Page : 1 sur 19 PARIS : Hôtel de Soubise (ancien hôtel de Clisson et de Guise) situé au 60 rue des Francs-Bourgeois (3ème) Version 1 d’Octobre 2014 C'est à partir de 1371 qu'Olivier de Clisson (1336-1407), connétable de France (c'est-àdire chef des armées du roi) successeur de Bertrand du Guesclin, se fait construire un hôtel particulier à l'extérieur des remparts de Philippe-Auguste, dans le quartier s’appelant à l’époque Le Temple, aujourd'hui le Marais. Il ne reste aujourd’hui de ce premier hôtel que la porte d'entrée fortifiée entourée de deux tourelles (échauguettes) située sur l'actuelle rue des Archives. Il s'agit là de l'unique vestige de l'architecture privée du XIVe siècle encore visible à Paris. L'hôtel de Clisson, situé à l'angle des rues des Archives (anciennement rue du Chaume) et des Quatre-Fils, et bâti dans les années 1371-1380; c'était l'hôtel de la Miséricorde, et l'on avait décoré de M sa façade. Les armes peintes au dessus de la porte sont celles des Guise et les deux médaillons au dessus de la double arcade ont été apposés au XIXème s. Page : 2 sur 19 Entre 1420 et 1435, l'hôtel est confisqué par les occupants anglais, et devient la résidence de Thomas de Lancastre (1388-1421), duc de Clarence, puis de Jean de Lancastre (1389-1435), duc de Bedford. Ensuite il passa d’héritage en héritage entres les mains de la prestigieuse famille d’Albret (pour mémoire Henri IV était le fils de Jeanne d’Albret reine de Navarre), des Penthièvre, de Philibert Babou de la Bourdaisière er surintendant des finances de François 1 . er En 1553, il échoit à Anne d'Este, petite fille de Louis XII et femme de François 1 de ème Lorraine, 2 duc de Guise, le chef de la Ligue. Des terrains avoisinants sont acquis et au cours du XVIe siècle, la puissante famille de Guise confie d'importants travaux d'agrandissement et de construction à l'architecte Gabriel Soulignac. De cette construction de l’hôtel de Guise il en demeure aujourd’hui très peu de chose. Derrière la grande cour d’honneur actuelle, il ne reste que des murs de l’ancienne salle des gardes (où se retrouvaient les « ligueurs » du parti catholique durant la guerre de religion à la fin du règne d’Henri III) ainsi qu’une partie de la façade côté nord de la chapelle qui a conservé ses baies de style Renaissance. Deux artistes italiens, Le Primatice et Nicolo del Albate, avaient assuré la décoration aujourd’hui disparue de celle-ci dans les années 1555. Les Guise restèrent 135 ans dans cet ancien hôtel de Clisson et y firent effectuer de très importants travaux. Marie de Lorraine, princesse de Joinville, duchesse de Joyeuse et duchesse de Guise (elle était fille du quatrième duc de Guise) fut la dernière occupante des lieux. De son temps l’hôtel et ses jardins furent beaucoup embellis. De son époque les lettres et les arts furent particulièrement honorés. Corneille et particulièrement le compositeur Marc-Antoine Charpentier (Mademoiselle de Guise était très éprise de musique) y furent reçus. En 1688 elle meurt sans enfant, dernière héritière de famille. L’hôtel échoit à deux proches parents, la duchesse de Hanovre et la princesse de Condé, filles de la Princesse Palatine. Celles-ci vendent en 1700 l’hôtel à François de Rohant, prince de Soubise. Une troisième vie pour l’ancien hôtel de Clisson commença alors. Le prince fait appel à l’architecte Pierre-Alexis Delamair (1675-1745) qui dès 1704 transforma complètement la vieille demeure en utilisant notamment au sud un terrain non bâti. Il s’inspira de l’Hôtel du Grand Prieur du Temple pour créer une vaste cour d’honneur en se terminant en hémicycle sur la rue des Franc-Bourgeois, bordée d’un péristyle de 56 colonnes couplées couvert en terrasse, réalisée en 1707. Gravures de l’hôtel du Grand Prieur du Temple Page : 3 sur 19 Cour d’honneur avec péristyle (couvert) de 56 colonnes Page : 4 sur 19 Actuel portail d’entrée du 60 rue des Francs-Bourgeois. Le portail d’entrée, monumental, qui s’inscrit au centre d’une demi-lune, était couronné de sculptures dues à Guillaume Coustou et à Pierre Bourdy (disparues aujourd’hui). Le bas relief du tympan est une figure allégorique de l'Histoire d'après Eugène Delacroix. L’harmonieuse façade se compose d’un rez-dechaussée où les mêmes colonnes accouplées se