Réseau ferme Dephy - Bilan fraise hors

Réseau Ferme DEPHY maraîchage
Fraise hors-sol - Bilan phytosanitaire
Février 2014
La Fraise hors-sol précoce porte ses fruits dans le réseau Dephy Ferme maraîchage en Provence - Une
réduction de produits phytosanitaires possible mais soumise à plusieurs paramètres.
Depuis trois années la culture de fraise hors-sol est suivie sur une exploitation des Bouches-du-Rhône qui
participe au groupe des Fermes Dephy maraîchage sous abri animé par la Chambre d’agriculture 13.
L’objectif de ce réseau est de réduire l’usage des produits phytosanitaires tout en garantissant une activité
économiquement rentable. Le système de culture étudié comprend la culture de fraise hors-sol sous tunnel
plastique. La variété est Gariguette plantée en trayplant en décembre. La culture est arrêtée mi-juin.
Les bilans des campagnes
2010 - Très peu de produits phytosanitaires sont utilisés sur la culture. A partir de début avril, l’oïdium
provoque de nombreux dégâts sur fruit, ce qui nécessite des interventions à plusieurs reprises. Malgré ces
produits, une perte de rendement de 10% environ est effective. Les pucerons sont présents très tôt en
culture, un traitement début mars est nécessaire.
2011 - Les conditions de l'année sont très chaudes et sèches très tôt. A l'arrivée des plants, des pucerons
sont présents (Acertosiphon pisum) dans les cœurs. Ainsi, de gros foyers se développent, nécessitant
l'application à plusieurs reprises de produits phytosanitaires. Des auxiliaires sont lâchés : chrysopes,
Aphelinus abdominalis, Aphidius ervi et Praon volucre ; la population de pucerons diminue. Par deux fois, les
acariens doivent être maîtrisés par un traitement phytosanitaire puisque les conditions climatiques de
l'année ont facilité leur développement. Grâce aux produits phytosanitaires utilisés, la production ne
présente que très peu d’oïdium. Son développement important sur fruit en 2010 pousse le producteur à
appliquer des traitements supplémentaires en préventif cette année. Les conditions très chaudes
provoquent la maturité rapide des fruits et donc une perte potentielle de poids. Le résultat sur le rendement
est néanmoins satisfaisant par rapport à 2010.
2012 - Contrairement aux deux années précédentes, à la
place du traitement contre les maladies des racines, le
producteur applique un agent de bio-contrôle à base de
champignon qui suffit à les protéger de Phytophtora sp.
notamment. Dès fin janvier, beaucoup d’acariens sont
présents ce qui est très rare à ce moments de l’année. Le
producteur attend avant d’intervenir ; par conséquent début
mars face à une trop forte population, deux traitements sont
nécessaires, puis un autre un mois plus tard. Les pucerons
apparaissent dans un seul tunnel début février. Deux espèces
sont présentes : Aphis gossypii et Aulacorthum solani. Leur
population étant trop élevée, début mars un traitement est
réalisé. Suite à l’observation de momies d’A. ervi autochtones, des lâchers tardifs d’auxiliaires sur foyers ont
lieu début et mi-avril : chrysope, A. ervi, A. colemani et Aphidoletes aphidimyza. Ces auxiliaires permettent
de réduire fortement la population de puceron. Cette année, l’oïdium sur fruit est présent mi-avril suite à
l’alternance de passages nuageux et de températures évoluant en dents de scie. Fin avril, un traitement avec
des agents de bio-contrôle ne suffit pas, un produit de synthèse début mai est alors appliqué car de fortes
attaques sur fruits sont constatées. L’oïdium se maintien sur les vieux fruits jusqu’à la fin de la culture.
Chambre d’agriculture 13
. 22 avenue Henri Pontier . 13626 Aix-en-Provence cedex 1 - www.agri13.fr
2013 - Un bloc supplémentaire de tunnels plastiques chauffés (5000m²) entre dans le dispositif. Les
conditions froides de cette année défavorisent le développement précoce des acariens, aucun acaricide
n’est effectué. Dès début février, un seul des deux blocs de tunnels présente des pucerons de façon
généralisée, dès que le cœur des plants s’ouvre (origines des plants différentes dans les deux blocs). Trois
espèces sont présentes ; en majorité Acyrthocyphon malvae, et dans une moindre mesure Myzus percicae et
Aphis gossypii. Des momies indigènes d’Aphidius sp. sont présentes fin février, ce qui déclenche le lâcher de
mix de parasitoïdes comportant en majorité du Praon volucre. Trois vagues de lâchers ont lieu sur une
période de 6 semaines. Peu de momie sont observées, le résultat de ces lâchers est insatisfaisant. La
population indigène de syrphe (adulte et larve) augmente très vite à partir de fin février, en même temps
que la population de pucerons. Les syrphes permettent d’abaisser fortement l’intensité de cette population.
