Analyse économique : macroéconomie Séance d'exercices 2 : OA Solutions Prof. Mathias Thoenig Assistant Marcel Probst Automne 2014 1 Exercice 1 a) En réarrangeant l'equation PS, nous obtenons : F 0 (Lt ) Wt Wt Pt = (1 + µ) θ + (1 − θ) 0 ∗ = (1 + µ ¯ ) F (L ) F 0 (Lt ) F 0 (Lt ) (1) L'indice des prix eectif est égal au coût moyen macroéconomique multiplié par un taux de marge moyen. Le taux de marge moyen dépend ainsi des erreurs d'anticipations des entreprises. Ainsi, trois états sont possibles : Lt > L∗ ⇒ µ ¯ < µ. Une dégradation non-anticipée de la productivité induit que les coûts anticipés (cat = Wt /F 0 (L∗ )) ne sont pas assez élevés par rapport aux coûts eectifs. Ce qui signie que les (1 − θ) entreprises sous-évaluent leur prix et résulte en un indice des prix anticipé inférieur à l'indice des prix eectif (Pte < Pt ). Et donc, nalement le taux de marge moyen est inférieur au taux de marge structurel car certaines entreprises ne réajustent pas leur prix de façon optimal ; Lt < L∗ ⇒ µ ¯ > µ. Lt = L∗ ⇒ µ ¯ = µ. Dans ce cas, aucune dégradation ou amélioration de la productivité. La productivité anticipée et égale à la productivité eectif résultant en un taux de marge eectif optimal. Finalement, on peut ajouter que seule la partie θ des entreprises anticipent parfaitement les coûts et choisissent un taux de marge optimal. De plus, en l'absence de rigidités des prix (θ = 1), le taux de marge moyen ne dépend pas des erreurs d'anticipations et donc vaut en permanence sa valeur optimale. b) Résolution analytique (NOUVEAU) W W de (WS) à de (PS) (1) Egaliser P P On obtient : Wt Pe 1 =ω t = θ Pt Pt (1 + µ)[ F 0 (Lt ) + |{z} | {z (W S) (P S) 1−θ ] F 0 (L∗ ) (2) } où F 0 (Lt ) correspond à la productivité et est caractérisée par : 1 −1 F 0 (Lt ) = Lt 2 2 (2) Mettre en évidence F 0 (Lt ) (3) θ=1 En réarrangeant tous les termes et en isolant F 0 (Lt ), nous obtenons : et poser Pte F (Lt ) = ω(1 + µ) Pt 0 2 (4) En remplaçant F 0 (Lt ) par (3), nous obtenons : 1 − 21 Pte L = ω(1 + µ) 2 t Pt (5) (4) Remplacer Ldt dans la fonction de production Pour l'Ore agrégée de court terme (OACT), nous remplaçons la demande de travail trouvée ci-dessus dans la fonction de production pour obtenir : s q Yt = Ldt = 1 Pt 2θω(1 + µ) Pte 2 (6) Et la courbe OACT devient : Pt 1 Yt = 2ω(1 + µ) Pte (7) A long terme, on sait que les agents anticipents parfaitement les prix. Et donc, Pt = Pte . Ainsi, OALT est donnée par : 1 Y¯ = 2ω(1 + µ) P (8) OALT OACT Y Y Figure 1 Représentation de OACT et OALT. 3 c) i. OACT lorsque µ = 0 Avec µ = 0, nous avons un cas de concurence parfaite car les rmes ne font aucune marge. Algébriquement, en reprenant l'équation (7) de la partie a) on obtient : 1 Pt Yt = 2ω Pte Voir la solution graphique (OACT et OALT) faite à la séance d'exercices. De ce fait, la courbe (PS) de court terme est égale à celle de long terme. Si l'on suppose une surprise inationniste, le marché du travail serait représenté par la Figure 2 cidessous. W/P 𝜔∗ 𝑊𝑆𝐿𝑇 𝑃𝑒 𝑃 𝑊𝑆𝐶𝑇 𝜔 𝑃𝑆𝐿𝑇 = 𝑃𝑆𝐶𝑇 𝐿∗ 𝐿𝑡 Y Figure 2 Marché du travail lorsque µ = 0. Intuitions S'il y a ination surprise (Pt > Pte ), le salaire réel devient plus faible que celui ciblé par les négociations. Pour les entreprises, cela se traduit par une productivité plus faible et donc par une demande de travail supérieur au niveau structurel et donc le chômage diminue. Finalement, la fonction de production est croissante en L et donc cela se traduit par une augmentation de la production par rapport à son niveau structurel. Notez également que : 1 Pt Yt = 2ω P e | {z } t Y¯ Et donc si Pt > Pte , le niveau de court terme sera eectivement supérieur à celui de long terme 1 . 