ا ا ROYAUME DU MAROC وزارة ا Ministère de la Santé ار ا ا Ecole Nationale de Santé Publique CYCLE DE SPECIALITE EN ADMINISTRATION SANITAIRE ET SANTE PUBLIQUE FILIERE : Épidémiologie de Santé Publique PROMOTION (2012-2014) Mémoire de fin d’études Séroprévalence et facteurs de risque de la brucellose chez les professionnels des abattoirs de la région du Grand Casablanca - ELABORE PAR : Dr Zakia ABADANE - ENCADRE PAR : Dr Bouchra ASSARAG - CO-ENCADRE PAR : Dr Imad CHERKAOUI ENSP( ex:INAS), Rue Lamfadel Cherkaoui, I Madinat Al Irfane, Rabat Tél. : 05.37.68.31.62 - Fax 05.37.68.31.61 - BP : 6329 Rabat http://ensp.sante.gov.ma RESUME Contexte : La brucellose est la zoonose la plus répandue dans le monde. Sa transmission à l’homme se fait par des coccobacilles du genre Brucella à travers le contact professionnel direct avec les animaux contaminés ou la consommation alimentaire de produits laitiers non pasteurisés. Bien que la maladie soit connue endémique dans les pays du pourtour méditerranéen, au Maroc, les données de la brucellose sont rares. Notre étude a eu pour objectif de déterminer la séroprévalence et de décrire les facteurs de risque associés à la brucellose chez un des groupes professionnels les plus à risque pour la maladie, les professionnels des abattoirs, à la ville de Casablanca. Méthode: Nous avons mené une étude de séroprévalence chez les professionnels de l’abattoir Moulay Rachid du 1erjanvier 2014 au 31 mai 2014. Au total, 184 prélèvements ont été réalisés et analysés par le test Rose Bengal (RBT) et la technique Brucellacapt. Nous avons utilisé un questionnaire standard pour collecter les informations concernant les caractéristiques sociodémographiques, les facteurs de risques potentiels liés ou non à la profession, l’utilisation des moyens de protection individuels ainsi que collectifs. Résultats : Sur les 184 personnes prélevées, un participant a été révélé positif au RBT et au Brucellacapt. Cette personne occupe le poste d’agent de nettoyage, et présente aussi un risque d’exposition au sang, viscères et produits d’avortement, et une exposition alimentaire aux produits laitiers non pasteurisés. Elle utilise les moyens de protection collectifs et individuels mais pas de gants. Conclusion : Cette étude peut suggérer que les professionnels de l’abattoir de Moulay Rachid sont à faible risque d’être infectés par la brucellose, bien qu’ils soient fréquemment exposés aux sources potentielles de l’infection. Ces résultats ouvrent la voie à d’autres études qui ciblent les professionnels à haut risque notamment les éleveurs. Mots clés : Brucellose humaine, Rose Bengal Test, Brucellacapt technique, professionnels de l’abattoir, Casablanca iv ABSTRACT Background: Brucellosis is a one of the world’s most widespread zoonoses. Transmission of brucellosis to humans occurs through the consumption of infected, unpasteurized dairy products or through direct contact with infected animal parts. Limited data exists on the prevalence of the disease in Morocco, although North Africa has been traditionally considered endemic for brucellosis. The purpose of this study was to investigate the seroprevalence of brucellosis and the associated risk factors among high risk group abattoir workers in Casablanca city. Methods: A cross-sectional study was conducted from 1thjanuary 2014 to 31th may 2014. In total, 184 abattoir workers were blood sampled, with serum tested by Rose Bengal test (RBT) and Brucellacapt technique. Information on demographic characteristics, potential exposure within and outside the abattoir, the use of personal protective equipment (PPE) and general safety measures were recorded using a questionnaire. Results: Among the 184 people sampled, one abattoir worker was revealed positive to Rose Bengal test (RBT) and Brucellacapt technique. This person, who works as an abattoir cleaner, presents a risk of exposure to blood, viscera, abortion products, and dietary exposure to unpasteurized dairy products. He uses personal protective equipment (PPE) but no gloves. Conclusion: This study may suggest that abattoir workers were at low risk of contracting brucellosis, despite frequent exposure to potential sources of infection. However, further seroprevalence studies are needed especially among animal owners. Key Words: Human brucellosis, Rose Bengal Test, Brucellacapt technique, abattoir workers, Casablanca v او ه واة ااض اا ا # $%اآ! ا را ا .ا ل او إ& ا 8ث 6ل ا5ك 3$ت ان ا 1ا0%ة أو .ا+,-ل ا ) *%اا ت ا.?+%ه$ك ? ت ودة .ى ا ر ا%ض ا1%ب &;.ر :أن %* 9$ل أ8 و ? ر داء او .ا1ض ه BCارا ا Aا -ر ا ;+%اء او و.ا Eا 9Dا%? 9,%ض ى %.ل ا 9$ G0%اار اFء. أ $8Hدرا 2014 8$8 1إ& ، 2014 8 31أ$. 56 C6ت ام ى%. 184ل اG;0% , ،ا6ره $, .روز ?1$ل ) (RBTو .Brucellacapt $,و ,إHاء إن ; )%3ت .ا NO+Dا:%8ا %ل ا. ،G;0%ا Eا 9Dا%? 9,%ض ا E%%اض 5 دا E6و6رج ا ،G;0%واDام ات ا 8%ا (PPE) +DوآCا ,ا? ا 0ا .أ5Qت ا RO$أ ND* 184 ? Sا* 8Cرآا ارا , ،ا G;0 E. . T Uوا إ?38 6راوز?1$ل ) (RBTو E%8. Brucellacapt $,هCا ا NDآS8 ، G;0%? V E E.اض ;م ،ا ء3$ ،ت ا5HWض ،و E.اض اC1ا3$% Oت ان : ا0%ةD08 .م ات ا 8%ا E%8 U (PPE) +Dدون XYزات . ه BCارا ,إ& 8أن %.ل ا; ZXD$ 96 G;0%ض اء او &;.ا: اض اU%ر إ& ا+%در ا; ;%%وى ) .ذا[ ه$ك Hإ& ا 8]%ارات ا $,ول ل ا -ر ا _ ? ^+6 ;+%ا]%ار.. vi Sommaire I. INTRODUCTION ............................................................................................................................... 1 II. METHODE ........................................................................................................................................ 4 2.1. Site de l’étude :........................................................................................................................ 4 2.2. Population à l’étude : ................................................................................................................... 4 2.3. Modalités d’inclusion : ................................................................................................................. 5 2.4. Méthode d’échantillonnage : ....................................................................................................... 5 2.5. Déroulement de l’étude : ............................................................................................................. 5 2.5.1. Collecte des données :........................................................................................................... 5 2.5.2. Examens biologiques : ........................................................................................................... 6 2.6. Définition de cas : ......................................................................................................................... 7 2.7. Analyse statistique : ..................................................................................................................... 