"Un ciel pâle, sur le monde qui finit de décrépitude, va peut-être partir avec les nuages : les lambeaux de la pourpre usée des couchants déteignent dans une rivière dormant à l'horizon submergé de rayons et d'eau... Bulletin de la Librairie Plantureux ...Dans le silence inquiet de tous les yeux suppliant là-bas le soleil qui, sous l'eau, s'enfonce avec le désespoir d'un cri, voici le simple boniment : BTP-04 (2015) — Nulle enseigne ne vous régale du spectacle intérieur, car il n'est pas maintenant un peintre capable d'en donner une ombre triste. " au sommaire du numéro 04 : Livres et épreuves photographiques choisies Publications à paraître Recherches en cours, appel à contributions n°28 Un bal aux studios Robespierre Stéphane Mallarmé et la photographie Les couvertures auxquelles vous avez échappé Télétransmis à 15h15 le lundi 26 janvier 2015 depuis les Studios Robespierre Le bulletin propose des livres, des albums, des photographies et des documents anciens tels qu’ils nous ont été transmis par les auteurs et les amateurs des générations passées. Les descriptions matérielles, attributions, provenances, lieux et dates d’impression des livres et des photographies ont été soigneusement établis à l’aide de collations et de confrontations avec d’autres exemplaires ou des échantillons comparables (phototèque). Le BTP devient hebdomadaire en cette nouvelle année 2015 Le quatrième numéro de cette nouvelle série a été télétransmis lundi 26 janvier 2014 à 15h15 (méridien de Paris) il comporte 07 articles, une idée par jour. English captions are printed in old red. Le parti pris est de présenter dans l’ordre chronologique des photographies et des livres du monde entier. C’est le privilège des choses anciennes et authentiques de pouvoir être présentées ainsi mettant en lumière la succession des idées et des créations. Tous les bulletins restent disponibles sur notre site : www.photoceros.com / BTP Tous les articles proposés sont garantis disponibles à l’instant de la transmission. Les prix sont libellés en euros. Les règlements par le moyen d’un compte paypal sont acceptés. La priorité est donnée au premier achat ferme, confirmé par email à Prochaines télétransmissions : lundi 02 février, lundi 09 février, lundi 16 février, lundi 23 février Pour s’inscrire et recevoir le bulletin au format pdf, aisément imprimable, ou pour faire des remarques et des suggestions : Correspondance in Russian, Italian, Spanish or English : [email protected] Téléphone (de 10 à 17h) : (+33) 1.43.60.71.71 [email protected] Serge Plantureux Expert près la Cour d’Appel de Paris Studios Robespierre 71 rue Robespierre 93100 Montreuil Semaine 4 : janvier-février 2015 26 Week 4 : January-February 2015 Félix Bracquemond (1833-1914) Charles Baudelaire gravé d’après nature Paris, Alliance des arts, 1861 Épreuve gravée, troisième état, signée et titrée à la pointe, 146x100 mm. Intéressante épreuve publiée comme une estampe populaire par l’Alliance des Arts et l’éditeur Marchant, bd Saint-Martin, vendue séparément alors que le portrait gravé figure généralement en frontispice du volume de la précieuse seconde édition des Fleurs du Mal. Nous savons aujourd’hui qu’une séance de pose et de crayon a bien eut lieu pour le plus grand plaisir du poète qui la mentionne dans une lettre à PouletMalassis de janvier 1861. Mais le graveur, par la suite, a manifestement calqué et regravé une épreuve photographique d’un portrait pris par Nadar peu avant (Nicéphore, portraits phot. de Baudelaire, n°2.3) Références bibliographiques : Henri Beraldi, Les Graveurs du XIXe siècle, III Bracquemond, Paris, Conquet, 1885. Notice 10. Baudelaire, gravé d'après nature. — De trois quarts à droite ; visage glabre , cheveux longs et rejetés en arrière. — Signé Bracquemond. Dans la marge inférieure , à la pointe , le nom Charles Baudelaire. In-18 carré.— 1861. Pour la seconde édition des Fleurs du Mal. 1er état. Avant la lettre. 2nd. Avec la lettre. 3e. Publié par l'Artiste et par l'Alliance des Arts. 200 euros Bracquemond fit croire au poète qu’il faisait son portrait d’après nature Semaine 4 : janvier-février 2015 27 Week 4 : January-February 2015 Cercle d’Émile Guimet Déménagement du Musée Guimet Lyon, vers 1888 Épreuve d’époque sur papier citrate, 105x150 mm On peut lire avec une loupe sur l’affiche de l’escalier: “Musée Guimet”. Le musée des religions rêvé et construit par Émile Guimet à Lyon, 28 boulevard des Belges, est inauguré le 30 septembre 1879 par Jules Ferry. Mais le musée et l’école de langues voient la fréquentation s’écrouler dès 1882 et le batiment est mis aux enchères quelques années plus tard. Mais déjà dès 1883 Émile