Journal cinématographique Programme n° 195, février – mars 2015 Association Passion Cinéma | CP 1676, CH-2001 NEUCHATEL | +41 32 723 77 00 | [email protected] | www.passioncinema.ch On va bien déguster!... Neuchâtel Cinéma Apollo ou Bio La Chaux-de-Fonds EN PREMIÈRE SuISSE LE MERAvIGLIE Cinéma Scala de Alice Rohrwacher Me 18 – Ma 24 fév. à 18h EN PREMIÈRE vISIoN IL CAPItALE uMANo EN AvANt-PREMIÈRE BuoNI A NuLLA de Paolo Virzì Me 18 – Ma 24 fév. à 18h de Gianni di Gregorio En présence du réalisateur dimanche 22 février à 14h30 SéANCE SPéCIALE LE FEStIN DE BABEttE de Gabriel Axel Dimanche 22 février à 10h30 EN PREMIÈRE SuISSE LE DERNIER LouP de Jean-Jacques Annaud Me 25 fév. – Ma 3 mars à 15h, 17h45 et 20h30 EN PREMIÈRE SuISSE BuoNI A NuLLA de Gianni di Gregorio Me 4 – Ma 10 mars à 18h15 EN PREMIÈRE SuISSE StILL ALICE de Richard Glatzer & Wash Westmoreland Me 11 – Ma 17 mars à 18h et 20h30 EN PREMIÈRE SuISSE PhoENIx de Christian Petzold Me 18 – Ma 24 mars à 18h «Le Meraviglie» de Alice Rohrwacher EN PREMIÈRE SuISSE LE DERNIER LouP de Jean-Jacques Annaud Me 25 fév. – Ma 3 mars à 15h, 17h45 et 20h30 SéANCE SPéCIALE LE FEStIN DE BABEttE de Gabriel Axel Dimanche 1er mars à 10h30 EN PREMIÈRE SuISSE ChAPPIE de Neill Blomkamp Me 4 – Ma 10 mars à 15h15, 17h45 et 20h15 EN PREMIÈRE SuISSE StILL ALICE de Richard Glatzer & Wash Westmoreland Me 11 – Ma 17 mars à 18h et 20h30 EN PREMIÈRE SuISSE PhoENIx de Christian Petzold Me 18 – Ma 24 mars à 18h Horaires sous réserve de modifications: consultez les sites www.cinepel.ch ou www.passioncinema.ch En partenariat avec le Programme Alimentation & Activité physique, Passion Cinéma présente 8 films pour mieux savourer notre rapport à la société, à la consommation et à la vie… des pirouettes du très bon vivant Gianni di Gregorio dans «Buoni a nulla», proposé en présence de l’acteur et réalisateur italien, aux merveilles de la nature dans «Le Meraviglie», Grand Prix à Cannes, en passant par la consommation des maux de «Still Alice», l’atmosphère très vorace de «Il Capitale umano», la renaissance de «Phoenix», la société de surconsommation de «Chappie» et l’aventure écologique du «Dernier Loup», sans oublier l’inoubliable et rapicolant «Festin de Babette», présenté en matinale par Passion Cinéma! «Still Alice» de Richard Glatzer & Wash Westmoreland «Le Festin de Babette» de Gabriel Axel En présence du réalisateur Rome 2014, sélection officielle BuoNI A NuLLA de Gianni di Gregorio avec Gianni di Gregorio, Anna Boianuto, Marco Mazorca, etc. L’acteur et réalisateur Gianni di Gregorio est l’un des rares et tendres continuateurs de la comédie dite «à l’italienne» dont les Risi, Comencini, Monicelli et autre Scola furent les rieurs inoubliables. Après le très délectable «Déjeuner du 15 août» (2008), à la table duquel il invitait de charmantes vieilles dames à dîner en échange de rabais substantiels sur quelques factures restées en souffrance, et «Gianni et les femmes» (2011), où il faisait un joyeux sort à la réputation de «latin lover» un brin usurpée par ses compatriotes, le coscénariste de «Gomorra» (2008) brocarde dans «Buoni a nulla» un monde du travail peu propice à l’épanouissement personnel. A six mois de la retraite, le gentil Gianni va jusqu’à esquiver les passages pour piétons, par peur de fâcher les automobilistes qui n’en ont cure. Parvenu sain et sauf au bureau, il apprend qu’il va devoir travailler trois ans de plus, suite à une modification de la loi sur les pensions. Pis encore, on l’envoie jouer ces prolongations dans un bureau situé à la périphérie de Rome et pourvue d’une cantine innommable. Se réjouissant de la triste nouvelle, sa fille fait tout pour accaparer son appartement trop bien centré. Conseillé par un dentiste qui se pique de psychologie, Gianni va devoir apprendre à dire non… A la façon d’un Tati méridional, Di Gregorio raille