« Les métiers de la recherche ne se limitent pas aux

EUROGÉNÉTIQUE
Réseau des référents
« Les métiers de la recherche
ne se limitent pas aux chercheurs »
Dans le cadre des nouveaux services qu’elle développe, l’Apecita a mis
en place un réseau de référents, parmi ses conseillers, dont le but est
d’apporter aux candidats une vision sur l’état du marché, les débouchés
et les problématiques de chaque filière.
Sylvie Meloni : On distingue
trois types de recherche. Il y a
tout d’abord la recherche dite
« fondamentale » qui regroupe
tous les travaux entrepris soit
par pur intérêt scientifique (recherche fondamentale libre), soit
pour apporter une contribution
théorique à la résolution de problèmes techniques (recherche
fondamentale orientée). Il y a
ensuite la recherche dite « appliquée » qui vise à discerner
les applications possibles des
résultats d’une recherche fondamentale ou à trouver des
solutions nouvelles permettant d’atteindre un objectif
déterminé choisi à l’avance, par
exemple évaluer les effets du
non-labour sur la disponibilité
de l’azote. Enfin, on trouve le
développement expérimental.
Il est fondé sur des connaissances obtenues par la recherche
ou l’expérience pratique et il est
effectué au moyen de prototype
ou d’installations pilotes en vue
de lancer de nouveaux produits,
d’établir de nouveaux procédés
ou d’améliorer substantiellement ceux qui existent déjà.
——
Quelles sont les structures
qui proposent des emplois dans
le domaine de la recherche ?
Cécile Millet : Il y a bien évidemment tous les centres de recherche publique. On distingue
les établissements publics à ca10
ractère scientifique et technologique (EPST) parmi lesquels on
peut citer l’Inra, l’IRD ou l’Irstea et les établissements publics
à caractère industriel et commercial comme l’Ademe, le Cirad
ou l’Ifremer. Dans le domaine
agricole, on peut également citer
les instituts techniques agricoles
qui sont spécialisés par filières
de production (céréales, bovins,
fruits et légumes, vigne et vin,
pomme de terre, lin, plantes
aromatiques, médicinales et à
parfum…). Rassemblées au sein
de l’Acta (Association de coordination technique agricole), ces
structures sont entre autres des
organismes de recherche appliquée, d’appui technique, d’expérimentation, d’expertise. Elles
ont notamment pour mission de
répondre aux besoins des filières
par la production et la diffusion
de références techniques et
scientifiques, et d’outils.
S. M. : Il ne faut pas oublier non
plus qu’une grande partie de la
recherche publique en France est
réalisée au sein des laboratoires
des établissements d’enseignement supérieur que sont les universités, les écoles d’ingénieurs
ou encore les instituts nationaux polytechniques. Enfin,
certaines entreprises privées ont
également leur propre service de
recherche et de développement.
Dans nos filières, c’est notamment le cas dans les grandes
entreprises agroalimentaires.
——
Quand on pense aux métiers de la recherche, on pense
forcément aux chercheurs.
Mais ils ne sont pas les seuls…
C. M. : En effet, les chercheurs
n’iraient pas loin sans tout un
appui technique et administratif ! Il ne faut donc pas oublier
l’ingénieur de recherche, le
technicien de recherche ou
d’expérimentation, l’assistant
ingénieur… ainsi que les postes
plus en lien avec les missions de
production. Par exemple, dans
un institut technique comme le
CTIFL, on trouve des postes
en production qui semblent
proches de ceux qu’on pourrait
trouver dans une exploitation
agricole. En revanche, on demandera sûrement au candidat
d’être plus méticuleux puisqu’il
devra respecter les protocoles
mis en place par les chercheurs. Au final, le monde de
la recherche au sens large offre
des opportunités du CAP/BEP
au doctorat. À l’Apecita, nous
relayons de nombreuses offres
de techniciens d’expérimentation qui sont le plus souvent des
CDD de deux à six mois mais
aussi des offres d’ingénieur dans
le secteur de la recherche et du
développement.
——
Pour accéder à un poste de
chercheur, y a-t-il un cursus
conseillé ?
S. M. : Pour des postes à responsabilité dans le secteur de
la recherche et du développement, comme en agroalimentaire, par exemple, un diplôme
d’ingénieur peut parfois être
suffisant. Mais dans les orga-
Tribune verte · n° 2696 · 3 avril 2014
DR
Avant de parler des métiers de la recherche, il convient
de préciser ce qu’on entend
exactement par recherche.
