13 Insuffisance rénale

M 32 : Insuffisance rénale aiguë
Insuffisance rénale aiguë
Objectifs :
1- Définir l’insuffisance rénale aiguë.
2- Expliquer les mécanismes physiopathologiques qui aboutissent à la constitution d’une
insuffisance rénale aiguë.
3- Différencier une insuffisance rénale aiguë d’une insuffisance rénale chronique sur les
éléments cliniques, biologiques et radiologiques.
4- Reconnaître les caractères fonctionnels, organiques, ou obstructifs (après avoir
éliminé une rétention aiguë d’urine) d’une insuffisance rénale aiguë à partir des
données
anamnestiques,
d’ionogramme
cliniques,
sanguin
et
urinaire,
de
l’échographie rénale.
5- Suspecter, d’après l’anamnèse, les facteurs de terrain et l’examen clinique,
l’étiologique à une insuffisance rénale aiguë par obstruction mécanique des voies
urinaires.
6- Citer les circonstances de survenue d’insuffisance rénale aiguë fonctionnelle.
7- Distinguer les différentes formes anatomo-cliniques d’insuffisance rénale aiguë
organique.
8- Distinguer cliniquement les différentes phases de la nécrose tubulaire aiguë.
9- Rechercher par l’anamnèse et l’examen clinique les causes d’insuffisance rénale
aiguë organique par nécrose tubulaire aiguë utilisation de médicaments néphrotoxiques. intoxication (médicamenteuse ou non), facteurs prédisposant d’ordre
médical, chirurgical, gynéco-obstétrical, traumatique.
10- Surveiller du point de vue clinique, biologique et électrocardiographique une
insuffisance rénale aiguë en adaptant à chaque fois la conduite à tenir au stade
évolutif de l’insuffisance rénale aiguë et à la survenue éventuelle de complications.
11- Poser l’indication d’une ponction biopsie rénale chez un malade présentant une
insuffisance rénale aiguë à partir de critères anamnestiques et d’arguments évolutifs
cliniques et para- cliniques (NIA, NG).
12- Choisir, en cas d’IRA récente non traitée entre pratiquer une expansion volumique et
utiliser des drogues visant l’amélioration de la pompe myocardite en se basant sur
des critères d’anamnèse, de terrain, des éléments cliniques et éventuellement les
chiffres de pression veineuse centrale (PVC).
1
M 32 : Insuffisance rénale aiguë
13- Poser l’indication du Furosémide et en préciser la posologie en cas d’insuffisance
rénale aiguë en se basant sur l’état clinique (en particulier hémodynamique) et
biologique du patient.
14- Préciser l’apport quotidien en eau, NaCI, KCI pour maintenir l’ionogramme sanguin
proche de la normale, chez un sujet ayant une insuffisance rénale aiguë à diurèse
conservée, en se basant sur le débit et l’ionogramme urinaire.
15- Poser les indications de traitement par épuration extra-rénale à partir d’éléments
cliniques, biologiques, électrocardiographies et radiologiques.
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
Insuffisance rénale aiguë
I- DEFINITION :
L'insuffisance rénale aiguë est définie par une diminution rapide des fonctions rénales avec
réduction du débit de filtration glomérulaire (D.F.G) :

Responsable d'un syndrome d'urémie urémique aigu :

D’apparition brutale (quelques heures à quelques jours) ou progressive
(quelques semaines).

Pouvant survenir soit chez un patient sans insuffisance rénale préalable soit
chez un patient déjà atteint d'insuffisance rénale chronique

Il existe trois types d’IRA :

Pré-rénale (ou fonctionnelle), c'est à dire que les reins sont sains mais
hypoperfusés.

Post-rénale (ou obstructive), dans laquelle les reins sont sains mais ou il existe
un obstacle à l'excrétion de l'urine.

Rénale (ou organique), c'est à dire que l'altération d'un ou de plusieurs éléments
constitutifs du rein est responsable de l’insuffisance rénale.
II- Phypopathologie :
A- IRA fonctionnelle (prérénale) :
↓volume (↓TA)
↓ perfusion rénale sur les reins sains
↓ Débit de filtration glomérulaire
↓ filtration glomérulaire
Auto régulation rénale
Augmentation de l’angiotensine II
(augmentation de la rénine) à l’origine d’une
vasoconstriction de l’artère efférente
Augmentation de la biosynthèse des
prostaglandines donnant une vasodilatation
de l’artère afférente
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
L’autorégulation rénale est suffisante tant que la PAS ≥ 80mmHg, mais dés que PAS devient
< 80mmHg, on a alors une IRA.
NB : L’autorégulation est amoindrie par : Les AINS (qui inhibent la synthèse des Pg), les IEC
et les ARAII (qui inhibent la synthèse ou l’action de l’AgII), le diabète et l’athérome.
B- Insuffisance rénale aiguë organique :
Les débrits de cellules tubulaires nécrosées de la lumière tubulaire entraient une élévation de
la pression hydrostatique intratubulaire qui à pour conséquence une rétrodiffusion de
l'ultrafiltrat glomérulaire si les lésions tubulaires sont importantes et une vasoconstriction de
l'artériole glomérulaire afférente secondaire à une sécrétion locale de rénine déclenchée par
l'arrivée au niveau de la macula densa, d'eau et de sodium non réabsorbés. Cette
vasoconstriction diminue la pression hydrostatique intraglomérulaire, élément fondamental de
la filtration. Tout ceci engendre une diminution de la perméabilité glomérulaire entraînant une
baisse de la fonction glomérulaire à l’origine d’une insuffisance rénale aiguë.
C- Insuffisance rénale aiguë post-rénale (obstructive) :
Les mécanismes conduisant à l'IRA en cas d'obstruction urinaire ainsi que les différences qui
existent en cas d'obstacle uni ou bilatéral ont fait l'objet de nombreux travaux expérimentaux
ou cliniques.
Schématiquement, l'évolution après obstruction complète et bilatérale des voies urinaires va
donner :
 A une phase précoce (3 à 5h)
 Une augmentation du flux sanguin rénal(F.S.R).
 Une élévation de la pression ultratubulaire (P.T).
 Une réversibilité rapide, dès la levée de l'obstacle, de la fonction rénale.
 A une phase tardive ≥ 24h.
 Une diminution du F.S.R et de la filtration glomérulaire.
 Une élévation persistante mais moindre de la P.T.
 Une récupération variable de la fonction rénale à la levée de l’obstacle (d'autant plus
éloigné et incomplète que l'obstruction a été prolongée).
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III- Etiologies :
A. Insuffisance rénale aiguë fonctionnelles :
1- Déshydratation extracellulaire par :
 Pertes digestives
 Pertes cutanées
 Création d'un '3e secteur' : occlusion, pancréatite, péritonite,
 Pertes rénales (sur rein sain et sur rein pathologique)
2- Les états de choc :
 Hémorragiques,
 Cardiogéniques,
 Septiques,
 Par surdosage en antihypertenseurs
3- Les troubles de l’hémodynamique intrarénale
Induits par :
 IEC
 ARAII
 AINS

