médiatrice et reine médiatrice et reine la joie

MARS 2015
médiatrice
joie
et reine delacroire
79e Année - N° 10 - mensuel sauf juin et août - P708358 - 3000 Leuven Mail
Le chemin de Marie
pp. 6-7
Lourdes, joie de la mission
pp. 8-9
Saint Joseph
pp. 12-13
Marie, notre exemple
Éditorial
MARS 2015
médiatrice
joie
et reine delacroire
79e Année - N° 10 - mensuel sauf juin et août - P708358 - 3000 Leuven Mail
Icône de l’Annonciation
Bénédictines
Jerusalem
© B. Dumont
Le chemin de Marie
pp. 6-7
Lourdes, joie de la mission
pp. 8-9
Saint Joseph
pp. 12-13
Marie, notre exemple
Sommaire
3
L’annonce du Seigneur … et ce qui précédait
F. Fabry
4-5
Rien ne nous séparera
de l’amour du Christ
M. Rahier
6-7
On ne naît pas croyant, on le devient chaque jour un
peu plus. La foi est suscitée par des événements extérieurs à l’être humain qui l’interpellent et provoquent
la réflexion. Or l’intelligence humaine ne se limite pas
au cerveau, Dieu lui a donné ‘un cœur pour réfléchir’.
Deux grands exemples nous sont donnés, les deux
figures les plus rapprochées de Jésus : la Vierge Marie et
saint Joseph. Grâce à une réflexion éclairée, ils ont pu
se situer par rapport à la grande œuvre de Dieu depuis
le début. Aussi les deux fillettes, Aurélie et Francilia,
cherchent à comprendre, leur Mamy Micheline les aide.
Le temps de carême est un temps favorable pour mettre
à jour notre foi, souvent mise à rude épreuve. A l’aide
de saint Paul, sœur Monique nous rappelle que rien ne
peut nous séparer de l’amour du Christ. Or, les temps
modernes nous défient. Gaétane souligne la réflexion
morne d’un des frères Karamazov et Mark évoque le
contexte politique et religieux au temps de Bernadette
Soubirous. Puis un jeune qui pose à sa grand-mère
la question : « pourquoi Dieu s’est fait homme » ? La
réponse est difficile, c’est pourquoi Bernadette prend
conseil auprès de son amie Jeanne.
Vient la Semaine Sainte. Max insiste sur le fait que
les Rameaux, les Jeudi et Vendredi saints et le jour de
Pâques ne font qu’un. Comment partager la joie de
Pâques si on l’écarte de ce qui y conduit ? Bernadette
Thésin nous invite à la Cène le jeudi saint et médite
le mystère de la communion à laquelle nous sommes
invités lors de la célébration eucharistique. A partir du
prophète Ezéchiel, Marie-Bénédicte nous rappelle que
Dieu ramène à la vie, la résurrection nous concerne
tous. Puis, une simple bougie nous aide à réfléchir sur
le sens ou le non-sens de notre vie. A l’aide d’Origène,
Pierre Trouillez continue à nous faire découvrir le rôle
de la Parole de Dieu.
Nous vous souhaitons un cheminement fructueux vers
Pâques.
Le chemin de Marie
G. Simonart
8-9
Lourdes, joie de la mission (2)
M. Kemseke
10 - 11
Incarnation
12 - 13
Joseph entre dans le plan de Dieu
F. Fabry
14 - 15
La route heureuse (4)
M. Dossogne
18 - 19
Dieu ramène à la vie
M.B. de Villenfagne
20 - 21
Le bon vieux temps ?
P. Trouillez
22 - 23
Une journée avec Marie
Le triomphe… et la Passion
M. Vilain
24 - 25
Pourquoi Dieu se fait homme ?
B. Thésin
26 - 27
Une bougie vous parle
Pèlerinage à Banneux
28 - 29
Tombola du mois
Lourdes en Belgique
Mots croisés
30 - 31
Nous prions les uns pour les autres
32
Pèlerinages-Montfort 2015
2
médiatrice et reine | mars 2015
La fête du 25 mars porte comme titre ‘L’annonce du Seigneur’,
en réalité il s’agit de plus. La liturgie commémore non seulement
l’annonce de la part du Seigneur, mais aussi la réaction engageante de Marie : me voici, je m’engage. Dieu a fait une promesse
et pour la réaliser Il compte sur la collaboration libre de l’homme,
dans ce sens Dieu est demandeur, aujourd’hui encore.
