portfolio - Club alpin français

5ème jour vers 6800m, déjà un peu plus de mille mètres de paroi sous les pieds.
Photographie : Stéphane Benoist
Le mot
du Président
► Eric Dellacasa
Une bien belle soirée !
De l’émotion, du rire, des images merveilleuses, de la convivialité ! Une salle pleine à
craquer ! Bref, un superbe moment passé ensemble ! Une nouvelle fois, merci à tous ceux
qui ont contribué au succès de notre soirée annuelle du 20 février dernier au Forum Nice
Nord. Bien évidemment, avec une mention particulière à Stéphane BENOIST, qui nous
a commenté en images son exceptionnelle ascension de la face Sud de l’Annapurna,
réalisée en octobre dernier avec Yannick Graziani.
Les activités, encore et toujours !
Se retrouver, faire des choses ensemble, partager des moments, prendre du plaisir à faire
tout ça, c’est le plus important au fond ! Beaucoup d’activités affichent « complet ». Les
bénévoles font un « boulot » monumental au service de tous. C’est vraiment fabuleux !
L’ambition qu’on a, enfin l’envie plutôt, est d’en faire davantage.
La Spéléologie travaille pour mettre au point un cursus de formation pour les nouveaux.
Côté alpinisme, j’espère que nous garderons cette année le rythme de l’an dernier. Tout un
cursus de formation des pratiquants a été mis en place par notre Fédération. Nous verrons
si nous pouvons le proposer cet été.
La Slackline va se développer. Il nous faut trouver des locaux pour cela et aussi mieux faire
connaître cette magnifique activité.
Le Groupe 20-35 ans a bien commencé mais doit maintenant mieux se structurer. Il faut
absolument trouver une solution pour intégrer les jeunes qui nous rejoignent, et ce quel
que soit leur niveau de pratique.
Le canyoning doit être relancé prochainement, si tout va bien, dès ce printemps. Le trail
et le VTT devront un jour être proposés dans notre club. Et puis…. pourquoi pas ?.... un
jour…. des sorties familles.
De nouveaux rendez-vous !
A l’heure d’internet, des réseaux sociaux et de la communication virtuelle, nous avons
plus que jamais besoin de rendez-vous réguliers, de moments de convivialité plus
nombreux. La Fête Nationale de la Montagne, le dernier week-end de juin, pourrait
être un de ces moments. Alors, retenez la date ! Et puis, suite à notre partenariat avec
le Festival du Film d’Aventure et de Nature Explorimages, les choses avancent aussi et
plusieurs initiatives seront proposées à nos membres : participation à la sélection, des
soirées bimestrielles de projections au Parc Phoenix…
L’envie est là ! L’énergie des bénévoles suffira-t-elle ?
Nous aurons tous ensemble à répondre à cette question. Quoi qu’il en soit, toute
l’équipe du comité directeur, les présidents d’activités et les bénévoles continuent à être
pleinement mobilisés.
Amusez-vous bien ! A bientôt !
2014 - N°251
Club Alpin Français
SOMMAIRE
La cordée au sommet
de l’Annapurna.
Photomontage Stéphane Benoist.
DIRECTEUR DE PUBLICATION :
Eric DELLACASA
Comité de lecture :
Alyne RAISON
Bernard ALLIETTA
Christine CHAPOUTOT
Françoise DENIAU
Jean-Louis MEYTRAL
Jean-louis RIBOT
Martial BOS
Jo FREDY
RÉALISATION :
www.imagemp.fr
IMPRESSION :
Imprimix ( 04 92 15 53 30 )
Le bulletin est l’un des outils
de communication de notre
club et les articles signés
n’engagent que leurs auteurs.
printemps - ete 2014
N° 251
ISSN 2104 - 4988
Abonnement annuel :
(3 numéros)
France : 7 €
Etranger : 11€
Le mot du Président. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
p3
Infos club. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
p6
A la découverte d’une violette
protégée des Alpes-Maritimes :
La violette à feuille pennées . . . . . . . . . . . . .
p8
Le Damier de la Succise
Un papillon protégé
des Alpes-Maritimes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . p10
Quand Monsieur Perichon ...
part au ski. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p13
Grimper la face sud
de l’ Annapurna !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p16
Portfolio : Patrick BERTAINA . . . . . . . . . . . . p21
Ailleurs, en Tinée…. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p35
Histoire d’eau. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p38
Soirée météo
avec METEO FRANCE au CAF,. . . . . . . . . . . p45
Club Alpin Français Nice-Mercantour
14, avenue Mirabeau - 06000 NICE
Tél : 04 93 62 59 99 - Fax : 04 93 92 09 55
E-mail : [email protected]
Site web : www.cafnice.org
Permanence les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 16h à 20h.
FESTIVAL INTERNATIONAL
DE L’IMAGE DE NATURE ET D’AVENTURE
« EXPLORIMAGES »
Le Club s’enrichit cette année d’une nouvelle activité. Celle-ci ne vous amène pas à parcourir les montagnes à pieds, au prix de votre sueur, mais confortablement installés dans
un fauteuil et sur grand écran. Pour découvrir leurs paysages dans le monde entier, leurs
peuples, leurs aventuriers...
Nous sommes désormais partenaires de
l’Agefiisa, association organisatrice du festival EXPLORIMAGES que bon nombre d’entre
vous apprécient.
Rendez-vous incontournable depuis 1996
des amateurs de belles images, de grands espaces sauvages, de belles aventures humaines et de cultures différentes, le festival EXPLORIMAGES proposera encore cette année,
du 7 au 11 novembre 2014, une sélection de
30 films documentaires.
Il est ainsi un lieu de rencontres, de réflexion
et de dialogues entre les spécialistes et le
grand public, une tribune offerte aux réalisateurs, photographes, scientifiques, aventuriers et organisations diverses .
Mais en attendant la 19ème édition de ce
grand événement, vous êtes invités aux
«NUITS DE L’AVENTURE», des soirées de projections / conférences durant lesquelles la société ALLIBERT TREKKING monte son « camp
de base » pour y présenter des documentaires de voyages de toute beauté. Le festival EXPLORIMAGES présente quant à lui, dans une
autre partie de soirée, une sélection de films inédits.
Ces soirées entièrement gratuites sont rendues possibles par la participation active de
plusieurs partenaires qui sont non seulement le Club Alpin Nice Mercantour et l’Agefiisa
mais aussi Allibert Trekking, le Parc Phoenix (Ville de Nice), la société événementielle Boule d’Energie, l’émission de télévision L’œil du Voyageur (Azur TV) et le Souterroscope de
Baume Obscure.
Les « NUITS DE L’AVENTURE » démarrent le 4 avril. Les projections se succèderont ensuite
tous les 2 mois.
