Note pratique éditorialisée Document préparatoire Février 2014 Programme ACSP : www.afrique-cps.fr/ Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation Sylvette Bahiré Doctorante à l’université de Ouagadougou (Burkina Faso) À PROPOS Document préparatoire au Séminaire de Parakou au Bénin des 19, 20, et 21 Février 2014 intitulé « Le système LMD et son articulation avec l’employabilité et la professionnalisation ». MOTS-CLEFS : LMD, dispositifs d’« harmonisation » des formations professionnelles dans l’enseignement supérieur, marché de l’emploi PLAN : PETITE HISTOIRE DU LMD .............................................................................................. 2 DE LA PROFESSIONNALISATION DES PARCOURS .................................................................... 5 EXEMPLE DE L’UO ........................................................................................................ 7 CONCLUSION ............................................................................................................... 8 BIBLIOGRAPHIE ............................................................................................................ 9 AUTRES RESSOURCES EN LIGNE ...................................................................................... 10 POUR CITER CETTE NOTE : Sylvette Bahiré, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation ». Publié en ligne en février 2014 par ACPS. http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence-master-doctorat-lmd-etprofessionnalisation-sylvette-bahire Cet note est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et professionnalisation Sylvette BAHIRÉ L a présentation ici faite ne concerne que les universités africaines francophones et plus précisément celles membres du CAMES, Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur situées au sud du Sahara. Toutefois, la vision du CAMES sur la réforme LMD correspond à celle de l’UA, Union africaine. Aussi, tout comme l’UA, le CAMES vise la « construction d’un espace africain de l’enseignement supérieur désenclavé et harmonisé ». Petite histoire du LMD Depuis le processus de Bologne en 1999, les quatre coins du monde s’ajustent au LMD, système adopté comme base par les pays européens pour accroître l’attractivité et la compétitivité de leurs universités dans le monde. L’adoption du LMD par la France a entraîné avec elle tous les systèmes qui lui sont affiliés. Il s’agit notamment des universités africaines francophones. Le principal enjeu du processus de Bologne (LMD en France) c’est l’adaptation. Dans les universités africaines francophones les premières rencontres ont été réalisées avec l’appui de l’AUF, Agence universitaire de la Francophonie, les responsables d’universités (la CRUFAOCI, la CPU, Conférence des présidents d’universités, la CREPUQ etc.) : les rencontres de 2001 tenues à Abidjan, Cotonou et Yaoundé avaient un caractère d’’information et de réflexion sur l’avènement de ce qui n’était encore qu’un nouveau dispositif d’enseignement supérieur ; en avril 2002, les autorités se sont penchées à Abidjan sur les défis des universités africaines face à la mondialisation. Elles ont eu la claire vision que le LMD n’est qu’un prétexte à une réforme nécessaire et incontournable, une réforme en profondeur de l’enseignement supérieur ; en mars 2005 s’est tenu le 2ème séminaire sur la gouvernance universitaire spécifique à l’harmonisation des diplômes ; en juillet 2005, la rencontre de Dakar portait sur les enjeux de l’adaptation des universités africaines francophones au système LMD etc. Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire Auparavant la conférence mondiale de l’Unesco (United Nations Educational Scientific and Cultural Organization) sur l’enseignement supérieur de 1998 invitait à un renouveau des universités ; elle incitait les autorités à promouvoir la mobilité des étudiants et des enseignants, à mettre en place un système efficace pour l’accueil, l’orientation et de suivi des étudiants et, la généralisation de l’utilisation des TIC. Ces lignes d’action correspondent à celles défendues quelques mois plus tôt à la Sorbonne par les quatre ministres chargés de l’enseignement supérieur et de la recherche de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et du Royaume-Uni et qui a donné