BRIDGES - eClassical

EISLER
PROKOFIEV
BRIDGES
HOLLYWOOD SONGBOOK
& TRANSCRIPTIONS
IMPROVISED VARIATIONS
GUILLAUME DE CHASSY
LAURENT NAOURI
THOMAS SAVY
ARNAULT CUISINIER
1
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BRIDGES
HANNS EISLER : HOLLYWOOD SONGBOOK & IMPROVISED VARIATIONS
1
AN DEN KLEINEN RADIOAPPARAT
BRIDGE 1
2'42
2
DIE LANDSCHAFT DES EXILS
BRIDGE 2
3'17
3
FRÜHLING
BRIDGE 3
3'49
4
HOLLYWOOD-ELEGIE II
BRIDGE 4
2'59
5
SPEISEKAMMER 1942
BRIDGE 5
2'38
6
L’AUTOMNE CALIFORNIEN
2'34
7
AN DEN KLEINEN RADIOAPPARAT
1'33
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SERGEI PROKOFIEV : TRANSCRIPTIONS & IMPROVISED VARIATIONS
8
ELEGY (FROM PIANO CONCERTO N°2/4)
BRIDGE 6
4'14
9
EVENING STAR (FROM VIOLIN CONCERTO N°1/1)
BRIDGE 7
5'34
10
NURSERY RHYME (FROM PIANO SONATA N°6/2)
BRIDGE 8
4'07
11
AT NIGHT (FROM VIOLIN CONCERTO N°1/3)
BRIDGE 9
5'55
12
AUTUMN (FROM PIANO CONCERTO N°2/1)
BRIDGE 10
5'37
TOTAL TIME : 45'
GUILLAUME DE CHASSY PIANO
LAURENT NAOURI BASS BARITONE
THOMAS SAVY CLARINETS
ARNAULT CUISINIER DOUBLE BASS
TRANSCRIPTIONS AND MUSICAL ARRANGEMENTS BY GUILLAUME DE CHASSY
BRIDGES 1-10 IMPROVISED BY GUILLAUME DE CHASSY, THOMAS SAVY & ARNAULT CUISINIER
BRIDGES
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« L’objectif de l’art n’est pas le déclenchement d’une sécrétion momentanée d’adrénaline, mais
la construction progressive, sur la durée d’une vie entière, d’un état d’émerveillement et de sérénité. »
Glenn Gould
SILENCES
Par une lumineuse matinée de l’automne 2014, nous reprenions possession de l’abbaye de Noirlac, au
cœur du Berry, pour y concevoir notre deuxième album. On nous avait confié les clés du monument.
À notre arrivée, le soleil achevait de dissiper les brumes, révélant les éclatantes couleurs des frondaisons.
Sise au milieu du paisible bocage de Noirlac, l’abbaye nous offrait toute sa splendeur, à laquelle on ne
parvient jamais à s’habituer tout à fait.
Dans le vaste réfectoire du XIIe siècle, baigné d’une lumière magique et toujours changeante, le silence
des pierres nous attendait. Un piano, quelques micros : voici notre studio d’enregistrement cistércien.
Trois ans plus tôt, Thomas Savy, Arnault Cuisinier et moi-même avions gravé en ces mêmes lieux notre
opus fondateur, Silences. Il s’agissait déjà d’explorer les chemins de traverse entre nos deux patries
musicales que sont la musique classique et le jazz. Nous partageons tous trois les mêmes racines
culturelles, les mêmes codes, pour avoir été formés à l’écoute de Mozart, Brahms et Berg, puis Miles,
Giuffre et Coltrane.
Notre trio travaille constamment à développer son langage, entre respect de l’écriture et invention
collective (dont les règles ne sont pas moins strictes). Nous construisons nos improvisations de manière
circulaire, sans soliste désigné. À tout moment les rôles peuvent donc permuter au sein du groupe, chacun
attrapant au vol les propositions qui surgissent, avant de les remettre en jeu.
Pour l’album Silences et les concerts qui ont suivi, des pièces de Chostakovitch, Poulenc, Schubert et
Prokofiev ont été les points de départ de nos improvisations. Ces musiques ont fondé notre son d’ensemble
et nos modes de jeu ; elles nous ont révélé notre identité.
6
BRIDGES
Hanns Eisler (1898-1962) et Serge Prokofiev (1891-1953) : deux compositeurs qui ont, à des époques
et pour des raisons différentes, connu l’exil américain, le premier fuyant l’Allemagne nazie, le second la
Russie bolchévique. Si bien des aspects séparent ces musiciens majeurs du XXe siècle (culture, esthétique,
idéologie), ils ont en partage un lyrisme d’une rare puissance. Leurs mélodies ont été une merveilleuse
source d’inspiration pour nos variations improvisées.
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FRANÇAIS
LAURENT NAOURI
Dès l’automne 2013, Paul Fournier, directeur du Centre Culturel de Rencontres de Noirlac et fidèle soutien
de mes créations, me demandait de réfléchir à l’étape suivante.
Je rêvais d’associer un chanteur lyrique au trio Silences, mais il restait à trouver l’oiseau rare qui ne
craindrait pas de poser sa voix sur le tapis sans cesse mouvant de nos improvisations.
Ma rencontre avec Laurent Naouri mérite ici d’être racontée : je l’avais découvert au concert dans Pelléas
et Mélisande de Debussy donné au Théâtre des Champs Elysées sous la baguette de Bernard Haitink.
Mémorable soirée, prolongée peu après par un disque, que j’achetai (je collectionne les versions de cet
opéra …).
Quelques temps plus tard, je me produisais dans un club de jazz parisien. Durant tout le concert, une
voix dans le public fredonna sans faillir les mélodies de Broadway auxquelles je rendais hommage ce
soir-là. Ce n’est pas si courant d’être ainsi accompagné, Sotto Voce, sur ce répertoire américain des
années 1940…
Après le concert, je fus présenté au chanteur invisible : c’était Laurent Naouri, qui m'apprit du même coup
sa passion pour le Great American Songbook, dont il a une connaissance encyclopédique.
Entre la musique de Claude Debussy et celle d’Irving Berlin, l’homme avait de toute évidence la doublenationalité. Sans hésiter, il se porta volontaire pour le projet Silences-II, bientôt re-baptisé Bridges par
ses soins.