répètent entre les fenêtres, et d’un unique étage : au centre, deux ordres superposés sont couronnés d’un fronton triangulaire. Au dessus deux figures couchées représentent la Gloire et la magnificence (d’autres disent Prudence et la Sagesse), tandis que quatre groupe d’enfants, symbolisant le Génie des Arts, surmontent la balustrade à la base du toit à la française. Entre les fenêtres de l’étage, les figures des ‘Quatre saisons’, en 1708 par Robert Le Lorrain, ont été remplacés par des copies. Chapiteaux, modillons, clés des arcades ont été sculptés par Henri Lambillo et son équipe. Page : 5 sur 19 Notons qu’en parallèle de la construction de l’hôtel de Soubise , PierreAlexis Delamair dans le même temps, fut chargé par Armand Gaston Maximilien de Rohan, fils de la princesse de Soubise et évêque de Strasbourg, de construire l’hôtel de Rohan-Strasbourg, dont la façade monumentale se dresse sur les jardins communs aux deux hôtels. En 1732, Hercule Mériadec de Rohan-Soubise, fils de François de Rohant-Soubise se remarie avec une jeune veuve de 19 ans Marie Sophie de Courcillon. Pierre-Alexis Delamair est alors remplacé par Germain Boffrand pour la réfection des appartements. À partir de 1735, Boffrand consacre tous ses efforts aux décors intérieurs et sur la construction d'un nouveau pavillon, de forme ovale, qui permet l'articulation avec l'aile Nord en retour et dessert les appartements privés du prince héritier et de son épouse. Ces appartements comptent parmi les chefs d'œuvre de l'art rocaille, où la richesse ornementale de la ligne courbe s'allie à l'harmonie des ors et des couleurs, dans le respect de l'équilibre inspiré par la nature et ses éléments. Les appartements : Au rez-de-chaussée se situe l’appartement du prince ; au premier étage celui de la princesse. Boffrand a dirigé les sculpteurs Lambert-Sigisbert Adam (1700-1759), Jean-Baptiste Lemoyne (1704-1778), les peintres François Boucher (1703-1770), Charles Natoire (1700-1770), Jean Restout (1692-1768), Charles Trémolières (1703-1739), Carle Van Loo (1705-1765), Nicolas Sébatien Adam (1705-1778). LE REZ-DE-CHAUSSÉE : Le vestibule a gardé ses proportions d’origine, mais il a vu son décor singulièrement modifié au XIXème siècle. La seconde pièce est une antichambre qui sert désormais de salle d'exposition et qui servait à l'époque de Boffrand de salle d'attente et de réception. En 1902, cette pièce devient la salle de lecture des Archives nationales jusqu'à l'ouverture du Centre d'accueil et de recherche des Archives nationales(CARAN) en 1988. Elle est garnie de boiseries inspirées des projets du sculpteur ornemaniste Jacques-Louis Herpin. Ces boiseries sont aujourd'hui dissimulées derrière des cimaises d'exposition. La chambre du prince a heureusement conservé son décor avec ses quatre dessus de porte. Page : 6 sur 19 Jean Restout : Neptune et Amphitrite Charles Trémolières : l’Hymen d’Hercule et d’Hébé François Boucher : Aurore et Céphale (1739) Carle Van Loo : Mars et Venus Page : 7 sur 19 Sur la corniche les médaillons centraux représentent les motifs héraldiques de la famille Rohan-Soubise La gloire Le discernement Hermine (mieux vaut mourir qu’être déshonoré) La richesse La vérité Tronc foudroyé (les ambitions des ancêtres demeurent jusqu’à ce jour) La mâcle (la mâcle sans tâche) (en héraldique, meuble de l'écu en forme de losange et percé en son milieu d'un autre losange). Ici il sort deux branches de laurier et de chêne. Page : 8 sur 19 Cabinet du Prince - bibliothèque : Une petite porte permet de passer de la chambre au cabinet/bibliothèque particulier du prince. Salon ovale du Prince : Transformée en salle de cours de la nouvelle école des Chartres entre 1847 et 1862, cette salle sera transformée en infirmerie sous la Commune. La restauration sera entreprise à partir des années 1960, à partir des dessins tracés par Boffrand retrouvés sous les lambris. Cette pièce conçue comme un salon frais destiné à la musique, aménagée au rez-de-chaussée du pavillon construit par Boffrand en 1735, était peinte de blanc mêlé de gris de lin adouci et verni. Les cadres des glaces, en forme de branches de palmiers, étaient rehaussés de dorures. Les écoinçons des arcades sont ornés de huit hauts-reliefs en plâtre. Les quatre premiers ont