MARS 2015 médiatrice joie et reine delacroire 79e Année - N° 10 - mensuel sauf juin et août - P708358 - 3000 Leuven Mail Le chemin de Marie pp. 6-7 Lourdes, joie de la mission pp. 8-9 Saint Joseph pp. 12-13 Marie, notre exemple Éditorial MARS 2015 médiatrice joie et reine delacroire 79e Année - N° 10 - mensuel sauf juin et août - P708358 - 3000 Leuven Mail Icône de l’Annonciation Bénédictines Jerusalem © B. Dumont Le chemin de Marie pp. 6-7 Lourdes, joie de la mission pp. 8-9 Saint Joseph pp. 12-13 Marie, notre exemple Sommaire 3 L’annonce du Seigneur … et ce qui précédait F. Fabry 4-5 Rien ne nous séparera de l’amour du Christ M. Rahier 6-7 On ne naît pas croyant, on le devient chaque jour un peu plus. La foi est suscitée par des événements extérieurs à l’être humain qui l’interpellent et provoquent la réflexion. Or l’intelligence humaine ne se limite pas au cerveau, Dieu lui a donné ‘un cœur pour réfléchir’. Deux grands exemples nous sont donnés, les deux figures les plus rapprochées de Jésus : la Vierge Marie et saint Joseph. Grâce à une réflexion éclairée, ils ont pu se situer par rapport à la grande œuvre de Dieu depuis le début. Aussi les deux fillettes, Aurélie et Francilia, cherchent à comprendre, leur Mamy Micheline les aide. Le temps de carême est un temps favorable pour mettre à jour notre foi, souvent mise à rude épreuve. A l’aide de saint Paul, sœur Monique nous rappelle que rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ. Or, les temps modernes nous défient. Gaétane souligne la réflexion morne d’un des frères Karamazov et Mark évoque le contexte politique et religieux au temps de Bernadette Soubirous. Puis un jeune qui pose à sa grand-mère la question : « pourquoi Dieu s’est fait homme » ? La réponse est difficile, c’est pourquoi Bernadette prend conseil auprès de son amie Jeanne. Vient la Semaine Sainte. Max insiste sur le fait que les Rameaux, les Jeudi et Vendredi saints et le jour de Pâques ne font qu’un. Comment partager la joie de Pâques si on l’écarte de ce qui y conduit ? Bernadette Thésin nous invite à la Cène le jeudi saint et médite le mystère de la communion à laquelle nous sommes invités lors de la célébration eucharistique. A partir du prophète Ezéchiel, Marie-Bénédicte nous rappelle que Dieu ramène à la vie, la résurrection nous concerne tous. Puis, une simple bougie nous aide à réfléchir sur le sens ou le non-sens de notre vie. A l’aide d’Origène, Pierre Trouillez continue à nous faire découvrir le rôle de la Parole de Dieu. Nous vous souhaitons un cheminement fructueux vers Pâques. Le chemin de Marie G. Simonart 8-9 Lourdes, joie de la mission (2) M. Kemseke 10 - 11 Incarnation 12 - 13 Joseph entre dans le plan de Dieu F. Fabry 14 - 15 La route heureuse (4) M. Dossogne 18 - 19 Dieu ramène à la vie M.B. de Villenfagne 20 - 21 Le bon vieux temps ? P. Trouillez 22 - 23 Une journée avec Marie Le triomphe… et la Passion M. Vilain 24 - 25 Pourquoi Dieu se fait homme ? B. Thésin 26 - 27 Une bougie vous parle Pèlerinage à Banneux 28 - 29 Tombola du mois Lourdes en Belgique Mots croisés 30 - 31 Nous prions les uns pour les autres 32 Pèlerinages-Montfort 2015 2 médiatrice et reine | mars 2015 La fête du 25 mars porte comme titre ‘L’annonce du Seigneur’, en réalité il s’agit de plus. La liturgie commémore non seulement l’annonce de la part du Seigneur, mais aussi la réaction engageante de Marie : me voici, je m’engage. Dieu a fait une promesse et pour la réaliser Il compte sur la collaboration libre de