Me 19 Mars 14 OB n°504 validation

ISSN : 0992-5945
OptionBio
L’actualité du praticien biologiste
n° 504 | Mercredi 19 mars 2014 | 11 €
à la une
« Que le ministère prenne ses responsabilités ». Tel est le défi face aux
menaces de fermeture des laboratoires de biologie médicale (LBM) des
petits et moyens centres hospitaliers (CH). Un risque que laisse planer la
multiplication des « écarts critiques » dont le Cofrac les taxe pour déléguer,
dans certains cas, la communication des résultats urgents à des techniciens.
Pour la présidente du Syndicat national des biologistes hospitaliers (SNBH)
Françoise Cotty, le cadre réglementaire de l’accréditation doit évoluer pour
l’autoriser. Ce qui enfreint les règles de la médicalisation selon les autres
syndicats. Elle s’explique pour OptionBio.
S
i le gouvernement pensait avoir résolu
l’épineux dossier de la réforme de la biologie médicale (BM) grâce à la loi de ratification du 30 mai dernier, c’est peine perdue. Car
explose au grand jour la problématique de l’accréditation qui voudrait que le biologiste médical
(BM) soit tenu de valider chaque examen avant
toute transmission du résultat. Bien qu’essentiel,
le dogme mettrait en péril l’activité de 280 LBM
de petits et moyens centres hospitaliers (CH) de
actualités
Professionnelles, IDIV, Santé publique, biomed…
4
formation
mise au point
Hépatite B : actualités
-H
épatite B et grossesse
- P eut-on arrêter le traitement antiviral
dans l’hépatite B ?
-D
osage quantitatif de l’Ag HBs : utile ou non ?
synthèse
- L e West Nile virus : un virus émergent neurotrope
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gestion
Juridique25
partenaires
71804
Produits26
guide
Petites annonces
|| Françoise Cotty à Vittel au Congrès de la SFIL en mai dernier,
participant à une table ronde ciblée sur la mutualisation
et l’externalisation des données des LBM.
à ses côtés (de gauche à droite) : Me Edouard Poinson,
Pierre Chuzel (SDB) et Bernard Gouget (FHF).
France qui risquent la fermeture. Du fait de leurs
effectifs de biologistes médicaux – ils sont 2
ou 3 BM par CH – ces établissements ne sont
pas, dans les cas d’urgence vitale du patient, en
mesure de s’y plier. Une question lancinante et
récurrente s’il en est (voir OB N°474). Dans une
lettre ouverte, signée d’un « biologiste un peu
las », aux directeurs et présidents de CME de CH,
le Syndicat national des biologistes hospitaliers
(SNBH) jette un pavé dans la marre en soulignant qu’au vu de cette règle « presque tous les
LBM de CH sont non accréditables ». Et par là
même tous les CH seront non certifiables par la
HAS. Faute d’autres directives réglementaires,
les auditeurs Cofrac se mettent à pénaliser les
LBM de CH pour « écart critique » avec la norme
15189. Car les techniciens y sont habilités à
communiquer au clinicien un résultat urgent,
24 heures/24, 7 jours/7, via le serveur, sans
qu’un BM l’ait préalablement toujours validé.
Aussi faute de pouvoir y suppléer en triplant les
effectifs de BM, à l’heure des restrictions budgétaires sur les emplois dans la fonction publique,
le SNBH propose que cette pratique se perpétue en l’encadrant. Susceptibles de l’autoriser ?
Un décret (en gestation) relatif aux conditions
de réalisation des examens de BM et un arrêté
(encore virtuel) fixant la liste des examens réputés urgents ainsi que les conditions de rendu des
résultats, prévu par l’article L.6211-8-1 introduit
par la loi du 30 mai 2013. Mais aucun texte n’est
paru depuis. Et pour cause !
... suite page 3
pratique
Les erreurs à ne pas faire dans le diagnostic
des légionelloses
©SB
Validation des résultats biologiques :
le gouvernement mis au pied du mur
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www.em-consulte.com/revue/optbio
www.em-consulte.com/revue/optbio
focus
« Les systèmes experts ne répondent
pas à nos contraintes »
OB La communication automatique
des comptes rendus d’examens
est autorisée par des personnels médicotechniques habilités à la déclencher.
Pourquoi ne pas y recourir ?
Françoise Cotty D’abord, tous les laboratoires
de centres hospitaliers (CH) ne sont pas équipés
en système expert. Seulement la moitié l’est.
Ensuite, ils ne résolvent pas tout. Loin de là.
En fait, les CH ne répondent pas à nos
contraintes.
OB En quoi ?
FC Parce que généralement les patients hospitalisés
ont des pathologies lourdes qui sont hors du domaine
de l’expertise automatique.
Donc la grande majorité des dossiers analysés par
le LBM de CH demande une expertise médicobiologique qu’assurent les biologistes hospitaliers.
Et cela hors du circuit du système expert. S’il en est
besoin, rappelons aussi que le technicien ne peut que
communiquer des résultats des examens urgents et
en aucun cas analyser un dossier. |
Se rg e Be nade re tte
1
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…… Validation des résultats biologiques : le gouvernement mis au pied du mur
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5es Journées nationales de biologie praticienne
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publication. En raison de l’évolution rapide des sciences
médicales, l’éditeur recommande qu’une vérification
extérieure intervienne pour les diagnostics et la posologie.