Le Hollywood Songbook fut composé par Eisler en 1943, notamment sur des poèmes de son compagnon
d’exil à Los Angeles, Bertolt Brecht. Ce sont des chansons de nostalgie, de colère et de frustration qui
évoquent l’envers du décor Hollywoodien et la patrie lointaine plongée dans la guerre.
La musique, quant à elle, embrasse une variété de styles allant du dodécaphonisme au cabaret berlinois,
en passant par la musique populaire américaine. Autant dire l’illustration du concept de « musique
dégénérée » (Entartete Musik), instrumentalisé par les nazis pour bannir tant d’éminents créateurs
allemands - dont Eisler (juif de surcroît) et Brecht. La plupart des lieder du Hollywood Songbook ont
la particularité de se conclure (ou plutôt de ne pas se conclure) par une sorte de point d’interrogation
musical, une suspension qui, à mes oreilles du moins, appelle un prolongement.
J’ai donc conçu une suite où les chansons sont reliées les unes aux autres par des ponts improvisés,
inspirés autant du sens des mots que de l’humeur de la musique.
J’avais depuis longtemps le désir de transcrire pour la voix des thèmes de Prokofiev conçus à l’origine
pour piano ou violon, mais dont l’évidence les rend naturellement vocaux.
Avec la chanteuse Lydie Pravikoff, nous avons adapté des textes de poètes russes (Tsvetaieva, Tchoulkov,
Lermontov, Pouchkine et Essénine) à des extraits du 1er concerto pour violon (1917), du 2e concerto pour
piano (1923) et de la 6e sonate pour piano (1939).
Nous sommes donc allés à l’inverse du processus habituel, qui consiste à adapter la musique au texte.
J’ignore si Prokofiev aimait le jazz, mais il se trouve que ses mélodies sont de très inspirants véhicules
pour l’improvisation. J’ai donc procédé comme sur des chansons de Cole Porter : un thème, suivi d’une
improvisation sur la séquence harmonique, suivie d’un thème final.
Durant quelques jours de ce bel automne 2014, Laurent, Thomas, Arnault et moi-même fûmes reclus
volontaires entre les hauts murs de l’abbaye de Noirlac. Tels quatre frères en musique, nous avons œuvré
à jeter des ponts entre les styles, les langages et les époques. D’où ce disque…
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Guillaume de Chassy
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9
BRIDGES
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‘The purpose of art is not the release of a momentary ejection of adrenaline but is, rather, the gradual,
lifelong construction of a state of wonder and serenity.’
Glenn Gould
SILENCES
One luminous autumn morning in 2014, having been entrusted with the keys to the monument, we again
took possession of Noirlac Abbey, in the heart of the Berry region, to conceive our second album. Upon
our arrival, the sun had just finished dispersing the mists, revealing dazzling colours of foliage. Located
in the middle of the peaceful bocage of Noirlac, the abbey offered us all its splendour, to which one never
becomes completely accustomed. Inside the vast 13th-century Cistercian refectory, bathed in a magical,
ever-changing light, the silence of the stones awaited us. A piano, a few mikes: here was our Cistercian
recording studio.
Three years earlier, Thomas Savy, Arnault Cuisinier and myself had recorded our founding opus, Silences,
here. That had already amounted to exploring the byways of our two musical homelands: classical music
and jazz. The three of us share the same cultural roots, the same codes, having been trained in listening
to Mozart, Brahms and Berg, then Miles, Giuffre and Coltrane. Our trio constantly works at developing its
language, combining respect for the writing and collective invention (of which the rules are no less strict).
We build our improvisations in a circle, without a designated soloist; thus, at any moment, roles can switch
within the group, each catching on the fly the propositions that arise, before putting them back into play.
For the album Silences and the concerts that followed, pieces by Shostakovich, Poulenc, Schubert and
Prokofiev were the starting points for our improvisations. They founded the sound of our ensemble and our
playing methods, revealing our identity to us.
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BRIDGES
Hanns Eisler (1898-1962) and Serge Prokofiev (1891-1953): two composers who, at different times and
for different reasons, experienced American exile, the former fleeing Nazi Germany, the latter Bolshevik
Russia. Although these major musicians of the 20th century differ in many respects (culture, aesthetic,
ideology...), they shared a lyricism of rare power, and their melodies were a marvellous source of
inspiration for our improvised variations.
The Hollywood Songbook was composed by Eisler in 1943 on, amongst others, poems by his companion
in exile in Los Angeles, Bertolt Brecht. These are songs of nostalgia, anger and frustration, which evoke
the other side of the Hollywood scene and the far-off homeland, plunged in war. As for the music, it
embraces a variety of styles ranging from dodecaphony to Berlin cabaret, by way of American folk music.
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ENGLISH
LAURENT NAOURI
In the autumn of 2013, Paul Fournier, director of the Noirlac Centre Culturel de Rencontres and a faithful
supporter of my creations, asked me to think about the next step. I dreamt of making an opera singer a
partner in the Silences Trio but we still had to find the rare bird who would not be afraid to pose its voice
on the continuously shifting carpet of our improvisations.
It is worth relating my meeting Laurent Naouri: I had discovered him in a concert performance of Debussy’s
Pelléas et Mélisande, conducted by Bernard Haitink at the Théâtre des Champs-Élysées. This memorable
evening was prolonged shortly thereafter by the recording, which I bought (I collect different versions of
this opera). A while later, I was performing at a Paris jazz club. Throughout the whole concert, a voice in
the audience unfailingly hummed the Broadway songs to which I was paying tribute that evening. It’s not
so common to be accompanied like that, sotto voce, in this American repertoire from the Forties… After
the concert, I was introduced to the invisible singer: it was Laurent Naouri, who, at the same time, revealed
his passion for The Great American Songbook, of which he has encyclopaedic knowledge. Between the
music of Claude Debussy and that of Irving Berlin, the man quite obviously had dual nationality. Without
hesitating, he volunteered for the ‘Silences-II’ project, which he soon renamed Bridges.
One might as well say it embodies entartete Musik (degenerate music), the concept exploited by the Nazis
for banishing so many eminent German creators – including Eisler (a Jew, to boot) and Brecht.
Most of the songs in The Hollywood Songbook have the particularity of ending (or rather not ending) with a
sort of musical question mark, a suspension that, to my ears at least, calls for a prolongation. So I thought
up a suite in which the songs are linked to each other by improvised bridges, inspired as much by the
meaning of the lyrics as by the mood of the music.