4- Les hypoalbuminémies :
Occasionnés par :
 Syndrome néphrotique
 Cirrhose hépatique
 Entéropathies exsudative
 Dénutrition.
B. Insuffisance rénale aiguë obstructive :
Pour engendrer une IRA, il faut que l’obstacle soit bilatéral ou bien unilatéral sur rein
unique.
Ses principales causes sont :
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1- Les lithiases.
2- Les obstacles intra tubulaires (Myélome).
3- Les cancers du tractus urinaire (vessie, uretère).
4- Les masses abdomino-pelviennes.
5- La tuberculose urogénitale.
6- La fibrose rétro-péritonéale.
7- Les nécroses papillaires.
8- La vessie neurologique.
9- La valve de l’urètre postérieur (surtout chez l’enfant).
10- La chirurgie du Basin et de la prostate.
Obstacles lithiasiques au niveau des uretères droit et gauche occasionnant une IRA
C- IRA par obstruction des vaisseaux du rein (vasculaire)
Ses principales causes sont :
1- Les obstructions de l'artère rénale par :
* Dissection aortique.
* Anévrisme de l'aorte.
* Thrombose athéromateuse.
* Cardiopathie emboligène.
2- Les obstructions de la veine rénale (très rares) par
* Déshydratation chez le nouveau-né.
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* maladie thromboembolique.
* Syndrome néphrotique.
D- IRA Organique (rénale)
Ses principales causes sont :
1- Nécroses tubulaires aigues :
Plusieurs causes sont possibles :
 Rhabdomyolyse traumatique : «crush syndrom» : (myoglobinurie).
 Rhabdomyolyse non traumatique (myoglobinurie).
Il existe plusieurs étiologies :
* Coma prolongé chez l'éthylique.
* Etat de mal convulsif.
* Drogues : Héroïne, Co ; salicylés ; neuroleptiques.
* Hypophosphorémie, hypokaliémie.
* Virose (grippe).
 Hémolyse intravasculaire (hémoglobinurie) :
* Infectieuse : paludisme.
* Toxique : champions, analgésiques, quinine.
* Immunologique (incompatibilité ABO)…
* Hémoglobinopathies.
 Etat de choc.
 Intoxications aux métaux lourds ou solvants.
 Médicaments :
* Aminosides.
* AINS.
* Amphotéricine B.
* Céphalosporine.
* Cisplatine.
* Produit de contrastes iodés.
* Glafénine.
2- Nécrose corticale :
Elle peut être causée par :
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* Septicémie (BGN/Méningo).
* CIVD du post partum.
3- Nécrose papillaire :
Les étiologies possibles sont :
* Pyélonéphrite aiguë du diabétique, de la femme enceinte ou du post abortum.
* La drépanocytose.
* Prise d’AINS ou d’Analgesique.
4- Les néphropathies tubulo-interstitielles aigues :
Elles sont causées par :
 Les infections urinaires (néphropathie interstitielle aigue ou pyélonéphrite aiguë)
 Certains toxiques : glafénine et amidoside.
 La cause immuno-allergique : Le lupus, le syndrome de Gougerot – Sjögren, le rejet
de transplantation rénale, certaines drogues (AINS, analgésiques, céphalosporine,
pénicillines, sulfamides, Rifampicine).
Comparaison entre les NTIA immuno-allergiques et toxiques
IRA Immuno Allergique
IRA Toxique
-
Indépendant de la dose
-
Dépend de la dose
-
Favorisée par un terrain atopique
-
N’est pas favorisée par un terrain
-
Touche autant le jeune que le sujet
-
atopique
âgé
-
Plus fréquente chez le sujet âgé
Non favorisée par les diurétiques
-
Facilitée
par
l’utilisation
des
diurétiques
-
Plus fréquente chez le diabétique
5- Les néphropathies glomérulaires aigues :
On distingue :
 La glomérulonéphrite aiguë endocapillaire post infectieuse
 La glomérulonéphrite extracapillaire (avec croissants) = GN rapidement progressive :
exemples : Le syndrome de Goodpasture, certaines formes malignes de lupus ou de
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Cryoglobulinémie, la GNA maligne (par septicémie ou foyer infectieux chronique), la
poly angéite microscopique, le syndrome de Wegener, le purpura rhumatoïde, les
glomérulonéphrites primitives (la maladie de Berger, la GNEM, la GNMP).
6- Les néphropathies glomérulo-vasculaires aigues :
Il existe :
 Les angéites aiguës nécrosantes : Péri Artérite Noueuse.
* Périartérite noueuse, la granulomatose de Wegener, le syndrome de Churg et Strauss
 Microangiopathies thrombotiques : plusieurs étiologies existent :
* La chirurgie extracorporelle, la prothèse cardiaque, l’HTA maligne.
* Les cancers (gastrique…).
* La grossesse, l’éclampsie, le post partum.
* L’infection à E coli (avec verotoxine).
* La sclérodermie, le lupus systémique.
* L’infection à E. Coli (avec vérotoxine).
* Certains médicaments : Contraception orale, Cidosporine, quinine, mitomycine C
* La greffe (rein/moelle osseuse).
* Les microangiopathies idiopatiques (Le Syndrome Hémolytique Urémique =
SHU, Purpura Thrombotique Thrombocytopénique = PTT).
N.B. : Le Syndrome Hémolytique Urémique = SHU :
- Clinique : Il touche surtout le nourrisson, moins fréquemment l’enfant et l’adulte. Le SHU
chez l’adulte présente des causes variées, par contre chez l’enfant et le nourrisson, il est le
plus souvent due à une infection à E coli producteur de Vérotoxine occasionnant une diarrhée
sanglante et des vomissements.
Il se manifeste par :
 Une anémie hémolytique type microangiopathique (hémolyse intravasculaire)
 Une insuffisance rénale aiguë avec protéinurie et hématurie
 Parfois une HTA sévère (avec retentissement cardiaque)
- Examens complémentaires :
 Biologie : NFS = anémie, thrombopénie et présence de schizocytes / urémie et
créatinémie élevées / protéinurie des 24h élevée / hémolyse intravasculaire avec
hémoglobinémie, hémoglobinurie, et hémosidérinurie tardive, haptoglobine diminutée,
augmentation de la LDH et de la bilirubine conjuguée / test de Coombs négatif car il
n’existe pas d’auto-anticorps.
 Echographie rénale : Une destruction du parenchyme rénal est parfois observée.
 PBR : image de microangiopathie thrombotique avec atteinte des artérioles
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(gonflement de l’endothélium, dépôt sous endothélial, obstruction de la lumière
capillaire et des thromboses). Ces aspects font le diagnostic positif.
- Traitement : Il est purement symptomatique.
- Pronostic : 20% des SHU évoluent vers une insuffisance rénale chronique.
7- Les néphropathies vasculaires pures :
* La maladie athéroembolique (maladie des emboles de cristaux de cholestérol).
* KT artériel.
IV) Diagnostic positif :
L’IRA est prouvée essentiellement par la biologie :