lieu un an plus tard au processus de Bologne. Ainsi la conférence mondiale a permis de porter à l’échelle internationale quelques éléments du « discours européocentrique » (Charlier 2009) développé à la Sorbonne. Avec le soutien des organismes internationaux comme la Commission européenne, l’Unesco, le processus de Bologne trouve une caution favorable en Afrique. Il est également soutenu comme un modèle de réussite par les organismes sous-régionaux et régionaux (l’UA, la CEDEAO, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, l’UEMOA, Union économique et monétaire ouest africaine, la CEMAC, Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, l’AUA, Association des universités africaines, etc.). L’Unesco avait pris des initiatives à partir des années 1970 pour harmoniser les systèmes d’enseignement supérieur dans les quatre coins du monde. La convention d’Arusha signée en 1981 en Afrique est restée pendant longtemps un texte méconnu par la plupart des pays africains. À la faveur du processus de Bologne, ce texte trouve un nouveau dynamisme. Il est supposé orienté les réformes actuelles sur le continent. De part et d’autre en Europe ou ailleurs (en Afrique au sud du Sahara), la mondialisation n’épargne aucun recoin de la planète. L’avènement de la nouvelle économie, l’économie de la connaissance qui prend appui sur les universités, impose des réajustements à l’échelle du globe à toutes celles qui veulent intégrer ce marché bâti sur le savoir. D’ailleurs aucun système universitaire ne peut garantir sa pérennité en dehors de ce grand marché. L’ajustement est inéluctable. D’un bout à l’autre de la planète en effet les intérêts se croisent et s’entremêlent. Pour des universités comme celles africaines francophones qui vivaient en marge du développement du fait d’une faible performance généralisée en matière de ressources humaine, matérielle, financière, emboîter le pas à l’Europe et au mouvement mondial est un défi. C’est donc après « traînage de pieds », « résistances » (Derouet 2009), hésitations et même opposition que finalement elles ont basculé dans le LMD. La décision des chefs d’État de la CEMAC de 2005, la résolution du CAMES d’avril 2006 et la directive de l’UEMOA de 2007, ont engagé officiellement les institutions d’enseignement supérieur membres du CAMES dans la « reconfiguration des programmes universitaires et l’organisation des Universités et Écoles suivant le modèle académique LMD ». Après une petite marche en solitaire de l’Université Cheikh Anta Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire Diop (UCAD) dans un premier temps, c’est à travers le Réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO) que la presque totalité des établissements publics membres de l’UEMOA s’alignent sur le modèle LMD. L’objectif du REESAO est de « promouvoir une nouvelle politique de coopération universitaire axée prioritairement sur la modernisation de l’offre de formation en vue de faciliter la mobilité et l’insertion professionnelle [et] d’accroître leur efficacité et d’en faire des pôles d’excellence régionaux et des instruments d’appui au développement de leurs pays » (REESAO 2011). Il s’agit de mener « une réforme en profondeur de tout le système de l’enseignement supérieur » de sorte à favoriser au maximum la réussite des étudiants. La réforme LMD vise en effet la modernisation des offres de formation de l’enseignement supérieur en Afrique. Il s’agit « d’assurer la réussite, et de réduire autant que possible les échecs dans l’enseignement supérieur ; de promouvoir un système lisible de diplômes universitaires comparables au niveau international ; de favoriser la mobilité nationale et internationale des étudiants et des enseignants ; de développer la professionnalisation des formations supérieures ; de renforcer l’apprentissage des compétences transversales, telles que la maîtrise des langues vivantes étrangères, notamment l’anglais et celle des outils informatiques ; de permettre à l’étudiant de construire progressivement un parcours de formation personnalisé » (id. : 32). Par LMD, le REESAO entend « un système de formation qui comporte une architecture des études en 3 grades : Licence, Master, Doctorat ; une organisation des formations en semestres et en Unités d’enseignement (UE) capitalisables [et] des contenus