l’homme, dans ce sens Dieu est demandeur, aujourd’hui encore. L’accomplissement du temps De nombreux événements ont précédé l’annonce faite à Marie. Le pharisien Paul, excellent connaisseur de la Bible, au début s’est opposé farouchement aux ‘adeptes de la Voie’, nom pour indiquer les premiers chrétiens. Il ne pouvait pas s’imaginer que le grand Dieu pouvait se manifester dans l’humble personne de Jésus. Le questionnement l’a poursuivi jusqu’au moment où, d’après son propre témoignage, Jésus lui-même s’est manifesté à lui. Devenu missionnaire, dans sa lettre aux Galates, il situe Jésus par rapport à l’histoire : « Quand est venu l’accomplissement du temps, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, et assujetti à la loi… » (4,4). Rien que dans ce début d’une très longue phrase Paul dit déjà deux éléments importants par rapport à Jésus. D’abord qu’Il est venu seulement au moment où les temps étaient mûrs pour l’accueillir, pas avant, puis qu’il est né d’une femme juive, par conséquent Il a ‘séjourné’ pendant neuf mois dans le sein d’une maman. Quelle dépendance ! Paul continue en précisant qu’Il l’a fait pour offrir à tous les humains la possibilité d’appeler le grand Dieu ‘Papa’. L’actuel pape François le répète souvent : « Dieu surprend toujours ». Grand connaisseur de la Bible, Paul a été fortement surpris, la façon d’agir de Dieu dépasse toute science. Le cœur humain, un ‘espace’ précieux Dieu nous a donné un cœur pour réfléchir, dit Ben Sirach. Le langage biblique indique le cœur comme l’espace où l’homme est pleinement lui-même. C’est là qu’il garde et organise ses découvertes et expériences, le lieu aussi où, en les confrontant les unes avec les autres, tantôt il s’énerve tantôt il s’étonne et finalement il arrive à des conclusions neuves. Or ce même cœur humain peut devenir froid et dur comme la pierre. Dans un langage imagé le prophète Ezéchiel annonce l’intervention de Dieu : « Je ferai sur vous une aspersion d’eau pure et vous serez purs…Je mettrai en vous mon propre esprit… » (36,25. 27). Sœurs Annonciades – Vitrail Saint-Doulchard – Chapelle des L’annonce du Seigneur… et ce qui précédait Cet esprit divin rend sain le cœur humain, il le remplit de confiance et d’intelligence. Voilà ce qu’a vécu la Vierge Marie. Dans son Magnificat elle donne la preuve de se situer parfaitement dans l’agir de Dieu depuis toujours. Non seulement elle a découvert le fil rouge à travers les Ecritures, mais aussi elle a pris conscience du fait que le Seigneur lui a demandé de prendre ce fil en main en vue de l’avenir. Saint Luc, par rapport à Marie dit : « elle gardait tous ces événements dans son cœur et les méditait » (2,19). L’Esprit de Dieu l’a éclairée, elle faisait confiance et elle s’est engagée. Célébrer le 25 mars Pour vraiment célébrer le 25 mars, nous devons entrer dans le grand décor biblique et prendre conscience qu'il nous est demandé de prendre à notre tour le fil rouge en main. Comme ce fut le cas à Nazareth, le même Dieu attend une réponse de notre part, quelque chose comme : « Me voici, je m’engage ». Frans Fabry, directeur mars 2015 | médiatrice et reine 3 1er mars 2015 - 2e dimanche de Carême RIEN NE NOUS SÉPARERA DE l’amour du Christ Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous tous, comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Puisque c’est Dieu qui justifie, qui pourra condamner ? Puisque Jésus-Christ est mort, plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous. Rom 8, 31b-34 Dans ces