Isabelle Umbdenstock pour la Commission Explorimages du CAF Nice Mercantour
Club Alpin Français
N°251 - 2014
»»»»»»INFOS CLUB
REFUGE
de libres méditations inspirées par la beauté de
l’alpe, la marche au long cours, la solitude, la
peur, la rencontre…
Le livre contient aussi un guide complet de ce
parcours (tracé rouge raccourci par le vert) et de
nombreuses notes de l’auteur.
291 pages, 20 euros (+5 euros frais de port)
Alain Grinda (Alain Fournier), adhérent du CAF
de Nice depuis1959, habite Belvédère où il
conte dans sa «grange de l’Oncle Ernest», marche et écrit parfois. Son dernier petit livre «Les
sangàrigous» qui se veut avec humour : «un petit traité pour la sauvegarde des Terres-Hautes»
est le récit savoureux des «souffrances et délivrance de la valeureuse Férine», une femme de
la montagne... Certains y verront peut-être des
allusions à un Parc National...
» Ouverture des refuges.
Pour la saison d’été 2014, la date d’ouverture des refuges gardés est fixée au
14 juin 2014.
LES BR AL P 2 0 1 4
»
Petit brevet :
Du Mont GRAVIERES d’Isola à St Sauveur
sur Tinée le 18 mai 2014.
»
Grand brevet
Grand brevet de la LOMBARDE et du col de
FREMAMORTE de Chastellar à Isola 2000 le
20 juillet 2014.
Décès
Nous vous informons du décès de
M. DALLE Claude qui était membre du
club depuis 1971.
Nous adressons nos sincères condoléances à sa famille et ses proches..
Les jeudis de la rando
»
Le jeudi 27 février dernier, dans les
locaux du CAF de Nice, Alain Grinda a
présenté son livre, au cours d’une séance de projections de photos des Alpes :
On trouve ces livres
« Les rêveries du randonneur ».
A Roquebillière, Belvédère (bureaux de
tabac), Saint-Martin-Vésubie (librairie)
et par commande chez l’auteur :
Alain Grinda - Lou Gimbert
06450 Belvédère
[email protected]
L’auteur a parcouru seul, à pied, l’intégralité de
la Via Alpina qui traverse toutes les Alpes de
Trieste à Monaco en passant par huit pays sur
environ 2500 km. Son livre n’est pas le récit de
cette marche mais une série de 24 récits à partir
d’anecdotes vécues, de réflexions parfois suivies
2014 - N°251
Club Alpin Français
Nature
A LA DECOUVERTE D’UNE VIOLETTE
PROTEGEE DES ALPES-MARITIMES
LA VIOLETTE A FEUILLES PENNéES
► par Jean - Louis Meytral ◄
Cette violette exclusivement alpine se
rencontre en Autriche, Slovénie, Suisse,
Italie et en France où elle est rare et localisée dans une trentaine de stations éparpillées en Savoie, Hautes-Alpes, Alpes de
Haute Provence et dans les Alpes-Maritimes en ce qui nous concerne directement.
Dans ce dernier département, elle est en
limite sud de son aire de répartition et elle
n’existe qu’en une seule station connue
actuellement, près du hameau de Vignols
(commune de Roubion en Tinée) au lieu
dit « Portes de Longon » où elle ne fut découverte qu’en 2003 par Mr POLIDORI J-L,
enseignant SVT à la retraite aujourd’hui.
Dans cette unique station, Viola pinnata
ou violette à feuilles pennées occupe une
zone d’éboulis fins, à sol instable ainsi que la pente rocheuse qui la surmonte.
Cette violette, très rare dans le 06 par la petite surface qu’elle occupe, est facilement reconnaissable car c’est la seule violette de la flore de France qui possède des feuilles découpées comme les doigts d’une main.
Sa petite taille, sa floraison précoce pour une violette (mi-mai) et sa durée de floraison
courte expliquent que sa découverte n’ait été faite que récemment, passant facilement
inaperçue des spécialistes.
Ses fleurs, de couleur violette, sont petites avec un fort éperon violet et la plante a un
aspect étalé sur le sol.
Elle ne pousse qu’en milieu calcaire (calcicole strict). C’est aussi une plante vivace qui
bénéficie du statut de protection nationale (liste nationale 1982 annexe 1).
Sa station étant en pleine zone cœur du PNM, on n’y touche pas, on regarde, on photographie et on la laisse vivre son destin de plante protégée dans ce merveilleux Parc National
à la biodiversité si extraordinairement riche.
Club Alpin Français
N°251 - 2014
Nos remerciements à Mr POLIDORI J-L, de St Etienne de Tinée, dont le renseignement nous a permis cette magnifique rencontre ainsi qu’à Jo FREDY, Michèle et Bernard ALLIETTA, membres du Club Alpin Nice- Mercantour pour l’aide à la recherche
sur le terrain.
Texte et photos : J-L Meytral.
Sources : Guide de la flore des Alpes-Maritimes du Mercantour à la Méditerranée de Lionel Carles et Ludovic Thebault.
Mémento de la flore protégée des Alpes-Maritimes édition 2010.
PS 1 : le genre de plantes herbacées VIOLA appartient à la famille des violacées. On distingue 2 groupes suivant la disposition
des pétales : les violettes à 2 pétales vers le haut et 3 vers le bas, et les pensées à 4 pétales vers le haut et un vers le bas, ce
dernier groupe a donné de nombreuses variétés cultivées.
PS 2 : en juillet 2013, Mr Polidori a organisé une session de botanique avec un groupe extérieur aux Alpes-Maritimes. Ils ont
eu le bonheur de découvrir une nouvelle plante à fleur : la coronille engainante ou coronilla vaginalis Lamarck, sur le plateau
d’Auron. Cela renforce l’immense biodiversité de notre région et montre qu’il y a encore de belles découvertes à faire dans ce
merveilleux département.
2014 - N°251
Club Alpin Français
Nature
LE DAMIER DE LA SUCCISE :
UN PAPILLON PROTEGE DES ALPES-MARITIMES
► par Jean - Louis Meytral ◄
Lors de la journée mondiale de la biodiversité en mai 2010 le Parc National du Mercantour
avait organisé diverses sorties d’études sur le terrain, menées par des spécialistes de divers horizons. Nous avons participé à la sortie papillons dirigée par Mr BILLI, professeur
de SVT en lycée et spécialiste des lépidoptères ou papillons. Ce fut l’occasion pour nous
d’observer grâce à lui un papillon protégé des Alpes-Maritimes : le damier de la Succise
(du nom d’une de ses plantes hôte dénommée Succise des prés).
Son nom scientifique est EUPHYDRYAS aurinia Rottemburg 1775. Mais c’est en fait une
super espèce en train de se différencier en 4 sous-espèces en France : aurinia, beckeri,
provincialis et debilis, phénomène dû à des isolations géographiques et aux plantes hôtes
des larves différentes (phénomène de spéciation).
Dans les Alpes-Maritimes, on ne trouve que les sous-espèces : aurinia et provincialis. C’est
cette dernière que la photo présente ici. Ce papillon a une ornementation des ailes en
damier typiquement chamois clair assez terne.
