Carbonate de sodium Procédé Solvay à l’ammoniac par Claude BRETON Chef du Centre d’études et de recherche Solvay Carbonate France (Dombasle) 1. 1.1 1.2 1.3 1.4 1.5 Procédé de fabrication ........................................................................... Principe du procédé Solvay ........................................................................ Consommation de matières premières et d’utilités ................................. Description de l’installation. Conditions opératoires ............................... Traitement des effluents.............................................................................. Autres procédés de fabrication .................................................................. J 6 195 - 2 — 2 — 2 — 3 — 3 — 3 2. 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5 Fiche produit ............................................................................................. Propriétés physico-chimiques du carbonate de sodium .......................... Caractéristiques des formes commerciales .............................................. Hygiène et sécurité ...................................................................................... Principales utilisations ................................................................................ Aspects économiques ................................................................................. — — — — — — 5 5 5 5 6 6 Références bibliographiques ......................................................................... — 6 onnu depuis la plus haute Antiquité, le « natron », carbonate de sodium naturel, appelé également « soude », était extrait des cendres de roseaux qui poussaient dans le Bas-Euphrate. À une époque plus récente, les Espagnols produisaient la « soude » par incinération de la salsola ou barilia, plante cultivée sur les terrains salins d’Andalousie. En Bretagne, la « soude » était extraite des cendres d’algues. Cette activité, qui s’est prolongée jusqu’au milieu du XIXe siècle, est à l’origine de la dénomination courante du carbonate de sodium en anglais : « soda ash ». À partir de 1797, le procédé Leblanc a permis la fabrication industrielle du carbonate de sodium et, pendant plus d’un demi-siècle, la « soude Leblanc » n’eut pas de concurrente. En 1863 apparut le procédé Solvay, plus économique, qui entraîna la disparition progressive du procédé Leblanc. La production industrielle du carbonate de sodium par le procédé Solvay a contribué au formidable développement des industries qui font appel à ce produit : verrerie, détergence, métallurgie, chimie. C Pour de plus amples renseignements, le lecteur pourra consulter les références bibliographiques [1] [2] [3] [4]. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 6 195 − 1 CARBONATE DE SODIUM ________________________________________________________________________________________________________________ 1.1 Principe du procédé Solvay Le procédé Solvay utilise comme matières premières le sel ordinaire, NaCl, et le calcaire, CaCO3. L’ammoniac NH3 intervient dans la fabrication du carbonate de sodium, mais ne peut être considéré comme une matière première puisqu’il est totalement régénéré et recyclé. Le procédé peut être résumé par l’équation globale : 2 NaCl + CaCO3 → Na2CO3 + CaCl2 Calacire Fours à chaux (5) Saumure épurée Gaz à 40 % de CO2 Absorption (1) CaO Hydratation de la chaux (6) Cycle NH3 Lait de chaux NH3 qui ne représente toutefois pas une réaction chimique réalisable en pratique. En partant de l’observation que, lors de la mise en contact d’une solution aqueuse saturée en NaCl et préalablement rendue basique avec du gaz carbonique (CO2), on pouvait obtenir de l’hydrogénocarbonate de sodium, le procédé de production du carbonate de soude a été développé selon les 7 étapes qui suivent. Coke Saumure Saumure ammoniacale Carbonatation (2) Slurry de bicarbonate Vapeur Distillation (7) Filtration (3) Liquide résiduaire Bicarbonate brut 1 – Absorption d’ammoniac Une saumure de NaCl est saturée par de l’ammoniac NH3 [provenant de l’opération (7) décrite plus loin], afin de la rendre basique. Gaz