structurés en domaines [on en dénombre 8] pluri et transdisciplinaires comportant des parcours diversifiés » (id. : 18). Les séminaires interuniversitaires (sur Étudier autrement, Enseigner autrement, Évaluer autrement, Gérer autrement, Professionnaliser, le financement de l’enseignement supérieur, la recherche et la gestion des flux ; etc.) ont permis d’harmoniser les bases de compréhension de la réforme. Après 2008, plus aucun principe ne semble indispensable ou faire barrage à la marche du LMD. En 2013, tous les pays d’Afrique de l’Ouest francophone ont adopté le LMD. Le REESAO a fait des émules. De sept (07) universités à sa création en 2005, en 2011, presque toutes les universités de l’espace UEMOA avaient rejoint le réseau et les discussions portaient sur l’adhésion des établissements privés. Cela représente plus de 7/8 pays de l’UEMOA, 21 institutions d’enseignement supérieur, 800 000 étudiants et 3500 personnels non enseignants (REESAO 2011). Les ambitions sont portées désormais vers la consolidation du réseau. Au colloque international des 28 et 29 janvier 2013 sur « les exigences et mécanismes de l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest », les plus hautes autorités de l’AUF, le Président Yvon Fontaine et le Recteur Bernard Cerquiglini, et une vingtaine de Recteurs et Présidents d’Universités de l’Afrique de l’Ouest Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire ont convenu de redynamiser le REESAO, de promouvoir une nouvelle politique de coopération universitaire, de créer un portail du REESAO, un centre virtuel de ressources pédagogiques et techniques, et un répertoire des enseignants-chercheurs des universités membres du réseau ; de développer l’enseignement à distance et d’élaborer des projets intégrés du REESAO. En 2008, avec l’appui de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), le REESAO a mis en place un manuel de guide de formation à la réforme LMD. Un an après, le CAMES mettait en circulation son système de crédits capitalisables et transférables élaboré sur la base de l’harmonisation des maquettes des différentes sousrégions. Cet outil fédérateur des pratiques réalisé par Mohammadou Mérawa et Amoussouga Géro Fulbert et adopté au séminaire de Lomé en 2007, a comme particularité de doter le CAMES d’un programme Reconnaissance et Équivalence des Diplômes du CAMES au format LMD. Ce qui permet d’adapter cette instance de certification des diplômes des universités africaines francophones aux exigences du LMD. La directive de l’UEMOA avait fixé le délai du basculement général de ses établissements membres pour 2009 quant le REESAO créé à Lomé en 2005 fixait le sien pour 2011. Avec la supposée entrée dans le LMD de l’ensemble des établissements d’enseignement supérieur de l’UEMOA, le processus de construction de l’espace d’enseignement supérieur mondial a effectué un grand pas en avant, reste à savoir comment s’élabore la coopération au sein de ce vaste ensemble constitué. Quels sont les centres d’intérêt qui émergent de ce mouvement mondial ? De la professionnalisation des parcours L’objet qui intéresse ce papier est la professionnalisation. La création du REESAO vise la mutualisation des moyens en vue d’une meilleure adaptation au LMD. Le REESAO s’engage entre autres à favoriser toute forme de coopération académique, pédagogique, scientifique, culturel. Cela concerne aussi la professionnalisation de l’offre de formation. Le séminaire interuniversitaire du REESAO de Bamako en 2006 a dévolu à l’objectif de professionnaliser le souci de fournir des compétences aux étudiants qui ne soient pas qu’académiques. Il s’agit de savoir faire et de savoir-être qui prennent en compte la maîtrise d’une langue internationale comme l’Anglais, les TIC, etc. Quels pourraient être les ressorts de coopération entre le Nord et le Sud en matière de professionnalisation de l’offre de formation ? Quels sont les cadres de coopération possibles pour des espaces qui, bien qu’ayant des rapports de coopération séculiers, demeurent différents de par leur histoire et leur contexte socioéconomique et politique ? La création du REESAO visait la contextualisation de la réforme de Bologne à travers la mutualisation des Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire moyens d’acteurs présentant les mêmes