Elévation de l’urée et de la créatine plasmatique. (Urée > 0.5g/l = 8.5mmol/l)
(créatinine > 100µmol/l : 12mg/l).
Cette IRA peut s’accompagner aussi :

De troubles urinaires à type d’anurie (diurèse <100cc/24h) ou d’oligurie (diurèse
comprise entre 100 et 500cc/24h).

D’une diurèse conservée (diurèse supérieure à 500 cc/24h).
V) Diagnostic différentiel :
Le diagnostic différentiel consiste à affirmer le caractère aigu de l'insuffisance rénale et
éliminer une rétention vésicale.
A) Insuffisance rénale chronique :
1. Définition :
Il s’agit d’une atteinte progressive des fonctions rénales par lésions anatomiques irréversibles
(c’est une atteinte de moins 70% des néphrons).
On calcule la clairance de la créatinine de la manière suivante :
La clairance de la créatinine est normalement de 80 à 120ml/mn.
L’IRC est définie par une clairance de la créatinine inférieure à 80ml/mn.
On distingue l’IRC débutante (Cl. créat entre 50 et 80ml/mn), l’IRC modérée (Cl. créat entre
30 et 50ml/mn), l’IRC sévère (Cl. créat entre 10 et 30ml/mn) et l’IRC terminale (Cl. Créat<
10ml/mn).
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2. Clinique :
L’IRC peut se manifester par une HTA, une insuffisance cardiaque, une péricardite, une
dyspnée de Kussmaul, une anémie, un trouble de l’hémostase, un déficit immun, les troubles
digestifs (une haleine fétide, une gastro-duodénite), une ostéodystrophie rénale (une
hyperparathyroïdie, une ostéomalacie, un retard statural), des troubles neurologiques centraux
et périphériques, des troubles cutanéo-phanériens (pâleurs, teint patate, prurit, poikilonychie),
des urines claires (par troubles de la concentration urinaire) et une rétonépathie.
3. Examens complémentaires :
-
Biologie :
Anémie normochrome normocytaire arégénérative,
A
l’ionogramme
sanguin
:
hypernatrémie,
normokaliémie,
hypocalcémie
et
hyperphosphorémie.
Temps de saignement allongé et des plaquettes normales (thrombopathie).
Acidose métabolique.
Azotémie et créatinémie augmentée.
-
Echographie rénale :
La taille des reins est diminuée avec une dédifférenciation corticomédulaire.
A noter que les seuls cas d’IRC avec une taille normale ou augmentée des reins sont : La
néphropathie diabétique, l’amylose rénale et le myélome, la polykystose rénale, l’IRC par
obstruction et l’IRC par thrombose des veines rénales.
B) Une rétention vésicale :
Le diagnostic positif est réalisé par la présence d'un globe vésical, de plus, le sondage vésical
peut avoir un intérêt à la fois diagnostique et thérapeutique.
VI) Diagnostic de gravité :
L’IRA peut entrainer la mort par :
1) L’hyperhydratation extracellulaire : elle se manifeste par une augmentation du poids,
une oligurie, une hypertension artérielle, des œdèmes des membres inférieurs
bilatéraux, déclives prenant le godet, des œdèmes viscéraux, cérébraux méningés ou
pulmonaires. A la biologie on trouve une hypoprotidémie et une baisse de
l’hématocrite.
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2) L’hyperhydratation intracellulaire : où il existe une augmentation du poids, une
oligurie, une muqueuse buccale humide, des troubles digestifs (anorexie,
vomissement, dégoûts de l’eau). des troubles neuropsychiques à type de céphalées, de
confusion, d’asthénie avec Babniski bilatéral, voir convulsion ou coma. A la biologie
on note une hyponatrémie inférieure à 138mmol/l, et une hypoosmolarité plasmatique
inférieur à 275mmol/l.
3) L’hyperkaliémie : elle peut être causée par plusieurs mécanismes :
-
Un transfert de potassium du milieu intracellulaire vers le milieu extracellulaire :
en cas de déficit de l’insuline, d’acidose métabolique, d’hypocalcémie, d’état de
choc
prolongé,
d’hypercatabolisme
(hémolyse,
rhabdomyolyse,
brulures,
septicémie,…), d’exercice physique intense, de prise de bétabloquants ou de
digitaliques.
-
Une élimination rénale potassique diminué : insuffisance rénale chronique, acidose
tubulaire de type I, hypoaldostéronisme, de la prise de médicament (AINS, IEC,
ARA2, héparine), aldactone et amiloride.
-
Excès d’apport de potassium.
Elle se manifeste par des troubles cardiaques avec à l’ECG une onde P élargie, plate, des QRS
élargies, une onde T ample pointue et symétrique.
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On note par ailleurs des troubles neuromusculaires à type de fatigabilité, abolition des ROT et
des paresthésies.
A noter que l’acidose et l’hypocalcémie aggrave l’hyperkaliémie (via d’inhibition de
l’insuline).
4) L’acidose métabolique : ou on trouve une dyspnée de kussmaul. A la biologie, il existe
un pH inférieur à 7.35, des bicarbonates inférieurs à 20mmol/l, ainsi qu’un trou
anionique élevé.
5) La rétention des déchets azotés :
Se manifestant par des troubles digestifs à type d’anorexie, de nausées et de
vomissements.
6) L’affection causale.
VII) Diagnostic étiologique :
La pratique d'une ponction-biopsie rénale présente certaines indications au cours de l’IRA :