I had long wanted to transcribe for voice themes by Prokofiev originally written for piano or violin but which
are naturally vocal. With singer Lydie Pravikoff, we adapted texts by Russian poets (Tsvetaeva, Chulkov,
Lermontov, Pushkin and Yesenin) to excerpts of the Violin Concerto No.1 (1917), the Piano Concerto No.2
(1923) and the Piano Sonata No.6 (1939). So we reversed the customary process, which consists of
adapting music to the text.
I don’t know whether Prokofiev liked jazz, but it so happens that his melodies are highly inspiring vehicles
for improvisation. So I proceeded as with Cole Porter songs: a theme, followed by an improvisation on the
harmonic sequence, followed by a final theme.
For a few days in that lovely autumn of 2014, Laurent, Thomas, Arnault and myself were voluntary recluses
between the high walls of Noirlac Abbey. Like four brothers in music, we endeavoured to throw bridges
between styles, languages and periods. The result is this disc…
Guillaume de Chassy
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BRIDGES – BRÜCKEN
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SILENCES - STILLE
An einem wunderschönen Herbstmorgen 2014 ergriffen wir erneut Besitz von der französischen
Zisterzienserabtei Noirlac, um dort unser zweites Album aufzunehmen. Man hatte uns die Schlüssel des
Klosters überlassen.
Bei unserer Ankunft vertrieb die Sonne die letzten Nebelschwaden und ließ die strahlenden Farben des
Herbstlaubes aufleuchten. Die Abtei Noirlac inmitten der stillen Landschaft des Bocage lag da in all ihrer
Pracht, an die man sich nie wirklich ganz gewöhnen kann.
Im riesigen, magisch-wechselhaft lichtdurchfluteten Refektorium der Zisterzienser aus dem 12.
Jahrhundert erwartete uns die Stille der Steine. Wie auch ein Klavier und mehrere Mikrofone, das war
dann unser klösterliches Aufnahmestudio.
An diesem Ort hatten Thomas Savy, Arnault Cuisinier sowie ich selbst drei Jahre zuvor unsere erste
Einspielung vorgenommen: „Silences“. Damals schon ging es um eine Art Crossover, eine wechselseitige
Erkundung unserer musikalischen Heimaten Jazz und Klassik.
Wir haben alle drei die gleichen gemeinsamen kulturellen Wurzeln, die gleichen „Codes“, da wir uns
alle in unserer musikalischen Ausbildung mit Mozart, Brahms und Berg, aber auch mit Miles, Giuffre
sowie Coltrane beschäftigt haben. Als Trio arbeiten wir beständig an der Weiterentwicklung unserer
eigenen musikalischen Sprache, unter Achtung der Komposition als solcher und bei gemeinsamem
musikalischen Entsinnen, bei dem die Regeln ebenfalls sehr strikt sind. Bei unseren Improvisationen
gibt es keinen zuvor festgelegten Solopart, dieser geht reihum. So können die Rollen im Ensemble
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DEUTSCH
„Der Sinn und Zweck der Kunst besteht nicht darin, kurzzeitig einen Adrenalinstoß auszulösen, sondern
darin, sich ein Leben lang allmählich auf einen Zustand der stillen Bewunderung und Abgeklärtheit
zuzubewegen.“
Glenn Gould
jederzeit wechseln, ein jeder kann die auftauchenden Vorschläge aufgreifen und sie dann wieder ins
gemeinsame Spiel einbringen.
Für das Album „Silences“ und die sich daran anschließenden Konzerte bildeten Stücke von
Schostakowitsch, Poulenc, Schubert und Prokofjew den Ausgangspunkt unserer Improvisationen. Diese
Musik liegt unserem Ensembleklang zugrunde und bestimmt auch unsere gemeinsame Spielweise;
zudem hat sie uns gezeigt, wer wir musikalisch gesehen eigentlich „sind“.
LAURENT NAOURI
Im Herbst 2013 schon hatte mich Paul Fournier, der Leiter des „Centre culturel de rencontres“ (Kulturund Begegnungszentrum) Noirlac und getreuer Unterstützer meines künstlerischen Wirkens, gebeten, mir
darüber Gedanken zu machen, wie es anschließend weitergehen sollte. Mein Traum war es, dem SilencesTrio einen Opernsänger beizugesellen, aber erst einmal musste dieses seltene Exemplar gefunden werden,
das heißt ein Sänger, dem stimmlich vor den beständigen Veränderungen unserer Improvisationsvorlagen
nicht bange ist.
Meine erste Begegnung mit Laurent Naouri soll hier geschildert werden, welche im Pariser Théâtre des
Champs-Elysées bei der konzertanten Aufführung von Debussys „Pelléas et Mélisande“ unter der Leitung
von Bernard Haitink stattfand. Ein unvergesslicher Abend, der auch auf einer Schallplatte verewigt wurde,
die ich mir zugelegt habe (ich bin leidenschaftlicher Sammler aller Einspielungen dieser Oper). Einige Zeit
später trat ich in einem Pariser Jazzclub auf. Das ganze Konzert hindurch summte jemand im Publikum
absolut richtig die Broadway-Melodien mit, die ich an diesem Abend spielte. Dies passiert einem nicht
so häufig, dass man bei dem amerikanischen Repertoire aus den 1940er Jahren sotto voce begleitet
wird… Nach dem Konzert wurde ich dem unsichtbaren Sänger vorgestellt: Es handelte sich um Laurent
Naouri, der mir bei gleicher Gelegenheit von dem „Great American Songbook“ in den höchsten Tönen
vorschwärmte; dieses kennt er sozusagen aus dem Effeff.
Und die Musik Claude Debussys wie auch die Irving Berlins war ihm ganz offensichtlich ebenfalls bestens
vertraut. Laurent Naouri zögerte keine Sekunde und sagte seine Mitwirkung bei dem Projekt „Silences II“
zu; er war es dann auch, der den neuen Namen dafür fand: „Bridges“, Brücken.
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Das „Hollywooder Liederbuch“ komponierte Hanns Eisler 1943, zum Großteil auf Gedichte Bertolt Brechts,
seines Weggefährten im Exil in Los Angeles. Diese Kunstlieder sind geprägt von der Sehnsucht nach
der fernen Heimat im Krieg, von Zorn und Befremdlichkeit gegenüber Hollywoods „Hochglanzdekor“.
