d - MARATHON DE DIEGO SUAREZ

Le Journal de l’Île
SPORTS RÉUNION
Jeudi 2 octobre 2014
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ATHLÉTISME : MARATHON INTERNATIONAL DE DIEGO
Le marathon du bout du monde
Retour sur la sixième édition du marathon de Diego. Qui a vu notamment dimanche dernier, les Réunionnais Bruno Betsman et François Lebon lancer leur
préparation pour les Jeux des Îles.
C
'est un clin d'œil du calendrier. Dimanche matin, à
Berlin, le Kenyan Dennis
Kimetto battait, en 2h02'57,
le record du monde du marathon, plus
très loin de l'affolante barre des deux
heures. Au même moment, ou
presque, sur une route improbable,
face au vent, et avec des chaussures
trop grandes pour lui, un certain
Joseph Marcelin, bataillait en tête du
marathon international de Diego. En
jeu : un brin de notoriété et une prime
de quelques dizaines d'euros. Jamais
du luxe, ici sur la Grande Île. Au Nord.
Tout au Nord. Dans un décor de carte
postale aux allures de bout du monde.
Berlin - Diego. La même discipline
mais déjà plus tout à fait le même
sport. Par moments, Marcelin a marché. Cela ne l'a pas empêché, à
quelques mètres du but, de s'envoler
seul vers la victoire aux dépens de son
compatriote Diomy Mahatana. Temps
final : 2h49'51.
Une vingtaine de concurrents a vu la
ligne d'arrivée, grappillant quelques secondes de gloire sous les hourras d'une
sono hors d'âge. Derrière, loin derrière,
il y a eu de la casse. Trop chaud, trop
dur, trop sinueux, trop en pente. Ce
marathon ne répondra jamais aux
grands standards européens. Quelque
part, c'est tant mieux. Les étrangers,
Français le plus souvent ces dernières
années, sont là justement pour le folklore, les bananes séchées aux ravitos
et le décor. Sur ce point, on tape dans
Marathon de Diego
MARATHON
1. Joseph Marcelin (Mad) 2h49'51, 2. Diomy
Mahatana (Mad) 2h50'27, 3. Radovial Randriana
(Mad) 3h03'38. 1ère féminine : Géraldine Toto
4h10'16. 1ers Réunionnais : Jean-Pierre Vée et
Philippe Vaitilingom 4h11'02
SEMI-MARATHON
1. Bruno Betsman (Entente du Nord) 1h14'18, 2.
François Lebon (CA Sainte-Marie) 1h14'42, 3.
Sébastien Auger (May) 1h16'29.... 6. Jeremie
Imonja 1h27'22, 10. Jean-François Mondon (ACER)
1h32'39. 1ère féminine : Virginie Auger (May)
1h42'38. 2e V2 : Ludo Payet (ACER) 1h46'13. 1er
V3 : Jean-Louis Martin Piron 2h04'16.
le grand luxe. Le parcours est simple :
un aller-retour entre Diego et le village
de pêcheurs de Ramena, sur la route
qui longe la célèbre baie. La deuxième
plus grande du monde, derrière Rio,
paraît-il. Vue imprenable sur le célèbre
pain de sucre. C'est à couper le souffle.
Au sens figuré. Et au propre. Le rendez-vous est proposé depuis six ans par
Jean-Marie Daval, connu sous nos
cieux pour être le "papa" de la
Cimasalazienne, et attire chaque année
une poignée de Réunionnais. Cette
fois, les meilleures performances sont
venues de Jean-Pierre Vée, deuxième
en V2, et Philippe Vaïtilingom, inséparables et finishers en 4h11'02.
LA RÉUNION LÉ LA
Un peu plus tôt dans la matinée, le
semi-marathon, organisé en parallèle,
avait quelque chose de moins dépaysant. Sous la houlette de Jean-Louis
Prianon, vainqueur ici en 2008, la sélection de la Réunion de marathon effectuait son premier stage dans le cadre
de sa préparation pour les Jeux des Îles
de 2015. De tous les sportifs réunionnais, toutes disciplines confondues,
Bruno Betsman est le seul assuré d'être
de la fête des Jeux, depuis qu'il a remporté le championnat régional en juin
dernier. Un statut symbolique qu'il a
largement honoré. Avec François
Lebon, les deux hommes ont longtemps fait course commune.
Idéal pour contrer au mieux la
concurrence du Métro Sébastien
Auger, venu de Mayotte. L'affaire s'est
jouée après le quinzième kilomètre.
Plus costaud, mieux préparé, Betsman
a lâché Lebon dans les dernières
bosses, pour s'offrir la victoire à
Ramena en 1h14'18. Vu le parcours et
le verdict des montres GPS (plutôt 23
que 21 kilomètres au compteur...), c'est
beau. "Gagner ici, c'est beau. J'avais bien
travaillé en côtes ces derniers jours et cela
m'a bien aidé dans ce final difficile.
Gagner devant François, ce n'est pas rien.
Être déjà qualifié pour les Jeux des Îles,
c'est idéal et confortable. Je suis serein,
bien dans ma tête, j'ai du temps. C'est
important", résume le sociétaire de
Bruno Betsman et François Lebon ont dominé le semi. Le
Dionysien a eu le dernier mot. (Photos : Thierry Hoarau)
À domicile, Joseph Marcelin (à droite) a fnalement inscrit son nom au palmarès de l'épreuve. (Photo : Thierry Hoarau)
l'Entente du Nord, vainqueur avec
moins d'une minute d'avance sur
Lebon. "En ce moment, je travaille le
long. Je ne m'attendais pas à une grosse
performance ici mais au final, c'est plutôt
bien. Courir à Madagascar, c'est toujours
un plaisir. Quelle ambiance ! C'est
chouette", témoigne le coureur du CA
Sainte-Marie, vainqueur du marathon
des Jeux aux Seychelles en 2011, qui
doit encore réaliser les minima. Il tentera le coup fin octobre aux champion-
nats de France de la spécialité, à Metz.
"J'ai très envie d'aller aux Jeux, dit-il, avec
Bruno, nous aurons une belle carte à jouer.
Nous pouvons déjà imaginer une course
collective. Il faudra être costauds face à
des Malgaches revanchards." Les meilleurs coureurs de la Grande Île
n'avaient pas fait le déplacement à
Diego. Cela relativise le doublé réunionnais. Mais tout de même, voilà le
genre de voyage et d'expérience qui esquisse les contours d'un groupe soudé
Le combi "short de running + brassière", c’est original. Quand on
vous dit que ce marathon a un charme fou...
et tourné vers un objectif commun.
Rendez-vous le 2 août 2015. On se rappellera alors que l'aventure avait débuté ici. À Diego. Dans un joyeux esprit de kermesse, sous le soleil et contre
un vent à décorner un zébu. Sur une
course où ne tombera jamais le record
du monde du marathon. Loin de
Berlin, donc, ses Kenyans, ses strass,
ses paillettes, et ses coureurs bien
chaussés.
À Diego, Lukas Garcia
Vue imprenable sur le pain de sucre de la baie de Diego. Dans un tel
décor, les kilomètres déflent, un peu, plus vite.