Guimet s’est tourné vers l’idée d’un musée à Paris, où il avait accumulé une partie de ses collections d'art asiatique et le musée Guimet de Paris est prêt pour l’exposition de 1889. (Cf. Hervé Beaumont, Les Aventures d'Emile Guimet (1836-1918), un industriel voyageur, Flammarion). Point de vue inhabituel : l’objectif est au ras du sol 100 Semaine 4 : janvier-février 2015 28 Week 4 : January-February 2015 Paul Nadar (1856-1939) Portrait de Stéphane Mallarmé Paris, [1896] Épreuve argentique documentaire non retouchée du début du XXe siècle, recadrée par rapport au négatif au format “paysage”, annotée au verso. Ce portrait a été abondamment analysé et commenté, non seulement il représente le poète français le plus méfiant face à la photographie (Cf. Jérôme élot sur “Le Phénomène futur”), mais il est aussi curieusement l’un des premiers où un écrivain est representé plume à la main dans son acte d’écrire (Cf. Pascal Durand, De Nadar à Dornac, Hexis corporelle et figuration photographique de l’écrivain, Contextes, 2014). Cette épreuve du début du XXe siècle est très grise, elle n’est qu’une épreuve de travail et elle n’est rendue précieuse que par sa provenance car la main qui a tracé au verso le nom “St. Mallarmé” n’est autre que celle de son “disciple bien-aimé et bien-aimant”, Paul Valéry. 900 euros de la main de Paul Valéry un médiocre tirage peut illuminer le mur d’une bibliothèque Semaine 4 : janvier-février 2015 29 Week 4 : January-February 2015 Marius, Carpin Successeur Maternité privée Paris, 1897 Épreuve d’époque au gelatinochlorure d’argent, 180x240 mm, tampon sur l’image. Le bonheur de voir le nom du bienfaiteur offert aux jeunes yeux qui s’éveillent à la vie. 150 euros Dès leur plus jeune âge les jeunes français pourront être reconnaissant aux bienfaiteurs qui ont financé les berceaux Semaine 4 : janvier-février 2015 30 Week 4 : January-February 2015 Hale’s Studio (125 State Street) My Mamma Uses Laurel Flour New London CT and Branches everywhere, 1890’s Épreuve aristotype d’époque sur carton publicitaire au format “Cabinet”, 108x165 mm. Matte colodion cabinet card photograph (4¼ by 6½ inches). Two comparable compositions known in public collection, a boy and another a girl wearing My Mamma Uses Laurel Floor signs, photographed by the firm Stern and Sons, Milwaukee, Wisconsin. 150 euros A lovely strong example of retail merchandising efficiency Semaine 4 : janvier-février 2015 31 Mark Markov-Grinberg (1907-2006, attr.) “Économie collective en Russie Blanche” Soyouzfoto, 1930 Épreuve argentique d’époque sur papier sovietique, 175x225 mm, légende ronéotypée sur une étiquette collée au verso, tampon d’agence occidentale. La légende au verso est rédigé dans un français bien aproximatif, elle crédite la photographie au reporter “Markov” de Soyouz-Foto, que nous avons identifié avec Mark Markov-Grinberg, auteur de plusieurs reportages en Biélorussie à l’époque. 400 éuros Week 4 : January-February 2015 Semaine 4 : janvier-février 2015 32 Week 4 : January-February 2015 Cercle de Jorge González Camarena (1908-1980) Sobre inauguration de “Presencia de América Latina” Concepción, Chile, 1965 Épreuve argentique d’époque, panoramique , 140x353 mm, trace de repères pour la photogravure, légende au crayon rouge au verso. Presencia de América Latina, también conocido como Integración de América Latina, es un mural de 300 metros cuadrados, pintado en acrílico sobre estuco áspero, por el artista mexicano Jorge González Camarena entre noviembre de 1964 y abril de 1965. La obra está ubicada en el vestíbulo de acceso de la Casa del Arte de la Ciudad Universitaria de Concepción, Chile, y su temática principal, de fuerte carácter simbólico, es la unidad y fraternidad de las distintas culturas latinoamericanas... “La verdad es que fue toda una cosa bien extraña la que se generó alrededor de este edificio que iba a ser una escuela de arte, en un principio, gracias a una donación del gobierno mexicano. Pero ya la Pinacoteca estaba en formación, con la colección de la Generación del 13. Se hicieron varios proyectos. El mural primero se había ofrecido para Valdivia, que no aceptó por esas tonterías que cometen los burócratas” (Albino Echeverría, artista plástico y carpintero). 