Musikalisch zeichnet sich das Werk durch eine sehr breite stilistische Fächerung aus, von der
Zwölftontechnik über die amerikanische Unterhaltungsmusik bis hin zum Berliner Kabarett. Man könnte
auch sagen, dass diese Musik die Illustration des von den Nazis instrumentalisierten Konzeptes der
„entarteten Musik“ darstellt, mit dem so viele bedeutende deutsche Kunstschaffende diskriminiert und
ins Exil getrieben wurden, darunter Eisler, der zudem jüdischer Herkunft war, sowie Brecht.
Die Besonderheit der meisten Lieder des „Hollywooder Liederbuches“ besteht in ihrem Schluss (oder
besser gesagt, ihrem „Nicht-Schluss“): Es handelt sich um eine Art musikalische Fragestellung, ein
schwebendes Innehalten, welches zumindest für meine Ohren eine Fortführung geradezu herbeiruft.
Daher habe ich eine Suite gestaltet, in der die Lieder durch improvisierte Überleitungen miteinander
verbunden sind, und die sowohl von der Wortbedeutung als auch von der in der Musik durchklingenden
Atmosphäre inspiriert wurden.
Schon lange hatte es mir vorgeschwebt, ursprünglich für Klavier oder Violine verfasste, aber sehr „vokal“
klingende Themen aus Prokofjews Musik für Singstimme zu bearbeiten. Gemeinsam mit der Sängerin
Lydie Pravikoff haben wir Texte russischer DichterInnen (Marina Iwanowna Zwetajewa, Georgij Tschulkow,
Michail Lermontow, Alexander Puschkin und Sergej Alexandrowitsch Jessenin) für Auszüge aus dem
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DEUTSCH
BRIDGES - BRÜCKEN
Hanns Eisler (1898-1962) und Sergej Prokofjew (1891-1953): Zwei Komponisten, die zu unterschiedlichen
Zeiten und aus unterschiedlichen Gründen ins amerikanische Exil gingen, der eine auf der Flucht vor
Nazideutschland, der andere vor den russischen Bolschewiken. Wenn auch sehr vieles diese beiden so
bedeutenden Komponisten des 20. Jahrhunderts trennt (Kultur, Ästhetik, Ideologie), so ist ihnen doch eine
lyrische Begabung von seltener Ausdruckskraft gemein. Ihre Melodien stellten für uns eine wundervolle
Inspirationsquelle dar, speziell für unsere improvisierten Variationen.
Violinkonzert Nr. 1 D-Dur (1917), aus dem Klavierkonzert Nr. 2 g-Moll (1923) sowie aus der Sonate Nr. 6
A-Dur (1939) adaptiert. Wir haben so einmal den umgekehrten Weg beschritten, denn üblicherweise wird
die Musik ja für den Text eingerichtet.
Ich weiß nicht, ob Prokofjew Jazz mochte, aber seine Melodien bieten höchst inspirierende Vorlagen für
Improvisationen. Also bin wie ich bei Songs von Cole Porter vorgegangen: Zunächst kommt ein Thema,
dann folgen erst eine Improvisation über die harmonische Sequenz und schließlich das Schlussthema.
Laurent, Thomas, Arnault und ich haben uns im schönen Herbst 2014 freiwillig wie Einsiedler einige Tage
lang in die klösterliche Abgeschiedenheit hinter den hohen Mauern der Abtei Noirlac zurückgezogen. Wie
vier musikalische Fratres, in der Musik vereinte Brüder, haben wir alles darangesetzt, Brücken zwischen
den verschiedenen Musikstilen, Klangsprachen und Musikepochen zu schlagen. Und so ist dieses Album
entstanden…
Guillaume de Chassy
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HANNS EISLER
HOLLYWOODER LIEDERBUCH
Texte: Bertolt Brecht (1-5)1 sowie Berthold Viertel (6)
1 AUF DEN KLEINEN RADIOAPPARAT / AN DEN KLEINEN RADIOAPPARAT
Du kleiner Kasten, den ich flüchtend trug,
Dass seine2 Lampen mir auch nicht zerbrächen,
Besorgt von3 Haus zum Schiff, vom Schiff zum Zug,
Dass meine Feinde weiter zu mir sprächen,
An meinem Lager und zu meiner Pein,
Der letzten nachts, der ersten in der Früh,
Von ihren Siegen und von meiner Müh:
Versprich mir, nicht auf einmal stumm zu sein!
Entnommen aus: Bertolt Brecht, Gesammelte Werke in 20 Bänden. Edition Suhrkamp Werkausgabe.
Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main 1967. Abdruck mit freundlicher Genehmigung des Suhrkamp
Verlages.
2
meine
3
vom
1
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HANNS EISLER
HOLLYWOOD SONGBOOK
HANNS EISLER
HOLLYWOOD SONGBOOK
Textes : Bertolt Brecht (sauf N. 6) Les titres des poèmes étant parfois différents de ceux
des lieder, nous mentionnons le titre original
de Bertolt Brecht puis celui choisi par Hanns Eisler.
En notes dans le texte original figurent
les mots choisis par Eisler pour le lied lorsqu’ils
diffèrent de ceux de Brecht.
Lyrics: Bertolt Brecht (except N.6)
As poems and lieder sometimes have different titles,
the original title by Bertolt Brecht appears first,
followed by the one chosen by Hanns Eisler.
The words that Eisler chose in the lied to replace
the ones by Brecht are referred to as footnotes in the
original text.
AU PETIT POSTE DE RADIO
TO A PORTABLE RADIO
Toi, petit poste que j’ai emporté dans ma fuite
En prenant bien soin qu’aucune lampe ne se brise,
Pour que de la maison jusqu’au bateau,
puis jusqu’au train,
Je continue d’entendre le discours ennemi,
Promets-moi, quand je t’aurai posé à mon chevet,
au nom de ma souffrance qui s’en va la nuit,
Qui revient le jour,
Même s’il te faut annoncer leur victoire
et la ruine de mes efforts,
Promets-moi de ne pas tout à coup rester muet.