avec subtilité une société décervelée, qui se soucie de ses membres comme d’une guigne! A savourer sans modération. BONS À RIEN, Italie, 2014, couleur, 1h27 Hawaï 2014, Meilleure actrice | Seville 2014, Prix du public Donatello 2014, sept prix dont celui du Meilleur film et de la Meilleure actrice | Tribeca 2014, Meilleure actrice IL CAPItALE uMANo de Paolo Virzì avec Valeria Bruni Tedeschi, Fabrizio Bentivoglio, Valeria Golino, etc. Entre comédie amère et drame grinçant, «Il Capitale humano» de Paolo Virzì (sorti en France sous le titre «Les Opportunistes) brosse une fresque sociale qui décrit la façon dont l’Italie a été vidée de ses richesses par des êtres pathétiques qui s’entredévorent tels les requins de Brecht! A la veille de Noël, un serveur est renversé par une voiture dont le conducteur prend la fuite… Six mois auparavant, Dino Ossola, un petit agent immobilier en proie à des soucis financiers, dépose sa fille devant la villa luxueuse de son petit ami Maximiliano et en profite pour faire connaissance avec le père richissime de ce dernier, qui détient un fonds spéculatif. Adaptant un roman acéré de l’écrivain américain Stephen Amidon, le réalisateur de «La Prima Cosa bella» (2011) va faire le lien entre ces deux événements en adoptant tour à tour le point de vue de trois de ses personnages. Grâce à cette structure narrative qu’il maîtrise à merveille, Virzì démontre la compréhension lacunaire que les uns ont des autres, du mépris à l’inconscience, voire la simple ignorance. S’appuyant sur des comédiens remarquables de justesse, dont Valeria Bruni Tedeschi sublime en grande-bourgeoise sensible œuvrant pour la culture, il réussit un portrait en coupe inquiétant de l’Italie contemporaine, tiraillée entre ses rêves de réussite sociale et la médiocrité morale de ses «opportunistes». l’importance des valeurs communautaires, mais surtout la puissance du rapport qui lie les bergers aux loups des steppes. Fasciné par cette dévotion mêlée de crainte, il décide d’adopter et d’élever un louveteau… Grand spécialiste des films avec des animaux «bigger than life», Jean-Jacques Annaud s’est consacré à plusieurs reprises à la vie sauvage, qu’il s’agisse de «L’Ours» (1988), dans lequel il nous liait à un ourson orphelin, ou «Deux frères» (2004), l’histoire d’une fraternité féline mise à mal par l’homme. Avec «Le Dernier Loup», adapté du best-seller de l’écrivain chinois Jiang Rong, le réalisateur de «Sept ans au Tibet» (1997) s’essaie pour la première fois à la 3D et réussit un très beau film d’aventures au cœur des grands espaces mongols. Egrené en toile de fond, le discours écologique du cinéaste apporte une nouvelle pierre à l’édifice de la protection de la nature. Le récit d’une amitié inédite et un grand spectacle de cinéma! LES OPPORTUNISTES, Italie / France, 2014, couleur, 1h50 WOLF TOTEM, Chine / France, 2015, couleur, 1h59 ChAPPIE de Neill Blomkamp BAFTA 1989, Meilleur film non-anglophone Oscars 1988, Meilleur film étranger avec Hugh Jackman, Sigourney Weaver, Dev Patel, etc. Dans un futur plus ou moins proche, alors qu’une brigade de police robotisée fait régner l’ordre sur Terre, deux criminels enlèvent un androïde avant de le confier à un jeune scientifique un brin subversif. Entièrement reprogrammé, Chappie le robot est désormais doté de sentiments humains et d’une personnalité à part entière. Las, sous un régime autoritaire, la faculté de penser et de ressentir représente une sérieuse menace, au point de tout faire pour l’anéantir… Avec «District 9» (2009), le réalisateur sud-africain Neill Blomkamp a fait une entrée fracassante dans l’univers de la science-fiction en ghettoïsant des «crevettes», alias des extraterrestres, à Johannesburg. En 2013, il remettait le couvert dans «Elysium», où il décrit l’exil de nantis sur une station orbitale luxueuse, alors que leurs frères