1. Remarque : En log, on aurait : lnYt = lnY¯ + (lnPt − lnPte ) 4 ii. Pas d'erreurs d'anticipation lors des négociations collectives Les syndicats ne font pas d'erreurs d'anticipations car ils observent déjà les prix et donc le salaire nominal Wt est xé ex-post (après la réalisation d'un choc exogène). Donc le salaire réel eectif est donné par : Wt = ω (W S) Pt Ainsi, analytiquement reprenons l'équation (2) de la partie b) : 1 Wt = |{z} ω = θ Pt (1 + µ)[ F 0 (Lt ) + (W S) {z | 1−θ ] F 0 (L∗ ) (P S) (9) } La seule diérence à présent c'est que Pt et Pte n'apparaissent plus dans notre équation. Puisque l'on suppose que toutes les entreprises ajustent leur prix de manière optimale, la courbe OACT est la même que la courbe OALT : 1 Y¯ = Yt = 2ω(1 + µ) (10) Voir la solution graphique (OACT et OALT) faite à la séance d'exercices. Graphiquement, le marché du travail est représenté par la Figure 3 ci-dessous. Finalement, si l'on observe une surprise inationnuste dans ce cas précis il n'y aura aucun eet sur l'équilibre. W/P 𝛚 𝑊𝑆𝐿𝑇 = 𝑊𝑆𝐶𝑇 𝑃𝑆𝐿𝑇 = 𝑃𝑆𝐶𝑇 L 𝐿∗ = 𝐿𝑡 Figure 3 Marché du travail avec aucune erreur d'anticipation. 5 iii. Salaire nominal Wt est exible Etant donné que le salaire nominal s'ajuste, nous nous trouvons dans une situation de plein emploi où Lt = N = L∗ . La courbe OACT est donc une fois encore égale à celle de long terme : Y¯ = Yt = √ (11) N Solution graphique : Même que sous ii. avec OACT=OALT mais déplacé plus vers la droite, comme la production est superieure que sous ii. Si surprise inationniste, encore une fois aucun impact sur l'équilibre puisque (PS) n'est pas aecté. d) i. Agents rationnels Pt = 1. Donc dans ce cas, (WS) Pte de court terme équivaut à (WS) de long terme et idem pour (PS). Figure 4 illustre la situation : le choc exogène qui augmente le niveau des prix n'a aucun impact sur le travail lorsque les agents sont rationnels. Dans ce cas, nous avons que Pte = Pt et donc que 𝑊𝑡 /𝑃𝑡 𝜔 𝑊𝑆𝐶𝑇 = 𝑊𝑆𝐿𝑇 𝑃𝑆𝐶𝑇 = 𝑃𝑆𝐿𝑇 𝐿𝑡 𝐿𝑡 = 𝐿 Figure 4 Marché du travail avec agents rationels. ii. Agents irrationnels avec anticipations adaptatives Dans ce cas, nous avons que Pte = Pt−1 < Pt et donc 5 illustre la situation avant et après le choc. Pt > 1. Graphiquement, la Figure Pte e) i. Agents rationnels Etant donné que les agents sont rationnels et surtout qu'ils anticipent parfaitement le choc exogène, nous avons que Pte = Pt . De ce fait, les courbes (W S) et (P S) deviennent : Wt = ω (W S) Pt (W S) est dans ce cas constant et n'est pas aecté par le choc sur les prix. 6 𝑊/𝑃 𝜔> 𝜔 𝜔 𝑊𝑆𝐿𝑇 𝑃𝑡−1 𝑃𝑡 𝑊𝑆𝐶𝑇 𝑃𝑆𝐿𝑇 = 𝑃𝑆𝐶𝑇 𝐿 𝐿𝑡 𝐿 𝑁 Figure 5 Marché du travail avec agents irrationnels. Wt 1 = Pt (1 + µ) 1 (P S) 1 1 −2 L 2 t (P S) est également constant dans ce cas. En eet, le choc exogène sur les prix n'aecte pas la courbe car toutes les entreprises ajustent leurs prix. De ce fait, Lt = L∗ et donc Yt = Y¯ . ii. Agents irrationnels avec anticipations adaptatives Lorsque les agents sont irrationnels avec des anticipations adaptatives nous avons que Pt Pte = Pt−1 < Pt et donc e > 1. Ainsi, les courbes (W S) et (P S) deviennent : Pt Wt Pe = ω t (W S) Pt Pt (W S) est dans ce cas aecté par le choc exogène : Les prix anticipés sont inférieurs que les prix eectifs et donc le salaire réel diminue. Wt 1 = Pt (1 + µ) 1 (P S) 1 1 −2 L 2 t (P S) n'est pas aecté par ce changement de prix car les entreprises ajustent tous les prix de manière optimale. C'est la raison pour laquelle P SLT est la même que P SCT . Intuitivement, le salaire réel devient plus faible que celui ciblé par les négociations. Pour les entreprises, cela se traduit par une productivité plus faible et donc par une demande de travail supérieur au niveau structurel et le chômage diminue. De ce fait, nous aurons ¯ et donc Yt > Y¯ . que Lt > L 7 Exercice 2 a) L'objectif poursuivi par les syndicats