quelques versets de sa lettre aux Romains, saint Paul affirme qu’aucune puissance de l’univers n’est capable de nous séparer de l’amour du Christ. Dieu, qui connaît nos péchés et nos faiblesses, ne cesse jamais de nous aimer, son amour est plus fort que tout ! Dieu est pour nous Tous les jours de notre vie ne se ressemblent pas : il y en a de beaux, ensoleillés, de plus nuageux ou obscurs et même des jours de tempête. Quelles que soient les souffrances ou calamités qui peuvent s’abattre sur nous, l’amour de Dieu est plus fort que toutes les horreurs banalisées de notre monde de péché. Le démon veut se servir de notre souffrance pour nous éloigner de Dieu et nous entraîner dans l’amertume et le désespoir. Mais remarquez que St Paul ne blâme pas Dieu pour les tragédies ou les maladies qui nous 4 médiatrice et reine | mars 2015 arrivent, il ne s’insurge pas contre Dieu en disant : « Pourquoi permetil cela ?» ou bien :« Si Dieu existait, cela n’arriverait pas » ou encore « Qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour mériter cela ? ». En amour ou en amitié, les liens se resserrent quand l’un des deux est accablé de souffrances. Même quand il semble dormir, Dieu, qui nous aime plus que tout, est toujours près de nous. Rien ni personne ne pourrait détruire l’œuvre de réconciliation que Dieu a réalisée en Jésus et briser la communion qu’il a établie avec les croyants. Nous ne sommes pas sûrs de nous, nous continuons à nous défier de nos pauvres limites, nous continuons hélas à pécher… mais nous sommes sûrs que Dieu nous aime avec fidélité. Dieu ne nous envoie pas la souffrance mais il la remplit de sa présence, disait Paul Claudel. Rien ne pourra nous séparer de l’amour du Christ Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Pourtant, nous n’en sommes pas dignes, nous sommes tellement ingrats ! Le Père n’a pas épargné son propre Fils mais l’a livré pour nous. Il a pris le risque de nous donner son Fils bien-aimé ! Et Jésus lui-même se donne à nous : « Voici mon corps, livré pour vous ». La contemplation du Christ en croix, qui va jusqu’au bout de l’amour, nous aide à tenir debout dans l’espérance parce que, pour nous aussi, Pâques suit le Vendredi Saint et que, avec Jésus, nous sommes déjà vainqueurs de la mort et du péché. Paul s’est forgé cette conviction que le Christ intercède éternellement pour nous dans le ciel : « Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables » (Rm 11, 29) Jésus, je te contemple intercédant pour moi en cet instant. N’hésitons pas à prier le Christ dans les épreuves très concrètes de la vie. Les intentions de prières à la fin de la revue et la neuvaine de prière commune sont des moyens très efficaces pour nourrir notre foi en la puissance de la prière de Jésus : « Si vous me demandez quelque chose en mon Nom, je le ferai, dit Jésus » (Jn 14, 14) « Tout ce que vous demanderez au Père en mon Nom, il vous l’accordera ». (Jn 15, 16) Le Carême est un temps favorable que la mort et plus durable que toute souffrance. Dans cette conviction, entrons dans la Semaine Sainte. Que la Vierge Marie, debout au pied de la croix où meurt son Fils, nous communique sa foi et son espérance en la résurrection. Marie intercède aussi pour nous, elle est notre médiatrice auprès de Dieu et Jésus ne peut rien refuser à sa Mère. Sr Monique Rahier Dieu ne nous envoie pas la souffrance mais il la remplit de sa présence Christ en croix Quand tout va bien, c’est facile de croire, mais quand les malheurs s’abattent sur nous, notre