caractéristiques de développement. Dans quelle mesure la nouvelle perspective de coopération qu’offre l’ACPS pourra servir de canal pour combler le vide constaté dans la mise en œuvre du LMD dans les universités membres du REESAO ou du CAMES ? La question de la professionnalisation pose les rapports entre université et entreprise. Il s’agit notamment de briser les barrières entre ces deux secteurs qu’une certaine conception de l’université a tenues longtemps à distance et qui était à la base de l’inadéquation entre formation et emploi. Mais à travers la professionnalisation de l’offre de formation, c’est l’environnement sociopolitique et économique des pays qui est aussi posé. Quelles sont les politiques à mettre en place pour stimuler la création d’emploi sachant bien qu’avec le LMD, c’est l’auto emploi qui est aussi visé ? Le dispositif LMD du CAMES prend en compte la professionnalisation de l’offre de formation et le développement de la relation UniversitéEntreprise. Dans l’esprit du LMD, la professionnalisation des parcours de formation universitaire est un impératif et s’impose à tous les établissements d’enseignement supérieur. Par professionnalisation, il s’agit de renforcer le passage progressif de l’Université à l’emploi et d’accroître l’employabilité des jeunes diplômés. En plus d’inciter à la création des filières professionnalisantes, le LMD impose une finalité professionnelle à chacun des parcours en Licence (L) et en Master (M). Pour le CAMES (2009), aucun de ces deux parcours ne devrait plus être considéré comme de simples passages d’un niveau à un autre. Ils doivent permettre l’insertion professionnelle du jeune à chaque fin de cycle. Le dispositif LMD permet la mobilité formation et emploi. La promotion d’un dispositif comme la Formation tout au long de la vie et les possibilités de Validation des acquis de l’expérience (VAE), assurent la flexible de la formation ce qui permet d’adapter l’offre à la diversité de la demande en formation. Avec le LMD alors, fini en principe, le carriérisme à l’université. L’alternance formation emploi devrait offrir un profit réciproque en matière de créativité et d’innovation à l’université et à l’entreprise. Les formations en L devraient permettre l’acquisition de compétences de base obligatoire en langue, en informatique et outils bureautiques et en recherche d’emploi pour les apprenants en fin de cycle. La maîtrise d’une langue internationale est indispensable à la mobilité académique et professionnelle. La maîtrise de l’outil informatique se situe au premier plan de « l’auto-apprentissage » et de l’ouverture internationale. Ces deux compétences devraient figurer dans la certification. La compétence « recherche d’emploi » initie l’apprenant aux méthodes de recherche d’emploi. Le Master, qu’il soit intitulé Master recherche ou Master professionnel, doit également ouvrir sur le marché de l’emploi. L’apprenant devrait y disposer des compétences requises à la fin des quatre semestres de formation. Quant à l’impératif de renforcer les relations Université-Entreprise, cela passe par l’établissement de stages Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire formalisés en entreprise qui permet une mise en pratique des connaissances académiques en milieu professionnel et facilitera à terme l’insertion socio-professionnelle de l’apprenant. En définitive, avec le LMD, l’objectif de professionnaliser n’apparait plus comme un additif ou une bonification pour toute formation universitaire, il se retrouve au premier plan des missions de formation. Cela consiste pour le REESAO (2008) « à définir les objectifs et les activités en termes de compétences ; à choisir les contenus de la formation en fonction du marché de l’emploi [dans une double considération nationale/internationale] et en lien avec l’auto-création d’emploi ; à mettre en place un schéma de formation prenant en compte la logique de la professionnalisation ». Mais la professionnalisation devrait s’appuyer sur les ambitions de formation définies par les apprenants eux-mêmes. Or, la plupart du temps, les étudiants abordent l’université sans aucun projet professionnel. Pour la réussite dans le système LMD, le REESAO recommande d’accompagner les étudiants dans l’élaboration de leur projet professionnel alors que les services