à 90 % de CO2 1. Procédé de fabrication On forme ainsi une saumure ammoniacale : NaCl + H2O + NH3 Calcination (4) 2 – Carbonatation de la saumure ammoniacale La saumure ammoniacale est envoyée dans l’installation de carbonatation où elle est mise en contact avec le dioxyde de carbone CO2 issu des opérations (4) et (5). Le dioxyde de carbone et l’ammoniac, en présence d’eau, donnent de l’hydrogénocarbonate d’ammonium : NH3 + H2O + CO2 → (NH4)HCO3 Vapeur Carbonate de sodium Figure 1 – Les grandes étapes du procédé Solvay 7 – Régénération de l’ammoniac L’hydrogénocarbonate d’ammonium et le chlorure de sodium entrent ensuite en double décomposition pour donner du chlorure d’ammonium et de l’hydrogénocarbonate de sodium, traditionnellement connu sous le nom de bicarbonate de sodium : On fait réagir le chlorure d’ammonium recyclé de l’opération (3) avec le lait de chaux résultant de l’opération (6). Cette réaction donne de l’ammoniaque et du chlorure de calcium : (NH4)HCO3 + NaCl → NH4Cl + NaHCO3 2 NH 4 Cl + Ca ( OH ) 2 → 2 NH 4 OH + CaCl 2 Le bicarbonate de sodium, peu soluble dans ces conditions, est obtenu à l’état solide. L’ammoniac est distillé et renvoyé dans l’absorbeur dans lequel est réalisée l’opération (1). 3 – Filtration Le bicarbonate de sodium est séparé du liquide par filtration. L’ensemble de ces opérations est décrit sur le schéma de principe figure 1. 4 – Transformation du bicarbonate en carbonate de sodium Le bicarbonate (NaHCO3), chauffé dans un sécheur, se décompose en carbonate de sodium, en dégageant de l’eau et du dioxyde de carbone : 1.2 Consommation de matières premières et d’utilités 2 NaHCO3 → Na2CO3 + H2O + CO2 Le CO2 qui se dégage est renvoyé à l’étape de carbonatation [opération (2)]. 5 – Cuisson du calcaire Le calcaire est décomposé thermiquement dans un four à chaux et donne du dioxyde de carbone (CO2) et de la chaux vive (CaO) selon l’équation : CaCO3 → CaO + CO2 Le CO2 est envoyé à l’installation de carbonatation [opération (2)]. 6 – Préparation du lait de chaux La chaux vive produite lors de l’opération (5) est hydratée en chaux éteinte et délayée dans un excès d’eau : CaO + H2O → Ca(OH)2 J 6 195 − 2 La production d’une tonne de carbonate de sodium de type soude dense (§ 2.2) nécessite : 1 ,6 t de sel NaCl matières premières 1 ,1 à 1 ,3 t de calcaire CaCO 3 9 à 12 GJ de charbon, coke, mazout ou gaz naturel, utilisés comme combustibles pour le four à chaux [opération (5)] et pour générer la vapeur nécessaire à la distillation de l’ammoniac [opération (7)] et à la calcination du bicarbonate [opération (4)], ainsi que l’énergie électrique nécessaire à la force motrice (compression du gaz, pompes, agitateurs...). La consommation de combustibles est liée au degré d’intégration de l’atelier de fabrication du carbonate de sodium, appelé aussi soudière, avec d’autres fabrications sur le même site. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés ________________________________________________________________________________________________________________ CARBONATE DE SODIUM Le traitement des eaux mères, pour la récupération de l’ammoniac [opération (7)], nécessite de la vapeur basse pression (0,1 à 0,2 MPa) à raison de 1 200 à 1 500 kg par tonne de carbonate de sodium. Les chaudières nécessaires sont généralement prévues pour travailler à pression élevée de façon à permettre la coproduction d’énergie électrique dans des turboalternateurs à contre-pression. L’énergie électrique fournie par les turboalternateurs peut, avec des chaudières à pression limitée, couvrir largement les besoins propres de la soudière. Les compresseurs à gaz pour la carbonatation peuvent être entraînés par des machines à vapeur à contre-pression. Les sites disposent de plus en plus souvent d’installations de cogénération gaz, la vapeur étant utilisée dans le procédé et l’électricité revendue. La réfrigération des appareils nécessaire, suite aux réactions exothermiques mises en jeu (absorbeurs, carbonateurs...), nécessite des quantités d’eau importantes, allant de 20 à 50 m3 par tonne de carbonate de sodium suivant la température de l’eau de refroidissement. 