CM CAPES Orient (fin)

3) La conquête mongole. La réorganisation du Proche-Orient.
!
Le dernier sursaut du califat abbasside
Les Seldjoukides furent rapidement (au cours du XIIe s.) expulsés de Syrie. Ils demeuraient présents
en Anatolie (le sultanat de Rûm) et en Irak ainsi qu'en Iran occidental. Certains sultans seldjoulides
exercèrent encore une autorité importante (Muhammad, m. 1118 ou Sanjar jusqu'en 1157). Mais le
pouvoir seldjoukide se fractionna peu à peu en principautés gouvernées par des membres de la
dynastie ou des atabegs, tuteurs des enfants héritiers.
C'est dans ce contexte que certains califes abbassides purent jouer un nouveau rôle politique. Ainsi,
le calife al-Mustarshid affronta victorieusement des shi'ites irakiens en 1123 et combattit même le
sultan, mais en vain. Le calife al-Nâsir (1180-1225) rétablit l'autorité califale au Sud de l'Irak, tandis
que mourait le dernier sultan seldjoukide d'Irak (1194).
Mais Bagdad tomba entre les mains des Mongols en 1258. La ville fut pillée et la population
massacrée ou réduite en esclavage. Le califat de Bagdad disparut.
!
Les Mongols : l'islam oriental au bord de l'effondrement
Les Ayyubides, chassés d'Égypte par la révolution mamelouk de 1250, conservaient leurs positions
en Syrie. La dynastie ayyubide syrienne s'effondra face aux Mongols en 1260. Ceux-ci attaquèrent
au Nord d'Alep dès 1244. Les villes ayyubides tombèrent les unes après les autres entre 1259 et
1260 (Damas en 1260).
En effet, la rapidité de l'avancée des Mongols, l'effondrement du califat, puis des Ayubbides,
menaçait tout l'Islam oriental. Les croisés l'avaient bien compris, qui envoyèrent des émissaires
auprès des Mongols pour tenter de négocier une alliance (et l'espoir invraisemblable d'une
conversion).
L'ultime rempart fut donc les mamelouks, maîtres du pouvoir en Égypte depuis 1250. Le choc avec
les mamelouks se déroula à Ayn Jalut en Galilée en sept. 1260. Le général mongol Kitbugha y
trouva la mort. Les Égyptiens prirent alors la Syrie et la Palestine. Les Mongols s'emparèrent encore
d'Alep mais encore vaincus ils se retirèrent au printemps 1261 à l'Est de l'Euphrate. Les raids
ultérieurs eurent peu d'incidences.
Le reflux mongol créa un vide politique en Syrie que les mamelouks comblèrent rapidement. Les
croisés, encore présent sur une mince bande littorale, devaient en faire les frais.
IV) L 'Égypte mamelouk (1250-1517).
1) Le pilier de l'Orient musulman.
!
Des esclaves combattants au pouvoir...
Les mamelouks arrivèrent au pouvoir au cours de la 7e croisade. C'est leur victoire d'al Mansura
contre Louis IX qui leur donna confiance et la légitimité de défenseurs de la foi...
Qui sont-ils ?
L'armée du sultan ayyubide al-Salih Ayyub (1240-1249) était constituée principalement de
mamelouks d'origine turque (Qipchaks). Il leur accordait l'essentiel de ses iqtas (concessions de
revenus fonciers).
Même sa femme était fille d'esclave, Shajar al-Durr. Ses esclaves étaient plus fidèles à un homme
qu'à une dynastie. Ils servirent son épouse en 1249 au moment de l'invasion franque. Mais elle
échoua à installer son fils Turanshah (assassiné en 1250).
Les mamelouks Bahriyya (ancienne garde d'élite du dernier sultan ayyubide) mirent Shajar al-Durr
sur le trône, mais elle dut prendre un époux pour assurer le commandement. La victoire mamelouk
de Kura (1251) sauva l'Égypte mamelouk d'une tentative de reconquête des Ayyubides de Syrie et
apporta la reconnaissance califale. Shajar fit assassiner son époux en 1257 mais émergea alors du
clan d'esclaves des Mu'izziyya (les rivaux du régiment Bahri) al-Muzaffar Qutuf, qui dut bientôt
faire face à l'invasion mongole.