You, little box, I carried on that trip
Concerned to save your tubes from getting broken
Fleeing from house to train, from train to ship,
So I might hear the hated jargon spoken
Beside my bedside and to give me pain
Last thing at night, once more as dawn appears
Charting their victories and my worst fears:
Promise at least you won’t go dead again!
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2 DIE LANDSCHAFT DES EXILS
Aber auch ich auf dem letzten Boot
Sah noch den Frohsinn des Frührots im Takelzeug
Und der Delphine graulichte Leiber, tauchend
Aus der Japanischen1 See.
Und die Pferdewäglein mit dem Goldbeschlag
Und die rosa Armschleier der Matronen
In den Gassen des gezeichneten Manila
Sah auch der Flüchtling mit Freude.
Und die Öltürme und dürstenden Gärten2 von Los Angeles
Und die abendlichen Schluchten Kaliforniens und die Obstmärkte
Ließen auch den Boten3 des Unglücks
Nicht kalt.
Chinesischen
und die duftenden Gärten
3
Kaliforniens ließen den Boten
1
2 20
LE PAYSAGE DE L’EXIL
THE LANDSCAPE OF EXILE
Mais moi aussi sur le dernier bateau
J’ai vu dans le gréement la joie de l’aube rouge
Et les corps gris acier des dauphins, émergeant
De la mer du japon.
Et les petites calèches aux ridelles dorées
Et les châles roses des matrones
Dans les ruelles de Manille, marquée par le destin,
Le fugitif eut plaisir aussi à les voir.
Et devant les derricks de Los Angeles,
ses jardins altérés,
Les gorges de Californie noyées d’ombre et les
marchés aux fruits
Le messager du malheur n’est pas resté non plus
De glace.
But I even I, on that last boat
Saw the gaiety of the dawn in the rigging
And the grayish bodies of dolphins emerge
From the Japanese Sea.
The little horsecarts, with gilt decorations
And the pink sleeves of the matrons
In the alleys of doomed Manila
The fugitive beheld with joy.
The oil derricks and the thirsty gardens
of Los Angeles
And the ravines of California at evening
and the fruit market
Did not leave the messenger of misfortune unmoved.
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3 FINNISCHE LANDSCHAFT / FRÜHLING 1942
Fischreiche Wässer! Schönbäumige Wälder!
Birken und Beerenduft!
Vieltöniger Wind, durchschaukelnd1 eine Luft
So mild, als stünden jene eisernen Milchbehälter,
Die dort vom weißen Gute rollen, offen!
Geruch und Ton und Bild und Sinn verschwimmt.
Der Flüchtling sitzt im Erlengrund und nimmt
Sein schwieriges Handwerk wieder auf: das Hoffen.
Vieltöniger Wind durchschaukelt
1
4 HOLLYWOOD-ELEGIE II
Die Stadt ist nach den Engeln genannt
Und man begegnet allenthalben Engeln.
Sie riechen nach Öl und tragen goldene Pessare
Und mit blauen Ringen um die Augen
Füttern sie allmorgendlich die Schreiber in ihren Schwimmpfühlen.
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PAYSAGE FINLANDAIS / PRINTEMPS 1942
FINNISH LANDSCAPE
Eaux riches en poissons ! Forêts de très beaux arbres !
Odeur de bouleaux et fruits sauvages !
Vent polyphonique, faisant tanguer un air
Si doux que l’on croirait ouverts ces bidons de lait
Qui là-bas descendent en roulant de la ferme blanche !
Odeurs et sons et images et sens qui s’estompent.
Le fugitif est assis parmi les aulnes du vallon
Et reprend son métier difficile : espérer.
Those fish-stocked waters! Lovely trees as well!
Such scents of the berries and of birches there!
Thick-chorded winds that softly cradle air
As mild as though the clanking iron churns
Trundled from the white farmhouse were all left open!
Dizzy with sight and sound and thought and smell
The refugee beneath the alders turns
To his laborious job: continued hoping.
HOLLYWOOD-ÉLÉGIE II
HOLLYWOOD ELEGY II
La ville tient son nom des anges,
Et l’on en rencontre à chaque coin de rue.
Ils sentent le pétrole, ils portent un pessaire en or.
Le matin, des cernes bleus sous les yeux,
Ils viennent nourrir les gens de plume qui pataugent
dans leur piscine.
The city is named after the angels
And you meet angels on every hand.
They smell of oil and wear pessaries
And, with blue rings round their eyes
Feed the writers in their swimming pools every
morning.
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5 FINNISCHE GUTSSPEISEKAMMER 1940 / SPEISEKAMMER 1942
O schattige Speise1! Einer dunklen Tanne
Geruch geht nächtlich brausend in dich ein
Und mischt sich mit dem süßer Milch aus großer Kanne
Und dem des Räucherspecks vom2 kalten Stein.
Bier, Ziegenkäse, frisches Brot und Beere
Gepflückt im2 grauen Strauch, wenn Frühtau fällt!
Oh, könnt ich laden euch, die überm Meere
Der Krieg der leeren Mägen hält!
Kühle
am
1 2 6 KALIFORNISCHER HERBST / AUTOMNE CALIFORNIEN
(Berthold Viertel)
Die Leiter blieb noch unterm Feigenbaume stehen,
Doch er ist gelb und schon längst leergegessen
Von Schnäbeln und von Mündern, wem’s zuerst geglückt.
Wird ihn der nächste Sommer grün und reich beladen sehn,
Und kommt der Friede unterdessen,
Mag es ein andrer sein, der hier die Feigen pflückt.
Wir wären dann in kältere Breiten heimgegangen:
Da wächst kein Feigenbaum,
Aber der Wein.
Fällt dort der Schnee,
Werden wir umso frischer sein
Und gern im wieder befreiten Winter wohnen
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CELLIER FINLANDAIS / LE CELLIER 1942
LARDER ON A FINNISH ESTATE, 1940
Ô cellier noyé de pénombre ! L’odeur d’un sapin noir
Pénètre en toi par rafales nocturnes
Pour se mêler à celle de la grande jatte de lait doux
Et du lard fumé, étalé sur la pierre froide.
Bière, fromage de chèvre, pain frais, baies
Cueillies du buisson gris d’où tombe la rosée !
Vous que retient en mer la guerre des estomacs vides,
Que ne puis-je vous convier !
O shady store! The scent of dark green firs
Comes nightly swirling in to blend itself
With that of sweet milk from enormous churns
And smoky bacon on its cold stone shelf.