* Précocement :
- IRA d’installation lente.
- Présence d'œdèmes, d’hypertension artérielle.
- Présence d'une protéinurie abondante voire syndrome néphrotique.
- Présence d'une hématurie micro ou macroscopique sans caillots.
- Présence de signes extra-rénaux de significations incertaines (infection, signes articulaires,
cutané respiratoire).
- Circonstances étiologiques confuses ou absentes.
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* Secondairement :
- En l’absence de reprise de fonction dans les délais habituels de 4 semaines
 On ne fait de PBR que pour les IRA organiques (c'est-à-dire les NTA de plus de 4S,
Nécroses corticales, NTIA, GNRP, certaines GNA, néphropathies glomérulo-vasculaires
aiguës, néphropathies vasculaires aiguës).
Sémiologie
Oedèmes
Leucocyturie
HTA
Protéinurie
Hématurie
Néphropathie
glomérulaire
+++
0
+++
+++
+++
Néphropathie
interstittielle
0
+++
0
0
+++
tubulo-
Néphropathie vasculaire
0
0
+++
+
+
A) Cause obstructive :
1. Des arguments cliniques :
 Les antécédents : rein unique, colique néphrétique, lithiase ;
 La survenue brutale et douloureuse de l'IRA ;
 L'existence d’une hématurie macroscopique ;
 L’alternance des phases de polyurie et d’oligoanurie et/ou anurie ;
 Les fosses lombaires douloureuses à l'examen ;
L’existence d’un ou de deux gros reins palpable ;
 Les touchers pelviens qui notent une masse abdomino-pelvienne.
2. Des arguments radiologiques :
 ASP : Lithiase radio-opaque, gros reins,
 Echographie :
- Montre une distension pyélocalicielle uni ou bilatérale, mais elle peut être absente !
- Détermine le mécanisme.
- Précise la nature de l’obstacle :
 La pyélographie antérograde de préférence (opacification du bassinet par la néphrotomie)
elle doit être réalisée après la levée de l’obstacle.
 Si impossible, on réalise une pyélographie rétrograde (par le KT sus pubien).
 Si suspicion de compression extrinsèque on réalise une TDM.
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B) IRA fonctionnelle :
1. Des arguments cliniques :
 La présence de signes de déshydratation extracellulaire :
 La présence d’un état de choc qu'elle qu'en soit l'étiologie
 La présence d'une oligurie brutale, avec des urines concentrées
 La consommation d’IEC, ARAII et AINS
 L’existence d’œdème (3ème secteur, OMI, ascite, OAP).
2. Des arguments biologiques : (voir tableau)
L'urée sanguine est proportionnellement plus élevée que la créatinémie qui n’est modérément
augmentée, (le rapport normal étant de l’urée = 0,045 x créatinémie) ;
Un certain nombre d'indices biologiques présentés ci-dessous peuvent orienter vers une
origine fonctionnelle à la triple condition que le patient n'ait pas d'insuffisance rénale
préalable, n'ait pas reçu de diurétique et que la cause de déshydratation extracellulaire ne soit
pas une perte d'eau et de sel d'origine rénale.
Indice
IRA fonctionnelle et GNA
IRA organique
Densité urinaire
> 1020
< 1010
Uosm
> 500
< 350
Uosm / P osm
> 1.3
< 1.1
U/P urée
>5
<3
U/P créatinine
> 40
< 20
UNa (mmol/l)
< 20
> 40
UNa / UK
<1
>1
L’analyse micro et macroscopique des urines est faussée en cas de :
1. Perte de sel d’origine rénal :
* Reins sains : (Polyurie osmotique / hypercalcémie / Excès de diurétique / Insuffisance
surrénalienne).
* Reins pathologique : NTIA, NTIC, polykystose rénale / IRC avancée / reprise de la diurèse
après insuffisance rénale aigue en cas de NTA ou de levée d’obstacle.
2. Vomissements abondants.
15
M 32 : Insuffisance rénale aiguë
3. Des arguments évolutifs :
L’IRA fonctionnelle et de bon pronostic,
La correction de la cause de l’hypoperfusion rénale entraîne la disparition rapide de
l’insuffisance rénale.
C) IRA par obstruction des vaisseaux du rein :
1. Des arguments cliniques :
 La présence d’un rein unique.
 Le contexte évocateur (hypercoagulabilité…).
 Le caractère brutal, douloureux et total de l’anurie.
 L’existence d’une hématurie ou d’un gros rein douloureux.
2. Des arguments radiologiques :
 L'obstruction artérielle ou veineuse peut être évoquée par :
* L’échographie Doppler des A ou V. rénales.
* La scintigraphie rénale.
 Elle sera confirmée par :
* L’artériographie.
* La tomodensitométrie avec injection.
D) IRA organique :
1) Nécrose tubulaire aiguë (80% des IRA organiques)
a. Des arguments cliniques :
 Un contexte étiologique évocateur.
 L’existence d’une diurèse conservée ou d’une anurie.
 Une tendance hémorragique si rétention azotée importante.
 Le tableau de la N.T.A. est stéréotypé.
1/ Phase initiale ou d’agression : (durée 1-2j)
Marqué par des signes de la maladie causale. Il s’agit d’une affection aigue grave avec ou
sans état de choc évident, où l’atteinte rénale n’est pas au premier plan (diminution de la
diurèse, pas d’œdème, pas d’HTA et pas d’hématurie).
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
C’est la période pendant laquelle la NTA se constitue. Une correction des facteurs en cause
