Comment et pourquoi parler de bande dessinée ?

Comment et pourquoi parler de bande dessinée ?
Programme de la journée professionnelle
du festival Strasbulles
Vendredi 6 Juin à la médiathèque Malraux
Bien que très populaire en France, la bande dessinée reste en mal de théorie et d’appareil critique consistant. Pourtant contemporaine de la
photographie, cette forme artistique peine à trouver une légitimité dans les milieux universitaires. Nous verrons les différents moyens mis en œuvre
afin de constituer un appareil théorique, les outils qu’une telle entreprise nécessite et questionnerons la nécessité d’un discours sur le médium.
10h-11h : L’émergence d’un marché : le cas de la bande dessinée en Pologne, par Wojtek Birek
La bande dessinée, bien que fortement présente en Pologne, n’a pas encore la popularité dont elle jouit chez nous. Les systèmes de diffusion et
d’édition de bande dessinée en sont encore à leurs balbutiements. Comment alors, dans un tel cas, les auteurs et théoriciens s’organisent-ils pour
présenter, exposer et parler de ce médium ?
Wojtek Birek est un scénariste, théoricien de la BD et traducteur de bandes dessinées francophones comme «Thorgal» ou «La caste des Méta-Barons».
Il est aussi fortement impliqué dans l’organisation du festival international de la bande dessinée et des jeux de Lodz.
11h-12h : La monographie comme outil de compréhension d’une œuvre, par Jean-Marc Pontier
A travers les monographies qu’il a réalisées successivement sur David B. et Nicolas de Crécy, Jean-Marc Pontier a su pénétrer au cœur d’œuvres
complexes et denses afin d’en exposer les liens qui unissent les divers livres et bâtissent ces univers forts et personnels. Il viendra nous parler du lien
qu’entretient son travail critique avec l’objet de son analyse, le livre, et de sa manière d’aller creuser dans les bandes dessinées afin d’en percevoir
l’essence qui les anime.
Jean-Marc Pontier est enseignant, auteur et critique. Il a publié des articles sur le poète Max Jacob ainsi que des monographies sur Nicolas de
Crécy et David B. (chez PLG). Il est l’auteur de nouvelles et romans graphiques chez les Enfants Rouges : Pièces obliques, Nouvelles penchées, Peste
blanche et Jean-Eudes avec Bernard Valgaeren.
12h-13h : De la collection à l’archive. Le fonds patrimonial de bande dessinée de Lausanne, par Boris Bruckler
Présentation du centre de BD de la ville de Lausanne, un lieu méconnu initiée par Pierre Yves Lador en 1979. Cette collection possède un fonds unique
en Suisse, composé de bandes dessinées, de revues, de livres théoriques mais aussi de planches originales. Il abrite plus de 200 000 documents. Ce qui
en fait la deuxième collection en Europe derrière le musée d’Angoulême et la cinquième au monde! Une véritable référence patrimoniale de la bande
dessinée.
Boris Bruckler travail avec Cuno Affolter au fond patrimonial de la bande dessinée de Lausanne depuis 2010. Il est plus spécialement attaché à gérer
les aspects bibliothéconomiques du fonds.
14h-14h20 : L’idéal existentiel et social dans la bande dessinée, par Florian Duchesne
En quoi une certaine bande dessinée classique figure-t-elle des mondes idéaux, socialement et existentiellement, et comment les construit-elle ? Nous
tenterons de répondre à ces questions en étudiant Astérix et Obélix de Goscinny et Uderzo, les Schtroumpfs de Peyo, Docteur Slump d’Akira Toryama,
les Peanuts de Schultz, et Picsou et Donald (notamment ceux de Don Rosa).
Florian Duchesne est en dernière année d’illustration à la Haute Ecole des Arts du Rhin. Son diplôme est principalement composé de bandes
dessinées humoristiques.
