont incitatives et favorables à la
croissance :
Hayek est contre l'égalitarisme. Selon lui, l’égalité nécessite des réglementations (imposition,
droit du travail) qui limitent l'efficacité économique.
L’inégalité n'est pas injuste car, d’une part, elle sanctionne des positions différentes des
individus sur le marché ; ces positions sont conformes à l'investissement, aux efforts, aux
moyens mis en oeuvre par les individus rationnels recherchant leur propre intérêt.
Par ailleurs, selon le principe de la main invisible, principe édicté par Adam Smith selon
lequel lorsqu'un individu cherche à satisfaire l'intérêt particulier, il concourt à l'intérêt général.
Exemple : chaque travailleur est rémunéré en fonction de sa contribution à la richesse
collective, ce qui peut être considéré comme légitime et socialement optimale. Les inégalités
ont un effet d’incitation à travailler plus et mieux.
127
Selon les libéraux, il faut donc rémunérer le salarié en fonction de son mérite, de ses efforts et
de son talent. Ils défendent un idéal méritocratique.
2) Les inégalités sont favorables à la croissance :
- Elles sont incitatives : pour la théorie néoclassique, la rémunération de chacun est fixée en
fonction de son apport à la création de richesses. C'est ainsi qu'un ouvrier qualifié est mieux
payé qu'un ouvrier non qualifié. La hiérarchie des revenus selon cette théorie est à la fois juste
et optimale, en ce sens qu'en rémunérant chaque travailleur en fonction de son apport, elle
l’incite à travailler mieux et plus. En défendant l'idéal démocratique, les individus sont incités
à s'élever dans la hiérarchie sociale et à connaître une mobilité sociale par leurs mérites et
leurs efforts.
- Elles sont favorables à la réalisation des gains de productivité : en effet, comme le salarié est
rémunéré en fonction de sa contribution, celui-ci est incité à travailler plus et mieux entraînant
une augmentation de la productivité. Les gains de productivité sont favorables à la croissance
: augmentation des salaires et baisse des prix, augmentation des profits et de l'investissement,
augmentation des dépenses de l'État, réduction du temps du travail.
-Les inégalités sont favorables à l'augmentation de la compétitivité :
Rémunérer le salarié en fonction de sa productivité marginale permet à l'entreprise d'améliorer
sa compétitivité. Elle pourra ainsi baisser ses prix et gagner des parts de marché.
2) La réduction des inégalités nuit à l'efficacité économique :
Les politiques de redistribution induisent des effets désincitatifs :
-Désinciter à la reprise du travail les personnes assistées parce que les revenus sociaux
obtenus par la redistribution sont proches des salaires. L’existence d'une protection sociale
généreuse incite les salariés à substituer du loisir rémunéré (allocation chômage, RMI, RSA)
au travail ce qui entraîne l'apparition d'une trappe à l’inactivité.
-Désinciter au travail ceux qui ne bénéficient pas de la redistribution, comme l'a montré
Laffer, du fait d'un taux d'imposition qui amène les individus à substituer des loisirs au travail.
L’existence d'une protection sociale généreuse incite les entreprises à ne pas déclarer une
partie de leur activité ou à délocaliser leur activité.
Les inégalités sont issues d'un fonctionnement optimal des marchés, aller à leur encontre c’est
perturber les mécanismes de marché :
Le SMIC ne permet plus au marché du travail de fonctionner librement. En effet, en période
de sous-emploi, l'offre de travail qui émane des salariés est supérieure à la demande de travail
qui émane des entreprises. Pour rétablir l'équilibre, les libéraux préconisent une diminution du
coût salarial. En effet, si l'on diminue le coût salarial, les entreprises seront incitées à accroître
leur demande de travail entraînant une diminution du chômage. Cependant, l'existence du
salaire minimum ne permet plus aux entreprises de diminuer les salaires pour revenir à
l'équilibre.
La protection sociale visant à réduire les inégalités augmente le coût du travail :
128
-L’existence d'une protection sociale généreuse et donc de prélèvements obligatoires élevés
augmentent le coût du travail et entraînent une perte de compétitivité des entreprises.
-Afin de maintenir leur compétitivité, les entreprises sont incitées à délocaliser leur activité ou
à réaliser des investissements de productivité au détriment de l'emploi.
B) La lutte contre les inégalités est une condition à l'efficacité économique :
1) La réduction des inégalités favorise l'augmentation de la demande et la
croissance économique :
Selon Keynes, il faut accroître la propension à consommer afin d'élever la demande effective,
laquelle incitera les entrepreneurs à investir ce qui stimulera la croissance et l'emploi. La
redistribution des revenus va permettre d'accroître la propension à consommer d'autant plus
que les catégories modestes ont une forte propension à consommer puisqu'ils consomment la
quasi-totalité de leurs revenus.
L’impôt sur le revenu a pu réduire les inégalités du fait de son attribut progressif (le taux
d’imposition s’élève en fonction du niveau de revenus) et de la mise en place d’un système de
redistribution vers les ménages aux revenus les plus faibles.
La propension à épargner des ménages aux revenus les plus élevés est forte et la propension à
consommer est faible. La mise en place d’un impôt sur le revenu diminue cette propension à
épargner et favorise, par la distribution des revenus de transfert, la propension à consommer
des ménages à faibles revenus. Ce pouvoir d’achat supplémentaire distribué est aussitôt
orienté vers l’économie, incitant l’activité de production, l’investissement et l’emploi et par là
même la croissance économique.
Pour les keynésiens, les inégalités de patrimoine et de revenus desservent la croissance par
l'excès d'épargne qu'elles engendrent. En effet, les catégories supérieures qui bénéficient de
revenus élevés ont une faible propension à consommer et une forte propension à épargner.