1.3 Description de l’installation. Conditions opératoires ■ Matériaux À l’origine, les appareils de soudière étaient fabriqués en fonte et leurs parois comportaient une importante surépaisseur pour résister à la corrosion. Actuellement, des matériaux plus nobles sont utilisés, tels que l’acier inoxydable pour les colonnes de carbonatation et les filtres, ainsi que le titane pour certaines parties de l’unité de distillation. ■ Installation On se référera au schéma de fabrication représenté figure 2. Le calcaire est calciné dans un four à chaux (A) généralement chauffé au coke et de type vertical. La chaux produite est transformée en lait de chaux dans un dissolveur (B). Le CO2 produit est envoyé dans les colonnes de bicarbonatation (P). Le sel est employé sous forme de saumure obtenue soit directement par sondages, soit par dissolution de sel solide (sel gemme ou sel marin). Cette saumure est épurée dans les appareils (H), (I) et (J), pour éliminer ses sels de magnésium et de calcium (généralement par addition simultanée de lait de chaux et de carbonate de sodium). Puis, la saumure traverse ensuite des laveurs de gaz (L) et les absorbeurs (M), refroidis à l’eau, où elle se charge de l’ammoniac récupéré des eaux mères de filtration. La carbonatation se fait à contre-courant dans des colonnes (P) recevant : — d’une part, à la base, un mélange de CO2 pur (recyclé de la calcination) et de gaz des fours à chaux (à 40 % de CO2 environ) ; — d’autre part, à mi-hauteur, du gaz des fours à chaux seul. Cette séparation permet de disposer d’un débit de gaz minimal pour maintenir le bicarbonate solide en suspension. Cette carbonatation est poussée jusqu’à la précipitation du bicarbonate de sodium, le déplacement de la réaction exothermique dans le sens souhaité étant obtenu par réfrigération de la partie inférieure des colonnes. Pratiquement, la suspension de bicarbonate de sodium est soutirée vers 25 ˚C et le rendement de transformation de NaCl est de l’ordre de 70 à 75 %. La cristallisation s’accompagne d’incrustations des parois et des surfaces réfrigérantes, nécessitant un lavage périodique de ces appareils. Le bicarbonate, séparé de la suspension soit par filtration sous vide soit par essorage, est lavé, puis ensuite calciné. Les calcinateurs (T) sont des sécheurs à tambour tournant, chauffés par des tubes de vapeur noyés dans la masse à calciner. La température de calcination est de l’ordre de 150 à 200 ˚C. Le carbonate de sodium obtenu est stocké dans des silos et livré ensuite à la clientèle, soit en sacs, soit en containeurs souples, soit en vrac (camions ou wagons). Les eaux mères de la filtration sont traitées pour en récupérer l’ammoniac. Un entraînement à la vapeur du CO2 en excès précède un traitement à la chaux dans le réacteur (D) puis un entraînement à la vapeur de l’ammoniac ainsi libéré dans la colonne de distillation (E). Ce sont les gaz de ce dernier appareil qui sont utilisés pour l’entraînement du CO2. Le traitement du liquide résiduaire est fonction des réglementations locales en matière d’environnement. Ce liquide peut, par ailleurs, servir à la fabrication de chlorure de calcium. ■ Investissements L’implantation en site vierge d’une soudière à l’ammoniac nécessite un investissement très important que l’on chiffre, pour une production de 1 000 kt/an, à environ 600 millions d’euros en 2000, pour la totalité des installations (soudière, carrière de calcaire, sondages de sel, traitement des effluents), hors production d’énergie. 1.4 Traitement des effluents L’effluent de la soudière est une solution contenant le chlorure de calcium formé par la réaction globale et du chlorure de sodium n’ayant pas réagi, avec, en suspension, des matières solides constituées par les impuretés contenues dans les matières premières utilisées (sel et calcaire). Il s’agit donc de matières minérales non toxiques n’ayant pas d’influence défavorable sur l’environnement. La solution résiduaire est évacuée (vers la mer ou les rivières) dans les conditions prescrites par les réglementations locales en matière d’environnement. Dans certains cas, une partie de la solution est évaporée pour récupérer le sel et produire du chlorure de calcium. Il n’y a pas de rejets gazeux autres que l’azote de l’air introduit aux fours à chaux, l’ammoniac étant entièrement récupéré par le lavage de l’azote rejeté, au moyen de la saumure fraîche. 