permet à ce stade d’éviter la NTA.
A ce stade le traitement repose sur du Lasilix* à forte dose.
2/ Phase d’état ou anurique : (durée 2-3semaines)
Durant cette phase on a une anurie isolée (IRA organique sans HTA, Hématurie, Protéinurie
ni œdème).
Sur le plan biologique on observe des urines pauvres en urée (< 10 g/l) avec un rapport
>1
3/ Phase de reprise de la diurèse : (dure quelques semaines)
A lieu entre le 9è et 15è j, mais elle peut être plus précoce (3 J) ou plus tardive (30 j).
Se caractérise par une reprise de la diurèse et une normalisation progressive de la fonction
rénale (urée, créatininémie, et clearance de la créatinine).
4/Phase de convalescence : La NTA est de bon pronostic avec une récupération totale
(restitution du parenchyme ad integrum (bon PNC).
b. Des arguments biologiques : (voir tableau ci-dessus)
c. Des arguments évolutif à postériori :
La NTA est de bon pronostic. On observe généralement une récupération spontanée de la
fonction rénale après environ 3 semaines (à condition que l’affection causale soit guérie).
d. PBR : Elle est indiquée si la phase 2 dure plus que 4 Semaines. Si elle est réalisée, elle
montre une nécrose tubulaire et une infiltration interstitielle.
2) Nécrose corticale :
a. Causes : Elle est due à une septicémie (Méningocoque en GBN) ou à une CIVD du
postpartum.
b. Clinique : Il existe une anurie isolée persistance > 3-4 semaines.
c. Examens complémentaires :
AUSP : diminution de la taille des reins et calcifications corticales.
Artériographie rénale : Elle permet de faire le diagnostic positif en montrant un aspect
d’arbre mort du réseau artériel.
PBR : On observe une disparition des structures rénales corticales remplacées par de la
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
fibrose.
d. Evolution : Elle est de mauvais pronostic avec généralement persistance d’une IRC
séquellaire.
3) Nécrose papillaire / médullaire :
a. Causes : Elle est secondaire à un ensemble d’étiologies :
- PNA de la femme enceinte ou du postabortum.
- PNA du diabétique.
- Drépanocyte.
- Utilisation d’AINS ou d’analgésique.
b. Clinique : Elle se manifeste par :
- Fièvre,
- Hématurie macroscopique.
- Débits de papille nécrosée dans les urines.
- Coliques néphrétiques unilatérales.
- Anurie transitoire.
c. UIV : Elle note des calices en boule ou en pince de crabe.
d. Evolution : De mauvais pronostic avec généralement l’apparition d’une IRC.
4) Atteinte tubulo-interstitielle aigue :
a) Clinique : Il s’agit le plus souvent d’une IRA à diurèse conservée, sans HTA, mais plutôt
une hypotension artérielle. Il existe aussi une protéinurie tubulaire NON détectable par les
bandelettes classiques. On observe un syndrome néphrotique associé si prise d’AINS, dans le
cas échéant les oedèmes sont inexistants. Il y a aussi une hématurie généralement
macroscopique. On retrouve un tableau évocateur de septicémie à point de départ urinaire et
même parfois des signes allergiques : fièvre, arthralgies, rash cutané.
b) Des arguments biologiques :
* Hyperéosinophilie,
* Leucocyturie aseptique,
* Eosinophilurie.
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
* Natriurie > 50mmol/l (obligatoire).
c) Des arguments histologiques : PBR indispensable au diagnostic positif.
Elle pourra montrer une infiltration composée d'éosinophiles, de lymphocytes, ou de
polynucléaires.
d) Evolution : Elle est variable : elle peut guérir comme laisser des séquelles.
5. Atteinte glomérulaire aigue :
a) Des arguments cliniques :
• Présence syndrome néphrétique (Hématurie protéinurie, HTA, œdème, IRA).
• Contexte d’une infection viscérale ou ORL.
• Contexte évocateur d’une hémorragie alvéolaire, avec hémoptysie (syndrome de Good
Pasture)
b) Des arguments biologiques :
• Abaissement du complément total (CH50) et de sa fraction C3 signant une activation par la
voie alterne. (GNA)
• ANCA (granulomatose de Wegener, PAN).
• Présence d’anticorps anti-membrane basale glomérulaire. (Syndrome de Good Pasture).
• Présence d’AAN (Lupus systémique).
c) Des arguments histologiques :
La PBR est indispensable en urgence. Elle peut montrer :
- Une GN endocapillaire (GNA).
- Ou une GN extra capillaire ± endocapillaire (avec croissant), (GN rapidement progressives).
En IF, on peut avoir :
-
Des dépôts avec fixation linéaire (le long de la MBG) : syndrome good Pasture
(IgG et C3).
-
Des dépôts avec fixation granulaire : infection, lupus, cryoglobulinémie, purpura
rhumatoïde et certaines GN primitives.
-
Une absence de dépôt : Idiopathique, PAN ou syndrome de Wegener.
 La PBR présente un intérêt diagnostic, pronostic et thérapeutique (lié au nombre de
glomérules atteints).
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
d) Evolution :
La GNA est de bon pronostic.
La GNRP évolue généralement vers une IRC séquellaire et une HTA sévère (sauf si le
traitement est précoce).
6. Atteinte glomérulo-vasculaire aigue :
a) Des arguments cliniques :

