Compte-rendu de la mission de restitution des Ateliers de Maîtrise d

Compte-rendu de la mission de restitution des Ateliers de Maîtrise
d’œuvre Urbaine du 15 au 19 mars 2014 à Douala
Les Ateliers de Maîtrise d’œuvre Urbaine ont organisé à Douala en mars 2014 une séance de
restitution à l’issue de la session des ateliers qui s’est tenue en juillet 2013. Le processus
avait commencé par une mission exploratoire tenue en février 2012, suivie en mars 2013
d’une présentation du sujet devant un Comité des partenaires locaux préparé par Jean
Yango directeur de la DEPIDD (Direction des études, de la planification, des investissements
et du développement durable) (voir témoignage plus bas) et les assistants-pilotes des
Ateliers Réana Tahéraly et Hamadou B. Yalcouyé. La session des Ateliers de l’été 2013 a
réuni 3 équipes professionnelles dont les travaux ont été clôturés par le jury co-présidé par
M. Fritz Ntone Ntone, Délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de
Douala, le Ministre de l’Habitat et du Développement Urbain du Cameroun , l’Ambassadeur
de France au Cameroun et le président des Ateliers, Pierre Alain Périssol, en présence
notamment de l'ancien Directeur de l'AFD au Cameroun, Gilles Chausse.
La séance de restitution a eu lieu le mardi 18 mars 2014 à Douala devant le même Comité
des partenaires locaux qui avait débattu au lancement du sujet. La séance co-présidée par
M. Fritz Ntone Ntone, Délégué du gouvernement auprès de la Communauté Urbaine de
Douala, M Hervé Conan, Directeur de l’AFD au Cameroun, et du représentant du Ministre de
l’Habitat et du Développement Urbain du Cameroun, s’est focalisée sur la question des
retombées de la question posée pour la ville de Douala: « Comment les activités informelles
et formelles peuvent-elles partager l'espace public et se féconder réciproquement ? »
Pour y répondre les deux pilotes de la session, Marion Talagrand et Christophe Bayle,
avaient reçu le renfort de Léandre Guigma (voir témoignage plus bas), architecte à
Ouagadougou, participant et contributeur de l'ouvrage « Regards croisés sur la ville
africaine » dont les contributions avaient été coordonnées par Les Ateliers.
La restitution ne s’est pas contentée en effet de présenter le document de synthèse des
Ateliers préparé à Paris. Les deux pilotes ont proposé en accord avec la Communauté
Urbaine de mettre l’accent sur deux actions cibles, suggérées par les équipes, sans toutefois
en faire l’unique objet de leur présentation.
La question initiale, à savoir « Comment les activités informelles et formelles peuvent-elles
partager l'espace public et se féconder réciproquement ? » avait une qualité d’immatérialité
qui a séduit les responsables politiques. Toute la préoccupation de l’atelier a été de montrer
comment cette question conflictuelle qui tétanisait les pouvoirs publics par son caractère
d’urgence pouvait être dépassée et donner lieu à des projets. A cet égard, le Délégué a fait
constater que le regard avait changé sur ce sujet et validé le document de synthèse.
Les principaux résultats de la session qui ont été présentés sont les suivants :
Les travaux des équipes ont confirmé que la structure fonctionnaliste de la ville entravait le
développement urbain et que la répartition des activités informelles n’était pas aléatoire
mais qu’elle dessinait – au contraire – un ordre urbain en devenir.
L’exemple des marchés a été pris en appui de cette démonstration et des sites concrets ont
été identifiés comme lieux cibles pour les actions d’aménagement futures visant à faire
émerger de nouvelles polarités d’agglomération et de quartier.
Ainsi, l’appréhension de l’espace urbain par le biais de l’informalité a permis de forger de
nouvelles représentations de la ville mettant en valeur et en tension les positions et
aspirations territoriales de chacun des acteurs.
Les deux projets concrets suivants ont été discutés:
1) La première action cible concerne l’aménagement de 40 Km de drains
La séance de restitution a permis d’expliquer qu’à côté de l’ingénierie hydraulique de la
construction des drains (projet financé par l’AFD), il y avait à imaginer une ingénierie
environnementale et sociale pour les populations qui vivent dans cet habitat informel pour
réfléchir à des cheminements vélos, des aires de jeux, des commerces et des services
informels, comme des lieux de rencontre ou de stationnement des moto taxi, et qu’une
concertation pourrait être organisée avec la population pour composer ces lieux et organiser
par la suite leur maintenance via des comités de maintenance.