d’accueil et d’information des étudiants entrant, les services d’orientation et de réorientation, les services d’aide à l’insertion professionnel ne remplissent pas les conditions d’effectif (ressources humaines) et de qualification (compétences) pour faire face aux premiers effets d’une norme internationale comme l’Éducation pour tous (EPT). La croissance démographique de la population estudiantine elle-même est telle que l’accompagnement personnalisé de l’étudiant devient impossible. D’ailleurs, le système de tutorat ne fait pas partie encore des priorités de la mise en œuvre du LMD. Les encadrements de mémoire de Maîtrise, de Master et quelques fois de Doctorat se font toujours en groupe. Le ratio est de 30 à 40 étudiants par enseignant pour la Maîtrise à l’Université de Ouagadougou (UO). Exemple de l’UO L’avènement du LMD à l’UO coïncide avec la mise en œuvre de la refondation en 2000 qui a permis la création de filières professionnalisantes et le développement d’un cadre institutionnel devant renforcer la coopération Université-Entreprise. Une viceprésidence chargée de la professionnalisation et de la relation UniversitéEntreprise fut créée, puis la Concertation entre l’Université et le monde de l’emploi (CUME), une structure-conseil dont le rôle est essentiel pour la connaissance et l'ouverture au monde de la production. La création de l’Institut burkinabè des arts et métiers (IBAM) en 1994/1995 avait donné le ton de l’intérêt porté aux filières professionnalisantes. Cet institut forme dans les métiers dits du tertiaire : Banque, comptabilité, secrétariat, etc. Des filières courtes en D.U.T (Bac +2), BTS, licence professionnelle, M.S.T. Méthodes Informatiques Appliquées à la Gestion Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire (MIAGE) (Bac+4) mais aussi en filière longue Maîtrise, DESS, Master, etc. En 2003-2004, l’UO disposait d’une quarantaine de filières professionnalisantes réparties dans tous les établissements. Le LMD a renforcé ce dispositif en stipulant la généralisation de la professionnalisation à tous les parcours de formation. Cette généralisation s’accompagne d’une explosion des projets de création de Master, plus spécifiquement de Master professionnel, puis de Licence professionnel sans que le concept de professionnel ou professionnalisation n’y trouve sa pleine expression. Le constat en effet est à la timidité des rapports entre les universités et les entreprises. La méfiance de l’entreprise quant à la qualification des apprenants sortants. L’institution des journées professionnelles connait une faible participation des partenaires du monde de l’entreprise. Les rapports sont davantage développés avec le secteur de la banque. Les étudiants sont confrontés aux difficultés d’accès aux entreprises pour la réalisation de leur stage en complément de leur formation universitaire ; la réforme des curricula et la définition de l’offre de formation sont toujours à la charge uniquement du personnel académique de l’UO. En clair, l’implication de l’entreprise et de la société civile dans les activités académiques demeure faible. Des étudiants munis de diplômes professionnels vont eux aussi au chômage. Le concept même d’adéquation formation-emploi mérite d’être revu au regard des différentes implications que cela suppose : marché, compétences professionnelles des étudiants et de leurs capacités à s’adapter au marché ou à créer de l’emploi, etc. Conclusion Comme on peut le constater avec l’exemple de l’UO, le LMD n’apporte guère de nouveauté en matière de professionnalisation. Bien que la généralisation de la professionnalisation ne demeure qu’un vœu pieux, elle rencontre l’assentiment de tous les partenaires de l’enseignement supérieur : État, université, entreprise, apprenants, parents et société civile. L’inadéquation formation-emploi est un constat général dans les établissements de l’espace CAMES. Toutefois, si l’intérêt actuel porté à l’enseignement supérieur du fait de la mondialisation et les normes internationales comme le processus de Bologne (1999) et la stratégie de Lisbonne (2000), tendent à rapprocher l’éducation (enseignement supérieur) à l’économie, la professionnalisation des formations reste soumise aux aléas du marché. Au Sud, la crise économique mondiale a mis à rude épreuve sinon ruiné simplement