Un nouveau souffle pour le billard ? De l’espoir, malgré les difficultés Annabelle Blais La Presse Pas si facile de trouver un bar à billard à Montréal. Disons-le d’entrée de jeu, ce sport s’est déjà mieux porté au Québec. Les nombreuses salles qui ont poussé comme des champignons il y a une vingtaine d’années sont aujourd’hui contraintes de fermer. Heureusement, on trouve encore quelques bonnes adresses, pour peu qu’on sache ce qu’on cherche. « Dans les années 90, tout le monde ouvrait des bars à billard, au point qu’il y en avait trop pour le marché », affirme Rahman Esmaili, propriétaire du Sharx, la plus grande salle de billard à Montréal. « À Montréal, la clientèle est de passage, elle est moins fidèle et il y a plus d’offres de divertissement », avance Vincent Lecouffe, vice-président de la Fédération québécoise des sports du billard (FQSB), pour expliquer ce déclin. Résultat : en 2015, certains joueurs affirment qu’il y a désormais une pénurie de salles dans la métropole. Le reste du Québec n’y échappe pas. La loi qui a interdit la cigarette dans les bars en 2006 et la crise économique de 2008 ont également entraîné la fermeture de 15 à 20 % des salles de la province, ajoute M. Lecouffe. « Comme les tables ne rapportent plus autant qu’avant, on voit de plus en plus de clubs de billard se transformer en bars pour aller chercher plus de clients. » — Alain Martel, champion provincial et national de billard Les propriétaires du Boul Noir, notamment, ont opéré une métamorphose des lieux cet automne. Devenu le Fitzroy, l’ancien bar à billard s’est modernisé en une salle qui évoque un beer garden tout en conservant 15 de ses 20 tables de jeu. Les propriétaires de l’El Jumelgi (qui ont fermé la succursale de l’avenue du Mont-Royal il y a quelques mois) déménageront ce printemps leur salle de la rue Ontario à quelques coins de rue. L’occasion de s’offrir une cure de rajeunissement et de revoir son menu. UN REGAIN D’INTÉRÊT Pour les joueurs professionnels, la situation s’est détériorée également. Moins de joueurs, moins de tournois, moins de commandites. Alain Martel ne peut plus vivre des compétitions, lui qui gagnait très bien sa vie et voyageait partout dans le monde en pratiquant son sport. Il demeure toutefois convaincu que le billard connaîtra un nouvel essor. Le champion multiplie les tournées des maisons de jeunes et les démonstrations dans les écoles pour faire partager sa passion. En 2015, il organisera d’ailleurs un premier championnat junior du Québec. « Il y a un réel intérêt chez les jeunes », constate-t-il. La Fédération note aussi un regain d’intérêt pour ses activités depuis un an et le nombre de ses membres est de nouveau en augmentation après avoir atteint son plus bas niveau l’an dernier. Si cette tendance se maintient, M. Lecouffe espère que de nouveaux bars à billard ouvriront dans les prochaines années pour répondre à la demande. Mesdames et messieurs, préparez vos baguettes et votre bleu ! QUELQUES BONNES ADRESSES Puisqu’il peut être difficile de trouver un bar à billard à Montréal, La Presse+ vous suggère quelques bonnes adresses. LE SALON DE BILLARD DE MONTRÉAL Une des rares salles à posséder des tables de snooker, une variante du billard. Le propriétaire, Hubert Beauregard, un passionné âgé de 80 ans, est particulièrement fier de ses tables anglaises en acajou et de sa clientèle variée. « Mes clients ont de 18 à 93 ans, souligne-t-il. Le matin, on a les retraités, et le soir, les clients de Chez Roger viennent faire quelques parties. » 6505, rue des Écores, à l’angle de Beaubien ON Y VA POUR… S’initier au snooker dans une ambiance de salon de billard (calme, éclairage tamisé, fréquenté par des habitués). Tarif : 12 $ l’heure, rabais pour les clients habituels Nombre de tables : 8 de billard, 8 de snooker LE SHARX Avec ses 25 tables, le Sharx, au centre-ville de Montréal, est le plus grand bar à billard à Montréal. L’endroit est un spacieux complexe d’amusement pour adultes avec des allées de quilles également, des simulateurs de golf et un restaurant. « On a beaucoup de clients d’affaires pour les partys de Noël ou les 5 à 7, mais aussi des étudiants puisqu’on est voisin de l’Université Concordia », explique le propriétaire de l’endroit ouvert il y a 25 ans, Rahman Esmaili. 1606, rue Sainte-Catherine Ouest ON Y VA POUR… Passer une soirée en gang ou un 5 à 7 dans une ambiance festive. Tarif : 14 $ l’heure Nombre de tables : 25, dont 5 en salle privée EL JUMELGI L’El Jumelgi est le repaire du champion Alain Martel. Le bar offre un des meilleurs tarifs à Montréal. « Ils viennent de remplacer tous les tapis récemment et, en plus, le calibre des joueurs réguliers est très élevé », affirme Allan Tran de la ligue de billard NAPA Montréal. Le bar déménagera dans le même quartier au printemps pour faire peau neuve. 3350, rue Ontario Est ON Y VA POUR… Jouer pendant plusieurs heures puisque les tarifs sont très intéressants. Apprendre avec des pros. Le champion Alain Martel y offre d’ailleurs des leçons. Tarifs : dimanche et mardi : gratuit avec achat de consommations Lundi, mercredi, jeudi : 5 $ l’heure Samedi, vendredi : 10 $ l’heure Nombre de tables : 14 FITZROY Le Boul Noir a fait place au Fitzroy, un nom qui fait référence à un quartier de Melbourne qui a des airs de Plateau, explique le gérant Renaud Thérien. Si certains habitués regrettent les soirées à 15 $ de l’ancienne salle, plusieurs se réjouissent d’y trouver maintenant un bar lumineux agrémenté de plantes s’inspirant d’un beer garden, un menu et une carte de cocktails élaborés, en plus des tables de billard et de baby-foot. « Les gens venaient jouer une heure et partaient ailleurs manger ou boire un verre. Maintenant, on vise surtout l’amusement, on n’est pas juste du billard et la gent féminine est beaucoup plus présente », ajoute le gérant. 551, avenue du Mont-Royal Est ON Y VA POUR… Jouer quelques parties de billard ou regarder un match du Canadien ; Retrouver une ambiance beer garden à l’australienne. Tarifs : entre 12 h et 17 h : 10 $ plus taxes pour le billard illimité 17 h-20 h : 8,65 $ l’heure Après 20 h : 12 $ l’heure Nombre de tables : 15 ET EN BANLIEUE Les salles sont plus grandes et les tarifs, souvent plus intéressants en banlieue. « Le Dooly’s de Valleyfield, qui appartient au joueur professionnel Luc Salvas, a été élu l’endroit offrant les meilleures conditions de jeu, selon un de nos sondages », affirme Vincent Lecouffe de la FQSB. Les tables du Skratch de Laval, qui a accueilli le tournoi provincial l’an dernier, sont très bien entretenues, selon plusieurs amateurs, tandis que le Salon de billard Maximum à Saint-Hubert est souvent cité pour son ambiance. Les prix sont d’environ 10 $ l’heure et on trouve un peu partout des tarifs fixes pour du billard à volonté certains soirs ou à certaines heures de la journée. DOOLY’S VALLEYFIELD, 30, avenue du Centenaire, Salaberry-de-Valleyfield SKRATCH DE LAVAL, 965, boulevard Curé-Labelle, Laval SALON DE BILLARD MAXIMUM, 5245, boulevard Cousineau, Saint-Hubert
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