Tous les damiers de la Succise se distinguent des autres damiers par la présence d’une
série complète de points noirs dans la bande sub-marginale des ailes postérieures. Mâle
et femelle sont presque semblables, le mâle étant plus contrasté et plus petit.
Cette espèce n’a qu’une génération de papillons par an (monovoltine) et les adultes volent sur 3 à 4 semaines d’avril à juillet.
Elles passent l’hiver sous forme de chenille, regroupées dans une toile tissée au pied de
la plante hôte (lilas d’Espagne , scabieuse, Succise etc..), et finissent leur développement
par une métamorphose au printemps suivant. Cette sous-espèce préfère les milieux de
vie xériques, chauds et ensoleillés (la sous-espèce aurinia est plus inféodée aux milieux
humides) et plutôt calcaires.
Ce papillon se nourrit du nectar des fleurs comme les circes, globulaires, hieraciums, renoncules, renouées bistortes etc... Les adultes ne sont actifs que si le soleil luit ; au moindre nuage ils s’immobilisent, ailes relevées, et attendent le retour du soleil pour reprendre
leur vol.
Ce damier de la Succise est très largement répandu dans le 06, avec une abondance importante selon les lieux, du niveau de la mer à l’étage montagnard (1500m).
Menacé dans d’autres régions de France, il est ici dans une abondance satisfaisante, mais
doit être protégé car sensible aux perturbations de leurs milieux par les activités humaines.
En Europe il figure sur la liste des espèces animales d’intérêt communautaire de la direc-
Club Alpin Français
10
N°251 - 2014
Le Damier de la Succise
tive habitat annexe 2 et il est protégé par la Convention de Berne du 19 septembre 1975
annexe 2 (liste rouge mondiale des espèces menacées catégorie espèce vulnérable).
C’est donc une richesse du patrimoine biologique de la France et des Alpes-Maritimes, à
respecter totalement.
Texte et photos : J-L Meytral - Sources : documents internet et wikipedia.
Par leur présence dans notre publication
les publicités nous sont essentielles
pour une bonne qualité de notre bulletin.
Certains d’entre eux vous accordent des avantages.
Accordez-leur votre confiance.
2014 - N°251
11
Club Alpin Français
Ski
Quand Monsieur Perichon
... part au ski
► par Robert RAVAÏOLI ◄
La tentation de découvrir les Dolomites en hiver était trop forte ; après les avoir parcourues de nombreuses fois en été avec les groupes de rando, je me décide à me joindre au
groupe skieur, après une tentative avortée l’année passée pour raison familiale.
D’entrée..... au parking Charles Hermann, les choses sont claires, on est à la limite de m’interdire d’installer mes skis, les considérant comme des objets de collection échappés d’un
Musée de la Montagne et, ne comprenant pas de housse (comme le docteur), un participant me suggère de les déposer le mercredi, jour de ramassage des encombrants…
Le voyage se déroule en grande partie sur autoroutes et dans de très bonnes conditions
pour atteindre vers 17h30 Campitello di Fassa.
Très bel hôtel de style tyrolien, une affaire familiale dont la mère apporte encore son
concours à son fils qui s’occupe de la restauration, tandis que la belle-fille fait fonction de
maître d’hôtel, un accueil tenu par la grande Patricia, un service à table par Maria et une
jolie blondinette roumaine.
Après une nuit au calme dans une très belle chambre avec suite, c’est la précipitation pour
le petit déjeuner, avec un départ prévu pour 9h, mais déjà vers 8h30 tout le monde est
équipé : skis rutilants, bâtons chromés, tenue ad hoc avec casque, masque, lunettes, caméra intégrée.....
Photographie de Michel Cleme
2014 - N°251
13
Club Alpin Français
Ski
Les groupes se forment allant du 1 au 5. Il est bien difficile pour celui qui débarque pour la
première fois de savoir se situer. Je vise au milieu : 2,5
Raccroché au groupe 3, enfin on va voir ?
Nous essayons de nous engouffrer dans la navette de «Bombay» pleine à craquer, pour
rejoindre rapidement le téléphérique.
Beaucoup de monde se trouve déjà sur la plateforme d’embarquement. On ne rentrera
pas tous, c’est sûr, et pourtant en se serrant comme des sardines on y parvient au milieu
de 130 autres skieurs.
Premières glissades, premières sensations, première sélection. Après deux petites pistes,
trois éléments quittent la classe pour passer au cours supérieur!! Notre moniteur mène
son petit groupe en donnant des explications, des méthodes, qu’il n’est pas toujours facile
à mettre en pratique : le buste, la rotation des genoux, la circonférence de la poussée, le
virage coupé, la flexion, la languette et bien d’autres détails techniques.
Mes skis ne conviennent plus, tout le monde me conseille les paraboliques!
J’ai la chance que Philippe me confie (il a pris un risque énorme) son matériel dit de secours: des skis de compétition, alésage 0,5 sur 1,18, sur hausse de la plaque avant, Dynastar 8000, recalibré en 135x15................
Je passe une nuit d’enfer, dans le doute, l’angoisse de casser le matériel, de mettre en retard le groupe, de ne plus savoir tourner ????
Enfin, en ce début de matinée ensoleillée, ce premier contact parabolique fut pour moi
tout à fait fantastique : je passais de la 2CV (véhicule très respectable qui a fait ses preuves)
à la version plus locale de Ferrari 350.
Même après les nombreuses explications techniques très poussées : ne pas tourner en
angle droit mais faire une évolution de 17 ou 13m suivant la vitesse du vent, fléchir sur la
languette sous un angle équivalent au double de l’inclinaison de la Tour de Pise, avec ce
type de skis si tu bouges une oreille, le virage est amorcé!!!
Club Alpin Français
14
N°251 - 2014
Quand Monsieur Perichon ..... part au ski
Youpi, que de descentes, que de slaloms, que de plaisir, maintes fois répétés sur des parcours très variés, dans ce décor sublime des Dolomites, transportés par du matériel de
télécabine, télésiège ultra moderne et confortable.
Nous avons vraiment l’impression de skier dans un autre monde, d’ailleurs nous sommes
les seuls français, la colonie russe étant la plus représentée avec des individus de grande
taille et de forte corpulence, qui furent tout au long du séjour un risque permanent de se
faire laminer en cas de collision.
Nous avons changé chaque jour de moniteur (peut-être les avons-nous épuisés à nous
répéter les bons gestes à développer) chacun à sa manière apportant des infos et des
corrections pour améliorer notre trajectoire et notre position. Qu’ils soient tous remerciés
pour leur dévouement et leur technicité, sans oublier aussi leur patience.
Chaque soir après le dîner, je prenais plaisir à improviser de petites anecdotes glanées
dans la journée par tous les autres groupes, avec un minimum d’info pour en faire des
tonnes, je pense qu’en fin de semaine tout le monde était passé sur la sellette !!!!