L’accomplissement
du temps
De nombreux événements ont précédé l’annonce faite à Marie. Le
pharisien Paul, excellent connaisseur de la Bible, au début s’est opposé farouchement aux ‘adeptes de
la Voie’, nom pour indiquer les premiers chrétiens. Il ne pouvait pas
s’imaginer que le grand Dieu pouvait se manifester dans l’humble
personne de Jésus. Le questionnement l’a poursuivi jusqu’au moment
où, d’après son propre témoignage,
Jésus lui-même s’est manifesté à lui.
Devenu missionnaire, dans sa lettre
aux Galates, il situe Jésus par rapport à l’histoire : « Quand est venu
l’accomplissement du temps, Dieu
a envoyé son Fils, né d’une femme,
et assujetti à la loi… » (4,4). Rien
que dans ce début d’une très longue
phrase Paul dit déjà deux éléments
importants par rapport à Jésus.
D’abord qu’Il est venu seulement
au moment où les temps étaient
mûrs pour l’accueillir, pas avant,
puis qu’il est né d’une femme juive,
par conséquent Il a ‘séjourné’ pendant neuf mois dans le sein d’une
maman. Quelle dépendance ! Paul
continue en précisant qu’Il l’a fait
pour offrir à tous les humains la
possibilité d’appeler le grand Dieu
‘Papa’. L’actuel pape François le
répète souvent : « Dieu surprend
toujours ». Grand connaisseur de la
Bible, Paul a été fortement surpris,
la façon d’agir de Dieu dépasse
toute science.
Le cœur humain,
un ‘espace’
précieux
Dieu nous a donné un cœur
pour réfléchir, dit Ben Sirach. Le
langage biblique indique le cœur
comme l’espace où l’homme est
pleinement lui-même. C’est là qu’il
garde et organise ses découvertes et
expériences, le lieu aussi où, en les
confrontant les unes avec les autres,
tantôt il s’énerve tantôt il s’étonne
et finalement il arrive à des conclusions neuves. Or ce même cœur
humain peut devenir froid et dur
comme la pierre. Dans un langage
imagé le prophète Ezéchiel annonce
l’intervention de Dieu : « Je ferai sur
vous une aspersion d’eau pure et
vous serez purs…Je mettrai en vous
mon propre esprit… » (36,25. 27).
Sœurs Annonciades – Vitrail
Saint-Doulchard – Chapelle
des
L’annonce
du Seigneur…
et ce qui précédait
Cet esprit divin rend sain le cœur
humain, il le remplit de confiance
et d’intelligence. Voilà ce qu’a vécu
la Vierge Marie. Dans son Magnificat elle donne la preuve de se situer
parfaitement dans l’agir de Dieu
depuis toujours. Non seulement
elle a découvert le fil rouge à travers
les Ecritures, mais aussi elle a pris
conscience du fait que le Seigneur
lui a demandé de prendre ce fil en
main en vue de l’avenir. Saint Luc,
par rapport à Marie dit : « elle gardait tous ces événements dans son
cœur et les méditait » (2,19). L’Esprit de Dieu l’a éclairée, elle faisait
confiance et elle s’est engagée.
Célébrer le 25 mars
Pour vraiment célébrer le 25
mars, nous devons entrer dans le
grand décor biblique et prendre
conscience qu'il nous est demandé
de prendre à notre tour le fil rouge
en main. Comme ce fut le cas à
Nazareth, le même Dieu attend
une réponse de notre part, quelque
chose comme : « Me voici, je m’engage ».
Frans Fabry, directeur
mars 2015 | médiatrice et reine
3
1er mars 2015 - 2e dimanche de Carême
RIEN NE NOUS SÉPARERA
DE l’amour du Christ
Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre
Fils mais l’a livré pour nous tous, comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout?
Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Puisque c’est Dieu qui justifie, qui pourra
condamner ? Puisque Jésus-Christ est mort, plus encore : il est ressuscité, il est à la
droite de Dieu et il intercède pour nous. Rom 8, 31b-34
Dans ces quelques versets de
sa lettre aux Romains, saint
Paul affirme qu’aucune
puissance de l’univers n’est
capable de nous séparer de
l’amour du Christ. Dieu, qui
connaît nos péchés et nos
faiblesses, ne cesse jamais de
nous aimer, son amour est
plus fort que tout !
Dieu est
pour nous
Tous les jours de notre vie ne se
ressemblent pas : il y en a de beaux,
ensoleillés, de plus nuageux ou obscurs et même des jours de tempête.
Quelles que soient les souffrances
ou calamités qui peuvent s’abattre
sur nous, l’amour de Dieu est plus
fort que toutes les horreurs banalisées de notre monde de péché. Le
démon veut se servir de notre souffrance pour nous éloigner de Dieu
et nous entraîner dans l’amertume
et le désespoir. Mais remarquez que
St Paul ne blâme pas Dieu pour les
tragédies ou les maladies qui nous
4
médiatrice et reine | mars 2015
arrivent, il ne s’insurge pas contre
Dieu en disant : « Pourquoi permetil cela ?» ou bien :« Si Dieu existait,
cela n’arriverait pas » ou encore
« Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu
pour mériter cela ? ». En amour
ou en amitié, les liens se resserrent
quand l’un des deux est accablé de
souffrances. Même quand il semble
dormir, Dieu, qui nous aime plus
que tout, est toujours près de nous.
Rien ni personne ne pourrait détruire l’œuvre de réconciliation que
Dieu a réalisée en Jésus et briser la
communion qu’il a établie avec les
croyants. Nous ne sommes pas sûrs
de nous, nous continuons à nous
défier de nos pauvres limites, nous
continuons hélas à pécher… mais
nous sommes sûrs que Dieu nous
aime avec fidélité. Dieu ne nous envoie pas la souffrance mais il la remplit
de sa présence, disait Paul Claudel.
Rien ne pourra
nous séparer
de l’amour
du Christ
Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Pourtant, nous n’en sommes
pas dignes, nous sommes tellement ingrats ! Le Père n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré
pour nous. Il a pris le risque de
nous donner son Fils bien-aimé !
Et Jésus lui-même se donne à
nous : « Voici mon corps, livré pour
vous ». La contemplation du Christ
en croix, qui va jusqu’au bout de
l’amour, nous aide à tenir debout
dans l’espérance parce que, pour
nous aussi, Pâques suit le Vendredi Saint et que, avec Jésus, nous
sommes déjà vainqueurs de la
mort et du péché.
Paul s’est forgé cette conviction que
le Christ intercède éternellement
pour nous dans le ciel : « Les dons
de Dieu et son appel sont irrévocables » (Rm 11, 29) Jésus, je te
contemple intercédant pour moi
en cet instant. N’hésitons pas à
prier le Christ dans les épreuves très
concrètes de la vie. Les intentions de
prières à la fin de la revue et la neuvaine de prière commune sont des
moyens très efficaces pour nourrir
notre foi en la puissance de la prière
de Jésus : « Si vous me demandez
quelque chose en mon Nom, je le
ferai, dit Jésus » (Jn 14, 14) « Tout ce
que vous demanderez au Père en
mon Nom, il vous l’accordera ».
(Jn 15, 16)
Le Carême
est un temps
favorable
que la mort et plus durable que
toute souffrance.
Dans cette conviction, entrons dans
la Semaine Sainte. Que la Vierge
Marie, debout au pied de la croix
où meurt son Fils, nous communique sa foi et son espérance en la
résurrection. Marie intercède aussi
pour nous, elle est notre médiatrice
auprès de Dieu et Jésus ne peut rien
refuser à sa Mère.