humains déclassés vivent un véritable enfer sur une Terre dévastée. Avec «Chappie», un titre qui rappelle ironiquement une fameuse marque américaine de nourriture pour chiens, le cinéaste évite, tout comme dans ses films précédents, de sacrifier la haute valeur sociale de son sujet sur l’autel du pur spectacle cinématographique. Réaliste, sinon visionnaire, il nous renvoie le reflet inquiétant de notre société frappée de surconsommation, dominée par les nouvelles technologies… Impressionnant! Etats-Unis / Mexique, 2015, couleur, 1h53 LE DERNIER LouP de Jean-Jacques Annaud avec Fen Shaofeng, Shawn Dou, Ankhnyam Ragchaa, etc. En 1967, alors qu’ils règnent en maîtres sur les steppes de Mongolie, les loups traquent des troupeaux d’antilopes pour les embourber dans la glace des marécages. Hélas, ce gigantesque réfrigérateur à ciel ouvert, qui garantit leur survie, est menacé par des hommes peu scrupuleux… Partant de cette image pour le moins étonnante, Jean-Jacques Annaud raconte l’histoire de Chen Zhen, un jeune étudiant originaire de Pékin venu enseigner le chinois aux enfants d’une tribu de nomades. Initié à un mode de vie qui lui est parfaitement étranger, Chen découvre LE FEStIN DE BABEttE de Gabriel Axel avec Stéphane Audran, Jean-Philippe Lafont, Gudmar Wivesson, etc. En 1871, fuyant la répression contre la Commune de Paris, Babette (Stéphane Audran) se réfugie au Jutland, dans la partie continentale du Danemark, où elle devient la servante de deux sœurs, vieilles filles austères d’un pasteur luthérien décédé. Quatorze ans plus tard, Babette gagne une fortune à la loterie et décide de commémorer le centième anniversaire de la naissance du pasteur en consacrant ses gains à l’organisation et à la préparation d’un somptueux dîner français, auquel elle veut convier tous les habitants du village, jusque-là peu sensibles à la grande gastronomie… Oscar combien mérité du Meilleur film étranger 1988, adapté d’un conte de Karen Blixen, ce chef-d’œuvre de simplicité invite à déguster avec les yeux le plus beau repas jamais montré à l’écran. Avec ses blinis au caviar, sa soupe de tortue géante, ses cailles en sarcophage, son baba au rhum et un excellent millésime de Veuve Clicquot, Babette met les petits plats dans les grands et participe à l’éducation des palais fort peu habitués à ce genre de victuailles. A la fois acte esthétique et moral, affirmation de soi, réconciliation entre la chair et l’esprit et résurgence d’un passé douloureux, le festin donné par Babette prend une ampleur insoupçonnée, qui transforme les amateurs de bonne chère en véritables artistes du goût, et la cuisine en une vibrante déclaration d’amour à la vie! BABETTES GÆSTEBUD, Danemark, 1987, couleur, 1h40 Cannes 2014, Grand Prix du Jury LE MERAvIGLIE de Alice Rohrwacher avec Maria Alexandra Lungu, Sam Louwyck, Monica Bellucci, etc. Née en Toscane, la réalisatrice Alice Rohrwacher s’est fait connaître en 2011 avec «Corpo Celeste», un premier long-métrage témoignant de l’état de déliquescence de l’Italie à travers l’histoire d’une jeune fille de retour en Calabre. Représentative d’un jeune cinéma transalpin puisant sa force et sa poésie dans une approche documentée de la Caméra-stylo «Il Capitale umano» de Paolo Virzì réalité, à l’instar de Tizza Covi et Rainer Frimmel dans «La Pivellina» (2009), la cinéaste poursuit aujourd’hui cette démarche en s’investissant dans un réalisme brut qui, paradoxalement, lui permet de s’échapper vers l’imaginaire et les sensations… Gelsomina habite dans une ferme délabrée au bord d’un grand lac de Ombrie. Avec ses parents et ses trois jeunes sœurs, elle produit du miel pour gagner un maigre salaire. Fervent défenseur d’un mode de vie proche de la terre, son père la tient sévèrement à distance du monde moderne. Faisant fi de son autorité, Gelsomina décide de participer au «Pays des