Son armée grossie de réfugiés turcomans ou ayyubides affronta victorieusement les Mongols près
d'Ayn Jalut en 1260. Les mamelouks prirent alors le contrôle de la Syrie.
Mais le sultan Qutuf fut assassiné par un groupe d'émirs mamelouks, dont Baybars, élu sultan par
un conseil...
!
La formation de l'État mamelouk
Baybars (1260-1277) posa les fondations de l'État. Il y a un débat dans l'historiographie au sujet de
ces institutions, du poids de l'héritage ayyubide et des innovations mamelouks.
La légitimité repose sur le califat, qui ne remit pas de diplôme formel aux premiers mamelouks.
Mais Baybars en recueillit l'héritage avec un réfugié abbasside proclamé calife au Caire, sous le
nom d'al-Mustansir. Il appointa Baybars comme sultan (1261). Le calife fut envoyé pour reprendre
Bagdad mais il fut tué par les Mongols. Un nouveau prétendant au califat fut désigné en 1262...
Cette fois il fut confiné au Caire et interdit de tout rôle politique. Au XIVe l'investiture formelle du
sultan par le calife fut abandonnée et il ne demeura que le serment d'allégeance du calife … au
sultan !
Le califat abbasside du Caire n'avait aucun rôle politique, sauf de confirmer le sultan et d'apparaître
à ses côtés dans le cérémonial. Le shérif de La Mecque reconnut le califat du Caire et le protectorat
mamelouk sur les Lieux saints. Les mamelouks protégeaient les Lieux saints et hébergeaient le
califat !
Les mamelouks établirent des madrasas et fondations mystiques (ribats ou khanqah). Les
fondations pieuses, avec les mausolées des dynastes fondateurs et des institutions de charité pour les
pauvres de la capitale devinrent une pratique importante. Le soufisme fut particulièrement favorisé
car il rassemblait aisément l'Égypte et la Syrie multi-ethnique. Les mamelouks invitèrent des
oulémas orthodoxes (sunnites) pour prêcher dans les écoles soufis tandis qu'ils nommèrent des
soufis dans les madrasas... Il en résulta une certaine modération et un rapprochement entre
institutions orthodoxes et soufis.
Le système administratif est hérité des Ayyubides. La chancellerie (diwan al-insha) est dirigée par
des Arabes lettrés. Le secrétaire principal, katib al-sirr, a aussi accès au service postal (barid) qui
s'occupe aussi de l'espionnage.
L'administration financière repose sur trois bureaux : le diwan al-mal (des finances, impôt
foncier...-, le diwan al-khass (bourse privée du sultan) et le diwan al-jaysh (de l'armée, salaires et
iqtas). Les bureaux fiscaux et financiers sont en général dirigés par des Coptes.
Le vizir perd de l'importance : Baybars le limite aux affaires fiscales. En revanche, les dignitaires
auliques auprès du sultan gagnent de l'importance, comme l'ustadar (majordome). Le sahib alinsha s'occupe de la correspondance privée, des relations étrangères...
Baybars augmenta le nombre de mamelouks et introduisit la fourniture par l'État de l'uniforme.
La hiérarchie des officiers fut revue : émir de dix, de 40 et de 100. Il s'agit du nombre de cavaliers
accompagnant l'émir, qui reçoit une iqta correspondante. Certains reçoivent aussi un
commandement d'un millier.
Les Bédouins étaient remuants, mais on utilisa pour les encadrer un système de patronage et
d'octroi d'iqtas pour leurs chefs. Les Turcomans étaient enrôlés sur les frontières syropalestiniennes, puis sur le littoral de Gaza à la Petite Arménie.
!
L'expansion
Baybars voulait éliminer les croisés pour éviter une nouvelle collusion entre chrétiens et Mongols et
affaiblir la puissance commerciale des Latins. Il détruisit leurs ports : Césarée, Haifa (1265), Jaffa et
Antioche (1268), Ascalon (1270). Les grandes forteresses furent réparées et pourvues de troupes
mamelouks (Safed, Krak des chevaliers).
La route mongole avait affaibli les routes commerciales d'Égypte. Baybars fit tout dès lors pour
maintenir une influence mamelouk en Anatolie orientale.