Sr Monique Rahier
Dieu ne nous envoie pas
la souffrance mais il
la remplit de sa présence
Christ
en croix
Quand tout va bien, c’est facile de
croire, mais quand les malheurs
s’abattent sur nous, notre foi est
mise à rude épreuve. Le Carême
est un temps favorable pour nous
entraîner à résister dans la foi en
acceptant sereinement chaque jour
quelques petites contrariétés, en
offrant notre amour et notre soutien aux personnes qui souffrent et,
comme le dit le Pape François » en
rayonnant de la joie de l’évangile. La
joie chrétienne est plus qu’un sentiment, c’est une vertu, une force
spirituelle, fruit de l’Esprit Saint
(Gal 5, 22) Cette joie, est fondée sur
l’assurance que rien ne peut nous
séparer de l’amour de Dieu en Jésus
Christ, car cet amour ne meurt
pas et la joie d’être aimé par Lui ne
passera jamais. C’est pourquoi les
saints sont dans la joie, même au
milieu des épreuves, comme Montfort qui s’écriait : « Pas de croix,
quelle croix ! » ou comme les martyrs qui chantaient au moment de
leur exécution parce qu’ils savaient
que l’amour du Christ est plus fort
mars 2015 | médiatrice et reine
5
Asfeld (France) – Annonciation
à
Saint Didier
Vitrail
de l’église
Le chemin de Marie
Méditons en profondeur l’extrait ci-dessous.
Écrit au 19ème siècle, il se projetait dans un
avenir que nous vivons peut-être aujourd’hui...
Fiodor Dostoïevski (1821-1881) était, à sa manière, un visionnaire. Il tente de démontrer, par
l’intermédiaire d’un des trois frères Karamazov,
ce que serait un monde sans Dieu. Un monde
où l’absence de Dieu transformerait l’homme
en homme-dieu gonflé d’orgueil. Un monde
où l’amour « procurera des jouissances éphémères ». Un monde où l’homme s’affranchirait
« des règles de la morale traditionnelle ». Un
monde où « tout est permis ». Mais ce mondelà est-il possible ?
La photo est un vitrail représentant l’Annonciation ; c’est Marie qui par son «Oui» nous
montre le chemin vers Dieu, à l’opposé d’un
des frères Karamazov qui tente de montrer la
vie des hommes hors du chemin vers Dieu.
6
médiatrice et reine | mars 2015
L’homme-dieu
« Pour moi il n’y a rien à détruire, sinon l’idée de Dieu !
C’est par cela qu’il faut commencer, gens aveugles !
Lorsque l’humanité tout entière professera l’athéisme (et
cette époque, parallèle aux périodes géologiques, finira
bien par arriver !), l’ancienne conception du monde
disparaîtra sans qu’il soit nécessaire de faire appel à
l’anthropophagie ; c’en sera fait des morales d’autrefois, et nous assisterons à la naissance d’un monde
nouveau. Les hommes s’uniront pour retirer de la vie
toutes les jouissances possibles, mais dans ce monde
seulement. L’esprit s’enflera d’un orgueil titanesque,
et ce sera l’apparition de l’homme-dieu. Triomphant
sans cesse de la nature grâce à sa science et à sa force
de volonté, l’homme éprouvera une joie constante si
intense qu’il en oubliera ses aspirations passées et ses
rêves célestes ...»
Un amour sincère ?
« ... Chacun se saura complètement mortel, sans espoir
de résurrection et acceptera la mort avec une sérénité
parfaite, comme un dieu. Dans son orgueil, il comprendra qu’il est inutile de murmurer contre la brièveté
de la vie, et il aimera son prochain d’amour sincère et
désintéressé. L’amour procurera des jouissances éphémères mais le sentiment même de la brièveté renforcera
l’intensité… La question est de savoir : est-il possible qu’une pareille
époque vienne à jamais ? Si elle vient, tout est réglé
et l’humanité s’organise définitivement. Mais comme,
en raison de sa bêtise congénitale, l’homme ne saura
jamais y réussir, pas même dans mille ans, quiconque
possède la vérité est libre, dès à présent, de régler son
existence comme il lui convient ...»