Cette action qui avait été engagée directement après les ateliers par la DEPIDD, a ainsi été
exposée et validée publiquement; la séance de restitution a permis d’expliquer la méthode.
Parallèlement cette séance a eu un impact pédagogique - le ministère des Travaux publics
estimant qu’il pouvait démultiplier l’impact de ces travaux en organisant cette ingénierie
sociale en lien avec les projets de génie civil pour s’occuper des activités informelles.
2) La deuxième action cible concerne le débouché du pont
L’analyse urbaine avait démontré que le débouché du pont du Wouri (financé par l’AFD en
cours de travaux) se situait au croisement de l’axe des nouveaux entrants et de l’axe
historique des premiers établissements des villages Doualas. Et que c’était « une occasion à
saisir » pour la Communauté Urbaine que de créer une entrée de ville qui soit symbolique de
cette histoire. Des éléments de programme ont alors été rassemblé, comme une liaison
piétonne entre la place Deido et l’allée plantée le long des rives du Wouri, en lien avec le
futur parc du Ndongo, un emplacement pour une salle de spectacle et un périmètre d’étude
urbaine associé à celui nécessité par le tracé des voies de circulation.
Le Délégué a alors fait valider les propositions d’action cibles du document de synthèse, en
ajoutant à l'adresse des Ateliers "Vous avez fait votre travail c’est à nous de faire le nôtre."
Remarques :
Ces trois jours ont été intenses, ils ont permis de marquer le temps du passage de témoin, ce
moment où l’on entre dans une autre phase : la séance de restitution a permis d’aller audelà d’une simple synthèse, et permis de cristalliser ce moment où l'on regarde le chemin
parcouru , mais aussi sur deux projets concrets de faire valider collectivement des décisions
infléchissant les programme et ayant des conséquences sur l’organisation , les marchés,
l’espace mais aussi les méthodes de travail. La restitution est le moment symbolique d’une
confiance qui a mis deux ans à se construire.
Témoignage de Jean Yango, directeur de la DEPIDD (Direction des études, de la
planification, des investissements et du développement durable)
L'atelier de restitution du rapport final a connu un succès éclatant, avec notamment la
présence du Directeur de l'AFD et la diversité représentative des acteurs urbains et
institutionnels dont certains liés notamment à l'avènement du 2ème pont sur le Wouri qui
continuent de focaliser l'attention des principaux acteurs publics, privés et de la société
civile, voire de l'AFD.
Témoignage de Léandre Guigma, architecte à Ouagadougou, participant à l'atelier
J’ai participé à la mission de restitution des Ateliers de Douala en compagnie des pilotes des
Ateliers Christophe Bayle et Marion Talagrand, du 16 au 18 mars 2014 à Douala.
16 mars 2014 : visite du chantier du deuxième pont sur le Wouri et rencontre d’un
directeur de projet sensible et ouvert aux critiques.
Dimanche matin, j’ai rejoint les pilotes qui réfléchissaient avec Jean Yango et Christine Molle
Nelle sur l’impact du tracé actuel du deuxième pont du Wouri et sur les adaptations
possibles à intégrer au projet. Puis nous avons effectué une visite sur le site suivie d’une
séance de travail avec Didier Le Page, directeur du projet de construction du deuxième pont
sur le Wouri, pour le compte du groupe Vinci. Les discussions ont porté sur la nécessité
d’une liaison des deux carrefours Diedo -nouvel échangeur sous la forme d’une esplanade ;
de la prise en compte d’une promenade piétonne à partir de cette esplanade et tout au long
des berges du Wouri ; et enfin, de l’intégration du coup parti de l’implantation d’un
stationnement sur les berges du Wouri pour le compte de la cimenterie Dogota afin d’en
minimiser les impacts négatifs futurs. Nous avons bénéficié d’une oreille attentive et ouverte
à l’esprit critique du directeur du projet qui, séance tenante réfléchissait aux possibilités
techniques ainsi qu’aux incidences sociales (dédommagements) et financières (avenant au
contrat actuel ou nouveau marché) engendrées par ses modifications.