Si ce séjour hivernal se termine ce soir, j’ai déjà pris réservation pour amener le club pour
des rando estivales en 2015.
Merci à l’organisateur Alain, merci à nos moniteurs, Philippe, Patrice, «Pétoulet» et Nando,
merci à mes compagnons et compagnes du groupe 3, merci à tous les participants pour
cette bonne ambiance qui a régné toute la semaine. Je pars d’un pas décidé pour acheter
moi aussi des PARABOLIQUES et m’inscris pour l’hiver prochain pour un nouvel épisode de
« Monsieur Perichon fait du ski».
2014 - N°251
15
Club Alpin Français
Alpinisme
Grimper la face sud
de l’ Annapurna !
► par Stéphane Benoist ◄
Le Sanctuaire des Annapurna se ferme par la face sud de l’Annapurna I, 8091m. Cet endroit
vraiment merveilleux, une invitation à la contemplation pour les trekkeurs du monde entier, présente paradoxalement un défi singulier pour les grimpeurs.
En 1984, les Catalans, Nil Bohigas et Enric Lucas, ont réalisé une des plus grandes ascensions himalayennes de tous les temps. Sur l’Annapurna I central, 8051m, en 7 jours allerretour ils ont ouvert la première voie en style alpin dans cette face sud haute de 2400m.
Ils étaient jeunes, pas si expérimentés que ça, la fameuse citation du grand écrivain américain Mark Twain leur colle à merveille : « ils ne savaient pas que c’était impossible alors
ils l’ont fait ! »
Pourtant, quelle drôle d’idée de s’attaquer à ce monstre ! Avant ou après les Catalans, certains des plus grands alpinistes y ont laissé leur peau. Pour ne citer que les plus connus,
Alex Mac Intyre en 1982, Pierre Béghin en 1992, Anatoli Boukreev en 1997. Personne n’a
de doute là-dessus, la Déesse des moissons ou de l’abondance ne fait pas de cadeaux.
Qui plus est, dans ce coin de l’Himalaya, tout près de la jungle, le régime météorologique
Club Alpin Français
16
N°251 - 2014
n’est pas des plus favorables. Classiquement, tous les jours entre 10h et 14h la paroi disparaît derrière les nuages et il neige jusqu’en début de nuit.
Tous ces éléments indiquent qu’il faut, une bonne dose de chance, et les gens raisonnables diront : « surtout une bonne dose d’inconscience » ! Oui, on serait tenté de croire
qu’une pulsion suicidaire anime les quelques anormaux, qui comme nous se confrontent
à cette paroi.
Je crois sincèrement qu’il n’en est rien. Qui peut prétendre aimer plus la vie que Yannick ou
moi !? Ce type d’aventure ne se situe pas dans le registre de la raison, de ce qui est raisonnable ou pas, mais plutôt du côté de l’action, du cœur et des tripes.
Le grand romancier Brésilien, Paulo Coelho, a dit : « Si vous pensez que l’aventure est dangereuse, je vous propose d’essayer la routine...elle, elle est vraiment mortelle » !
S’extraire du quotidien et réaliser nos rêves, avec Yannick, de longue date nous avons toujours ressenti cette nécessité. Il faut au moins ça pour se lancer dans la face sud de l’Annapurna ! Malgré tous les doutes, de la simple peur d’échouer, au pire, celui de ne pas revenir,
le 17 octobre 2013 vers 8h nous franchissons la rimaye.
L’ascension proprement dite...un jour j’espère trouver l’inspiration pour vous la décrire
précisément !
Nos actions ayant des conséquences...reste le prix à payer. Puisant trop loin dans mes
ressources vitales, absolument sans que je m’en aperçoive mes défenses immunitaires se
sont abaissées, laissant la place à une pneumonie. La descente du sommet, toujours délicate après ce type d’ascension se transforme en véritable calvaire. Tant bien que mal, nous
parvenons à sortir de la paroi et le 26 à rejoindre le camp de base avancé à 5000m. Grâce
au téléphone satellite, Yannick déclenche les secours. Lundi 28 octobre 2013, à la première
heure un hélicoptère nous tire définitivement des griffes de l’Annapurna.
Suite : le 26 novembre, à Nice, à l’hôpital Saint-Roch, le Professeur Dumontier et son équipe m’ont amputé à peu près de tous les orteils et, hormis le pouce miraculeusement intact, de plusieurs phalanges des doigts de la main droite.
Histoire et statistiques :
La célèbre ascension de Maurice Herzog et Louis Lachenal du 03 juin 1950, se déroule sur
le versant nord.
Club Alpin Français
17
N°251 - 2014
Grimper la face sud de l’ Annapurna !
Seule expédition ayant réussi à la première tentative, c’est un exploit qui a marqué l’histoire. Qui aurait cru que 63 ans après, ce sommet soit si peu parcouru, toutes ascensions,
tous versants compris, seulement un peu plus de 200 personnes ont foulé la cime de la
10ème montagne la plus haute du monde. Finalement, le premier sommet de plus de 8000
mètres atteint par l’homme, est devenu le moins gravi de tous !
La face sud en style alpin a été réussie au total par 5 alpinistes.
Le style himalayen, c’est une grosse équipe d’alpinistes, beaucoup de préparation du terrain avec des cordes fixes, l’installation de camps, des porteurs d’altitude et éventuellement de l’oxygène.
Le style alpin, c’est l’inverse de tout ça : c’est une cordée en autonomie, sans préparation
du terrain, sans cordes fixes, sans camp installé, sans porteur d’altitude et sans oxygène.
Yannick sur la crête sommitale à quelques mètres du sommet.
Une association a été créée pour venir en aide à Stéphane BENOIST :
« Retour à la montagne ».
Sur le site « retour-a-la-montagne.com » vous trouverez tous les éléments
nécessaires pour une action en sa faveur.
3 solutions :
1 / sur le site par paypal
2 / envoyer un chèque à :
Retour à la Montagne - 31 Clos de la Grosse Pierre Taconnaz - 74310 les Houches
3 / envoyer un chèque directement à :
Stéphane Benoist - 4 sentier du Portion - 06670 Castagniers
2014 - N°251
18
Club Alpin Français
Annapurna face sud tracé des voies
A : sommet principal 8091m / B : sommet central 8051m / C : sommet Est 8013m
1 : Voie Bonington de 1970, style himalayen, sommet le 27 mai par Dougal Haston et
Don Willans
2 : Voie Steck (aussi nommée tentative Béghin-Lafaille), ouverte les 08 et 09 octobre
2013 par Ueli Steck en solo, style alpin. Répétée du 17 au 26 octobre 2013 par Yannick
Graziani et Stéphane Benoist, en style alpin. En 1992, Pierre Béghin y trouve la mort
après une tentative poussée avec Jean-Christophe Lafaille.
3 : Voie Japonaise de l’automne 1981, style himalayen, chef d’expédition Hiroshi
Yoshino, sommet le 29 octobre par Yukihiro Yanagisawa et Hiroshi Aota. Quelques jours
avant Haruyuki Endo et Yasuji Kato sont proches du sommet mais Kato chute et se
tue.