Tout est permis
« ... A cet égard, tout lui est permis. Mieux encore : si
même la belle époque ne vient jamais, étant donné que
Dieu et l’immortalité n’existent pas, l’homme nouveau
a le droit de se proclamer un « homme-dieu », quand
même il serait un exemplaire unique. Désormais, d’un
cœur léger, il pourrait s’affranchir des règles de la
morale traditionnelle auxquelles l’homme était assujetti
comme un esclave. Car Dieu ne connaît point de lois !
Partout où Il se trouve, Il est à sa place ! Partout où je
me trouverai, ce sera la première place : tout est permis. » (extrait du livre « Les frères Karamazov »)
Le chemin de Marie
Après cette tirade qui nous donne, par moments, un
goût très contemporain, laissons-nous à présent, en
conclusion, bercer par les paroles du Seigneur : la
sagesse et l’éducation conduisent les hommes vers plus
d’humilité, vers une conscience plus libre, vers un
Amour infini et aussi vers Marie qui, la première en
chemin, nous conduit à Lui.
Ainsi, les hommes, en suivant le chemin que leur
indique Marie, dirigeront leur vie en faisant acte de
conscience au lieu de se laisser ballotter par les événements et oublier qu’ils sont enfants de Dieu, créés pour
vivre dans la charité, la vérité et la droiture.
« Marche avec nous, Marie, sur le chemin de vie, sur le chemin de Dieu, sur le chemin vers Dieu »
Gaëtane Simonart
Retraites préparatoires à la Profession
de Foi et au Sacrement de la Confirmation
la
Vous souhaitez vivre avec des enfants
et/ou des jeunes un temps fort
pour les préparer à la Profession
de Foi et/ou au sacrement de
confirmation…
l’Abbaye de Maredsous vous propose une/deux
journée(s)selon le souhait du groupe.
Informations, inscription et animateur :
Père François LEAR o.s.b.
Abbaye de Maredsous
B-5537 Denée
Tél. : 082 69 82 11
Fax : 082 69 82 09
E-mail : [email protected]
www.maredsous.be
Jeu de la Passion de Ligny
Cette pièce de théâtre religieux se positionne dans
la grande tradition des mystères du Moyen Age.
Le 90e anniversaire de cette initiative constitue un
événement important au niveau culturel francophone.
www.passionligny.be
Dates : tous les dimanches du carême à 15h30.
Renseignements et réservations :
Dagnely Raoul 1 rue Mary, 5140 Ligny.
Tél : 071 81 19 58 (de 09h00 à 13h00, répondeur
en cas d’absence)
E.mail : [email protected]
Tarifs spéciaux pour enfants et pour groupes.
mars 2015 | médiatrice et reine
7
Contemporain à la chute de Jérusalem et participant à l’Exil, le prophète Ezéchiel a vécu
des moments les plus suggestifs de l’histoire
d’Israël. Il est capable d’éclairer le destin du
Peuple de Dieu. N’est-il pas alors d’une particulière actualité ?
Les os secs !
- Grand-père, où es-tu ?
Michaël pousse la planche qui sert de porte et voit son
aïeul sur la paillasse.
- Alors, grand-père ? Encore couché, évidemment !
- Gamin, j’ai les os secs.
- Ça veut dire quoi : les os secs ? - Ça signifie que le courage a quitté mon vieux corps. Michaël sourit et s’assied :
- Raconte-moi encore l’exil, grand-père, tu veux bien ? - En ce temps-là, gamin, nous vivions heureux à Jérusalem. Le Temple pour adorer Dieu, le roi Sédécias pour
nous guider, de bonnes terres à cultiver… Ah ! C’était le
temps du bonheur.
Malheureusement, Nabuchodonosor, le grand roi de
Babylone, est arrivé avec sa terrifiante armée. Il nous a
écrasé et a tout démoli à Jérusalem, même le Temple ! - Qu’est-il arrivé au roi ?
- Prisonnier, il a eu les yeux crevés et a été déporté, ici,
à Babylone. Ses enfants ont été tués.
- Hou là ! Terrible, ton histoire, grand-père ! C’est alors
que toi aussi, tu as été emmené ici de force ?