foi est mise à rude épreuve. Le Carême est un temps favorable pour nous entraîner à résister dans la foi en acceptant sereinement chaque jour quelques petites contrariétés, en offrant notre amour et notre soutien aux personnes qui souffrent et, comme le dit le Pape François » en rayonnant de la joie de l’évangile. La joie chrétienne est plus qu’un sentiment, c’est une vertu, une force spirituelle, fruit de l’Esprit Saint (Gal 5, 22) Cette joie, est fondée sur l’assurance que rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu en Jésus Christ, car cet amour ne meurt pas et la joie d’être aimé par Lui ne passera jamais. C’est pourquoi les saints sont dans la joie, même au milieu des épreuves, comme Montfort qui s’écriait : « Pas de croix, quelle croix ! » ou comme les martyrs qui chantaient au moment de leur exécution parce qu’ils savaient que l’amour du Christ est plus fort mars 2015 | médiatrice et reine 5 Asfeld (France) – Annonciation à Saint Didier Vitrail de l’église Le chemin de Marie Méditons en profondeur l’extrait ci-dessous. Écrit au 19ème siècle, il se projetait dans un avenir que nous vivons peut-être aujourd’hui... Fiodor Dostoïevski (1821-1881) était, à sa manière, un visionnaire. Il tente de démontrer, par l’intermédiaire d’un des trois frères Karamazov, ce que serait un monde sans Dieu. Un monde où l’absence de Dieu transformerait l’homme en homme-dieu gonflé d’orgueil. Un monde où l’amour « procurera des jouissances éphémères ». Un monde où l’homme s’affranchirait « des règles de la morale traditionnelle ». Un monde où « tout est permis ». Mais ce mondelà est-il possible ? La photo est un vitrail représentant l’Annonciation ; c’est Marie qui par son «Oui» nous montre le chemin vers Dieu, à l’opposé d’un des frères Karamazov qui tente de montrer la vie des hommes hors du chemin vers Dieu. 6 médiatrice et reine | mars 2015 L’homme-dieu « Pour moi il n’y a rien à détruire, sinon l’idée de Dieu ! C’est par cela qu’il faut commencer, gens aveugles ! Lorsque l’humanité tout entière professera l’athéisme (et cette époque, parallèle aux périodes géologiques, finira bien par arriver !), l’ancienne conception du monde disparaîtra sans qu’il soit nécessaire de faire appel à l’anthropophagie ; c’en sera fait des morales d’autrefois, et nous assisterons à la naissance d’un monde nouveau. Les hommes s’uniront pour retirer de la vie toutes les jouissances possibles, mais dans ce monde seulement. L’esprit s’enflera d’un orgueil titanesque, et ce sera l’apparition de l’homme-dieu. Triomphant sans cesse de la nature grâce à sa science et à sa force de volonté, l’homme éprouvera une joie constante si intense qu’il en oubliera ses aspirations passées et ses rêves célestes ...» Un amour sincère ? « ... Chacun se saura complètement mortel, sans espoir de résurrection et acceptera la mort avec une sérénité parfaite, comme un dieu. Dans son orgueil, il comprendra qu’il est inutile de murmurer contre la brièveté de la vie, et il aimera son prochain d’amour sincère et désintéressé. L’amour procurera des jouissances éphémères mais le sentiment même de la brièveté renforcera l’intensité… La question est de savoir : est-il possible qu’une pareille époque vienne à jamais ? Si elle vient, tout est réglé et l’humanité s’organise définitivement. Mais comme, en raison de sa bêtise congénitale, l’homme ne saura jamais y réussir, pas même dans mille ans, quiconque possède la vérité est libre, dès à présent, de régler son existence comme il lui