dans la négociation salariale est de maximiser le pouvoir d'achat (ω ) des "insiders" (L) net des indemnités (υ ) qui leur seraient accordées par l'assurance chômage s'ils n'étaient pas employés par la rme représentative. b) Induction à rebours • Problème de la rme représentative M ax P (ALα ) − W L L≥0 La demande de la travail de la rme est donc donnée par la fonction suivante : d L = où W P αA ω 1 1−α P Pe 1 1−α e = ω( PP ) • Problème du syndicat M ax ω≥0 αA ω 1 1−α P Pe 1 1−α (ω − υ) {z | } Ld On obtient la condition de premier ordre (CPO) par rapport à ω : 2−α 1 ⇒ αω α−1 − υω α−1 En réarrangeant cette dernière équation, on trouve un salaire réel cible d'équilibre égal à: ω∗ = υ α En remplaçant ω ∗ dans Ld , on obtient la demande de travail d'équilibre : ∗ L = α2 A υ 1 1−α c) Observations P Pe 1 1−α Pte 6= ω Pt La Figure 6 illustre l'eet d'une ination surprise sur le niveau d'emploi et le salaire réel. W Lorsque Pt > Pte le salaire réel eectif diminue : &. Cette diminution du salaire réel P augmente la demande de travailleurs des rmes (L) et nalement le chômage diminue (u2 < u1 ). Court terme : P e 6= P et donc W P =ω 8 𝑢1 𝜔(𝜐) 𝜔(𝜐) 𝑢2 𝑃𝑒 𝑃 𝐿1 𝐿2 N Figure 6 Eet sur le court terme d'une surprise inationniste. Généralement, on peut dire qu'à court terme : • La demande de travail est une fonction croissante des erreurs d'anticipation du niveau général des prix lorsque P > P e ; • Le salaire réel cible dépend positivement des indemnités chômage, mais ne dépend pas des erreurs d'anticipation (car P n'est pas connu au moment des négociations salariales). =ω Long terme : P e = P et donc W P Dans le cadre de cet exercice nous avons à long terme : d L = α2 A υ 1 1−α ¯ = L(υ) Ainsi, la demande de travail à long terme dépend du niveau des allocations chômage. Graphiquement, la Figure 7 illustre l'eet d'une diminution des allocations chômage (υ1 > υ2 ). Ainsi, suite à cette diminution, il n'est plus nécessaire pour le salaire réel ciblé par les négociations collectives d'être élevé (ω &). Les rmes s'adaptent en augmentant leur demande de travail (L). Cette diminution des allocations chômage permet à l'économie de réduire le chômage structurel. Pour conclure, à long terme, seule les allocations et la production ont une inuence. A court terme, en plus de ces facteurs, l'anticipations du niveau général des prix a son importance également. d) Pour simplier, supposons le cas où les agents sont rationnels mais n'anticipent pas le choc de productivité du travail. Ce choc va déplacer la courbe d'OALT vers la droite car chaque travailleur produit davantage et donc pour un salaire réel cible ω constant, le niveau d'emploi augmente ce qui engendre une augmentation du PIB structurel Y¯ . Le 9 𝑢1 𝜔(𝜐1 ) 𝑢2 𝜔(𝜐2 ) 𝐿(𝜐1 ) 𝐿(𝜐2 ) N Figure 7 Eet sur le long terme d'une augmentation allocation chômage. marché du travail est représenté sur la Figure 8. W/P 𝜔 𝐿𝑑 ′ 𝐿𝑑 L* L*’ L Figure 8 Impact d'une augmentation de la productivité sur le marché du travail Comme ils n'anticipent pas le choc, Pte = P0 . L'OACTt est donnée par Yt = Y¯ 0 + α(Pt − P0 ) et passe par le point (Y¯ 0 , P0 ). L'économie est confrontée à une déation surprise et à une augmentation de la production à court et long terme. Graphiquement, nous avons la Figure 9. 