été exécutés par Jean-Baptiste Lemoyne La fable et la vérité l’arithmétique L’épopée et la tragédie L’astonomie Page : 9 sur 19 Les quatre suivants ont été sculptés par Lambert-Sigisbert Adam La justice La poésie et les Arts plastiques L’histoire, le temps et la renommée La musique Exemple des jolis bras de lumière en bronze doré A l’étage : On accède à l’appartement de la princesse au premier étage par un escalier refait sous Louis Philippe, jadis décoré en trompe l’œil par Paolo Antonio Brunetti (1723-1783). Cet escalier d'honneur a été construit par C. Lelong et E. Dubois entre 1840 et 1846. Le plafond peint, exécuté par Félix Jobbé-Duval entre 1877 et 1881, représente "La France attachant ses archives à la nuit des temps". Page : 10 sur 19 À l’étage de la Princesse, la grande antichambre, ancienne salle des gardes des Guise, a perdu sa décoration d'origine. Salle de récital en été, cette antichambre abrite quelques vitrines qui renferment des documents historiques. La salle d’assemblée : qui suit a conservé son plafond à corniche décoré dans les angles des Quatre parties du Monde et ses dessus-deporte avec deux tableaux. François Boucher : Vénus au bain (1738) Carle Van Loo : Vénus à sa toilette (1738) Les fenêtres sur cour de cette pièce, transformée en salle de dépôt pour les archives de la Marine en 1889, seront fermées. La corniche, préalablement moulée, sera détruite. La salle retrouvera, en 1958, sa corniche décorée aux angles de quatre médaillons figurant les parties du Monde, accompagnée chacune de son animal emblématique Page : 11 sur 19 selon l'Iconologie de Cesare Ripa (Cesare Ripa (aux alentours de 1555-1622), érudit italien, amateur d'art et auteur de l'Iconologie, livre d'emblèmes extrêmement célèbre en son temps) : L'Amérique, un arc à la main, avec l'alligator du Mississipi L'Asie, avec le chameau L'Afrique, sous un palmier, avec le lion L'Europe honorant les Arts, avec le cheval La chambre d’apparat de la Princesse Vue de la chambre d’apparat Page : 12 sur 19 Les deux tableaux accrochés dans l'alcôve, de chaque coté du lit, ont disparu. Ils sont remplacés par deux pastorales de François Boucher provenant de l'appartement du prince. Ces œuvres représentent Le pasteur galant (ou La Guirlande) et Le pasteur complaisant (ou La Cage). Le pasteur galant Le pasteur complaisant Les lustres en verre et cristal Page : 13 sur 19 Les dessus-de-porte sont restés à leur emplacement d'origine. Charles Trémolières : Minerve enseignant à une jeune fille l'art de la tapisserie (1737) François Boucher : les Grâces présidant à l'éducation de l'Amour (1738). Un grand panneau sculpté, encadré de deux petites parcloses, se dresse de chaque coté des glaces. Le tout est disposé au-dessus d'un lambris de menuiserie également sculpté, peint en blanc et doré. Les parcloses sont ornées de génies symbolisant les Sciences, les Lettres et les Arts. Exemples de génies Des médaillons sculptés et dorés présents au centre des quatre grands panneaux, évoquent la vie amoureuse de Jupiter (Callisto, Sémélé, Europe et Io). Page : 14 sur 19 Réalisés par Germain Boffrand, les angles du plafond sont ornés d'illustrations des épisodes de la vie des dieux Germain Boffrand : Léda et le cygne Ganymède et l’aigle Hébé tenant une coupe Danaé recevant la pluie d'or Nicolas-Sébastien Adam serait l'auteur des quatre groupes en stuc blanc qui se détachent sur le plafond, au centre de chaque coté. Diane et Endymion Bacchus et Ariane Page : 15 sur 19 Vénus et Adonis Minerve et Mercure La balustrade, refaite sous le Second-Empire, ainsi que la cheminée moderne, ont été refaites d'après la gravure de Boffrand. Des dessins de Boffrand ainsi que des inventaires permettent de savoir comment était meublée la pièce. Elle renfermait un lit, six chaises et seize fauteuils. Le salon ovale : La plus belle pièce de cet étage est sans doute le salon ovale de la princesse situé au dessus du salon du Prince dont il se distingue par un décor plus fastueux et plus chargé. Le panneau expliquant le contexte de la commande passée par le Prince à Germain Boffrand Page : 16 sur 19 Dans cette salle on trouve de très belles boiseries rocaille blanc et or et huit toiles dues à Charles Natoire représentent l’histoire de Psyché. Les nymphes offrant