4 : voie Polonaise du printemps 1981, style himalayen, chef d’expédition, R. Szafirskis.
Les 2 au sommet : Boguslaw Probulski et Maciej Berbeka.
5 : voie Catalane de 1984, style alpin, par Nil Bohigas et Enric Lucas. Tentée en 1982
par René Ghilini et Alex Macintyre. Alex se tue dans la descente.
2014 - N°251
19
Club Alpin Français
›PORTFOLIO
Né à Nice et enfant des barricades
de 68, il a fallu à Patrick BERTAINA
une bonne quinzaine d’années
avant de se rendre compte que la
montagne pouvait exister en dehors
de son village d’origine, Palanfré
dans le Piémont. C’est son cousin qui
lui a fait découvrir les merveilles du
Mercantour et il n’a plus eu de cesse
depuis lors de parcourir les cimes et
les vallées.
P a t r i c k
B E R TA I N A
« Touche-à-tout mais bon en rien »,
il pratique la randonnée, le ski, la
planche, la descente de clue et le
parapente. Il apprécie les sorties
en solitaire avec engagement mais
aime aussi partager les plaisirs de la
montagne avec ses amis.
Père de quatre enfants, professeur
de mathématiques et insulaire
depuis 2000, il explore actuellement
l’Ile de Beauté mais revient à ses
sources provençales dès qu’il le
peut. Habitant le beau village de
Corbara, il a le loisir de contempler
le Mercantour par-dessus les flots
depuis sa fenêtre plusieurs fois par
an et imagine alors jumeler sa terre
native et son pays d’accueil d’un
battement d’aile.
Les
ruines
du
village
de
Roccasparviera constituent son lieu
de recueil préféré et il aimerait gravir
le Cervin avant d’être trop vieux.
2014 - N°251
21
Surpris au col de Statoghja.
Club Alpin Français
›PORTFOLIO
Symétries dans le vallon de l’Ercu sous le Cintu.
Mouflon dans le vallon de l’Ercu sous le Cintu.
Club Alpin Français
22
N°251 - 2014
| Patrick BERTAINA |
A muvra è u so figliolu.
2014 - N°251
23
Club Alpin Français
›PORTFOLIO
Le Vardatu n’est plus verdâtre.
Club Alpin Français
24
N°251 - 2014
| Patrick BERTAINA |
le chocard n’a peur de rien au Capitellu.
2014 - N°251
25
Club Alpin Français
›PORTFOLIO
Gros plan sur le Mercantour…depuis l’Ile de beauté.
Lac de Bettaniella sous le Ritondu.
Club Alpin Français
26
N°251 - 2014
| Patrick BERTAINA |
Le Mercantour vu du Monte Grossu (Corse).
2014 - N°251
27
Club Alpin Français
›PORTFOLIO
Descente du Ritondu par l’Oriente en planche.
Club Alpin Français
28
N°251 - 2014
| Patrick BERTAINA |
En route pour la transhumance des chevaux au lac du Ninu sur fond de Cintu.
Dans l’échancrure du Monte Grossu, le continent.
2014 - N°251
29
Club Alpin Français
›PORTFOLIO
Paglia Orba.
Club Alpin Français
30
N°251 - 2014
| Patrick BERTAINA |
Cintu et grande barrière enneigée.
2014 - N°251
31
Club Alpin Français
›PORTFOLIO
La Punta Artica.
Trainée sur le Cintu.
Club Alpin Français
32
N°251 - 2014
| Patrick BERTAINA |
Printemps précoce au Cintu.
PARTICIPEZ AU PORTFOLIO
Vous êtes nombreux à partir en montagne avec un appareil photo. Faites connaître votre talent,
votre vision de la montagne, ou de votre activité préférée en y participant. Portfolio, c’est un espace
dédié au partage de votre passion montagne par l’image, et de votre travail de photographe.
Comment faire ?
1/ Triez vos images : Soyez sévère, sélectionnez vos plus belles images.
2/ Préparez vos images : Vous avez entre 10 et 20 images. Faites vous tirer des exemplaires
papiers en 13x18cm. Prenez le temps de les légender. Lieu, sujet, date, auteur, etc …( au dos des
tirages papier).
3/ Envoyez vos images au club
Argentique : Diapos ou tirages papier en 13x18 cm
Numérique : pas d’envois par mails, mais vos images sur CD avec un tirage papier en 13x18cm.
Club Alpin Français / Commission bulletin / 14 avenue Mirabeau / 06 000 Nice
4/ Et après ? La commission bulletin vous informera de la suite donnée à votre envoi. Tous les
originaux vous seront rendus (cd et tirages papier).
Des questions ?
Contactez B. Allietta : 06 14 56 39 32 – [email protected]
2014 - N°251
33
Club Alpin Français
Randonnée
Ailleurs, en Tinée…
► par Françoise Deniau ◄
Parmi toutes les belles vallées qui nous enserrent, il en est une particulièrement sauvage aux profonds ravinements, aux torrents impétueux, à la limite des influences
méditerranéennes et alpines. D’ubacs ombreux en adrets de lumière, l’habitat y est
fluide, souvent dispersé. On le reconnaît à ses toits de lauze mêlé de tuiles… Non ?
Vous ne devinez pas ?
Si l’on vous dit Roure, Roubion, Valdeblore, Clans et La Tour, alors là, tout s’éclaire. C’est
bien de la Tinée qu’il s’agit. Sapins, épicéas, mélèzes, oliviers la parent. Christian y a prévu
une belle randonnée complétée par la découverte de trésors cachés : les chapelles de
St Jean et des Pénitents blancs.
Il y a beaucoup de monde. Bernard A. est là, ainsi que des amis marcheurs du dimanche.
Ensemble nous partageons des joies simples et identiques : nature et culture.
Pourtant, le temps n’est pas de la partie ; la lumière n’est plus qu’un vestige. Le ciel, tourmenté de gros nuages gris qui progressent en caravanes menaçantes, ne laisse rien présager de bon. Après avoir franchi le col de l’Abeille sur la route d’Utelle, brusquement
le sentier prévu s’arrête net : éboulement. A présent, une épaisse couche de brume est
posée là, tout près. Changement de cap, on prend un sentier (en pointillé sur la carte, ce
qui n’est jamais bon signe…) et en route vers les Granges du Breuil.
2014 - N°251
35
Club Alpin Français
Randonnée
Philippe en tête fait ce qu’il peut. Ça râle sec… Christian s’inquiète – on va prendre du
retard pour les visites ! L’averse, patiemment, minutieusement, tisse maille à maille la terre
avec le ciel. Ça glisse, on ne s’arrête pas, on continue à dégringoler vers Lentigia. 13 heures !