8 2.8. Considérations éthiques : ............................................................................................................. 8 III. RESULTATS : ................................................................................................................................. 9 3.1. Caractéristiques sociodémographiques des professionnels de l’abattoir: .................................. 9 3.2. Caractéristiques et exposition professionnelles des professionnels de l’abattoir:.................... 10 3.3. Exposition alimentaire des professionnels de l’abattoir: ........................................................... 12 3.4. Séroprévalence dans l’abattoir : ................................................................................................ 13 IV. DISCUSSION : ............................................................................................................................. 14 V. CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS POLITIQUES : ............................................................................ 18 RÉFÉRENCE ............................................................................................................................................ 20 ANNEXES :.................................................................................................................................................x vii LISTE DES ABREVIATIONS BA Brucella abortus BM Brucella melitensis BS Brucella suis CDC Centers for Disease Control and Prevention CHU Centre Hospitalier Universitaire DELM Direction de l’Épidémiologie et de Lutte contre les Maladies EAT Epreuve de l’Antigène Tamponné IAV Institut Agronomique et Vétérinaire OIE Organisation Mondiale de la Santé Animale OMS Organisation Mondiale de la Santé ONSSA Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires IPM Institut Pasteur du Maroc RBT Rose Bengal Test TB Tuberculose SME Service des Maladies Épidémiques viii LISTE DE TABLEAUX: Tableau I : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leurs caractéristiques sociodémographiques (n=184) Tableau II : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leurs caractéristiques professionnelles (n=184) Tableau III : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leur exposition professionnelle (n=184) Tableau IV : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leur exposition alimentaire (n= 184) Tableau V : Répartition des professionnels de l’abattoir selon l’utilisation des moyens de protection individuels et collectifs (n=184) ix I. INTRODUCTION La brucellose est une maladie considérée par l’OMS comme l’une des "sept zoonoses endémiques négligées". Elle est la zoonose bactérienne la plus fréquente dans le monde entier, avec plus d’un demi-million de nouveaux cas estimés chaque année [1]. Et la zoonose la plus importante dans le pourtour du bassin méditerranéen [2]. Carte 1 : Incidence annuelle de la brucellose humaine dans le monde pour 100000 de la population (source : Lancet Infectious Disease 2006 ; 6 : 91-99) La brucellose est causée principalement par une des trois espèces du genre Brucella : Brucella melitensis (BM), Brucella abortus (BA) et Brucella suis (BS). Ses principaux réservoirs d'agents pathogènes sont représentés par les bovins, ovins, caprins et suidés. La transmission de la brucellose à l’homme se fait à travers la consommation de produits laitiers non pasteurisés contaminés, par contact direct avec des parties d’animaux malades (carcasses d’animaux, produits d’avortement, placentas, sécrétions vaginales des animaux, fumier), par contact accidentel avec des produits biologiques dans les laboratoires ou par inhalation d’aérosol contaminé dans les laboratoires ou les abattoirs [3]. 1 La brucellose humaine est une maladie d'expression clinique polymorphe. C’est une maladie multisystémique qui peut mettre en danger la vie humaine [4]. Le diagnostic de la brucellose humaine est par conséquent difficilement établi sur les critères cliniques seuls, et nécessite une confirmation biologique [5]. De plus de ses répercussions sur la santé publique, la brucellose a un impact important sur la stabilité économique des pays en développement, car la maladie entraîne non seulement des pertes de production du cheptel, mais constitue également une entrave aux échanges commerciaux. L’avortement semble occuper la première place des conséquences néfastes de la brucellose sur le cheptel, suivie de la mortinatalité, de l’infertilité, de la baisse de la production laitière puis de l’allongement de l’intervalle entre les vêlages [6] Selon les estimations de l’OMS, chaque année, près de 500.000 personnes sont contaminées par la brucellose dans le monde, néanmoins, son incidence mondiale n’est pas bien documentée, elle varierait selon certaines études de moins de 0,01 pour 100.000 à plus de 200 pour 100.000 [7]. La prévalence la plus élevée de la maladie a été observée au Moyen Orient, au bassin méditerranéen, en Amérique centrale et du sud, en Europe du Sud Est, en Asie, en Afrique et aux Caraïbes [8]; plusieurs pays du Moyen-Orient et de l’Asie centrale ont récemment rapporté une augmentation de l’incidence de la brucellose humaine. La Syrie, l’Arabie Saoudite, l’Iraq, l’Iran et la Turquie sont parmi les pays qui ont rapporté les taux d’incidence les plus élevés ; 160, 21, 28, 24 et 26 cas/100 000 personnes respectivement par année [9]. L’Afrique du Nord a toujours été classiquement considérée comme zone endémique pour la brucellose. Selon les données de l’Organisation Mondiale de la Santé Animale (OIE), l’incidence de la brucellose en Algérie occupe le 10ème rang dans le classement des pays les plus touchés par la brucellose dans le monde avec 84,3 cas annuels par million d’habitants [7]. On pense même que la brucellose est endémique sur la frontière entre le Maroc et l’Algérie. Les données sur la maladie sont rares et probablement sous-estimées en Tunisie (35,4 cas annuels par million d’habitants). 2 Au Maroc, la surveillance épidémiologique de la brucellose animale effectuée par les autorités vétérinaires durant les 10 dernières années, a révélé que cette maladie sévit à l’état enzootique dans différentes régions du pays avec des prévalences variables selon les catégories d’élevage. Selon l’enquête sur la brucellose animale réalisée par l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA) en 2010, les résultats globaux ont révélé des prévalences sérologiques moyennes de 4,92% et 2,15 % respectivement au niveau des élevages et chez les bovins [10]. La séroprévalence de la brucellose parait basse comme elle a été observée en surveillance épidémiologique de routine et estimée par une enquête du Ministère de la Santé en 1999 à 1,5% en milieu rural, ceci serait dû au manque de spécificité du tableau clinique de la maladie qui ferait d’elle une maladie sous déclarée [11]. Selon l’analyse des données de surveillance de routine sur la période 2000-2013 [12], la maladie évolue sous forme endémo-épidémique. Au total, seulement 90 cas de brucellose ont été déclarés sur cette période, les provinces de l’est et du sud sont les plus à risque de la maladie (Laayoune, Jerada, Oujda, Figuig). La maladie connait une nette prédominance masculine avec 63,3% des cas enregistrés. 