Cependant, mi-avril, 80% des plants comportent des pucerons avec dégâts sur fruit, ce qui justifie un
traitement aphicide. Aucun puceron n’est observé par la suite jusqu’à la fin de la culture. Mi-avril, l’oïdium
apparaît de façon très limitée sur fruit dans le bloc de tunnels chauffés. De début mai à fin juin, 3
traitements associés à des produits de bio-contrôle et utilisables en AB ont contenu le développement de
l’oïdium. Une stratégie d’aération maximale des abris a permis d’endurcir les plants (résistance oïdium) et de
ne faire aucun traitement contre Botrytis sp. Mi-juin, il y a des symptômes de Drosophila suzukii sur fruit.
Un traitement est alors réalisé avant l’arrêt de la culture.
N.B. : Les thrips sont très peu présents sur l’exploitation, ainsi aucun traitement contre ce ravageur n’est
réalisé. Ce n’est pas le cas pour de nombreuses exploitations du département, ce qui nécessite l’application
de produits phytosanitaires et l’utilisation d’auxiliaires pour leur maîtrise : Amblyseius cucumeris, Amblyseius
swirskii, Orius laevigatus.
Les résultats en terme d’IFT*
*IFT : Indice de Fréquence de Traitement. Il représente le nombre de produits utilisés à l’hectare aux doses
homologuées.
L’IFT de synthèse comptabilise la quantité de produits de synthèse utilisés, l’IFT bio comptabilise celle des produits
autorisés en agriculture biologique, et l’IFT bio-contrôle celle des produits présents sur la liste officielle du Nodu Vert. La
distinction entre l’IFT de synthèse et l’IFT bio n’est pas prévue dans le programme Dephy. Toutefois, elle est nécessaire
ici pour mettre en évidence l’évolution des pratiques phytosanitaires des producteurs.
La stratégie de protection phytosanitaire permet dans ce système de culture d’observer une baisse de l’IFT.
Elle est très liée aux conditions de l’année et au mode cultural. Cependant, elle a permis au final en 2013 de
réduire l’IFT (synthèse + bio) de 60% par rapport à 2010, de 68,5% par rapport à 2011 et de 35,3% par
rapport à 2012. L’IFT bio-contrôle augmente au final en 2013 de 150% par rapport à 2011 et de 25% par
rapport à 2012. Attention, l’IFT bio-contrôle ne comptabilise pas les insectes auxiliaires de culture. Il est
important de noter que cet IFT est dépendant du nombre et de l’efficacité des produits de cette catégorie.
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La stratégie de traitement en 2010 est une stratégie utilisant déjà une protection biologique intégrée qui
limite le recours aux produits de synthèse. En 2011, elle évolue vers une stratégie préventive qui permet de
ne prendre aucun risque. En 2012 et 2013, la stratégie redevient curative, où l’observation des premiers
symptômes déclenche les interventions. Le recours aux produits de bio-contrôle est plus fréquent. Les
techniques de prophylaxie sont aussi très utilisées.
Que se passe-t-il au niveau du
rendement ?
Le rendement potentiel de la culture dépend aussi
de la conduite culturale, de la qualité des plants, des
conditions climatiques, etc. Les rendements
présentent une tendance à l’augmentation chaque
année. Cette augmentation est directement liée à la
conduite culturale et la gestion des différents
paramètres de production par le producteur. Même
si les rendements ne sont pas principalement liés à
l’utilisation des produits phytosanitaires, l’évolution
de l’utilisation de ces produits dans une certaine
mesure ne présente pas un risque direct pour le rendement. Ainsi, dans ces conditions et ce créneau de
production, la stratégie de traitement dès détection des symptômes semble être suffisante pour assurer des
rendements proches du potentiel moyen de production actuel en Provence.
Réfléchir la stratégie de protection
La stratégie de protection de la fraise hors-sol n’est pas uniquement
liée à la volonté du producteur car elle est très influencée par les
conditions climatiques de cultures, les mesures prophylactiques,
l’aération des abris, la qualité des plants, la conduite culturale, etc.
Ces paramètres font que chaque année les interventions
phytosanitaires sont à ajuster. Contrairement à une stratégie de
protection préventive, la stratégie curative impose un temps
d’observation de la culture non négligeable afin de réagir en
conséquent. Le nombre de traitement peut alors être ajusté à la
pression, selon le bio-agresseur, sans pertes significative de
rendement. Par ailleurs, pour réduire le nombre de produits de synthèse utilisés, outre les méthodes citées
précédemment, il est nécessaire d’envisager l’utilisation d’autres types d’intrants phytosanitaires (bio, biocontrôle, insectes auxiliaires) et de mettre en place des mesures de prophylaxies. Certaines de ces méthodes
peuvent néanmoins avoir une efficacité moindre et un coût plus élevé.
Retrouvez plus d’information concernant le réseau Ferme Dephy maraîchage en Provence sur www.agri13.fr
Contact : Laurent CAMOIN
[email protected]
« La Chambre d’agriculture des Bouches-du-Rhône est agréée par le Ministère en charge de l’agriculture pour son activité de conseil indépendant à
l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sous le numéro IF01762, dans le cadre de l’agrément multi-sites portés par l’APCA. »
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