Il y eut une alliance tripartite avec la Horde d'Or et Byzance contre l'Ilkhanat mongol. Cela a
affaibli ce dernier et paralysé ses tentatives vers la Syrie. La Horde d'Or fournissait des esclaves et
Byzance laissait le passage des détroits aux navires génois vers l'Égypte.
Al-Mansur Qalawun prit le pouvoir en 1279. Il poursuivit l'œuvre de Baybars. Les Mamelouks
attaquèrent alors les croisés puis les Arméniens. Le roi arménien Léon II dut accepter en 1285 une
trêve et de garantir le libre passage sur son territoire aux esclaves de la Horde d'Or vers l'Égypte.
La concurrence ilkhanide, l'ouverture d'une route commerciale par le Golfe Persique et l'Iran
provoqua une réaction de Qalawun qui édicta un aman (sauf-conduit général) en 1288, qui offrait à
tous les marchands européens la sécurité, des facilités portuaires et des avantages commerciaux. Il
fallait à tout prix défendre les routes commerciales qui traversaient l'État mamelouk ! Gênes signa
un traité au Caire en 1290. Enfin, il sécurisa la route de la Mer Rouge en intervenant en Nubie et au
Yémen.
Le fils de Qalawun, al-Ashraf Khalil devint sultan en 1290. Il captura Acre, le dernier territoire
croisé en 1291. Il conclut la paix avec Venise en 1291 et en 1293 avec Alphonse III d'Aragon qui
autorisa l'importation de matériel de guerre. Mais il fut victime d'un complot des émirs en 1293 et
suivirent plusieurs années d'instabilité.
Al-Nasir Muhammad, « l'âge d'or » du sultanat.
Il devient sultan pour la troisième fois en 1310. Il conclut la paix avec l'Ilkhanat en 1323. Mais
l'Ilkhanat fut bientôt ébranlé par une crise interne et les mamelouks renforcèrent leur influence sur
des principautés turcomanes en Anatolie orientale, qui servaient de glacis. En Anatolie les
Seldjoukides avaient été remplacés par plusieurs principautés, dont la principale était les
Karamanides (autour de Konya, comme l'ancien sultanat seldjoukide d'Anatolie), autre État tampon.
La Cilicie fut conquise en 1359 par les mamelouks. Le royaume de Petite Arménie fut conquis en
1375.
Al-Nasir renforça son contrôle sur le Hijaz, rénova la Ka'ba et il accomplit trois fois le pèlerinage.
Les forces mamelouks mirent fin à la rivalité entre les shérifs de La Mecque et Médine et aux
incursions yéménites... Enfin les Hafsides de Tunis reconnurent nominalement la domination
mamelouk.
2) Une organisation originale.
!
La succession
Les mamelouks représentaient une caste militaire au pouvoir. Leurs rivalités et les équilibres
fragiles du pouvoir rendaient difficile une dynastie.
Entre 1250 et 1382 se succédèrent des sultans émanant des milieux turcs. Puis à partir de 1382 des
circassiens (originaires du Nord du Caucase).
La succession héréditaire était rare et fonctionnait mal. Il y eut cependant une tentative dynastique :
le règne des Qalawunides. Les descendants d'al-Nasir gouvernèrent de 1341 à 1382, mais c'étaient
les magnats qui gouvernent réellement. La plupart des douze sultans de la dynastie étaient
inexpérimentés et placés sur le trône par le harem. Tous ou presque furent déposés par des émirs et
sept assassinés après leur chute. Leur contingent de mamelouks était plus faible que celui de leurs
émirs...
Il existait une sorte de collégialité : les émirs se consultaient pour le choix du sultan et certaines
décisions. Notamment avec le conseil des neuf grands émirs mené par un dixième qui détenait
l'office de chef des gardes ; l'avis du conseil était consultatif mais il prit au milieu du XIVe siècle en
charge les sultans, expulsa les prostituées de la citadelle, réduisit les salaires... Lorsque la crise
économique s'aggrava en 1353 le conseil s'en remit à un chef, le commandant en chef de l'armée
mamelouk, Amir Shaykhu. Il reçut aussi le titre de grand émir.