54,4 % de ces cas ont été déclarés en milieu urbain. Il convient toutefois de signaler que tous ces cas ont été déclarés par des structures hospitalières du secteur public. Certaines professions sont exposées en particulier les éleveurs, les professionnels des abattoirs, les bouchers, les vétérinaires et le personnel de laboratoire. En effet, les professionnels des abattoirs sont à risque et sont exposés au portage de la brucellose [13 ; 14]. Au Maroc aucune étude à notre connaissance ne s’est intéressée à cette population à risque. Dans ce sens, l’objectif de notre étude est de décrire le profil des professionnels à risque (travailleurs des abattoirs) et d’estimer la séroprévalence de la brucellose chez eux au niveau de la ville de Casablanca. 3 II. METHODE: 2.1. Site de l’étude : Le site de notre étude est l’abattoir de Moulay Rachid située dans la ville de Casablanca qui est la capitale économique du Maroc et la plus large zone urbaine au Maghreb, avec une population estimée à 3750000 selon la projection de 2014. La ville s’étend tout au long de la plaine du Chawiya, sur la côte atlantique. Cette région contribue à elle seule à 44% de la production industrielle totale du royaume. Nous avons choisi de réaliser notre étude auprès des professionnels des abattoirs, une des catégories professionnelles les plus à risque pour la brucellose, et nous avons sélectionné un des abattoirs les plus actifs au Maroc en termes d’activité quotidienne de production et de population de travailleurs. L’étude s’est déroulée du 1er janvier 2014 à fin mai 2014. 2.2. Population à l’étude : Les salariés travaillant dans l’abattoir Moulay Rachid appartenant aux catégories suivantes : • les ouvriers de l’abattoir, • les agents de nettoyage de l’abattoir et techniciens de maintenance, • le vétérinaire et les techniciens vétérinaires de l’Office National de Sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), • le vétérinaire de la commune, • le personnel administratif de l’abattoir. 4 2.3. Modalités d’inclusion : Les critères d’inclusion : Toute personne appartenant à la population cible, de nationalité marocaine, âgée plus de 18 ans et ayant signé une lettre de consentement éclairé pour participer à l’étude Les critères d’exclusion : Toute personne absente au moment de la collecte des données et de la prise de sang, toute personne qui a refusé de participer à l’étude. 2.4. Méthode d’échantillonnage : Nous avons essayé d’inclure la totalité des professionnels exerçant à l’abattoir de Moulay Rachid, donc notre méthode d’échantillonnage a été exhaustive pour l’ensemble des professionnels de la population cible. 2.5. Déroulement de l’étude : 2.5.1. Collecte des données : La collecte des données a été réalisée par une équipe composée de quatre personnes (deux investigateurs, un biologiste et deux personnels infirmiers). Les deux investigateurs ont été en charge de la collecte des données et les deux infirmières des prélèvements sanguins. Pour chaque personne sélectionnée selon les critères sus mentionnés, le consentement éclairé a été obtenu (annexe 1). Un numéro d’identification unique a été attribué à chaque participant séquentiellement dans l’ordre de passage ; et avec respect de la confidentialité. Les participants ont été interviewés face à face et les données ont été recueillies à l'aide d'un questionnaire structuré (annexe 2). 5 Ce questionnaire comporte : les données sociodémographiques (l'âge, le niveau d’étude, le statut matrimonial, le lieu de résidence, le milieu de résidence, la profession, …etc.), les antécédents cliniques liés à la maladie, pathologies associées, antécédents d’hospitalisation les facteurs de risque lié à la maladie (exposition professionnelle et non professionnelle) utilisation des moyens de protection individuels utilisation des moyens de protection collectifs Connaissances à propos de la maladie 2.5.2. Examens biologiques : Le diagnostic de la maladie a été basé sur les tests de laboratoire combinés avec l’évaluation clinique du patient. Les tests sérologiques sont les plus largement utilisés. En effet, selon l’OMS, la confirmation biologique de la brucellose repose sur l’isolement de la bactérie ou de ses acides nucléiques dans les échantillons biologiques ou sur la sérologie positive dans un contexte clinique et épidémiologique évocateur. Concernant cette étude, une seule prise de sang de 5 cc en tube sec a été effectuée sur place sur chaque participant pour le diagnostic biologique de la brucellose. Les prélèvements de sang ont été effectués par les deux infirmières de l’Institut Pasteur du Maroc (IPM) en respectant les mesures d’asepsie. Par la suite, 2 techniques de diagnostic ont été réalisées : 1-Les 184 prélèvements réalisés au niveau de l’abattoir ont été testés par le test Rose Bengal ou dit Épreuve de l’antigène tamponné (EAT) (réalisé au Laboratoire de Bactériologie Médicale à l’Institut Pasteur de Casablanca) 6 C’est une technique qualitative, d’agglutination active directe sur lame, obtenue en mélangeant une goutte de sérum du patient et une goutte d’Ag (Brucella abortis, inactivée par la chaleur et phénolées) coloré au Rose Bengal. L’agglutination (présence d’IgG) apparait dans les 4 minutes et doit être confirmée par des témoins (témoin positif et un témoin négatif). Cette technique détecte des Ig G, elle est très sensible (25UI/ml), spécifique et reste positive longtemps. Elle est rapide, peu couteuse et demeure la méthode de référence pour le diagnostic sérologique de la brucellose humaine [15]. 2- Les 184 prélèvements ont été testés par la suite par le Brucellacapt test (immunocapture agglutination assay) [16] L’utilisation de ce test est recommandée pour confirmer la suspicion clinique, suivre l’évolution d’une infection et diagnostiquer les rechutes. C’est un moyen simple et facile qui permet la détection d’anticorps à partir des stades avancés de la maladie, il est spécialement conçu et largement utilisé pour le diagnostic de la brucellose chronique et le suivi du traitement. Il permet la détection, en une seule étape aussi bien des anticorps agglutinants IgM et IgG que des anticorps non agglutinants. La diminution rapide des titres en AC associée à l’amélioration de la condition clinique du patient constituent un bon indicateur qui témoigne d’une évolution favorable vers la guérison, tandis que la détection d’Ig G spécifique est un bon marqueur d’une infection active. Le Brucellacapt test a été réalisé suivant les instructions du fabricant (Vircell SL, Grenade, Espagne) 2.6. Définition de cas : Un cas est défini comme séropositif à la brucellose dès apparition d’une réaction d’agglutination au test Rose Bengal et au Brucellacapt. 