Beer, goats’ milk cheese, new bread and berries
Picked from grey undergrowth heavy with dew . . .
To those fighting the war on empty bellies
Far to the south: I wish it were for you.
AUTOMNE CALIFORNIEN
(Berthold Viertel)
CALIFORNIAN AUTUMN
(Berthold Viertel)
L’échelle est restée posée contre le figuier.
Plus un fruit au milieu des feuilles jaunies.
Ceux qui sont les premiers
À en faire leur bonheur
Les ont vidés à coups de bec ou de mâchoire.
L’été prochain, si l’arbre est bien vert et lourd de figues,
Et si la paix revient,
Ce sera peut-être un autre qui les cueillera.
Nous serons rapatriés sous de plus frais climats :
Il n’y pousse pas de figuiers,
Il y pousse la vigne.
S’il neige,
Nous n’en serons que plus heureux
De vivre l’hiver que l’on nous aura rendu.
The ladder still stood under the fig tree,
But that has turned yellow and long since been eaten bare
By beaks and mouths of those who got there first.
But if next summer sees it green and richly laden,
And peace comes in the meantime,
It might be someone else who picks the figs here.
In that case, we’ll have gone home to colder climes:
No fig trees grow there,
But wine does.
If the snow should fall there,
We’ll be all the fresher
And gladly live in our newly liberated winter.
25
SERGE PROKOFIEV
TRANSCRIPTIONS
Texts adapted from the Russian into French by Lydie Pravikoff and translated by John Tyler Tuttle
8 ELEGY
Theme from the Piano Concerto No. 2, 4th movement
(text: after Marina Tsvetaeva, Georgy Chulkov)
Yesterday again she met my gaze,
Yesterday again she remained until the birds sang at daybreak,
Her tears are water and blood, water in blood,
She washed herself in tears.
Yesterday again she met my gaze,
Yesterday again she remained until the birds sang at daybreak,
Thus do ships carry lovers away,
A white road takes the lovers, takes them…
Cover her white breast with a veil.
Yesterday again she was seated on her knees,
She spread her two hands.
Cover her white breast with a veil,
Cross her hands.
Night would not seem so stifling to me
Day would not appear so terrifying
If I were to see you now, were it only in my dreams.
26
SERGE PROKOFIEV
TRANSCRIPTIONS
Textes adaptés et traduits du Russe par Lydie Pravikoff
SERGEJ PROKOFJEW
TRANSKRIPTIONEN
(Bearbeitet von Lydie Pravikoff,
deutsche Übersetzung von Achim Russer)
ÉLÉGIE
ELEGIE
Thème du concerto pour piano n° 2, 4e mouvement
(texte : d’après Marina Tsvetaieva, Georgy Tchoulkov )
Thema: Klavierkonzert Nr. 2, 4. Satz
(Text nach Marina Zwetajewa, Georgy Tschulkow)
Hier encore elle a rencontré mon regard,
Hier encore elle est restée jusqu’au chant des oiseaux
au lever du jour,
Ses larmes sont eau et sang, l’eau dans le sang,
Elle s’est lavée dans les larmes.
Gestern noch trafen sich unsere Blicke,
Gestern noch blieb sie bis zum Vogellied am frühen
Morgen,
Ihre Tränen sind Wasser und Blut, Wasser im Blut,
Sie hat sich in Tränen gewaschen.
Hier encore elle a rencontré mon regard,
Hier encore elle est restée jusqu’au chant des oiseaux
au lever du jour,
Ainsi les navires emportent les amants,
Une route blanche prend les amants, les prend…
Gestern noch trafen sich unsere Blicke,
Gestern noch blieb sie bis zum Vogellied am frühen
Morgen,
So führen die Schiffe Liebende mit sich fort,
Eine weiße Straße nimmt die Liebenden auf, nimmt sie...
Recouvre d’un voile sa blanche poitrine.
Hier encore elle était assise à genoux,
Elle a ouvert ses deux mains.
Recouvre d’un voile sa blanche poitrine,
Croise ses mains.
Verschleiere ihre weiße Brust.
Gestern noch saß sie kniend,
Öffnete ihre Hände.
Verschleiere ihre weiße Brust,
Kreuze ihre Hände.
La nuit ne me semblerait pas si étouffante
Le jour ne paraîtrait pas si terrifiant
Si maintenant je te voyais ne serait-ce que dans mes
rêves.
Die Nacht schiene mir nicht so erstickend,
Der Tag schiene mir nicht so erschreckend,
Sähe ich sie jetzt, sei es auch nur im Traum.
27
9 EVENING STAR
Theme from the Violin Concerto No. 1, 1st movement
(text: after Alexander Pushkin)
I lazed about, pensive, far above the sea
Whilst the shadow of night covered the cottages once again,
And there, a young girl looked for you in the darkness
And uttered your name before her friends.
Evening star, star,
Your rays colour the peaks of the black cliffs silver,
The plains, the somnolent bay.
I remember your rising, familiar star,
Over a peaceful country dear to my heart,
Where slender poplars soar in small valleys,
The tender myrtle and the dark cypress doze,
And the waves of midday murmur softly.
28
L’ÉTOILE DU SOIR
ABENDSTERN
Thème du concerto pour violon n° 1, 1er mouvement
(texte : d’après Alexandre Pouchkine)
Thema: Violinkonzert Nr. 1, 1. Satz
(Text nach Alexander Puschkin)
Je paressais, songeur, loin au-dessus de la mer
Tandis que l’ombre de la nuit recouvrait les
chaumières,
Et là, une jeune fille te cherchait dans l’obscurité
Et prononçait ton nom devant ses amies.
Etoile du soir, étoile,
Tes rayons colorent d’argent les cimes des noires
falaises,
Les plaines, la baie somnolente.
Je me souviens de ton lever, astre familier,
Sur un paisible pays cher à mon cœur,
Où les peupliers sveltes s’élancent dans les vallons,
Somnolent le tendre myrte et le sombre cyprès,
Et murmurent doucement les vagues du midi.
Ich wandelte träumerisch hoch über dem Meer,
Während nächtlicher Schatten die Hütten umfing.
Da suchte ein Mädchen dich im Dunkel
Und nannte ihren Freundinnen deinen Namen.