14h20-14h40 : Le récit intime en bande dessinée, par Élodie Lascar
Un récit intime nécessite-t-il d’éliminer les poncifs de la bande dessinée ? A travers l’analyse de différentes BD contemporaine ce mémoire met en
avant des histoires qui raconte les pensées, les émotions, les désirs d’un personnage; des récits qui ne sont pas centrés sur la succession de péripéties
et dont l’absence d’action va nécessiter de repenser la structure narrative du récit. Ces bouleversements affecteront également le dessin qui s’éloignera
des stéréotypes traditionnellement liés au médium.
Jeune diplômée de la section illustration de la Haute Ecole des Arts du Rhin, Elodie Lascar poursuit ses recherches graphiques en participant à
diverss expositions et publications.
14h40-15h : La bande dessinée sans personnage, par Maïté Grandjouan
Lassés de la prédominance du personnage dans le récit traditionnel, certains auteurs cherchent des solutions pour que la représentation du personnage
ne soit jamais nécessaire. Il leur arrive même de l’effacer d’un album existant. Ces albums entiers vides de personnages appartiennent souvent à une
catégorie de bande dessinée expérimentale, où la démarche artistique prend parfois le dessus sur la narration. Ils questionnent, par leur singularité, la
bande dessinée et ses codes. Mais quelle place laisse-t-on au récit au sein de ces recueils ?
Maïté Grandjouan est en dernière année d’illustration à la Haute Ecole des Arts du Rhin. Son travail plastique interroge les limites de la narrativité
en bande dessinée.
15h-16h30 : La bande dessinée britannique contemporaine, productions et expositions, par Paul Gravett
Le tour d’horizon des productions anglo-saxonnes se fait le témoin des différences et similitudes d’un marché qui, bien que géographiquement plus
éloigné, se nourrit plus du comics américain que de la bande dessinée franco-belge, tout en préservant son identité propre. De plus, commissaire de
l’exposition Comics Unmasked, Paul Gravett nous parlera aussi de la manière d’exposer des planches de bande dessinée et comment, en l’espace
de quelques salles, il a retracé l’histoire de la bande dessinée britannique et exploré la façon dont les bandes dessinées et romans graphiques ont
résolument abordé des sujets tels que la violence, la sexualité et la drogue, brisant les frontières sociales à travers des formes innovantes alliant la
littérature et les arts visuels.
Paul Gravett est un écrivain et critique de la bande dessinée particulièrement reconnu en Angleterre. Deux de ses livres ont été traduits en français et
ont rencontré un vif succès critique et public, Manga:Soixante ans de bande dessinée japonaise et Les 1001 BD qu’il faut avoir lues dans sa vie.
16h30-17h30 : L’adaptation: de l’image fixe à l’image animée et à la prise de vue réelle, par Laurent Boileau
Depuis quelques décennies, l’influence du 9ème dans le 7ème art ne cesse de croitre. C’est désormais plus d’une dizaine d’albums ou de livres qui se
retrouvent chaque année portés à l’écran. Et ce, sans compter les séries d’animation pour la télévision… Mais comment parler de bande dessinée à la
télévision ou au cinéma ? Par le bais de documentaires ? L’adaptation d’une bande dessinée doit-elle forcément passer par le cinéma d’animation ?
Une planche de BD peut-elle servir de storyboard ? La question de la fidélité et de l’infidélité à l’oeuvre se pose...
Laurent Boileau a travaillé pendant 10 ans comme chef opérateur puis comme chef monteur sur une trentaine de documentaires (France 2, France 3,
France 5, Canal +, Arte, Planète…). Il a aussi lui-même réalisé des films documentaires sur la bande dessinée, dont certains seront projeté le vendredi
6 juin à la salle de l’Aubette. En 2010, il réalise son premier long métrage d’animation, adapté de la bande dessinée de Jung, Couleur de peau miel,
récompensé par 20 prix dont le Prix du public au Festival International du Film d’Animation d’Annecy.