7 2.7. Analyse statistique : L'analyse statistique a porté sur une description de la population étudiée selon les différentes caractéristiques sociodémographiques et les variables relatives aux facteurs de risque. La séroprévalence de la brucellose a été évaluée selon le résultat des différents tests sérologiques utilisés : -Nombre de prélèvements avec résultat positif pour le test Rose Bengale / Totalité des prélèvements testés -Nombre de prélèvements avec résultat positif pour le test Brucellacapt / Totalité des prélèvements testés Le logiciel Epi-Info version7 (CDC, Atlanta) a été utilisé pour la saisie et l’analyse des données. 2.8. Considérations éthiques : Avant le recrutement dans l’étude, les procédures et les objectifs de l’étude ont été expliqués à chaque personne incluse, et ce n’est qu’après son consentement éclairé que les procédures de l’étude lui ont été appliquées. Toute information recueillie sur les individus a été tenue confidentielle et anonyme. Le respect de l’anonymat a été garanti par le responsable de l’enquête, seules des données anonymes et résumées seront communiquées dans le cadre de la communication des résultats de l’étude. Les autorités ont été préalablement informées par les délégations du Ministère de la Santé sur la réalisation de l’étude, ses objectifs et ses modalités. Les modalités de soumission au comité d’éthique de l’université Mohammed V Souissi de Rabat (Maroc) ont été respectées. 8 III. RESULTATS : 3.1. Caractéristiques sociodémographiques des professionnels de l’abattoir: Les professionnels de l’abattoir de Moulay Rachid sont au nombre de 318 répartis sur différents postes, nous avons pu recruter 184 participants à l’étude soit (58%). Les professionnels recrutés exerçant à l’abattoir de Moulay Rachid sont de sexe masculin dans 98,4 % des participants à l’étude, 84,2% sont mariés, 78,3 % d’entre eux ont suivi un enseignement scolaire. La moyenne d’âge est de 45 ans ± 10,11, avec des extrêmes [24,64], la tranche d’âge prédominante est celle de [44,54] (tableau 1), 80,4 % des professionnels sont d’origine urbaine (graphe1), résidant dans leur majorité dans le quartier Sidi Moumen (13,5%) (Tableau I). Tableau I : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leurs caractéristiques sociodémographiques (n=184) Variables Tranche d’âge (n=184) Age moyen 45 ±10,11 ≤ 34 ans ] 34,44] ] 44,54] > 54 ans Sexe (n=184) Masculin Féminin Niveau d'instruction (n=184) Aucun niveau scolaire Ecole coranique Niveau études primaires achevé Niveau scolaire secondaire achevé Niveau études supérieures achevé Etat Matrimonial (n=184) Célibataire Marié Divorcé Veuf (ve) Milieu(n=184) Urbain Sub-urbain Rural N (%) 30(16,3) 46(25) 59(32) 49(26,6) 18(98,37) 3(1,63) 27(14,7) 13(7) 68(37) 53(28,8) 23(12,5) 27(14,7) 155(84,2) 1(0,54) 1(0,54) 14 (80,43) 27(14,67) 9(4,89) 9 Quartier(n=184) Sidi Moumen Sidi Othmane Lahraouiyine Hay Mohammedi Hay Moulay Rachid Ain Chock Autres 25(13,5) 19(10,3) 19(10,3) 19(10,3) 10(5,4) 10(5,4) 82(44,5) 3.2. Caractéristiques et exposition professionnelles des professionnels de l’abattoir: Concernant l’activité professionnelle, les ouvriers constituent la classe professionnelle prédominante avec 62,5% des participants à l’étude. L’ancienneté professionnelle dans l’abattoir pour l’ensemble des travailleurs est en moyenne de 9 ans [1-13]. La durée moyenne de travail par personne tous postes confondus est 8h/jr [4-14] (tableau II). Tableau II : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leurs caractéristiques professionnelles (n=184) Variables Profession (n=184) Ouvrier Technicien général Agent de nettoyage Agent de sécurité Personnel administratif Technicien vétérinaire Technicien vétérinaire Autres Zone de travail (n=184) Zone Abattage bovins ovins Zone Triperie Zone Stabulation Zone abattage équidés, suidés Zone Découpage Zone service administratif Zone Découpage Zone service administratif Zone Incinération Zone Frigo Zone Expédition Autre zone N (%) 115(62,5) 16(8,7) 12(6,5) 9(4,9) 9(4,9) 4(2,17) 4(2,17) 17(9,2) 89(48,4) 65(35,3) 42(22,8) 33(17,9) 26(14,1) 33(17,9) 26(14,1) 25(13,6) 22(12) 12(6,5) 7(3,8) 13(7) 10 Les résultats de notre étude montrent que 67,4% des participants ont un contact avec les bovins suivis par les ovins (60,3%). Les travailleurs ont un contact direct avec le sang des animaux qui se fait à travers la peau (66,8%), par contact accidentel avec l’œil (57%), ou par contact accidentel avec la bouche (56%). Concernant le contact avec les sécrétions génitales, il se fait à travers la peau (33,1%), par contact accidentel avec l’œil (27,2%) ou par contact accidentel avec la bouche (26%).Parmi tous les travailleurs, 56,5% ont un contact à travers le sol souillé par le sang, 20,6% avec la matrice génitale et 20,1% avec des produits d’avortements (tableau III). Concernant le contact animal extra abattoir, 10% des personnes interrogées ont des antécédents personnels d’activité d’élevage ,11% ont des antécédents d’activité d’élevage familial. Le contact avec un animal domestique est présent chez 9,2% des sujets, alors que le contact avec des animaux sauvages n’est retrouvé que chez un sujet. Tableau III : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leur exposition professionnelle (n=184) Variable Contact avec l'animal (n=184) Bovins Ovins Chevaux N(%) 124(67,4) 111(60,3) 64(34,8) Dromadaire 49(26,6) Porc 49(26,6) Mulet 45(24,5) Ane Contact avec le sang (n=184) 44(24) Peau Œil Contact avec sol souillé par le sang Bouche Contact avec les sécrétions génitales (n=184) Peau Œil Bouche Autre contact à risque (n=184) Contact avec la matrice génitale Contact avec les produits d'avortement 11 123(66,8) 105(57) 104(56,5) 103(56) 61(33,1) 50(27,2) 48(26) 38(20,6) 37(20,1) 3.3. Exposition alimentaire des professionnels de l’abattoir: Concernant la consommation alimentaire, 86,41 % (159) des sujets consomment du lait et/ou ses dérivés non pasteurisés. Le lait cru ne représente que 6% chez l’ensemble des personnes interrogées. Par contre, les dérivés de lait non pasteurisé les plus retrouvés dans cet échantillon sont le Lben (79%), le beurre beldi (66,3%) et le Raib (62%), ce dernier consommé en moyenne une fois par semaine. La consommation de viande mal cuite a été retrouvée chez 40,1 % des participants (tableau IV). Tableau IV : Répartition des professionnels de l’abattoir selon leur exposition alimentaire (n= 184) Variables Consommation de lait et/ou dérivés (n=184) Consommation de Lben Consommation de Beurre Beldi Consommation de Raib Consommation de Jben Consommation de Lait chauffé Consommation de Lait cru Autre N(%) 