merveilles», un jeu télévisé ringard où les paysans de la région sont invités à vanter les fruits de leur labeur… Décrivant de façon très sensitive le travail pénible et les petits bonheurs quotidiens de Gelsomina, Alice Rohrwacher révèle son rapport privilégié, magique et quasi mythique à la nature. Las, l’irruption de l’hydre «télévision» au sein de la famille va désenchanter ce microscome perdu, au point de faire disparaître sous son fatras consumériste toutes ses «merveilles»… L’un des meilleurs films du dernier Festival de Cannes! LES MERVEILLES, Italie / Suisse, 2014, couleur, 1h51 San Sebastián 2014, Prix FIPRESCI | Toronto 2014, Présentation spéciale | Festival du cinéma allemand de Paris 2014, Prix du public PhoENIx de Christian Petzold avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf, etc. Après le déjà très réussi «Barbara», Prix de la mise en scène à Berlin en 2012, qui décrivait les aléas de la surveillance des Allemands de l’Est par la Stasi, le réalisateur allemand Christian Petzold retrouve dans «Phoenix» Nina Hoss et Ronald Zehrfeld, ses acteurs fétiches… Laissée pour morte après avoir reçu une balle dans la tête juste avant l’arrivée des Alliés, la chanteuse juive Nelly Lenz (Nina Hoss) revient des camps à Berlin au mois de juin 1945, complètement défigurée et seule survivante de sa famille déportée à Auschwitz. Accompagnée par sa fidèle amie Lene (Nina Kunzendorf), elle subit une opération de reconstruction faciale, puis part à la recherche de son mari, Johnny (Ronald Zehrfeld), dans une ville en ruines. Lorsqu’elle parvient à le retrouver, il refuse de la reconnaître, mais lui offre de prendre la place de sa défunte épouse, pour récupérer sa fortune… Coécrit avec le très regretté cinéaste documentaire Harun Farocki, titré en référence à «Chappie» de Neill Blomkamp un cabaret du Berlin de l’après-guerre, «Phoenix» décrit la force de résilience invraisemblable des rares survivants du génocide perpétré par les nazis. Considéré à juste titre comme l’un des meilleurs cinéastes allemands de sa génération, Christian Petzold met en scène le fantôme exsangue d’une femme qui doit réapprendre à vivre, tel le phœnix renaissant de ses cendres. Entre drame éloquent et mélodrame assumé, une œuvre de mémoire d’une rare intensité! Allemagne, 2014, couleur, 1h38 Oscars 2015, en compétition Golden Globes 2015, Meilleure actrice StILL ALICE de Richard Glatzer & Wash Westmoreland avec Julianne Moore, Alec Baldwin, Kristen Stewart, etc. Mère de trois grands enfants et épouse comblée, Alice Howland (Julianne Moore) mène une brillante carrière comme professeur de linguistique à l’Université de Columbia, jusqu’au jour où, au beau milieu d’une phrase, Alice perd subitement ses mots, sans pouvoir les retrouver. Le diagnostic est sans appel, révélant une forme précoce de la maladie d’Alzheimer. Non content de lui dévorer le cerveau, le mal qui l’accable pourrait bien être héréditaire, ce qui met ses proches à l’épreuve… Lui-même atteint d’une sclérose latérale amyotrophique qui le prive de parole, Richard Glatzer réalise avec son partenaire et cinéaste indépendant Wash Westmoreland une ode poignante au moment présent et à la vitalité désespérée, adaptée du roman de la neuroscientifique américaine Lisa Genova. S’attachant à décrire la lutte obstinée que mène sa protagoniste pour tenter de surmonter sa maladie, Glatzer et Westmoreland jettent un regard neuf et nullement apitoyé sur un sujet pourtant puissamment lacrymogène, souvent maltraité au cinéma. Pour ce faire, ils peuvent compter sur un duo d’actrices exceptionnelles, soit Julianne Moore, laquelle fait une fois encore la preuve de son immense talent, et dans le rôle de la fille cadette d’Alice, l’ex-midinette vampirisée Kristen Stewart, qui persiste à casser son image de starlette après «Sils Maria» (2014) de Olivier Assayas. Etats-Unis, 