Et…
Dressée sur un promontoire herbeux dominant le vallon éponyme, voilà qu’apparaît enfin
la chapelle St Jean. Seule trace visible de l’ancien village de La Tour, abandonné à partir
du XVe siècle suite à diverses épidémies de peste. L’ancienne abside (XIVe) est revêtue de
belles peintures murales qui nous content la vie de St Jean Baptiste, de sa naissance à sa
triste mort qu’Hérode accepta après que Salomé, sa belle-fille – et femme fatale de l’époque – eut dansé pour lui… Le cycle de la vie du Saint de déroule ainsi, en 11 panneaux.
N’oublions pas que ces peintures historiées constituaient autrefois un apprentissage de
la religion. C’étaient de véritables sermons en images qui correspondaient à une vision
poétique de l’édifice sacré et transportaient les fidèles dans un monde surnaturel dont
ils rêvaient… Ces lieux de spiritualité établissaient la relation des hommes avec Dieu. Ici,
aucune trace d’auteurs, ni de date. Afin d’instruire fidèles et pèlerins incultes, ces « B.D
de l’époque » étaient suffisamment éloquentes pour maintenir la foi. Puis, savamment,
Patricia nous détaille les différentes techniques entre fresques et peintures murales. Après
quelques questions, nous quittons ces lieux.
En route maintenant pour le village de La Tour et sa magnifique chapelle des Pénitents
blancs. Le GR 51 s’offre à nous, bien meilleur que le précédent. Hélas ! Des nuages regroupés en ordre d’attaque flottent au-dessus de l’horizon, une petite pluie fine, pénétrante,
achève de nous transir. Seule la symphonie des couleurs d’automne perce la mélancolie
d’un jour qui s’est à peine levé… Ah ! Mais voici, tout au fond des gorges, le joli pont romain de St Jean et, peu après, apparaît sous son meilleur aspect le village de La Tour.
Un peu en retrait sur la vieille route d’Utelle pour éviter tout risque de contamination
(peste, fléau du Moyen Âge !) la chapelle des Pénitents Blancs va dérouler pour nous la
beauté naïve de ses peintures. Ah mes amis ! Imaginez le pèlerin, le paysan d’antan, les
visiteurs divers, fixés dans une contemplation éblouie des Saints, desquels ils attendaient
amélioration du quotidien et passage pour l’autre vie… Le concept du sublime les transportait et les effrayait en même temps. Ici, les Maîtres Brevesi et Nadale ont bien fait les
choses en 1491 !
Quoi ? Il ne nous reste plus qu’ ¼ d’heure pour admirer cet ensemble ! Jugez plutôt :
Le Christ d’Apocalypse au chevet ; en Majesté dans sa mandorle ornant la voûte ; les côtés,
en 20 scènes magnifiques d’une écriture picturale assortie de la palette chromatique appropriée nous donnant à voir la Passion du christ. Comment rester insensibles devant une
telle scénographie de la douleur ?
Mais, allons vite découvrir ce qui nouds attend dans une vie future…
– A droite, la cavalcade des Vices (7 pêchés capitaux) doublement enchaînés, montés sur
Club Alpin Français
36
N°251 - 2014
Ailleurs, en Tinée…
des animaux divers, pressés par un démon, se dirige directement vers la gueule di Léviathan. Le diable, au son du Galoubet et du tambourin les y attend. Etonnant cortège !
– Toujours à droite mais plus haut, c’est la vision parfaitement imaginaire d’un enfer qunous terrifie : la violence des monstres à visages humains, les tourments éternels infligés
aux « pêcheurs » constituent une symbolique anxiogène à souhait !
Au contraire :
– A gauche, 7 dames au charme délicat, sagement assises, portent leurs divers attributs incarnant les 7 vertus cardinales. Pour celles et ceux qui les ont imitées, point de problème.
– Juste au-dessus, une vision plus réconfortante de l’humanité : les Élus, assimilés à des
anges et conduits par eux, se dirigent vers la porte du Paradis. St Pierre, les dominant
largement, tient la fameuse clef. L’élégance du graphisme, la qualité de la description magnifient ce récit en images.
On nous arrache à notre contemplation ! Vite, vite, il faut rentrer. Nous quittons alors à
regret ces lieux qui méritent notre admiration et notre respect. Les peintres d’amers ont
mis leurs palettes au service d’une thématique qui nous frappe toujours. Les gammes
chromatiques choisies donnent vie à leurs récits. Quelles que soient nos croyances, ces
œuvres resteront des supports à notre méditation.
2014 - N°251
37
Club Alpin Français
Poésie
Histoire d’eau
► par Patrick BERTAINA ◄
Avec ma personnalité qui est un mélange moléculaire d’accent de Niçe, de Corse
et de Français, je vous propose de découvrir ce texte dans les trois langues.
► Français :
Je naquis un jour de pluie au pied de la Crête de la Roche, dans le village de la Roche de
l’Epervier, comme une revanche sur la malédiction qui l’avait privé d’eau. Comme mes
congénères, je ruisselai sur ces pentes aux parfums de garrigue, m’imprégnant d’ici de là
de ces quelques molécules de thym, de romarin, de basilic qui firent mon caractère. Cet
arrangement de molécules si particulier fit de moi une goutte certes, mais une goutte
curieuse. Tout en descendant le lit du Paillon, je sautai les cascades de Planfae et traversai
des hameaux gorgés de lumière où l’heure se lit encore à des cadrans arc-en-ciel accrochés aux murs des ruelles étroites. De Nice La Belle, que le soleil écrase, je ne connus que
les obscurs souterrains qui emprisonnent les méandres de ma mère nourricière avant de
me jeter dans cette immensité bleue qu’admirent les Anglais de la Promenade, assis sur
des chaises qui en imitent vainement la couleur.
C’est là que, lors de ma mutation gazeuse, je pris mon envol pour former, en compagnie
de mes sœurs vaporisées, un moutonnement gris annonciateur d’orage. Poussée par une
Lombarde contrariante, je voyageai ainsi, abandonnant l’espoir de revoir ces terres dont le
souvenir restait gravé en poussières volatiles au plus profond de mon être.
Quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir soudain les sommets rougeâtres d’une chaîne
montagneuse formant une grande barrière infranchissable dont le profil, montant et descendant sans cesse, se perdait dans l’onde océane. Les rumeurs m’apprirent rapidement
que nous étions parvenus en Corse.
Je remarquai alors cette montagne trouée par le marteau lancé depuis le col de la Forge
par le diable, mis en rogne par les moqueries des habitants du Niolu dont faisait certainement partie l’oncle Crisolu, venu vérifier l’impact en traversant d’Ouest en Est cette fente
gigantesque uniquement accessible par des sentiers du vertige. A proximité, je tombai en
admiration devant la face nord sombre et verticale de la Paglia Orba, esthétique sommet
dont les voies estivales et hivernales, couloirs pentus à 50°, se juxtaposent sans jamais
s’emmêler.