Les sultans du XVe tentèrent de s'éloigner du factionalisme. Les anciens groupes de mamelouks se
recomposèrent dans des alliances qui dépassaient les anciennes factions. Pour créer de la cohésion,
les sultans utilisèrent par exemple un sobriquet. Tatar prit le pouvoir en 1421 et prit le sobriquet
d'al-Zahir, d'après son maître al Zahir Barquq, pour renforcer sa légitimité. Ceux qui le soutenaient
étaient appelés Zahiriyya ; l'autre coalition était les Ashrafiyya qui se réclamaient du sultan alAshraf Barsbay (ils ont adopté son nom en 1438). Ces deux groupes dominaient désormais et la
désignation du sultan dépendait de leur entente préalable. Cela empêcha toute dynastie et les sultans
étaient choisis après négociations.
!
L'intervention dans les affaires économiques : la richesse du sultan
Le grand inventaire des terres fut réalisé à Damas (1313) puis en Égypte (1315). Le sultan
s'impliquait désormais dans les affaires commerciales. Les émirs lésés par la réforme de 1315
reçurent en échange des cadeaux, ce qui renforça leur dépendance envers le sultan et le clientélisme.
Barsbay instaura le monopole sur l'industrie locale et le commerce. Alors que les routes mongoles
devinrent peu sûres après 1350, la Mer Rouge redevint le principal itinéraire commercial vers
l'Asie, ce qui accrut la prospérité de l'Égypte mamelouk.
!
L'armée
Les mamelouks étaient achetés très jeunes, amenés au Caire et répartis dans des casernes, divisés
par âge et origine ethnique. L'éducation était religieuse jusqu'à l'adolescence puis rigoureusement
militaire. A l'issue de sa formation le mamelouk était émancipé devant son maître et passait à son
service effectif. Il commençait par accomplir des tâches modestes, avec un petit salaire. Les aînés
reçoivent des iqtas, les plus jeunes des salaires.
Le nombre de Turcs, majoritaires au XIIIe siècle, avait commencé a décliner dans les années 1340.
La Horde d'Or, qui pourvoyait en esclaves turcs, était entrée dans une période de crise politique,
militaire et démographique...
Le renouvellement fut assuré par des mamelouks originaires d'Abkhazie (Nord du Caucase) qui
devinrent majoritaires dans l'armée. Tous les sultans (non dynastiques) après 1382 furent des
Circassiens, sauf un Albanais et un Grec.
L'armée était un facteur d'ascension, mais au XVe siècle les nouvelles recrues furent confiées à des
vétérans. Le conservatisme l'emporta, y compris en matière militaire. L'armée mamelouk tarda à
adopter de nouvelles armes (création d'un corps d'artillerie en 1508, puis d'arquebusiers en 1511).
Ces nouvelles unités n'étaient plus des mamelouks. Al Ghawri (sultan depuis 1501) dut alors faire
face à une révolte militaire en 1514, au nom de la tradition mamelouk.
3) Limites et affaiblissement.
!
Le retournement économique et démographique.
La peste noire décima entre un quart et un tiers de la population de l'Égypte et de la Syrie. Il y eut
de nombreux retours de peste (16 épisodes en Égypte, 15 en Syrie)
L'affaiblissement économique se traduisit par l'introduction sous Barquq et ses successeurs d'une
nouvelle monnaie de cuivre. L'approvisionnement en métaux précieux était insuffisant : aussi bien
pour l'argent (difficultés en Europe) que l'or (celui du Sahara était convoyé vers l'Europe).
Par ailleurs, les revenus de l'agriculture baissèrent fortement (de 9,5 M de dinars en 1315 à 1,8M en
1517). Cela tient à plusieurs facteurs : les progrès de l'occupation du territoire par des bédouins
nomades, les épidémies de peste, le recul du système d'irrigation faute d'investissement.
Enfin certaines difficultés sont liées à l'excès de dépenses du sultan et de l'appareil d'État. Il fallut
trouver des expédients : confiscations de biens d'officiers mis en accusation, dévaluations
monétaires... Manipulations des biens en waqfs (appartenant à des fondations religieuses et
normalement inaliénables).