convient ...» Tout est permis « ... A cet égard, tout lui est permis. Mieux encore : si même la belle époque ne vient jamais, étant donné que Dieu et l’immortalité n’existent pas, l’homme nouveau a le droit de se proclamer un « homme-dieu », quand même il serait un exemplaire unique. Désormais, d’un cœur léger, il pourrait s’affranchir des règles de la morale traditionnelle auxquelles l’homme était assujetti comme un esclave. Car Dieu ne connaît point de lois ! Partout où Il se trouve, Il est à sa place ! Partout où je me trouverai, ce sera la première place : tout est permis. » (extrait du livre « Les frères Karamazov ») Le chemin de Marie Après cette tirade qui nous donne, par moments, un goût très contemporain, laissons-nous à présent, en conclusion, bercer par les paroles du Seigneur : la sagesse et l’éducation conduisent les hommes vers plus d’humilité, vers une conscience plus libre, vers un Amour infini et aussi vers Marie qui, la première en chemin, nous conduit à Lui. Ainsi, les hommes, en suivant le chemin que leur indique Marie, dirigeront leur vie en faisant acte de conscience au lieu de se laisser ballotter par les événements et oublier qu’ils sont enfants de Dieu, créés pour vivre dans la charité, la vérité et la droiture. « Marche avec nous, Marie, sur le chemin de vie, sur le chemin de Dieu, sur le chemin vers Dieu » Gaëtane Simonart Retraites préparatoires à la Profession de Foi et au Sacrement de la Confirmation la Vous souhaitez vivre avec des enfants et/ou des jeunes un temps fort pour les préparer à la Profession de Foi et/ou au sacrement de confirmation… l’Abbaye de Maredsous vous propose une/deux journée(s)selon le souhait du groupe. Informations, inscription et animateur : Père François LEAR o.s.b. Abbaye de Maredsous B-5537 Denée Tél. : 082 69 82 11 Fax : 082 69 82 09 E-mail : [email protected] www.maredsous.be Jeu de la Passion de Ligny Cette pièce de théâtre religieux se positionne dans la grande tradition des mystères du Moyen Age. Le 90e anniversaire de cette initiative constitue un événement important au niveau culturel francophone. www.passionligny.be Dates : tous les dimanches du carême à 15h30. Renseignements et réservations : Dagnely Raoul 1 rue Mary, 5140 Ligny. Tél : 071 81 19 58 (de 09h00 à 13h00, répondeur en cas d’absence) E.mail : [email protected] Tarifs spéciaux pour enfants et pour groupes. mars 2015 | médiatrice et reine 7 Contemporain à la chute de Jérusalem et participant à l’Exil, le prophète Ezéchiel a vécu des moments les plus suggestifs de l’histoire d’Israël. Il est capable d’éclairer le destin du Peuple de Dieu. N’est-il pas alors d’une particulière actualité ? Les os secs ! - Grand-père, où es-tu ? Michaël pousse la planche qui sert de porte et voit son aïeul sur la paillasse. - Alors, grand-père ? Encore couché, évidemment ! - Gamin, j’ai les os secs. - Ça veut dire quoi : les os secs ? - Ça signifie que le courage a quitté mon vieux corps. Michaël sourit et s’assied : - Raconte-moi encore l’exil, grand-père, tu veux bien ? - En ce temps-là, gamin, nous vivions heureux à Jérusalem. Le Temple pour adorer Dieu, le roi Sédécias pour nous guider, de bonnes terres à cultiver… Ah ! C’était le temps du bonheur. Malheureusement, Nabuchodonosor, le grand roi de Babylone, est arrivé avec sa terrifiante armée. Il nous a écrasé et a tout démoli à Jérusalem, même le Temple ! - Qu’est-il arrivé au roi ? - Prisonnier, il a eu les yeux crevés et a été déporté, ici, à Babylone. Ses enfants ont été