159(86,41) 145(79) 122(66,3) 114(62) 68(37) 31(17) 11(6) 50(27,2) 73(40,1) Consommation de viande mal cuite (n=182, missing=2) 12 Parmi les travailleurs interrogés, 82,6% utilisent au moins un des moyens de protection individuelle, mais seulement 18,4% utilisent des gants individuels. Concernant les moyens de protection collectifs, un ou plus des moyens suivants est utilisé par 85,3 % des travailleurs (Lave-mains 46,2 %, Lave-bottes 37%, douche de l’abattoir 16,8%) (Tableau V). Tableau V : Répartition des professionnels de l’abattoir selon l’utilisation des moyens de protection individuels et collectifs (n=184) Variables Utilisation des moyens de protection individuels (n=184) Utilisation de bottes Utilisation de tablier Utilisation de casque Utilisation de bavette Utilisation de gants N(%) 152(82,61) 136(74) 108(59) 93(50,5) 18(10) 34(18,4) Utilisation des moyens de protection collectifs (n=184) Utilisation de lave main Utilisation de lave botte Utilisation de la douche à l'abattoir 157(85,3) 85(46,2) 68(37) 31(16,8) 3.4. Séroprévalence dans l’abattoir : Les résultats sérologiques ont été révélés positifs par le Rose Bengal, le Brucellacapt chez un seul participant à l’étude. Il s’agit d’un professionnel de l’abattoir de sexe masculin âgé de 32 ans, marié, résident en milieu urbain de niveau scolaire primaire, sans antécédents d’hospitalisation, ne souffrant d’aucune pathologie, asymptomatique actuellement à l’exception d’une asthénie. Concernant son exposition professionnelle, il travaille depuis 11 ans dans cet abattoir ou il a occupé pendant 10 ans le poste d’agent de nettoyage au niveau de la zone spécialisée dans l’abattage des bovins et des ovins, il travaille à présent et depuis près de 06 mois dans la zone de frigorification, sa tâche quotidienne dure en moyenne 6 heures par jour et comprend essentiellement le nettoyage des machines y compris le frigo de l’abattoir. Son activité au sein de l’abattoir le met quotidiennement en contact avec les bovins et ovins, ainsi qu’avec leurs viscères, produits d’avortements. Le contact avec le sang et les sécrétions génitales se fait à travers la peau, le risque de leur projection dans l’œil ou la bouche est également présent. 13 À l’extérieur de l’abattoir, cette personne n’a pas de contact avec des animaux d’élevage, domestiques ou errants. Concernant l’exposition alimentaire, il ne consomme pas de viandes mal cuites, mais consomme par contre des dérivés de lait non pasteurisé (beurre, lben) qui proviennent de la région de Settat (Fini). Dans le cadre de l’exercice de son activité comme agent de nettoyage, il utilise quotidiennement des moyens de protection individuels (casque, tablier, botte), mais pas de gants individuels. Les moyens de protection collectifs mis à disposition par la société sous-traitante de l’abattoir utilisés par cet agent de nettoyage sont le lave-mains et le lave-bottes installés dans les locaux de l’abattoir. IV. DISCUSSION : A notre connaissance, il n’existe pas d’étude de séroprévalence menée au Maroc chez les professionnels des abattoirs, population à risque pour la maladie [14].La présente étude est une première au Maroc et à Casablanca, ou on ne dispose pas d’informations sur la situation épidémiologique de la brucellose, bien que cette infection figure parmi les maladies à déclaration obligatoire [17] (annexe 3), ainsi que parmi les maladies professionnelles [18] et que son système de surveillance est bien établi sur le plan national dans le cadre du programme de surveillance des zoonoses (annexe 4).D’autant plus que par l’importance économique que revêt le secteur de la consommation des viandes rouges dans la capitale économique du royaume, dont une grande partie issue des élevages non agréés, échappe aux mesures de contrôle sanitaire de l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA). Dans ce sens, la recherche de la brucellose chez le professionnel du plus grand abattoir de la région du Grand Casablanca serait justifiée vu la grande capacité de la structure à accueillir du bétail issu d’élevage de tout le Maroc, dont la majeure partie n’est pas soumise au programme de contrôle et de lutte contre la brucellose. C’est en effet un indicateur indirect de la présence de la maladie dans le pays d’une part, mais également du risque de transmission de l’animal à l’homme dans un contexte professionnel à haut risque, et secondairement à la population générale par la consommation alimentaire. 14 Cette étude confirme effectivement l’existence de la brucellose humaine chez les professionnels des abattoirs. Nous avons trouvé une séroprévalence de 0,54 %. Malgré la différence dans la méthode suivie, ce résultat est relativement comparable à celui de l’étude de séroprévalence réalisée en 1999 chez 2946 individus, âgés de 3 ans et plus répartis dans 11 régions en milieu rural. Les résultats obtenus par la technique Rose Bengal ont révélé une séroprévalence de 1,5% (de 0 à 3,3% selon les régions). Par contre notre séroprévalence est basse par rapport aux résultats des autres études. En effet, une étude menée en 2012 chez les professionnels des abattoirs en Iran a révélé une séroprévalence de 58,6% [9], en 2008 le Pakistan a rapporté une séroprévalence de 21,7% [19], elle était aux alentours de 25,5% en Inde selon une étude menée en 2011 [20], et à 35% en Arabie saoudite en 2011 [21]. Ceci pourrait être expliqué par l’organisation de cet abattoir et sa structuration, mais aussi par la taille plus réduite de notre échantillon. En ce qui concerne l’Afrique du Nord, Il n’existe pas à notre connaissance d’études de séroprévalence de la brucellose qui ont ciblé les professionnels des abattoirs. Comme pour le Maroc, les données actuellement existantes sont rares, et ne permettent pas d’établir une incidence de la brucellose humaine dans cette région. Une étude menée en Libye en 2010 a rapporté une séroprévalence de 40% chez la population rurale montagnarde de l’ouest avec la méthode Rose Bengal et ELISA [22]. En Algérie, pays voisin et endémique pour la brucellose, une étude sérologique réalisée à Tiaret dans l’ouest du pays, ayant révélé en 2006 que 31,5% des troupeaux étaient contaminés en utilisant l’épreuve d’agglutination sur plaque à l’antigène tamponné, 26,3% en utilisant le Rose Bengal et 15,7% avec l’épreuve de fixation du complément. Le biotype déterminé à partir de 105 prélèvements humains et de 50 échantillons de lait est le Brucella melitensisbiovar 3 [2]. Concernant l’exposition professionnelle à la brucellose, la transmission professionnelle de la brucellose se fait par contact direct avec l’animal ou ses viscères, mais aussi avec le sol contaminé ou la bactérie [15]. Parmi tous les travailleurs interrogés, 66,8 % ont un contact direct avec le sang animal à travers la peau, 33,1% ont un contact direct avec les sécrétions animales à travers la peau, 20,6% sont en contact avec la matrice génitale et 20,1% sont en contact avec des produits d’avortements. 