2014, couleur, 1h41 Vous souvenez-vous de «Soleil vert» (1973)? Réalisé par Richard Fleischer, alors au déclin de sa formidable carrière, ce film d’anticipation, dont l’action se situe en 2022, procédait d’une dystopie guère appétissante, porteuse qu’elle était d’un avenir gustatif fort peu enthousiasmant. Confrontée à la raréfaction inéluctable des produits naturels, un pouvoir fascistoïde contraignait l’humanité à se nourrir d’affreuses tablettes carrées jaunes, rouges ou bleues, aussi fades que survitaminées, avant de mettre sur le marché un nouvel «alicament», de couleur verte cette fois, fabriqué à base de cadavres d’hommes et de femmes librement euthanasiées! Cauchemardesque, cette vision d’une chaîne alimentaire réduite à sa plus simple expression avait marqué les esprits, certes plus par sa clairvoyance désespérante que par sa mise en scène assez quelconque. Papilles pupilles unissez-vous Vous rappelez-vous du «Festin de Babette» (1987) et de sa merveilleuse cuisinière française? Exilée au Danemark, cette maître queux nostalgique réussissait un jour de l’an de grâce 1885 à rabibocher le corps et l’esprit de ses très austères hôtes luthériens. Rarement la jouissance libératrice attachée à la nourriture n’aura été célébrée avec autant de subtilité, faisant littéralement saliver les papilles, pardon, les pupilles du spectateur. De «Soleil vert», l’on ressortait révulsé et affligé; du «Festin de Babette», avec un solide appétit et peu disposé à se rassasier d’un bête hamburger… Aïe, le redoutable effet K avait encore frappé, avec toute son efficacité! Un effet K qui dure Pour mémoire, le cinéaste soviétique Lev Koulechov avait théorisé dès 1921 cet effet de montage, en alternant un plan du visage de l’acteur Ivan Mosjoukine ne laissant transparaître aucune émotion particulière, avec celui d’une assiette de soupe, puis celui du cercueil d’un enfant, et enfin celui d’une femme lascive allongée sur un canapé. Questionnés après la vision de ce petit essai cinématographique, dont on n’a hélas trouvé aucune trace sinon des photos, les cobayes de cette expérience jurèrent avoir vu le grand Mosjoukine tour à tour saliver, puis s’attrister, avant d’afficher une expression soi-disant libidineuse. Le cinéma allait faire de ce champ-contrechamp aussi fondateur que manipulateur un sacré fond de commerce, le fameux effet K dont la publicité et la propagande useront et abuseront! Miroir aux alouettes Proposé en partenariat avec le Service de la santé publique du canton de Neuchâtel dans le cadre du Programme Alimentation & Activité physique, le nouveau cycle de Passion Cinéma ne se réduit pas à un simple menu de «films à manger» nourris d’effets K. Au gré des sorties, nous avons tenté d’élargir le propos avec, dans notre viseur, la critique drôle, tendre ou féroce des normes et standards relatifs à nos vies soi-disant réussies. A l’heure où l’imagerie numérique recrée à longueur de films le mythe du corps parfait, avec ce que cela suppose d’effets néfastes sur nous autres spectateurs imparfaits, il importe plus que jamais que le cinéma cesse parfois d’être un miroir aux alouettes, histoire d’essayer de refermer la boîte de pandore ouverte en son temps par ce cher Lev Koulechov… Un vœu pieu sans doute, mais bien des films s’y efforcent, dont ceux de notre programme! Vincent Adatte «Le Dernier Loup» de Jean-Jacques Annaud «Phoenix» de Christian Petzold «Buoni a nulla» de Gianni di Gregorio L’ALIMENtAtIoN EN QuEStIoN Quand on parle d’alimentation en lien avec la santé, on pense souvent à la quantité de fruits et légumes à manger et aux fast-foods à éviter. Cependant, la réflexion sur la santé et l’alimentation est beaucoup plus vaste; cette dernière n’étant pas uniquement porteuse d’un sens purement nutritionnel dans nos vies. Convivialité, identité, questionnements économique et