Abendstern,
Deine Strahlen färben silbern die Gipfel der schwarzen
Felsen,
Die Ebenen, die schlummernde Bucht.
Ich erinnere mich, wie du aufgingst, vertrautes Gestirn,
Über einem friedlichen Land, meinem Herzen so nah,
Wo schlanke Pappeln aus Tälern aufsteigen,
Die zarte Myrte und die düstere Zypresse schlummern
Und sanft die südlichen Wellen murmeln.
29
10 NURSERY RHYME
Theme from the Piano Sonata No. 6, 2nd movement
(text: after a Russian nursery rhyme)
Once upon a time there were three Japanese: Yak and Yak,
Yak, Yak-Tsidrak, Tsidrak, Yak, Yak-Tsidrak and Yak-Tsidrak-Tsidron.
Once upon a time there were three Japanese women Drimpomponi.
And they got married: Yak with Tsipe,
Yak-Tsidrak with Tsipe-Dripe, ah!
And they had children: Yak and Tsipe: Chakh and…
Once upon a time there were three Japanese: Yak and Yak,
Yak, Yak-Tsidrak, Tsidrak, Yak, Yak-Tsidrak and Yak-Tsidrak-Tsidron.
In this country where the sun always shines, they were all happy, and…
There were three Japanese, Yak et Yak,
Once upon a time there were three Japanese: Yak-Tsidrak and Yak-Tsidrak-Tsidron.
30
COMPTINE
KINDERREIM
Thème de la sonate pour piano n° 6, 2e mouvement
(texte : d’après une comptine populaire russe)
Thema: Klaviersonate Nr. 6, 2. Satz
(Text nach einem russischen Kinderlied)
Il était une fois trois japonais : Yak et Yak,
Yak, Yak-Tsidrak, Tsidrak, Yak, Yak-Tsidrak
et Yak-Tsidrak-Tsidron.
Es waren einmal drei Japaner: Yak und Yak,
Yak, Yak-Zidrak, Yak, Yak-Zidrak und Yak-Zidrak-Zitron.
Il était une fois trois japonaises Drimpomponi.
Et voilà qu’ils se marient : Yak avec Tsipe,
Yak-Tsidrak avec Tsipe-Dripe, ah !
Et ils eurent des enfants : Yak et Tsipe : Chakh et…
Il était une fois trois japonais : Yak et Yak,
Yak, Yak-Tsidrak, Tsidrak, Yak, Yak-Tsidrak
et Yak-Tsidrak-Tsidron.
Dans ce pays où le soleil brille toujours, ils étaient tous
heureux, et…
Il y avait trois japonais, Yak et Yak,
Il était une fois trois japonais, Yak-Tsidrak et YakTsidrak-Tsidron.
31
Es waren einmal drei Japanerinnen, Drimpomponi.
Und da heirateten sie. Yak die Tsipe,
Yak-Zidrak die Tsipe-Dripe, Ah!
Und sie hatten drei Kinder: Yak und Zipe, Schak und...
Es waren einmal drei Japaner: Yak und Yak,
Yak, Yak-Zidrak, Yak, Yak-Zidrak und Yak-Zidrak-Zitron.
In diesem Land, wo die Sonne immer scheint, waren sie
alle glücklich, und…
Es waren einmal drei Japaner: Yak und Yak,
Yak, Yak-Zidrak, Yak, Yak-Zidrak und Yak-Zidrak-Zitron.
11 AT NIGHT
Theme from the Violin Concerto No. 1, 3rd movement
(text: after Mikhail Lermontov)
The night is peaceful, peaceful, and the desert listens to God,
Star converses with star.
All night long a sweet love song reaches me.
I would like to sleep forever and ever,
So that life quiver in my breast again…
The night is peaceful, peaceful, and star converses with star,
The stony path gleams.
All night long a sweet love song reaches me.
I would like to sleep forever and ever,
So that, in breathing, my breast quietly rises.
32
LA NUIT
BEI NACHT
Thème du concerto pour violon n° 1, 3e mouvement
(texte : d’après Mikhaïl Lermontov)
Thema: Violinkonzert Nr. 1, 3. Satz
(Text nach Michail Lermontow)
La nuit est calme, calme, et le désert écoute Dieu,
L’étoile converse avec l’étoile.
Toute la nuit me parvient un doux chant d’amour.
Je voudrais à tout jamais dormir,
Afin qu’en mon sein la vie frémisse encore…
Die Nacht ist still, still, und die Wüste hört Gott,
Der Stern unterhält sich dem Stern.
Die ganze Nacht dringt ein sanftes Liebeslied zu mir.
Ich möchte auf immer und ewig schlafen,
Damit in meiner Brust das Leben weiterbebt…
La nuit est calme, calme, et l’étoile converse avec
l’étoile,
Le chemin pierreux brille.
Toute la nuit me parvient un doux chant d’amour.
Je voudrais à tout jamais dormir,
Afin que ma poitrine, en respirant, tranquillement se
soulève
Die Nacht ist still, still, und der Stern unterhält sich mit
dem Stern
Der steinige Weg schimmert.
Die ganze Nacht dringt ein sanftes Liebeslied zu mir.
Ich möchte auf immer und ewig schlafen,
Damit meine Brust beim Atmen sich sanft hebt.
33
12 AUTUMN
Theme from the Piano Concerto No. 2, 1st movement
(text: after Sergei Esenin)
Everything that was has long been finished.
Everything has cooled down, was and is no longer
I do not complain, I do not weep,
All will pass like the whiteness of the apple trees.
Gently flows the copper of the maple leaves, gently.
My heart, you will no longer beat as in the past,
My wandering soul, my enflamed lips,
My impetuous glances, my life!
We are all mortal in this world,
Gently flows the copper of the maple leaves…
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34
AUTOMNE
HERBST
Thème du concerto pour piano n° 2, 1er mouvement
(texte : d’après Sergueï Essénine)
Thema: Klavierkonzert Nr 2, 1. Satz
(Text nach Sergei Jessenin)
Tout ce qui a été est terminé depuis longtemps.
Tout s’est refroidi, a été et n’est plus
Je ne me plains pas, je ne pleure pas,
Tout passera comme la blancheur des pommiers.
Alles, was war, ist seit langem zu Ende.
Alles ist erkaltet, war und ist nicht mehr.
Ich klage nicht, ich weine nicht,
Alles vergeht wie die Apfelbaumblüte.