1.5 Autres procédés de fabrication ■ Trona Du minerai de trona (sel mixte de carbonate et bicarbonate de sodium) est disponible dans le sous-sol (par exemple dans le Wyoming aux USA) ou dans des lacs asséchés [Searles Lake (Californie), Magadi Lake (Kenya), Sua Pan (Bostwana)]. ● Trona du sous-sol Le trona extrait des mines est traité selon les opérations suivantes : — extraction mécanique du minerai ; — calcination du trona (sesquicarbonate) pour obtenir un carbonate de calcium impur ; — dissolution du trona calciné avec décantation et filtration de la solution (épuration en insolubles et organiques) ; — envoi de la solution purifiée dans des évaporateurs où l’on cristallise du monohydrate de carbonate de sodium. Ce slurry de monohydrate est concentré par centrifugation avant d’être séché pour obtenir le carbonate de sodium vendable. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 6 195 − 3 CARBONATE DE SODIUM ________________________________________________________________________________________________________________ Calcaire Saumure vierge (NaCl) Na2CO3 , Ca (OH)2 Coke (*) CO2 Incuits (**) D Eau H F I J A four à chaux A Eau CaO B dissolveur à chaux C D E F G H G B E Vapeur Air Effluents C NH3 , CO2 Purge Saumure épurée I J L M N Air X W Air X L L Eaux mères O P L W R S T U V Eau CO2 M O P V W pompes à vide X compresseurs CO2 U Vapeur Eau Eau R T N Eau réservoir à lait de chaux réacteur à lait de chaux colonne de distillation condenseur réfrigérant (gaz NH3) réacteur de l'épuration de saumure digesteur décanteur laveurs de gaz colonne d'absorption réfrigérant (saumure ammoniacale) colonne de carbonatation colonne de bicarbonatation (précipitation du bicarbonate de sodium) filtre (ou essoreuse) réservoir à eaux mères sécheur (calcination) dépoussiéreur réfrigérant (gaz CO2) Carbonate de sodium léger NaHCO3 Eau S (*) Le coke (ou autre combustible) introduit dans A ne constitue qu'une partie du combustible consommé. Le reste sert à générer la vapeur introduite dans E et dans T. Le combustible introduit dans le four à chaux assure la formation d'un supplément de CO2 en plus de celui généré par la décomposition du calcaire. Ce supplément permet de boucler le bilan en CO2 de la soudière en compensant les pertes de gaz. (**) Les incuits sont constitués par les particules de calcaire qui n'ont pas été décomposées en chaux au passage dans le four. Il n'y a pas de cendres séparées à la sortie du four à chaux ; les impuretés du calcaire et du combustible se retrouvent mélangées à la chaux vive. Figure 2 – Schéma de fabrication du carbonate de sodium J 6 195 − 4 Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés ________________________________________________________________________________________________________________ CARBONATE DE SODIUM ● Trona d’origine lacustre Le trona provenant des lacs est traité de la façon suivante : — dissolution du trona ; — carbonatation de la solution pour obtenir un précipité de bicarbonate de sodium ; — filtration du slurry ; — calcination du bicarbonate en carbonate de sodium avec recyclage du CO2 à l’étape de carbonatation. ■ Nahcolite une poudre blanche de diamètre médian voisin de 300 à 400 µm et de masse volumique apparente voisine de 1 000 kg/m3. La « soude dense » a été spécialement mise au point pour l’industrie verrière et la métallurgie et représente aujourd’hui la qualité la plus demandée sur le marché. ■ Analyse type Ces deux produits ne différent que par leur morphologie, mais sont identiques du point de vue chimique. Une analyse type des deux variétés de carbonate de sodium est donnée tableau 2. Un dépôt de nahcolite (bicarbonate) a été trouvé à Piceance Creek au Colorado (USA) et une installation industrielle de production de carbonate de sodium a été construite sur ce gisement. Les étapes du procédé sont les suivantes : — dissolution par injection d’eau chaude ou d’eaux mères dans le gisement ; — débicarbonatation de la solution par chauffage ; — cristallisation dans des évaporateurs de monohydrate de carbonate de sodium ; — concentration du slurry par centrifugation et transformation du monohydrate en carbonate de sodium par séchage. 