tués. - Hou là ! Terrible, ton histoire, grand-père ! C’est alors que toi aussi, tu as été emmené ici de force ? - Oui. Nous étions des milliers de prisonniers. C’est pendant cette horrible marche que ta grand-mère est morte d’épuisement. Il ne me restait que ton papa et mes yeux pour pleurer… Un long silence… Puis Michaël demande : - C’est pour ça que tes os sont secs ? - Oui, gamin, c’est pour ça. Pour ta grand-mère. Et aussi parce que nous n’avons plus de pays, plus de roi, plus de Temple… Où donc est notre Dieu ? Nous a-t-il abandonnés ? 18 médiatrice et reine | mars 2015 Rome – Chapelle Sixtine – Le Prophète Ezechiel Dieu ramène à la vie Le rêve du prophète Quelques jours plus tard, fin d’après-midi, Michaël arrive en courant : - Grand-père, viens. Vite ! - Eh, oh ! Attends ! Où m’emmènes-tu ? Michaël tire son aïeul à travers les ruelles boueuses. Tous deux zigzaguent entre les ordures et déboulent sur une petite place. Là, debout sur un rondin, un homme, maigre et sec, parle. Une vingtaine de personnes l’écoute. Michaël et son grand-père se faufilent près de l’orateur. L’homme, les yeux mi-clos, dit : - …Oui ! Un rêve. J’ai rêvé que le Seigneur notre Dieu me prenait par la peau du cou. Il m’emportait dans une vallée couverte de squelettes. - A sa place, j’aurais eu la trouille ! chuchote Michaël. L’homme continue : - Alors le Seigneur m’a dit : parle à ces ossements et disleur : Écoutez, os ! Dieu vous parle ! Je vous ferai revivre et alors vous saurez que je ne vous ai pas abandonnés. - Grand-père, tu crois, toi, que des squelettes savent entendre !?! Mais grand-père, penché en avant, les yeux écarquillés, ne répond pas. Ecoutez ! Le Seigneur parle ! - J’ai obéi. J’ai parlé aux os. Je leur ai dit : ‘Écoutez, ossements ! Le Seigneur notre Dieu vous parle !’ - Et alors ? murmure grand-père. L’orateur, d’une voix grave, dit : - Il y a eu des bruits bizarres, des craquements, les os ont bougé, se sont rapprochés… Dans le public on entend des réflexions à mi-voix : - Ce n’est pas un rêve, plutôt un cauchemar ! - Comment s’appelle celui qui parle ? - C’est le prophète Ezéchiel. - Il y a encore des prophètes aujourd’hui ? - Bien sûr qu’il y a encore des prophètes ! Tu croyais que Dieu allait nous abandonner ? - Taisez-vous ! Ecoutez-le ! Le brouhaha se calme et le prophète reprend la parole : - Les os se sont recouverts de nerfs et de muscles. La peau s’est installée par-dessus. On aurait dit un gigantesque cimetière de gens morts. - Grand-père, tu penses à quoi ? - Cela me rappelle Jérusalem détruite, gamin. Vienne le Souffle de Dieu ! La voix du prophète se fait forte : - Un gigantesque cimetière ! Il manquait le souffle ! Le souffle ! - Il nous manque le souffle, répète grand-père. - Alors, Dieu m’a parlé. Il m’a dit : Ezéchiel, commande au vent de souffler sur ces morts pour qu’ils vivent ! J’ai obéi. Le vent est venu. Il a soufflé des quatre points de l’horizon. Il est entré dans le nez des morts. Il est entré dans leurs poumons. Et j’ai vu ces gens se redresser, se mettre debout ! C’était un peuple immense, magnifique. Sur la place, plus personne ne parle. Les gens sont recueillis. Comme si le vent de Dieu soufflait, à l’instant même, avec force, dans le cœur des auditeurs. La voix d’Ezéchiel claque : - Le Seigneur Dieu m’a dit : Ces ossements, c’est mon peuple ! Ils disent : « Nos os sont secs. Notre espérance est morte. » Ne savent-ils pas que je les entends ? Que je ne les abandonne pas ? - Grand-père, il parle de tes os secs !!! - Chuut, gamin. Ezéchiel continue : - Le Seigneur a dit : L’heure est arrivée.J’ouvre vos tombeaux. Michaël regarde grand-père. Des larmes se glissent sur son visage ridé. - Tu pleures, grand-père ? - Mes poumons retrouvent le souffle. - Ne pleure pas, grand-père. Tu sais… Et Michaël chuchote d’une petite voix : - Grand-père, je t’aime ! Grand-père serre Michaël dans ses bras. Son sourire édenté tremble un peu : - Moi aussi, gamin. Moi aussi. Vous vivrez ! Ezéchiel, le prophète tend les mains vers le ciel et crie : Alors vous saurez que je suis le Seigneur, ô mon peuple. Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez. Je vous ramènerai sur votre terre. Je l’ai dit et je le ferai. Le prophète reprend sa voix normale : - Voilà mon rêve. Dieu a parlé. La nuit est noire ? Louez le Seigneur : la lumière qui vient sera éclatante ! Bonsoir ! Brusquement l’homme saute de son perchoir et se fond dans la nuit. Doucement les gens se relèvent. Comme pour ne pas briser la magie de la promesse. Ils s’échangent des sourires et s’en vont, presque sur la pointe des pieds. Résurrection ! Le lendemain, Michaël vient voir son grand-père. Il pousse la planche : personne ! - Grand-père ? Où es-tu? - Derrière la cabane, gamin. Viens ! Viens voir mon futur jardin. Ici je vais planter une vigne, là deux oliviers. Je voudrais aussi avoir un figuier et quelques potirons, du céleri et encore des pistachiers... Tu m’aides ? Extrait de « Pagaille dans l’arche de Noé » Marie-Bénédicte de Villenfagne mars 2015 | médiatrice et reine 19 Nous prions les uns po Ne perds pas l’espérance La liturgie du mois de mars nous conduit à Pâques. Cette pédagogie nous invite à prendre du recul par rapport au traintrain journalier et de réfléchir sur ce que nous sommes en train de vivre. Quand tout va bien, on risque de perdre de vue ce qui se passe autour de nous; quand le malheur nous frappe c’est comme si le monde se limitait à notre propre personne. Le temps de carême nous invite à avoir l’œil clair, à voir la réalité quotidienne mais ne pas perdre de vue le grand horizon que le Seigneur nous a ouvert. Dieu ne nous abandonne jamais ! Le cheminement spirituel des quarante jours du carême nous rappelle que Dieu n’a pas épargné son propre Fils. Il est descendu dans les recoins les plus sombres de notre existence humaine. En Jésus, Il a pénétré le monde du mal afin de le transformer de l’intérieur. Même si le mal nous frappe, le Seigneur n’est pas absent, au contraire, là aussi il est présent. Le pape François est un témoin important de la ‘bonne’ nouvelle. Un jour il encourageait un grand groupe de pèlerins jeunes : « Le négativisme est contagieux, mais être positif l’est aussi… ne suivez pas les personnes négatives, mais continuez à faire rayonner autour de vous la lumière et l’espérance ». Or, il sait très bien qu’il y a des gens qui semblent vivre un temps de Carême sans Pâques. « Je comprends les personnes qui deviennent tristes à cause de graves difficulté qu’elles doivent supporter, cependant, peu à peu, il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais Neuvaine de prière commune © B. Dumont du mercredi 18 au jeudi 26 mars Chaque jour une Eucharistie est célébrée aux intentions des abonnés de Médiatrice et Reine, vivants et défunts. ferme, même au milieu des pires soucis ». Au cours de ce mois, demandons à saint Joseph et à la Vierge Marie de se joindre à nous qui prions pour nos frères et soeurs qui appellent au secours. La neuvaine commencera la veille de la