A l’autre bout de la barrière, je vis la tête Blanche que les randonneurs n’atteignent qu’au
prix d’une escapade longue et sauvage par des sentiers et des bergeries tombés en désuétude, faute de transhumants.
Tourne que tourne, le vent têtu me guida ensuite au travers de la Tête Large par une brè2014 - N°251
38
Club Alpin Français
Histoire d’eau - Français
che digne d’un tailleur de pierre, sur les traces de ce célèbre profanateur de cimes vierges
dont elle porte le nom et qui convient si bien à sa forme : Félix Von Cube.
Je continuai ainsi mon périple, toujours plus haut, commençant à ressentir la morsure du
froid d’altitude. C’est aux alentours de 2700 mètres que ma transformation eut lieu. Mes
molécules, tiraillées brutalement, s’organisèrent en cristaux, emprisonnant en leur sein les
corps microscopiques constituant mes souvenirs d’enfance. C’est donc sous la forme d’un
flocon que je retombai au faîte du Cintu.
Je vécus ainsi un temps indéfinissable dans la paix d’un grand silence blanc, uniquement
dérangée par le crissement de skis me parvenant de la combe du Vallon menant au sommet de la Petite Croix.
La fonte des neiges me fit sortir de ma torpeur. Sans bouder mon plaisir, je bondis vers le
lac d’Argent, rencontrant sur mon passage les candidats au point culminant de l’île montés de la haute vallée d’Ascu. Je me gorgeai à chaque instant et sans faire la fine bouche
de ce florilège de senteurs nouvelles de maquis : myrte, ciste, arbousier…lestant progressivement ma mémoire organique de ces fines particules odorantes.
C’est au pied des aiguilles de Pupulasca que je finis ma course folle, déposant sur un rocher du Golu dans une dernière éclaboussure les seuls témoins de mon éphémère existence, ce mélange moléculaire d’accents de Provence et de Corse qui fut le ciment de ma
personnalité.
A mon père qui m’a appris les quelques mots de niçois que je connais.
Roccasparviera
Club Alpin Français
39
N°251 - 2014
Istòria d’aiga - Niçois
► Niçois :
Siéu naissut un jour de pluèia au pen de Rocaserra, en lou vilage de Rocasparviera, couma
una revenja sus la maledicioun que li avìa levat l’aiga. Couma lu miéu parié, escourìi sus
d’aqueli penta ai perfum de gariga, m’emplissent d’aquì d’aià d’aqueli quauqui moulècula
de ferìgoula, de roumaniéu, de balicò que faguèron lou miéu caratere. Aquel assemblage
de moulècula tant particulié faguet chèrtou una gouta de iéu, mà una gouta estranja. Tout
en calant lou lièch dòu Palhoun, sautèri li cascada de Planfae e travesseri de masage sassi
de lus doun si liege encara l’oura à de cadrant coulour d’arc-de-seda estacat ai barri dei
carreiròu estrech. De Nissa La Bella, aclapada dau soulèu, counouisseri que lu souterran
escur qu’empresonon li curva de ma maire nouriciera denant de mi lançà en aquest’immensità blu que l’amiron lu Englès de la passejada, assetat sus de cadiera que n’en pilhon
en van lou coulour.
Es aquì que, durant la miéu mutacioun gasouha, pilheri lou vol per fourmà, embé li miéu
souòre vapourisadi un encrespament gris anounciatour de chavana. Abutada da una
Loumbarda countrarianta, viajeri ensin, abandounant l’esperança de veire mai aqueli terra
que lou souvenì restava entalhat en pous voulatili au mai fount dòu miéu Estre.
Que sourpresa de veire d’un còu lu soum roussastre d’una cadena de mountagna fourmant una grana barragna insurmountabla que lou proufiéu, puhant e calant inchessantament, si perdìa en l’ounda ouceana. Lu rumour m’empareron lèu qu’eravan arribat en
Còrsega.
Remarqueri aloura aquela mountagna traucada dau martèu lançat despì de la baissa de
la Forja dau diau, embilat dai menchounada dei abitant dòu Niolu que dau segur n’era
part l’ouncle Crisolu, vengut verificà l’impat en travessant dau Pounent au Levant aquesta
esclapadura gigantesca soulament achessibla da dralha de lourdigna. Pas tant luen, casqueri en amiracioun davant de la faça Nort escura e verticala de la Paglia Orba, estèticou
soum que li siéu vìa estivali e invernali, courredou enclinat à 50 gradi, si coustejant l’una à
coustà de l’autra sensa jamai s’embroulhà.
A l’autra estremità de la barragna, vegueri la Testa Blanca que lu passejant la jougnon
soulament emb’un’escapada longa e sauvaja da de dralha e de jas fouòra d’usança en
mancança de pastre.
Vire que vire, lou vent testart mi menet pi tra la Testa Larga da una breissa degna d’un
pica-peira, sus lu pas d’aquèu famous proufanatour de cima vierge que n’en pouòrta lou
noum e que counven tant ben à la siéu fourma : Félix Von Cube.
Countunheri ensin lou miéu periple, sempre mai aut, coumençant de ressentì la mourdagna dòu frei d’altituda. Es circa à 2.700 metre que si faguet la miéu trasfourmacioun. Li
miéu moulècula, brutalament tiralhadi, s’ourganiseron en cristai, li empresounant lu cors
microscoupic que coustituavon lu miéu souvenì de pichoun. Es dounca souta la fourma
2014 - N°251
40
Club Alpin Français
Traduction de Jean-Luc Gag
d’un floc que m’encaleri au soum dòu Cintu.
Viéugueri ensin quantu temp en la pas d’un gran silenci blanc, soulament destourbat dau
grignament de ski venent da la coumba dòu Valoun menent au soum de la Crouseta.
La nèu si foundant mi faguet repilhà ment. Embé gran plesì, sauteri vers lou lac d’Argent,
rescountrant sus lou miéu passage lu candidat au pounch courminant de l’ìsoula mountat da la auta valada d’Ascu. M’assadouleri à cada moument e sensa faire lou mourre-lec
d’aquèu flourilege de perfum nòu de broussalha : murta, missuga, nerboussié… emplissent pichin à pichin la miéu memòria ourganica d’aqueli fini particula óudourouhi.
Es au pen dei agulha de Pupulasca que s’acabet la miéu coursa de fouòl.
Le Paillon
Club Alpin Français
41
N°251 - 2014
Storia d’acqua - Corse
► Corse :
Sò natu un ghjornu acquosu à u pede di a Roccaserra, ind’u paese di Roccafalcu, cum’è
una rivincita nant’à u maladettu chì li avia cacciatu l’acqua. Cum’è i mo pari, spiciulava
nant’à isse falate muscate di rasgina, m’insurpendu quindi è quallandi d’isse qualchi molecula d’erba barona, di rosumarinu, di basilicu chì anu fattu u mo caratteru. Di sicuru ch’issu
accunciamentu di molecule cusì particulare hà fattu di mè una candella, ma una candella
strana. Tuttu in fallendu u rigu di u Paillon, saltava e cascate di Planfae è francava paisoli
assulanati induve l’ore si leghjenu sempre nant’à miridiane arcubalenu azzincati à i muri
di e strette. Da Nizza a Bella, chì u sole sfracicheghja, ùn aghju cunnisciutu chì i sutturanii
bughjicosi imprighjunendu e girivolte di a mo mamma nanzu à di lampà mi in issa immensità turchina ch’elli ammireghjanu l’Inglesi di a passighjata, pusati à nant’à carreghe
pruvendu in vanu di ne cuntraffà u culore.