2. Fiche produit 2.1 Propriétés physico-chimiques du carbonate de sodium Le carbonate de sodium se présente sous la forme d’une poudre blanche, cristalline et inodore. Masse moléculaire : 105,994. (0) Tableau 2 – Composition du carbonate de sodium commercial Composition Teneur (% en masse) Na2CO3 NaCl 99,5 0,1 à 0,3 Na2SO4 0,03 Fe2O3 0,001 CaO 0,02 MgO 0,008 H2O résiduel 0,2 Insoluble dans l’eau 0,02 2.3 Hygiène et sécurité ■ Précautions d’emploi Température de fusion : 851 ˚C (1 124 K). Masse volumique intrinsèque à 20 ˚C : 2 532 Le carbonate de sodium n’est ni toxique, ni corrosif. Cependant, ses poussières peuvent provoquer une irritation passagère de la peau et des muqueuses du nez, de la gorge ou des yeux. Le port de masques légers à tampons filtrants et de lunettes permet d’éviter ces inconvénients. kg/m3. Capacité thermique massique à 25 ˚C : 1,042 kJ · kg−1 · K− 1. Enthalpie de fusion : 316,1 kJ/kg. Enthalpie de formation à 25 ˚C : 10,47 × 103 kJ/kg. Le carbonate de sodium est très soluble dans l’eau (solubilité maximale : 332,1 g de Na2CO3 par kilogramme de solution à 35,37 ˚C soit 448 g par litre de solution). En cas de projection de carbonate de sodium dans les yeux, on procédera à un lavage à grande eau et on recourra aux soins d’un ophtalmologue. On trouvera dans le tableau 1 quelques valeurs caractéristiques de la solubilité du carbonate de sodium dans l’eau. En milieu humide, la présence simultanée de poussières de carbonate de sodium et de chaux peut favoriser la formation de soude caustique susceptible de causer des brûlures : le personnel exposé à ce risque devra porter des lunettes étanches, des vêtements protecteurs et des masques filtrants. (0) Tableau 1 – Solubilité du carbonate de sodium dans l’eau Température ........................... (˚C) 10 32 35,3 90 Solubilité ...........(g/kg de solution) 108 315 332 308 Phrases de sécurité : S22 (ne pas respirer les poussières), S26 (en cas de contact avec les yeux, laver immédiatement et abondamment avec de l’eau et consulter un spécialiste). Phrase de risque : R36 (irritant pour les yeux). 2.2 Caractéristiques des formes commerciales ■ Risques d’inflammation et d’explosion ■ Carbonate de sodium léger de type « soude légère » ■ Stockage et manutention Cette dénomination s’applique au produit obtenu directement à la sortie de la soudière sous forme d’une poudre blanche de diamètre médian voisin de 100 µm et de masse volumique apparente voisine de 500 kg/m3. ■ Carbonate de sodium dense de type « soude dense » Il s’agit de la variété obtenue par recristallisation en carbonate de sodium monohydraté, puis calcination dans un four tournant. C’est Le carbonate de sodium n’est ni inflammable, ni explosif. Il ne présente donc aucun risque d’incendie ou d’explosion. Le carbonate de sodium peut être stocké en sacs de 25 kg, en conteneurs souples de 1 000 kg ou, mieux, en vrac. Le stockage en vrac doit s’effectuer à l’abri de l’air humide dans des silos métalliques ou en béton, à fond conique métallique équipé d’extracteurs pneumatiques ou mécaniques. Dans ce cas, la manutention s’effectue par convoyeurs à courroie ou à palettes, ou par transport pneumatique. Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés J 6 195 − 5 CARBONATE DE SODIUM ________________________________________________________________________________________________________________ 2.4 Principales utilisations botage de dioxyde de soufre SO2 dans une solution de carbonate de sodium, selon les réactions suivantes : Avant de citer ses multiples usages, il convient de rappeler que le carbonate de sodium fabriqué par le procédé Solvay à l’ammoniac est d’une pureté particulièrement élevée pour un produit industriel de grande consommation. Par ailleurs, il est très soluble (cf. § 2.1), ce qui, dans bien des cas, facilite sa mise en œuvre