10 P 𝑂𝐴𝐶𝑇𝑡 𝑃0 𝑃𝑡 𝐷𝐴 𝑌 𝑌𝑡 𝑌′ Figure 9 Impact d'une augmentation de la productivité du travail sur l'économie e) De b) nous avons L∗ : L∗ = α2 A υ 1 1−α P Pe 1 1−α En incorporant cette expression dans la fonction de production q = ALα , nous obtenons la courbe d'ore agrégée de court terme (OACT) : ∗α q = AL =A α2 A υ α 1−α P Pe α 1−α (12) Finalement, nous savons qu'à long terme les agents anticipent parfaitement les prix (P e = P ). De l'équation (12), nous obtenons l'OA de long terme (OALT) suivante : q=A 11 α2 A υ α 1−α (13) Exercice 3 (a) Résolution analytique. Yt = Y + α(Pt − Pte ) = Y + αPt − αPte = Y + αPt − α[βPt + (1 − β)Pt−1 ] = Y + α(1 − β)(Pt − Pt−1 ) (b) En réarrangeant le résultat trouvé au point (a), nous trouvons : (Yt − Y ) 1 α(1 − β) = Pt − Pt−1 ce qui nous permet de dériver la courbe OACT : Pt = 1 α(1 − β) (Yt − Y ) + Pt−1 Donc la pente de la courbe OACT est égale à ∂Pt ∂Yt = 1 α(1−β) > 0 où 0 ≤ β ≤ 1. ⇒ On a 2 cas extrêmes : 1 t = α1 > α(1−β) β = 0 : ∂P ∂Yt t β = 1 : ∂P →∞ ∂Yt Plus β augmente, plus la pente de la courbe OACT est forte. La courbe OACT est verticale lorsque β = 1 (et donc elle se confond avec la courbe OALT). (c) Résolution graphique. Il s'agit d'un choc de demande. L'ajustement du CT au LT se fera plus rapidement dans le pays B, car les erreurs d'anticipations des prix réalisés sont en moyenne plus faibles (voir Graphiques 3 et 4). (d) Intuition des mécanismes à l'oeuvre. Comme le choc négatif de demande est de même au ampleur dans les 2 pays, le déplacement de la courbe DA vers le bas à gauche est identique dans les Graphiques 3 et 4. Comme les agents font en moyenne des erreurs d'anticipation des prix réalisés, les mécanismes en jeu sont similaires à ceux mis en évidence à l'Exercice 1, point (d)(ii). La seule diérence réside dans la précision des agents des pays A et B à anticiper le niveau des prix eectifs. Nous allons donner l'intuition des mécanismes en jeu pour la période 1 et les periodes suivantes (mais avant d'atteindre l'équilibre macroéconomique de LT). Période 1 : comme les erreurs d'anticipation sont en moyenne plus élevées dans le pays A, le coût du travail en terme réel va davantage augmenter dans le pays A à la suite du choc de demande. Par conséquent, les rmes dans A demandent relativement moins de travail, ce qui engendre une baisse de la production plus importante. Périodes suivantes : comme les erreurs d'anticipation sont en moyenne plus faibles dans le pays B, le salaire réel va davantage baisser dans B et donc le pays B va se rapprocher plus rapidement 12 Pt OALT OACT1 OACT2 OACT3 P0 P1 P2 OACT∞ DA DA’ Yt Y1 Y2 Y3 Y Figure 10 Choc de demande et dynamique de transition du court au long terme dans le pays A. Pt OALT OACT1 OACT2 OACT3 OACT∞ P0 P1 P2 DA DA’ Y1 Y2Y3 Y Yt Figure 11 Choc de demande et dynamique de transition du court au long terme dans le pays B. de l'équilibre macroéconomique de long terme. 13 Exercice 4 (1) Réponse : (b) et (c) (a) est faux, car si les salaires nominaux sont exibles, le salaire réel dépend uniquement de la quantité totale de travailleurs et ne dépend donc pas des prix réalisés. Dans ce cas, toute la population active est embauchée et il n'y a pas de chômage. Donc la production ne dépend pas des prix eectifs ; (b) est vrai, car si les salaires nominaux sont rigides, le salaire réel et donc la production dépendent des prix réalisés ; (c) est vrai, car si les prix sont partiellement rigides, les erreurs d'anticipation des prix eectifs ont un eet sur la production (voir Chapitre 2 du polycopié du cours, pp. 45-47) ; (d) est faux, car si les salaires réels sont parfaitement rigides, l'emploi et donc la production sont constantes. (2) Réponse : (b) et (c) (a) est vrai, car il n'existe pas de chômage involontaire avec des salaires réels exibles. Dans ce cas, toute la population active est embauchée ; (b) est faux, car si les salaires réels sont rigides, une augmentation de la productivité augmente l'emploi, ce qui fait diminuer le chômage involontaire ; (c) est faux pour les mêmes raisons que celles données en (a) ; (d) est vrai, car les salaires réels augmenteront s'ils sont exibles. 14
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