des fleurs à Psyché sur le seuil du palais de l'Amour (1737) Psyché recueillie par Zéphyr (1739) Psyché chez les bergers (1738) Psyché levant sa lampe pour contempler son époux (1738) Page : 17 sur 19 Psyché défaille de frayeur en présence de Vénus (1738) Psyché ravie au ciel par l'Amour (1738) Les nymphes retirant de l'eau le corps de Psyché (1738) Psyché montrant ses trésors à ses sœurs (1738) La petite chambre de la princesse : La princesse dormait dans cette pièce rajoutée par Germain Boffrand. Elle communiquait avec le salon ovale par une double-porte dissimulée dans la boiserie, et avec la chambre de parade par une porte sous tenture. Autrefois dorée, la corniche ornée d'enfants, de cartouches cynégétiques et de médaillons représentant les Quatre éléments, est intacte, ainsi que les chiffres R. S. (RohanSoubise) au-dessus des fenêtres. Page : 18 sur 19 Quatre dessus-de-porte, qui figuraient dans la salle de compagnie des petits appartements sur la rue des Archives, y ont été remontés en 1862-1867. Ils représentent : Pierre Charles Trémolières : Les Caractères de Théophraste (ou la Sincérité) (1737) Jean Restout : Le secret et la prudence (ou les symboles du secret) (1737) Jean Restout : Mercure donnant des leçons à l'Amour (1737) D’après Carle VAN LOO (1705-1765) Castor et Pollux Sanguine avec des légers rehauts de blanc 17,7 x 17,2 cm Ce dessin a été effectué d’après la composition peinte par Van Loo pour l’hôtel de Soubise Originellement, il n'y avait que deux portes côté fenêtres surmontées de tableaux de François Boucher (Vénus à sa toilette et Vénus au bain) accrochés aujourd'hui dans la Salle d'assemblée. Le fond de la pièce était traité en alcôve. Salle du dais : La pièce ne garde, de sa décoration d'origine, que sa corniche armoriée de mâcle et d'hermine avec les chiffres R.S. (Rohan-Soubise). Le plafond des deux fenêtres porte également la mâcle d'où sortent deux branches de laurier et de chêne. Page : 19 sur 19 Deux des portes sont surmontées de trumeaux ornés des emblèmes de Diane et de Mercure. Un dais de velours cramoisi, brodé d'or, surplombait la cheminée située contre le mur mitoyen de la petite chambre. Les vitrines sculptées en bois noir et doré datent de la fondation du Musée des Archives, sous le Second-Empire (1867) devenu par la suite Musée de l'Histoire de France. À la Révolution, l'hôtel de Soubise devient propriété de l'État et, par le décret impérial du 6 mars 1808, est officiellement affecté aux Archives de l'Empire. Au même moment, l'hôtel de Rohan est attribué à l'Imprimerie nationale. Dans l'ancien hôtel de Soubise, Napoléon Ier fait regrouper les archives qui étaient jusqu'à présent conservées dans plusieurs dépôts parisiens. Cependant, ces espaces, provisoires et inadaptés, deviennent vite surchargés et l'administration décide de s'engager vers des solutions durables. Dès lors, on imagine la construction de bâtiments spécialement conçus pour conserver les archives. Il faudra attendre 1848 pour que la première aile, à l'est, soit inaugurée, sous Louis-Phillipe. Entre 1860 et 1880, d'autres ailes des Grands Dépôts sont construites le long de la rue des Quatre-Fils et de la rue des Archives. C'est là qu'en 1866 Napoléon III fait installer « l'armoire de fer » précédemment déposée aux Tuileries puis dans l'hôtel de Soubise. Dans le but de rendre accessibles les archives au plus grand nombre, le marquis Léon de Laborde fait inaugurer le premier musée des Archives en 1867. Ce musée est installé dans l'hôtel de Soubise et présente plus de 1800 documents originaux, extraits de leurs fonds d'origine. En 1927, l'Imprimerie nationale quitte l'hôtel de Rohan qui est affecté, ainsi que ses communs, aux Archives nationales. Après la Seconde Guerre mondiale, le Musée des Archives nationales est entièrement repensé. Désormais, il présente, de manière permanente, des documents remarquables des Archives nationales, ainsi que des expositions en alternance. oOo ARCHIVES NATIONALES Adresse 60, rue des Francs Bourgeois, 75003 Paris Dates et horaires Ouvert tous les jours sauf le mardi et les jours fériés de 10h00 à 17h30. Le samedi et dimanche de 14h00 à 17h30. Contacts Tél. : 01 40 27 60 96 - Fax. : 01 40 27 66 45 Courriel : [email protected]
© Copyright 2025 ExpyDoc