et simplifie les processus chimiques où il intervient. ■ Caractéristiques chimiques Les applications du carbonate de sodium dérivent du fait que l’on peut faire appel à lui comme réactif alcalin, comme source d’oxyde de sodium Na2O et de dioxyde de carbone CO2, ou comme simple électrolyte. ● Source d’oxyde de sodium Le carbonate de sodium est utilisé pour sa teneur en Na2O et pour les propriétés de fondant qui en découlent, dans la fabrication du verre et des silicates, ainsi qu’en métallurgie. En effet, Na2O permet la formation du verre en diminuant considérablement la température de fusion du mélange vitrifiable à base de silice. ● Réactif alcalin Le carbonate de sodium est employé pour la neutralisation des acides et des sels d’acides minéraux et organiques, cette neutralisation pouvant avoir pour but : — le maintien du pH à une valeur bien déterminée au cours d’un processus libérant des acides, comme dans certains cas de fabrication des pâtes de bois, par exemple ; — la préparation des sels sodiques des acides : phosphates, nitrates, chromates et bichromates, citrates, tartrates, sels d’acides gras, etc. ● Source d’oxyde de sodium et de dioxyde de carbone Dans les usages précédemment cités, le carbonate de sodium est décomposé avec dégagement de CO2. Dans d’autres cas, cependant, le CO2 libéré (ou l’anion CO 32– ) est utilisé directement. Citons notamment : Na2CO3 + SO2 → Na2SO3 + CO2 CO2 + Na2CO3 + H2O → 2 NaHCO3 ● Électrolyte à action fluidifiante Le carbonate de sodium a un effet fluidifiant sur certaines suspensions minérales, propriété mise à profit notamment dans l’industrie céramique et en cimenterie. ■ Secteurs d’application Les différents secteurs d’application sont : — l’industrie du verre : verre à vitres, dit verre plat, actuellement obtenu par le procédé float Glass, et verre à bouteilles, flacons et pots industriels, dit verre d’emballage, ainsi que gobeleterie, verres spéciaux (TV, lampes...) et fibres de renfort et d’isolation ; — la fabrication de produits chimiques : bicarbonate de sodium raffiné et pharmaceutique, silicates de sodium, phosphates sodiques, percarbonate de sodium utilisé comme agent de blanchiment dans les poudres à laver, bichromate de sodium, sulfite et métabisulfite de sodium, engrais à base de nitrate de soude synthétique, bentonites sodiques artificielles utilisées en fonderie et en génie civil, etc. ; — la détergence : le carbonate de sodium est un constituant des poudres à laver sans phosphate ; — les industries des savons, des colorants, des graisses et du ciment ; — la sidérurgie : pour la désulfuration de la fonte au convertisseur ; — la métallurgie des non-ferreux : traitement des minerais d’uranium et de chrome, métallurgie du cobalt, du tungstène, du vanadium et du nickel ; — la fabrication de l’alumine à partir de la bauxite : le carbonate de sodium peut, dans certains cas, être utilisé à la place de la soude caustique ; — la fabrication de la pâte à papier ; — l’adoucissement de l’eau ; — les industries alimentaires. — les réactions de double décomposition, par exemple pour l’élimination de la dureté permanente des eaux : 2.5 Aspects économiques CaSO4 + Na2CO2 → CaCO3 + Na2SO4 — des réactions plus complexes, par exemple la préparation de la liqueur de cuisson du bois selon le procédé au sulfite neutre : cette liqueur, consistant généralement en une solution de sulfite neutre de sodium et de bicarbonate de sodium, peut être fabriquée par bar- Le lecteur se reportera aux pages [J 6 690] dans ce même volume. Références bibliographiques [1] BRAUNE (G.) et SCHNEIDER (H.). – Kali-Chemie AG. Natriumcarbonat und Natriumhydrogenocarbonat. Ullman Enzyclopädie, Band 17, p. 159-165. J 6 195 − 6 [2] RANT (Z.). – Die Erzeugung von Soda. Ferdinand Enke Verlag, Stuttgart (1968). [3] HOU (T.P.). – Manufacture of soda. Rheinhold Publishing Corp., New York (1969). [4] MIKULIN (G.) et POLJAKOV (I.K). – Die Distillation in der Sodaerzeugung. Leningrad (1956). Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite. © Techniques de l’Ingénieur, traité Génie des procédés
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