Place des palmistes - Conseil Général de la Guyane

3. Le monument en
hommage à Félix
Eboué
Lieux patrimoniaux
de Guyane
Pa trimoine
cu lturel
La place
des palmistes 2
à
le saviez-vous ?
1. Le palmier bifide
Le palmier bifide était unique au monde, les Guyanais l’appelaient « palmié dé roro », dé roro étant
un terme guyanais signifiant des jumeaux. Des
touristes vinrent du monde entier pour le voir et
le photographier et dans les années 40, il apparaissait dans les manuels de sciences naturelles
dans l’Hexagone. En 1955, l’un des troncs s’écartant de plus en plus de l’extérieur, on dut l’abattre ;
il est encore visible au musée local.
c a y e n n e
2. La colonne de la république ou « buste de
la reine Charlotte »
Ce monument commémoratif de la prise de la Bastille se trouve sur la place des palmistes, la colonne
qui sert de support au buste de la république porte
en exergue deux inscriptions latines : « Nepotes Gloriae Avorum » (Les enfants à la gloire des aïeux)
et « Coeperunt cives libertatem » (Les citoyens
fondent la liberté). Le buste a été commandé à
Paris mais la petite histoire nous apprend que le
fondeur Maurice Denonvilliers ayant épuisé son
stock de « Mariannes » utilisa un buste de Charlotte Corday. Quelques petites retouches, un bonnet
phrygien en plus et le tour était joué, les Guyanais loin de s’en offusquer trouvèrent l’affaire
cocasse et gardèrent l’appellation « Charlotte »
pour désigner le buste de la république, certains
lui ajoutèrent même le titre honorifique de reine.
Le monument fut inauguré le 14 juillet 1890, le
jour de la fête nationale, il rappelle la conquête
de la liberté par la prise de la Bastille le 14 juillet
1789 et il symbolise également l’attachement des
Guyanais à la mère patrie.
Dès 1946, un groupe de Guyanais décide d’élever,
en l’honneur du plus illustre des enfants de la
Guyane, un monument commémoratif qui doit
orner la plus belle place publique de la ville. Mais
une idée aussi généreuse soit-elle ne suffit pas
à vaincre tous les obstacles et de nombreuses
difficultés ralentissent ce projet (entre autres la
destruction de la fontaine Merlet). Ce n’est qu’en
1954 que Pierre Mendès France, président du
conseil, signe le décret d’autorisation d’élever le
monument ; et en décembre 1957 il est inauguré.
Ce monument magnifie l’homme, il est vêtu de
son uniforme symbole de l’autorité qu’il détenait. Un des bas-reliefs montre éboué à cheval
écrasant les puissances totalitaires, prenant une
part immense à la croisade pour la liberté. Les
inscriptions signées visibles sur le fronton sont
d’André Malraux, elles ont été acceptées par le
comité guyanais et par Mme Eboué. Gravées sur
une plaque de marbre, on peut lire « Etranger va
dire à Lacédémone que ceux qui sont morts ici
sont tombés sous sa loi ». Cette phrase compare
le courage et la fidélité de Félix Eboué à ceux des
soldats de Léonidas morts aux Thermopyles en
480 avant J.-C. En dessous, une deuxième phrase
en caractères plus importants souligne la grandeur de cet illustre Guyanais : « Passant va dire
aux enfants de notre pays ce que fut le visage
désespéré de la France, les yeux de l’homme qui
repose ici, n’ont jamais reflété que les traits du
courage et de la liberté ».
4. La place des palmistes source d’inspiration
Les poètes guyanais se sont emparés de la place
avec bonheur, tel Antoine Cupidon qui écrit dans
son poème Les palmistes : « j’ai vu du Cépérou,
les palmistes élancés, secouant dans l’azur leurs
longs cheveux dorés, dans un bruyant ramage
de leurs vertes ombrelles ».
Le célèbre écrivain et journaliste Albert Londres
s’est promené sur la place.
Il écrivit : « Je ne marchais pas depuis 5 minutes, mais j’avais vu le bout de la belle route.
J’étais dans l’herbe jusqu’au menton, mettons
jusqu’aux genoux, pour garder la mesure. C’était
la savane (...). Cela est la place des palmistes. Ce
n’est pas écrit sur une plaque, mais c’est une
place et il y a des palmiers, c’est certainement
ce que l’on trouve de mieux en Guyane, on l’a
reproduite sur les timbres, de un, de deux, et de
cinq francs seulement ! »
Textes : Marie-Georges Thébia
Photos : Didier Icaré
Réalisation : Marie-Patrice Benoit
Responsable du Service Départemental
des Actions Culturelles - SDAC
Conception Graphique : Didier Icaré /
[email protected]