Syndrome néphritique.

HTA sévère voire maligne.

Contexte étiologique évocateur : Grossesse, contraception oestroprogestative,
Chimiothérapie anti-néoplasique.

L’existence de signes extrarénaux : fièvre, arthralgies, purpura, livedo...
b) Des arguments biologiques :
* Existence d'une anémie hémolytique avec schyzocytes, (SHU),
* Stigmates de coagulation intravasculaire,
* La présence d’anticorps anti-cytoplasme des polynucléaires : Panca (PAN) et Canca
(Wegenerà
c) Des arguments histologiques :
La PBR est indispensable, elle permettra de différencier :
* Les angéites aigues nécrosantes.
* Les syndromes hémolytiques et urémiques.
7. Une atteinte vasculaire aigue :
a) Des arguments cliniques :
* Terrain âgé, athéromateuse diffuse,
* Signes d'ischémie cutanée (livedo),
* Signes d’ischémie distale (orteils bleus),
* Notion de cathétérisme artériel récent,
* Présence d’emboles de cholestérol au fond d’œil.
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
* Contexte étiologique.
b) Des arguments biologiques :
* Hypocomplémentémie,
*Hyperéosinophilie.
c) Des arguments histologiques :
C’est la mise en évidence de cristaux de cholestérol dans le rein, les muscles ou la peau.
VIII) SURVEILLANCE :
Le traitement de l'IRA nécessite une surveillance stricte qui comporte outre les données
fournies par l'examen clinique. La détermination d'un certain nombre de paramètres
biologiques
A) Surveillance clinique :
Il faut étroitement surveiller la TA, les oedèmes, le poids, les bandelettes urinaires.
B) Surveillance paraclinique :
Les principaux éléments du suivi sont : NFS, étude de bilan d’hémostase, créatininémie, urée
sanguin et urinaire, ionogramme sanguin et urinaire, calcémie, phosphorémie, protides
sanguins. Ces paramètres doivent être initialement déterminés au moins une fois par jour.
L’ECG et la Radiographie thoracique sont aussi des paramètres nécessaires à la surveillance.
IX) TRAITEMENT
1. Les buts du traitement sont :
 D'assurer le traitement étiologique chaque fois que c'est possible.
 De corriger ou prévenir les désordres hydroélectrolytiques ; c'est le traitement dit «
conservateur » ;
 D'assurer la suppléance du rein en attendant la récupération des fonctions rénales ; c'est
l'épuration extrarénale.
Il est bien entendu essentiel de corriger le ou les facteurs qui ont conduit à l’IRA :
rétablissement d'une hémodynamique correcte, levée d'obstacle, antibiothérapie efficace, arrêt
des médicaments impliqués, corticoïdes à forte dose en cas d'angéite nécrosante etc.
A) Traitement conservateur :
1) Apports d’eau et d’électrolytes :
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
Ils doivent être ajustés quotidiennement en fonction du bilan hydrique et de l’ionogramme
sanguin.
a) Eau :
Il existe chez l'insuffisant rénal un risque important et permanent d'hyperhydratation en raison
de la teneur en eau des aliments et la production d'eau endogène liée au métabolisme (300 à
500 ml/24h au moins). Il est donc nécessaire de restreindre l'apport hydrique à environ 500
ml/24h, sauf en cas d'IRA à diurèse conservée et/ou des pertes extrarénales importantes (en
particulier en cas de fièvre et chez le malade ventilé ou brûlé) pour laquelle on peut
administrer jusqu’à 2000ml/24h.
b) Sodium :
L'apport sodé doit être également adapté aux pertes extrarénales et rénales, qui peuvent être
importantes en cas d’IRA à diurèse conservée. S’il n’existe pas de pertes extrarénales
importantes et si le malade est anurique l’apport sodé doit être restreint au minimum.
Quand on constate une hyponatrémie il s'agit presque toujours d'une natrémie de dilution.
Quelque soit le mécanisme de l'hyponatrémie si elle est symptomatique, une supplémentation
est requise.
c) Potassium : En cas d’hyperkaliémie, il faut :
1) Arrêter tout traitement hyperkaliémiant (IEC, ARAII, sel de régime, Kcl, antiacide,
diurétiques épargneurs potassiques = Amiloride, spironolactone).
2) Supprimer les aliments riches en K+ (Chocolat - Banane)
3) Si K+ = 5-6mmol/l : prescrire Kayexalate 20gx4/j per os.
Si K+ = 6-6,5mmol/l sans signe ECG : prescrire CaCl2 10ml en IVD + Acrapid 30 unités (en
IVL) et du sérum glucosé 10% 5OOcc en (IVL). Le sérum bicarbonaté, les Béta2 mimétiques
et le Kayexalate peuvent être utilisés.
Il est nécessaire de faire des ECG de contrôle.
Si K+ > 6,5mol/l ou si présence de signes ECG : prescrire CaCl2+Actrapid + sérum glucosé à
10% + épuration extra rénale.
d) Bicarbonates :