fête de St Joseph et se terminera le lendemain de l’Annonce du Seigneur. NOUS PRIONS POUR NOS DEFUNTS AUBEL : Mlle Anne-Marie Maréchal – BEAUFAYS : Mme FlagothierBourguignon – BINCHE : Sr NoëlleMarie – BRUXELLES : Mme Odette Schwartz (dél.) – MARILLES : M. Géorges Requette – SAINT-SERVAIS : Sr Alida – TOURNAI : Sr Lydie Sandée. Liste clôturée le 2 février 2015 30 médiatrice et reine | mars 2015 ur les autres INTENTIONS DE PRIÈRES DEMANDÉES Pour mon mari qui a fait un infarctus – Pour mon neveu hospitalisé – Pour une abonnée âgée de 50 ans et qui a un cancer – Pour une amie chez qui on vient de découvrir un cancer du foie et du poumon – Pour ma sœur qui a de gros problèmes de santé – Pour une religieuse gravement malade et pour sa communauté – Pour la guérison de ma fille et de mon fils et pour qu’ils puissent trouver leur voie – Pour que mes enfants réussissent bien cette année scolaire – Pour une abonnée qui a des soucis avec sa maison – Pour ma belle-sœur – Pour qu’une maman s’entende mieux avec sa fille – Pour que mon beau-fils retrouve rapidement du travail et pour le ménage de ma fille – Pour la famille de ma plus jeune fille – Pour que mon ex-mari retrouve une bonne relation avec les enfants. Prière Faites de moi, Seigneur, l’instrument de Votre paix, afin que j’amène l’amour là où règne la haine, l’esprit de pardon là où règne l’offense, l’harmonie là où règne la discorde, la vérité là où règne l’erreur, la foi là où règne le doute, l’espoir là où règne le désespoir, votre lumière là où règnent les ténèbres, la joie là où règne l’affliction. Accordez-moi, Seigneur, la grâce de chercher le réconfort pour les autres plutôt que pour moi, de comprendre plutôt que d’être compris, d’aimer plutôt que d’être aimé, car c’est en donnant que l’on reçoit, en s’oubliant soi-même que l’on trouve, en pardonnant que l’on obtient le pardon et en mourant que l’on s’éveille à la vie éternelle. Saint François d’Assise médiatrice et reine Revue mariale des Montfortains 79e Année: mars 2015 Chaque nouvelle année d'abonnement commence le 1er avril et comprend dix numéros ADMINISTRATION Médiatrice et Reine, Diestsevest 55, 3000 Leuven Ouverture des bureaux: 8h-12h ; 12h30-16h30 (vendredi jusque 14h30) 016/30.82.13 ; fax 016/29.52.13 [email protected] www.montfortsite.be DIRECTION ET RÉDACTION Editeur responsable et direction: Père Frans Fabry Oeuvres Mariales asbl Diestsevest 55, 3000 Leuven TVA BE 0416.682.009 Membres de la rédaction: Bernard De Commer – Marie-Bénédicte de Villenfagne – Micheline Dossogne – Florence Paul – Monique Rahier – Gaëtane Simonart – Jean-Pierre Snyers – Bernadette Thésin – Gérard Van Haeperen – Max Vilain IMPRIMERIE ET MISE EN PAGE Van der Poorten, Kessel-Lo Médiatrice et Reine est imprimée sur papier sans chlore et entièrement recyclé. PHOTOS DANS CE NUMÉRO R. Couckuyt : p. 3 – M.-J. Crijns : p. 26 – B. Dumont : pp. 1, 10,30b, 32 – F. Fabry : pp. 13, 21 – Image100-contemporary families : pp. 24-25 – H. Poleunus : p. 28 – M. Rahier : pp. 5, 11, 22, 27b – G. Simonart : p. 6 – J. Vandegaer : pp. 9, 15, 16-17, 23, 27a, 30a. ABONNEMENTS Belgique: 20 Cotisation de soutien: 50 à verser au bpost banque IBAN: BE64 0000 0437 0252 BIC: BPOTBEB1 de « Médiatrice et Reine, Leuven » France: 30 à verser au IBAN: BE64 0000 0437 0252 BIC: BPOTBEB1 de « Médiatrice et Reine, Diestsevest 55, 3000 Leuven » Pays de l’Europe unie : 30 Autres pays du monde : 35 mars 2015 | médiatrice et reine 31
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