- Oui. Nous étions des milliers de prisonniers. C’est
pendant cette horrible marche que ta grand-mère est
morte d’épuisement. Il ne me restait que ton papa et
mes yeux pour pleurer…
Un long silence… Puis Michaël demande :
- C’est pour ça que tes os sont secs ? - Oui, gamin, c’est pour ça. Pour ta grand-mère. Et aussi
parce que nous n’avons plus de pays, plus de roi, plus
de Temple… Où donc est notre Dieu ? Nous a-t-il abandonnés ?
18 médiatrice et reine | mars 2015
Rome – Chapelle Sixtine – Le Prophète Ezechiel
Dieu ramène à la vie
Le rêve du prophète
Quelques jours plus tard, fin d’après-midi, Michaël
arrive en courant :
- Grand-père, viens. Vite !
- Eh, oh ! Attends ! Où m’emmènes-tu ? Michaël tire son aïeul à travers les ruelles boueuses.
Tous deux zigzaguent entre les ordures et déboulent sur
une petite place. Là, debout sur un rondin, un homme,
maigre et sec, parle. Une vingtaine de personnes
l’écoute. Michaël et son grand-père se faufilent près de
l’orateur. L’homme, les yeux mi-clos, dit :
- …Oui ! Un rêve. J’ai rêvé que le Seigneur notre Dieu
me prenait par la peau du cou. Il m’emportait dans une
vallée couverte de squelettes.
- A sa place, j’aurais eu la trouille ! chuchote Michaël.
L’homme continue : - Alors le Seigneur m’a dit : parle à ces ossements et disleur :
Écoutez, os ! Dieu vous parle !
Je vous ferai revivre
et alors vous saurez que je ne vous ai pas abandonnés.
- Grand-père, tu crois, toi, que des squelettes savent
entendre !?! Mais grand-père, penché en avant, les yeux écarquillés,
ne répond pas.
Ecoutez !
Le Seigneur parle !
- J’ai obéi. J’ai parlé aux os. Je leur ai dit : ‘Écoutez, ossements ! Le Seigneur notre Dieu vous parle !’
- Et alors ? murmure grand-père.
L’orateur, d’une voix grave, dit :
- Il y a eu des bruits bizarres, des craquements, les os
ont bougé, se sont rapprochés… Dans le public on entend des réflexions à mi-voix :
- Ce n’est pas un rêve, plutôt un cauchemar ! - Comment s’appelle celui qui parle ? - C’est le prophète Ezéchiel. - Il y a encore des prophètes aujourd’hui ? - Bien sûr qu’il y a encore des prophètes ! Tu croyais que
Dieu allait nous abandonner ? - Taisez-vous ! Ecoutez-le !
Le brouhaha se calme et le prophète reprend la parole :
- Les os se sont recouverts de nerfs et de muscles. La
peau s’est installée par-dessus. On aurait dit un gigantesque cimetière de gens morts.
- Grand-père, tu penses à quoi ?
- Cela me rappelle Jérusalem détruite, gamin.
Vienne le Souffle
de Dieu !
La voix du prophète se fait forte :
- Un gigantesque cimetière ! Il manquait le souffle ! Le
souffle !
- Il nous manque le souffle, répète grand-père.
- Alors, Dieu m’a parlé. Il m’a dit :
Ezéchiel, commande au vent de souffler sur ces morts pour
qu’ils vivent !
J’ai obéi. Le vent est venu. Il a soufflé des quatre points
de l’horizon. Il est entré dans le nez des morts. Il est
entré dans leurs poumons. Et j’ai vu ces gens se redresser, se mettre debout ! C’était un peuple immense,
magnifique.
Sur la place, plus personne ne parle. Les gens sont recueillis. Comme si le vent de Dieu soufflait, à l’instant
même, avec force, dans le cœur des auditeurs.
La voix d’Ezéchiel claque :
- Le Seigneur Dieu m’a dit :
Ces ossements, c’est mon peuple ! Ils disent : « Nos os sont
secs. Notre espérance est morte. » Ne savent-ils pas que je les
entends ? Que je ne les abandonne pas ?
- Grand-père, il parle de tes os secs !!!
- Chuut, gamin.
Ezéchiel continue :
- Le Seigneur a dit :
L’heure est arrivée.J’ouvre vos tombeaux.