Sous le titre choc « quand des biologistes médicaux veulent la mort
de leur profession » trois syndicats de BM libéraux SDB, SLBC,
SJBM, fustigent dans un communiqué commun « le sauve-quipeut de certains hospitaliers » qui
demandent de déléguer aux techniciens « une fonction régalienne
du BM ». Indignation partagée
par d’autres communiqués, celui
du SNMB et celui des internes
de la FNSIP-BM, pour qui « seul
l’intérêt du patient doit prévaloir ».
Dans le monde hospitalier, c’est la
division devant « ce crime de lèsemajesté ». À la FHF, on ne déroge
pas du principe selon lequel le BM
est censé valider tous les résultats
durant les heures ouvrables. Pour
la fédération hospitalière, la solution réside dans la restructuration
et la stratégie de groupe qui lui
est chère. Quant aux syndicats
de BM de CHU, leur silence, tout
stratégique, vaut aussi désapprobation. Restent les trois syndicats
de biologistes hospitaliers – le
SNBH, le Syndicat des assistants
(FNSPBAH), et celui des hôpitaux
privés (SNBHP) – qui viennent de
cosigner une lettre pour demander
une solution rapide à la ministre.
Présidente du SNBH, Françoise
Cotty revient pour OptionBio sur
cette situation lourde de menaces.
OptionBio (OB) Pourquoi tant
de CH ont-ils eu tout d’un
coup maille à partir avec les
règles s’imposant au Cofrac ?
Françoise Cotty (FC) L’arrêté du
17 octobre 2012 ne se limitait pas
aux conditions justificatives d’entrée effective dans la démarche
d’accréditation. Il stipulait surtout, qu’à partir du 31 octobre
2013, les LBM devaient faire une
demande d’accréditation initiale
partielle. Pour autant, le ministère
n’a toujours pas défini les examens urgents ni les modalités de
rendu de ces résultats. Du coup,
les CH ont reçu de nombreuses
visites du Cofrac qui se sont soldées par une rafale d’« écarts
critiques ». Que nous reprochentils ? Que notre dispositif, dans le
cas des examens à transmettre
d’urgence, laisse la possibilité
24 heures/24 à des techniciens
dûment habilités à communiquer
immédiatement et directement
le résultat au clinicien via le serveur interne voire par téléphone.
Et cela, au vu des « critères
d’alerte cliniques », par exemple
une hémoglobine basse, une
troponine élevée, dont seuls les
biologistes ont défini les taux et
préalablement assuré le contrôle
et la qualification des automates.
Donc, on nous sanctionne pour ne
pas procéder à la validation biologique directe avant libération des
résultats, bien que tout soit sous
notre contrôle. Ce qui nous met
en colère. Car médicalement, un
examen urgent doit être communiqué le plus vite possible sans
attendre que le BM termine de
lire une lame. Sinon c’est nonassistance à personne en danger ! Nous parlons bien là des
situations d’urgence, et uniquement d’urgence.
OB Que demandez-vous ?
FC Que paraisse rapidement
l’arrêté sur la liste des examens
urgents de façon limitative afin
qu’elle puisse être finalisée
ensuite par contrat clinico-biologique dans chaque établissement.
Et que les modalités de rendu des
résultats permettent en urgence
pour des résultats urgents d’être
rendus de nuit comme de jour par
des techniciens sous la responsabilité du BM. Et cela sur critères
d’alerte.
Pas de liste unique. Pourquoi ?
Par exemple en CH, nous faisons
des sérologies qui ne sont pas
urgentes, tandis qu’elles peuvent
l’être en CHU du fait des greffes.
Chaque établissement connaît ses
urgences, suivant les services et
suivant les résultats. Nous ne
demandons rien d’autre que la
parution des textes prévus pour
qu’on tienne compte de la partie
OptionBio | Mercredi 19 mars 2014 | n° 504
médicale urgente de notre profession. Nous ne pouvons plus
attendre.
OB Tous les autres syndicats
s’offusquent ?
FC Attention, je ne dis pas qu’il
faut déléguer la validation pour
tous les examens. Bien entendu,
nous biologistes hospitaliers validons tous les dossiers. Mais le
communiqué des privés mélange
le rendu de l’examen urgent avec
la validation de tout le dossier
médico-biologique. Grande confusion. Car ils ne sont pas confrontés
à cette problématique de résultats
à rendre en urgence, à quelques
exceptions qui rencontrent les
mêmes difficultés que nous. Si
le ministère veut faire une table
ronde ? Pourquoi pas. Mais le sujet
n’est pas récent.
Développer les partenariats ?
Procéder à des regroupements
pour augmenter notre potentiel
biologique ? Oui. Jusqu’à présent
les partenariats publics-privés
(PPP) ont toujours été voués à
l’échec. Côté public-public ? On
ne demande que cela depuis plusieurs années. Encore faut-il que
les ARS nous soutiennent, que les
directeurs d’hôpitaux marchent
avec nous. Toujours est-il qu’il
appartient au ministère d’apporter la solution. C’est lui qui nous
a nommés. Si l’on doit être plus
nombreux pour valider, qu’il fasse
le nécessaire. Mais j’en doute
compte tenu des contraintes
budgétaires. Contrairement aux
privés, nous ne pouvons pas
augmenter nos effectifs de nousmêmes. En tout cas, nous ne
concevons pas que tous les CH se
retrouvent sans LBM. Veut-on les
transformer en centres de longs
séjours ? Il ne semble pas que ce
soit l’option de Marisol Touraine.
En tre ti e n Se rg e Be n a d e re tte
Journaliste, Paris
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