Le monopole commercial, qui renfloua d'abord les caisses, eut à terme des effets désastreux.
!
Fractures sociales et religieuses
L'Égypte de la période mamelouk est une société pluriethnique et plurireligieuse. Les chrétiens
(Coptes) furent peut-être majoritaires dans les campagnes égyptiennes jusqu'au XIVe siècle et ils
conservaient une place importante dans l'administration. Ils furent persécutés à plusieurs reprises.
En 1354, on prit contre eux des mesures drastiques en les chassant de l'administration et en
confisquant des terres appartenant à l'Église (waqf). Il y eut dès lors des conversions massives.
Les Bédouins étaient par ailleurs peu contrôlables, même en ayant recours au clientélisme.
La société était aussi agitée par des tensions sociales.
Une tentative d'unifier la société égyptienne fut faite par al-Zahir Barquq, sultan à la fin du XIVe
siècle. Il renforça son pouvoir en recrutant ses propres mamelouks. Il créa en 1395 l'office diwan
al-mufrad (Bureau spécial) consacré exclusivement au paiement des mamelouks du sultan, en
utilisant les revenus des terres qui appartenaient auparavant à l'ancienne dynastie des Qalawunides.
Mais il s'appuyait aussi sur les amma (al-amma, le petit peuple). Il chercha à intégrer le prolétariat
urbain dans des groupes soufis. Le soufisme devient le principal vecteur de l'intégration de
différents groupes sociaux sous le patronage mamelouk. Cela se fit aux dépens des autorités
traditionnelles sunnites.
!
L'évolution géo-politique
L'Ilkhanat mongol, avec qui la paix fut conclue en 1323, sombra peu à peu dans le chaos. L'arrivée
de Timur Leng (Tamerlan) semblait annoncer un affrontement avec les mamelouks. Barquq fit face
aux progrès de Timur Leng en Anatolie orientale en 1387. Il tenta de s'allier aux Ottomans et à la
Horde d'Or. En 1400 Tamerlan envahit la Syrie (sac de Damas) tandis que les Ottomans
s'emparèrent du Sud-Est de l'Anatolie.
Mais les Ottomans furent affaiblis après leur grave défaite à Ankara face à Tamerlan en 1402. Le
recul rapide des forces timurides, et la faiblesse temporaire des Ottomans en Anatolie orientale
offrit pour la dernière fois une opportunité pour les mamelouks de restaurer dans cette région leur
ancienne influence. Ils intervinrent en 1419 au Karaman : ils atteignirent Konya, rétablirent leur
suzeraineté sur la principauté karamanide, mais se retirèrent ensuite à Alep. Le sultanat mamelouk
était alors à son apogée compte tenu de la faiblesse des voisins. Les mamelouks prirent Chypre en
1426, réduit à l'état de vassal et tributaire.
La guerre en Méditerranée absorba cependant de grandes ressources et ses résultats étaient fragiles.
Les expéditions contre Rhodes échouèrent (1440 et 1443), et après 1456 Chypre rejeta
progressivement la suzeraineté mamelouk. À l'autre extrémité de leur empire, les mamelouks
étaient confrontés à l'arrivée de navigateurs européens : les Portugais naviguaient dans l'Océan
Indien.
Enfin, le glacis anatolien fut à nouveau menacé à la fin du XVe siècle. Cette fois, c'était à cause de
l'accroissement de la puissance ottomane. Les Ottomans entrèrent en Cilicie en 1485; mais ils furent
encore vaincus en 1489. Le traité conclu en 1491 obligeait les Ottomans à rendre les terres au-delà
du Taurus, en Syrie du Nord, mais elles devaient être transformées en waqf pour les Lieux saints.
Cet ultime succès a surtout révélé la faiblesse technologique de l'armée mamelouk.
Une vingtaine d'année plus tard, les mamelouks furent impuissants à arrêter le sultan ottoman
Sélim qui prit Alep (1516). Les Ottomans conquirent alors la Syrie et écrasèrent une nouvelle fois
l'armée mamelouk au Nord du Caire (1517). Bientôt, leur domination s'étendit de l'Anatolie, de
Syrie et l'Égypte à l'Afrique du Nord, sans oublier le contrôle des Lieux saints...