le potentiel industriel. Dans ces conditions, lorsqu’une seule université forme 500 étudiants en licence d’économie dans quelle mesure pourra-t-elle espérer une insertion professionnelle encore moins des stages à ces jeunes ? Bien qu’il faille prendre en compte les déperditions (redoublements, échecs), il semble que la professionnalisation devrait aussi prendre en compte les débouchés disponibles. L’auto-emploi ne fait pas encore partie des Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire premiers choix surtout pour des étudiants dont la plupart, issus de milieux défavorisés, n’ont pu assurer leur survie et leur réussite scolaire que grâce à l’existence des services sociaux offerts par leur université. Au Burkina Faso, l’institution du Fonds national pour l’enseignement supérieur et la recherche (FONER) depuis 1994 permet aux non boursiers de bénéficier qui d’une aide qui d’autre d’un prêt financier ; ce qui permet à la plupart de réaliser leurs parcours universitaires dans des conditions minimales. Autrement, la question principale demeure celle-ci : à quoi et pour quoi formerait l’université ? La non maîtrise des paramètres du marché du fait de l’absence d’informations fiables constitue un handicap à la planification. Ainsi, la question de la professionnalisation bute sur des questions sensibles portant sur la réalité de l’environnement socioéconomique. Au plan politique même, la question de l’emploi reste entière. Les initiatives d’appui avec l’appui des organismes internationaux (la Banque mondiale notamment) restent en deçà de la demande et les échecs s’accumulent. Dans l’espace UEMOA, l’intégration sous-régionale en marche est limitée par les faibles indicateurs de développement. La crise des établissements d’enseignement supérieur entraîne un décalage de calendrier académique qui rend caduc les efforts à l’harmonisation des offres. La mobilité académique et professionnelle demeure également une vue de l’esprit. À ces faibles indicateurs de performances académiques et économiques, il faut ajouter l’instabilité et les crises politiques dans la sous-région qui découragent les projets de mobilité. Bibliographie ADEA/REESAO, 2008, Guide de formation du LMD. A l’usage des institutions d’enseignement supérieur d’Afrique francophone CAMES, 2009, Construction du Nouvel espace africain et malgache de l’enseignement supérieur dans le contexte de la mise en place du système académique Licence-Master-Doctorat (LMD) dans les établissements d’enseignement supérieur de l’espace CAMES CHARLIER J-É, CROHÉ S., NDOYE A.K. (dir.), 2009, Les universités africaines francophones face au LMD, Louvain-la-Neuve, AcademiaBruylant CHARLIER J-É., 2009, « Le processus de Bologne, son histoire officielle, quelques éléments de son histoire cachée et quelques enjeux immédiats », in Les universités africaines francophones face au LMD, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant Colloque REESAO : Le Pr Saliou Ndiaye pour un enseignement supérieur désenclavé et harmonisé le 14 juin 2013 DEROUET J-L., 2009, « Au-delà de la mise en place du LMD en France : un nouveau cadre pour penser les politiques d’éducation et de formation », Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire in Les universités africaines francophones face au LMD, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant REESAO, 2011, Bâtir sur les meilleures pratiques pour accélérer l’amélioration de la qualité de l’enseignement de l’apprentissage et de la recherche dans l’enseignement supérieur en Afrique et lancement officiel du projet du bureau multi-pays de Bamako, Bamako du 5 au 8 septembre 2011. Autres ressources en ligne Documents : Convention Arusha : http://unesdoc.unesco.org/images/0005/000520/052044fb.pdf en : http://unesdoc.unesco.org/images/0005/000520/052044eb.pdf Texte éditorialisé en février 2014 pour ACPS par Aurélie Veyron-Churlet ([email protected]). Merci pour vos retours éventuels, propositions et/ou corrections de liens vers les ressources pertinentes. Document préparatoire de Sylvette Bahir, « Le système Licence-Master-Doctorat (LMD) et la professionnalisation », Février 2014, http://www.afrique-cps.fr/ressource/le-systeme-licence- master-doctorat-lmd-et-professionnalisation-sylvette-bahire
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