15 Concernant la personne séropositive à la brucellose, son travail comme agent de nettoyage l’expose quotidiennement au sang, viscères et produits d’avortement, elle rapporte aussi la non utilisation de gants individuels ce qui accroit théoriquement le risque d’exposition à l’infection. Malgré le pourcentage élevé dans cet échantillon de travailleurs qui adoptent des comportements professionnels potentiellement à risque pour la transmission de la brucellose, nous n’avons pu déceler qu’un seul cas positif au Rose Bengal et au Brucellacapt. Ceci pourrait être expliqué par le système d’abattage moderne adopté au sein de l’abattoir de Moulay Rachid, un abattoir structuré moderne, qui contrairement aux tueries rurales, respecte les mesures de sécurité en vigueur et observe mieux les précautions d’hygiène et de protection en vigueur. Une autre explication de cette séroprévalence basse serait l’absence de la maladie chez les animaux abattus au sein de l’abattoir, hypothèse qu’on n’a pas pu vérifier vu que le recherche de la brucellose animale ne se fait pas systématiquement au niveau de l’abattoir dans le cadre de l’inspection sanitaire par les services vétérinaires, et comme il est de routine pour d’autres pathologies animales (TB bovine par ex). Il aurait été souhaitable dans ce cas de réaliser conjointement cette étude de séroprévalence de la brucellose humaine avec une enquête de séroprévalence de la brucellose chez l’animal, dans le but de lier les résultats biologiques chez l’homme à ceux chez l’animal afin de mieux apprécier le risque imputable à chaque facteur de risque par espèce animale. Concernant l’exposition alimentaire aux produits de lait non pasteurisé dans cette étude, les résultats ne font que confirmer l’importance de la consommation des produits non pasteurisés par la population générale avec 86,41 % de personnes qui consomment au moins un produit laitier non pasteurisé. Cependant, le lait cru source à haut risque de transmission ne représente que 6% chez l’ensemble des personnes interrogées, il semble que ce mode de consommation de lait cru ne soit pas très courant selon les habitudes alimentaires locales. Par contre, les dérivés de lait non pasteurisés les plus retrouvés dans cet échantillon sont le lben (78,9%), le beurre beldi (66,3%), et le raib (62%) consommés en moyenne une fois par semaine. Bien que la chaleur (chauffage du lait) et l’acidification (lait caillé) soient connues pour réduire la durée de survie des brucelles dans le lait. Cette information ne peut toutefois écarter l’existence de la brucellose dans le lait sans preuve biologique. 16 La consommation de viande mal cuite source de contamination possible par la brucellose a été révélée chez 40,1 %, seulement cette information doit être interprétée avec prudence, et peut être surestimée car il a été difficile de donner une définition exacte pour la notion vague de « mauvaise cuisson ». Cette étude révèle l’existence d’un cas de la brucellose chez les professionnels des abattoirs de la région du Grand Casablanca, le résultat obtenu dans cet échantillon permet de soulever plusieurs hypothèses pertinentes, cette séroprévalence faible serait-elle attribuée au système d’abattage moderne implanté dans cette structure et /ou à l’adoption des précautions standards de sécurité et d’hygiène par les travailleurs; il est toutefois certain qu’on ne peut pas conclure hâtivement à l’absence de la maladie chez l’animal sans enquête vétérinaire conjointe et vu l’absence de la surveillance sanitaire de la brucellose chez l’animal dans l’abattoir par les services sanitaires vétérinaires. La question à soulever dans ce cas est : Qu’en est-il des abattoirs non structurés et informels ? Le risque de transmission alimentaire n’a pas pu être vérifié dans cette étude, car cette séroprévalence basse ne permet pas de nous orienter vers le facteur alimentaire comme source possible de transmission de la maladie chez la population de l’abattoir malgré des taux de consommation de produits laitiers non pasteurisés élevés. Concernant l’exposition alimentaire chez la personne séropositive, elle est présente par la consommation de dérivés de lait non pasteurisés qui proviennent de la région de Settat .La surveillance alimentaire du lait ne se fait pas systématiquement par le Laboratoire de Diagnostic Epidémiologique et d’Hygiène du Milieu, ce qui ne nous permet ni d’écarter ni d’affirmer la piste alimentaire malgré les résultats obtenus dans cette étude, et la présence de la notion de consommation de produits non pasteurisés chez le cas diagnostiqué positif, ceci nous interpelle sur le nécessité de pousser l’investigation alimentaire comme source probable de transmission de la brucellose par des études ultérieures chez la population générale. 17 V. CONCLUSIONS ET IMPLICATIONS POLITIQUES : Cette étude a permis d’accroitre nos connaissances sur la brucellose en milieu professionnel, et ouvre le débat sur la situation épidémiologique de cette zoonose majeure dans notre pays. Les données du système de surveillance de la brucellose humaine jointes aux résultats de la première enquête de séroprévalence en milieu rural ainsi qu’aux résultats de cette étude en milieu professionnel ne permettent pas de décrire une situation endémique au Maroc, il serait toutefois pertinent de pousser notre investigation chez les professionnels à risque, parallèlement à la réalisation de l’enquête animale et alimentaire dans les zones les plus touchées du Royaume. Dans le cadre de la préparation à la mise en place et à la communication des résultats de cette étude, nous avons organisé plusieurs réunions avec les parties prenantes du dossier brucellose appartenant aux départements du Ministère de la Santé (Direction de l’Épidémiologie et de la Lutte contre les Maladies DELM, l’Institut Pasteur de Casablanca IPM, et le Centre Hospitalier Universitaire de Casablanca CHU), le Ministère de l’Agriculture (Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires ONSSA, Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat IAV) et le Ministère de l’Intérieur, qui ont permis d’aboutir aux recommandations suivantes : Renforcer la surveillance épidémiologique de la brucellose humaine, par l’augmentation de la sensibilisation du personnel de santé concernant la déclaration obligatoire de la brucellose, et par le renforcement des compétences des prestataires de soins à travers l’organisation de séances de formation en faveur du personnel impliqué dans le système de surveillance épidémiologique de la brucellose. Ces actions devront se faire en coordination avec les départements clés qui interviennent dans la lutte, notamment en assurant une étroite collaboration avec le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche Maritime et les autorités locales. Equiper et renforcer les laboratoires pour la confirmation biologique de la brucellose, dont le tableau clinique n’est pas spécifique, ainsi que standardiser les capacités existantes en matière de diagnostic et de confirmation. Justifier par les résultats de cette étude la réalisation d’une étude de la séroprévalence de la brucellose chez les travailleurs du secteur informel surtout dans les tueries rurales connues pour manquer aux conditions d’hygiène et de salubrité afin de pouvoir comparer les résultats obtenus avec les résultats de cette étude. 