Michaël regarde grand-père. Des larmes se glissent sur
son visage ridé.
- Tu pleures, grand-père ?
- Mes poumons retrouvent le souffle.
- Ne pleure pas, grand-père. Tu sais…
Et Michaël chuchote d’une petite voix :
- Grand-père, je t’aime !
Grand-père serre Michaël dans ses bras. Son sourire
édenté tremble un peu :
- Moi aussi, gamin. Moi aussi.
Vous vivrez !
Ezéchiel, le prophète tend les mains vers le ciel et crie :
Alors vous saurez que je suis le Seigneur, ô mon peuple. Je
mettrai en vous mon esprit et vous vivrez. Je vous ramènerai
sur votre terre. Je l’ai dit et je le ferai.
Le prophète reprend sa voix normale :
- Voilà mon rêve. Dieu a parlé. La nuit est noire ? Louez
le Seigneur : la lumière qui vient sera éclatante ! Bonsoir !
Brusquement l’homme saute de son perchoir et se
fond dans la nuit. Doucement les gens se relèvent.
Comme pour ne pas briser la magie de la promesse.
Ils s’échangent des sourires et s’en vont, presque sur la
pointe des pieds.
Résurrection !
Le lendemain, Michaël vient voir son grand-père. Il
pousse la planche : personne !
- Grand-père ? Où es-tu?
- Derrière la cabane, gamin. Viens ! Viens voir mon futur jardin. Ici je vais planter une vigne, là deux oliviers.
Je voudrais aussi avoir un figuier et quelques potirons,
du céleri et encore des pistachiers... Tu m’aides ?
Extrait de « Pagaille dans l’arche de Noé »
Marie-Bénédicte de Villenfagne
mars 2015 | médiatrice et reine 19
Nous prions les uns po
Ne perds pas
l’espérance
La liturgie du mois de mars nous
conduit à Pâques. Cette pédagogie
nous invite à prendre du recul par
rapport au traintrain journalier
et de réfléchir sur ce que nous
sommes en train de vivre. Quand
tout va bien, on risque de perdre de
vue ce qui se passe autour de nous;
quand le malheur nous frappe c’est
comme si le monde se limitait à
notre propre personne. Le temps
de carême nous invite à avoir l’œil
clair, à voir la réalité quotidienne
mais ne pas perdre de vue le grand
horizon que le Seigneur nous a
ouvert. Dieu ne nous abandonne
jamais !
Le cheminement spirituel des
quarante jours du carême nous rappelle que Dieu n’a pas épargné son
propre Fils. Il est descendu dans les
recoins les plus sombres de notre
existence humaine. En Jésus, Il a
pénétré le monde du mal afin de le
transformer de l’intérieur. Même si
le mal nous frappe, le Seigneur n’est
pas absent, au contraire, là aussi il
est présent.
Le pape François est un témoin
important de la ‘bonne’ nouvelle.
Un jour il encourageait un grand
groupe de pèlerins jeunes : « Le
négativisme est contagieux, mais
être positif l’est aussi… ne suivez
pas les personnes négatives, mais
continuez à faire rayonner autour
de vous la lumière et l’espérance ».
Or, il sait très bien qu’il y a des gens
qui semblent vivre un temps de Carême sans Pâques. « Je comprends
les personnes qui deviennent tristes
à cause de graves difficulté qu’elles
doivent supporter, cependant, peu
à peu, il faut permettre à la joie de
la foi de commencer à s’éveiller,
comme une confiance secrète mais
Neuvaine de prière commune
© B. Dumont
du mercredi 18 au jeudi 26 mars
Chaque jour une Eucharistie est célébrée
aux intentions des abonnés de Médiatrice
et Reine, vivants et défunts.
ferme, même au milieu des pires
soucis ».
Au cours de ce mois, demandons à
saint Joseph et à la Vierge Marie de
se joindre à nous qui prions pour
nos frères et soeurs qui appellent
au secours. La neuvaine commencera la veille de la fête de St Joseph
et se terminera le lendemain de
l’Annonce du Seigneur.