En cas d'acidose très profonde (pH < 7,20) et surtout si elle est associée à une hyperkaliémie,
un apport de bicarbonates par voie intraveineuse est nécessaire.
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
e) Calcium :
L'hypocalcémie doit être traitée (apports de sels de calcium, éventuellement dérivés de la
vitamine (D), si elle est importante, symptomatique et en cas d'apports en bicarbonates
importants.
2) Equilibre nutritionnel :
Il doit absolument être préservé. Souvent les besoins caloriques sont importants (opéré,
infecté, polytraumatisé, brûlé). La dénutrition doit être évitée à tout prix car elle risque de
faciliter et de pérenniser des complications redoutables : Infection, hémorragie digestive,
retard de cicatrisation.
L'apport calorique total de (50Kcal/kg/j) comporte essentiellement des glucides et des lipides.
Ceci permet d'éviter la majoration du catabolisme des protéines endogènes résultant de la
néoglucogenèse.
L’apport protidique malgré l’élévation de l'urémie qu'il induit, doit être suffisant et en
pratique ne pas être inférieur à 1g de protéines par kg par 24h.
L’alimentation doit se faire par voie orale chaque fois que c'est possible. Sinon le recours à la
voie parentérale est nécessaire.
3) En cas d’OAP :
Si le patient conserve une diurèse, on utilisera le Lasilix à fortes doses (de 500 à 1500 mg/24h
en IV), sinon le recours à l’ultrafiltration est indispensable.
4) Prévention de l’ulcère de stress :
On utilisera des inhibiteurs de la pompe à proton.
B) Epuration extra rénale :
1. Moyens :
a) Hémodialyse :
Par l’intermédiaire d’une voie d’abord vasculaire qui, en urgence, est le plus souvent un
cathéter fémoral relayé ensuite par des cathéters utilisant des matériaux biocompatibles et de
siège volontiers jugulaire ;
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
b) Dialyse péritonéale :
Par l'intermédiaire d'un cathéter à usage unique le plus souvent ;
c) Hémofiltration continue :
Veino-veineuse ou artério-veineuse, qui offre des capacités d'épuration moindre mais une plus
grande souplesse quant au réglage de la volémie, ce qui permet des apports caloriques plus
larges ;
d) Hémodiafiltration :
Qui combine hémofiltration continue et hémodialyse.
2. Indications :
L'E.E.R. est indiquée chaque fois que les mesures dites conservatrices ne permettent pas de
rétablir ou de maintenir l'équilibre hydroélectrolytique ou acido-basique. L'E.E.R. s'impose
notamment en urgence en cas de :
1) Mauvaise tolérance hémodynamique de l'hyperhydratation (OAP) secondaire à l’IRA,
anurique ;
2) Hyperkaliémie (stade ≥ 2 : c'est-à-dire une kaliémie > 6,5mmol ou des signes à l’ECG).
3) Acidose métabolique intense avec pH <7,2 ou HCO3 - <10mmol/l.
4) Certaines intoxications (par exemple : éthylène glycol, méthanol, colchicine, paraquat) où
elle permet d'éliminer plus vite le toxique.
5) Hyper azotémie importante : urée sanguine > 32mmol et/ou la créatinine >700µmoles/l.
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3. Le choix de la méthode :
 L'hémodialyse sera préférée de principe et en particulier en cas d’hypercatabolisme ;
 L'hémofiltration est intéressante lorsque les apports caloriques importants sont nécessaires
et que les besoins d'épuration sont modérés ;
 La dialyse péritonéale a de moins en moins d'indications, sauf peut être le sujet âgé et les
pancréatites aiguës.
4. Le rythme des épurations :
Il sera adapté à chaque cas particulier :
En fonction de l’évolution dynamique des taux d’urée, de créatinine, de potassium et l’état de
surcharge du volume extracellulaire :
Il est raisonnable de ne pas dépasser les chiffres suivants :
• Urée
= 30 mmol/l.
• Créatinine
= 700µmol/l.
• Potassium
= 5,5 mmol/l.
• Réserve alcaline
= 18 mmol/l.
C) Traitement étiologique :
1. Traitement de l’IRA fonctionnelle :
Le traitement se confond avec celui de sa cause. Il vise dans tous les cas à restaurer le D.F.G.
Il est utile de schématiser les indications thérapeutiques devant un état de choc et de préciser
le moment de l'emploi du furosémide. Devant toute insuffisance circulatoire aiguë,
l'évaluation de l'état myocardique est fondamentale ; il peut être nécessaire de s'aider par la
mesure de la pression veineuse centrale et éventuellement de celle de la pression artérielle
capillaire moyenne. Ainsi l'on définit deux éventualités :
a) Absence de signe évocateur d'une incompétence myocardique : PVC basse (<2cm Ho) –
pas de signes d’insuffisance cardiaque