18 Envisager la réalisation d’une étude de séroprévalence de la brucellose et de ses facteurs de risque chez les éleveurs dans des zones à forte incidence pour la brucellose animale. Contribuer à l’élaboration d’une stratégie de prévention qui cible les facteurs de risque associé à la brucellose chez les professionnels à risque dans les zones rurales à forte incidence de la maladie, sur la base des données de la brucellose animale disponibles chez nos collègues vétérinaires, et des résultats d’études qui seront menées sur place dans la perspective d’être élargies à l’ensemble du territoire national. Mettre en place une stratégie de lutte intégrée contre les zoonoses en vue de coordonner les efforts du département du Ministère de la Santé et du Ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime pour l’éradication de la maladie. 19 RÉFÉRENCE : 1-Hellenic Center For Disease Control and Prevention (HCDCP).Ministry of Health Greece.Brucellosis in the world today. [consulté le 24 juin 2014].Consultable à l’URL: http://www2.keelpno.gr/blog/?p=2033&lang=en 2-Aggad H, Boukraa L. Prevalence of Bovine and human Brucellosis in western Algeria: Comparison of screening tests. Eastern Mediterranean Health Journal.2006 ; Vol.12,Nos1/2 3-Institut de veille sanitaire.Site officiel de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS). [Consulté le 23 juin 2014].Consultable à l’URL : http://www.invs.sante.fr/Dossiersthematiques/Maladiesinfectieuses/Zoonoses/Brucellose/Aide-memoire 4-Pandit P,Pandit T.Human brucellosis: Are we neglecting an enemy at the backyard?Medical Journal of Dr.D.Y.Patil University.2013; 6(4):350-358 5- Mantur Bet all. ELISA versus Conventional Methods of diagnosing Endemic Brucellosis. Am J Trop Hyg. 2010 Aout;83(2):314-318. 6-Yahyaoui H .Investigations sur la tuberculose bovine et les brucelloses des ruminants dans la province de Sidi Kacem : Eléments préalables à la mise en œuvre d’une stratégie de lutte intégrée. Thèse pour l’obtention du diplôme de doctorat en médecine vétérinaire. Septembre 2012. 7-Pappas G, Papadimitriou P., Akritidis N., Christou L, Tsianos E.V. The new global map of human brucellosis.Lancet infectious Disease.2006;6:91–99. 8-FAO technical meeting in collaboration with WHO and OIE.Brucella Melitensis in Eurasia and the Middle East. Rome: May 2009 9- Khalili M, Sami M, Aflatoonian M, Shahabi-Nejad Naser. Seroprevalence of brucellosis in slaughterhouse workers in Kerman city, Iran.AsianPac J Trop Dis 2012; 2(6): 448-450 10-Les brucelloses animales. Site officiel de l'Office National de Sécurité Sanitaire des produits alimentaires. [Consulté le 23 juin 2014].Consultable à l’URL : http://www.onssa.gov.ma/fr/index.php?option=com_content&view=article&id=176&Itemid =117 11-Ministère de la Santé (DELM).Bulletin épidémiologique N°49.1 er Trimestre 2002. 12-Ministère de la Santé, DELM (SME). Données du système de surveillance des zoonoses 2013. 20 13-Centers for Disease Control (CDC). Site officiel des Centers for Disease Control and prevention[Consulté le 23 juin 2014].Consultable à l’URL : http://www.cdc.gov/brucellosis/exposure/occupational-risks.html 14- Who/CDS/EPR .Brucellosis in human and animals. WHO publications..Juillet 2006. 15-Dahouk S, Sprague L, Neubauer H .New developments in the diagnostic procedures for zoonotic brucellosis in humans .Rev. sci. tech. Off. int. Epiz. 2013;32(1), 177-188 16- Arabaci F, Oldacay M. Evaluation of serological diagnostic tests for human brucellosis in an endemic area.Journal of Microbilology and Infectious Diseases.2012; 2(2): 50-56. 17- Ministère de l’Emploi/Ministère de la Santé. Arrêté du ministre de la santé publique n° 683-95 du 30 Chaoual 1415 (31 mars 1995). Déclaration obligatoire des maladies. 18- Ministère de la Santé. Bulletin officiel n°4788-15 moharrem 1421 (20,4,2000). Page 262 (tableau21) 19- Mukhtar F, Kokab F. Brucella serology in abattoir workers.Jayub Med Coll Abbotabad. 2008; 20(3):156-162. 20-Barbuddhe SB, Kumar P, Malika SV, Singh DK, Gupta LK.Seropositivity for intracellular bacterial infections among abattoir associated personnel. J Commun Dis. 2000; 32: 295-299. 21-Elsheikh A, Masoud E, Mostafa M, Elkhawanky M. Seroprevalence of 2 zoonotic diseases in Southwestern Saudi Arabia. Rift Valley fever and brucellosis. Saudi Med J 2011 ; 32 (7):740-741. 22-MO A et all. Seroprevalence of brucellosis in animals and human populations in the western mountains region in Lybia.December 2006-January 2008.Euro Surveill. 2010 Jul; 15(30) 21 ANNEXES : Annexe 1 : Consentement éclairé ا ااك ! !" # $.ان ا`:درا ل ا -ر اc ;+%اض اا ا b% # $%ا%8ت Leptospirose واو Brucelloseى ا_Xت اc b%اض ? 53اار اFء اUى . Uن إHاء ا`3:زر اار اFء اUى ,ر G8إHاء ا`: Vا ; ا9%ت ?1%ب b &;.ا%8ت Leptospiroseوا &%ا Brucellose H%%ا A8d ;$, اوى8,م A8 ا` ا;% اU%ن أ88 d او?_ ور? ااض ?زارة ا? 5, +ر ,ا%آ] ا OX Wا? ر* 88,ا 53? +اار اFء اUى و ;dا%ر ا$d ; +اHe? %اء ان و أ$. C6ت د; 8م ? &;. T U; 8D Eى ا ر اوى و . ا g3ا b%? ;%اC%آر 8أ .B.و ا T Uا ?38Wف SH, 8ا Z8%إ& ا53ت ا ; +D%اج ازم و $ e S;.أ ;.وأ آY Eاي ا; وا 0X$رآ هCا ا` ?9.eء $. ام إ& A8ا E%وا &;. ?HWا-ن ا%رج ا` اC%آر . ﻤﻭﺍﻓﻘﺔ ﺍﻝﻤﺸﺘﺭﻙ: Yأت ا%رة ال ه BCو i%, .5 %F i%5ا &;. ?HWأ_; .5%Hو?$ء ، ،$ # S;.أ ]HإHاء هCا ا` و أوا &;. Aا*Wاك .S *)( ا'ك : إ $ا'ك: x Annexe 2 : Date :_____/ ______ / _______ Code Société : N° : ………… /14 N° Questionnaire : Nom de l’enquêteur : Questionnaire A. Caractéristiques sociodémographiques : 1. Nom : __________________ 2. Prénom : __________________ 3. N° de téléphone : ________________ 4 Adresse : ______________________________________________________ 5 Origine : Urbain □ suburbain □ rural □ 6 Age:_____ (années) 7 Sexe : Masculin □ féminin □ 8 Statut matrimonial : Célibataire □ marié(e) □ 9 Niveau scolaire : divorcé(e) □ veuf (ve) □ Aucun □ école coranique □ primaire □ secondaire □ études supérieures □ B.Antécédents cliniques : 1. Signes cliniques : Fièvre □ arthralgies□ céphalée □ asthénie □ Sueurs □ myalgies□ anorexie □ perte de poids □ 2 Syndrome pseudogrippal chez la personne durant les derniers 6 mois : oui □ non □NSP□ 2.1. Si oui préciser la période du dernier épisode : ________________________ 3 Syndrome pseudogrippal chez l’entourage durant les derniers 6 mois: oui□ NSP□ 3.1. Si oui préciser la période du dernier épisode : ________________________ xi non □ 4 Antécédents d'hospitalisation : Oui □ non□ a. Si oui, Date d’hospitalisation:_____/ ______ / _______ b.Si oui, Lieu d’hospitalisation : ______________________ c.Si oui, Motif d’hospitalisation : ______________________ 5. Pathologies associées : …………………a. Suivi : oui □non □ b.Lieu du suivi :………. C. Exposition professionnelle : 1. Ancienneté professionnelle dans l’abattoir : _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) 2. Position actuelle*: Zone A □ zone F □ zone B □ zone G □ zone C □ zone D □ zone H □ zone I □ zone E □ autre lieu de travail : □ préciser :________________________. 