NOUS PRIONS
POUR
NOS DEFUNTS
AUBEL : Mlle Anne-Marie Maréchal
– BEAUFAYS : Mme FlagothierBourguignon – BINCHE : Sr NoëlleMarie – BRUXELLES : Mme Odette
Schwartz (dél.) – MARILLES : M.
Géorges Requette – SAINT-SERVAIS :
Sr Alida – TOURNAI : Sr Lydie Sandée.
Liste clôturée le 2 février 2015
30 médiatrice et reine | mars 2015
ur les autres
INTENTIONS
DE PRIÈRES
DEMANDÉES
Pour mon mari qui a fait un infarctus – Pour mon neveu hospitalisé
– Pour une abonnée âgée de 50 ans
et qui a un cancer – Pour une amie
chez qui on vient de découvrir un
cancer du foie et du poumon – Pour
ma sœur qui a de gros problèmes
de santé – Pour une religieuse
gravement malade et pour sa communauté – Pour la guérison de ma
fille et de mon fils et pour qu’ils
puissent trouver leur voie – Pour
que mes enfants réussissent bien
cette année scolaire – Pour une
abonnée qui a des soucis avec sa
maison – Pour ma belle-sœur –
Pour qu’une maman s’entende
mieux avec sa fille – Pour que mon
beau-fils retrouve rapidement du
travail et pour le ménage de ma
fille – Pour la famille de ma plus
jeune fille – Pour que mon ex-mari
retrouve une bonne relation
avec les enfants.
Prière
Faites de moi, Seigneur,
l’instrument de Votre paix,
afin que j’amène l’amour là où règne la haine,
l’esprit de pardon là où règne l’offense,
l’harmonie là où règne la discorde,
la vérité là où règne l’erreur,
la foi là où règne le doute,
l’espoir là où règne le désespoir,
votre lumière là où règnent les ténèbres,
la joie là où règne l’affliction.
Accordez-moi, Seigneur, la grâce
de chercher le réconfort pour les autres
plutôt que pour moi,
de comprendre plutôt que d’être compris,
d’aimer plutôt que d’être aimé,
car c’est en donnant que l’on reçoit,
en s’oubliant soi-même que l’on trouve,
en pardonnant que l’on obtient le pardon
et en mourant que l’on s’éveille à la vie éternelle.
Saint François d’Assise
médiatrice
et reine
Revue mariale des Montfortains
79e Année: mars 2015
Chaque nouvelle année d'abonnement
commence le 1er avril
et comprend dix numéros
ADMINISTRATION
Médiatrice et Reine,
Diestsevest 55, 3000 Leuven
Ouverture des bureaux:
8h-12h ; 12h30-16h30
(vendredi jusque 14h30)
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DIRECTION ET RÉDACTION
Editeur responsable et direction:
Père Frans Fabry
Oeuvres Mariales asbl
Diestsevest 55, 3000 Leuven
TVA BE 0416.682.009
Membres de la rédaction:
Bernard De Commer – Marie-Bénédicte
de Villenfagne – Micheline Dossogne –
Florence Paul – Monique Rahier –
Gaëtane Simonart – Jean-Pierre Snyers –
Bernadette Thésin – Gérard Van Haeperen –
Max Vilain
IMPRIMERIE ET MISE EN PAGE
Van der Poorten, Kessel-Lo
Médiatrice et Reine est imprimée
sur papier sans chlore et entièrement
recyclé.
PHOTOS DANS CE NUMÉRO
R. Couckuyt : p. 3 – M.-J. Crijns : p. 26 –
B. Dumont : pp. 1, 10,30b, 32 – F. Fabry :
pp. 13, 21 – Image100-contemporary families :
pp. 24-25 – H. Poleunus : p. 28 – M. Rahier :
pp. 5, 11, 22, 27b – G. Simonart : p. 6 –
J. Vandegaer : pp. 9, 15, 16-17, 23, 27a, 30a.
ABONNEMENTS
Belgique: 20 
Cotisation de soutien: 50 
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IBAN: BE64 0000 0437 0252
BIC: BPOTBEB1
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Pays de l’Europe unie : 30 
Autres pays du monde : 35 
mars 2015 | médiatrice et reine 31