300 euros la sobriété de la cérémonie dans un si grand espace ajoute à l’énigme de cette photographie Carnet de 48 pages, vendu port compris : 10 euros En préparation Une enquête sur les peintres muralistes mexicains, sur Émile Bernard, Paul Gauguin et le mouvement synthétiste, sur les travaux communs de Bayard et Ziegler. Réservez votre soirée du samedi 07 mars 2015 7 mars 1765 - 7 mars 2015. Bal aux Studios Robespierre et grande fête pour célébrer Nicéphore, pour le 250e anniversaire de la naissance de Joseph Niépce, le 07 mars 1765. Moscow 1932 STREET ART BEGUINS and Urban Propaganda Soviet Artists and Urban Propaganda, Steet Art Beguins, Moscow, 1932 (Agit-Prop Slogans et affiches politiques dans les rues de Moscou en 1932, photographiées par les “pionniers” de la photographie soviétique. Soviet artists À paraître le mois prochain Prochaines publications Soviet Artists and Urban Propaganda Agenda MOSCOW 1932 Le Phénomène futur Le Phénomène futur STÉPHANE MALLARMÉ : LE PHÉNOMÈNE FUTUR (1864) comprendre, mais d'autres navrés et la paupière humide de larmes résignées se regarderont; tandis que les poëtes de ces temps, sentant se rallumer leurs yeux éteints, s'achemineront vers leur lampe, le cerveau ivre un instant d'une gloire confuse, hantés du Rythme et dans l'oubli d'exister à une époque qui survit à la beauté. Un ciel pâle, sur le monde qui finit de décrépitude, va peut-être partir avec les nuages : les lambeaux de la pourpre usée des couchants déteignent dans une rivière dormant à l'horizon submergé de rayons et d'eau. Les arbres s'ennuient et, sous leur feuillage blanchi (de la poussière du temps plutôt que de celle des chemins), monte la maison en toile du Montreur de choses passées : maint réverbère attend le crépuscule et ravive les visages d'une malheureuse foule, vaincue par la maladie immortelle et le péché des siècles, d'hommes près de leurs chétives complices enceintes des fruits misérables avec lesquels périra la terre. Dans le silence inquiet de tous les yeux suppliant là-bas le soleil qui, sous l'eau, s'enfonce avec le désespoir d'un cri, voici le simple boniment : – "Nulle enseigne ne vous régale du spectacle intérieur, car il n'est pas maintenant un peintre capable d'en donner une ombre triste. J'apporte, vivante (et préservée à travers les ans par la science souveraine) une Femme d'autrefois. Quelque folie, originelle et naïve, une extase d'or, je ne sais quoi! par elle nommé sa chevelure, se ploie avec la grâce des étoffes autour d'un visage qu'éclaire la nudité sanglante de ses lèvres. À la place du vêtement vain, elle a un corps; et les yeux, semblables aux pierres rares, ne valent pas ce regard qui sort de sa chair heureuse : des seins levés comme s'ils étaient pleins d'un lait éternel, la pointe vers le ciel, aux jambes lisses qui gardent le sel de la mer première." Se rappelant leurs pauvres épouses, chauves, morbides et pleines d'horreur, les maris se pressent : elles aussi par curiosité, mélancoliques, veulent voir. Quand tous auront contemplé la noble créature, vestige de quelque époque déjà maudite, les uns indifférents, car ils n'auront pas eu la force de Ce poème en prose est envoyé par Stéphane Mallarmé en mars 1865 à Bruxelles à Henri Cazalis qui le lit à Baudelaire. Le poète en exil note alors: “Un jeune écrivain a eu récemment une conception ingénieuse, mais non absolument juste. Le Monde va finir. L’humanité est décrépite. Un Barnum de l’avenir montre aux hommes dégradés de son temps une belle femme des anciens âges, artificiellement conservée. «Eh quoi, disent-ils, l’humanité a pu être aussi belle que cela ?» Je dis que cela n’est pas vrai. L’homme dégradé s’admirerait et appellerait la beauté laideur...” (Fusées. Mon coeur mis à nu). Yves Bonnefoy a marqué avec force l'importance de cette note dans sa conférence Baudelaire parlant à Mallarmé. Le débat est lancé, Baudelaire et Mallarmé s’accordent à lier la décrépitude de l’art à la multiplication des images factices et la fin de l’appétit des hommes à l’offre surabondante de reproductions inanimées. mais quand Mallarmé s’alarme, Baudelaire est convaincu que les hommes en meute s’en satisferont. La fin annoncée de leur monde apparaît comme une conséquence indirecte de l’invention de la photographie. L’industrie s’en est vite emparée pour créer les conditions de la société du spectacle, mais si la photographie est cause de tous les maux, elle peut permettre à son tour la transmission du désir et de la curiosité. Ce qu’Yves bonnefoy annonce dans l’Artiste du Dernier jour. (NDLR : Stéphane Mallarmé envoie aussi ce poème en prose en 1867 à Villiers de l’Isle Adam qui refuse de la publier). Les couvertures auxquelles vous avez échappé Les couvertures auxquelles vous avez échappé Bulletin de la Librairie Plantureux Bulletin de la Librairie Plantureux BTP-04 (2015) BTP-04 (2015) n°30 Télétransmis à 15h15 le lundi 26 janvier 2015 depuis les Studios Robespierre n°32 Télétransmis à 15h15 le lundi 26 janvier 2015 depuis les Studios Robespierre
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