Histoire des arts De l’Antiquité au IXe s. Du IXe s. à la fin du XVIIe s. XVIIIe et XIXe s. Le XXe s. et notre époque Domaines artistiques Arts De L’espace Arts Du Langage Arts Du Quotidien Arts Du Son Arts Du Spectacle Vivant Arts Du Visuel Thématiques artistiques Art, Créations, Cultures Art, Espace, Temps Arts, Etats & Pouvoir Arts, Mythes & Religions Arts, Techniques, Expressions Arts, Ruptures, Continuité Référence artistique CARTEL Titre Cicero Catilinam denuntiat Artiste/Auteur Cesare Maccari Date de création Nature de la production 1880 fresque dimensions techniques fresque Lieu d’exposition Pallzzo Madama, Rome Problématique : par quels moyens un peintre peut-il transposer un texte littéraire ? l’auteur et le contexte Cesare MACCARI (1840-1919) est un peintre et sculpteur italien devenu célèbre en décorant une chapelle royale . Entre 1882 et 1888, il peint une série de fresques illustrant l'histoire du Sénat romain à la "Sala Maccari" du Palazzo Madama, siège du Sénat italien à Rome. Il choisit notamment un événement représentatif : la défense de l’État par le plus célèbre orateur antique, Cicéron (homme politique, avocat et écrivain , -106 à -43). ANALYSE DE L’ŒUVRE I. Un sujet historique, l'affaire Catilina : À l'automne 63 av. J.C. Catilina, un riche sénateur, perd encore une fois les élections pour être consul en -62. Cicéron est alors consul. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, Catilina aurait réuni ses complices dans la demeure du sénateur Léca pour comploter contre Cicéron et plus largement contre la République. Au lever du jour, des assassins se présentent chez Cicéron. Mis au courant par la maîtresse d'un des conjurés, le consul échappe à l'assassinat mais convoque le lendemain le sénat dans un lieu inhabituel, le temple de Jupiter Stator. Catilina s'y rend et, quand il entre, tous s'écartent de lui. Cicéron prononce alors un discours contre Catilina (il écrira après l'affaire les Catilinaires, les quatre discours qu'il aurait prononcés). C'est bien cet épisode que reprend ici le peintre : - le titre latin « Cicéron dénonce Catilina » - l'organisation de la fresque : Cicéron à gauche en train de prononcer son discours, Catilina à droite et en arrière-plan les sénateurs. En revanche, il transpose la scène dans un lieu évoquant davantage la Curie que le temple de Jupiter, ce qui peut s'expliquer par le fait que la fresque se trouve dans le palais du Sénat romain. II. Une transposition picturale des Catilinaires de Cicéron L'artiste par les moyens propres à la peinture cherche à traduire la force rhétorique du discours de Cicéron. A. Le texte de Cicéron : Quo usque tandem abutere, Catilina, patientia Jusqu'à quand enfin, Catilina, abuseras-tu de notre nostra ? Quamdiu etiam furor iste tuus nos patience ? Combien de temps encore ta fureur se joueraeludet ? Quem ad finem sese effrenata jactabit telle de nous ? Jusqu'où s'emportera ton audace audacia ? Nihilne te nocturnum praesidium effrénée ? Rien, ni la garde qui, de nuit, veille sur le Palatii, nihil urbis vigiliae, nihil timor populi, nihil Palatin, ni les rondes dans la ville, ni l'anxiété du peuple, ni concursus bonorum omnium, nihil hic le rassemblement de tous les gens de bien, ni ce lieu, le munitissimus habendi senatus locus, nihil horum plus sûr, pour tenir le Sénat, ni l'air ni l'expression de ces ora vultusque moverunt ? Patere tua consilia non hommes, non rien ne t'a ébranlé ? Tes projets sont sentis, constrictam jam horum omnium scientia découverts, ne le sens-tu pas ? Ta conjuration, désormais teneri conjurationem tuam non vides ? Quid enchaînée parce qu'elle est connue de tous ces hommes, proxima, quid superiore nocte egeris, ubi fueris, est maîtrisée, ne le vois-tu pas ? Ce que tu as fait la nuit quos convocaveris, quid consilii ceperis, quem dernière, et la nuit précédente, où tu as été, ceux que tu nostrum ignorare arbitraris ? O tempora ! o as convoqués, quelle décision tu as prise, penses-tu qu'un mores ! senatus haec intellegit, consul videt ; hic seul d'entre nous l'ignore ? ô temps, ô mœurs ! Cela, le tamen vivit ! Sénat le sait, le consul le voit ; cependant cet individu vit <encore>. Un texte représentatif de l'art oratoire de Cicéron : 1. Un exorde classique d'avocat Exordium : première partie du discours dans lequel l'avocat cherche à s'attirer la bienveillance de l'auditoire (captatio benevolentia) = ici cela passe par le jeu sur les pronoms et la référence à plusieurs reprises à la présence des sénateurs 2. Un ton virulent Les procédés littéraires utilisés : questions oratoires, opposition entre les pronoms (« nous » contre « tu »), l'exclamation emphatique « O tempora, o mores », les anaphores, les énumérations, les antithèses (« notre patience/ta fureur » par ex) = théâtralisation pour s'attirer la bienveillance de son auditoire et déjà commencer à convaincre. B. La transposition de Maccari Il adapte tous ces procédés aux moyens propres à la peinture : – la composition : lignes de force permettent de mettre en valeur l'isolement de Catilina (comme le faisait le jeu des pronoms dans le texte de Cicéron) diagonales : opposition Cicéron-Catilina verticales : majorité de sénateurs du côté de Cicéron composition avec l'horizontale: un tiers pour ledécor, deux-tiers pour l'action – le jeu des lignes : opposition dans l'attitude entre Cicéron et Catilina Cicéron : debout, bras levés, menton haut, lignes droites = assurance, dignité, puissance Catilina : assis, abattu, mains crispées, lignes courbes = faiblesse, violence, culpabilité – les couleurs : servent à opposer à nouveau les 2 personnages et à mettre en valeur Cicéron (couleurs claires et lumineuses pour Cicéron qui incarne l'honnêteté et la virtus républicaine / le rouge pour Catilina, couleur du crime et de la violence) ? les jeux de l'ombre et de la lumière : Cicéron dans la lumière, Catilina dans l’ombre. Symboliquement, l’orateur fait la lumière sur le sombre complot fomenté par Catilina. – les objets symboliques : * Le trépied situé devant un autel avec une coupe qui fume = Le peintre rappelle ici la dimension sacrée de la réunion. * Le marbre du décor et de la colonne = connote la noblesse – Conclusion : - Le peintre reprend à son compte le célèbre vers de Cicéron « Arma cedant togae » (« Que les armes le cèdent à la toge ») en le transformant en « Cedant arma picturae » - Cette fresque est une œuvre intéressante pour réfléchir aux moyens et techniques propres à chaque domaine artistique et à la question de l'adaptation d'une œuvre d'un medium à un autre. Ouvertures possibles : – question de la transposition : adaptation d'une œuvre littéraire au cinéma – la question de la défense de valeurs politiques (penser à David, Les licteurs... ou encore aux Tyrannochtones) L’œuvre dans son environnement :
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