3. Poste actuel: Chef Zone □ Ouvrier □ Agent de nettoyage : zone B □ buanderie □ autre □ préciser :____________ Technicien : étiquetage □ maintenance □ froid □ incinération □ Vétérinaire de la commune □ Vétérinaire ONSSA □ technicien vétérinaire ONSSA □ Personnel du service administratif : Société UNLUER□ Décrire succinctement l’activité : ____________________________________________________ xii Commune□ 3. Ancienneté professionnelle dans le poste actuel : ____ Années ou ____Mois (si < 1ans) 4. Nombre d’heures journalières dans le poste actuel : _ 5. Position(s) précédente(s): Lieu Ancienneté professionnelle dans le poste a. Zone A □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) b. Zone B □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) c. Zone C □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) d. Zone D □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) e. Zone E □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) f. Zone F □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) g. Zone G □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) h. Zone H □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) i. Zone I □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) j.Autre lieu de travail : □ _______ Années ou ________ Mois (si < 1ans) préciser :______________. 6. Poste(s) précédent(s): Chef de Zone □ Ouvrier □ Agent de nettoyage : zone B □ buanderie □ autre □ préciser :____________ Technicien : étiquetage □ maintenance □ froid □ incinération □ Vétérinaire de la commune □ Vétérinaire ONSSA □ technicien vétérinaire ONSSA □ Personnel du service administratif : Société UNLUER□ Décrire succinctement le ou les activité(s) précédente(s) : ________________________________________ xiii Commune□ 7. Animal en contact dans l’abattoir: Bovins □ ovins □ dromadaire□ 7.1.Contact avec : cheval□ porc □ urine d’animal □ vessie □ mulet □ âne □ rein □ matrice génitale □ Produits d’avortements□ sol souillé par l’urine □ sol souillé par le sang. □ 7.2. Fréquence du contact/jour :…………. a. Si oui contact avec urine, à travers : peau □ b.Si oui contact avec sang, à travers : œil □ bouche□ peau □ œil □ bouche□ c.Si contact avec sécrétions génitales, à travers : peau □ œil □ bouche□ 8. Animal en contact extra abattoir: a. Antécédents d’activité d’élevage : □ si oui le lieu de l’activité d’élevage :___________ b.Autre exposition professionnelle : □ précisez :____________________ D.Exposition non professionnelle : 1. Exposition animale 1.1. Contact animal avec : a. animal domestique □ c. Autre type de contact : □ b.animal sauvage □ précisez : ____________________ c.1.Si oui, Espèce animale :………………… c.2. Durée d’exposition : _______ 2. Exposition alimentaire 2.1. Consommation de viande mal cuite : oui □ non □ 2.2. Consommation de lait ou dérivé non pasteurisé : oui □ non□ Provenance :………………….. a. Nature des produits laitiers non pasteurisés consommés : Lait cru □ lait chauffé □ beurre□ lben □ Précisez autre :___________________ xiv jben □ raib □ Autre □ E. Utilisation des moyens de protection : 1. Utilisation des moyens de protection individuels : oui□ non □ a.Si oui : Casque □ bavette □ tablier □ bottes □ b.Gants individuels : oui□ non □ c.Type de gant : latex □ métallique □ d.Portage de gant : mono manuels □ bi manuels□ 1.1. Fréquence d’utilisation des moyens de protection individuels : Toujours□ parfois □ rarement □ jamais□ Si jamais, raison :________________________________________ 2. Utilisation des moyens de protection collectifs : oui□ non □ 2.1. Si oui, lesquels :_______________________________________________ 2.2. Fréquence d’utilisation des moyens de protection collectifs : Toujours□ parfois □ rarement □ jamais□ Si jamais, raison : ________________________________________ F.Evaluation des connaissances : Connaissances à propos de la brucellose : xv *Position actuelle : Zone A : Stabulation Zone B : Abattage bovin ovin Zone C : Triperie GRAND ABATTOIR Zone D : Frigo Zone E: Expédition Zone G : Mini abattoir ou s’effectue toutes les étapes depuis la stabulation jusqu’à l’expédition Espèce animal abattu : dromadaire, porc, cheval, âne, mulet Zone F : Découpage Zone H : Service administratif Zone I : Incinération xvi Annexe 3 : Réglementation de la déclaration des maladies (article premier) Arrêté du ministre de la santé publique n° 683-95 du 30 chaoual 1415 (31 mars 1995) fixant les modalités d'application du décret royal n° 554-65 du 17 rabii I 1387 (26 juin 1967) portant loi rendant obligatoire la déclaration de certaines maladies et prescrivant des mesures prophylactiques propres à enrayer les maladies. LE MINISTRE DE LA SANTE PUBLIQUE Vu le décret royal n° 554-65 du 17 rabii I 1387 (26 juin 1967) portant loi rendant obligatoire la déclaration de certaines maladies et prescrivant des mesures prophylactiques propres à enrayer les maladies et notamment ses articles 1, 2 et 3. ARRETE : ARTICLE PREMIER. - Les maladies dont la déclaration est obligatoire en vertu de l'article premier du décret royal n° 554-65 du 17 rabii I 1387 (26 juin 1967) portant loi précitée, sont : 1) Maladies soumises au règlement sanitaire international : • La peste ; • La fièvre jaune ; • Le choléra. 2) Maladies pouvant donner lieu à des poussées épidémiques : • La diphtérie ; • Le tétanos ; • La poliomyélite et les paralysies flasques aiguës ; • La rougeole ; • La tuberculose ; • Le paludisme ; • La bilharziose ; • La lèpre ; • Le syndrome d'immunodéficience acquise ; • Les uréthrites masculines gonococciques et non gonococciques ; • La syphilis primo-secondaire ; xvii • Les infections méningococciques (méningites méningococcémies) ; • Les fièvres typhoïde et paratyphoïde ; • Les toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) ; • La rage humaine ; • Le trachome. 3) Autres maladies à déclaration obligatoire : • Le rhumatisme articulaire aigu (RAA) ; • Les leishmanioses ; • Le charbon humain ; • La brucellose ; • Les hépatites virales ; • La leptospirose ; • Le typhus exanthématique ; • La fièvre récurrente ; • La conjonctivite gonococcique du nouveau-né. xviii à méningocoque et xix
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