Ghjè quì chì, durante a mo muta gasosa, s’hè messa in ballu a mo alzata in volu pè furmà,
in cumpagnia di e mo surelle vapurizzate, un balluttulime grisgiu annunziatore di timpurale. Puntata da una Lumbarda cuntrariante, viaghjava cusì, cappiendu a sperenza di
rivede isse tarre chì u ramentu fermava impressu in polvare vulatile à u più prufondu di u
mo essare.
Chì surpresa tandu di vede e cime russiccie d’una serra muntagnola cusì maestosa ch’infranchevule chì u prufile, cullendu è fallendu senza riposu, si perdia inde l’onda uceana. I
rumori m’amparonu in furia ch’eramu ghjunti in Corsica.
Eccu rimarcai issa muntagna taffunata da u martellu lampatu da Bocca Stazzona da u diavule, inzergatu da i scherzi di l’abitanti di u Niolu chì di sicuru facia parte Ziu Crisolu, venutu à verificà l’impattu franchendu da Punente à Livante issa spacca tamanta sola accessibile da chjassi di giracapu. Ghjustu à cantu, cascai in ammirazione davanti à a facia Nordu
scura è verticale di a Paglia Orba, cima estetica chì i passaghji d’estatine è d’inguernu, coli
scuscesi à 50 gradi, messi l’uni à cantu à l’altri senza mai framischjassi.
À l’altra punta di a serra vidiu u Capu Biancu chì i giranduloni toccanu solu per via d’una
scappata longa è salvatica aduprendu chjassi è stazzi fora d’usu per mancu di pastori.
Volta è gira, u ventu testardu mi guidò à traversu u Capu Larghja per via d’una spacca
degna d’un zuccatore, nant’à i passi d’issu prufanatore di cime vergine rinumatu ch’ella
porta u nome è chì cunvene cusì bè à a so forma : Felice Von Cube.
Cuntinuai tandu a mo girandulata, cullendu sempre è cuminciendu à risente a mursicatura di u freddu d’altitudine. Ghjè in giru à i 2700 metri chì a mo muta si fì. E mo molecule, di
quelle sciambulate, s’urganizonu in cristalli, imprighjunendu in corpu soiu i cumpunenti
micruscopichi custituendu i mo ramenti zitellini. Ghjè dunque sott’à a forma d’un fioccu
chì ricascai in cima di u Cintu.
Campai ùn socu quantu tempu inde a pace d’un grande silenziu biancu, solu casticata da
2014 - N°251
42
Club Alpin Français
Traduzzione Larenzu BRUNA
u trizinime di schì ribumbendu da u Vallu cunducendu à a cima di a Crucetta.
A neva in fragnu mi fì ripiglià i mo spiriti. Cusì cuntenta, saltai ver di u lagu d’Argentu,
scuntrendu nant’à u mo passaghju i candidati à u puntu u più altu di l’isula cullati da l’alte
valle d’Ascu. Mi tichjai à ogni mumentu senza nisunu ritegnu d’issu flurileghju di muschi
novi di machja : murta , muchju, albitru…empiendu pocu à pocu a mo memoria urganica
d’isse fine particelle prufumate.
Ghjè à u pede di i pinzi di Pupulasca chì finiu a mo girandulata scema, cappiendu nant’à
un scogliu di u Golu in un ultimu schizzu i soli testimonii di a mo esistenza di poca durata,
issu mischju moleculariu di versi pruvenzali è corsi chì fù u cimentu di a mo persunalità.
Le continent vu de Corse
Club Alpin Français
43
N°251 - 2014
Météo
Soirée météo
avec METEO FRANCE au CAF,
Mardi 28 /01/2014
► par La Commission Formation Rando Montagne ◄
Nous savons quelle importance ont, désormais, les prévisions météo (de plus en plus fiables !) dans l’organisation de toutes nos Activités/Montagne.
C’est pourquoi, initialement prévue dans le cadre du programme de Formation Rando
Montagne, cette soirée a été « ouverte » à l’ensemble des Cafistes .
Et, pour la 5ème année consécutive, Didier Fabre et Franck Lannoy de Météo France, nous
ont « offert » ( le terme est juste !) une soirée d’ information.
Formation d’un cumulonimbus ... L’orage n’est pas loin !
Les thèmes abordés sous forme de diaporamas commentés étaient :
- météo générale- météo montagne
- nuages
- orages
- Sortie nivologie (élaboration d’un bulletin d’avalanche).
Une séance très pédagogique et très conviviale, au cours de laquelle Didier et Franck
nous ont fait connaître les bases des prévisions telles qu’elles nous arrivent chaque jour
2014 - N°251
45
Club Alpin Français
Météo
au travers des bulletins météo, mais aussi les phénomènes météo propres à la montagne (inversion des températures, effet de foehn, effet venturi pour le vent, mer de nuages
etc… ).
Ils ont abordé le thème des nuages dont ils nous ont présenté la variété et le danger éventuel (attention à la formation du cumulonimbus annonciateur d’ orage tout proche !).
Ils nous ont rappelé la conduite à tenir à l’approche de l’orage et pendant l’orage (quand
on se déplace ou s’il est impossible de se déplacer).
Enfin, nous avons assisté à l’élaboration méticuleuse d’un bulletin d’avalanche grâce à
des sorties hebdomadaires sur terrain enneigé, des « carottages », l’aide d’observateurs
nivo-météo locaux qui font des relevés bi-quotidiens de paramètres bien définis comme
la température, le temps présent, les hauteurs de neige, la composition du manteau neigeux.
Une bibliographie variée (livres et
sites à consulter) a parachevé cette
somme documentaire… rien, donc,
Merci à Didier, à Frank et à METEO FRANCE
n’a été oublié !
(aéroport de Nice) qui ont bien voulu, en
Une séance riche, qui suppose des
outre, nous laisser copie de leurs diaporamas, envoyés, ensuite, à leur demande, aux heures de travail préparatoire et
une mise à jour constante ! Nous
participants par Internet !
avons eu droit aux bulletins méNous espérons, bien entendu, les revoir …
téo et neige de mercredi et jeudi
Pour une autre séance….
mais …pas plus. Parions qu’ils n’ont
L’année prochaine ?
pas voulu « atteindre notre moral »
puisque la fin de semaine s’est révélée, par la suite, très perturbée !
Club Alpin Français
46
N°251 - 2014