L’après-midi du 16 mars 2014 a été consacré à la préparation de la présentation Powerpoint
aux agents de la DEPIDD, prévue pour le lendemain.
17 mars 2014 : présentation de la synthèse à la DEPIDD (DIRECTION DES ÉTUDES, DE LA
PLANIFICATION, DES INVESTISSEMENTS ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE) pour critiques
et amendements
Le 17 mars 2014, suite à la réunion hebdomadaire de la DPIDD, Jean Yango nous a donné la
parole pour présenter la synthèse des Ateliers de Douala. J’ai introduit cette présentation
avec un témoignage issu de ma posture de participant, puis Marion T. a présenté les
résultats et les perspectives issues des Ateliers, enfin Christophe B. a insisté sur les deux
projets en cours susceptibles d’intégrer les recommandations des Ateliers : les 40 km de
drains et la construction du deuxième pont sur le Wouri.
Les agents ont apprécié le plan et le contenu de la présentation. Toutefois, ils nous ont
demandé de rappeler les objectifs des Ateliers de Douala au départ et d’illustrer nos
propositions d’amélioration/adaptation sur le projet de construction du deuxième pont du
Wouri.
Suite à cette présentation, nous avons consacré le reste de la journée à rechercher les fonds
cartographiques nécessaires (chez Vinci) puis à intégrer ces amendements à la présentation
Powerpoint.
18 mars 2014 : Adoption de la synthèse par le Comité des partenaires présidé par le
délégué au Gouvernement de la CUD
Le 18 mars 2014 a eu lieu la présentation de la synthèse des Ateliers de Douala devant les
partenaires de la CUD. Cette restitution a été présidée par le Délégué du Gouvernement
auprès de la CUD, aux côtés du Directeur de l’AFD et du représentant du MINDHU. La
présence à cette restitution, du Secrétaire Général de la Mairie de Bangui en mission à
Douala a été remarquée.
Suite à notre présentation, outre les félicitations et les remerciements à l’endroit des
Ateliers, le débat a porté sur les problèmes fonciers qui entravent le développement urbain,
le lien entre activités informelles et grands projets urbains (notamment dans le cadre des 40
km de drains) et le risque de manque de volonté politique pour mettre en œuvre les projets.
Finalement la synthèse a été adoptée par l’ensemble des partenaires présents.
Que retenir ? Une mission bénéfique…
Cette mission de restitution de la synthèse des Ateliers était nécessaire. Le recul de six mois,
vis-à-vis de l’Atelier de juillet 2013 qui nous a permis de mesurer l’appropriation des
recommandations des Ateliers par le commanditaire (la CUD) et de mesurer la pertinence
des actions proposées par les équipes dans l’optique de leurs intégrations dans les projets
urbains en cours et plus globalement dans la politique urbaine de CUD.
Les témoignages du Délégué et du Directeur de l’AFD de l’intégration de certaines
recommandations issues des Ateliers en cours (40 km de drains) et à venir (Deuxième pont
du Wouri, Pénétrantes Est et Ouest) donnent aux organisateurs et aux participants des
Ateliers, un sentiment de mission accomplie et d’avoir été utile à cette grande ville.
La Mairie de Bangui par la voix de son Secrétaire Général a apprécié l’expérience des Ateliers
de Douala et en rappelant la coopération active Douala-Bangui-Pointe Noire, a invité les
Ateliers à Bangui pour une mission exploratoire en vue de la préparation d’un prochain
Atelier à Bangui (dans deux ans). Cette invitation a été appuyée par le Directeur de l’AFD qui
a promis de cofinancer ladite mission.
J’ai personnellement apprécié cette préparation et cette présentation synthétique des
travaux des Ateliers de Douala en compagnie de nos pilotes visionnaires, ainsi que les
échanges que nous avons eus avant et après cette présentation autour de la dynamique
urbaine de Douala. Je reste curieux de savoir comment les acteurs institutionnels et les
micro-entrepreneurs vont s’approprier de ces recommandations et vont le traduire sur le
terrain, dans les prochaines années. Mais déjà, la lucidité de Alice, commerçante au marché
M’Boppi et le dynamisme des agents de la DEPIDD augure de belles perspectives urbaines
pour la « ville assemblée » de Douala.