* Il faut en premier lieu effectuer un remplissage vasculaire. Les dextrans de faible poids
moléculaire ne doivent pas être utilisés car ils peuvent être responsables de N.T.A. Le débit de
perfusion doit être adapté sur les données cliniques, radiologiques (radiographie pulmonaire),
biologiques et éventuellement hémodynamiques. Schématiquement, on peut se trouver après
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
expansion volumique devant l'une des trois situations suivantes :
 L’état de choc persiste ; il peut être lié à la persistance de la cause de l’état de choc et/ou à
l'apparition d'une incompétence myocardique ;
L’état de choc est corrigé et la diurèse reprend, il faut en apprécier la composition, (une
N.T.A à diurèse conservée peut s’être constituée) et éventuellement la compenser.
L’état de choc est corrigé et il existe une oligurie ou une anurie, Les apports hydrosodés
doivent être adaptés aux sorties, (risque de surcharge). La volémie efficace et par conséquent
la perfusion rénale étant restaurée, il est alors licite d'entreprendre une relance de la diurèse
par le furosémide.
b) Présence de signes évocateurs d’une incompétence myocardique : Signes insuffisance
cardiaque – PVC ↑↑ (8cm H2O).
* Constatés d'emblée ou après remplissage vasculaire, ils imposent le recours à l’utilisation de
drogues tonicardiaques, Dopamine à raison de 5 µg/kg/mn et Dobutamine avec une dose de
5µg/kg/mn.
* Le furosémide est ici indiqué pour lutter contre la rétention sodée qu’induit l’insuffisance
cardiaque et éventuellement à fortes doses après restauration d’une volémie efficace si la
diurèse ne reprend pas.
* Il faut également envisager le traitement de la cause de l’insuffisance cardiaque.
2) L’IRA obstructive :
* Levée de l’obstacle sous vésical  sonde vésicale ou KT sus pubien.
Sus vésical  Néphrostomie percutanée ou sonde JJ.
* Perfusion pour lutter contre le syndrome d’obstacle (déshydratation extra-cellulaire, perte
sodée importante, hypokalémie).
* Lever la cause à froid.
* A noter que les diurétiques sont contre-indiqués.
3) La néphropathie tubulo-interstitielle :
* Phase initiale : Lasilix pour stimuler la diurèse et permettre une IRA à diurèse conservée qui
est plus facile à traiter.
* Phase d’urémie confirmée.
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
a) Hospitaliser.
b) Epuration extra-rénale préventive.
c) PBR si cette phase dépasse 4 semaines.
4) Néphropathie glomérulaire aigue :
a) GNA : il s’agit d’un traitement symptomatique (CF cours).
b) GNRP : l’association préconisée est : corticoïdes + immuno-suppresseurs.
NB 1 : L’utilisation de Lasilix (en cas d’hypovolémie corrigé ou de NTA au début) se fait de
la manière suivante :
Première dose : Lasilix : 40-60mg (2-3 ampoules) en IVD
Diurèse < 120ml après 1h
Diurèse ≥ 120ml après 1h
Deuxième dose : Lasilix : 40-60mg (2-3 ampoules) en IVD
Diurèse < 120ml après 1h
Troisième dose : de 120mg x 6/j jusqu’à 240mg x 6/j
Diurèse < 120ml après 1h
Adapter la dose de Lasilix
en 6 fois pour permettre
une diurèse de 3 à 4 litres /
jours.
Donner le même volume
de sérum G 5% avec 2g de
NaCl et 0,5g de KCl par
500cc.
Epuration extra-rénale
NB 2 : L’utilisation des produits de contraste iodés peuvent entrainer une NTA dose
dépendante (donc toxique). Les facteurs de risque de cette NTA sont :
L’IRC, l’allergie aux produits de contraste, l’âge avancé, le diabète sucré sous ADO (à arrêter
3 jours avant), l’hypovolémie, les diurétiques, l’amylose et l’insuffisance cardiaque.
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M 32 : Insuffisance rénale aiguë
Si malgré la présence de contre-indications à l’utilisation des produits de contraste iodés, il
faudra alors :
1. Arrêter les médicaments néphrotoxiques deux jours avant : c’est-à-dire les ADO,
AINS, IEC, ARAII, les diurétiques et les aminosides.
2. Pratiquer une hyperhydratation et une alcalinisation.
3. Donner de la Théophyline 1 comprimé (200mg) 30mn avant l’examen.
4. Prescrire de la N-acétyl cystéine Mucolator 2 sachets x 3 fois / j, la veille de jour
même et le lendemain de l’utilisation des PDC.
5. Utiliser les PDC en faible quantité et hypoosmolaire.
6. Contrôler la créatininémie à J1 et J2.
7. Reprendre les médicaments néphrotoxiques indispensables dès J2.
NB 3 : Les AINS peuvent engendrés une insuffisance rénale aigue fonctionnelles ou
organiques (NTA, NTIA ou nécrose papillaire).
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