Doucement coule le cuivre des feuilles d’érable,
doucement.
Mon cœur, tu ne battras plus comme autrefois,
Mon âme errante, mes lèvres enflammées,
Mes regards impétueux, ma vie !
Sanft rinnt der Kupfer der Ahornblätter, sanft.
Mein Herz, du wirst nicht mehr schlagen wie einst,
Meine unstete Seele, meine glühenden Lippen,
Meine hitzigen Blicke, mein Leben!
In dieser Welt sind wir allesamt sterblich,
Sanft rinnt das Kupfer der Ahornblätter.
Nous sommes en ce monde tous mortels,
Doucement coule le cuivre des feuilles d’érable…
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ABBAYE DE NOIRLAC – CENTRE CULTUREL DE RENCONTRE
L’abbaye de Noirlac – Centre culturel de rencontre, ambitionne de lier la richesse patrimoniale du
monument à une actualité artistique dense et éclectique. La rencontre du passé avec la modernité,
des artistes avec le monument, des publics avec la création artistique sont au cœur de ce projet.
Accueil d'artistes en résidence, sessions de recherche, enregistrements, créations et représentations
publiques jalonnent l'année de l'abbaye.
The ambition of the Noirlac Abbey Cultural Exchange Centre is to link the monument’s rich heritage to
dense, eclectic artistic activity. At the heart of this project are the meeting of the past with modernity,
artists with the monument, and audiences with artistic creation. The Abbey’s year is punctuated
by hosting artists in residence, research sessions, recordings, creations and public performances.
Die ehemalige Zisterzienserabtei Noirlac, heute ein Kultur- und Begegnungszentrum, hat es sich zur
Aufgabe gemacht, ihr reiches architektonisches Erbe mit zeitgenössischem, äußerst vielfältigem
künstlerischen Schaffen in Verbindung zu bringen. Das Aufeinandertreffen von Vergangenheit und
Moderne, von Künstlern und altehrwürdiger Klosteranlage sowie die Begegnung von Publikum
und Kunst stehen im Zentrum dieses Projektes. Der Jahreslauf in der Abtei Noirlac ist geprägt
von Künstlerresidenzen, Forschungsseminaren, CD-Einspielungen, Kreationen sowie öffentlichen
Aufführungen.
Abbaye de Noirlac
18200 Bruère-Allichamps
www.abbayedenoirlac.fr
GUILLAUME DE CHASSY WOULD LIKE TO THANK:
LAURENT NAOURI,THOMAS SAVY AND ARNAULT CUISINIER
FOR THEIR OUTSTANDING COMMITMENT AND CREATIVITY,
PAUL FOURNIER FOR HIS FAITHFUL SUPPORT, MARINE THÉVENIN
FOR HER FLAWLESS EFFICIENCY AND MEL FOR HER GOOD ADVICE
AND ENDURING LOVE.
RECORDED FROM 4 TO 6 NOVEMBER 2014
AT THE ABBAYE DE NOIRLAC (CHER, FRANCE)
NICOLAS BAILLARD sound engineer
PHILIPPE TEISSIER DU CROS editing, mixing & mastering
CO-PRODUCED BY GUILLAUME DE CHASSY & CENTRE CULTUREL
DE RENCONTRE ABBAYE DE NOIRLAC
JOHN TYLER TUTTLE english translation
HILLA MARIA HEINTZ übersetzungen ins deutschen
VALÉRIE LAGARDE & GAËLLE LOCHNER art direction & graphic design
ALPHA CLASSICS
DIDIER MARTIN director
PAULINE PUJOL production
AMÉLIE BOCCON-GIBOD editorial coordinator
© COVER PHOTO
© RÉMI ANGELI, INSIDE PHOTO (P.9, 17 & 36)
© THOMAS SAVY INSIDE PHOTO (P.3)
WWW.GUILLAUMEDECHASSY.FR
alpha 210
guillaume de chassy
& centre culturel de rencontre abbaye de noirlac
© alpha classics / outhere music france 2015
original texts
bertolt brecht "auf den kleinen radioapparat" - "die landschaft des exils"
reproduced by permission of deutscher verlag für musik leipzig
- "hollywood-elegie ii" & berthold viertel "kalifornischer herbst"
"frühling" - "speisekammer 1942"
© bertolt-brecht-erben/suhrkamp verlag. reprinted with kind permission by suhrkamp verlag.
bertolt brecht texts, english translations
“to a portable radio”, originally published in german in 1961 as « auf den kleinen radioaparat », translated by john willet. copyright © 1961, 1976
by bertolt-brecht-erben / suhrkamp verlag –
­ “finnish landscape”, originally published in german in 1961 as “finnische landschaft”, translated by
john willet. copyright © 1976, 1961 by bertolt-brech-erben / suhrkamp verlag - “landscape of exile”, originally published in german in 1964 as
“die landschaft des exils”, translated by h.r hays. copyright 1947 by bertolt brecht and h.r hays. copyright © 1964 by bertolt-brecht-erben /
suhrkamp verlag - “hollywood elegies”, originally published in german in 1964 as “hollywood-elegien”, translated by john willet.
copyright © 1976, 1964 by bertolt-brecht-erben / suhrkamp verlag - “larder on a finnish estate, 1940”, originally published in german in 1961 as
“finnische gutsspeisekammer 1940”, translated by john willet. copyright © 1976, 1961 by bertolt-brecht-erben / suhrkamp verlag - from bertolt
brecht poems 1913-1956 by bertolt brecht, edited by john willet and ralph manheim. used by permission of liveright publishing corporation.
bertolt brecht, traductions françaises
an den kleinen radioapparat © l’arche editeur paris – poèmes tome 4 de bertolt brecht – traduit de l’allemand par guillevic / die landschaft des
exils © l’arche editeur paris – poèmes tome 6 de bertolt brecht – traduit de l’allemand par gilbert badia et claude duchet – / frühling
© l’arche editeur paris – poèmes tome 7 de bertolt brecht – traduit de l’allemand par alain calvié / hollywood-elegie 2 © l’arche editeur paris
– poèmes tome 6 de bertolt brecht – traduit de l’allemand par bernard lortholary / speisekammer 1942 © l'arche editeur paris – poèmes tome 4
de bertolt brecht – traduit de l’allemand par guillevic.
ALPHA 210