L’épargne dégagée par les catégories supérieures ne permet pas d'augmenter la demande
effective qui est anticipée par les entreprises.
2) L’accroissement des revenus par la redistribution est favorable à
l'augmentation de la productivité :
Le relèvement des salaires est un élément de motivation supplémentaire pour les non qualifiés
et les salariés en général, ce qui favorise la productivité et donc la compétitivité de
l'entreprise. C'est la théorie du salaire d'efficience.
3) La lutte contre les inégalités favorise la cohésion sociale :
-
Mise en oeuvre de mesures pour limiter les nouveaux risques sociaux : CMU
Lutter contre la pauvreté : RMI /RSA
Les inégalités et la justice sociale : égalité et équité
a) Le débat égalité / équité :
129
Une première conception de la justice sociale se fonde sur une répartition égalitaire. Elle se
réclame du principe d'universalité selon lequel les citoyens bénéficient d'un même traitement,
quelle que soit leur situation. Ce principe est remis en cause par ceux qui estiment que cela
tend à maintenir les inégalités puisque les plus favorisés bénéficient des mêmes aides que les
plus démunis.
Exemple : accorder les allocations familiales à l'ensemble des ménages qui ont des enfants
sans tenir compte des revenus.
Une deuxième conception de la justice sociale se fonde sur une redistribution équitable.
L'équité est le principe selon lequel chacun doit être considéré avec ses spécificités. Cela
justifie le recours à des mesures compensatoires de discriminations positives qui
reconnaissent une différenciation des individus plutôt que leur universalité.
Exemple : accorder les allocations familiales uniquement aux plus démunis.
b) La justice sociale selon RAWLS :
Théorie de la justice
Libertés fondamentales égalité des chances principe de différence
Le premier principe, prioritaire sur les autres vise à garantir les libertés et des droits égaux
pour tous : droit de vote, droit d'occuper un poste public.
Le deuxième principe vise à instaurer la justice sociale mais tient compte du fait que dans une
société égalitaire, la productivité risquerait d'être basse pour tout le monde, y compris pour
les plus défavorisés, qui seraient lésés.
Enfin, il affirme que les inégalités socio-économiques sont justes si et seulement si elles
produisent les avantages pour les membres les plus défavorisés (« principe de différence »).
Exemple : un patron efficace permettra d'atteindre des performances qui profiteront à
l'entreprise mais aussi aux salariés les moins qualifiés sous forme d'augmentation de salaire,
de réduction du temps de travail, d'embauches supplémentaires.
Les inégalités sont acceptables tant qu’elles profitent aux plus pauvres, de façon temporaire et
en leur permettant d’obtenir plus de moyens que les autres pour améliorer leur situation ou
changer de position sociale.
Rawls estime qu'il est juste d'aider les défavorisées à condition que les mesures relevant du
principe de différence ne mettent pas en cause le principe de liberté et celui de l'égalité des
chances. Il établit donc une hiérarchisation des trois principes de justice sociale.
Les inégalités injustes sont celles qui remettent en cause les principes de liberté et d'égalité
des chances : lorsque les droits de l'homme ne sont pas respectées (injustice qui remet en
cause des libertés fondamentales), lorsque la probabilité d'accéder à une position sociale est
inexistante, compte tenu de l'origine sociale (injustice qui remet en cause l'égalité des chances
: l'obligation d'avoir la nationalité française pour passer des concours).
Sur le plan économique, cela s’accompagne de politiques de redistribution de revenus,
d’avantages économiques et d’incitations fiscales (aide à la création d’entreprise,
130
formation…). Sur le plan social, cela se traduit par des politiques de discrimination positive
qui consistent en un traitement différencié des inégalités sociales.
c) Lorsque les égalités des droits et des chances ne sont pas respectées, le
principe de discrimination positive doit s'appliquer :
La discrimination peut avoir des effets positifs : la prise en compte de différences liées à des
inégalités plus fortes nécessitant un traitement différencié.
La loi sur la parité hommes-femmes en politique est fondée sur le principe de discrimination
positive. Il s'agit en effet de compenser l’injustice dont les femmes sont victimes dans la
représentation nationale en leur offrant un avantage qui établisse l’égalité des chances sans
remettre en cause les libertés fondamentales.
D'autres exemples de discriminations positives : les ZEP, le recrutement parallèle de
bacheliers provenant de banlieue à l’IEP de Paris, le versement d'une allocation de rentrée
scolaire soumis à une condition de ressources, l'attribution des logements HLM en fonction de
la situation sociale. L'ensemble de ces discriminations positives a pour but d'assurer l'égalité
des chances sans sacrifier les libertés fondamentales.
d) L'équité se substitue à l’égalité :
Face à la crise de l'État providence et à la montée des inégalités, certains libéraux réaffirment
l'idée qu'il est dérisoire et catastrophique de rechercher l'égalité des situations et qu'il faut
seulement permettre l'égalité des chances. Pour cela, il faut substituer l'équité au principe de
l’égalité universelle du pacte républicain. Ainsi Rawls estime qu’une société juste favorise
l'égalité des chances tout en appliquant un principe de différence : les inégalités sont tolérées
si elles avantagent les moins privilégiés. Cette pratique est celle de la discrimination positive.
L'État devient sélectif dans l'aide qu'il apporte en différenciant les individus. Cette politique
peut également permettre de lutter contre la discrimination par l'instauration de quotas,
comme pour l'entrée des élèves noirs dans les universités américaines ou par la mise en place,
comme en France d'une parité hommes-femmes sur les listes électorales.
Le principe d'équité conduit aussi à réfléchir sur les principes de la sécurité sociale française.
Plutôt que de donner les allocations familiales à tous les individus, ne doit-on pas plutôt les
verser qu'aux familles les plus démunies ?
131