écologique, tous ces aspects doivent être pris en compte dans notre rapport à l’alimentation. Dans le canton, le Programme Alimentation & Activité physique, financé par l’Etat de Neuchâtel et Promotion Santé Suisse, vise à promouvoir des comportements positifs en matière d’alimentation et de mouvement auprès des enfants, en tenant compte de cette complexité. «Youp’là Bouge», «A pied c’est mieux» ou «Fourchette verte» sont des exemples de mesures concrètes offertes par le programme. En 2015, ce dernier a souhaité amener le débat auprès du grand public, en questionnant l’alimentation grâce aux regards de cinéastes, d’enfants ou de scientifiques. En partenariat avec Passion Cinéma, il vous propose donc une sélection de films, dont le but est d’inciter à la réflexion sur notre rapport à la société, à la consommation, et ainsi à l’alimentation. En plus du cycle de Passion Cinéma, le Programme Alimentation & Activité physique vous propose les évènements suivants: Jeudi 12 mars, 18h, Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel, entrée libre une alimentation équilibrée coûte-t-elle plus cher? Conférence de M. Luca Casetti, collaborateur scientifique à la Haute école spécialisée bernoise, Food and Management. Dimanche 15 mars, 10h, Cinéma Les Arcades, Neuchâtel, entrée libre Des petits films à croquer avec La Lanterne Magique Un programme de courts-métrages très miammiam, suivi d’un atelier gourmand, ouvert aux enfants et, pour une fois, à leurs parents. Jeudi 19 mars, 18h, La Maison du peuple, La Chaux-de-Fonds, entrée libre Agriculture contractuelle de proximité: produire et manger «durablement» Conférence de M. Julien Vuilleumier, doctorant FNS à l’Institut d’Ethnologie de l’Université de Neuchâtel. Dimanche 22 mars, 10h, Cinéma Plaza, La Chaux-de-Fonds, entrée libre Des petits films à croquer avec La Lanterne Magique Un programme de courts-métrages très miammiam, suivi d’un atelier gourmand, ouvert aux enfants et, pour une fois, à leurs parents. www.ne.ch/promotionsante EN PRéSENCE DE GIANNI DI GREGoRIo Personnage sympathique et plein d’humour, Gianni di Gregorio fait ses premiers pas cinématographiques dans les années 1980 en tant qu’acteur, avant de suivre une formation de metteur en scène à l’Académie des Arts de la Scène à Rome. Fasciné par la vision de «Mean Streets» (Martin Scorsese, 1973), il se lance pleinement dans l’écriture de scénarios et collabore avec Matteo Garrone à l’adaptation de «Gomorra», basé sur le roman de Roberto Saviano. En 2009, Gianni di Gregorio passe derrière la caméra avec «Le Déjeuner du 15 août», puis «Gianni et les femmes» (2011), et aujourd’hui «Buoni a nulla». Dimanche 22 février, 14h30, Cinéma Bio, Neuchâtel «Buoni a nulla» en présence du réalisateur BIENtÔt LE FEStIvAL Du SuD Du 21 au 28 avril 2015, Passion Cinéma présente le Festival du Sud en ouvrant toutes grandes les fenêtres sur le monde dans les salles de Neuchâtel, au Cinéma Rex, et de La Chaux-de-Fonds, aux Cinémas Scala (ouverture) et ABC. Réservez cette semaine dédiée à la diversité cinématographique au sens le plus large du terme. Au programme, une douzaine de films inédits en provenance d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine ou d’ailleurs! SoutENEZ PASSIoN CINéMA Vous souhaitez soutenir la démarche unique et les activités de Passion Cinéma? Alors abonnez-vous sans plus tarder pour une année à ce journal en versant la somme de 20 francs (ou plus) sur le CCP n°20-402566-5, Passion Cinéma, Neuchâtel, sans oublier de mentionner votre nom, prénom et adresse complète. www.passioncinema.ch Rédaction: Vincent Adatte, Raphaël Chevalley et Raphaëlle Pralong | Edition: Pierre Dubois | Administration et coordination: Michèle Pickel et Francine Pickel | Layout: headbanger.ch | Impression: IOP, Cormondrèche | © Passion Cinéma
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