DR
——
erts
Les exp ita
ec
de l’Ap
Pour ce numéro spécial
Eurogénétique, Cécile
Millet et Sylvie Meloni
nous apportent leur
éclairage sur le secteur
de la recherche.
nismes publics, les postes de
chercheur ne s’adressent qu’aux
titulaires d’un doctorat. Pour
pouvoir faire une thèse, il faut
généralement avoir un master de
recherche (bac +5) quand on est
passé par la voie universitaire.
Mais les ingénieurs peuvent
également poursuivre par une
thèse sous plusieurs conditions : ils doivent avoir obtenu
d’un crédit ECTS suffisant pour
l’inscription à l’école doctorale
(ce qui est le cas la plupart du
temps) mais ils doivent surtout
——
La convention CIFRE
Depuis 1981, le dispositif Cifre – Convention industrielle de formation par la recherche –
subventionne toute entreprise de droit français qui embauche un doctorant pour le placer
au cœur d’une collaboration de recherche avec un laboratoire public. La convention Cifre
associe trois partenaires : une entreprise, un doctorant et un laboratoire de recherche qui
assure l’encadrement de la thèse. L’entreprise recrute en CDI ou en CDD de trois ans un jeune
diplômé de grade master, avec un salaire brut minimum annuel de 23 484 euros, et lui confie
des travaux de recherche, objet de sa thèse. Elle reçoit de l’Association nationale de la recherche
et de la technologie (ANRT), qui gère les conventions Cifre pour le compte du ministère chargé
de la Recherche, une subvention annuelle de 14 000 euros pendant trois ans. L’entreprise
signe avec le laboratoire un contrat de collaboration spécifiant les conditions de déroulement
des recherches et les clauses de propriété des résultats obtenus par le doctorant.
Depuis plus de trente ans, les Cifre ont réuni plus de 7 500 entreprises, 4 000 laboratoires et
20 500 doctorants. Plus de 1 300 Cifre sont financées chaque année par le ministère chargé de
la Recherche. Présentes dans toutes les régions de France, les Cifre couvrent tous les secteurs
d’activité et sont conclues tant avec les grandes entreprises (42 %) qu’avec les PME (43 %). La
majorité des PME déclarent qu’elles n’auraient pas réalisé le projet de recherche sans la Cifre.
Zoom
justifier d’un parcours de formation tourné vers le monde de la
recherche. Le choix des stages
durant la formation d’ingénieurs
est donc très important.
C. M. : En revanche, il convient
de préciser que le seul doctorat ne suffit souvent plus pour
accéder à un poste de chercheur.
Il est aujourd’hui fortement
conseillé de poursuivre par un
post-doc en France mais pourquoi pas à l’étranger. Cela peut
ouvrir vers de nouvelles opportunités d’autant que notre formation doctorale est très appréciée à l’étranger.
Plus d’information sur www.enseignementsup-recherche.gouv.f et sur www.anrt.asso.fr
Comment trouver une
structure pour réaliser sa thèse
et comment peut-on financer
ces trois années d’études ?
S. M. : Les étudiants qui n’ont
pas de sujet de recherche défini
peuvent consulter les offres
de thèses diffusées par les
laboratoires, les instituts de
recherche… Ceux qui ont en
revanche une idée plus précise peuvent « démarcher » les
structures qui seraient à même
d’être intéressées par le sujet.
Mais dans ce cas, il faut anticiper au maximum car il faut
penser que le montage financier
pour le laboratoire de recherche
peut prendre du temps. Du côté
du financement, il existe des
bourses de thèse mais on peut
également citer le dispositif
Cifre (voir encadré, ndlr) qui
subventionne les entreprises qui
embauchent un doctorant pour
le placer au cœur d’une collaboration de recherche avec un
laboratoire public. Dans tous
les cas, il ne faut pas oublier
qu’on s’engage pour trois ans
d’études et je déconseillerais
aux candidats de se lancer dans
un tel projet s’ils ne disposent
pas de financement.
Propos recueillis
par Aude Bressolier
Dominique VERNIER / Fotolia
Contacts :
——
Cécile Millet :
[email protected]
Sylvie Meloni :
[email protected]
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